Défense Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Mon, 19 Apr 2021 15:00:51 +0000 fr-FR hourly 1 L’impact de la Covid-19 sur l’industrie de la défense https://master-iesc-angers.com/lindustrie-de-la-defense-et-la-crise-de-la-covid-19/ Mon, 19 Apr 2021 09:11:48 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3436 Avant la crise sanitaire de la Covid-19, les acteurs de l’industrie de la défense réalisèrent d’excellentes performances en 2019 Dassault Aviation, constructeur aéronautique et fierté de la famille Bloch depuis 1929, atteignit des chiffres records en 2019. En effet, l’entreprise… Continuer la lecture

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Avant la crise sanitaire de la Covid-19, les acteurs de l’industrie de la défense réalisèrent d’excellentes performances en 2019

Dassault Aviation, constructeur aéronautique et fierté de la famille Bloch depuis 1929, atteignit des chiffres records en 2019. En effet, l’entreprise réalisa 4.2 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour l’activité défense export, 2.2 milliards d’euros pour l’activité vente de Falcon et enfin 900 millions d’euros pour l’activité défense France, soit un total de 7.3 milliards d’euros. Ce qui représente une augmentation de 45.3 % par rapport au CA de 2018 (5.024 milliards d’euros en 2018). Le résultat net de Dassault Aviation évolua de 681 millions d’euros en 2018 à 814 millions d’euros en 2019, soit une augmentation de 19.53%.

Le groupe Safran, créé en 2005 et présent dans les domaines de l’aéronautique et de la défense, a aussi connu une belle année 2019. Effectivement, à travers le développement simultané de ses divisions « Propulsion », « Equipements aéronautiques, Défense et Aerosystems » et « Aircraft Interiors », Safran réussit à réaliser un chiffre d’affaire de 24.64 milliards d’euros en 2019. Soit une augmentation de 17% par rapport au CA de 2018 (21.05 milliards d’euros en 2018). Son résultat net évolua ainsi de 1.981 milliard d’euros en 2018 à 2.665 milliards d’euros en 2019, représentant une augmentation de 34%.

Enfin, le groupe Thalès n’est pas en reste. Autre grand acteur de l’industrie de la défense, spécialisé dans l’aérospatiale, la défense, la sécurité et le transport terrestre, Thalès connut une année 2019 marquée par l’intégration réussie de Gemalto, entreprise spécialisée dans le secteur de la sécurité numérique. Le dynamisme des commandes a ainsi permis au groupe de réaliser un chiffre d’affaires de 18.4 milliards d’euros au titre de l’année 2019. Soit une augmentation de 16% par rapport au CA de 2018 (15.86 milliards d’euros en 2018). Le résultat net de l’entreprise évolua ainsi de 1.178 milliard d’euros en 2018 à 1.405 milliard d’euros en 2019, ce qui représente une augmentation de 19.27%.

Toutefois l’industrie de la défense est fragilisée par la crise sanitaire

La stabilité et la pérennité d’un complexe militaro-industriel installé depuis de nombreuses années semblent s’ébranler face à la pandémie de Covid-19.

Les premières craintes d’un effet de la crise sur l’industrie de la défense ont été exprimées par le ministère des Armées à travers une réponse à une question du député Les Républicains François Cornut-Gentille : « les répercussions de la crise du Covid-19 sur l’entrée en vigueur en 2020 de certains contrats ou la réalisation de certains prospects sont à craindre ».

Au fur et à mesure de la publication des notes de conjoncture de la part de l’Insee, le ton se faisait plus grave. La dernière d’entre elles, publiée le 6 octobre 2020, indiquait ainsi que l’épidémie s’inscrit dans la durée. Le rapport d’information, déposé à l’Assemblée Nationale le 29 octobre 2020 par la commission des affaires européennes sur la relance dans le secteur de la défense, est quant à lui sans équivoque. En effet, il indique clairement que les entreprises de la base industrielle et technologique de défense (BITD) s’affaiblissent. Le rapport souligne que les entreprises de défense font face à une double crise. D’une part, une crise de l’offre, expliquée par un arrêt brutal de la production des entreprises et en conséquence une dégradation de leur trésorerie. Bien que l’activité ait retrouvé un rythme acceptable, les protocoles sanitaires provoquent des surcoûts évalués par le PDG de Naval Group, entre 10% et 20% du coût de production. Réduisant ainsi l’efficacité et la productivité des entreprises du secteur. D’autre part, une crise de la demande, particulièrement pour les entreprises à l’activité duale, c’est-à-dire celles dont les clients sont militaires et civils. La filière aéronautique en est un parfait exemple, subissant de plein fouet les conséquences de l’effondrement du trafic aérien international.

Enfin, le cycle long de l’armement met en perspective les effets d’annulation de commandes principalement motivées par les contraintes budgétaires des Etats, qui pourraient provoquer des baisses de chiffre d’affaires évaluées jusqu’à 50% par Éric Béranger, PDG de MBDA, leader européen dans la conception de missiles et de système de missiles.

Les acteurs de l’industrie de la défense se montrent particulièrement résilients

L’industrie de la défense est un des rares secteurs industriels qui bénéficie encore des commandes pré-Covid-19. En effet, comme l’indique Fanny Coulomb, Maître de conférences en Sciences économiques à l’Université Pierre Mendès-France (Grenoble) : « La production de défense est marquée par des cycles longs. Ça n’est que dans trois ou quatre ans qu’on verra l’effet des baisses de commandes actuelles ».

Ainsi, bien que la pandémie de Covid-19 malmène fortement l’entreprise, Dassault Aviation maintient de nombreux objectifs. D’abord, la stabilité des investissements en R&D, notamment pour le développement des avions d’affaires Falcon 6X et NX. Ensuite, la continuité des investissements dédiés à la modernisation des outils industriels et à la digitalisation. L’entreprise considère également, après une crise à traverser, que la demande en aviation d’affaires sera en forte hausse durant la période de reconstruction de l’économie qui suivra. L’objectif est donc d’être en capacité de proposer à ce moment-clé les produits les plus pertinents.

Un des axes est, par exemple, le développement d’avions décarbonés. Enfin, Dassault Aviation se concentre sur les exigences en termes de compétitivité en veillant à maîtriser ses coûts tout au long de sa chaîne de valeur. N’oublions pas de souligner l’achat salvateur de Medidata, entreprise américaine dont l’activité et le développement de logiciel médicaux. En effet, il permet de place Dassault Aviation comme un acteur fort de cette crise sanitaire, 60% des essais cliniques étant réalisés à l’aide de technologies issues de Medidata. En outre, les ventes de rafales ont également connu un succès en début d’année 2021, avec la commande de 18 avions par la Grèce dont 6 avions à construire chez Dassault pour 2023 et 12 jets d’occasion.

Le groupe Safran a mis en place un plan d’adaptation dont l’objectif est la réduction des coûts, en assurant la préservation de ses capacités d’innovation. Cela se traduit notamment par un moratoire du programme d’investissement, une réévaluation des objectifs de R&D, une gestion prudente de la trésorerie à très court terme et un retrait de la proposition de dividende au titre de l’année 2019. Concernant les performances commerciales, les signes positifs sont nombreux. En effet, la reprise des ventes du modèle 737 MAX de Boeing en fin d’année 2020 est une bonne nouvelle pour la commercialisation des moteurs LEAP-1B.

Cette période de réduction des coûts de la part de l’ensemble des compagnies aériennes favorise l’activité des avions les plus économes, équipés notamment du moteur LEAP-1A tel que le A320neo d’Airbus. De plus, le service après-vente est soutenu par la reprise de l’activité aérienne intérieure de la Chine revenue à un niveau quasi-normal. Enfin, l’enregistrement de nouveaux contrats dans le cadre des activités de Défense pour des systèmes optroniques d’observation Euroflir.

Thalès a pour sa part mis en place un plan d’adaptation à la crise en définissant des objectifs de maintien des capacités productives, de limitation des impacts industriels et financiers et de renforcement des capacités de financement dans une hypothèse d’intensification ou de prolongement de la crise. Ces objectifs s’expriment à travers des mesures telles que le gel des projets d’investissement non prioritaires, une forte réduction des dépenses discrétionnaires, une maîtrise du besoin en fonds de roulement et une suppression du solde du dividende 2019, permettant ainsi à l’entreprise d’économiser 430 millions d’euros. Enfin, Thalès a récemment remporté un appel d’offres international diffusé par l’OTAN pour la fourniture d’un cloud militaire appelé « Nexium Defence Cloud ».

L’industrie de la défense fait face à un important risque de sécurité d’approvisionnement

En 2018, on dénombre 1190 entreprises au sein de la BITD française. Parmi celles-ci, il y a d’une part, les principaux maîtres d’œuvre de défense tels que Airbus Group, Dassault Aviation, MBDA, Safran ou encore Thalès ; et d’autre part, un tissu industriel très riche et hétérogène composé de micro-entreprises, de PME et d’ETI hiérarchisées en rang dans un système de chaîne d’approvisionnement.

Les PME et les ETI représentent la majeure partie de la BITD avec une part respective de 79.32 % et de 16.89 % en 2018. Tandis que les Grandes Entreprises ne représentent que 3.79 %. Cependant, ces dernières sont à l’origine de 64% du chiffre d’affaires généré en 2018.

Toutefois, il est essentiel de souligner que ce chiffre d’affaires irrigue tout un écosystème de la chaîne de valeur de la BITD. En effet, comme le souligne le rapport d’information n°605, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, et déposé au Sénat le 8 juillet 2020 : « lorsque Thalès remporte un contrat, la valeur du produit qui correspond au fournisseur est en moyenne de 50 %. Dans certains cas, la valeur revenant aux sous-traitants peut atteindre 70 % ».

Ainsi, la stabilité et la performance des géants de l’industrie de la défense reposent sur la qualité et la solidité de leurs sous-traitants. Ces caractéristiques de la BITD mettent en relief un risque de tension de la chaîne d’approvisionnement et d’effet domino. En effet, un affaiblissement des maillons de la chaîne d’approvisionnement fragiliserait l’ensemble écosystémique de l’industrie de la défense, de la micro-entreprise au grand maître d’œuvre de défense. Le rapport de MM. Benjamin Griveaux et Jean-Louis Thiériot sur la place de l’industrie de la défense dans la politique de relance 2020 a d’ailleurs, d’ores-et-déjà, cartographié des dizaines d’entreprises vulnérables dont 70 pour la seule division aéronautique.

Affaiblissement économique, oui, mais qu’en est-il de l’aspect cognitif ? En France, la R&D de la BITD est de nature duale, c’est-à-dire dans l’objectif d’une utilisation militaire et civile, pour des raisons de réorganisation et d’optimisation des dépenses publiques. Le développement de la connaissance militaire est crucial dans l’avènement de technologies majeures (Forman, 1987) et influence positivement la croissance économique, notamment par l’augmentation de la productivité (Ruttan, 2004). Par conséquent, la situation actuelle de crise sanitaire du Covid-19 pourrait provoquer un affaiblissement, une fragilisation, voire une disparition des petites entreprises de la BITD.

A terme, comme souligné par le rapport d’information, déposé à l’Assemblée Nationale le 29 octobre 2020 par la commission des affaires européennes sur la relance dans le secteur de la défense, la sécurité d’approvisionnement indispensable à la souveraineté des armées françaises pourrait être remise en cause. De plus, 88% des entreprises de la BITD dépendent d’un groupe français. Comme l’indique Cathy Dolignon (2018), « cela montre que la BITD française représente potentiellement un poids important dans l’activité économique française, et que dans un intérêt de préservation de la souveraineté nationale de ses équipements de défense, le secteur de la défense privilégie une réalisation de sa production sur le territoire français ou au sein des pays alliés ». Un affaiblissement des entreprises françaises favoriserait alors des entreprises étrangères, ce qui pourrait accentuer la fragilisation de la souveraineté des armées françaises.

Etude réalisée par, Daniel BOSSELET, Ayoub NAJJARI et Florian HAMON, étudiants en master IESCI

Bibliographie

Articles de revues scientifiques

Coulomb, F. (2017). Chapitre 2. L’analyse économique de la production de défense. Dans : F. Coulomb, Industries de la défense dans le monde (pp. 35-67). FONTAINE, France: Presses universitaires de Grenoble.

Hérault, P. (2015). La Base industrielle et technologique de défense à l’âge de la globalisation. Revue Défense Nationale, 784(9), 95-100.

Smith, K. (2002). What is the “Knowledge Economy”? Knowledge intensity AND Distributed Knowledge Bases. The United Nations University.

Rapports

Allizard, P. Boutant, M. (2020, 8 juillet) L’industrie de défense dans l’oeil du cyclone. Rapport d’information n° 605 (2019-2020), fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.  http://www.senat.fr/rap/r19-605/r19-605_mono.html

Annuaire statistique de la défense. Les aspects industriels de la défense. Édition 2017.

Belanger, Y. (2012). La fin de la guerre froide et l’économie de défense, le tracé révélateur de l’industrie nord-américaine des munitions. Cahier de l’IRSEM.

Dolignon, C. (2018). Les entreprises de la BITD à l’aune d’une analyse de réseaux. Ecodef.

Dumas, F. Thillaye, S. (2020, 29 octobre). Rapport d’information déposé par la commission des affaires européennes sur la relance dans le secteur de la défense. http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/due/l15b3491_rapport-information.pdf

Insee. Note de conjoncture du 6 octobre. https://www.insee.fr/fr/statistiques/4796792?sommaire=4473296

Safran. Excellente performance en 2019 (2020, 27 février). https://www.safran-group.com/fr/media/excellente-performance-en-2019-20200227#lvl2-258-children

Safran. Safran en ligne avec ses objectifs 2020 (2020, 30 octobre). https://www.safran-group.com/fr/media/safran-en-ligne-avec-ses-objectifs-2020-20201030.

Thales Group. Résultats annuels 2019. https://www.thalesgroup.com/fr/group/investisseurs/press-release/resultats-annuels-2019

Thales Group. Thales publie ses prises de commandes et son chiffre d’affaires (2019, 30 septembre). https://www.thalesgroup.com/fr/group/investisseurs/press-release/thales-publie-ses-prises-commandes-et-son-chiffre-daffaires-30

Thales Group. Thales renforce sa résilience pour atténuer l’impact de la crise du Covid-19. (2020, 07 avril). https://www.thalesgroup.com/fr/group/investisseurs/press-release/thales-renforce-sa-resilience-attenuer-limpact-crise-du-covid-19

Articles de presse

Barembon, E. (2020, 23 avril). Essais cliniques : l’acquisition de Medidata, le pari gagnant de Dassault Systèmes. https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/essais-cliniques-l-acquisition-de-medidata-le-pari-gagnant-de-dassault-systemes-20200423

Beniada, F. (2020, 12 juillet). Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation : “Il va falloir faire face à la décroissance pour au moins un ou deux ans”. https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/chronique-du-ciel/chroniques-du-ciel-dassault-face-au-coronavirus-entretien-avec-eric-trappier-pdg-du-groupe_4025083.html

Cabirol, M. (2020, 22 octobre). Crise du Covid-19 : vers un impact sur les exportations d’armements françaises en 2020. La tribune. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/crise-du-covid-19-vers-un-impact-sur-les-exportations-d-armements-francaises-en-2020-860366.html

Calvi, Y. Petillaut, V. ( 2020, 16 septembre). Coronavirus : “Il faut qu’on arrive à tenir deux, trois ans”, espère le PDG de Dassault Aviation. https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/coronavirus-il-faut-qu-on-arrive-a-tenir-deux-trois-ans-espere-le-pdg-de-dassault-aviation-7800805773

Cabirol, M. (2020, 27 février). Dassault Aviation a volé vers un “record absolu” d’activité en 2019. La tribune. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/dassault-aviation-a-vole-vers-un-record-absolu-d-activite-en-2019-840745.html

Gros, M. (2019, 13 juin). Dassault Systèmes rachète Medidata pour 5.8 Md$. Le monde informatique. https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-dassault-systemes-rachete-medidata-pour-5-8-md$-75618.html

Guillermard, V. (2020, 23 juillet). Face à la crise du Covid-19, Dassault Aviation ne baisse pas la garde. Le Figaro. https://www.lefigaro.fr/societes/face-a-la-crise-du-covid-19-dassault-aviation-ne-baisse-pas-la-garde-20200723

Guillot, R. (2020, 30 octobre).  Le Groupe Safran montre sa résilience face à la crise au troisième trimestre. https://www.journal-aviation.com/actualites/45410-le-groupe-safran-montre-sa-resilience-au-troisieme-trimestre

Lamigeon, V. (2020, 19 septembre). Covid-19: Safran résiste au crash de l’aérien en sabrant dans ses coûts. https://www.challenges.fr/entreprise/safran-maintient-le-cap-en-lachant-du-lest_727631

Rédaction (2020, 27 mars). Covid-19 : Safran renonce à ses objectifs 2020 et supprime son dividende. https://www.zonebourse.com/cours/action/SAFRAN-4696/actualite/Covid-19-Safran-renonce-a-ses-objectifs-2020-et-supprime-son-dividende-30261729/

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The Space Race in the 21st Century https://master-iesc-angers.com/the-space-race-in-the-21st-century/ Fri, 11 Dec 2020 13:10:43 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3325 With the ongoing pandemic that took the world by surprise and the US election results causing discord, it is easy for other major events to be buried underneath. After years of setting Mars and other celestial stars as the next… Continuer la lecture

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With the ongoing pandemic that took the world by surprise and the US election results causing discord, it is easy for other major events to be buried underneath.

After years of setting Mars and other celestial stars as the next stop for spatial expansion, the world has started to set its eyes on the Moon once more. Last year (2019) marked the 50th anniversary of Neil Armstrong landing on the Moon. During that year, we had multiple announcements and events in relation to spatial expansion were launched. For instance, former US Vice President Mike Pence gave in March 2019 a speech in which he declared that the US intends on sending more Americans to the Moon.

Before that, in 2015 Europe has shown the ambition of setting up an international Moon village in the future. India and China have also shown interest in the Moon, and China is also the first to set up a spacecraft on the far side of the Moon.

The Moon, being the only celestial body orbiting our planet, has quite normally been coveted by world leaders for military uses and the threat it could pose to other countries. That is why on the 27th of January 1967, the Outer Space Treaty was signed. It specifies that no country can become the owner of the Moon, and also prohibits the launch of weapons of mass destruction from the Moon. Other treaties and acts have been created on the subject, such as the Treaty of 1979, which stipulates that States are allowed to exploit the resources present on the Moon only for the common cause. This treaty was signed by only 15 countries (France and India being two of those).

The Space Act of 2015 by former US President Barack Obama says that the citizens of the United States of America are allowed to explore and commercially exploit the resources of the Moon. However, it also stipulates that it is by no means a claim of sovereignty of the Moon. The most recent Act to date comes from the Trump administration in April 2020. President Donald Trump signed a decree (without any international recognition, or juridic weight) that allows anyone to claim ownership of lunar resources. At the same time, Trump created what he calls the Space Force to ensure and defend the USA’s interests. We can see through all of these events and treaties, that the world has slowly moved from a stance of exploration and appropriation of the Moon to a stance of exploitation of the Moon’s resources and space expansion. However, the sudden shift in stance begs the question: why has this shift occurred? Why is there a second race to the Moon, and how is it different from the first? What have we found there, and how is this revolutionary for the world economy?

New resources and possibilities

One of the ways this race to the Moon is different from the previous ones is that this time, we are looking to stay long-term. As of today, the longest mission on the Moon lasted 3 days, which is a far cry from a long-term or even permanent stay. The previous race to space happened during the Cold War, and it was all about prestige and proving that one’s technology was superior to the others. This time, it is more about resources and the vision for the future. One of the main points of interest in the Moon is the amount of water that is present on it. It is mostly present in the form of ice that is dispersed all over the Moon. Water particles have also been discovered in Regolith (Moon dust). Altogether the amount of water in ice form averages in billions of tones, it’s a non-negligible amount. However, Regolith covers the surface of the Moon and has multiple uses that are key for most of the Moon projects. The reason why these two resources are so important is simple. Water could be used as fuel for rockets, to be precise, we could extract the hydrogen from the water molecules and use it as fuel. It could be collected and treated directly on the Moon, which would allow for rockets to refill their tanks directly on site. That would then translate into great energy savings. It should be noted that more than ¾ of the fuel used to reach the Moon is used to leave the gravitational pull of Earth. Being able to replenish fuel directly on the Moon, (which has ⅙ of earth’s gravity pull) would considerably reduce fuel consumption.

Apart from supplying us with water, Regolith could also be used to build the facilities that would be used on the Moon. Through the process of 3D printing, Regolith can achieve a solid form that we can build with. Being able to use materials directly from the Moon would solve a lot of logistical issues.

The discovery of helium 3 is also a component to the immense attractive power the Moon has seen in recent years. Helium 3 is an isotope of helium, which is plentiful on the Moon. Scientists have deemed it important and necessary as a source of energy in the future. It can be used in nuclear fusion, a process on which scientists are currently working and looks very promising for the energy industries. However, helium 3 is very rare on Earth, making it extremely precious. It could also be used as an alternative fuel that would power outer space travels to far off lands like Mars for example.

There are also multiple rare minerals and metals present on the Moon. Their presence brings in the possibility of opening mines on the Moon, from which we could extract those resources for use on the site itself, or to be brought back to Earth for use here. It also implies setting up a sustainable way of mining and transporting those resources, as the trip back becomes more complicated. In this sense the Moon could be used as an experimental area. If it proves successful it will open a pathway for space expansion.  It could also help lessen the environmental burden on our earth.

The Moon: the newest geostrategic zone

Another way this second-generation race to the Moon is different is that it is no longer just a way to prove one’s technological superiority, but also a way to gain an advantage over the other countries. It is not an exaggeration to say that the first to find a solution to the logistical issues that come with a long-term stay and exploitation in outer space will have a considerable head start compared to others, which could grant them a long term advantage if they play their cards right. That is why different countries and regions have different plans concerning its exploitation and possible advantages it can offer them. This power struggle explains why the newest Moon Treaty of 1979 was only signed by 15 countries unlike the previous one which was approved by all the countries. The only projects that seem to require international cooperation are first, setting up a permanent base, or one that can last in time, and second, the Europeans plan for a Moon village. The first one comes from a necessity of creating an alternative to the International Space Station (ISS) that has been in service since 1999 and is soon reaching its limit. After multiple extensions of service, it is said to shut down in 2025. That is why there are plans for a Moon base as an alternative to the ISS. As one of the top priorities for states involved in it right now, by its nature as an essential international structure, they are looking for ways to make this possible. However, the cost of such a project is not easy to cover for them and would require international coordination and cooperation, which is not easy to achieve. The second one is in a similar vein, it’s the European Moon village project. The plan to create a space village, in which scientists from all over the world could work from, while also occasionally receiving their family members or people close to them as guests. Out of all the ambitions, these are the only two working for international cooperation, with the addition of developing space tourism with the European project.

This is where private companies come into play. In recent years we have seen an increase in private companies in the space industry. A lot of companies are eager to invest or take part in these projects as they see the potential in it. Most of those companies are owned by some of the richest people in the world, meaning they have a lot of money they can invest in their projects. Most notably, Blue Origins and SpaceX owned respectively by Jeff Bezos and Elon Musk. Both of their companies have more or less the same objective, which is reducing the cost of space travel while improving the performances of the rockets and the means that enable said space travel. Blue Origins’ ultimate goal is to make space travel more accessible in the hopes of developing tourism. Elon Musk also plans to develop tourism, but his ultimate goal is sending people to Mars, a dream that seems everyday more achievable. There is a possibility to use the Moon as a launch area. As the gravitational pull is lower and fuel consumption reduced, together with the energy produced by a fusion with helium 3 to fuel it, scientists hope that they will be able to reach Mars and other celestial stars, and expand human territory through space. It would allow for constant supply of rare resources via the implementations of mines on those celestial bodies.

Some countries have their own plans for the Moon such as the US. NASA released a “solicitation for commercial companies to provide proposals for the collection of space resources”. In other words, they have decided to outsource a part of resource collection to companies all around the world. This comes as a result of Donald Trump’s executive order signed in April 2020 in which he allows space exploitation and inaugurated the creation of a Space Force.

China also has its eyes on the Moon. As the first country to ever attempt and succeed in landing a spacecraft on the far side of the Moon, it is clear as day that they have plans of their own. The Chinese have laid bare their ambition for all to see. For them it is no more a matter of how, it is a matter of when, as they are fully dedicated to reaching the Moon. They are the first country in 40 years to attempt to retrieve lunar samples, with the ongoing mission of Chang’e 5 that was launched on the 23rd of November 2020. The Chinese space dream is under way as we speak, as they are one of the most active countries in that area. In their plan, they wish to send the first Chinese man to the Moon by 2027 on the first lunar mission, and ultimately being able to stay permanently on the Moon, essentially establishing a colony on the Moon, from which they could exploit its resources and more.

All in all, the Moon has now become a very essential point of interest for the world, and what will be done with it might shape the world economy in the years to come. However, it should not go unnoticed that there are very few jurisdictions surrounding the subject. This type of status quo is extremely dangerous, as it gives free reign to the different parties involved. But we have seen through history that such freedom is not sustainable. It is then important to establish clear rules on the subject to guarantee a sustainable exploitation of the Moon and beyond, so as to learn from our history and not rely only on the goodwill of the parties involved. That being said, should a new Treaty on space exploitation be made? Is it even possible at this time to have all the countries sign one? These are the questions we should ask before advancing further.

Par OLUWAFISAYOMI AGUNBIADE, promotion 202-2021 du M2 IESCI

Sources

Agreement Governing the Activities of States on the Moon and Other Celestial Bodies of 1979

http://disarmament.un.org/treaties/t/moon/text

Business insider France « La Nasa a découvert de la glace d’eau sur la Lune qui pourrait être exploitée pour un voyage vers Mars »

https://www.businessinsider.fr/la-nasa-a-decouvert-de-la-glace-deau-sur-la-lune-qui-pourrait-etre-exploitee-pour-un-voyage-vers-mars-185697#:~:text=L’une%20des%20%C3%A9tudes%20a,confortablement%20install%C3%A9e%20%C3%A0%20la%20surface.

Claudie Haigneré interview « Va-t-on vraiment construire un village sur la Lune » https://www.youtube.com/watch?v=AFZIJ_T4YA0

France 24 “China’s ‘space dream’: A Long March to the Moon”

https://www.france24.com/en/live-news/20201124-china-s-space-dream-a-long-march-to-the-moon

LCI « La Nasa souhaite faire appel à des entreprises privées pour exploiter le sol lunaire : que dit le droit spatial ? »

https://www.lci.fr/sciences/la-nasa-souhaite-faire-appel-a-des-entreprises-privees-pour-exploiter-le-sol-lunaire-que-dit-le-droit-spatial-2073157.html

Mike Pence’s speech

https://www.youtube.com/watch?v=rQ8FyF7Rgfg

Pour la science « La ruée vers la Lune »

https://www.pourlascience.fr/sd/spatial/la-ruee-vers-la-lune-17256.php

United nations treaties and principles on outer space of 1967

https://www.unoosa.org/pdf/publications/STSPACE11E.pdf

U.S. Commercial Space Launch Competitiveness Act

https://www.congress.gov/bill/114th-congress/house-bill/2262

3D Natives « L’impression 3D de régolithe lunaire, un moyen de conquérir la Lune? »

https://www.3dnatives.com/limpression-3d-de-regolithe-lunaire-261120183/#!

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La coopétition sur le marché de la défense https://master-iesc-angers.com/la-coopetition-sur-le-marche-de-la-defense/ Tue, 08 Dec 2020 12:56:21 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3321 Le marché de la défense, le commerce des armes et les équipements militaires, a un impact significatif sur l’économie mondiale et les relations internationales. Les pays qui ont leur propre complexe militaro-industriel l’utilisent pour créer des armes et du matériel… Continuer la lecture

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Le marché de la défense, le commerce des armes et les équipements militaires, a un impact significatif sur l’économie mondiale et les relations internationales. Les pays qui ont leur propre complexe militaro-industriel l’utilisent pour créer des armes et du matériel militaire non seulement pour leurs propres besoins, mais aussi pour les vendre à d’autres pays. Le développement rapide des technologies numériques a influencé tous les domaines de l’activité économique, y compris le développement du marché de la défense. Les nouvelles technologies d’information et de communication sont devenues le principal moteur de l’économie mondiale, contribuant à sa mondialisation. L’innovation favorise de nouveaux systèmes de production, qui à leur tour donnent lieu à de nouvelles stratégies de développement commercial.

Ainsi, la division cognitive du travail contribue au développement de la compétition informationnelle et à l’émergence de nouvelles formes de coopération dans le domaine des armes et de la défense. Le marché se caractérise par la réglementation stricte de l’État et son contrôle direct sur le financement de nouveaux projets; les consommateurs du secteur de la défense sont d’autres États. La production stricte est réalisée secrètement. Néanmoins, l’exportation d’armes est une activité assez lucrative.

Quel est l’impact de la mondialisation sur les stratégies du complexe de défense ? Une coopération internationale est-elle possible dans la production d’armes ? Quelles méthodes d’intelligence économique peuvent être appliquées dans le domaine de la défense ?

Dans cet article, nous examinerons les stratégies de coopétition et de compétitivité informationnelle en prenant l’exemple de la première alliance transatlantique de la défense. Cette collaboration a eu lieu en 2005 entre l’European Aeronautic Defence and Space company (EADS) et le conglomérat américain Northrop Grumman.

La fusion des Américains Boeing et McDonnell Douglas en 1997 encourage les Européens à entrer dans la voie des restructurations dans le domaine de la défense. En conséquence, l’European Aeronautic Defence and Space company (EADS) a été créée le 10 juillet 2000 par la fusion de l’allemand Daimler Chrysler Aerospace AG, du français Aérospatiale Matra et de l’espagnol CASA. Il résulte d’une concentration de la quasi-totalité des constructeurs français, allemands et espagnols. Mais le véritable objectif de cette alliance n’est pas seulement d’augmenter la compétitivité et la confrontation avec les fabricants américains, mais aussi l’opportunité de coopérer avec les fabricants américains dans le domaine de la défense et d’entrer sur le marché des États-Unis d’Amérique. Cette fusion a permis de signer un protocole d’accord entre Dasa, filiale aéronautique de Daimler Chrysler, et le constructeur américain Northrop Grumman. Le but de ce protocole était d’explorer des pistes d’alliance dans plusieurs secteurs clefs de l’électronique de défense : dans les systèmes de surveillance au sol, les radars d’avions et de navires, et les drones (avions sans pilote) de surveillance à haute altitude.

Ce type de coopération est un excellent exemple de stratégie d’intelligence économique – la coopétition. L’interdépendance économique renforcée par la mondialisation amène donc à une réévaluation des modalités relationnelles. La coopétition implique l’absence de frontières claires entre amis et ennemis, soulignant l’intersection de la compétition et de la collaboration entre les entreprises. Ainsi, des entreprises, fabricants d’armes de puissances mondiales comme l’Amérique et l’Europe, s’unissent aux fins d’activités de recherche conjointe ou de participation à des appels d’offres mondiaux. Mais en conservant l’idée qu’ils restent des concurrents.

L’interaction entre EADS et Northrop Grumman a contribué à la réalisation des objectifs stratégiques de chacune des entreprises. Pour Northrop Grumman la stratégie est de devenir un grand fournisseur en électronique de défense et dans le domaine des technologies de l’information.. Pour EADS, il s’agissait d’entrer sur le marché américain.

En continuation cette collaboration, le groupe de défense européen EADS et l’américain Northrop Grumman s’unissent pour participer à l’appel d’offres concernant le renouvellement des avions ravitailleurs de l’US Air force en 2005. La participation à l’appel d’offres d’un constructeur européen n’est devenue possible qu’avec un partenaire américain. Cependant, une alliance de défense transatlantique pourrait menacer la sécurité nationale américaine et concurrencer le constructeur local Boeing. Ainsi, la coopération entre EADS et Northrop Grumman et leur participation à l’appel d’offres dépendra de facteurs externes, comme l’autorisation des autorités américaines, dont les règles sont très strictes en matière d’exportation. Le lobbying devient une stratégie nécessaire pour atteindre les objectifs de l’alliance.

Le lobbying désigne l’ensemble des actions destinées à informer, convaincre, faire adhérer un pouvoir décisionnaire à une cause ou une idée ; c’est l’un des concepts de base de l’intelligence économique. Le monitoring, la veille juridique et concurrentielle, l’anticipation des activités législatives, la création des réseaux d’influence ou de coalition font partie de la méthodologie de lobbying et d’intelligence économique. EADS a commencé à utiliser ces méthodes en 2000, prévoyant que les règles gouvernementales en matière de coopération internationale dans la défense allaient s’assouplir. Ainsi, pour participer à l’appel d’offres pour la fourniture des ravitailleurs – portant sur 179 appareils, pour un montant estimé à 35 milliards de dollars (25,4 milliards d’euros) en 2006, EADS a satisfait aux exigences du gouvernement américain – avoir un partenaire américain et un site de fabrication aux Etats-Unis. De ce fait, en 2008, l’armée de l’air des États-Unis a annoncé la victoire d’EADS dans l’appel d’offres. Mais la même année, le contrat a été annulé par la Cour des comptes américaine (l’agence GAO), saisie par Boeing au motif que l’attribution des contrats avait été entachée d’erreurs. Cela a été suivi par une nouvelle annonce de concours et l’attribution finale du contrat Boeing en 2011.

Malgré le fait que la confrontation de 10 ans se soit terminée par la victoire du constructeur américain, ce cas est un exemple de la transformation du marché de la défense et de l’application des méthodes d’intelligence économique en action. Grâce à l’application de méthodes d’intelligence économique, EADS et Northrop Grumman alliance ont atteint un haut niveau de compétitivité de l’information. La compétitivité informationnelle est fondée sur la maîtrise des information et des connaissances en utilisant trois outils absents de la compétitivité hors prix : la protection de patrimoine immatériel, les réseaux, l’influence et le lobbying. La coopération entre EADS et Northrop Grumman s’est développée dans d’autres projets, par exemple avec la création du complexe aérien sans pilote Euro Hawk en 2010 ou la coopération et de recherche avec Airbus (EADS) sur le programme Wing of Tomorrow pour de futures opportunités de production à haut débit.

Les résultats globaux des activités conjointes ont été des nombreux projets communs et le développement de renseignements de haute qualité, de capacités de surveillance complètes et la capacité de transformer rapidement et facilement les données en informations et de les diffuser aux forces militaires, aux agences nationales et à d’autres partenaires internationaux.

Par Alissa Zhukova, promotion 2020-2021 du M2 IESCI

Bibliographie

1) Claude Serfati « L’industrie française de défense », 2014
2) Christian Harbulot « Manuel d’intelligence économique » , 2015
3) David W. Versailles , Valerie Merindol « Étude prospective et stratégique commanditée par le Ministère de la Défense « LA DUALITÉ DANS LES ENTREPRISES DE DÉFENSE » , 2014
4) Nathalie Lazaric, Valerie Merindol PSB « La nouvelle architecture de l’industrie de la Défense en France: Évolution du rôle du maître d’ouvrage », 2009
5) Sénat (Un site au service citoyens) https://www.senat.fr/questions/base/2011/qSEQ110317612.html
6) Guy Dutheil pour Le Monde « EADS, une entreprise un peu plus “normale” », 2013 https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/03/27/eads-une-entreprise-un-peu-plus-normale_3148635_3234.html
7) Dominique Gallois pour Le Monde « EADS s’associe à Northrop Grumman pour pénétrer le marché américain » , 2005 https://www.lemonde.fr/economie/article/2005/09/08/eads-s-associe-a-northrop-grumman-pour-penetrer-le-marche-americain_686999_3234.html?fbclid=IwAR3SgISRnbV9kNUJaWus-uzRdaszv8zWUDK8hSlV92aXuvrHZwKgkBKe87A
8) Jean-Pierre Neu pour Les Echos « EADS et Northrop Grumman ouvrent le bal des alliances transatlantiques dans la défense » , 2000 https://www.lesechos.fr/2000/04/eads-et-northrop-grumman-ouvrent-le-bal-des-alliances-transatlantiques-dans-la-defense-742779?fbclid=IwAR2aBr5Jc8-SHnNcS9cfulC431fgRLlS9pYNoBRyOUeD5Dz0c7QdJWWsSQc
9) Samuel B. H. Faure « La coopération internationale dans le secteur de l’armement. Apports et critiques de la littérature à la lumière du cas français », 2015

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Enjeux et conséquences d’un rapprochement entre les deux Corées https://master-iesc-angers.com/enjeux-et-consequences-dun-rapprochement-entre-les-deux-corees/ Wed, 21 Feb 2018 13:48:25 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2667 Quelle est la situation dans la péninsule coréenne ? Au vu des nombreux évènements observés depuis plusieurs mois déjà au niveau de la péninsule coréenne, notamment avec les rapports de force entre la Corée du Nord et les États-Unis, il est… Continuer la lecture

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Quelle est la situation dans la péninsule coréenne ?

Au vu des nombreux évènements observés depuis plusieurs mois déjà au niveau de la péninsule coréenne, notamment avec les rapports de force entre la Corée du Nord et les États-Unis, il est fort probable que l’on se dirige vers un affrontement entre puissances disposant d’armes nucléaires. On observe une mobilisation des troupes militaires par les États-Unis accompagnés par la Corée du Sud et des essais de missiles balistiques par la Corée du Nord dans la région, ce qui met tous les pays limitrophes en alerte. Pour cause, les États-Unis demanderaient à la Corée du Nord de stopper son programme de développement nucléaire, chose que cette dernière ne compte pas faire malgré les nombreuses sanctions qui lui sont infligées, car elle estime que c’est le seul moyen de garantir une certaine sécurité pour son peuple.

Pourquoi les États-Unis refusent de vivre avec une Corée armée comme ils le font avec les autres pays ?

Contrairement à la Russie ou à la Chine avec qui les États-Unis ont réussi à vivre pendant la guerre froide, les États-Unis s’opposent drastiquement à une Corée du Nord armée parce que celle-ci a menacé d’attaquer et de détruire les États-Unis à plusieurs reprises. Et la meilleure approche pour faire face aux menaces des dictateurs est de les prendre au mot[1].

Adolph Hitler a dit au monde dans les années 1920 qu’il allait unir l’Allemagne, conquérir l’Europe et tuer les Juifs. Il l’a fait dans les années 1930 et 1940.

Oussama Ben Laden a déclaré la guerre aux États-Unis en 1996 et à nouveau en 1998. En 2001, il a attaqué New York et Washington et a fait des milliers morts à Manhattan, en Virginie et en Pennsylvanie.

Quand Kim Jong Un dit qu’il va attaquer les États-Unis avec des armes nucléaires, il est imprudent de croire le contraire.

Quelles sont les puissances en jeu au niveau de la péninsule coréenne ?

La péninsule de Corée ou péninsule coréenne est une péninsule d’Asie s’avançant dans l’océan pacifique. Bien avant la Seconde Guerre mondiale, la péninsule de Corée a été une propriété partagée par le Japon et la Chine. Par la suite, la péninsule a été partagée en deux pays, la Corée du Sud occupée par les États-Unis, et la Corée du Nord, occupée par les Russes soviétiques. Cette situation débouche sur une guerre entre les deux pays et leurs alliés respectifs ; un cessez-le-feu est signé en 1953. Deux États indépendants sont alors créés : la Corée du Sud encore appelé République de Corée (État capitaliste) et la Corée du Nord ou République populaire démocratique de Corée (État communiste). Depuis lors, une rivalité et un conflit opposent les deux États qui réclament le contrôle de la péninsule. Chacun d’eux soutenus par son souverain d’antan[2]. La Corée du Nord (Capitale : Pyongyang) est dirigée par la dynastie Kim, dictateurs de père en fils tandis que la Corée du Sud (Capitale : Seoul) est dirigée par Moon Jae-in depuis le 10 mai 2017 après la destitution de Park Geun-hye par le parlement puis par la constitution[3].

Un récent changement à la tête du gouvernement Sud-Coréen

Le changement de gouvernement à travers la destitution officielle de la présidente PARK Geun-hye et l’élection du nouveau président Moon Jae-In présente probablement outre un impact national des conséquences stratégiques très importantes pour la Corée du Sud et la péninsule coréenne. Il est important de faire une brève analyse des différentes aspirations du nouveau président.

Moon Jae-in est le premier président progressiste en Corée du Sud depuis dix ans, il s’inspire largement de la sunshine policy (politique du rayon de soleil), mise en place par le président Kim Dae-jung en 1998 et poursuivie par ROH Moo-hyun jusqu’en 2008. Cette politique, légèrement inspirée de l’Ostpolitik allemand, prône un rapprochement entre les deux Corées. Il apparaissait préférable au président de l’époque de traiter avec son voisin nord-coréen, quel que soit son régime, afin d’éviter les menaces d’une politique d’ostracisation. N’ayant aucune illusion sur le régime de Pyongyang, les démocrates sud-coréens estiment que, à l’image de l’ouverture des relations entre Allemagne de l’Ouest et Allemagne de l’Est qui avait conduit à la réunification et au démantèlement de cette dernière, un rapprochement, y compris économique permettrait un atterrissage en douceur du régime nord-coréen[4].

Moon dans ses ambitions entrevoit que Séoul puisse apprendre à dire « non » à Washington et plaiderait pour des relations « plus justes et plus équilibrées » avec les États-Unis[5].

Moon espère à la fois éviter de susciter des tensions avec la Chine et essayer d’entamer un rapprochement avec la Corée du Nord. Bien sûr, il n’y a pas d’illusions excessives à se faire : la Corée du Nord ne renoncera pas à ses armes nucléaires, car la survie de son régime en dépend. Même entre 1998 et 2008, malgré de nombreuses promesses, la Corée du Nord a toujours suivi cette politique. Cependant, son caractère nucléaire n’empêche pas la possibilité pour la Corée du Nord d’adopter un comportement moins erratique. Moon estime que la Corée du Sud nécessite une alliance avec les États-Unis et non un alignement.

Moon estime surtout que la politique antagoniste avec la Corée du Nord n’a abouti à rien, notamment pas à un apaisement des tensions. Il s’agit donc d’une autre forme de réalisme de sa part : conscient que la Corée du Nord ne renoncera pas à ses armes nucléaires, il pense que la multiplication des contacts, la réouverture des usines en zone franche et une approche plus économique, peuvent éventuellement conduire Pyongyang, si ce n’est à dénucléariser ou à devenir une démocratie, à être moins rigide et plus coopérative[6].

Malgré les accusations qui vont être portées contre lui, il semble que la politique que Moon souhaiterait mettre en place est au contraire une forme bien plus opérationnelle et réaliste que celle du précédent gouvernement. Le réalisme n’amène pas obligatoirement à suivre une politique de faucon.

Enjeux et conséquences d’un rapprochement entre les deux Corées

La péninsule coréenne a fait une entrée fracassante dans l’année 2018 : lors de ses vœux du Nouvel An, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a tendu la main à Séoul, en disant souhaiter une amélioration des relations et l’ouverture d’un dialogue entre les deux Corées. Puis, Pyongyang s’est prononcé pour une participation aux JO de Pyeongchang (Corée du Sud) et même sur une éventuelle réunification avec le Sud[7].

  • Quel enjeu pour la Corée du Sud ?

L’idée d’un rapprochement entre les deux Corées avec pour point de départ précis les JO en Corée du Sud se trouve partagée par Moon Jae-in, car pour lui, il serait extrêmement important pour les Sud-Coréens d’organiser avec succès les JO. C’est la raison pour laquelle ils ont répondu immédiatement et avec enthousiasme à l’initiative de Kim Jong-un[8].

  • Quelle conséquence au sein de la population sud-coréenne ?

En Corée du Sud, l’idée d’un rapprochement avec le nord à partir des JO ne pose pas réellement de problème en lui même, cependant ce qui entraine une division de la population est la décision de présenter une équipe conjointe en hockey sur glace féminin et de faire défiler les athlètes des deux Corées sous le même drapeau, péninsule bleu clair sur fond blanc, lors de la cérémonie d’ouverture. 50 % y sont opposés. On écoute des avis comme ce qui suit : « Il y a seulement trois semaines, le Nord nous abreuvait de menaces, on craignait une guerre… et maintenant on défile côte à côte ! C’est excessif », déplore Yu-jin, 39 ans, mère de famille. Le drapeau unifié, « ce n’est PAS mon p*** de drapeau », s’emporte sur Twitter John Lee, un ancien conscrit. « Je n’ai pas salué ce chiffon quand j’ai fait mon service militaire. Ce n’est pas ce chiffon qui a recouvert les cercueils des 46 marins du Cheonan assassinés [par le nord] ». « C’est nous qui paierons les frais de la délégation de 500 Nord-Coréens », regrette aussi Yeong-chun, 25 ans, étudiant. « La Corée du Nord nous tirait dessus et développe l’arme nucléaire… et d’un seul coup, ils ont le droit de marcher avec nous ? »[9].

Toutes fois, on relève à contrario des avis qui partagent cette idée. Par exemple, Mme Kim, 65 ans, retraitée, soutient de tout cœur ce rapprochement olympique : « Cela peut contribuer à la future réunification. Utiliser un drapeau commun n’est pas un problème, puisque nous sommes le même peuple. » Quant au quotidien conservateur JoongAng Ilbo, peu susceptible de sympathie envers le gouvernement progressiste, il reconnaît que l’équipe et le défilé conjoints sont « un pas significatif en avant, au milieu de l’aggravation des tensions autour du programme d’armement du Nord »[10].

  • Quels enjeux pour la Corée du Nord

En jetant un œil dans le passé, c’était un geste attendu de Kim Jong-un. C’est déjà arrivé plusieurs fois dans l’histoire : lorsque la situation nord-coréenne atteignait un point dangereux, la Corée du Nord jouait la carte sud-coréenne, affaiblissant ainsi le front uni de ses adversaires, explique le chercheur. D’autant que le gouvernement de Moon Jae-in est exactement celui qui s’y prête. Cette mesure a non seulement aidé à desserrer la pression de la communauté internationale sur la Corée du Nord, mais a aussi permis à ses voisins de souffler en montrant qu’il existe une solution alternative afin de dénouer cette situation[11].

  • Conséquences au niveau international

Peu après que la Corée du Nord ait amorcé une détente en engageant des discussions avec son voisin du Sud, les États-Unis et leurs alliés ont organisé au Canada un sommet pour discuter de la situation intercoréenne. Le 16 janvier, ce sommet s’est tenu à Vancouver. Les participants étaient principalement des pays ayant combattu pendant la guerre de Corée ainsi que des pays ayant contribué au conflit à l’époque[12].

La rencontre s’est notamment tenue en l’absence de la Russie et la Chine, deux pays membres des « pourparlers à six » (avec également les deux Corées, les États-Unis et le Japon).

Le but du sommet ne consistait pas seulement à durcir le régime des sanctions et à confirmer la fidélité des alliés, mais il était aussi question de tester la détermination des participants de la guerre de Corée à envoyer leurs troupes sur la péninsule coréenne dans le cas d’un conflit armé.

Par Marco Takam, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

REFERENCES

Anna, Dedkova. 2018. “Rapprochement Des Deux Corées:Les Réponses À Tous Les “Pourquoi” Que Vous Vous Posez,” SPUTNIK.

Conscience du peuple. 2017. “Guerre Mondiale Dés Les Trois Premiers Mois De 2018; Une Intervention Militaire Américaine Serait Inévitable Au Cours Des Prochains Mois,” LE NOUVEL ORDRE MONDIAL.

Frédéric, Ojardias. 2018. “Le Rapprochement Alympique Avec Le Nord Divise Les Sud-Coréens,” LACROIX.

L’Obs. 2017. “Moon Jae-in, Le Sud-Coréen Qui Croit Pouvoir Dire “Non” À Washington,” L’OBS.

Pascal, BONIFACE. 2017. “Élections En Corée Du Sud: Quels Enjeux Stratégiques?,” MEDIAPART.

Wikipédia, L’encyclopédie libre. 2018. “Liste Des Présidents De La Corée Du Sud.”

Wikipédia, L’encyclopédie libre. 2017. “Péninsule De Corée,”

[1] Conscience du peuple. 2017. “Guerre Mondiale Dés Les Trois Premiers Mois De 2018; Une Intervention Militaire Américaine Serait Inévitable Au Cours Des Prochains Mois,” LE NOUVEL ORDRE MONDIAL.

[2] Wikipédia, L’encyclopédie libre. 2017. “Péninsule De Corée,”

[3] Wikipédia, L’encyclopédie libre. 2018. “Liste Des Présidents De La Corée Du Sud.”

[4] Pascal, BONIFACE. 2017. “Élections En Corée Du Sud: Quels Enjeux Stratégiques?,” MEDIAPART.

[5] L’Obs. 2017. “Moon Jae-in, Le Sud-Coréen Qui Croit Pouvoir Dire “Non” À Washington,” L’OBS.

[6] Pascal, BONIFACE. 2017. “Élections En Corée Du Sud: Quels Enjeux Stratégiques?,” MEDIAPART.

[7] Anna, Dedkova. 2018. “Rapprochement Des Deux Corées:Les Réponses À Tous Les “Pourquoi” Que Vous Vous Posez,” SPUTNIK.

[8] Ibid.

[9] Frédéric, Ojardias. 2018. “Le Rapprochement Alympique Avec Le Nord Divise Les Sud-Coréens,” LACROIX.

[10] Ibid.

[11] Anna, Dedkova. 2018. “Rapprochement Des Deux Corées:Les Réponses À Tous Les “Pourquoi” Que Vous Vous Posez,” SPUTNIK.

[12] Ibid.

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Le développement des clusters en Europe : le domaine de l’aéronautique https://master-iesc-angers.com/le-developpement-des-clusters-en-europe-le-domaine-de-laeronautique/ Mon, 08 Jan 2018 17:40:15 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2572 Nous sommes aujourd’hui en surinformation notamment du fait des NTIC. L’intelligence économique (IE) permet en partie de gérer cette surinformation et l’action qui en résulte. Ensuite, l’IE ne s’est développée dans le privé que depuis les années 90. Cependant, elle… Continuer la lecture

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Nous sommes aujourd’hui en surinformation notamment du fait des NTIC. L’intelligence économique (IE) permet en partie de gérer cette surinformation et l’action qui en résulte. Ensuite, l’IE ne s’est développée dans le privé que depuis les années 90. Cependant, elle existait sous une forme différente avant en effet, il s’agissait de rechercher des informations militaires, mais avec la fin de la guerre froide tout un pan de cette recherche ne faisait plus rien. Il y a eu un transfert vers l’économie. Elle est aujourd’hui l’un des outils essentiels de l’entreprise face au monde qui l’entoure. Cependant, l’intelligence économique est obligée de s’adapter pour pouvoir être efficace. Elle est définie de différentes manières, mais les mêmes idées sont toujours présentes.

Pour définir l’IE nous allons utiliser la définition donnée par le rapport Martre : « L’intelligence économique peut être définie comme l’ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement et de distribution, en vue de son exploitation, de l’information utile aux acteurs économiques. Ces diverses actions sont menées légalement avec toutes les garanties de protection nécessaires à la préservation du patrimoine de l’entreprise, dans les meilleures conditions de délais et de coûts. L’information utile est celle dont ont besoin les différents niveaux de décision de l’entreprise ou de la collectivité, pour élaborer et mettre en œuvre de façon cohérente la stratégie et les tactiques nécessaires à l’atteinte des objectifs définis par l’entreprise dans le but d’améliorer sa position dans son environnement concurrentiel. Ces actions, au sein de l’entreprise, s’ordonnent autour d’un cycle ininterrompu, générateur d’une vision partagée des objectifs de l’entreprise. » Nous voyons donc l’importance de l’IE dans un monde de plus en plus interconnecté comme une arme des entreprises, des états face à la concurrence. L’IE peut être utilisée pour favoriser les entreprises et s’organiser en réseau.

C’est Porter qui va dans son ouvrage expliquer sa théorie et pourquoi il faut créer des clusters. C’est l’idée du losange de Porter. Cela permet de voir les forces et les faiblesses dans une entreprise, une organisation, un réseau, etc… Cela permet de remettre un réseau dans son contexte entre la compétition et la coopération d’un côté et entre la demande et l’offre de l’autre afin de connaître ces avantages concurrentiels comme on peut le voir dans ce schéma. L’idée des clusters a été développée avec Marshall, Porter, mais aussi par Becattini et l’école de Florence avec les districts en Italie. Les Clusters se font sur une approche thématique alors que les districts se font plus sur une approche humaine. Suite aux succès de cette politique dans d’autres pays, la France a décidé de créer sa politique de clusters avec les pôles de compétitivités en 2005. Les autres pays du continent ont aussi une politique de cluster. L’aéronautique et notamment Airbus est très important pour l’UE. Le cluster le plus important en Europe dans le domaine de l’aéronautique se trouve à Toulouse même s’il y en a d’autres à travers l’Europe et notamment celui de Hambourg en Allemagne ou de Rzeszów en Pologne. La vision de ces différents pays n’est pas pareille et les politiques industrielles au niveau des clusters ne sont pas les mêmes. Cependant, l’Union européenne a décidé de mettre en place différentes politiques dans le but de les développer suivant l’objectif mis en place après le Traité de Lisbonne.

Quelle est la stratégie de développement des clusters en Europe dans le domaine de l’aéronautique ? Nous verrons dans un premier la stratégie française avant d’examiner la stratégie d’autres pays notamment l’Allemagne et la Pologne et enfin nous inspecterons la stratégie européenne.

La vision française et l’Aerospace Valley

Cette politique a été présentée comme un tournant de la politique industrielle française. On compte plus de 70 pôles de compétitivités avec seulement 18 pôles mondiaux où à vocation d’être des pôles mondiaux (chiffres de 2011) dont Mov’eo, consacré à la recherche et développement dédiée à la mobilité et à l’automobile se trouvant à Rouen, ou l’Aerospace Valley pour ce qui est du domaine aéronautique à Toulouse que nous allons voir plus en détail. Cette politique est mise en place alors que culturellement les Français coopèrent peu alors que c’est la base même de l’idée des clusters. On peut nommer celui de Saclay qui devait être l’un des meilleurs alors que ça n’a pas fonctionné faute de coopération. À l’inverse, les clusters de Grenoble et de Toulouse ont très bien fonctionné.

Ensuite, l’état a dépensé environ 160 millions d’euros dans cette politique ce qui est plus que ses voisins. Il y a eu une évaluation de cette politique par différents auteurs montrant des points positifs et négatifs. Dans les points positifs, ils disent qu’il y a eu des augmentations de productivité comme remarqué dans les autres clusters des autres pays. On va ainsi avoir des projets pertinents et efficaces comme le pôle de compétitivité de Grenoble spécialisé dans les nouvelles technologies. Le pôle de compétitivité de Toulouse est le meilleur des exemples pour défendre cette politique ou autour d’une entreprise, Airbus un champion européen, s’est construit un tissu de PME. Tout cela a permis la coopération de ces entreprises entre elles, mais aussi avec des écoles et des collectivités territoriales donnant à la région une véritable spécialisation dans ce domaine.

Cependant il y a plusieurs points négatifs. Tout d’abord, il y a les problèmes d’externalités liés à la congestion et à la pollution. Ensuite, il y a le fait que ce soit une politique peu adaptée à la France comme dit précédemment. En effet, on coopère peu. De plus des clusters ne sont pas indépendants, car l’état fournit beaucoup de subventions et ils ont besoin de subventions pour survivre. Puis nombre de projets ne peuvent se faire sans l’aval de l’Etat ce qui est contraire aux idées prônées par les théoriciens des clusters comme Porter, Becattini ou Boschma. Cela peut poser le problème des « cadeaux politiques » afin que chacun ait un pôle de compétitivité dans sa région. Enfin, il y a le nombre de pôles de compétitivité qui est très grand, 70, ce qui a obligé l’Etat à faire une différenciation avec les pôles mondiaux. Cependant, cela n’empêche pas d’avoir des succès comme le pôle de compétitivité de Toulouse.

L’Aerospace Valley est un succès économique politique français et européen. En effet, ce pôle de compétitivité mondial s’est construit autour d’Airbus qui a été créé grâce à une coopération entre des pays européens. Son importance se voit aussi par son chiffre d’affaire qui est de 64 milliards en 2015. C’est devenu un pôle mondial grâce à cette entreprise. Pour comprendre l’évolution de ce cluster, il faut connaître l’évolution de cette entreprise. Airbus est le fruit de la coopération de plusieurs Etats européens dont la France et l’Allemagne qui sont les plus grands contributeurs. En effet sur le marché de l’aviation, seul une coopération européenne peut permettre à une entreprise d’atteindre une masse critique et de concurrencer Boeing, Cet accord se fait tout d’abord entre la France et l’Allemagne en 1969 puis avec le soutien de l’Espagne, du Royaume Unie. En 2000, il y a une fusion entre 4 entreprises majeures le Français Aerospatiale, l’Allemand DASA, l’Espagnol CASA et le Britannique BAE Systems ont fusionné pour donner le Groupe Airbus SAS dont le siège se trouve à Toulouse.

De plus, ce cluster dispose d’un réseau de quelques 800 entreprises dont une majorité de PME. Il y a une véritable coordination entre ces entreprises, les EPST (écoles publiques à caractère scientifique et technologique) et les pouvoirs publics permettant une grande efficacité. C’est l’un des clusters en France qui s’est formée le plus facilement, car tous les acteurs coopèrent depuis des dizaines d’années. Nous voyons donc qu’Airbus est très important, mais le réseau construit autour est un exemple de ce qui devrait être fait dans les pôles de compétitivités. Après avoir vu le pôle de compétitivité français nous allons voir d’autres politiques de cluster en Europe, notamment l’Allemagne et en Pologne.

2 exemples européens : l’Allemagne et la Pologne

Le « Das Luftfahrtcluster Hamburg » est le cluster de l’aéronautique de Hambourg et est très important. Premièrement, ce cluster allemand fait partie des 15 clusters allemands, (contre plus de 70 clusters en France) et est le seul dans l’aéronautique. C’est un Spitzenclusters, c’est à dire un cluster d’excellence. Il n’est reconnu comme tel qu’en 2008 par le ministère fédéral de la recherche allemande. Il a été créé par plusieurs acteurs dont l’université de Hambourg, l’aéroport de Hambourg, Lufthansa et Airbus. Airbus qui joue aussi un rôle primordial dans l’Aerospace Valley. Comme ce cluster est allemand, la logique fédérale est importante, c’est pourquoi avant qu’il soit reconnu comme cluster d’excellence, il était reconnu comme un Kompetenznetze c’est-à-dire un réseau de compétences où le principal objectif était de favoriser la coopération et la mise en réseau des différents acteurs. Ce programme fut mis en place en 1998 au niveau fédéral. Il y a plusieurs choses qui diffèrent selon ces 2 pays. En effet, il y a une différence sur l’évaluation des actions publiques qui permet ainsi d’arrêter une politique qui ne serait pas productive.

De plus, l’Allemagne aide financièrement, ses clusters d’excellence avec un contrôle, pour faire partie de ce groupe, il faut avoir des résultats, car on peut vous enlever cette appellation. Le modèle de financement est là aussi différent, car il y a peu de subventions et une majorité de financements privés. De plus, chaque cluster d’excellence est choisi afin de ne pas avoir de doublon et suivant les spécificités de chaque région, comme par exemple le cluster du bio en Bavière. Enfin, les Allemands savent mieux coopérer que les Français facilitant le développement des clusters. De plus, il y a un lien très fort entre les banques et les entreprises favorisant l’échange d’informations et permettant de faciliter les réseaux, ce qui est mieux qu’en France. Puis au niveau des subventions, celle accordée par l’Etat allemand est d’environ 50 millions d’euros, soit 3 fois moins que celle accordée par l’Etat français. Ensuite, le nombre de clusters en Allemagne est plus raisonnable où on en a 15 ce qui est plus pertinent et reste à peu près au niveau des autres pays européen où on va avoir par exemple 10 clusters en Finlande ou 7 en Pologne. On voit donc bien la différence de politique de cluster entre la France et l’Allemagne où les idées, la culture sont différentes et les conséquences sont aussi différentes.

Après avoir vu les clusters allemands on va voir maintenant le cas des clusters en Pologne. Autour de Rzeszów, capitale de la Région, se regroupent 90 % des acteurs de l’aérospatial Polonais. C’est là que se trouve le cluster à ambition mondial de l’Aviation Valley. La politique actuelle de cluster en Pologne a été faite en 2012. Cette loi va mettre en place de nouvelles choses. Tout d’abord, il y a 7 clusters nationaux clés, pour le développement du pays, qui sont listés avec notamment dans cette liste l’Aviation Valley. Ces clusters nationaux clés ont vocation à être des clusters mondiaux. Ils vont d’ailleurs chercher à favoriser ces clusters, mais aussi la création de nouveaux clusters eux régionaux. Il va y avoir un soutien financier mais aussi administratif notamment dans le domaine de la recherche et développement. Il va d’ailleurs y avoir de nombreux partenariats public-privé pour certains financements. Ensuite cette politique demande aux régions de prendre leur part dans le développement de ces clusters où chaque région devra se spécialiser afin d’éviter des doublons.

Cette politique mise en place pour la Pologne est assez récente, il faut donc attendre pour en connaître les conséquences et ainsi voir si elle est plus efficace que dans d’autres pays. Le cluster de Rzeszów est une réussite, car c’est un bassin d’emplois important, plus de 23 000 personnes y travaillent et de nombreuses entreprises produisent des biens dont Safran et Airbus. Une des raisons qui montre son importance sont les missions inter pôles avec l’Aerospace Valley comme en 2016 dont le but est de renforcer les liens entre ces 2 clusters. Ce qui en fait un cluster performant comme les 2 précédents où il y a un véritable réseau entre les grandes entreprises internationales tel Airbus, des PME et des entreprises polonaises, des écoles d’ingénieurs et d’aviation ainsi que la participation des pouvoirs publics. Cette coordination permet à ce cluster d’être performant. De plus, il bénéficie du faible coût de la main d’œuvre qui est aussi très bien formée. Nous voyons ici 2 exemples de la vision en Europe dans le domaine de l’aéronautique, mais il est plus pertinent de comparer le modèle français et allemand, car ils y sont dans l’UE, et suivent donc les mêmes règles, depuis plus longtemps que la Pologne. Après, dans ce domaine, il y a de nombreux partenariats entre des entreprises de différents pays. Ainsi Airbus, constructeur européen, a des partenariats avec des entreprises dans toute l’Europe.

Influence de l’UE dans la politique de cluster

L’Union européenne à une grande influence dans la politique de cluster de ses pays membres. Il s’agit de politique industriel. En effet, il n’y a pas d’IE faite par l’UE, c’est ce qui est montré par les rapports Martre, Carayon 2003 et Carayon 2006 qui pointent le manque d’intelligence économique et les conséquences que cela cause. En ce qui concerne l’économie de la connaissance et les clusters, le traité de Lisbonne en 2007 est important, car l’objectif qui est inscrit dans ce traité est de faire que l’Europe soit la première économie de la connaissance du monde. C’est la suite de la stratégie de Lisbonne qui fut une politique ratée. Il s’agit d’une politique industrielle audacieuse qui avait pour but de faire de l’UE une grande économie de la connaissance, ce fut un échec, car les Etats n’ont pas respecté leurs engagements. Le rapport Garrigue explique pourquoi ça n’a pas marché. Il montre la faiblesse de l’UE face aux États-Unis au niveau de la recherche où la politique mise en place fonctionne. Ensuite le manque de politique industrielle commune est un problème, car chaque Etat fait ce qu’il veut par exemple au niveau des dépenses de recherches par PIB, c’est très diversifié d’un pays à un autre et on voit qu’en moyenne l’UE (les chiffres pris pour l’UE sont justes pour l’UE à 15 avant l’élargissement en 2004) dépensait à peine 2% de son PIB dans la recherche alors que les États-Unis sont à 2,8%. Puis le manque de moyens mis en place est pointé, car en effet, l’objectif donné est de dépenser l’équivalent de 3% du PIB en recherche, cet objectif n’est pas atteint pour la France par exemple, il était de 2,24% selon la Banque Mondial en 2013. De plus, il critique les objectifs budgétaires de Maastricht qui selon lui limitent les investissements nécessaires. On voit que ces politiques misent en place par l’Union Européen sont limitées et qu’elles sont majoritairement des échecs.

L’Union européenne a mis en place les PCRD, les programmes cadre recherche et développement. Le programme de Lisbonne est un PCRD du début du millénaire. Nous allons voir de plus près le 8ème PCRD qu’on appelle aussi le plan horizon 2020. Il est défini comme « Le programme Horizon 2020 regroupe les financements de l’Union européenne en matière de recherche et d’innovation et s’articule autour de trois grandes priorités : l’excellence scientifique, la primauté industrielle et les défis sociétaux. Entrée en vigueur le 1er janvier 2014. » Il finira en 2020. Il se fait autour de plusieurs enjeux, le but est de renforcer la position de l’UE dans le monde au favorisant l’attractivité et la productivité dans la recherche. Ce programme se fait autour de 3 grandes priorités, l’excellence scientifique, l’industrie, les défis sociétaux. Cela se fait toujours dans l’idée de faire de l’UE la première économie de la connaissance. Dans cette optique, ce plan est doté de 79 milliards d’euros pour soutenir les entreprises et PME afin de favoriser la recherche. Ce programme finance en priorité les PME, mais aussi différents clusters qui rentrent dans les objectifs de ce plan afin de les aider à se développer.

Ensuite la stratégie européenne au niveau aéronautique et aérospatiale se fait dans un but stratégique, car c’est un secteur important. On peut ainsi prendre le projet Galileo qui doit permettre d’être indépendant du système de géolocalisation russe et américain. De plus, Airbus est un succès en tant qu’entreprise même s’il passe en même temps par des accusations de corruption et obtient des gros contrats comme celui de 50 appareils A320 par une compagnie chinoise ou encore un contrat avec le Qatar pour environ 5 Milliards d’euros pour 50 avions. De plus, Airbus serait impossible aujourd’hui selon J.Attali où il explique que les lois actuelles de l’UE sur la concurrence rendraient cela impossible. Pourtant, de la volonté des Etats européens est née un champion aéronautique permettant de concurrencer l’Américain Boeing et les futurs concurrents asiatiques notamment l’entreprise chinoise Comac. Ensuite, cette entreprise à dimension mondiale est en guerre juridique à l’OMC avec Boeing sur des aides venant de l’UE pour l’un et des États-Unis de l’autre. Cela montre que l’UE ne laisse pas tomber et ne laissera pas tomber Airbus. On voit donc que l’UE met en place de vrais politiques industrielles cependant, il n’est plus possible aujourd’hui de refaire un champion comme Airbus, mais pour autant l’UE ne va pas laisser cette entreprise quand elle est dans le besoin. Cela lui donne une vision stratégique.

Conclusion :

Pour conclure, on voit que les pays de l’UE suivent différentes voies dans leurs politiques de clusters plus ou moins efficaces. L’UE qui ne faisait pratiquement rien à maintenant une politique industrielle notamment envers les clusters. De plus, nous voyons que le secteur de l’aéronautique marche très bien en Europe notamment grâce à Airbus. Dans les 3 exemples, ce sont des clusters cruciaux pour chaque pays. Enfin, on voit aussi que ce secteur est primordial à l’UE, car il est un exemple concret de la réussite du travail commun des Etats européens et il permet de favoriser l’indépendance de la région vis-à-vis d’autres comme on l’a vue avec le projet Galileo.

Par Penloup Alexandre, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Annexes :

Bibliographie :

  • Rapport Martre
  • Rapport Carayon 2003
  • Rapport Carayon 2006
  • Rapport Garrigue
  • Traité de Maastricht 1992
  • Traité de Lisbonne 2010
  • Rapport globale d’évaluation des pôles de compétitivité 15juin 2012
  • Jérôme Vicente. Économie des Clusters. 2016, Paris Édition la Découverte
  • Commission Européenne, HORIZON 2020 en bref Le programme-cadre de l’UE pour la recherche et l’innovation, 2014
  • Quentin Lafféter, « Quel bilan pour les pôles de compétitivité français ? », Idées économiques et sociales 2013/2 (N° 172), p. 34-44.DOI 10.3917/idee.172.0034

Webographie :

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La Crise yéménite : des affrontements tribaux à l’internationalisation de la guerre https://master-iesc-angers.com/la-crise-yemenite-des-affrontements-tribaux-a-linternationalisation-de-la-guerre/ Thu, 04 Jan 2018 16:06:07 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2578 Le Moyen-Orient est de nos jours, sans doute, l’une des régions les plus instables au monde. Il s’agit de la région qui compte en son sein le plus de conflits. Cela va de la Syrie, en passant  par l’Irak, la… Continuer la lecture

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Le Moyen-Orient est de nos jours, sans doute, l’une des régions les plus instables au monde. Il s’agit de la région qui compte en son sein le plus de conflits. Cela va de la Syrie, en passant  par l’Irak, la Palestine, le Liban mais aussi, aujourd’hui d’un pays dont on parle peu à savoir le Yémen. Ce dernier est en proie à de violents affrontements tribaux depuis 2004. Ces affrontements purement internes ont pris une tournure internationale aux relents de guerre de positionnement hégémonique depuis que des puissances telles que l’Arabie Saoudite (avec l’appui des Etats-Unis) d’un côté et l’Iran de l’autre s’y sont mêlés. Ce qui fait que beaucoup d’experts  ont qualifié cette guerre, de guerre « Sunnite contre Chiite ». L’apparition d’Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique (AQPA)  n’arrange pas les choses.

En réalité, cette guerre va au-delà du simple clivage Chiite/Sunnite, les enjeux pour ces deux puissances régionales sont avant tout stratégiques. S’il y a sans aucun doute en arrière-plan, le clivage Chiite/sunnite au Yémen, les enjeux sont aussi économiques et politiques. En l’occurrence c’est le statut de puissance régionale avec ses multiples implications, qui se joue.

Ainsi, pour comprendre ce conflit dont on parle peu, malgré l’ampleur des dégâts matériel et humain, il est nécessaire de comprendre le contexte d’émergence de l’Etat yéménite tel que nous le connaissons aujourd’hui. A partir de là on mettra en évidence la montée en puissance de certains tribus qui ont pu bousculer le pouvoir central jusqu’à obtenir l’effondrement de celui-ci. Partout c’est l’embourbement total avec l’ingérence des deux puissances régionales (Arabie Saoudite et l’Iran) d’un côté mais aussi l’installation de groupes terroristes tels que Al-Qaïda sur le sol yéménite.

L’émergence récente de l’Etat yéménite

Le Yémen dans sa forme actuelle est un Etat qu’on pourrait qualifier de jeune. En  effet le Yémen tel que nous le connaissons aujourd’hui est né en 1990 dans un contexte de fin de guerre de froide.

Cet Etat est le résultat de la fusion de deux Etats qui existaient côte à côte à savoir la République démocratique et populaire du Yémen (Yémen du Sud) et la République Arabe du Yémen (Yémen du Nord).  Il s’agit d’un pays du Moyen-Orient qui se trouve à la pointe Sud de la péninsule arabique (cf. Carte Ci-dessous). Il n’a de frontière terrestre qu’avec deux pays : l’Arabie Saoudite avec laquelle il partage une grande partie de la frontière au nord et le Sultanat d’Oman au Nord-est. Le reste du territoire est entouré d’eau. D’un côté on a la mer Rouge avec le détroit  de Bab el Mandeb, porte d’accès au canal de suez – détroit que le Yémen contrôle avec son voisin africain la Djibouti – et de l’autre on a la mer d’Arabie qui mène vers l’Océan Indien.

Malgré sa position géographique stratégique (golfe d’Aden, détroit de Bab el Mandeb, la Péninsule Arabique la région qui contient les plus importants gisements pétroliers et gaziers au monde), le Yémen est aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres au monde. Avec un peu plus de 27 millions d’habitants, le pays n’est placé qu’à la 154e place sur l’Indice de Développement Humain (IDH) de l’ONU sur 184 pays (en 2014).

Les principales villes du pays sont entre autres Sanaa (la Capitale), Aden, Hodeïda et Ta’izz.

Des affrontements tribaux…

Depuis sa création, le Yémen vit dans une très forte instabilité politique. Le Yémen est un pays arabe musulman à majorité sunnite (environ 55 % de la population) mais possède en son sein une forte minorité Chiite zaydite (environ 45% de la population). La réunification du pays n’a pas été en faveur d’une stabilité politique durable, car étant essentiellement constitué de tribus. Très tôt certains tribus se sont sentis marginalisées, et sont entrées ainsi en conflit avec le pouvoir central dès 2004 soit 14 ans après la naissance de l’Etat yéménite.

En effet en 2004, sous la houlette de Hussein Badreddine Al-Houthi qui donnera d’ailleurs plus tard son nom au mouvement de contestation, une rébellion chiite se forme dans la ville de  Saada au nord du pays (à la frontière saoudienne). Cette rébellion conteste notamment la marginalisation de leur région et se lance ainsi dans une confrontation avec le pouvoir central de Sanaa de Ali Abdallah Saleh, resté au pouvoir à la réunification, et ce malgré son appartenance à cette communauté (Chiite Zaydite).

A la suite de la mort (tué par les forces gouvernementales) d’Al-Houti à la même année (2004), les affrontements prennent une autre tournure et entrent dans une seconde phase. Les rebelles ayant gagné du terrain notamment tout au long de la frontière saoudienne, l’Arabie Saoudite est obligée d’intervenir en menant des frappes aériennes, dès 2009. Les affrontements entre armée saoudienne et rebelles font plusieurs morts de part et d’autre. Dans cette même période malgré les sanctions, l’Iran est suspecté par certains experts de fournir de l’armement aux rebelles. Ce qui donne en quelque sorte une première tournure internationale à ces affrontements. Bien que jusque-là les affrontements ne concernaient officiellement que les rebelles et les forces gouvernementales.

En 2011, avec le printemps arabe, des soulèvements d’étudiants sont notés un peu partout dans le pays notamment dans la capitale Sanaa. Les rebelles profitent de cette situation en se mêlant aux manifestants. Ce qui pousse le Président Saleh l’allié des saoudiens et des Etats-Unis à fuir de Sanaa.

Il sera ainsi remplacé par son vice-président (Un Sunnite) Abd Raboo Mansour Hadi. Ce qui amène à l’organisation d’une Conférence de Dialogue National entre 2013 et 2014. Cette conférence réunie à égalité yéménites du nord et yéménites du sud. Dans cette conférence est décidée une nouvelle réorganisation administrative du pays à savoir la division du Yémen en 6 Régions. Dans cette réorganisation la région historique des rebelles de Saada est incluse dans une entité plus grande. Les rebelles rejettent cette proposition car selon eux cette nouvelle organisation divise le Yémen entre régions riches et régions pauvres mais aussi et surtout les rebelles exigent que leur région historique de Saada devienne une région à part entière et ayant accès à la mer (La mer rouge en l’occurrence).

Ils poursuivent ainsi leur offensive vers Sanaa, ce qui pousse le nouveau président à fuir vers le sud du pays, à Aden notamment. Les rebelles poursuivent alors la route vers le sud, prennent Ta’izz, et descendent sur Aden. Ce qui oblige à nouveau le président à fuir définitivement le pays et à se réfugier à Ryad (Arabie Saoudite).  Dès lors les rebelles prennent le contrôle des principales villes du pays (avec ports et aéroports), Sanaa, Ta’izz, et surtout Aden, et ils font face à l’entrée du Détroit de Bab el Mandeb.

Dans ce désordre total, Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique trouve un terreau fertile pour s’installer dans le pays et prendre ainsi quelques localités du pays.

Sur cette carte qui montre la situation du pays en 2015, on voit déjà les forces en présence dans le pays. D’un côté on a les forces gouvernementales soutenues par l’Arabie saoudite, qui contrôlent une partie du pays et de l’autre on a les rebelles qui contrôlent tout l’ouest du pays et notamment la façade de la mer rouge qui constitue un passage stratégique du transit des navires qui acheminent les hydrocarbures (pétrole saoudien notamment) vers l’Europe mais aussi vers les Etats-Unis. Entre ces deux forces un acteur et non le moindre cherche à étendre son influence à savoir AQPA qui contrôle une grande partie du Nord et une petite partie du sud. Et la proximité avec la Somalie est un facteur essentiel.

Face à tout cela la guerre prend une tournure internationale avec ces multiples implications quand l’Arabie Saoudite soutenue par les Etats-Unis, mais aussi l’ONU, décide de réunir une coalition de neufs pays arabes (Koweït, l’Egypte, le Bahreïn, le Pakistan, le Soudan, la Jordanie, le Maroc, le Qatar, et les Emirats arabes-unis) pour intervenir au Yémen.

… A l’internationalisation de la crise

L’Internationalisation de la crise se fait officiellement dans la nuit du 25 au 26 mars 2015, lorsque la coalition menée par l’Arabie Saoudite, déclenche l’opération « Tempête décisive » en bombardant, les principales bases Houthis à Sanaa en l’occurrence le Palais présidentiel, l’aéroport, et certaines bases militaires, encore occupées par les rebelles.

Les sanctions internationales contre l’Iran étant assouplies, pour la première fois les officiels iraniens (le Président Iranien) dénoncent publiquement cette intervention en parlant « d’agression militaire » et en la qualifiant de « démarche dangereuse ».

A partir de là, c’est l’Iran et l’Arabie saoudite qui se font face à face. Ce qui fait qu’à partir de là certains experts ont remis à jour la confrontation entre Chiites et Sunnites. Indéniablement dès que ces deux puissances se font face, la rivalité Chiite/Sunnite refait forcément surface.  Mais dans ce conflit yéménite les enjeux vont au-delà de cette rivalité.

En effet les enjeux sont beaucoup plus importants pour ces deux pays. Au-delà du statut de la puissance régionale qui est en train de se jouer, les enjeux économiques sont énormes. Pour l’Arabie Saoudite, conserver une certaine mainmise, notamment en maintenant un gouvernement pro-saoudien à Sanaa, sur le Yémen c’est assurer l’acheminement de son pétrole vers l’occident. L’Arabie Saoudite a en effet, depuis longtemps avec l’appui des Etats-Unis un projet de construction de pipelines qui vont traverser le Yémen et ainsi contourner le détroit d’Ormuz sous contrôle iranien.  Garder aussi une mainmise sur le Yémen c’est parer à toute éventualité de blocage du détroit de Bab el Mandeb.

Pour l’Iran, qui contrôle déjà le détroit d’Ormuz par où transite actuellement tout le pétrole saoudien produit dans le nord-est du royaume, avoir un gouvernement pro-iranien à Sanaa c’est non seulement un moyen de faire échouer le projet de pipelines saoudien, mais c’est aussi avoir le contrôle de Bab el Mandeb et ainsi contrôler tout le pétrole qui sort de cette région  pour être acheminé vers l’Europe et les Etats-Unis. Ce qui permettra à l’Iran d’assoir durablement son hégémonie régionale.

Ainsi, aujourd’hui la guerre est devenue une guerre d’influence, mais aussi une guerre économique. Si l’Iran n’a pas officiellement envoyé de soldats au Yémen, l’Iran fourni tout de même de l’armement aux rebelles Houthis. Un fait que dénonce régulièrement l’Arabie Saoudite, qui se dit visée par des missiles longues portées tirés par les rebelles depuis le Yémen, et qui sont de fabrication Iranienne.

Aujourd’hui la crise yéménite risque d’impacter toutes les grandes puissances au-delà de l’Arabie Saoudite et de l’Iran, du simple fait de sa position stratégique. En effet aujourd’hui toutes les grandes puissances ont des soldats stationnés dans la région y compris la France, notamment à Djibouti. Ainsi les Etats-Unis ont plus de 4000 soldats (la Ve Flotte) dans la zone. A côté il y a la Russie, mais aussi la Chine et le Japon.

Par ailleurs ces enjeux stratégiques et économiques, ne doivent pas nous faire oublier le bilan tragique de cette guerre.  En effet plusieurs ONG déplorent la situation au Yémen, qu’elles qualifient d’ailleurs de « catastrophique », notamment sur le plan humanitaire.

Lors d’une conférence de presse tenue à Paris le 17 Mars 2017,  six ONG (Médecins du Monde, Action contre la Faim, Care, Handicap International, Première Urgence, Solidarités international)  ont annoncé que « la situation au Yémen est l’’une des  plus graves au monde »,  du fait notamment du blocus imposé par la coalition arabe.

Cette guerre a fait plusieurs dizaines de milliers de morts (entre 7800 et 8000 morts selon les sources) dont une majorité de civils, des enfants notamment. A côté on note plus de 40000 blessés, plus de 2 millions de personnes sans-abris, et plus de 186 000 réfugiés.

Il faut noter aussi la résurgence de certaines maladies telles que le Choléra, et noter aussi qu’il y a plus de 19 millions de personnes qui souffrent de la faim et ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence.

La guerre est aujourd’hui encore dans une nouvelle phase, après que l’ancien président Ali Abdallah Saleh a été tué, le 4 décembre 2017. En effet après un énième revirement de la part de ce dernier, d’abord allié de l’Arabie Saoudite et donc contre les rebelles Houthis, il avait changé de camp en s’alliant avec ces derniers pour lutter contre le président actuel. Et dans sa dernière apparition publique il avait soutenu être avec l’Arabie Saoudite et être prêt à faire partie d’un dialogue qui tendrait de résoudre la crise. Ensuite c’était son retour aux affaires qui avait été envisagé.

Ainsi à partir de là, on peut dire que cette guerre est loin d’arriver à son terme au vue des intérêts qui sont en jeu. D’abord partie d’une contestation interne, la guerre est devenue internationale,  avec l’intervention de la coalition arabe d’un côté, mais aussi le soutien fourni par l’Iran aux rebelles de l’autre. Et les dégâts humains et matériels continuent d’augmenter de jour en jour.

DIALLO Alpha Ibrahima, promotion 2017-2018 du Master 2 IESCI

Bibliographie

https://www.franceculture.fr/geopolitique/comprendre-la-guerre-au-yemen

https://www.lexpress.fr/actualite/yemen-une-coalition-de-pays-arabes-au-secours-du-president_1665079.html

http://www.lemonde.fr/yemen/article/2017/12/05/ali-abdullah-saleh-fantome-et-mauvaise-conscience-de-l-etat-yemenite_5224575_1667193.html

http://www.jeuneafrique.com/419894/politique/yemen-trois-ans-de-conflit-bilan-humanitaire-apocalyptique/

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Israël a connu un succès fulgurant au regard de son rayonnement technologique à l’international et compte tenu de la jeunesse de cet Etat. En effet, il s’agit d’un pays qui rappelons-le a moins d’un siècle, qui a réussi à s’ériger sur le devant de la scène internationale et à devenir l’un des plus grands exportateurs en matière d’armement par sa force innovatrice et la réussite d’une politique industrielle passant par des universités performantes en étroite collaboration avec le secteur privé, des migrants bien formés qui ont nourris la recherche du pays, des incubateurs puissant pour ne laisser aucune idée innovante de côté, financés par des fonds de capital-risque. Le contexte dans lequel évolue l’Etat d’Israël avant même sa création en 1948 fait que le pays a dû mettre l’accent sur l’innovation et les technologies. Ainsi, ce qu’a fait Israël c’est se servir des menaces que le pays a rencontré et rencontre encore pour en faire émerger des forces.

Le transfert technologique constitue un point important du développement économique puisqu’il permet à l’innovation d’un secteur de servir l’innovation et la performance d’un autre en s’appuyant sur la technologie du premier. Il existe bien un réel intérêt de bénéficier d’un transfert technologique pour une entreprise du fait qu’il lui évite de supporter le risque du développement de l’innovation et de gagner du temps dans l’accession à celle-ci. Comme le modèle israélien repose en grande partie sur l’innovation, le transfert technologique représente alors une force primordiale de ce modèle. Il est en effet fortement présent et permet l’émergence de nombreuses start-up performantes qui réussissent à s’exporter.

Une porosité entre le monde universitaire et industriel

Les transferts de technologies sont notamment facilités par la proximité qui existe entre des campus universitaires et le secteur privé. Ainsi une des forces de ces universités israéliennes c’est la porosité qui existe entre celles-ci et le secteur privé, il y existe une réelle coopération. C’est tout particulièrement le cas pour l’Institut Weizmann où la collaboration entre l’industrie et l’Institut n’a que pour seul frontière géographique une rue. Ainsi, un centre de biotechnologie a été fondé à proximité de l’Institut et il y a de nombreux échanges entre l’Institut Weizmann et l’industrie qui l’entoure. Ce lien particulier entre entreprise et université, plus qu’important est est nécessaire puisque 80% des brevets sont issus des universités et elles réalisent la majorité de la recherche fondamentale du pays. Le cas de l’Institut Weizmann n’est pas isolé puisque la plupart des universités disposent de la proximité de parcs technologiques ou industriels mais elles peuvent aussi très bien établir des accords coopératifs avec l’étranger c’est notamment le cas récemment du Technion qui a développé un partenariat avec le New York Genome Center (il s’agit d’une organisation de recherche académique en biotechnologie). Déjà en 1964 ce genre d’accords pouvaient avoir lieu puisque cette année-là la Max Planck Gesellschaft et l’Institut Weizmann créaient la Fondation Minerva ayant pour but la coopération en matière de recherche entre l’Allemagne et Israël. Par ailleurs l’Université hébraïque de Jérusalem possède son propre bureau de transfert technologique : le Yissum fondé en 1964. On peut alors prendre note de Mobileye, société spécialisée dans les systèmes anti-collisions et d’assistance à la conduite faisant parti du portfolio de Yissum, qui a été rachetée en mars dernier par Intel pour un montant de 15 milliards de dollars, preuve de la force innovatrice d’Israël.

Pour caractériser ce lien étroit qu’entretiennent les universités et l’industrie nous pourrions aussi citer Michel Revel (Professeur à l’Institut Weizmann ayant reçu le Prix Israël de Médecine en 1999) :

« Les universités israéliennes travaillent en collaboration étroite avec l’industrie et facilitent le développement de centres de recherche spécialisés. L’impact du monde académique sur la vie israélienne est très fort. Le public israélien reconnaît le rôle de l’université et du monde académique dans la survie de l’Etat d’Israël. Depuis la création d’Israël, il y a eu une reconnaissance précoce de l’importance de la science. En réalité les universités sont apparues avant que le pays n’existe.

Le lien entre l’université et l’industrie est très étroit et permet une certaine flexibilité. Un professeur de l’Institut Weizmann est libre de travailler dans une entreprise une journée par semaine. C’est une grande liberté de pouvoir travailler pour l’industrie et de consacrer un nombre d’heures décent à travailler pour ses propres activités. L’atout supplémentaire, c’est la relation particulière entre le monde académique et l’Etat. Ce dernier a établi les parcs industriels autour des universités, rendant ici possibles et aisés les déplacements entre l’université et l’industrie.

Dans le domaine des biotechnologies par exemple ont été créés des centres nationaux dédiés à la génomique, à la protéomique, aux animaux transgéniques, aux plantes transgéniques, ou à la bio-informatique. Tous ces centres ont été créés avec l’aide du gouvernement israélien. Ils sont au service à la fois de l’université et de l’industrie. L’industrie paie pour ce service et ces centres nationaux rendent ces technologies disponibles à la communauté scientifique. L’interaction étroite entre les universités israéliennes et le monde industriel est une des caractéristiques clés du modèle israélien. »

L’Armée comme vecteur des transferts technologiques

De par sa situation conflictuelle permanente l’armée de défense israélienne (Tsahal) a besoin d’être performante au niveau technologique et de bénéficier donc d’une forte innovation. Par ailleurs, si l’armée de défense israélienne requiert une forte innovation, elle agit aussi de manière à stimuler celle-ci, par des effets de transfert de technologie ces innovations militaires stimulent l’économie du pays et participent au rayonnement international du pays. Comme l’armée de défense israélienne doit disposer d’une puissance technologique, elle va faire en sorte d’être un catalyseur de l’innovation.

Ainsi, dès 1947 David Ben Gourion, acteur majeur d’Israël au vingtième siècle et Premier ministre de l’Etat d’Israël de 1948 à 1963 qui sera notamment à la source de la création de l’entité Tsahal, crée un institut de recherche et de développement d’armes pour répondre à ces besoins technologiques en matière de défense. Cet Institut se distinguera par la suite en deux pôles distincts, un premier ayant en charge la recherche scientifique (le HEMED) et un second qui lui s’occupe du développement de l’armement militaire (RAFAEL). Cet institut permet de bien mettre en évidence ce qu’entreprend au maximum le pays, c’est-à-dire confronter la recherche à l’industrie.

En Israël le service militaire est obligatoire, chaque citoyen doit servir entre 2 et 3 ans selon son sexe. Toutefois, avant de le commencer les individus sont soumis à des tests pour permettre d’établir un classement et de repérer les meilleurs éléments à qui l’armée va proposer des formations de haut niveau. L’expérience militaire étant particulièrement valorisée dans la société israélienne le but est de rendre ces futurs soldats à même d’intégrer les universités les plus prestigieuses avec un réel potentiel d’innovation. L’exemple le plus poussé est surement le cas du Mamram. Il s’agit d’une unité militaire spécialisée dans l’informatique et plus particulièrement les technologies de l’information. Une formation très poussée y est dispensée, ce qui fait que de nombreux leaders de l’industrie israélienne proviennent du Mamram. De plus Tsahal à travers ses différentes unités développe un réseau auquel chaque personne qui est passée par le service militaire peut faire appel, notamment dans la création de start-up. Ainsi, toutes ces unités de formation à haute technologie au sein de l’armée permettent de créer à la fois des profils favorables à l’innovation, à la création de start-up et en même temps d’entretenir un réseau performant avec pour même objectif l’innovation.

Le plus souvent, ces jeunes israéliens en service militaire sont encouragés à combiner celui-ci avec des études en science à travers les programmes que l’armée dispense. Dans le même temps ces soldats au cours du service militaire se verront attribuer des postes à responsabilité. La recette que Tsahal essaye de mettre en œuvre n’est pas neutre puisqu’elle vise bien à former, forger ces individus de telle sorte qu’une fois leur service militaire terminé ils soient utiles à Israël. Ce qui en général marche bien puisqu’en plus d’une formation de pointe, ils en sortent généralement moins averses à la prise de risque, avec une expérience professionnelle et technique et avec un carnet d’adresse assez étendu. Ainsi, beaucoup d’israéliens, sortant de Tsahal, ont un projet de start-up en lien avec une technologie avec laquelle ils ont été confronté durant leur passage dans l’armée et le plus souvent l’armée permet ce transfert du militaire vers le civil (ou en échange de parts, c’est notamment le but de la structure Rafael Development Corporation (RDC) qui permet le transfert de technologie du militaire vers le civile en échange donc de parts).

Ces transferts de technologies (du militaire vers le civil) ont particulièrement dynamisé l’économie israélienne et ont aidé à hisser Israël à la place de premier plan qu’elle occupe désormais que ce soit dans le secteur des télécommunications (Gilat Satellites, EGI Telecom, Tadiran, LocatioNet), de la sécurité (Check Point, RadGuard, Tarzana), du spatial (IAI, Elop, Elbit) mais également dans le domaine médical.

A ce propos on pourra présenter ici deux exemples frappant du transfert de technologie opéré du militaire vers le domaine médical. Deux exemples qui partent tous les deux de technologies provenant des missiles développés par Tsahal. Le premier exemple a été commercialisé en 2001 sous le nom de « PillCam » et c’est Gavriel Iddan un ingénieur d’électro-optique de Rafael qui en est à l’origine. Le produit a d’ailleurs été développé au sein de RDC et permet notamment de diagnostiquer des cancers de l’intestin. En 2011 la PillCam avait été utilisée depuis son lancement dans près de 75 pays différents. De la même manière Galil Medical s’est également développé à partir d’une technologie de missile israélien, celle de leur système de refroidissement. Cette technologie a alors été habilement transférée dans le domaine médical et permet de geler les cellules des cancers. Les exemples sont ainsi nombreux de produits, procédés innovants découlant de technologies militaires et qui stimulent par-là l’économie du pays.

En conclusion nous avons de part et d’autre de la société Israélienne des possibilités de transferts technologiques qui nourrissent la performance innovatrice du pays. Les structures militaires en raison du climat hostile dans lequel se situe Israël sont obligées d’innover pour pouvoir se différencier en matière d’armement militaire et en sécurité. Elles vont par ailleurs permettre le transfert de ces technologies (en partie) vers le civil stimulant la création d’entreprise, start-up dynamique. De l’autre côté le système universitaire travaille de façon assez étroite avec le privé à la manière d’un cluster tout ceci ayant pour objectif de trouver une application commerciale qui soit exportable à chaque recherche mise en œuvre. Ces transferts de technologies qui existent permettent alors d’engranger un cercle vertueux de l’innovation où celle-ci vient également renforcer le processus d’innovation.

Par Léandre Meier, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Sources :

  • Alain Dieckhoff, « L’Etat d’Israël », Fayard, 2008
  • Edouard Cukierman, Daniel Rouach, « Israël Valley, Le bouclier technologique de l’innovation », Collection Village Mondial, 2017
  • Joss Drav, Denis Sieffert, « La guerre israélienne de l’information», éditions La Découverte, 2002

Webographie :

http://www.journaldunet.com/solutions/expert/64415/le-transfert-de-technologies-france—israel—un-veritable-levier-de-croissance.shtml

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La Russie, cible des sanctions internationales https://master-iesc-angers.com/la-russie-cible-des-sanctions-internationales/ Mon, 15 May 2017 11:26:49 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=1677 Les sanctions qui frappent la Russie handicapent sérieusement la croissance de cette dernière. En effet, l’UE et les Etats-Unis ont multiplié les sanctions de toutes sortes à l’encontre de l’Ours russe qui affiche aujourd’hui des indicateurs faibles. Bien que la… Continuer la lecture

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Les sanctions qui frappent la Russie handicapent sérieusement la croissance de cette dernière. En effet, l’UE et les Etats-Unis ont multiplié les sanctions de toutes sortes à l’encontre de l’Ours russe qui affiche aujourd’hui des indicateurs faibles. Bien que la dette publique ne soit pas aussi élevée qu’en France ou en Angleterre (19,4% PIB), le pays connait une forte inflation de 5,5% et sort d’une récession longue de deux ans. Les agences de notations n’ont fait que dégrader les notes de ce géant ces dernières années, la Coface attribut quant à elle la note de C. Bien que ces barrières à l’échange soient importantes la Russie a tout de même réussi à trouver des débouchés pour ne pas être trop dépendante du bon vouloir des pays occidentaux.

Sanctions européennes

La majorité des sanctions prises par l’Europe sont en réalité une réaction à la crise ukrainienne. Elles sont pour la plupart économiques. Les citoyens européens et les entreprises ne pourront plus acheter ni vendre de nouvelles actions financières si elles proviennent d’une banque russe dont l’Etat est l’actionnaire majoritaire.

Sur le plan militaire, un embargo est déclaré sur l’import et l’export des armes et du matériel en provenance et à destination de la Russie. L’exportation des biens et des technologies à usage militaire est elle aussi interdite.

La France a cependant indiqué, malgré les critiques de Washington et de Londres, qu’elle livrerait tout de même un porte-hélicoptères Mistral, négocié en 2011 et déjà payé par les Russes, mais qu’elle se réservait pour le second, en fonction de l’attitude russe.

Les sanctions technologiques et énergétiques

L’exportation de certains équipements relatifs à l’énergie et à la technologie sera soumise à un droit de veto par les autorités des Etats membres. Par exemple, toutes les licences d’exportation seront interdites pour les équipements destinés à la recherche de pétrole et de gaz en eau profonde.

Ces trois actions ciblées contre des secteurs-clés correspondent à la « phase 3 » des sanctions, qui ont divisé les Vingt-Huit depuis plusieurs mois, et notamment les « trois grands » que sont l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Leurs réticences s’expliquent par des intérêts stratégiques : l’Allemagne disposait de sérieux intérêts dans le secteur énergétique, la Grande-Bretagne refusait de saborder la place financière de Londres, très accueillante pour les capitaux russes, tandis que la France veillait à sauvegarder la position de son industrie de l’armement.

Des restrictions additionnelles pour la Crimée et Sébastopol

Dans ces deux zones, les Etats membres interdisent les nouveaux investissements d’entreprises de leurs pays dans les infrastructures de transports, de télécommunication et dans le secteur de l’énergie. Les investissements destinés à l’exploitation du gaz, du pétrole et des ressources minérales seront eux aussi interdits.

Une liste noire établie

L’UE a également décidé de bloquer les avoirs de quatre hommes d’affaires russes. Ces derniers sont des proches du président Poutine et sont accusés de bénéficier de l’annexion de la Crimée ou de soutenir activement la déstabilisation de l’Est de l’Ukraine. Elle va aussi sanctionner trois sociétés, dont une banque, sur la base des mêmes accusations.

La liste noire de l’UE comprend déjà 87 personnes et 20 entités interdites de visa et dont les avoirs dans l’UE sont gelés, ce qui porte maintenant leur nombre à 95 personnes et 23 entités.

Sanctions américaines

Quelques heures après la décision européenne, le président Barack Obama a annoncé de nouvelles sanctions contre « des secteurs clés de l’économie russe », visant les secteurs de l’énergie, de la défense et de la finance, avec la suspension d’exportations, l’assujettissement de nouvelles banques et entreprises du secteur de la défense aux sanctions et la suspension formelle des crédits à l’exportation et des financements du développement économique russe.

Les établissements bancaires : Bank of Moscow, la Banque agricole russe et la United Shipbuilding Corporation sont visés pour leur soutien aux séparatistes ukrainiens, a annoncé le département du Trésor.

Les citoyens et les entreprises américains ne pourront pas réaliser d’emprunt auprès des banques dont l’Etat russe est actionnaire majoritaire, ce qui concerne quasiment toutes les banques les plus importantes.

En réponse  l’autorité russe de sécurité alimentaire a décidé de stopper les importations de fruits et légumes venant de Pologne, officiellement pour “violation de la certification et de l’identification des produits de quarantaine“.  Ainsi, la France a connu une crise agricole importante suite aux mesures prises par la Russie.

Quels sont les débouchés russes ?

Le graphique ci-dessus montre très clairement l’impact des sanctions prises par les Etats-Unis et l’UE sur le commerce extérieur de la Russie. Pourtant, les réactions sont diverses et parfois à l’opposé de ce que l’on pourrait attendre. Une marque de papier toilette russe a d’ailleurs commercialisé une nouveau modèle sur lequel sont imprimés les différentes sanctions occidentales. Outre ce fait cocasse mais tout de même représentatif de l’état d’esprit russe, la Russie ne peut pas rester sans rien faire. C’est pour cette raison que depuis 2014 le partenariat déjà privilégié avec la Chine a pris de l’ampleur. Ces deux pays ont signé des contrats sur différents secteurs : le militaire, les nouvelles technologies, la finance, la diplomatie, le commerce et l’énergie. Ce partenaire est indispensable à la Russie car il est le principal. C’est d’ailleurs notamment grâce à ce dernier que la Russie a pu limiter l’impact des mesures prises par le tandem américain et européen. Parallèlement à cela, la Russie joue un rôle de plus en plus important au Moyen Orient et est devenue un acteur majeur dans cette région tourmentée du monde. Les intérêts économiques, militaires et diplomatiques sont très importants pour l’ensemble des pays occidentaux, et la Russie est un acteur quasi incontournable. On peut donc supposer qu’elle jouera de ce statut pour faire entendre sa voix et lever les sanctions qui l’accablent.

La Russie est donc un pays fortement impacté par les sanctions qui lui sont imposées, mais ces dernières seront très probablement rediscuter quand on voit l’importance du pays dans certaines zones au centre des préoccupations internationales. Les prévisions de croissance pour 2017 sont positives malgré la reconduite par l’Union Européenne de ses sanctions.

Par Clément Jarry, promotion 2016-2017 du M2 IESC

Sources :

http://reseauinternational.net/les-10-principaux-partenaires-commerciaux-russie-combien-pourriez-en-nommer-bon-ordre/

Coface.com

https://www.tresor.economie.gouv.fr/File/426546

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/russie/presentation-de-la-russie/

http://www.lemonde.fr/international/article/2016/01/20/en-russie-la-situation-economique-passe-au-rang-de-menace-selon-le-conseil-de-securite_4850125_3210.html

http://europa.eu/newsroom/highlights/special-coverage/eu_sanctions_fr

http://www.courrierinternational.com/article/russie-les-sanctions-europeennes-se-torche-avec

http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20140731trib000842536/sanctions-europeennes-la-russie-contre-attaque.html

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Quels enjeux internationaux pour l’économie de la défense ? https://master-iesc-angers.com/quels-enjeux-internationaux-pour-leconomie-de-la-defense/ Thu, 13 Oct 2016 09:47:06 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=1396 Qu’est-ce que l’économie de la défense ? “La défense regroupe l’ensemble des activités et services participant à la sécurité et à l’intégrité du territoire du pays ainsi qu’à la sécurité de la population. De par ses aspects opérationnels, politiques, stratégiques… Continuer la lecture

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Qu’est-ce que l’économie de la défense ?

“La défense regroupe l’ensemble des activités et services participant à la sécurité et à l’intégrité du territoire du pays ainsi qu’à la sécurité de la population. De par ses aspects opérationnels, politiques, stratégiques et économiques, la défense est multidimensionnelle.” Cette définition est tirée de l’ouvrage “Economie de la défense” publié en 2014 en France, coécrit par les économistes Renaud Bellais, Martial Foucault et Jean-Michel Oudot. L’analyse économique des questions de défense s’est essentiellement développée au cours de la guerre froide, en particulier à partir des années 1970 lorsque des critiques se sont fait jour sur le coût social des dépenses de défense et de la production d’armement. La défense a donc été analysée en tant qu’objet d’étude avec des outils économiques, donnant ainsi lieu à “une économie de la défense”. C’est à partir des publications du Hand Book Of Defense Economics sous la direction de Keith Hartley et Todd Sandler ainsi que leur revue de la littérature, The Economics of Defense que se sont orientées les questions sur les nouveaux conflits liés au terrorisme, aux conflits de guerres civiles et de guerres armées. En effet,  l’âge d’or des dépenses militaires dans le monde remonte aux années 80 où celles-ci  atteignent des montants élevées et absorbent une grande part de la population active et des capacités industrielles avant de diminuer. Puis c’est à partir de 1990 à l’émergence de l’économie de la connaissance avec de nombreuses mutations que sont apparues une externalisation accrue de certaines activités de la défense vers le secteur privé et un commerce international d’armement de plus en plus sophistiqué qui alimente les exportations et importations entre puissances militaires. Les données sur les investissements de l’industrie de l’armement nous proviennent notamment du SIPRI, l’Institut International de la Paix de Stockholm. Le SIPRI est définie comme “un institut international indépendant spécialisé dans la recherche sur les conflits, les armes et leur contrôle, et le désarmement. Fondé en 1966, il fournit données, analyses et recommandations basées sur des sources ouvertes, aux décideurs politiques, chercheurs et médias ainsi qu’à tout public intéressé. “

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Selon le SIPRI, « les dépenses militaires mondiales s’élevaient à plus de 1,7 trillions de dollars (1700 milliards $) en dépenses annuelles pour 2011 (ou 1,63 trillion de dollars constants de 2010), et ont augmenté ces dernières années. Dans la section no 9 de son rapport annuel 2014 le SIPRI présente les dépenses militaires mondiales qu’il estime à 1776 milliards USD en 2014, soit 2,3% du produit intérieur brut mondial ou 245 USD par personne. Le total des dépenses était d’environ 0,4% inférieur en termes réels par rapport à 2013.

On peut donc se demander : quels sont les enjeux internationaux de l’économie de la défense ? Pourquoi ce secteur a de plus de plus incité les économistes à  mobiliser des outils pour connaître l’impact des investissements de l’industrie de l’armement sur l’économie internationale ? Il reste aussi à répondre aux besoins des nations de mobiliser des moyens militaires nécessaires pour se protéger face à la menace permanente de conflits internationaux et faire face à des préoccupations géopolitiques.

Fonction régalienne de l’Etat et régulation de l’industrie de défense

La particularité de l’industrie de défense est qu’elle est régulée par l’État. Cette industrie de souveraineté a connu plusieurs transformations depuis la guerre froide avec les stratégies des politiques qui font des pays industrialisés tels que les États-Unis, le Royaume-Uni, le France, l’Allemagne, l’Italie, la Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil, les principaux pays exportateurs d’armement. Cette industrie atypique a donc fondé un marché atypique lié à l’État. L’État en position de monopsone fait face à un oligopole d’entreprises qui rend complexe la régulation de cette industrie. Depuis les années 1980, ces entreprises sont regroupées sous le concept de « Base industrielle et technologique de défense »(BITD) ou “complexe militaro-industriel” qui se définit comme l’existence d’une coopération de long terme entre l’Etat et l’industrie d’armement pour le développement, la production, l’achat et l’entretien, d’équipements de défense. Il y a en effet une relation de dépendance réciproque entre les entreprises qui dépendent des commandes de l’État et l’État qui a besoin de l’industrie pour « assurer un accès aux capacités industrielles et technologiques qui conditionnent la satisfaction à long terme des besoins des forces armées » d’après la DGA. La DGA, direction générale d’armement, est le pouvoir adjutateur en France qui fait la passation des commandes d’équipements sur les marchés. Elle est définit comme «  le maître d’ouvrage des programmes de l’armement, responsable de la conception, de l’acquisition, de l’évaluation des systèmes qui équipent les forces armées. » Au Royaume-Uni, c’est la Defense Equipment & Support, Aux Etats-Unis, le Pentagone. Les États se sont d’abords engagés à des mouvements de privatisation jusqu’aux années 80 avant que des transformations structurelles de l’industrie  viennent remettre en cause cette relation étroite avec des fusions acquisitions d’abord aux États-Unis puis en Europe puis à une externalisation de certaines activités de la défense au secteur privé.

Dépenses de défense et croissance économique

“Les dépenses de défense sont structurées en deux catégories : les premières regroupent les dépenses ordinaires, c’est-à-dire les coûts de personnel, les munitions, les moyens consacrés à doter le personnel des effets et du matériel adaptés à leur conditions d’engagement) et l’entretien programmé du personnel. Les secondes concernent les acquisitions d’équipement de missiles, d’armes nucléaires, d’avions,  d’artilleries et de navires, les constructions de bâtiments et d’infrastructures militaires, les transferts aux alliances (ex. L’OTAN) ainsi que les dépenses de recherche et de développement pour les systèmes d’armes.” (Bellais, Foucault, Oudot)

Les dépenses de défense n’ont cessé de croître depuis la guerre froide. Les mouvements de militarisation accompagnent en générale la croissance des pays, surtout dans les pays émergents d’après les données empiriques de la SIPRI. Mais une relation dépenses militaires-croissance fait toujours débat. 3 périodes ont été déterminantes dans cette approche, à partir de 1970 avec le pionnier Emile Benoit, à la fin de la guerre froide avec Rockoff et Gupta puis en 2001 après la forte augmentation des dépenses avec Stiglitz et Bilmes. Or depuis les travaux de l’économiste américain Émile Benoit, le lien entre croissance économique et dépenses militaires divise la communauté des économistes qui se sont tous appuyés sur des fondements théoriques. En premier lieu, pour certains, la théorie de la croissance selon un modèle keynésien de la demande effective s’applique avec un apport positif des commandes publiques de défense qui vont accroître l’emploi et donc le versement de salaires qui viendront soutenir la demande. Il existe aussi une relation positive entre les commandes publiques de la défense et la croissance nationale qui permet de faire bénéficier la société d’un capital humain plus compétitif ayant acquis des compétences de haute technologie en formation dans les armées. Le personnel des armées pourra ainsi mettre en pratique leurs compétences dans les compagnies privées mis en évidence par Gold notamment dans le secteur médical pour la radiographie. Cependant, il existe deux autres mécanismes de corrélation négative entre les dépenses de défense et la croissance publique : un premier mécanisme de nature budgétaire qui met en jeu un effet d’éviction où l’allocation de ressources publiques dans l’hypothèse où elles dépendent du niveau d’épargne et des  investissements des ménages réduisent les capacités de financement de l’activité civile. Il existe également un effet d’éviction entre ressources publiques où les dépenses militaires peuvent diminuer les dépenses sociales. Un deuxième mécanisme considère que la productivité de facteurs de production est plus faible dans le milieu public que dans le milieu privé, l’effet de productivité serait contraint par les détournements des facteurs de productivité du secteur privé et par des phénomènes économiques propres au secteur de la défense. Ors des analyses empiriques internationales avec des travaux statistiques et économétriques de Alpekin et Levine ayant testé la relation entre dépenses militaires et croissance économique donnent des conclusions ambiguës. En période de guerre, les dépenses vont contribuer à la sécurité des conditions de production et donc à la croissance  économique et en période de paix l’augmentation des dépenses publiques aura un effet d’éviction sur d’autres dépenses publiques (éducation, infrastructures, santé,…) qui aura un impact nul sur la croissance économique. On peut aussi remettre en cause la fiabilité des données et des techniques économétriques qui soulignent les limites de l’analyse de la relation entre dépenses de défense et de la croissance économique.

Externalisation des activités de défense et commerce de l’armement international

Certaines activités propres aux armées ont dû être externalisées au secteur privé à cause de la fin de la conscription. Les effectifs militaires n’ont cessé de diminuer depuis la fin de la guerre froide. C’est à partir de 1990, avec la fin de l’économie de la conscription qui applique le service militaire obligatoire, que les Etats dans le monde ont changé le format de leur armée en passant d’une armée de conscrits à une armée plus professionnelle. Les changements géopolitiques ont amené les nations à emprunter un ensemble de stratégies empruntés au secteur privé pour pallier aux contraintes de recrutements et de fidélisation de leurs personnels. Des entreprises privées sont appelées en renfort pour des opérations de formation, de mise en place d’équipement et d’entretien, ce qui pose le problème de la délégation de ces activités avec des contrats de partenariats avec le recours à des transferts de missions dans des conditions hostiles. Cependant, l’externalisation ne se limite pas à l’équipement et aux infrastructures, elle concerne aussi les services de sécurité et de défense qui font appel à du personnel hautement qualifié et à des équipements spécifiques.

A la production collective de sécurité s’ajoute un enjeu de maîtrise du commerce international des armes, qui peut avoir des effets déstabilisateurs sur la paix. On assiste également à un commerce de l’armement qui peut mettre en péril la sécurité internationale avec un accès à des équipements militaires qui peuvent amplifier les externalités négatives des conflits. La maîtrise du commerce des armes est un enjeu important pour la paix mondiale, car ces ventes contribuent à accroître les risques de guerre ou l’intensité des conflits. Mais de l’autre côté, l’accès aux armements permet de stabiliser des zones de conflits promulgués par les alliances tels que l’ONU (Organisation des Nations Unis). Les pays les plus riches contribuent fortement à mettre en œuvre les moyens militaires les plus efficaces pour parvenir à mettre un terme aux conflits et maintenir la paix. Ce commerce est stratégique pour tous les pays car aucun ne peut assurer toute la production locale des armements dont leur armée a besoin suite de l’accroissement des dépenses militaires dans le monde.

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Un petit nombre de pays concentrent 90 % de la production et des exportations. Les Etats-Unis, la Russie et des pays de l’Union européenne sont parmi les 10 premiers producteurs. Les importateurs quant à eux représentent moins de la moitié des livraisons. L’Inde est le premier pays importateur avec la Chine et la Corée du Sud respectivement en deuxième et troisième place. L’obsolescence du matériel depuis la fin de la guerre froide a accentué le besoin de renouvellements des parcs et donc des achats. Le cours élevé du pétrole a permis d’augmenter les importations d’armement, en effet le niveau d’importation est corrélé au niveau du cours de pétrole. Enfin, les pays des BRICs (Chine, Inde, Brésil,…) ont souhaité moderniser leur forces et sont devenus donc les premiers importateurs à l’instar de la Russie qui est un producteur important d’armement. Ces pays  développés ont donc souhaité importer les armements des pays exportateurs surtout les plus sophistiqués faute d’industries complètes. Ceci repose aussi sur le choix de rentabilité des industries de réaliser des systèmes d’armes en collaboration avec des pays tiers et de les exporter, ce qui va altérer l’indépendance stratégique de l’État. La division internationale de la production d’équipements peut s’expliquer en termes d’avantages comparatifs, notamment dans l’accès aux technologies les plus avancées et la disposition de normes aux seins des alliances. Les pays importateurs participent donc de plus en plus au commerce international d’armement pour compenser leur manque de savoir-faire dans la production des équipements. Ces mesures de compensations se manifestent avec des transferts de technologie pour construire leur propre base industrielle et technologique. Les puissances émergentes telles que les BRICs ont recours à ces échanges pour chercher à réduire leur indépendance vis-à-vis des pays développés exportateurs pour des questions d’autonomie stratégiques. Du côté de l’offre, ce commerce international permet de pérenniser à long terme les activités des industries lorsque les commandes de l’État ne sont plus suffisantes pour leur rentabilité. Les industries peuvent aussi bénéficier d’économies d’échelle grâce à un solde positif des échanges. Pour exemple, beaucoup d’équipements majeurs en Europe ont été développés au travers de coopérations : les hélicoptères Tigre et NH90, l’avion de transport A400M, les missiles Aster, Meteor et Scalp ainsi que le programme transatlantique comme le JSF /F-35.

Conclusion

L’application de la discipline économique au secteur de la défense est riche en enjeux stratégiques. L’économie de la défense est essentiellement positive, où les outils économiques sont mobilisés pour analyser les décisions des Etats et des entreprises. Mais les analyses sont souvent complexes à interpréter tant par l’application des fondements théoriques que par les données pour comprendre l’impact des dépenses sur le plan national, ce qui distingue spécifiquement la défense des autres secteurs. Des mutations ont été constatées et ont transformé les rapports économiques entre Etats et industries dans la passation des commandes. Les industries de la défense se sont au fil du temps concentrées dans la recherche et le développement dans l’internationalisation du commerce d’armement et mettent en œuvre des partenariats basés sur la coopération dans le monde. Cependant ces échanges ont aussi des enjeux géopolitiques autres qu’économiques avec les alliances conclues entre pays. Les  alliances militaires et les coopérations industrielles sont décisives sur le long terme pour faire face à des conflits non plus sur un plan national mais transnational face à des menaces qui s’exercent sur un ensemble de pays tels que les conflits, le terrorisme, la piraterie et la cybercriminalité.

Par Alice Martinet, étudiante M2 IESC promotion 2016-2017

Sources

“Economie de la défense” de Renaud Bellais, Martial Foucault, Jean-Michel Oudot, collection Repères

http://www.defense.gouv.fr/portail-defense/enjeux2/economie-de-defense

http://www.cairn.info/revue-innovations-2008-2-page-61.html

http://l1d.fr/plus-darmements-plus-de-guerres-lindustrie-de-la-mort-assure-et-poursuit-son-expansion/

http://www.opex360.com/tag/sipri/

http://www.defense.gouv.fr/dga

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En juin 2013, Edward Snowden révèle aux journalistes Glenn Greenwald et Laura Poitras, le système de surveillance mis en place par les services de renseignement américain, via la transmission de centaine de millier de documents secrets. Il divulgue le programme d’espionnage américain réalisé par les américains et les alliés pour lutter contre le terrorisme.

Il y aurait une coopération avec les géants américains du numérique tels que Google, Microsoft ou Facebook, pour collecter les données, par le programme PRISM.

Les informations de l’activité de tous les internautes sont stockées grâce à plus de 700 serveurs installés dans le monde. Ce programme de stockage, crée par la NSA, s’intitule XKeyscore.

Ainsi la NSA surveille des communications de plusieurs institutions européennes, du siège des Nation Unies, de diplomates, de chefs d’Etat. Ces documents ont montré que la Chancelière allemande Angela Merkel et la Présidente du Brésil Dilma Rousseff ont été espionnées par la NSA.

Les agents de la NSA interviennent même physiquement lors de la livraison des routeurs informatiques, pour intercepter les données transitant d’une interface de réseau à une autre, par un système de piratage, alors que les services de renseignements britanniques  piratent les câbles sous-marins transatlantiques en fibre optique, pour intercepter les échanges de données informatiques et téléphoniques, entre l’Europe et les Etats Unis.

Ce programme d’espionnage américain et de ses alliés marque une profonde atteinte sur le plan économique, politique et même privé. Ainsi Dilma Rousseff et Angela Merkel ont condamné fermement Barack Obama et son administration, pour atteinte à leurs vies privées. La Présidente brésilienne et la Chancelière allemande ont proposé une résolution à l’organisation des Nations Unies permettant un droit humain à la protection des données sur internet. L’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté une résolution sur « le droit à la vie privée à l’ère numérique », par consensus, le 26 novembre à New York. La France a apporté son soutien à cette résolution, car le gouvernement français souhaite que le droit au respect de la vie privée, inscrit dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, soit appliqué également dans les communications utilisant les outils du numérique.

Barack Obama s’est engagé dans son discours en janvier 2014 à garantir plus de transparence et de protection de la vie privée, notamment envers ses pays alliés, par une directive présidentielle.

Le projet de la réforme de surveillance est soutenu également par la Silicon Valley et les défenseurs des libertés individuelles.

Malgré les oppositions diplomatiques, le Sénat américain vote contre la modification des prérogatives de la NSA. Pourtant la Chambre des Représentants a voté, en mai 2014, pour cette réforme.

L’opposition au Président Barack Obama, représentée par les Républicains considère que cette réforme risque d’être une menace à la lutte anti-terroriste.

Cette réforme prévoyait de mettre un terme aux collectes massives de données. L’USA Freedom Act posait des conditions pour avoir accès à des enregistrements et mettre sur écoute. Ce texte préconisait qu’une ordonnance individuelle devait être délivrée par la Foreign Intelligence Court (FISC) aux services de renseignement américains. Les enregistrements via les e-mails, les conversations téléphoniques, les réseaux sociaux devaient être fournis si les émetteurs et les receveurs étaient suffisamment suspects pour porter atteinte aux Etats Unis ou à ses alliés. Cette loi voulait ne plus obliger les opérateurs de réseaux à livrer leurs métadonnées d’appels.

Cette réforme voulue par Barack Obama fixait des limites dans l’obtention de données privées.

Lors des élections de mi-mandat, les Républicains sont devenus majoritaires au Sénat. Ils sont plus conservateurs que les démocrates du clan de Barack Obama. Ils trouvent légitime les pratiques de la NSA, pour des raisons d’intérêt général, et plus exactement de sécurité nationale. Le sénateur Mitch Mc Connell, chef du groupe  des Républicain, s’est prononcé contre cette réforme. Il affirmait : « Alors que les États-Unis mènent une campagne militaire pour affaiblir, démanteler et vaincre l’EIIL (acronyme pour l’État islamique en Irak et au Levant ») ce n’est pas le moment d’examiner une proposition de loi qui supprime les outils dont nous avons besoin pour combattre l’EIIL ». L’argument principal évoqué par les Républicains est la lutte anti-terrorisme, pour s’opposer au texte.

Cependant deux dispositions du volet de surveillance du Patriot Act devront être renouvelé en juin 2015, et notamment l’article 215. C’est une loi anti-terroriste votée par le Congrès américain et signée par George W Bush le 26 octobre 2001. Les agences de renseignement et de maintien de l’ordre peuvent perquisitionner tous les établissements privés ou publics s’ils trouvent des documents en lien avec une enquête en cours sur des activités  terroristes ou d’espionnage, en mentionnant l’article 215. Il n’y a pas besoin de preuve ni de suspicion pour mener ces perquisitions.

14 des 16 dispositions ont été prorogées pour une durée indéterminée en juillet 2005, et de 10 ans concernant les deux autres sur les écoutes téléphoniques et l’accès aux fichiers personnels.

Si le Congrès américain décide d’expirer ces dispositions en juin 2015, de nombreux programmes de surveillances seront terminés.

Sources :

Géopolitique de l’espionnage : les ramifications de l’Affaire Snowden. Disponible sur Le Monde diplomatique. Novembre 2014.
L’Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution sur : “le droit à la vie privée à l’ère numérique” http://www.diplomatie.gouv.fr/
L’Assemblée générale reconnaît le «droit à la vie privée à l’ère numérique» http://www.un.org/
Etats-Unis: les républicains bloquent la réforme du système de surveillance
http://tempsreel.nouvelobs.com/
Wikipedia

L’évolution des relations diplomatiques à travers l’espionnage américain

Les Etats Unis ont modernisé leurs systèmes de surveillance à mainte reprise, concernant notamment leurs satellites dans les années 50, et leurs actuelles infrastructures numériques.

Les partenaires principaux du traité UKUSA sont l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Unis et les Etats Unis.

Les Etats-Unis sont considérés comme étant la « partie première », avec la NSA reconnue comme étant la « partie principale ». Ce traité a eu pour but de servir les intérêts des Etats Unis.  Cependant les américains coopèrent en matière de renseignement d’origine électromagnétique avec les « parties secondaires ». Cependant ces pays ont l’obligation de surveiller leurs communications dans leur zone géographique, à partager leurs infrastructures et à mener des opérations conjointes avec les Etats Unis.

Après les révélations d’Edward Snowden, l’administration de Barack Obama a refusé que l’Allemagne fasse partie des « parties secondaires » au traité UKUSA, comme l’avait exigé Angela Merkel, en invoquant une fin de non-recevoir. La demande de la Chancelière allemande fut déclarée irrecevable sans examen de fond. Ainsi les Etats Unis ne partagent pas toutes les informations dont elle dispose avec ce pays. L’Allemagne reste un pays tiers au traité comme la France.

Ainsi, toutes les « parties tierces » au traité ont un accès restreint aux renseignements collectés.

Ces pays membres ont évolué au fur et à mesure. Après la révolution de 1979 ayant pour conséquence : la création d’une République islamique, l’Iran ne fait plus partie des pays membres. Ensuite, les relations se dégradent lorsque les Etats Unis acceptent en octobre 1979 de soigner Mohammad Reza Pahlavi, ancien dirigeant de l’Iran, dans leur pays.

Suite à la visite secrète de M Henry Kissinger en Chine en 1970, secrétaire d’Etat du Président Robert Nixon, les Etats Unis ont eu de meilleures relations avec la République populaire de Chine,

La Central Intelligence Agency a donc eu l’autorisation de construire deux postes de surveillance sur le territoire chinois. Ils fonctionnèrent de 1981 aux années 90, sous l’égide des techniciens chinois, qui fut la condition de cet accord bilatéral. Ils pouvaient ainsi continuer à espionner les russes.

Mais en mai 2014, les américains accusent cinq officiers de l’armée chinoise d’avoir piraté les entreprises des secteurs du nucléaire, des métaux et de l’énergie solaire. Le gouvernement dénonce ces accusations non fondées. Après les révélations d’Edward Snowden, ces accusations de Washington risquent d’accroître les tensions entre les deux puissances économiques. D’ailleurs, ils s’accusent mutuellement d’espionnage industriel.

Sources :

Géopolitique de l’espionnage : les ramifications de l’Affaire Snowden. Disponible sur Le Monde diplomatique. Novembre 2014.
Cyber-espionnage : des officiers de l’armée chinoise poursuivis par les États-Unis
http://www.lefigaro.fr/international
Wikipédia

La cyberguerre

Depuis 2010, le directeur de la NSA est chef de l’US Army Cyber Command. C’est un commandement important de l’armée des Etats Unis basé au même endroit que la NSA. Cette unité permet d’effectuer des opérations cyberespace et de défendre les réseaux d’informations du Département de la Défense, pouvant conduire à des opérations militaires. D’ans l’avenir, les américains vont de plus en plus utiliser les cyber-armes. C’est un code informatique créé afin de menacer ou causer des dommages à des structures, des systèmes ou à des êtres vivants. Ces dégâts peuvent être physiques, psychologiques ou fonctionnels

Ces dernières années, une industrie cyberguerre, de collecte et de l’analyse des données s’est développée. L’externalisation des renseignements est devenue fréquente, en raison de nombreuses privatisations.

Il est logique de penser que les entreprises de la Silicon Valley coopèrent avec l’administration américaine. Ainsi Al Jazeera America a révélé des e-mails montrant que les dirigeants de Google ont des relations étroites avec le directeur de la NSA et coopèrent parfois sous la contrainte d’une Cour de justice.

D’ailleurs dès 1989, un expert des communications militaires s’est déjà exprimé et est ravi que les agences de sécurités nationales entretiennent des liens étroits avec les grandes firmes américaines.  Selon lui, cela favoriserait le renseignement et l’accès aux informations.

Le directeur de la NSA reconnait dans le New York Times en juin 2014, que la majorité des entreprises américaines permettent à l’agence d’être à la pointe sur le plan technologique et d’avoir un accès à toutes sortes de communications via les e-mails ou les réseaux sociaux.

Les géants américains du numérique démentent toutes coopérations. C’est une réaction logique puisque la fortune de ces firmes, des agences de publicité et de marketing, qui leur génèrent d’importantes ressources, repose sur l’espionnage commercial.

Leur profit repose essentiellement sur l’accès aux informations de leurs utilisateurs. Les entreprises informatiques telles que Google ou Microsoft et les publicitaires ont exercé des lobbyings auprès de l’administration américaine de Bill Clinton pour que la protection de la vie privée soit réduite le plus possible sur internet.

Ces stratégies pour réaliser un maximum de profit permettent le développement du capitalisme numérique. Il en ressort une double pression économique et politique, permettant un libre accès aux données privées électroniques.

Les instances de la justice européennes réagissent en mai 2014. La Cour européenne accorde donc  aux individus le droit de ne pas utiliser leurs recherches renvoyant à des données personnelles.

Plus de 85% des personnes interrogés  dans 15 pays par le cabinet de relations publiques Edelman Berland voudraient que la loi interdise d’échanger ou de vendre leur donnée sans leur consentement. Selon les interrogés, les gains financiers que réalisent les grandes entreprises dans le domaine de l’informatique sont la principale raison d’une très faible protection de leurs données personnelles.

Barack Obama soutient toujours les multinationales et se dit favorable au « big data », c’est-à-dire à la capture, au stockage, au partage de données massives. Bien que l’administration du Président Obama recommande dans un rapport rendu public aux entreprises de limiter l’usage qu’elles font des données de leurs clients.

Les divulgations de l’affaire Edward Snowden ont entrainé un rejet de la domination des intérêts économiques et étatiques américains sur l’économie du numérique.

Ainsi, M Mathias Döpfner le directeur d’Axel Springer, l’un des premiers éditeurs européens, a dénoncé un abus de position dominante de Google à travers son moteur de recherche, et sa part détenue dans le marché de la publicité en ligne égale à 60%. Sa lettre ouverte au PDG de Google Eric Schmidt a eu pour conséquence la suppression de la description et des vignettes associées aux résultats de recherche d’environ 170 sites de presse allemande, dont les principaux sites d’Axel Springer. Ce groupe a finalement cédé face aux pressions exercées par Google, et a accordé gratuitement une licence pour que soient mis en ligne sur le moteur de recherche américain des articles de ses publications. En effet, Axel Springer a enregistré une baisse de 40% de son trafic internet en deux semaines suite à ces contestations.

Les grandes entreprise de l’économie du numérique sont américaines, ce qui leur permettent de contrôler l’économie mondiale, touchant tous les domaines allant de l’éducation à la finance. Android et IOS, les systèmes d’exploitation de Google et d’Apple, équipent 96% des smartphones vendus dans le monde au second trimestre 2014. Microsoft fournit ses services à partir d’une centaine de centres de données, avec plus d’un million d’ordinateurs répartis dans plus de 40 pays.

L’affaire Edward Snowden fait apparaître des contestations de la cyber-domination des Etats-Unis, mais rien n’a changé, notamment en raison de la lutte anti-terroriste, de la sécurité nationale face à l’espionnage industriel, des lobbyings des géants américains de l’informatique.

La cyberguerre économique, politique ou terroriste est considéré comme de l’intelligence économique. En effet elle utilise les mêmes stratégies d’influence, de défense, par la collecte et l’analyse de données publiques ou privées.

Sources :

Géopolitique de l’espionnage : les ramifications de l’Affaire Snowden. Disponible sur Le Monde diplomatique. Novembre 2014.
Axel Springer cède face à la pression de Google
http://www.lefigaro.fr/medias/
Qu’est-ce qu’une cyber-arme?
cyber-defense.fr/
Wikipédia

Par Julien SIMONNEAU, étudiant du master 2 Intelligence Economique et Stratégies Compétitives

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