Enjeux et conséquences d’un rapprochement entre les deux Corées

Quelle est la situation dans la péninsule coréenne ?

Au vu des nombreux évènements observés depuis plusieurs mois déjà au niveau de la péninsule coréenne, notamment avec les rapports de force entre la Corée du Nord et les États-Unis, il est fort probable que l’on se dirige vers un affrontement entre puissances disposant d’armes nucléaires. On observe une mobilisation des troupes militaires par les États-Unis accompagnés par la Corée du Sud et des essais de missiles balistiques par la Corée du Nord dans la région, ce qui met tous les pays limitrophes en alerte. Pour cause, les États-Unis demanderaient à la Corée du Nord de stopper son programme de développement nucléaire, chose que cette dernière ne compte pas faire malgré les nombreuses sanctions qui lui sont infligées, car elle estime que c’est le seul moyen de garantir une certaine sécurité pour son peuple.

Pourquoi les États-Unis refusent de vivre avec une Corée armée comme ils le font avec les autres pays ?

Contrairement à la Russie ou à la Chine avec qui les États-Unis ont réussi à vivre pendant la guerre froide, les États-Unis s’opposent drastiquement à une Corée du Nord armée parce que celle-ci a menacé d’attaquer et de détruire les États-Unis à plusieurs reprises. Et la meilleure approche pour faire face aux menaces des dictateurs est de les prendre au mot[1].

Adolph Hitler a dit au monde dans les années 1920 qu’il allait unir l’Allemagne, conquérir l’Europe et tuer les Juifs. Il l’a fait dans les années 1930 et 1940.

Oussama Ben Laden a déclaré la guerre aux États-Unis en 1996 et à nouveau en 1998. En 2001, il a attaqué New York et Washington et a fait des milliers morts à Manhattan, en Virginie et en Pennsylvanie.

Quand Kim Jong Un dit qu’il va attaquer les États-Unis avec des armes nucléaires, il est imprudent de croire le contraire.

Quelles sont les puissances en jeu au niveau de la péninsule coréenne ?

La péninsule de Corée ou péninsule coréenne est une péninsule d’Asie s’avançant dans l’océan pacifique. Bien avant la Seconde Guerre mondiale, la péninsule de Corée a été une propriété partagée par le Japon et la Chine. Par la suite, la péninsule a été partagée en deux pays, la Corée du Sud occupée par les États-Unis, et la Corée du Nord, occupée par les Russes soviétiques. Cette situation débouche sur une guerre entre les deux pays et leurs alliés respectifs ; un cessez-le-feu est signé en 1953. Deux États indépendants sont alors créés : la Corée du Sud encore appelé République de Corée (État capitaliste) et la Corée du Nord ou République populaire démocratique de Corée (État communiste). Depuis lors, une rivalité et un conflit opposent les deux États qui réclament le contrôle de la péninsule. Chacun d’eux soutenus par son souverain d’antan[2]. La Corée du Nord (Capitale : Pyongyang) est dirigée par la dynastie Kim, dictateurs de père en fils tandis que la Corée du Sud (Capitale : Seoul) est dirigée par Moon Jae-in depuis le 10 mai 2017 après la destitution de Park Geun-hye par le parlement puis par la constitution[3].

Un récent changement à la tête du gouvernement Sud-Coréen

Le changement de gouvernement à travers la destitution officielle de la présidente PARK Geun-hye et l’élection du nouveau président Moon Jae-In présente probablement outre un impact national des conséquences stratégiques très importantes pour la Corée du Sud et la péninsule coréenne. Il est important de faire une brève analyse des différentes aspirations du nouveau président.

Moon Jae-in est le premier président progressiste en Corée du Sud depuis dix ans, il s’inspire largement de la sunshine policy (politique du rayon de soleil), mise en place par le président Kim Dae-jung en 1998 et poursuivie par ROH Moo-hyun jusqu’en 2008. Cette politique, légèrement inspirée de l’Ostpolitik allemand, prône un rapprochement entre les deux Corées. Il apparaissait préférable au président de l’époque de traiter avec son voisin nord-coréen, quel que soit son régime, afin d’éviter les menaces d’une politique d’ostracisation. N’ayant aucune illusion sur le régime de Pyongyang, les démocrates sud-coréens estiment que, à l’image de l’ouverture des relations entre Allemagne de l’Ouest et Allemagne de l’Est qui avait conduit à la réunification et au démantèlement de cette dernière, un rapprochement, y compris économique permettrait un atterrissage en douceur du régime nord-coréen[4].

Moon dans ses ambitions entrevoit que Séoul puisse apprendre à dire « non » à Washington et plaiderait pour des relations « plus justes et plus équilibrées » avec les États-Unis[5].

Moon espère à la fois éviter de susciter des tensions avec la Chine et essayer d’entamer un rapprochement avec la Corée du Nord. Bien sûr, il n’y a pas d’illusions excessives à se faire : la Corée du Nord ne renoncera pas à ses armes nucléaires, car la survie de son régime en dépend. Même entre 1998 et 2008, malgré de nombreuses promesses, la Corée du Nord a toujours suivi cette politique. Cependant, son caractère nucléaire n’empêche pas la possibilité pour la Corée du Nord d’adopter un comportement moins erratique. Moon estime que la Corée du Sud nécessite une alliance avec les États-Unis et non un alignement.

Moon estime surtout que la politique antagoniste avec la Corée du Nord n’a abouti à rien, notamment pas à un apaisement des tensions. Il s’agit donc d’une autre forme de réalisme de sa part : conscient que la Corée du Nord ne renoncera pas à ses armes nucléaires, il pense que la multiplication des contacts, la réouverture des usines en zone franche et une approche plus économique, peuvent éventuellement conduire Pyongyang, si ce n’est à dénucléariser ou à devenir une démocratie, à être moins rigide et plus coopérative[6].

Malgré les accusations qui vont être portées contre lui, il semble que la politique que Moon souhaiterait mettre en place est au contraire une forme bien plus opérationnelle et réaliste que celle du précédent gouvernement. Le réalisme n’amène pas obligatoirement à suivre une politique de faucon.

Enjeux et conséquences d’un rapprochement entre les deux Corées

La péninsule coréenne a fait une entrée fracassante dans l’année 2018 : lors de ses vœux du Nouvel An, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a tendu la main à Séoul, en disant souhaiter une amélioration des relations et l’ouverture d’un dialogue entre les deux Corées. Puis, Pyongyang s’est prononcé pour une participation aux JO de Pyeongchang (Corée du Sud) et même sur une éventuelle réunification avec le Sud[7].

  • Quel enjeu pour la Corée du Sud ?

L’idée d’un rapprochement entre les deux Corées avec pour point de départ précis les JO en Corée du Sud se trouve partagée par Moon Jae-in, car pour lui, il serait extrêmement important pour les Sud-Coréens d’organiser avec succès les JO. C’est la raison pour laquelle ils ont répondu immédiatement et avec enthousiasme à l’initiative de Kim Jong-un[8].

  • Quelle conséquence au sein de la population sud-coréenne ?

En Corée du Sud, l’idée d’un rapprochement avec le nord à partir des JO ne pose pas réellement de problème en lui même, cependant ce qui entraine une division de la population est la décision de présenter une équipe conjointe en hockey sur glace féminin et de faire défiler les athlètes des deux Corées sous le même drapeau, péninsule bleu clair sur fond blanc, lors de la cérémonie d’ouverture. 50 % y sont opposés. On écoute des avis comme ce qui suit : « Il y a seulement trois semaines, le Nord nous abreuvait de menaces, on craignait une guerre… et maintenant on défile côte à côte ! C’est excessif », déplore Yu-jin, 39 ans, mère de famille. Le drapeau unifié, « ce n’est PAS mon p*** de drapeau », s’emporte sur Twitter John Lee, un ancien conscrit. « Je n’ai pas salué ce chiffon quand j’ai fait mon service militaire. Ce n’est pas ce chiffon qui a recouvert les cercueils des 46 marins du Cheonan assassinés [par le nord] ». « C’est nous qui paierons les frais de la délégation de 500 Nord-Coréens », regrette aussi Yeong-chun, 25 ans, étudiant. « La Corée du Nord nous tirait dessus et développe l’arme nucléaire… et d’un seul coup, ils ont le droit de marcher avec nous ? »[9].

Toutes fois, on relève à contrario des avis qui partagent cette idée. Par exemple, Mme Kim, 65 ans, retraitée, soutient de tout cœur ce rapprochement olympique : « Cela peut contribuer à la future réunification. Utiliser un drapeau commun n’est pas un problème, puisque nous sommes le même peuple. » Quant au quotidien conservateur JoongAng Ilbo, peu susceptible de sympathie envers le gouvernement progressiste, il reconnaît que l’équipe et le défilé conjoints sont « un pas significatif en avant, au milieu de l’aggravation des tensions autour du programme d’armement du Nord »[10].

  • Quels enjeux pour la Corée du Nord

En jetant un œil dans le passé, c’était un geste attendu de Kim Jong-un. C’est déjà arrivé plusieurs fois dans l’histoire : lorsque la situation nord-coréenne atteignait un point dangereux, la Corée du Nord jouait la carte sud-coréenne, affaiblissant ainsi le front uni de ses adversaires, explique le chercheur. D’autant que le gouvernement de Moon Jae-in est exactement celui qui s’y prête. Cette mesure a non seulement aidé à desserrer la pression de la communauté internationale sur la Corée du Nord, mais a aussi permis à ses voisins de souffler en montrant qu’il existe une solution alternative afin de dénouer cette situation[11].

  • Conséquences au niveau international

Peu après que la Corée du Nord ait amorcé une détente en engageant des discussions avec son voisin du Sud, les États-Unis et leurs alliés ont organisé au Canada un sommet pour discuter de la situation intercoréenne. Le 16 janvier, ce sommet s’est tenu à Vancouver. Les participants étaient principalement des pays ayant combattu pendant la guerre de Corée ainsi que des pays ayant contribué au conflit à l’époque[12].

La rencontre s’est notamment tenue en l’absence de la Russie et la Chine, deux pays membres des « pourparlers à six » (avec également les deux Corées, les États-Unis et le Japon).

Le but du sommet ne consistait pas seulement à durcir le régime des sanctions et à confirmer la fidélité des alliés, mais il était aussi question de tester la détermination des participants de la guerre de Corée à envoyer leurs troupes sur la péninsule coréenne dans le cas d’un conflit armé.

Par Marco Takam, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

REFERENCES

Anna, Dedkova. 2018. “Rapprochement Des Deux Corées:Les Réponses À Tous Les “Pourquoi” Que Vous Vous Posez,” SPUTNIK.

Conscience du peuple. 2017. “Guerre Mondiale Dés Les Trois Premiers Mois De 2018; Une Intervention Militaire Américaine Serait Inévitable Au Cours Des Prochains Mois,” LE NOUVEL ORDRE MONDIAL.

Frédéric, Ojardias. 2018. “Le Rapprochement Alympique Avec Le Nord Divise Les Sud-Coréens,” LACROIX.

L’Obs. 2017. “Moon Jae-in, Le Sud-Coréen Qui Croit Pouvoir Dire “Non” À Washington,” L’OBS.

Pascal, BONIFACE. 2017. “Élections En Corée Du Sud: Quels Enjeux Stratégiques?,” MEDIAPART.

Wikipédia, L’encyclopédie libre. 2018. “Liste Des Présidents De La Corée Du Sud.”

Wikipédia, L’encyclopédie libre. 2017. “Péninsule De Corée,”

[1] Conscience du peuple. 2017. “Guerre Mondiale Dés Les Trois Premiers Mois De 2018; Une Intervention Militaire Américaine Serait Inévitable Au Cours Des Prochains Mois,” LE NOUVEL ORDRE MONDIAL.

[2] Wikipédia, L’encyclopédie libre. 2017. “Péninsule De Corée,”

[3] Wikipédia, L’encyclopédie libre. 2018. “Liste Des Présidents De La Corée Du Sud.”

[4] Pascal, BONIFACE. 2017. “Élections En Corée Du Sud: Quels Enjeux Stratégiques?,” MEDIAPART.

[5] L’Obs. 2017. “Moon Jae-in, Le Sud-Coréen Qui Croit Pouvoir Dire “Non” À Washington,” L’OBS.

[6] Pascal, BONIFACE. 2017. “Élections En Corée Du Sud: Quels Enjeux Stratégiques?,” MEDIAPART.

[7] Anna, Dedkova. 2018. “Rapprochement Des Deux Corées:Les Réponses À Tous Les “Pourquoi” Que Vous Vous Posez,” SPUTNIK.

[8] Ibid.

[9] Frédéric, Ojardias. 2018. “Le Rapprochement Alympique Avec Le Nord Divise Les Sud-Coréens,” LACROIX.

[10] Ibid.

[11] Anna, Dedkova. 2018. “Rapprochement Des Deux Corées:Les Réponses À Tous Les “Pourquoi” Que Vous Vous Posez,” SPUTNIK.

[12] Ibid.

Admin M2 IESC