La Russie, cible des sanctions internationales

Les sanctions qui frappent la Russie handicapent sérieusement la croissance de cette dernière. En effet, l’UE et les Etats-Unis ont multiplié les sanctions de toutes sortes à l’encontre de l’Ours russe qui affiche aujourd’hui des indicateurs faibles. Bien que la dette publique ne soit pas aussi élevée qu’en France ou en Angleterre (19,4% PIB), le pays connait une forte inflation de 5,5% et sort d’une récession longue de deux ans. Les agences de notations n’ont fait que dégrader les notes de ce géant ces dernières années, la Coface attribut quant à elle la note de C. Bien que ces barrières à l’échange soient importantes la Russie a tout de même réussi à trouver des débouchés pour ne pas être trop dépendante du bon vouloir des pays occidentaux.

Sanctions européennes

La majorité des sanctions prises par l’Europe sont en réalité une réaction à la crise ukrainienne. Elles sont pour la plupart économiques. Les citoyens européens et les entreprises ne pourront plus acheter ni vendre de nouvelles actions financières si elles proviennent d’une banque russe dont l’Etat est l’actionnaire majoritaire.

Sur le plan militaire, un embargo est déclaré sur l’import et l’export des armes et du matériel en provenance et à destination de la Russie. L’exportation des biens et des technologies à usage militaire est elle aussi interdite.

La France a cependant indiqué, malgré les critiques de Washington et de Londres, qu’elle livrerait tout de même un porte-hélicoptères Mistral, négocié en 2011 et déjà payé par les Russes, mais qu’elle se réservait pour le second, en fonction de l’attitude russe.

Les sanctions technologiques et énergétiques

L’exportation de certains équipements relatifs à l’énergie et à la technologie sera soumise à un droit de veto par les autorités des Etats membres. Par exemple, toutes les licences d’exportation seront interdites pour les équipements destinés à la recherche de pétrole et de gaz en eau profonde.

Ces trois actions ciblées contre des secteurs-clés correspondent à la « phase 3 » des sanctions, qui ont divisé les Vingt-Huit depuis plusieurs mois, et notamment les « trois grands » que sont l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Leurs réticences s’expliquent par des intérêts stratégiques : l’Allemagne disposait de sérieux intérêts dans le secteur énergétique, la Grande-Bretagne refusait de saborder la place financière de Londres, très accueillante pour les capitaux russes, tandis que la France veillait à sauvegarder la position de son industrie de l’armement.

Des restrictions additionnelles pour la Crimée et Sébastopol

Dans ces deux zones, les Etats membres interdisent les nouveaux investissements d’entreprises de leurs pays dans les infrastructures de transports, de télécommunication et dans le secteur de l’énergie. Les investissements destinés à l’exploitation du gaz, du pétrole et des ressources minérales seront eux aussi interdits.

Une liste noire établie

L’UE a également décidé de bloquer les avoirs de quatre hommes d’affaires russes. Ces derniers sont des proches du président Poutine et sont accusés de bénéficier de l’annexion de la Crimée ou de soutenir activement la déstabilisation de l’Est de l’Ukraine. Elle va aussi sanctionner trois sociétés, dont une banque, sur la base des mêmes accusations.

La liste noire de l’UE comprend déjà 87 personnes et 20 entités interdites de visa et dont les avoirs dans l’UE sont gelés, ce qui porte maintenant leur nombre à 95 personnes et 23 entités.

Sanctions américaines

Quelques heures après la décision européenne, le président Barack Obama a annoncé de nouvelles sanctions contre « des secteurs clés de l’économie russe », visant les secteurs de l’énergie, de la défense et de la finance, avec la suspension d’exportations, l’assujettissement de nouvelles banques et entreprises du secteur de la défense aux sanctions et la suspension formelle des crédits à l’exportation et des financements du développement économique russe.

Les établissements bancaires : Bank of Moscow, la Banque agricole russe et la United Shipbuilding Corporation sont visés pour leur soutien aux séparatistes ukrainiens, a annoncé le département du Trésor.

Les citoyens et les entreprises américains ne pourront pas réaliser d’emprunt auprès des banques dont l’Etat russe est actionnaire majoritaire, ce qui concerne quasiment toutes les banques les plus importantes.

En réponse  l’autorité russe de sécurité alimentaire a décidé de stopper les importations de fruits et légumes venant de Pologne, officiellement pour “violation de la certification et de l’identification des produits de quarantaine“.  Ainsi, la France a connu une crise agricole importante suite aux mesures prises par la Russie.

Quels sont les débouchés russes ?

Le graphique ci-dessus montre très clairement l’impact des sanctions prises par les Etats-Unis et l’UE sur le commerce extérieur de la Russie. Pourtant, les réactions sont diverses et parfois à l’opposé de ce que l’on pourrait attendre. Une marque de papier toilette russe a d’ailleurs commercialisé une nouveau modèle sur lequel sont imprimés les différentes sanctions occidentales. Outre ce fait cocasse mais tout de même représentatif de l’état d’esprit russe, la Russie ne peut pas rester sans rien faire. C’est pour cette raison que depuis 2014 le partenariat déjà privilégié avec la Chine a pris de l’ampleur. Ces deux pays ont signé des contrats sur différents secteurs : le militaire, les nouvelles technologies, la finance, la diplomatie, le commerce et l’énergie. Ce partenaire est indispensable à la Russie car il est le principal. C’est d’ailleurs notamment grâce à ce dernier que la Russie a pu limiter l’impact des mesures prises par le tandem américain et européen. Parallèlement à cela, la Russie joue un rôle de plus en plus important au Moyen Orient et est devenue un acteur majeur dans cette région tourmentée du monde. Les intérêts économiques, militaires et diplomatiques sont très importants pour l’ensemble des pays occidentaux, et la Russie est un acteur quasi incontournable. On peut donc supposer qu’elle jouera de ce statut pour faire entendre sa voix et lever les sanctions qui l’accablent.

La Russie est donc un pays fortement impacté par les sanctions qui lui sont imposées, mais ces dernières seront très probablement rediscuter quand on voit l’importance du pays dans certaines zones au centre des préoccupations internationales. Les prévisions de croissance pour 2017 sont positives malgré la reconduite par l’Union Européenne de ses sanctions.

Par Clément Jarry, promotion 2016-2017 du M2 IESC

Sources :

http://reseauinternational.net/les-10-principaux-partenaires-commerciaux-russie-combien-pourriez-en-nommer-bon-ordre/

Coface.com

https://www.tresor.economie.gouv.fr/File/426546

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/russie/presentation-de-la-russie/

http://www.lemonde.fr/international/article/2016/01/20/en-russie-la-situation-economique-passe-au-rang-de-menace-selon-le-conseil-de-securite_4850125_3210.html

http://europa.eu/newsroom/highlights/special-coverage/eu_sanctions_fr

http://www.courrierinternational.com/article/russie-les-sanctions-europeennes-se-torche-avec

http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20140731trib000842536/sanctions-europeennes-la-russie-contre-attaque.html

Admin M2 IESC