Etudes Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Sun, 22 Jan 2023 20:22:37 +0000 fr-FR hourly 1 L’intelligence économique et les petites et moyennes entreprises https://master-iesc-angers.com/lintelligence-economique-et-les-petites-et-moyennes-entreprises/ Sun, 22 Jan 2023 20:22:37 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3643 Les petites et moyennes entreprises ont été identifiées comme un des leviers essentiels du développement en ce sens que les effets sur le reste de l’économie en termes de création d’emplois, de différenciation de produit, d’utilisation de facteur de production… Continuer la lecture

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Les petites et moyennes entreprises ont été identifiées comme un des leviers essentiels du développement en ce sens que les effets sur le reste de l’économie en termes de création d’emplois, de différenciation de produit, d’utilisation de facteur de production locaux sont réels. Les PME privées sont une source essentielle d’emplois et sont génératrices de recettes considérables dans de nombreux pays.

Le but de cet article sera donc de mettre l’accent sur l’intérêt que ces entreprises pourraient tirer de la pratique d’IE.

Qu’est-ce qu’une petite ou moyenne entreprise ?

Le secteur privé est constitué par différentes catégories d’acteurs intervenant sur le marché. Parmi ceux-là nous avons de petites et moyennes entreprises (ci-après dénommées PME).  La notion de PME est définie de manière différente selon les institutions. La définition qui a retenu notre attention est celle de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elles y sont définies comme des entreprises indépendantes qui comptent un nombre de salariés limité dont le plafond le plus fréquent est de 250 salariés, notamment dans l’Union européenne (UE). Elles sont également catégorisées selon leurs actifs financiers. Dans l’UE, les PME sont celles « avec un chiffre d’affaires annuel ne dépassant pas 50 millions d’euros et/ou dont la valeur du bilan ne dépasse pas 43 millions d’euros » (INSEE, 2019). Les petites entreprises sont celles qui emploient moins de 50 salariés, et les micro-entreprises en comptent au maximum dix.

Les PME constituent le poumon économique de la France. Par les économistes, les institutions financières internationales, les autorités publiques, elles ont été unanimement identifiées comme « prioritaires pour la soutenabilité de la croissance française » (Jean-Marc Pillu, Yves Zlotowski, 2014). Ces propos sont appuyés par l’OCDE, qui confirme le rôle majeur joué par ces PME dans la croissance économique, de plus ce sont elles qui créent la plupart des emplois nouveaux. D’après l’INSEE, les PME représentent plus de 99% des entreprises en France. Elles sont d’autant plus importantes dans l’économie dans la mesure où les grandes entreprises réduisent leurs effectifs et externalisent de plus en plus de fonctions en faisant appel à elles en tant que sous-traitants.

D’après les données résultantes des enquêtes de l’OCDE, 30 à 60 % des PME sont innovantes, au sens large du terme. Leur innovation concerne en grande partie les marchés de niche dans le sens de concevoir ou d’améliorer des produits ou des services en fonction de nouveaux besoins sur marché. Aujourd’hui, nous constatons la mise en place de politiques visant à encadrer la création et l’expansion de ces entreprises afin de promouvoir l’innovation et également optimiser la contribution de celles-ci à la croissance.

Les PME étant essentielles pour une économie dynamique, associer une démarche d’IE à leur activité pour renforcer leur culture informationnelle peut représenter un levier de compétitivité.

La culture informationnelle des petites et moyennes entreprises

L’essence de l’IE c’est de nourrir la réflexion et d’alimenter la prise de décision. A cet effet, il est nécessaire qu’elle soit intégrée à la culture même de l’entreprise. C’est à travers la culture d’entreprise que le sentiment d’appartenance qui favorise l’implication collective peut être suscité. Elle permet également de développer la cohésion et la motivation des équipes. Dès lors, intégrer l’IE à la culture de l’entreprise reviendrait à inculquer à ses collaborateurs la culture du partage de l’information ce qui serait un moyen efficace de la faire circuler. Cette culture informationnelle est « un ensemble de connaissances et de savoir-faire partagés dans une communauté qui permettent de situer, de repérer, de qualifier, de traiter et de communiquer des informations de manière pertinente » (Annette Béguin-Verbrugge et Susan Kovacs, 2011).

Dans le cadre d’une veille, une culture informationnelle prononcée transforme les employés en veilleurs et avantage donc la remontée d’informations. Cet engagement de la source humaine est estimé insuffisant auprès des PME selon les rares études menées sur ce sujet spécifique. En effet, les études sur les pratiques informationnelles sont plus orientées vers les milieux scolaire et académique. Très peu d’études scientifiques ont été réalisées sur la sensibilité des PME à l’information.

Néanmoins, une étude de Franck Bulinge met en exergue la relation entre les pratiques informationnelles des PME et leur culture informationnelle. Dans cette étude, il souligne que « les PME, dans leur majorité, font preuve d’un déficit culturel en termes de stratégie, d’information et de technologies » (Bulinge, 2002). Nous nous référons à l’étude qualitative de Claire d’Hennezel sur la culture informationnelle collaborative dans les PME pour appuyer ces propos. Cependant, cette étude réalisée sur des PME du secteur aéronautique spatial défense en Nouvelle Aquitaine a montré que les PME en question ne sont pas sans stratégie d’IE et que cette stratégie est juste informelle, très intuitive et n’engage en général que les dirigeants. La pratique de l’IE dans les petites entreprises est donc érigée « sur une série d’éléments qui sont contraires aux modélisations classiques de la discipline, que ce soit d’un point de vue professionnel ou d’un point de vue scientifique » (Claire d’Hennezel, 2017). A l’issus d’une enquête par questionnaire l’auteur aboutit aux conclusions suivantes :

  • « Les dirigeants ont des comportements d’IE largement intuitifs et peu appris. Leurs pratiques sont largement fondées sur une culture informationnelle collaborative, faite d’échanges et de partage d’informations, d’interrelations avec les contacts du dirigeant, d’exploitation d’un réseau identifié.
  • Ils rencontrent des difficultés à définir avec précision la notion d’intelligence économique qu’ils assimilent à la veille. Ils sont cependant engagés dans des actions stratégiques qui relèvent de l’IE : actions proactives dans un but concurrentiel, démarches de sécurité économique ou actions d’influence de leur environnement ».

Toutefois, le défaut d’appropriation peut être expliqué par un déficit de moyens humains et financiers qui représente un réel obstacle pour ces entreprises. Du fait de la contrainte auxquelles elles sont confrontées, les PME se contentent de ces méthodes « pour accéder aux ressources nécessaires à l’élaboration de leur stratégie et à la gestion quotidienne de leur entreprise » (Claire d’Hennezel, 2017).

Par ailleurs, la particularité de cette pratique informationnelle a fait l’objet de recherches académiques notamment au sein du laboratoire « Groupe d’Etudes et de Recherche Interdisciplinaire en Information et Communication » (GERIICO) de l’université de Lille sous forme de projet de recherche. Un exemple en est le projet PRatiques Informationnelles dans Small and Medium Enterprises (PRISME) destiné à analyser les pratiques informationnelles de 3000 PME-PMI en contexte de veille dans la région Nord Pas-de-Calais. Ce projet était focalisé sur les aspects à la fois organisationnel et technologique et a révélé entre autres résultats que :

  • 38,61% des PME soulignent que la recherche d’information fait partie des tâches habituelles que leurs employés effectuent.
  • Il y a une indication claire que les PME accordent plus d’importance à l’information qu’au fait de la rassembler.
  • Une utilisation de sources comme les newsletters payantes reste modeste. (Notre traduction des résultats)

Nous pouvons donc remarquer que pour la majorité des PME « la culture informationnelle est passive et non intégrée au processus de décision » (Bulinge, 2002). En dépit de ce constat, nous nous intéresserons à la question de savoir dans quelle mesure les PME ont-elles besoin d’associer un système d’IE à leur fonctionnement.

Pourquoi faire de l’intelligence économique quand on est une petite ou moyenne entreprise ?

Comme nous avons pu le voir, la plupart des PME sont conscientes de leur besoin d’information qu’il soit clairement exprimé ou non. A l’ère de l’hyper compétition, la maîtrise de l’information joue un rôle prépondérant dans la compétitivité et la pérennité de toute entreprise. A fortiori pour les PME dont seul un petit effectif atteint une durée de vie de plus de cinq ans.

Selon l’optique de Carayon, « les PME ont besoin d’accéder facilement et au meilleur coût à l’information de premier niveau : informations scientifiques et techniques, statistiques, financières et commerciales, juridiques et légales » (Carayon 2003). A cela s’ajoute le fait que « les PME françaises ne sont pas à l’abri d’une offensive d’IE d’une entreprise de taille analogue, mais dont elle ne soupçonne pas l’arrivée sur son marché » (Martre, 1994). Elles ne sont donc pas à l’abri du besoin de compréhension globale de leur environnement, elles se doivent d’être non seulement à l’affût de toutes les modifications de cet environnement mais également de les anticiper au moyen d’une veille active et ciblée.

De surcroît, cette veille contribue à l’amélioration de la performance du fait qu’elle procure une information utile qui une fois vérifiée, analysée et accumulée de manière dynamique et évolutive, devient une connaissance avec un enjeu majeur pour l’organisme. Toutefois, l’information est jugée utile lorsqu’elle est nécessaire pour « élaborer et mettre en oeuvre de façon cohérente la stratégie et les tactiques nécessaires à l’atteinte des objectifs définis par l’entreprise dans le but d’acquérir et/ou de préserver, voire d’améliorer sa situation dans son environnement concurrentiel » (Martre, 1994).

Il est reconnu que les PME ont une vision court-termiste or, leur pérennité est intimement liée à leur capacité d’anticiper les besoins futurs et de se protéger des nouvelles menaces. En matière de protection, il est donc primordial pour la PME d’assurer la défense de son patrimoine intellectuel et à titre préventif, d’être attentive aux risques de contrefaçon ou de détournement d’innovation dont elle peut être victime. En absence de système d’IE clairement défini, la PME serait davantage dans l’incapacité d’élaborer une stratégie d’influence auprès des décideurs politiques ou administratifs. Tous ces facteurs nous permettent ainsi d’expliquer la pratique d’activités d’IE au sein des PME car elle est par excellence l’activité qui englobe les moyens indispensables lui permettant de pallier sa vulnérabilité.

Un modèle incrémental d’intelligence économique par Franck Bulinge

Maintenant que nous avons vu que le système d’IE n’exclut guère les PME, il importe de trouver une méthode adéquate à leur fonctionnement. Le rythme d’appropriation d’un concept est différent selon les firmes. Une solution à cette spécificité serait la méthode incrémentale proposée par Franck Bulinge et qui permet à chaque structure de définir par elle et pour elle son propre rythme de progression sur l’échelon des pratiques d’IE qu’il a élaboré. Cette méthode découle de différents constats sur l’organisation des PME parmi lesquels, le manque de temps, de moyens ainsi qu’une pratique centrée sur le court terme (Bulinge, 2002). Ainsi, l’auteur distingue trois niveaux d’intelligence synthétisés sur le tableau ci-après :

Ces niveaux d’intelligence renvoient aux piliers de l’IE. La particularité réside dans le fait que l’entreprise a la possibilité selon ses besoins de stagner à la première étape ou d’évoluer vers le niveau supérieur. Cependant la réciproque est fausse car la démarche suit une logique de progression, « les seconds et troisième niveaux ne peuvent être atteints sans une maîtrise du précédent mais ils n’impliquent aucune contrainte de temps ni aucune obligation de recherche du niveau supérieur » (Bulinge, 2002). A ces différents niveaux s’ajoutent des « unités incrémentales » qui résument la progression de cette adaptation « par petits pas ». De cette modélisation, est élaborée la grille de lecture suivante qui permet d’observer la logique de transfert progressif et adapté des méthodes d’IE.

 

L’intelligence informationnelle

A l’image de la veille, cette étape fait référence à la recherche, l’analyse et la diffusion de l’information. L’intelligence informationnelle symbolise donc « les capacités basiques de résolutions de problématiques informationnelles » (Bulinge,2002). Elle représente donc une solution au besoin d’accès à l’information souligné par Carayon et est définie comme étant « la capacité individuelle et collective à comprendre et résoudre les problématiques d’acquisition de données et de transformation de l’information en connaissance opérationnelle, c’est-à-dire orientée vers la décision et l’action. (…) » (Bulinge et Agostinelli, 2005). Il s’agit donc de mettre l’information au service de la prise de décision. Mener une veille informationnelle requiert un certain nombre de compétences qui s’articule autour des points résumés ici :

La démarche de veille que nous proposons et qui s’articule autour de ces compétences fait l’objet d’une épuration pour répondre au mieux au profil de la PME. Le diagnostic et la formulation des besoins en information désignent la capacité à cerner le besoin informationnel et nécessitent une compréhension de l’entreprise, de son contexte pour ainsi distinguer la nature de l’information qu’elle recherche afin de définir son périmètre de surveillance, les acteurs concernés également. La PME doit effectivement se connaître c’est-à-dire la nécessité d’estimer ses capacités en matière d’IE, de déterminer la continuité du dispositif d’IE mais aussi de prendre conscience de ce qu’elle veut faire de l’IE. L’élaboration de cette stratégie est indispensable pour ne pas perdre de vue l’objectif de la recherche.

Il est également nécessaire qu’elle identifie les ressources humaines et matérielles à mobiliser pour sa stratégie de veille. En ce qui concerne les moyens techniques, la PME peut faire recours à des logiciels non payants ou à prix abordables. L’inconvénient des logiciels gratuits est que la majorité ne couvre qu’une partie du processus de veille. Il est cependant possible de travailler sur différentes plateformes pour la collecte, l’analyse ou la diffusion. Une méthode simple est le recours à la recherche avancée sur Twitter et Google alerte. Pour une veille e reputation par exemple, il suffit de mettre une alerte sur le nom de son entreprise. En guise d’exemple de logiciel de veille nous pouvons citer l’agrégateur de contenu Inoreader, utilisable sur différents supports (en application sur appareil mobile ou via une plateforme de navigateur web) il permet de centraliser l’actualité à partir de différentes sources.

Le résultat de la veille peut être du texte ou des données à évaluer. Pour analyser des données, Microsoft Excel permet, grâce à des opérations simples et pratiques, de présenter, d’analyser et d’interpréter à partir de feuilles de calcul, une multitude de données. Pour rester sur une méthode simple, la diffusion peut être faite par simple envoie de mail ou par un système intranet.

Aujourd’hui, il existe des logiciels intégrant tout le processus de veille à des prix gracieux. Le logiciel Sindup en est une illustration, très utilisé par les PME il est au prix de 2400 euros par an et par licence. Les outils de veille ont approximativement le même processus fonctionnel. Il faut dans un premier temps identifier les sources à surveiller, puis paramétrer les requêtes, ensuite définir la structure de stockage et enfin définir les modes de consultation. L’information obtenue de la veille devra ensuite être stockée de manière dynamique car l’information constitue après interprétation et accumulation, la connaissance de l’entreprise.

Toutefois, la manière de faire de la veille sans contrainte d’ordre pécuniaire est d’impliquer les salariés. Une fois la culture informationnelle acquise, la remontée d’information par les salariés peut représenter un vrai atout pour la PME. En effet, ils constituent « une interface cruciale entre l’entreprise et son environnement, qui soit, se déplacent fréquemment hors de l’entreprise pour leurs tâches principales (qui ne sont pas la veille) et par conséquent sont amenés à avoir des contacts intéressants avec l’extérieur, soit parce qu’ils reçoivent » (JAKOBIAK, 2016 ; El HADDANI, 2018). L’intégration de la dimension humaine est donc fondamentale. Ce processus devra inévitablement être récurrent pour permettre à la PME de se tenir à jour et elle implique une reconsidération régulière des besoins.

L’intelligence compétitive

Pour le deuxième pilier, l’auteur fait allusion à une correspondance « à la prise en compte dynamique de l’information dans le processus décisionnel » qui plus loin « suppose la mise en place d’un dispositif formalisé de recueil et de traitement de l’information répondant aux critères de la veille » (Bulinge, 2002). Nous estimons que la collecte, le traitement, l’analyse et la distribution de toute information ou donnée externe à l’entreprise est du ressort de l’intelligence informationnelle dont le résultat procure un potentiel avantage compétitif à la PME.

En termes d’intelligence opérationnelle (IO) ou compétitive (IC), nous proposons donc une élaboration de stratégie opérationnelle mobilisant les données internes de la PME et dont la vocation serait d’optimiser son système d’activité pour la rendre plus compétitive. Cette méthode repose sur l’analyse des données de l’entreprise, particulièrement celles de ses lignes de métier. Il s’agit d’une perspective de supervision opérationnelle en vue de maîtriser voire minimiser les coûts de fonctionnement. Cette analyse dynamique permettra une optimisation de la chaîne de valeur qui donnera lieu à des économies d’échelle. L’optimisation peut se faire par raccourcissement des circuits d’approvisionnement et de distribution ou encore par l’élimination du stockage grâce à une synchronisation de tout le processus. Pour trouver un accueil favorable de son produit ou service par la demande, il importe à la PME de se démarquer de ses concurrents. Elle peut dans ce sens envisager de différencier son offre en proposant de nouveaux designs ou fonctionnalités. Par la suite, il faudra entretenir la demande par le renouvellement de l’offre soit par une sophistication ou une épuration du produit.

Dans cette logique d’IO, l’auteur évoque également l’aspect sécuritaire auquel la PME doit faire face pour protéger ses acquis. Il distingue alors la sécurité passive (fermeture des locaux, vidage des corbeilles, discrétion) de la sécurité active (sauvegarde des fichiers, protection des systèmes) (Bulinge, 2002). Sur ces conditions, il délimite le champ d’action de l’IO. En effet, « il agit sur la prise de conscience par l’ensemble des acteurs des menaces et des opportunités, de leur environnement et de leur position concurrentielle. L’adoption d’une attitude proactive et d’un état d’esprit que nous pouvons qualifier d’intelligence compétitive est suggérée» (Bulinge, 2002).

Dès lors, une sensibilisation du personnel sur les enjeux informationnels est capitale parce que la perte ou fuite d’informations délicates peut s’avérer néfaste pour la pérennité de la structure. Ce volet implique donc la protection juridique de la connaissance et du savoir-faire de l’entreprise. La connaissance concernée par cette démarche est définie comme étant un « ensemble structuré des informations assimilées et intégrées dans un cadre de références qui permet à l’entreprise de conduire ses activités et d’opérer dans un contexte spécifique, en mobilisant pour ce faire, des interprétations différentes » (Durand, 2000).

L’intelligence stratégique

Par l’intelligence stratégique (IS), est abordé l’aspect « réseau et interactivité » de l’entreprise avec son environnement. En management elle renvoie à la capacité de penser l’avenir à défaut de pouvoir le prédire. Elle exige donc « la connaissance et la maîtrise de l’ensemble des méthodologies, des outils et des philosophies d’emploi de l’information dans un environnement interactif et complexe » (Bulinge, 2002). Ce dernier volet que nous pouvons assimiler à l’influence intervient après identification des opportunités et des menaces et pourrait être un levier pour, peut-être transformer ces dernières en opportunités. Cela nécessite une anticipation à l’aide de la veille suivi d’action véhiculant de manière persuasive la stratégie de l’entreprise.

Pour une PME, ces démarches peuvent être effectuées auprès d’auteurs territoriaux en vue d’obtenir une issue favorable aux intérêts que l’entreprise défend. La création des nouvelles relations peut également être considérée par l’entreprise. Nous pouvons citer les opportunités de stratégie relationnelle suivantes :

  • La coopération qui consiste à créer des partenariats avec d’autres entreprises ou fournisseurs.
  • La coopétition qui est une collaboration avec ses concurrents pour remporter un marché, pour innover ou simplement pour économiser des ressources (sur la recherche et développement ou des achats groupés par exemple).
  • L’adhésion à un pôle de compétitivité est également envisageable selon le secteur d’activité et la localisation.

Le concept d’IE est vu pour certains comme un investissement superflu. Or, il représente une aide à la maîtrise de l’incertitude. Les PME doivent donc repenser leur pratique informationnelle en vue de tirer avantage de cet état d’esprit et mode d’action offensive qu’est l’IE. Quoique davantage pratiquée par les grandes entreprises qui y emploient des ressources plus sophistiquées, l’IE est également accessible au petit budget. Nous avons donc proposé une combinaison d’actions ayant pour vocation d’accompagner les PME dans leur volonté de pérenniser leur activité, d’augmenter leur capacité et résultats par l’anticipation et la maîtrise du marché et de ses acteurs. Ce qui nous a soumis à la conception d’une approche en trois niveaux d’intelligence correspondant aux trois piliers de l’IE et basé sur les travaux de Franck BULINGE.

Ce dispositif peut être mis en place par l’entreprise en toute autonomie ou en se faisant assister par les structures d’accompagnement.

Par Fatou Gaye et Sidonie Nkongolo, promotion 2022-2023 du M2 IESCI d’Angers

Bibliographie

BÉGUIN-VERBRUGGE A. et KOVACS S. (2011). « Le cahier et l’écran. Culture informationnelle et premiers apprentissages documentaires ». Systèmes d’information et organisation documentaires, Paris.

BULINGE F. (2002). « Pour une culture de l’information dans les petites et moyennes organisations : un modèle incrémental d’intelligence économique ». Thèse soutenue le 2 décembre 2002. Université de Toulon et du Var. Directeur de recherche, professeur DUMAS P.

BULINGE F., AGOSTINELLI S. (2005). « L’analyse d’information : d’un modèle individuel à une culture collective : management et communication pour une économie de la connaissance ». Revue internationale d’intelligence informationnelle.

CARAYON B. (2003). « Intelligence économique, compétitivité et cohésion Sociale ». Rapport au Premier ministre, La Documentation française.

D’HENNEZEL C. (2017) « Culture informationnelle collaborative et intelligence économique ». Communication et organisation [En ligne], mis en ligne le 01 juin 2020, consulté le 12 Décembre 2022. https://doi.org/10.4000/communicationorganisation.5591

DURAND T. (2000). « Savoir, savoir-faire et savoir-être repenser les compétences de l’entreprise ». Ecole Centrale Paris

EL HADDANI M. (2018). « Modélisation systémique de la veille terrain visant la complémentarité des canaux d’information pour améliorer la compétitivité des entreprises : une application à un groupe industriel ». Thèse soutenue le 23 mars 2018. Université d’Angers. Directeur de recherche, professeur BAULANT C.

JAKOBIAK F. (2016). « Renseignement en entreprise ».

MARTRE H., CLERC P. et HARBULOT C. (1994). « Intelligence économique et stratégie des entreprises ». La Documentation française. Commissariat général du plan.

PILLU J.M., ZLOTOWSKI Y. (2014) « PME françaises : fragiles et indispensables »

 

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L’impact de la Covid-19 sur l’industrie de la défense https://master-iesc-angers.com/lindustrie-de-la-defense-et-la-crise-de-la-covid-19/ Mon, 19 Apr 2021 09:11:48 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3436 Avant la crise sanitaire de la Covid-19, les acteurs de l’industrie de la défense réalisèrent d’excellentes performances en 2019 Dassault Aviation, constructeur aéronautique et fierté de la famille Bloch depuis 1929, atteignit des chiffres records en 2019. En effet, l’entreprise… Continuer la lecture

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Avant la crise sanitaire de la Covid-19, les acteurs de l’industrie de la défense réalisèrent d’excellentes performances en 2019

Dassault Aviation, constructeur aéronautique et fierté de la famille Bloch depuis 1929, atteignit des chiffres records en 2019. En effet, l’entreprise réalisa 4.2 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour l’activité défense export, 2.2 milliards d’euros pour l’activité vente de Falcon et enfin 900 millions d’euros pour l’activité défense France, soit un total de 7.3 milliards d’euros. Ce qui représente une augmentation de 45.3 % par rapport au CA de 2018 (5.024 milliards d’euros en 2018). Le résultat net de Dassault Aviation évolua de 681 millions d’euros en 2018 à 814 millions d’euros en 2019, soit une augmentation de 19.53%.

Le groupe Safran, créé en 2005 et présent dans les domaines de l’aéronautique et de la défense, a aussi connu une belle année 2019. Effectivement, à travers le développement simultané de ses divisions « Propulsion », « Equipements aéronautiques, Défense et Aerosystems » et « Aircraft Interiors », Safran réussit à réaliser un chiffre d’affaire de 24.64 milliards d’euros en 2019. Soit une augmentation de 17% par rapport au CA de 2018 (21.05 milliards d’euros en 2018). Son résultat net évolua ainsi de 1.981 milliard d’euros en 2018 à 2.665 milliards d’euros en 2019, représentant une augmentation de 34%.

Enfin, le groupe Thalès n’est pas en reste. Autre grand acteur de l’industrie de la défense, spécialisé dans l’aérospatiale, la défense, la sécurité et le transport terrestre, Thalès connut une année 2019 marquée par l’intégration réussie de Gemalto, entreprise spécialisée dans le secteur de la sécurité numérique. Le dynamisme des commandes a ainsi permis au groupe de réaliser un chiffre d’affaires de 18.4 milliards d’euros au titre de l’année 2019. Soit une augmentation de 16% par rapport au CA de 2018 (15.86 milliards d’euros en 2018). Le résultat net de l’entreprise évolua ainsi de 1.178 milliard d’euros en 2018 à 1.405 milliard d’euros en 2019, ce qui représente une augmentation de 19.27%.

Toutefois l’industrie de la défense est fragilisée par la crise sanitaire

La stabilité et la pérennité d’un complexe militaro-industriel installé depuis de nombreuses années semblent s’ébranler face à la pandémie de Covid-19.

Les premières craintes d’un effet de la crise sur l’industrie de la défense ont été exprimées par le ministère des Armées à travers une réponse à une question du député Les Républicains François Cornut-Gentille : « les répercussions de la crise du Covid-19 sur l’entrée en vigueur en 2020 de certains contrats ou la réalisation de certains prospects sont à craindre ».

Au fur et à mesure de la publication des notes de conjoncture de la part de l’Insee, le ton se faisait plus grave. La dernière d’entre elles, publiée le 6 octobre 2020, indiquait ainsi que l’épidémie s’inscrit dans la durée. Le rapport d’information, déposé à l’Assemblée Nationale le 29 octobre 2020 par la commission des affaires européennes sur la relance dans le secteur de la défense, est quant à lui sans équivoque. En effet, il indique clairement que les entreprises de la base industrielle et technologique de défense (BITD) s’affaiblissent. Le rapport souligne que les entreprises de défense font face à une double crise. D’une part, une crise de l’offre, expliquée par un arrêt brutal de la production des entreprises et en conséquence une dégradation de leur trésorerie. Bien que l’activité ait retrouvé un rythme acceptable, les protocoles sanitaires provoquent des surcoûts évalués par le PDG de Naval Group, entre 10% et 20% du coût de production. Réduisant ainsi l’efficacité et la productivité des entreprises du secteur. D’autre part, une crise de la demande, particulièrement pour les entreprises à l’activité duale, c’est-à-dire celles dont les clients sont militaires et civils. La filière aéronautique en est un parfait exemple, subissant de plein fouet les conséquences de l’effondrement du trafic aérien international.

Enfin, le cycle long de l’armement met en perspective les effets d’annulation de commandes principalement motivées par les contraintes budgétaires des Etats, qui pourraient provoquer des baisses de chiffre d’affaires évaluées jusqu’à 50% par Éric Béranger, PDG de MBDA, leader européen dans la conception de missiles et de système de missiles.

Les acteurs de l’industrie de la défense se montrent particulièrement résilients

L’industrie de la défense est un des rares secteurs industriels qui bénéficie encore des commandes pré-Covid-19. En effet, comme l’indique Fanny Coulomb, Maître de conférences en Sciences économiques à l’Université Pierre Mendès-France (Grenoble) : « La production de défense est marquée par des cycles longs. Ça n’est que dans trois ou quatre ans qu’on verra l’effet des baisses de commandes actuelles ».

Ainsi, bien que la pandémie de Covid-19 malmène fortement l’entreprise, Dassault Aviation maintient de nombreux objectifs. D’abord, la stabilité des investissements en R&D, notamment pour le développement des avions d’affaires Falcon 6X et NX. Ensuite, la continuité des investissements dédiés à la modernisation des outils industriels et à la digitalisation. L’entreprise considère également, après une crise à traverser, que la demande en aviation d’affaires sera en forte hausse durant la période de reconstruction de l’économie qui suivra. L’objectif est donc d’être en capacité de proposer à ce moment-clé les produits les plus pertinents.

Un des axes est, par exemple, le développement d’avions décarbonés. Enfin, Dassault Aviation se concentre sur les exigences en termes de compétitivité en veillant à maîtriser ses coûts tout au long de sa chaîne de valeur. N’oublions pas de souligner l’achat salvateur de Medidata, entreprise américaine dont l’activité et le développement de logiciel médicaux. En effet, il permet de place Dassault Aviation comme un acteur fort de cette crise sanitaire, 60% des essais cliniques étant réalisés à l’aide de technologies issues de Medidata. En outre, les ventes de rafales ont également connu un succès en début d’année 2021, avec la commande de 18 avions par la Grèce dont 6 avions à construire chez Dassault pour 2023 et 12 jets d’occasion.

Le groupe Safran a mis en place un plan d’adaptation dont l’objectif est la réduction des coûts, en assurant la préservation de ses capacités d’innovation. Cela se traduit notamment par un moratoire du programme d’investissement, une réévaluation des objectifs de R&D, une gestion prudente de la trésorerie à très court terme et un retrait de la proposition de dividende au titre de l’année 2019. Concernant les performances commerciales, les signes positifs sont nombreux. En effet, la reprise des ventes du modèle 737 MAX de Boeing en fin d’année 2020 est une bonne nouvelle pour la commercialisation des moteurs LEAP-1B.

Cette période de réduction des coûts de la part de l’ensemble des compagnies aériennes favorise l’activité des avions les plus économes, équipés notamment du moteur LEAP-1A tel que le A320neo d’Airbus. De plus, le service après-vente est soutenu par la reprise de l’activité aérienne intérieure de la Chine revenue à un niveau quasi-normal. Enfin, l’enregistrement de nouveaux contrats dans le cadre des activités de Défense pour des systèmes optroniques d’observation Euroflir.

Thalès a pour sa part mis en place un plan d’adaptation à la crise en définissant des objectifs de maintien des capacités productives, de limitation des impacts industriels et financiers et de renforcement des capacités de financement dans une hypothèse d’intensification ou de prolongement de la crise. Ces objectifs s’expriment à travers des mesures telles que le gel des projets d’investissement non prioritaires, une forte réduction des dépenses discrétionnaires, une maîtrise du besoin en fonds de roulement et une suppression du solde du dividende 2019, permettant ainsi à l’entreprise d’économiser 430 millions d’euros. Enfin, Thalès a récemment remporté un appel d’offres international diffusé par l’OTAN pour la fourniture d’un cloud militaire appelé « Nexium Defence Cloud ».

L’industrie de la défense fait face à un important risque de sécurité d’approvisionnement

En 2018, on dénombre 1190 entreprises au sein de la BITD française. Parmi celles-ci, il y a d’une part, les principaux maîtres d’œuvre de défense tels que Airbus Group, Dassault Aviation, MBDA, Safran ou encore Thalès ; et d’autre part, un tissu industriel très riche et hétérogène composé de micro-entreprises, de PME et d’ETI hiérarchisées en rang dans un système de chaîne d’approvisionnement.

Les PME et les ETI représentent la majeure partie de la BITD avec une part respective de 79.32 % et de 16.89 % en 2018. Tandis que les Grandes Entreprises ne représentent que 3.79 %. Cependant, ces dernières sont à l’origine de 64% du chiffre d’affaires généré en 2018.

Toutefois, il est essentiel de souligner que ce chiffre d’affaires irrigue tout un écosystème de la chaîne de valeur de la BITD. En effet, comme le souligne le rapport d’information n°605, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, et déposé au Sénat le 8 juillet 2020 : « lorsque Thalès remporte un contrat, la valeur du produit qui correspond au fournisseur est en moyenne de 50 %. Dans certains cas, la valeur revenant aux sous-traitants peut atteindre 70 % ».

Ainsi, la stabilité et la performance des géants de l’industrie de la défense reposent sur la qualité et la solidité de leurs sous-traitants. Ces caractéristiques de la BITD mettent en relief un risque de tension de la chaîne d’approvisionnement et d’effet domino. En effet, un affaiblissement des maillons de la chaîne d’approvisionnement fragiliserait l’ensemble écosystémique de l’industrie de la défense, de la micro-entreprise au grand maître d’œuvre de défense. Le rapport de MM. Benjamin Griveaux et Jean-Louis Thiériot sur la place de l’industrie de la défense dans la politique de relance 2020 a d’ailleurs, d’ores-et-déjà, cartographié des dizaines d’entreprises vulnérables dont 70 pour la seule division aéronautique.

Affaiblissement économique, oui, mais qu’en est-il de l’aspect cognitif ? En France, la R&D de la BITD est de nature duale, c’est-à-dire dans l’objectif d’une utilisation militaire et civile, pour des raisons de réorganisation et d’optimisation des dépenses publiques. Le développement de la connaissance militaire est crucial dans l’avènement de technologies majeures (Forman, 1987) et influence positivement la croissance économique, notamment par l’augmentation de la productivité (Ruttan, 2004). Par conséquent, la situation actuelle de crise sanitaire du Covid-19 pourrait provoquer un affaiblissement, une fragilisation, voire une disparition des petites entreprises de la BITD.

A terme, comme souligné par le rapport d’information, déposé à l’Assemblée Nationale le 29 octobre 2020 par la commission des affaires européennes sur la relance dans le secteur de la défense, la sécurité d’approvisionnement indispensable à la souveraineté des armées françaises pourrait être remise en cause. De plus, 88% des entreprises de la BITD dépendent d’un groupe français. Comme l’indique Cathy Dolignon (2018), « cela montre que la BITD française représente potentiellement un poids important dans l’activité économique française, et que dans un intérêt de préservation de la souveraineté nationale de ses équipements de défense, le secteur de la défense privilégie une réalisation de sa production sur le territoire français ou au sein des pays alliés ». Un affaiblissement des entreprises françaises favoriserait alors des entreprises étrangères, ce qui pourrait accentuer la fragilisation de la souveraineté des armées françaises.

Etude réalisée par, Daniel BOSSELET, Ayoub NAJJARI et Florian HAMON, étudiants en master IESCI

Bibliographie

Articles de revues scientifiques

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Hérault, P. (2015). La Base industrielle et technologique de défense à l’âge de la globalisation. Revue Défense Nationale, 784(9), 95-100.

Smith, K. (2002). What is the “Knowledge Economy”? Knowledge intensity AND Distributed Knowledge Bases. The United Nations University.

Rapports

Allizard, P. Boutant, M. (2020, 8 juillet) L’industrie de défense dans l’oeil du cyclone. Rapport d’information n° 605 (2019-2020), fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.  http://www.senat.fr/rap/r19-605/r19-605_mono.html

Annuaire statistique de la défense. Les aspects industriels de la défense. Édition 2017.

Belanger, Y. (2012). La fin de la guerre froide et l’économie de défense, le tracé révélateur de l’industrie nord-américaine des munitions. Cahier de l’IRSEM.

Dolignon, C. (2018). Les entreprises de la BITD à l’aune d’une analyse de réseaux. Ecodef.

Dumas, F. Thillaye, S. (2020, 29 octobre). Rapport d’information déposé par la commission des affaires européennes sur la relance dans le secteur de la défense. http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/due/l15b3491_rapport-information.pdf

Insee. Note de conjoncture du 6 octobre. https://www.insee.fr/fr/statistiques/4796792?sommaire=4473296

Safran. Excellente performance en 2019 (2020, 27 février). https://www.safran-group.com/fr/media/excellente-performance-en-2019-20200227#lvl2-258-children

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Thales Group. Résultats annuels 2019. https://www.thalesgroup.com/fr/group/investisseurs/press-release/resultats-annuels-2019

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Thales Group. Thales renforce sa résilience pour atténuer l’impact de la crise du Covid-19. (2020, 07 avril). https://www.thalesgroup.com/fr/group/investisseurs/press-release/thales-renforce-sa-resilience-attenuer-limpact-crise-du-covid-19

Articles de presse

Barembon, E. (2020, 23 avril). Essais cliniques : l’acquisition de Medidata, le pari gagnant de Dassault Systèmes. https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/essais-cliniques-l-acquisition-de-medidata-le-pari-gagnant-de-dassault-systemes-20200423

Beniada, F. (2020, 12 juillet). Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation : “Il va falloir faire face à la décroissance pour au moins un ou deux ans”. https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/chronique-du-ciel/chroniques-du-ciel-dassault-face-au-coronavirus-entretien-avec-eric-trappier-pdg-du-groupe_4025083.html

Cabirol, M. (2020, 22 octobre). Crise du Covid-19 : vers un impact sur les exportations d’armements françaises en 2020. La tribune. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/crise-du-covid-19-vers-un-impact-sur-les-exportations-d-armements-francaises-en-2020-860366.html

Calvi, Y. Petillaut, V. ( 2020, 16 septembre). Coronavirus : “Il faut qu’on arrive à tenir deux, trois ans”, espère le PDG de Dassault Aviation. https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/coronavirus-il-faut-qu-on-arrive-a-tenir-deux-trois-ans-espere-le-pdg-de-dassault-aviation-7800805773

Cabirol, M. (2020, 27 février). Dassault Aviation a volé vers un “record absolu” d’activité en 2019. La tribune. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/dassault-aviation-a-vole-vers-un-record-absolu-d-activite-en-2019-840745.html

Gros, M. (2019, 13 juin). Dassault Systèmes rachète Medidata pour 5.8 Md$. Le monde informatique. https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-dassault-systemes-rachete-medidata-pour-5-8-md$-75618.html

Guillermard, V. (2020, 23 juillet). Face à la crise du Covid-19, Dassault Aviation ne baisse pas la garde. Le Figaro. https://www.lefigaro.fr/societes/face-a-la-crise-du-covid-19-dassault-aviation-ne-baisse-pas-la-garde-20200723

Guillot, R. (2020, 30 octobre).  Le Groupe Safran montre sa résilience face à la crise au troisième trimestre. https://www.journal-aviation.com/actualites/45410-le-groupe-safran-montre-sa-resilience-au-troisieme-trimestre

Lamigeon, V. (2020, 19 septembre). Covid-19: Safran résiste au crash de l’aérien en sabrant dans ses coûts. https://www.challenges.fr/entreprise/safran-maintient-le-cap-en-lachant-du-lest_727631

Rédaction (2020, 27 mars). Covid-19 : Safran renonce à ses objectifs 2020 et supprime son dividende. https://www.zonebourse.com/cours/action/SAFRAN-4696/actualite/Covid-19-Safran-renonce-a-ses-objectifs-2020-et-supprime-son-dividende-30261729/

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Science-fiction, dystopie et réalité : entre anticipation, inspiration et dénonciation https://master-iesc-angers.com/science-fiction-dystopie-et-realite-entre-anticipation-inspiration-et-denonciation/ Thu, 19 Dec 2019 11:41:16 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3090 Commençons par nous poser cette question : quelles différences entre Baymax et Jibo, le Nautilus et le Terrible ou encore Jarvis et Siri ? Certains d’entre eux n’existent que dans le domaine de la science – fiction tandis que d’autres sont aujourd’hui… Continuer la lecture

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Commençons par nous poser cette question : quelles différences entre Baymax et Jibo, le Nautilus et le Terrible ou encore Jarvis et Siri ? Certains d’entre eux n’existent que dans le domaine de la science – fiction tandis que d’autres sont aujourd’hui utilisés dans la vie réelle. Le domaine de la science – fiction est limité par l’imagination des réalisateurs, qui ont souvent été avant – gardiste en ce qui concerne les innovations. La cape d’invisibilité dans Harry Potter en 2001, l’appel vidéo dans Métropolis en 1926 ou la côte de popularité dans Black Mirror sorti en 2016 montrent qu’avec le développement des nouvelles technologies, ces fictions deviennent aujourd’hui réalité. Même si ce développement technologique a pour premier objectif d’améliorer le quotidien, certains pointent du doigt des progrès qui, dans un horizon temporel à moyen et long terme, pourraient nuire à l’homme. Cet article ne prétend pas être exhaustif, mais à travers les œuvres utilisées, il va essayer de mettre en avant le fait que la science – fiction anticipe, inspire et dénonce la réalité.

I. Une réciprocité d’inspiration et de critique

A. Le cinéma incubateur d’idée

« L’imagination est la reine du vrai, et le possible est une des provinces du vrai ». Cette citation de Charles Baudelaire, extraite de son recueil Curiosités esthétiques de 1868, illustre bien l’idée selon laquelle imaginaire et réalité se côtoient depuis un certain nombre d’années. Si autrefois le livre était le support le plus utilisé pour raconter et écouter des histoires, le cinéma actuel l’a largement remplacé : entre films hollywoodiens et séries diffusées par le biais de plateformes streaming on n’a jamais eu autant de choix de divertissement. Mais il s’agit ici de s’intéresser à un genre bien particulier d’histoires : la science-fiction.

1. La science – fiction, ou comment extrapoler l’imaginaire humain

Depuis des centaines d’années, l’homme imagine des histoires. Parmi celles – ci, un genre s’axe généralement sur les différents futurs possibles de la société humaine : la science-fiction. Que l’on traite de futurs proches et de l’intrusion des objets connectés à outrance ou de futurs lointains, de voyages dans le temps et l’espace, ces histoires ont toutes un point commun : la définition des peurs ou des envies des hommes. En effet, si l’on pose un regard objectif sur la plupart des grandes œuvres de sciences fictions, elles définissent toutes une partie de nos peurs ou de nos souhaits.

Certains films anticipent des futurs pessimistes, mettant parfaitement en exergue les dérives possibles de la société humaine, ainsi que les conséquences qu’elles peuvent avoir sur son environnement. C’est ce qu’on appelle la dystopie. Genre fictif particulièrement en vogue à l’heure actuelle, la dystopie peut être assimilée comme le contraire fondamental de l’utopie : il s’agit de créer un monde fictif noir, où la recherche de bonheur constitue généralement le centre de l’intrigue du film. Comme exemple de films dystopiques on peut citer les Hunger Games, V pour Vendetta (2006) mais aussi des séries telles que Black Mirror (série débuté en 2011) ou encore The Handmaid’s Tale. Au vu du succès de ces différentes œuvres, on est en droit de se demander ce qui attire les spectateurs : est-ce juste une question d’effets spéciaux et d’intrigues bien écrites, ou y-a-t-il une raison plus complexe ? En effet, on peut également poser l’hypothèse d’un lien que feraient les spectateurs entre ces mondes dystopiques et la complexité grandissante de notre monde actuel. Ce lien, entre fiction et réalité, pourrait être alimenté par trois éléments : la peur générée par le terrorisme, que l’on retrouve dans Iron Man 3 et la Chute de la Maison Blanche en 2013, la dégénérescence sociétale, argument principale des Hunger Games ou encore de V pour Vendetta et enfin l’évolution technologique qui constitue l’apanage de la série Black Mirror.

A contrario, et même s’ils sont généralement moins nombreux, d’autres films peuvent montrer un futur où l’humanité réussi à dépasser les frontières qu’elle connait aujourd’hui et peut atteindre ses rêves. On peut notamment citer comme exemples Star Wars et Avatar pour la conquête spatiale, Premier Contact pour la connaissance et la compréhension d’une vie extraterrestre ou encore Valérian et la Cité des milles planètes pour la mise en place d’un gouvernement démocratique interplanétaire.

Finalement la science-fiction permet aux hommes de s’imaginer tel qu’ils ont peur d’être ou tel qu’ils veulent être. On pourrait la voir comme un immense laboratoire, où les nombreux auteurs expérimentent différentes façons dont le progrès technique et technologique peut chambouler notre vie et notre société, pour notre bien ou notre plus grand mal.

2. Une technologie contemporaine inspirée par des œuvres fictives

Si la science-fiction est un immense laboratoire de pensée, peut-elle permettre l’expérimentation de nouvelles techniques, de nouvelles technologies ? En d’autres termes, la science-fiction peut-elle inspirer les scientifiques d’aujourd’hui ? On peut apporter ici une double réponse à cette question.

En effet il existe actuellement des technologies qui ont été influencées par la science-fiction, de par l’idée préconçue qu’on pouvait s’en faire. De plus, si l’homme a une particularité, c’est celle de vouloir réaliser ses rêves, ses ambitions, ou tout du moins de s’en rapprocher le plus possible.

A ce titre, comme le montre ce schéma, on peut citer un certain nombre de technologies actuelles, anticipée par des auteurs de science-fiction : dès les années 1970, la tablette du capitaine Kirk et les différents modèles de tablette sur le marché, L’I.A. Jarvis de Tony Stark en 2008 et l’I.A. Siri d’Apple en 2011, ou encore l’ordinateur multidimensionnel de Minority Report puisqu’il a été créé par l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria). Enfin on peut même ajouter que la cape d’invisibilité d’Harry Potter est en bonne voie de développement puisque qu’une entreprise canadienne, HyperStealth Corp, a réussi à mettre au point il y a quelques mois une matière permettant de dévier la lumière. Enfin, et pour apporter un poids scientifique à cette hypothèse, il semble important de préciser qu’une étude publiée sur Arxiv en mars 2018 montre qu’une bonne partie des chercheurs s’inspirent de la science-fiction, ce phénomène tendrait même à s’amplifier. En effet, la science-fiction serait mentionnée dans des publications scientifiques pour diverses raisons : « design fiction », inspirations pour des techniques d’interactions ou encore comme outil de prospective. De plus, les recours à la science-fiction de façon explicite dans les papiers de conférences scientifiques ne seraient que la partie émergée de l’iceberg : « Nous pensons que les références explicites à la science-fiction dans la recherche sur l’interaction homme-machine ne représentent qu’une fraction de l’inspiration et de l’impact exercé par cette dernière ».

A l’inverse, on peut également avoir une vision totalement différente de la question : la science-fiction n’inspire pas la science mais elle met en scène au sens du merveilleux la science actuelle. Cette vision de la science-fiction est notamment défendue par l’astrophysicien passionné de science-fiction Roland Lehoucq. En effet selon lui, la science-fiction n’inspire presque jamais la science mais permet au scientifique de se repositionner face à leurs idées. Pour souligner cette idée on peut reprendre un exemple phare : l’ascenseur spatial, une alternative aux fusées actuelles. Cette idée fut proposée en 1960 et abandonnée presque immédiatement. Or 18 ans plus tard, l’écrivain A. C. Clarke sortait son livre « Les fontaines du paradis » et l’idée redevint un sujet de préoccupation scientifique actuel. Autre exemple beaucoup plus connu cette fois : le sous-marin de Jules Vernes. Il faut rappeler que Jules Vernes n’avait pas anticipé de toute pièce le sous-marin actuel puisque ce dernier existait déjà à proprement parlé : il était à pédalo. A côté, l’électricité existait également. Finalement l’anticipation qu’a eu Jules Vernes était d’associer ces deux technologies pour en faire un moyen de transport futuriste et anticipatoire du monde actuel.

Au final on peut dire que la science-fiction et la science s’inspirent mutuellement : toute œuvre de science-fiction a des racines scientifiques réelles et emprunte parfois des procédés méconnu du grand-public pour enrichir ses histoires. Mais la science n’est pas en reste : elle s’inspire des œuvres fictives en tout genre, rien que le design du nouveau SUV d’Elon Musk met cette idée en évidence.

L’humanité se rapproche donc petit à petit de ses différents rêves et utopies (ou dystopies ?), mais ce rapprochement est-il souhaitable ? Question que l’on est en droit de se poser au vu des différents scénarios élaboré au travers des œuvres de science-fiction. En effet, avoir une avancée technologique comme celle du film Matrix vaut-elle le monde qu’il dépeint ? Rien n’est moins sûr et c’est sur cette problématique que nous allons maintenant nous tourner.

B.  La science – fiction comme anticipateur de dérives possibles

La science – fiction comme univers où tout est possible et où la seule limite est l’imaginaire de l’homme, offre un large panel de ce que les auteurs de science – fiction pensent sur l’avenir de l’espèce humaine. C’est ce que retrace le graphique ci – dessous. Cette cartographie, réalisée par Jane Hu, analyse soixante – deux événements futurs annoncés par les écrivains, qu’ils soient d’origine social, scientifique, politique ou encore technologique.

Aujourd’hui, avec le développement des nouvelles technologies, les questions récurrentes portent sur leur place dans la société à différents horizons temporels. C’est l’idée que développe Tegmark Max dans son livre « La vie 3.0 – Etre humain à l’ère de l’intelligence artificielle ». A moyen terme, la mise au point d’une intelligence artificielle générale pourrait mener à un totalitarisme technologique qui dominerait les humains. Sur le très long terme, soit, selon l’auteur, durant les 10 000 prochaines années, deux scénarios sont possibles : la disparition de l’humanité par les robots ou une cohabitation entre les deux espèces dans laquelle l’homme est parvenu à garder le contrôle sur les robots.

Dans l’horizon temporel à moyen terme, les nouvelles technologies représentent un moyen d’aliénation de l’homme avec une surveillance en tout temps et en tout lieu. Yukie, qui se rapproche des outils actuels existants comme Google Home ou Alexa d’Amazone, est l’intelligence artificielle, dans le film Fahrenheit 451 de François Truffaut, présente dans le quotidien de Montag, un pompier, chargé de brûler les livres, et qui va le dénoncer à ses supérieurs pour possession de certaines œuvres.

George Orwell, dans son livre 1984, part du même constat et met en évidence une société où la surveillance est généralisée : des écoutes téléphoniques à la télésurveillance en passant par le déclenchement des webcams à distance ou le profilage numérique, cela représente la fin de la vie privée. Or ne sommes – nous déjà entré dans cet air ? Les écoutes téléphoniques américaines, révélées par l’affaire Snowden en 2013 ou encore le profilage numérique, qui consiste à examiner et analyser les traces laissées par les utilisateurs sur internet au travers d’algorithmes. Pour faire face à cela, le règlement général de la protection des données a été créé et a pour objectif premier de protéger les libertés et les droits fondamentaux liés aux données des personnes physiques. Outre ces moyens de contrôle, certains auteurs et réalisations vont plus loin et prévoient, dans leurs œuvres respectives, une extinction de l’espèce humaine.

Ces différentes issues possibles  à long terme sont reprises dans de nombreuses histoires de sciences – fiction, dont certains n’hésitent pas à pousser le futur à l’extrême. Dans la série Battlestar Galactica sortie en 2004 et développée par Ronald D. Moore, on assiste à l’élimination de l’homme par les robots, nommés les Cylons, vainqueurs de la guerre entre humains et robots. Les humains survivants ont dû fuir à travers un vaisseau pour échapper aux robots. Cette vision pessimiste est un des avenirs possibles, le plus pessimiste d’entre eux. Or à ce jour, les scientifiques continuent de travailleur sur des formes d’intelligence artificielle aussi poussées, et certains d’autres eux, comme Elon Musk, s’inquiètent et considèrent que l’intelligence artificielle est aujourd’hui « le plus grand risque auquel notre civilisation sera confrontée ». Comme dans le film où les survivants vont chercher une autre planète pour survivre face à la domination des robots, Elon Musk travaille sur ce qu’il considère comme un plan de secours en cas de domination de l’intelligence artificielle sur Terre : partir à la conquête de la planète Mars.

Ces idées sont reprises dans de nombreux blockbusters comme Terminator de James Cameron, Metropolis de Fritz Lang, ou encore I Robot d’Alex Proyas. Dans ce dernier exemple, trois lois furent mises en place pour protéger les hommes, comme notamment la première qui stipule que « un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger ». Or, la première menace pour homme est l’homme lui-même, à travers les guerres à la destruction de l’environnement qu’engendre son mode de vie et qui nuit à son futur.

Or, les robots ne représentent pas la seule issue possible pour l‘avenir humain, ni en science – fiction, ni dans la réalité. Dans le film Bienvenue à Gattaca réalisé par Andrew Niccol ou encore dans le livre « Le Meilleur des mondes »  écrit par Aldous Huxley, on assiste à la création des êtres humains dans des laboratoires, permettant une « création parfaite ». Dans ces sociétés futuristes, les enfants crées et nés de manière naturelle sont mis de côté comme dans les réserves de sauvages dans le livre ou encore occupent des tâches subalternes comme dans le film d’Andrew Niccol, tandis que ceux génétiquement crées occupent les places de dirigeants. Aujourd’hui, même si ne nous sommes pas encore à ce point, le développement des technologies médicales ont permis de réaliser des avancées majeures comme la fécondation in vitro avec la naissance du premier bébé éprouvette, Louise Brown, en 1978.

II.  La science-fiction comme forme de dénonciation ?

A. Une réalité politique actuelle qui fait débat

Outre le fait de prévoir les différents avenirs possible pour l’espèce humaine, la science – fiction fait aussi résonnance aux actualités politiques et sociales. C’est ce qu’on verra à travers le roman La Servante Ecarlate, écris par Margaret Atwood en 1985, et repris sous forme de série télévisée en 2017. Suite à la pollution environnementale croissante et au développement des maladies sexuellement transmissibles, la société américaine connaît une chute de la fécondité. Les « Fils de Jacob », une secte protestante de type fondamentaliste en ont alors profité pour prendre le pouvoir en détruisant les symboles politiques américains : la Maison – Blanche, la Cours Suprême et le Congrès.

On peut tout d’abord le rapprocher aux préoccupations féministes, réapparues aux Etats – Unis suite à l’élection de Donald Trump en tant que président, mais également dans plusieurs pays européens où on assiste à un regain des nationalistes et des religieux : remise en cause du droit à l’avortement ou de la place de la femme dans le schéma traditionnel familiale … On voit aujourd’hui certains politiques qui perpétuent la culture du viol, comme Donald Trump à travers diverses exclamations. Cette culture est développée dans le livre avec les servantes, dépourvues d’identité, de liberté, fertiles et ayant pour seul but de procréer et où les hommes de la catégorie des Commandants sont les seul à pouvoir assurer une descendance. Dans cette dystopie où le taux de fécondation est en chute, les servantes sont les seules femmes à pouvoir donner naissance. Ici, les violences sont perpétuelles car elles permettent de garder les servantes soumises et gardant en tête leur seul objectif : procréer. Ce roman met en avant le danger du sexisme, des sociétés patriarcales, de la place de la femme et de la misogynie qui sont aujourd’hui revenu sur le devant de la scène.  Dans La servante écarlate, l’origine de l’infertilité repose des éléments remis en question dans nos sociétés actuelles : pollution, OMG, pesticides ou les MST sont mis en avant leurs risques envers l’homme. Selon une étude israélienne menée par Hagai Levine, « la concentration de sperme chez des hommes vivants aux Etats – Unis, en Europe, en Australie et en Nouvelle – Zélande a diminuée de 59,3% entre 1973 et 2011 ».

Ce romain fait également échos aux moyens de lutte anti – terrorisme : depuis 2001 pour les Etats – Unis avec les attentats du World Trade Center ou 2015 pour la France avec les attentats du 13 Novembre, les états ont développé de nouveaux moyens législatifs pour faire face au contexte « d’état d’urgence ». Or, c’est dans ce contexte que le glissement vers le totalitarisme s’est déclenché dans le roman.

Enfin, et par extension du paragraphe précédent, le dernier écho de cette dystopie porte sur la surveillance généralisée de la population. Les « Yeux », qui sont en charge de faire respecter la loi, sont présents dans l’ensemble des foyers et surveillent la moindre erreur des individus. On va retrouver cette idée, encore plus proche de la réalité, dans l’épisode « chute libre » de Black Mirror, sorti en 2016. Ici, chaque personne va posséder une note allant de 0 à 5 et celles les mieux notés pourront avoir accès à de meilleurs services. Même si cela nous paraît irréel ou lointain, ce système de surveillance de masse est pourtant aujourd’hui développé en Chine (depuis 2018) avec le système du « crédit social ». Chaque citoyen gagne ou perd des points en fonction de leurs actions, bonnes ou mauvaises, qui sont surveillées par des outils à pointe de la technologie (Big data) comme les caméras et la reconnaissance faciale. La note sociale, comprise entre 350 et 950, donnerai accès à un certain nombre d’avantage et facilité. Plus la note est élevée, plus il y a d’avantages : possibilité de prendre l’avion, accès privilégié à la crèche ou à un emploi… A l’inverse, pour les notes sociales basses, les restrictions se multiplient. Mis en place à l’origine pour diminuer les incivilités et les violences, ce système de surveillance généralisé réduit les libertés individuelles et mène à une société où les individus sont constamment à la recherche du comportement parfait.

B. La science-fiction comme lanceur d’alerte des inégalités sociales  

Comme nous venons de le voir précédemment la science-fiction n’est en lien avec la réalité non pas uniquement à travers des innovations technologiques ou techniques mais aussi au travers de sujets plus sociétaux, tels que les régimes politiques, la surveillance de masse ou encore les inégalités sociales. Ce dernier point est d’ailleurs tout à fait intéressant puisque nous vivons actuellement dans un monde où les inégalités sociales sont déjà très marquées, et au vu de la conjoncture actuelle, ces problèmes sont loin d’être réglés. C’est d’ailleurs ce qu’ont cherché à dénoncer en partie certains films de science-fiction, sur certains types d’inégalités sociales précises.

On peut notamment prendre comme premier exemple le film Time Out. Sorti en 2011, ce dernier met en scène un monde dystopique où l’humanité a été génétiquement modifiée pour cesser de vieillir à partir de 25 ans. Passé cette date, le compteur numérique dont tout le monde est doté se met en marche : c’est le temps qu’il reste à vivre. Pour survivre, il faut donc gagner son temps en travaillant : le temps de vie est devenu la nouvelle monnaie mondiale. Si ce film est un très bon exemple, c’est parce qu’il met en évidence deux choses essentielles dans notre monde actuel. La première est ce que Hartmut Rosa appelle « l’accélération sociale » dans son ouvrage Accélération, Une critique sociale du temps, de 2010. Il définit cette accélération sociale comme un trait de caractéristique de la culture de la modernité : constitué de trois aspects, l’innovation technique, le changement social et le « rythme de vie ». On retrouve d’ailleurs bien ces trois aspects dans le film : le monde de Time Out est futuriste, les technologies sont donc bien plus évoluées qu’actuellement, la génétique modifiée et le système monétaire ont conduit à des changements radicaux dans la société : les riches vivent dans des quartiers « interdits » aux pauvres par le biais de taxes d’entrées excessivement hautes, pendant que les pauvres s’entassent dans des ghetto ou chacun manque de mourir plusieurs fois par jour. Enfin, l’accélération du rythme de vie se voit notamment pour les plus pauvres puisque le temps est littéralement devenu de l’argent. La seconde chose essentielle que met en avant ce film est la différence extravagante de niveau de vie entre les 5% les plus riches et le reste de la population. En effet on pourrait très bien comparer « l’homme aux 1 millions » à Bernard Arnault, toute nouvelle première fortune mondiale. Enfin, et pour finir sur ce premier cas, il semble intéressant de citer une phrase du film qui illustre assez bien l’idée qu’il veut faire passer et la dénonciation des inégalités qu’il apporte : « Pour quelques immortels beaucoup doivent mourir ».

Un autre film illustre lui aussi une inégalité sociale grandissante de notre monde : l’accès à la santé. Il s’agit ici du film Elysium, mettant également en scène un monde dystopique futuriste ou riches et pauvres sont séparés. La différence principale reste ici que les riches n’habitent pas une certaine région du monde qui leur est réservé mais une station spatiale en orbite autour de la terre. La problématique principale du film est l’accès à la santé : les habitants de la terre vivent dans une déchetterie mondiale où toutes sortes de maladies et problèmes de santés se propagent. A contrario les habitants de station disposent d’une technologie permettant de soigner absolument tout : les caissons médicaux d’Elysium. Finalement ce film ne fait qu’extrapoler les problèmes d’accès à la santé de notre monde : les pays développés et les personnes riches peuvent se permettre des traitements de premier ordre, un suivi médical soigneux ainsi que toutes sortes d’avantages et a contrario, les habitants de pays en            développement ont même parfois du mal à accéder aux soins les plus primaires. Certains d’entre eux parviendront à se faire soigner dans les pays développés, grâce à des programmes d’aides, mais beaucoup n’y auront pas accès. Ces inégalités d’accès au soin se traduisent au niveau de l’espérance de vie. En effet, comme le montre la carte ci – contre, l’espérance de vie est plus élevée dans les pays développés, où le domaine médical est plus développé et son accès plus facile. Les régions où cette espérance est la plus faible se trouvent en Asie du Sud, en Afrique du Sud et Subsaharienne. C’est également là où les infrastructures médicales sont les plus pauvres et le niveau de développement les moins élevés.

Pour conclure

Finalement on retrouve plus de liens entre science-fiction, dystopie et réalité qu’on ne pourrait le croire au premier abord : entre anticipation et inspiration, où l’imaginaire donne naissance à des idées parfois surprenantes mais innovatrices, ainsi que dénonciation notamment au travers des dystopies étudiées, celles – ci font écho au monde réel sans l’assimiler totalement. Au vu de ces éléments on pourrait être en droit de se demander si les solutions à de nombreux problèmes actuels, tels que le climat ou la surveillance de masse, ne se trouvent pas dans des œuvres fictives. Or aujourd’hui, dans nos sociétés modernes, avec les préoccupations actuelles et la place croissante accordée aux nouvelles technologies, est – il réellement possible, souhaitable ou préférable de faire un retour en arrière, de modifier drastiquement notre mode de pensée et note mode de vie afin d’éviter que la fiction se transforme en réalité ou de continuer dans cette voie en ayant conscience des différentes issues possibles ? L’absence de consensus à ses questions nous laisse donc son réponse, dans une société qui, pour l’heure, nous emmène dans un futur digne d’une dystopie.

Par Clarisse Bouet et Victor Munter, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

Bibliographie

 

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Bilan des changements managériaux dans les hôpitaux : les errements de la recherche de l’efficience https://master-iesc-angers.com/bilan-des-changements-manageriaux-dans-les-hopitaux-les-errements-de-la-recherche-de-lefficience/ Fri, 13 Dec 2019 14:05:17 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3083 Il semble illusoire de penser que les difficultés que rencontrent les hôpitaux ne proviennent que d’eux-mêmes et nullement du contexte économique et politique dans lequel ils s’inscrivent. Ainsi, Un établissement de la santé publique doit-il suivre la même efficience qu’une… Continuer la lecture

L’article Bilan des changements managériaux dans les hôpitaux : les errements de la recherche de l’efficience est apparu en premier sur Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives.

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Il semble illusoire de penser que les difficultés que rencontrent les hôpitaux ne proviennent que d’eux-mêmes et nullement du contexte économique et politique dans lequel ils s’inscrivent. Ainsi, Un établissement de la santé publique doit-il suivre la même efficience qu’une entreprise privée à la recherche de profit / rentabilité ?

1. L’hôpital : Etat des lieux de l’efficience d’hier à aujourd’hui.

La médecine a connu de multiples mutations. C’est un secteur très réglementé, au vu de son importance pour la société. Il est alors intéressant de faire un état de l’art du système de rémunération des agents et des “moyens de paiement” des patients afin d’être plus à même de comprendre comment et sur quels fondements repose un tel système afin de pouvoir en saisir tous les enjeux et les limites qui en découlent.

A- L’évolution du système de santé français

Jusqu’en 1940, la pratique médicale restera un exercice individuel. Le médecin travaille où il veut, choisit ses propres horaires et est complètement maître du type d’exercice qu’il réalise. Dans les hôpitaux, la rémunération du chirurgien y est symbolique. Il y exerce peu. Nous commençons à assister à l’apparition d’assurances, encouragées par le législateur. Les lois du 5 avril 1928 et du 30 avril 1930 vont permettre aux assurés de bénéficier d’une assurance maladie, maternité, invalidité et vieillesse. On parle même de la rendre obligatoire et d’en donner à l’Etat le monopole… Afin de protéger le caractère libéral de leur profession, les médecins défendirent l’entente directe du paiement des honoraires par le malade.

Il a fallu attendre la seconde guerre mondiale pour prendre conscience de l’importance d’une solidarité nationale. En effet, pendant la guerre, le conseil national de la résistance intègre à son programme un “plan de sécurité sociale” (qui sera mis en œuvre plus tard par les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945).

Puis tout s’accélère avec la constitution de la IVème république : obligation constitutionnelle d’assistance financière de la collectivité envers les personnes étant exposées au plus de risques (travailleurs âgés, femmes et enfants), la réforme Debré de 1958 modifiant les pratiques médicales dans leur ensemble en attirant les médecins dans les hôpitaux, proposant un exercice de l’activité à temps plein. Dans les années 70, les hôpitaux universitaires se développent et s’équipent… On assiste à une salarisation de l’activité. Pour les hospitaliers, le choix était possible entre un exercice purement salarié, ou un mix public salarié et privé, sous réserve d’un quota de 20% d’activité libérale dans l’établissement. L’emploi dans le milieu médical se trouve alors subir une mutation par le déversement du privé vers le public.

Il faut néanmoins rester concurrentiel et stimuler le personnel. Pour ce faire, une convention de 1980 vient créer un “secteur 2”. Ce dernier va permettre à certains hospitaliers de dépasser le tarif conventionnel, mais en revanche leurs cotisations sociales ne sont plus prises en charge par les caisses. Ceci aura pour effet de maintenir un très bon niveau de prestation ainsi qu’un accès aux soins rapide. Toutefois, la non réévaluation du tarif des actes depuis 15 ans ainsi que la mise en place en 2005 d’une Classification Commune des Actes Médicaux (CCAM) (rémunérant mal les actes chirurgicaux) ainsi que le passage à la tarification à l’acte des actes médicaux (T2A) ont conditionné la crise actuelle.

Chacun s’accorde à dire que les raisons de la crise que traverse ce secteur depuis quelques années déjà serait :

– Une désaffection des étudiants en médecine pour cette spécialité

– Un haut niveau de responsabilité, d’exigence et de pénibilité, insuffisamment pris en compte au cours des 15 dernières années

– Une judiciarisation croissante qui s’est traduite par une progression soutenue des primes d’assurance.

– Un glissement dans la chirurgie programmée, allant du secteur public vers le privé

Pour essayer de remédier aux problèmes, l’Etat va mettre en place le “volet hospitalier du plan de chirurgie”. Seulement voilà, trois ans plus tard, la crise chirurgicale s’amplifie…

B- Du toyotisme dans les hôpitaux : la tarification à l’acte (T2A) ou la logique managériale de l’entreprise privé avec le new public management

Il est intéressant de se pencher sur cette T2A (mise en place en 2004 pour le secteur public comme le privé). Avant 2004, les établissements publics recevaient donc une “enveloppe de fonctionnement” (et ce depuis 1983). Aujourd’hui, cette enveloppe est versée en fonction de “la mesure de l’activité produite”. Le problème devient alors semblable à celui qu’induit le toyotisme : le salarié (ou employé de la fonction publique en l’occurrence) va être de plus en plus stressé dans son travail, il va devoir atteindre toujours plus d’objectifs, être plus polyvalent, ce qui se traduit par des burn-out, ainsi qu’un désintérêt pour l’activité devenant trop stressante. En effet, le toyotisme poussé à son paroxysme va entraîner des problèmes, on voit apparaître aujourd’hui des “happy managers”, afin d’essayer d’égayer les travailleurs, ou encore un taux de suicide lié au travail en augmentation dans les cas les plus extrêmes…

L’idée d’une tarification à l’acte est semblable, mais les effets produits sont quelques peu différents. Dans un domaine du secteur public, le fait de passer d’une enveloppe de fonctionnement à une rémunération en fonction de l’acte effectué va venir modifier et pervertir le système. Un établissement public, ne recherchant pas le profit financier, va se retrouver dans un système où il va être amené à effectuer plus d’opérations, des opérations plus lourdes, et pousser le patient à revenir afin d’obtenir une enveloppe plus grosse. L’employé également va être poussé à effectuer plus d’actes, à être polyvalent (on y retrouve encore une fois des notions induites dans le toyotisme) à s’occuper de plus de patients, ce qui se traduit par une perte du lien social entre le patient et l’ensemble du personnel hospitalier. Comme le dénonce l’enquête de Cash Investigation sur les hôpitaux, cette T2A pousse ce personnel à faire des interventions plus lourdes que la normale suite à des pressions hiérarchiques, et à “fidéliser” le “patient”, qui devient petit à petit plutôt un “client” en réalité. J’ai même pu assister moi-même à une sorte de perversion via ce système : une personne de mon entourage est allée voir le médecin et, sur la fiche de remboursement, l’acte était qualifié comme “urgent”, la tarification s’en trouvant alors accrue alors qu’elle ne devait pas être classée de la sorte.

Ce passage à l’acte (à la tarification à l’acte) vient alors bouleverser le fonctionnement des hôpitaux. On parle partout de new public management (NPM), où les services publics doivent être plus efficients, et cette T2A s’inscrit directement dans cette dynamique de NPM, au même titre que ce dernier avec le Lean management (que nous aborderons en 2ème partie). Comme disait Jean de Kervasdoué en 2004, promoteur de la gestion hospitalière et défenseur du programme de médicalisation, “on oppose, à tort, la qualité à toute évaluation quantitative. Certes, tout ne se mesure pas simplement, mais les entreprises du secteur industriel ont mis au point des mesures quantitatives de la satisfaction de leurs clients, des taux de défaut dans la fabrication des composants, des taux d’erreur dans les factures etc. La qualité se mesure aussi. C’est “l’objectif zéro-défaut” des cercles de qualité” mis en avant par le toyotisme… En mettant en avant ce new public management avec toujours plus de transparence, des pilotages stratégiques, une gestion financière et comptable efficiente dans les hôpitaux, nous allons tout droit vers une concurrence ouverte entre les établissements publics.  Dans l’idée, et au même titre que le toyotisme, ceci ne semble être que bénéfique. Mais voilà, cette nouvelle gouvernance, calquée sur un management d’entreprise, avec des pratiques de benchmarking allant jusqu’à optimiser le temps du patient et des équipes soignantes connaît bien sûr, au même titre que les entreprise et le toyotisme utilisé de manière trop directrice et poussé à son paroxysme, des effets pervers.

En effet, le directeur ou “gestionnaire” de l’hôpital, que l’on peut définitivement appeler ainsi, n’entend pas le terme “qualité des soins” de la même manière que son personnel qui lui est au contact du patient et non pas des chiffres (Molinière, 2009). Ce problème est semble-t-il persistant aux vues des réponses obtenues lors d’un questionnaire administré à une employée du CHCB de Kerio : alors que la recherche de la qualité est ciblée par le gestionnaire, le soignant nous dit “des soins fait bcp plus rapidement et donc moins bien fait, même si les sites comme https://www.scopesante.fr disent le contraire, beaucoup de gens se plaignent car les médecins ne sont que de passage, il n’y a pas de relation de confiance et donc tout le monde s’en va en clinique car nous n’avons pas su rétablir la confiance”. Ces propos ne sont semble-t-il pas dénués de sens si l’on se réfère aux multiples revendications de ce secteur lors des nombreuses manifestations que nous connaissons actuellement (la dernière en date pas plus tard que ce 14 novembre 2019). On pouvait lire dans la presse des propos d’employés recueillis tels que “la prise en charge des patients ne se fait désormais plus correctement et le manque de moyens a considérablement dégradé les conditions de travail” ou encore “ je n’ai rien pour assurer les soins aujourd’hui ; il manque du monde, des moyens partout, plus personne n’arrive à travailler correctement”.

Il semblerait en effet que cette efficience tant recherchée, en passant d’une logique d’établissement public à un système managérial privé, ne se fasse pas sans problèmes, loin de là…

2. Quels sont les enjeux de cette efficience et quelles sont les limites pour un hôpital

       Et si l’hôpital n’était pas une entreprise ? Aujourd’hui ilest malade de son financement, on parle de rentabilité, de déficit, de coupe budgétaire etc… Les établissements se sont emparés du langage du privé qui est un langage, voire même une logique entrepreneuriale et comptable.

A. Les enjeux de l’efficience en milieu hospitalier

Afin de répondre aux différentes manifestations qui touchent la France sur la crise du système hospitalier, le Ministère de la Santé, en septembre 2019, annonce que l’efficience des établissements de santé doit reposer sur la performance de son pilotage, son organisation et de ses processus, qu’il s’agisse des processus de soins, médico techniques ou des fonctions support.

De plus, 2 mois après cette annonce et suite aux manifestations grandissantes dans le pays, le Premier Ministre Edouard Philippe a annoncé Mercredi 20 novembre un ‘’ Plan d’Urgence ‘’ reconnaissant que « l’on a trop fait peser la contrainte financière sur l’hôpital public. Elle a incité à de profondes transformations mais a trop lourdement mis à contribution les personnels » et évoquant « une régulation budgétaire parfois excessive ». (Source : Le Monde)

Un Plan d’urgence visant à reprendre sur trois ans, à partir de 2020, 10 milliards d’euros de la dette hospitalière, soit un tiers du total et une hausse de 1.5 milliard d’euros du budget de l’assurance-maladie sur les trois prochaines années dès 2020.

Pour bien comprendre d’où vient cet énorme déficit des hôpitaux et donc comprendre également pourquoi il a fallu les rendre plus efficient, il faut bien resituer le contexte dans lesquels ils s’inscrivent depuis les années 2000.

Depuis les années 2000, les hôpitaux ont vu leur dette tripler en une dizaine d’années. Avec l’intégration des 35 heures et une succession de “plans Hôpitaux”, des coûts supplémentaires se sont fait ressentir dans une organisation qui a été prise de court. De plus, les conséquences de la crise financière ont touché plusieurs dizaines d’établissements victimes des fameux emprunts toxiques. C’est dans ce contexte qu’il a fallu réduire les dépenses. En fermant de petits hôpitaux en région, en restructurant des services, en diminuant le nombre de lits : quelques 6 600 en trois ans, en mutualisant des opérations par rapprochement entre établissements. Mais tout cela sans réforme structurelle, au coup par coup.

On assiste également à des cadences de travail qui ont dû être augmentées pour réaliser des économies et qui posent toute une batterie de questions car les effectifs ont progressé dans les hôpitaux publics jusqu’en 2014. On peut prendre à titre d’exemple les infirmiers(ères) qui voit leur part augmenter de 2006 jusqu’à 2030.

« Ajoute à cela une tarification à l’activité qui a conduit à accélérer la course aux actes, parfois inutiles : 30 % » d’après la ministre de la santé, se traduisant à travers de fortes disparités par région pour certaines opérations (Source : France Culture).

Enfin, cette dette des hôpitaux de 30 milliards d’euros qui est due, selon Frédéric Valletoux, Président de la Fédération hospitalière de France, a : ‘’depuis 2005, les établissements de santé publics, comme privés, se sont vu imposer près de neuf milliards d’euros d’économies. Si cela permet à la sécurité sociale de sortir du rouge, avec le vieillissement de la population et les maladies qui se compliquent, cela devient ingérable pour les hôpitaux” (Source : FranceInfo).

Pour conclure, il faut bien comprendre que depuis 2009 et la création des ARS (Agences Régionales de Santé) comme pilotes du système de santé (avec une triple mission d’organisation territoriale, de réduction des coûts et de contrôle de la qualité ainsi que de la sécurité des soins), le positionnement de ceux-ci concourt à faire de la performance hospitalière un outil décisionnel majeur. Le secteur hospitalier public doit répondre à une performance globale qui est, par nature, multidimensionnelle. A côté de l’efficacité clinique, l’hôpital doit remplir des objectifs d’efficience (utilisation optimale des ressources, productivité, adéquation des services), d’équité, de sécurité, de satisfaction du patient, de disponibilité et d’accessibilité, etc…

B. Les limites de l’efficience hospitalière

Un certain nombre d’indicateurs visant à mesurer la performance ont été développés et les sciences de gestion sont largement intégrées dans la construction des outils d’évaluation.

Néanmoins, aucun modèle intégrant les différentes dimensions de la performance hospitalière, n’est aujourd’hui généralisé à l’ensemble du secteur hospitalier français. Ainsi, à côté d’éléments purement financiers comme la maîtrise des dépenses, d’autres éléments sont tournés vers l’efficacité clinique qui inclut la qualité technique des soins et des résultats, en termes d’amélioration de l’état de santé des individus et de la population.

Différentes notions employées en marketing, en finance, en ressources humaines, en stratégie, sont donc intégrées dans la gestion des hôpitaux publics et c’est ce dont nous allons parler dans cette dernière partie via 3 exemples concrets.

  • Les 35 heures, une première limite mal anticipée dans les hôpitaux

Dans un entretien accordé au journal Le Figaro, Frédéric Valletoux, président de la FHF, juge en effet que les 35 heures instaurées en 2002 sont pour partie responsables des dysfonctionnements que connaît encore aujourd’hui l’hôpital public. « La question du temps de travail ne peut plus être taboue. Le nombre de jours travaillés ayant diminué et l’ensemble des postes n’étant pas pourvu, les agents peuvent être rappelés pendant leurs congés, changent de planning régulièrement… In fine, la mise en place de la réduction du temps de travail ne s’est pas traduite par une baisse significative de la pénibilité, et encore moins de l’absentéisme » (Source : Le Figaro).

Martin Hirsch, Actuel directeur général de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris tente d’y apporter une explication lors d’une interview en juin 2015 au Journal du Dimanche : « L’hôpital est passé aux 35 heures en 2002 sans changer son organisation. On a gardé les mêmes horaires en se disant qu’on verrait bien… Cela a tenu dix ans, cela ne tient plus du tout. Du coup, on traite les problèmes avec quinze ans de retard et de rancœurs accumulées ».

En 2005, Lionel Jospin alors Premier Ministre avait déjà reconnu : « Nous avons commis une erreur sur un point : nous n’aurions pas dû faire les 35 heures à l’hôpital tant que le personnel nécessaire n’était pas recruté et formé. »

L’application des 35 heures a donc bel et bien bousculé le travail des médecins et leurs équipes en les désorganisant et par conséquent en détériorant la qualité des soins in fine. Le problème de ces 35 heures a été de forcer le rythme et imposer la reforme sans impliquer les gens comme l’expliquait Bernard Kouchner alors Ministre de la sante en 2002 dans son livre ‘’ Le Premier qui dit la vérité … ‘’ (Robert Laffont, 2002).

En voulant rendre l’hôpital efficient via la mise en pratique des 35 heures, l’accompagnement de l’action n’a pas suivi, ce qui a désorganisé de nombreux services et a fait exploser les comptes d’heures supplémentaires, jamais payées ni rattrapées. Cependant, Jean Viard, directeur de recherches CNRS au Cevipov en 2015, centre de recherches politiques de Sciences Po et spécialiste des 35 heures pense que malgré tout : « Les 35 heures ont permis aux cadres d’avoir un pouvoir plus important sur leur emploi du temps. C’est essentiel dans une vie devenue très souple et discontinue. Ils travaillent sans doute plus qu’avant, mais quand ils veulent partir cinq jours, ils peuvent. Les ouvriers en revanche, travaillent 7 h 30 par jour : eux ne gagnent rien, il faudrait qu’ils aient eux aussi pouvoir sur leur emploi du temps » (Source : La Dépêche).

  • Une Direction qui évolue au fil du temps vers des gestionnaires

Promulguée le 21 juillet 2009, la Loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires) portée sur la réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires. On observe « l’apparition d’hôpital-entreprise avec une direction aux pouvoirs qui sont des managers sortis de grandes écoles » comme le dénonçait Roland Gori, psychanalyste et professeur émérite de psychologie et de psychopathologie clinique à l’université d’Aix-Marseille en décembre 2017 lors d’un débat sur les Burn-out en hôpital.

 

Pour accéder au directoire d’un hôpital, l’on peut passer par la voie du concours qui reste la voie principale jusqu’en 2011, soit par via une liste d’aptitude examinée par un jury ou bien comme le graphique nous le montre par ce que l’on appelle « Le Détachement ». Selon le CNG, ce détachement consiste à : « Peuvent seuls être détachés dans le corps des directeurs d’hôpital, après avis de la commission administrative paritaire nationale compétente, les fonctionnaires et les militaires répondant aux conditions prévues par les articles 13 bis et 13 ter de la loi n°83-634 du 13 juillet 1983 modifiée portant droits et obligations des fonctionnaires. Le détachement intervient à un grade comparable et à l’échelon comportant un indice égal ou, à défaut, immédiatement supérieur à celui détenu dans le corps d’origine ».

Il s’agit donc du corps de direction des administrations comme des administrateurs des finances publiques, du corps des magistrats financiers, du grand corps techniques de l’Etat avec des ingénieurs, ou bien du corps d’inspection générale.

Comme on le voit sur le graphique ci-dessus, depuis 2008, la part des Détachements n’a pas cessé de croitre atteignant même un pic de 63% en 2014 et 42% en 2018, ce qui ne laisse que très peu d’espace, environ 10% pour la liste d’aptitude.

Le détachement ne pouvant être que de 5 ans maximum, il est difficile pour un nouveau directoire de mettre en place des actions de long terme et donc favorise a priori le court terme.

De plus, Le décret no 2014-1706 du 30 décembre 2014 a modifié le décret no 2005-921 du 2 août 2005 portant sur le statut particulier des personnels de direction. Il a notamment mis en place un troisième concours, comme pour l’ENA. De ce fait, la répartition des places offertes est modifiée.

À compter de 2015, elle est désormais la suivante ; le nombre de postes offerts au concours externe (ouvert aux titulaires d’un diplômes de niveau II) est au plus égal à 60 % du nombre total des postes offerts aux trois concours, 5 à 10 % des places offertes sont proposées au troisième concours (ouvert aux personnes ayant au moins huit années d’activité dans le secteur privé ou bénévole, aux élus et aux représentants syndicaux), le différentiel étant offert au concours interne (réservé aux fonctionnaires et agents publics).

  • Le Lean Management, nouvelle vision de l’efficience

Dans son film « Burning-out », Jérôme le Maire, le réalisateur qui a suivi les membres de l’unité chirurgicale dans l’un des plus grands hôpitaux de Paris citait : « Alors que nous sommes dans un monde ou nous tentons d’humaniser les robots, les hommes se font déshumaniser jusqu’à devenir des robots ».

Le Lean Management provenant tout droit du toyotisme a essayé d’être adapter aux hôpitaux pour avoir des gains de productivité toujours plus élevé mais qui finalement présentent plus de limites que d’avantages.

En effet, derrière cette nouvelle organisation du travail on a notamment pour but d’éliminer le gaspillage et donc éliminer toutes les tâches qui ne rapportent pas d’argent. Cependant cette méthode n’est pas adaptée aux hôpitaux, car l’on baisse les « temps morts » et donc dans les soins, cela est représenté par le relationnel qui ne peut être quantifié et facturé.

De plus, un hôpital est financé par la sécurité sociale en fonction des soins médicaux qu’ils prodiguent, on l’a vue dans la première partie, c’est la T2A. Chaque maladie ou pathologie a un prix fixe par l’Etat dans le journal officiel du ministère des affaires sociales et de la santé. Derrière, si l’on analyse l’intérêt d’un hôpital, c’est tout simplement d’aller le plus vite possible étant donné que même si un patient reste 1 ou 20 jours le tarif restera le même. Cela démontre bien que la valeur n’est rien d’autre que ce qui est produit par des évaluations quantitatives ou par des conformités procédurales.

Ainsi, en Avril 2017, à l’initiative de l’ANFH (l’Association Nationale pour la Formation permanente du personnel Hospitalier), une étude a montré que 33 % des personnels hospitaliers ressentent un niveau élevé de stress au travail, étude menée auprès de 45 établissements publics de santé de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et de l’ex-Languedoc-Roussillon employant 80 000 agents. Les personnes interrogées voient quatre raisons principales à ces tensions : elles ont l’impression d’avoir une charge de travail plus importante et des conditions de travail dégradées. Elles soulignent que leurs valeurs personnelles sont en contradiction avec ce qui leur est demandé au travail et expriment un sentiment d’insécurité face à l’avenir.

Dans le journal Les Echos en avril 2013, Bertrand Jacquier ingénieur et psychologue au travail qui a accompagné le déploiement de projets « Lean » dans l’industrie dénonçait déjà les dérives de ce système qui est mal adapté au secteur hospitalier : De même, « Une infirmière ne met pas plus d’une minute pour faire une piqûre. Mais les dix minutes qu’elle passe dans la chambre d’un malade ne sont pas perdues : ce n’est pas un temps de “cure” (soigner) mais un temps de “care” (prendre soin) ». Enfin, le Lean management altère les relations au sein du collectif de travail : « La mise en flux tendu rend tous les opérateurs dépendants les uns des autres. Si l’un prend du retard sur la tâche qui lui est affectée, il pénalise les autres » (Source : Les Echos).

Pour conclure, nous pouvons analyser la limite qu’induit le Lean Management via la multiplication des manifestations, des grèves et des projets de Loi en France depuis 10 ans. Dans un communiqué de France Info, le 11 juin 2019 lors d’une demande de journée de mobilisation et de grève nationale, les syndicats mettaient en avant la « pénibilité des métiers », « la fatigue et l’épuisement des agents ne pouvant être en capacite d’effectuer leur travail avec le degré de concentration qu’exige la prise en charge d’êtres humains ‘’réclamant ainsi ‘’ l’augmentation des effectifs face a une surcharge qui est devenue la norme avec le Lean Management ‘’ et ‘’ l’arrêt de la fermeture de services et de lits ainsi que d’établissements » dénoncé par Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), dans le journal Le Parisien avec la fermeture de 100 000 lits en deux décennies (Source : FranceInfo).

Par Marvin Emery et Sylman Teulieres, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

Bibliographie

Articles de presse :

https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/05/27/les-46-preconisations-pour-ameliorer-la-gestion-des-hopitaux_1363664_3224.html

https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/01/10/a-l-hopital-saint-louis-le-recours-a-l-ambulatoire-oblige-a-etre-plus-efficient_5239864_3224.html

https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/03/07/aucun-systeme-de-financement-ne-garantira-l-efficacite-de-l-hopital-tant-que-ce-dernier-restera-une-boite-noire_5267138_3232.html

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/04/11/comment-les-hopitaux-sont-aussi-touches-par-les-emprunts-toxiques_4399725_4355770.html

https://www.techopital.com/lean-management-a-l%E2%80%99hopital–il-faut-d-abord-convaincre-la-majorite-de-la-direction-NS_3816.html

https://managersante.com/2017/08/07/les-cadres-hospitaliers-sous-lemprise-des-reformes-hospitalieres-quelles-strategies-dadaptation-et-pistes-devolutions/

https://solidarites-sante.gouv.fr/systeme-de-sante-et-medico-social/masante2022/article/moderniser-le-pilotage-de-l-hopital-et-son-management

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https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-economique/le-billet-economique-mardi-19-decembre-2017

Ouvrages :

Le management de pôles à l’hôpital ; Nobre, Thierry (auteur) ; Lambert, Patrick (auteur) ; Paris : Dunod, 2016

L’hôpital sous pression, Enquête sur le « nouveau management public » ; Belorgey, Nicolas (auteur) ; Paris : La Découverte, 2011

Gestion financière et pilotage médico-économique des pôles hospitaliers ; Grolier, Jacques (1950-….) (auteur) ; Rennes : Presses de l’École des hautes études en santé publique, 2013, cop. 2013

En finir avec le New Public Management ; IGPDE sous la direction de Nicolas Matyjasik ; Marcel Guenoun ; Mayenne, Ministère de l’Economie et des finances, 2019

Articles de recherche :

L’hôpital malade de l’« efficience » ; Docteurs Blouses ; Dans Revue du MAUSS 2013/1 (n° 41), pages 53 à 75

L’hôpital public ; ses contradictions, ses mutations ; Pierre Panel ; Dans Études 2007/10 (Tome 407), pages 319 à 330

L’hôpital et la logique managériale : quelle place pour le sujet ? – https://www.cairn.info/revue-le-journal-des-psychologues-2007-9-page-29.htm#

L’innovation managériale à l’hôpital –  https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2013-6-page-113.htm

La performance hospitalière : à la recherche d’un modèle multidimensionnel cohérent https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2009-5-page-116.htm

Quels modes de rémunération pour les chirurgiens ? – Rapport à la demande de Monsieur Xavier Bertrand Ministre de la Santé et des Solidarités – Guy Vallancien, François Aubart et Philippe Cuq

Vidéos :

Burn out aux urgences – Documentaire ARTE

Santé : la loi du marché – Cash Investigation

Comment fonctionne un hôpital – Des maux et des mots – Interview de Georges Nizard, psychologue économiste

Retour sur 10 ans de T2A (Tarification à l’activité) en France – conférence à l’Université de Genève animé par Brigitte Dormont, professeur à l’Université Paris Dauphine

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L’économie peut-t-elle être indépendante des autres sciences sociales et humaines ? https://master-iesc-angers.com/leconomie-peut-t-elle-etre-independante-des-autres-sciences-sociales-et-humaines/ Fri, 26 Apr 2019 11:26:30 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3030 Par sa méthode l’économie est classée comme une science sociale.  Cette approche induit que l’économie est étroitement liée aux autres sciences de la sociologie, la politique, la psychologie etc… Toutes ces disciplines (qui sont appelées parfois des sciences comportementales) étudient… Continuer la lecture

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Par sa méthode l’économie est classée comme une science sociale.  Cette approche induit que l’économie est étroitement liée aux autres sciences de la sociologie, la politique, la psychologie etc… Toutes ces disciplines (qui sont appelées parfois des sciences comportementales) étudient les interactions et le comportement des êtres-humains individuellement et en groupe. Cet article a pour objectif d’analyser les interrelations entre l’économie et les autres sciences sociales et humaines afin de savoir si l’économie pourrait être indépendante de ces sciences. On va traiter cette question en analysant les liens qui existe entre l’économie et trois sciences importantes : la sociologie, la science politique et l’histoire

1- L’économie et la sociologie

La sociologie et l’économie en tant que sciences sociales ont une relation étroite, l’un étant souvent considéré comme une branche de l’autre. Selon l’économiste américain Thomas Sewell, l’économie n’est en réalité qu’une branche de la science complète de la sociologie.  En effet, la sociologie étudie la société dans son ensemble, qui comprend diverses institutions et structures, les facteurs économiques qui prévalent auront souvent un effet sur les institutions, affectant ainsi la société dans son ensemble.

L’économie traite les activités économiques de l’homme. L’économiste britannique Alfred Marshall définit les sciences économiques comme “d’un côté l’étude de la richesse, et de l’autre côté, une partie de l’étude de l’homme”. Le professeur Lionel Rohbins définit la science économique comme “Science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre les fins et les moyens rares à usages alternatifs”. Il peut également être compris comme la science de la richesse dans ses trois étapes à savoir; la production, la distribution et la consommation.

Les sciences économiques étudient l’homme en tant que source et créateur de richesse. D’où le fait que la richesse constitue le problème central de l’économie. Il étudie également les interrelations de facteurs et de forces purement économiques : les relations demande-prix-offre, les flux monétaires, les ratios input-output, etc. Il étudie aussi la structure et la fonction des organisations économiques telles que les banques, les usines, les marchés, les entreprises, les transports, etc. Récemment, les économistes ont montré un intérêt accru pour la motivation derrière l’action économique de l’homme.

L’interaction mutuelle entre l’économie et la sociologie : La sociologie et l’économie sont mutuellement utiles : les relations des phénomènes économiques sont étroitement liées aux activités sociales. En même temps, les relations sociales sont affectées par les activités économiques. En raison de cette relation étroite, Thomas considérait l’économie comme la branche de la sociologie.

L’Interprétation sociale des mutations économiques (la sociologie économique)

La sociologie économique est par définition l’application de concepts et de méthodes sociologiques à l’analyse de la production, de la distribution, des échanges et de la consommation de biens et de services.

Certains économistes, comme les grands théoriciens Max Weber et Joseph Schumpeter, ont considéré les changements économiques comme un aspect du changement social. Selon eux, l’étude de l’économie serait incomplète sans une compréhension de la société humaine ils indiquent que le système économique est une partie Indivisible de la structure sociale.

La société, ses structures, ses organisations, ses institutions, ses forces et ses faiblesses, affectent sans doute les activités économiques de ses citoyens. Dans son célèbre livre ‘The Protestant Ethic and the Spirit of Capitalism’, Max Weber a montré comment les facteurs sociaux, en particulier les croyances religieuses et l’éthique pratique, influencent les activités économiques des individus. Selon lui, l’éthique protestante progressiste a stimulé la croissance rapide du capitalisme chez les occidentaux, tandis que l’hindouisme et le bouddhisme, avec leur approche dite fataliste, n’ont pas réussi à stimuler la croissance du capitalisme chez les orientaux.

Interprétations économiques des changements sociaux

De l’autre côté, il y a des environnementalistes comme Karl Marx et Veblen, selon lesquels les phénomènes sociaux sont déterminés par les forces économiques. Selon eux, la réalité sociale ou le changement social peuvent être expliqués en termes de forces économiques. Selon Marx, l’infrastructure d’une société n’est rien d’autre que les relations économiques entre ses citoyens. Cependant, les spécialistes des sciences sociales sont de plus en plus conscients de l’interaction mutuelle entre les forces économiques et non économiques de la société. Les sociologues ont contribué à l’étude de différents aspects de l’organisation économique.

En effet, la connaissance des importants aspects économiques, telle que le système de propriété, la division du travail, l’organisation industrielle, etc, est fournie aux  économistes par des sociologues. D’ailleurs, des questions essentielles telles que les relations de travail, le niveau de vie, les relations employeur-employé, les classes sociales, la planification socio-économique, les réformes socio-économiques, etc., sont des questions communes entre les économistes et les sociologues. La coopération entre la sociologie et l’économie s’élargit de plus en plus.

Des économistes analysent actuellement les facteurs sociaux qui influencent la croissance économique, ils travaillent également avec les sociologues dans des études concernant  le développement économique dans les pays en voie de développement. Les économistes recourent de plus en plus aux concepts sociologiques et aux généralisations pour étudier les problèmes économiques.

En outre, Des problèmes ayant des implications socio-économiques, tels que la pauvreté, la mendicité, le chômage, la surpopulation, l’industrialisation non réglementée sont étudiés à la fois par des sociologues et des économistes.

2- L’économie et la science politique

La science économique se préoccupe d’étudier et d’influencer l’économie de l’Etat. La politique est la science de l’État, elle désigne la théorie et la pratique d’influencer les gens en exerçant le pouvoir. Théoriquement, l’économie devrait être non politique. Un économiste idéal devrait éviter tout biais politique pour donner des informations et des recommandations neutres par rapport à l’amélioration de la performance économique du pays. Cependant, en réalité, les deux sciences sont forcément liées et ont de nombreux problèmes en commun, en raison des nombreuses situations où l’État influence et /ou est influencé par la manière dont son peuple vit, d’ailleurs la performance économique constitue aujourd’hui un des principaux champs de bataille politique.

Comment la politique pourrait-t-elle influencer l’économie :

 1- Un gouvernement stable est une condition du développement économique: En effet, la nature, la portée et les progrès du développement économique dépendent de la stabilité du gouvernement. Un gouvernement instable affaiblit le système économique.

2- La politique détermine les objectifs économiques: Le gouvernement d’un État, c’est-à-dire le système politique, sélectionne et définit le plan ainsi que les objectifs économiques à atteindre pour les peuples. Les dirigeants politiques déterminent les objectifs et la politique économiques à l’aide et en consultant des experts économiques.

3- L’idéologie politique détermine le système économique: L’idéologie politique des détenteurs du pouvoir conditionne toujours le système économique. Le système économique doit fonctionner dans l’environnement généré par les relations politiques. L’économie doit suivre attentivement les objectifs et les politiques étudiés par la science politique.

4- L’Etat résout les problèmes économiques: Sans doute les problèmes économiques affectent le système politique de la société. Pourtant, c’est le système politique qui formule et met en œuvre les politiques publiques considérées comme essentielles pour résoudre les problèmes économiques.

5- le Budget, la base de l’économie est un instrument politique: Le budget détermine toujours la politique économique et la santé économique d’un État. L’élaboration et l’adoption du budget sont des pratiques politiques exercées par le gouvernement.

L’économie est par conséquent toujours guidée par la politique, et les économistes ont recours à la science politique pour garantir des politiques et des objectifs économiques corrects.

3- Les sciences économiques et l’histoire

L’histoire et l’économie impliquent l’étude des événements et des modèles qui se sont produits au fil du temps et qui affectent le présent. Le lien entre les deux disciplines fait référence à l’histoire économique. L’histoire économique est une discipline de la recherche historique ayant pour objet l’étude des phénomènes économiques du passé et leur évolution dans le temps, elle combine à la fois des méthodes de recherche propres à l’historien et d’autres purement économiques, comme les statistiques. Ce domaine inclut principalement l’étude de l’histoire financière et commerciale et se chevauche avec des domaines de l’histoire sociale tels que l’évolution historique de la démographie et l’histoire de travail. L’étude quantitative – dans ce cas-là économétrique – de l’histoire économique est également appelée cliométrie.

La nouvelle histoire économique, ou la cliométrie, fait référence à l’utilisation systématique de la théorie économique et / ou de techniques économétriques pour étudier l’histoire économique. Le terme cliométrie a été inventé par Jonathan R. T. Hughes et Stanley Reiter en 1960 et désigne Clio, l’égérie de l’histoire et de la poésie héroïque de la mythologie grecque. Les cliométriciens affirment que leur approche est nécessaire parce que l’application de la théorie est essentielle pour écrire une histoire économique solide. Une des erreurs de “l’ancienne” histoire économique, selon la cliométrie, qu’elle est une histoire descriptive qui n’utilise pas assez de statistiques et mathématiques tandis que les historiens s’opposent généralement à cette idée en mettant en garde contre le risque de générer des anachronismes.

La nouvelle histoire économique s’est développée aux Etats-Unis juste après la grande crise, son but était de créer une narration du passé qui soit en accord avec l’économie néolibérale. Le domaine ne peut être compris qu’après comprendre le contexte intellectuel et culturel des États-Unis à l’époque. La cliométrie utilise de préférence la déduction économique plutôt que l’induction historique; elle recourt aussi à beaucoup de statistiques et mathématiques, qu’elle combine aux indices historiques pour défendre des théories économiques.

La nouvelle histoire économique se différencie donc de l’histoire classique ou “normale” par son utilisation de méthodes issues de l’histoire quantitative pour organiser les preuves, et par un recours systématique à des théories lui permettant de généraliser des modèles.

En conclusion on peut déduire que l’économie est une science interdisciplinaire de par ses liens avec des autres sciences sociales et humaines, avec les sciences exactes en termes d’outils, de logique ou encore de tests, qu’avec les autres sciences sociales en termes d’éclaircissements du contexte et des mobiles de l’action.

Par Nivine Albouz, promotion 2018-2019 du M2 IESCI

Références

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Dufourt, D., 1992. Les relations économie-histoire et le statut scientifique des sciences sociales chez Hicks et Schumpeter. Revue française d’économie7(1), pp.167-214. https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00394581/document

Lapointe, T.S. and Masson, I., 2004. Les relations entre le «politique» et «l’économique» dans le discours et les pratiques de la «guerre contre le terrorisme». Cultures & Conflits, (54), pp.81-103. https://journals.openedition.org/conflits/1536

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Roncaglia, Alessandro. “On the Relationship Between Economic and Political Discourses: a Few Examples.” Istituzioni e sviluppo economico (2003). http://www.eshet.net/public/lecture%205.PDF

Sapir, J., 2004. L’économie est-elle une anti-politique?. Cahiers d’économie politique/Papers in Political Economy, (2), pp.111-126. https://www.cairn.info/revue-cahiers-d-economie-politique-2004-2-page-111.htm

Steiner, P., 2005. Pourquoi la sociologie économique est-elle si développée en France?. L’Année sociologique, 55(2), pp.391-415.http://ses.ens-lyon.fr/ses/articles/pourquoi-la-sociologie-economique-est-elle-si-developpee-en-france–25393

Tittenbrun, Jacek. “Sociology of the economy versus economic sociology.” Warsaw Forum of Economic Sociology. Vol. 1. No. 1 (1). 2010 http://kolegia.sgh.waw.pl/pl/KES/struktura/IFSISE/Documents/6.Jacek_Tittenbrun,Sociology_of_the_Economy_versus_Economic_Sociology.pdf

Ughetto, P., 2006. Sociologie économique et économie politique. Revue Interventions économiques. Papers in Political Economy, (33). https://journals.openedition.org/interventionseconomiques/748#tocto1n2

Verley, P., 2002. Histoire (s) économique (s) et sciences économiques. L’Economie politique, (4), pp.70-86. https://www.cairn.info/revue-l-economie-politique-2002-4-page-70.htm

Webographie

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https://rationalitelimitee.wordpress.com/2010/01/13/economie-et-psychologie-une-longue-histoire/

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Le Brésil sous la présidence de Bolsonaro, analyse des facteurs de risque pays https://master-iesc-angers.com/le-bresil-sous-la-presidence-de-bolsonaro-analyse-des-facteurs-de-risque-pays/ Tue, 19 Mar 2019 11:56:08 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3012 En janvier 2019, Jair Bolsonaro est devenu le 38ème président du Brésil. L’ancien officier militaire et président d’extrême droite du Parti social libéral (PSL), a été qualifié de “Tropical Trump”. Les défis économiques de Bolsonaro sont plus redoutables que sa… Continuer la lecture

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En janvier 2019, Jair Bolsonaro est devenu le 38ème président du Brésil. L’ancien officier militaire et président d’extrême droite du Parti social libéral (PSL), a été qualifié de “Tropical Trump”. Les défis économiques de Bolsonaro sont plus redoutables que sa quête présidentielle. En effet, les cicatrices produites par le ralentissement économique de 2015-2016, le plus grave depuis 1990, sont très profondes même avec la lente reprise. Le PIB réel en 2018 était toujours inférieur de 6 % à celui du premier trimestre 2014.

Pourtant, ce n’est pas seulement l’activité économique à court terme sur laquelle Bolsonaro devra se concentrer. La santé budgétaire est une préoccupation majeure – le pays a perdu sa note «investment grade» en 2015. Après l’élection, la dette souveraine du Brésil a été notée BB- (par rapport à BB avant janvier 2018) par l’agence de notation américaine S & P, soit trois notes en dessous de la catégorie Investment grade. L’économie est également confrontée à un manque de compétitivité; son régime fiscal, par exemple, a besoin d’un véritable changement: le Brésil est classé 184ème sur 190 pays par la « World Bank’s doing business rankings » pour le paiement des impôts. L’instabilité politique liée à l’élection présidentielle ainsi qu’aux scandales de corruption des gouvernements précédents, ajoutés aux problèmes économiques profonds depuis la crise de 2015, font apparaître de nombreux facteurs de risque pour le Brésil.

1- Une forte incertitude politique suite aux élections d’octobre 2018

La situation politique intérieure du Brésil reste très incertaine en raison du scandale de corruption autour de la compagnie pétrolière Petrobras (Les procureurs ont affirmé que des entreprises de construction de premier plan et d’autres entreprises avaient versé d’énormes pots de vin à de hauts fonctionnaires de Petrobras et à des hommes politiques en échange de contrats). En conséquent, plus de la moitié des membres du Congrès et même l’ancien président Michel Temer ont été impliqués[1]. Les enquêtes de corruption  autour des gouvernements précédentes et des sociétés pétrolières avec la lente application de loi ont généré une instabilité politique en limitant les niveaux d’investissement et de développement du pays.

L’incertitude politique a été renforcée avec l’arrivé au pouvoir politique, en janvier 2019, de Bolsonaro, élu d’extrême droite notoire pour son hostilité envers les immigrants, les minorités ethniques et l’environnement ainsi que pour sa politique protectionniste susceptible de décourager les investissements directs étrangers. La dette souveraine du Brésil est actuellement notée BB- (Non-investissement grade spéculative) par l’agence de notation américaine S & P, soit trois notes en dessous de la catégorie Investment grade, bien que cette note a été BB avant janvier 2018. La dégradation de la note de brésil vient de la préoccupation des agences sur l’adoption d’un plan de réforme. Les agences Moody’s et Fitch ont également abaissé leur note à Ba2 et BB respectivement.[2]

Aux problèmes de l’incertitude et des scandales politiques, s’ajoute le niveau de crime au Brésil susceptible de menacer la sécurité politique du pays.  Le Brésil se classe parmi  les 20 premiers pays en termes de taux d’homicides volontaires, selon UNODC Statistics Online (l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime)[3].

2- Des risques macro-économiques dirigés par le déficit budgétaire

Depuis 2017 le Brésil se relève lentement de la sévère récession qui l’a frappé entre 2015 et 2016, aidé principalement par la hausse des exportations et la reprise de la consommation privée[4]. Cette crise a été considérée comme la plus profonde de l’histoire économique du Brésil, et était beaucoup plus intense que celle qui a eu lieu entre 1981 et 1992, au cours de laquelle le PIB par habitant avait un taux de croissance négatif accumulé de 7,5%.

Le tableau 1 représente les indicateurs macroéconomiques majeurs du pays entre 2014-2019. Au cours de la période 2014-2016 le brésil a accumulé une contraction de 6.8% de son PIB réel. La croissance de PIB réel devrait atteindre 2.5% en 2019 après avoir enregistré 1.1% et 1.3% en 2017 et 2018, soutenus essentiellement par une nouvelle augmentation des exportations et de la consommation privée ainsi que par la croissance de l’investissement (graphique 1).

 Le niveau de vie mesuré par le PIB par habitant en Parité de pouvoir d’achat est en baisse depuis 2014. En 2018 il a atteint 13820 USD par rapport à 15374 en 2014. Le niveau de vie au Brésil reste assez faible par rapport à d’autres pays en Amérique latine tels que l’Argentine et le Mexique (graphique 2).

Malgré la croissance économique depuis deux ans, le pays assiste à une forte montée du taux de chômage : 13.32%  de la population totale en 2017 et 12% en 2018 contre 6.67% en 2014.

Depuis 1998 l’inflation a atteint le taux le plus bas en 2017 (3.4%),  sous l’effet notamment de la baisse des prix des produits alimentaires. Le pays avait enregistré une inflation de 9.03% en 2015, et de 8.7% en 2016. Le taux atteint en 2017 est passé sous l’objectif officiel de 3% (4,5%, avec 1,5 point de marge de tolérance). En 2019 L’inflation restera proche de l’objectif de la banque centrale (4,25 % pour 2019)[9]

La baisse de l’inflation a permis à la Banque centrale de procéder à des réductions successives de son taux directeur. Les taux directeurs sont les taux d’intérêts auxquels les banques centrales, qui les imposent, accordent des crédits à court terme aux banques commerciales. Ce taux considéré comme un indicateur agit sur la vie économique d’un pays, il influence directement l’octroi des crédits et l’inflation. Il a également un fort impact sur le taux de change d’une monnaie donc sur les investissements, les importations et les exportations[10]. Pour le Brésil ce taux est fixé à 6.5% en 2018 pour tenter de relancer l’investissement domestique et la consommation. Cependant, ce dernier taux devrait avoir une hausse de 1% en 2019 suite à l’élection présidentielle d’octobre 2018 et l’incertitude qui en résulte. En outre, le taux d’intérêt réel est resté élevé, l’inflation ayant chuté plus rapidement que le taux d’intérêt nominal[11].

Malgré la diminution des déficits budgétaires les dettes publiques demeurent élevées. En 2017 et 2018 le compte budgétaire a enregistré un déficit de 7.8 et 7.1 % bien qu’il a atteint 10.3% en 2015, il devrait ainsi continuer à diminuer en 2019 pour atteindre 6%. Malgré ce recul dans le déficit budgétaire la dette publique restent toujours supérieur à 50% de PIB.

Le déficit du compte courant du Brésil augmentera au cours de l’année 2019 de 0,5% du PIB en 2017 et  0,8% en 2018 pour atteindre 1,2% en 2019. Néanmoins, cela représente une réduction sensible des déficits annuels de 4,2% et 3.3% du PIB enregistrés en 2014 et 2015.

Bien que le commerce extérieur ne représente qu’un peu plus du quart de son PIB, le Brésil figure parmi les 25 plus gros exportateurs et importateurs du monde. Le pays a un potentiel économique énorme. Ses principaux partenaires commerciaux en 2017 étaient la Chine, les États-Unis, les pays du Mercosur et l’UE[13]. Toutefois, les tarifs douaniers à l’importation des États-Unis et les perturbations des flux commerciaux mondiaux pourraient avoir un impact sur la croissance des exportations[14]. Les risques à la baisse des exportations sont liés à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, cette dernière étant la principale destination des exportations du Brésil. De plus, la crise persistante en Argentine (troisième partenaire d’exportation du Brésil) va continuer d’entraver les résultats des exportations de produits manufacturés en 2019.Le Brésil exporte principalement des produits agricoles et alimentaires, des minéraux, des véhicules pétroliers et aériens et importe des hydrocarbures, des véhicules, des produits chimiques et pharmaceutiques ainsi que des produits électriques et électroniques.

Le Brésil c se spécialise dans la production et l’exportation des biens primaires et plus particulièrement dans les produits agricoles, alimentaires et les minerais. L’absence de spécialisation dans les biens manufacturés rend les revenus du Brésil sensibles aux variations des prix internationaux des ressources sur ces marchés, ainsi qu’aux demandes internationale de matières premières notamment la demande de la Chine, le premier importateur de produits brésiliens et le premier partenaire commercial du Brésil en 2017. L’affaiblissement de la demande chinoise pour les métaux industriels tels que le minerai de fer ainsi que des gains plus modestes dans la production du pétrole freineront la croissance des exportations[15].

Les taux de change réels effectifs mesurent la compétitivité prix d’un pays. Une hausse du taux de change effectif réel correspond à une dégradation de la compétitivité change (resp. prix) par rapport aux concurrents commerciaux. Le Brésil a enregistré le TCRE le plus faible en 2016 (67%). Ce taux s’est apprécié de nouveau en 2017 et 2018 pour atteindre 87 et 81% respectivement, indiquant une perte de la compétitivité du pays.

La balance commerciale du Brésil est structurellement positive en 2016, le déficit commercial entre 2010 et 2015 s’explique par la baisse des prix des matières premières, par l’augmentation des importations d’énergie et la perte de compétitivité des produits brésiliens. Néanmoins, la reprise des importations devrait élargir légèrement le déficit de la balance commerciale au cours des prochains trimestres. La hausse des importations de biens d’équipement a sous-tendu une croissance totale des importations de 23,9% sur douze mois en août, et il est probable que la hausse des prix du pétrole stimulera les coûts d’importation du Brésil[16].

Le solde du compte courant du Brésil représentait -1,3% du PIB en 2016, puis il s’est amélioré pour atteindre -0.5% en 2017. Pour les années 2018 et2019 le compte courant devrait enregistrer un déficit de 0.8 et 1.2% du PIB ,le Brésil souffre du premier cercle vicieux de la balance de paiement selon lequel un déficit courant est auto entretenu, en effet le déficit courant implique une entrée des capitaux qui est utilisé non pas pour l’amélioration de l’industrie du pays mais pour payer les dettes passées, ce qui va entrainer de nouveaux déficits courants[17].

3- Un risque financier relativement modéré

Les IDE représentant la majorité des flux des capitaux il semble qu’il n’y ait pas de risque de financement significatif pour le déficit de la balance courante du Brésil.

 L’investissement direct étranger (IDE) a connu une croissance entre 2007 et 2017 bien qu’il s’est ralentit un peu au cours des années 2012-2013. Le solde d’IDE a atteint -65,4 milliard dollars en 2017 représentant 2% d’augmentation par rapport au 2016. Selon le Rapport de la CNUCED sur les Investissements Mondiaux 2018, le Brésil s’est classé en 4ème place mondiale en 2017 pour les investissements directs étrangers (7ème en 2016). Au niveau régional, il représente la première économie attirant des investissements dans l’Amérique latine[18]. Il y a plusieurs facteurs qui font du Brésil un pays attirant des IDE, d’abord c’est un marché diversifié qui compte environ 212 millions d’habitants, deuxièmement sa position géographique stratégique en Amérique du Sud, de plus le Brésil dispose de ressources naturelles avec une facilité d’accès aux matières premières. Cependant, l’entrée de capitaux au Brésil demeure incertaine en 2019 du fait de l’incertitude politique et de lapolitique protectionniste menée par le nouveau président Bolsonaro.

Les deux autres catégories d’entrées de capitaux présentent un solde positif en 2017, bien plus volatiles, le solde des investissements portefeuille a enregistré un excédent de19 Mds USD. En outre, un stock important de réserves de change compensera les écarts temporaires entre le déficit du compte courant et l’excédent du compte financier.

Les réserves internationales à la Banque centrale (381 Mds USD en septembre 2018) restent à un niveau élevé et représentent plus de 400% de la dette externe brute de court terme[19].  En conséquence, le Brésil semble à l’abri d’une crise de change.

La dette extérieur du Brésil en pourcentage de PIB est le ratio qui mesure la solvabilité de pays, on constate que ce ratio était supérieur à 50% aux années 1983 et 1984 c’est-à-dire que l’endettement augmentait plus que proportionnellement que le PIB. En 2016 les dettes extérieures totales du brésil représentaient 30.89% et le ratio a diminué encore en 2017 pour atteindre 26.97%  selon les statistiques de la banque mondiale. Bien que la dette extérieure du Brésil soit toujours importante, elle présente un risque relativement faible pour la stabilité de sa balance de paiements. Avec une dette extérieure à long terme à 89,6% en 2017, il est probable que le risque de rollover[1] sera relativement réduit. La majorité de cette dette est constituée de dette privée, les emprunts des entreprises et des ménages brésiliens étant de plus en plus financés extérieurement au cours de la dernière décennie[20].

En conclusion on peut résumer qu’après la sortie de la pire récession de l’histoire moderne du Brésil en 2017, une reprise vigoureuse n’a toujours pas démarré, l’activité étant minée par un taux de chômage élevé, une confiance décevante, un contexte mondial moins favorable et un climat politique instable. D’où, une mise en œuvre de réformes économiques cruciales et une réduction du bruit politique seront essentielles par le nouveau gouvernement afin de renforcer la dynamique de l’économie et d’améliorer la note du pays.

Par Nivine Albouz, promotion 2018-2019 du M2 IESCI

Bibliographie

[1] Rollover risk is a risk associated with the refinancing of debt. Rollover risk is commonly faced by countries and companies when a loan or other debt obligation (like a bond) is about to mature and needs to be converted, or rolled over, into new debt. If interest rates have risen in the meantime, they would have to refinance their debt at a higher rate and incur more interest charges in the future – or, in case of a bond issue, pay out more in interest. source: https://www.investopedia.com/terms/r/rollover-risk.asp

[1] https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/12/06/crise-politique-au-bresil-si-vous-n-avez-rien-suivi_5044424_4355770.html

[2] https://countryeconomy.com/ratings/brazil

[3] UNODC Statistics Online (United Nations Office on Drugs and Crime). data.unodc.org. Retrieved 2018-01-28.

[4] https://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Bresil

[5] http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/tend/BRA/fr/NY.GDP.PCAP.PP.CD.html

https://countryeconomy.com/deficit/brazil

https://countrymeters.info/fr/Brazil

https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SL.UEM.TOTL.ZS?locations=BR

[6] https://www.oblis.be/fr/news/2018/12/19/banque-centrale-bresil-maintient-taux-directeur-plus-bas-historique-544938

[7] https://fr.statista.com/statistiques/565070/taux-de-chomage-au-bresil/

[8]  CEPII 2018 : Ficher transmi par Baulant. C

[9] Coface études économiques, Brésil, https://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Bresil

[10] https://www.bforbank.com/bourse-pea/taux-directeurs.html

[11] Economic Survey of Latin America and the Caribbean ▪ 2017 https://repositorio.cepal.org/bitstream/handle/11362/42002/18/EEI2017_Brasil_en.pdf

[12]http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=2&codeStat=FP.CPI.TOTL.ZG&codePays=BRA&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=2&codeStat2=FR.INR.RINR&codePays2=BRA&optionsDetPeriodes=avecNomP&forceAxe=on

[13] Brazil Country Risk Report Q1 2019, Fitch solutions, base de données scientifique université d’Angers

http://web.a.ebscohost.com.buadistant.univ-angers.fr/ehost/detail/detail?vid=5&sid=52a29ef4-a972-4961-b536-a1532c2a1a79%40sessionmgr4006&bdata=Jmxhbmc9ZnImc2l0ZT1laG9zdC1saXZl#AN=132451621&db=bsu

[14] https://www.eulerhermes.com/en_global/economic-research/country-reports/Brazil.html#link_internal_1

[15] Brazil Country Risk Report Q1 2019, Fitch solutions

[16] Brazil Country Risk Report Q1 2019, Fitch solutions, base de données scientifique université d’Angers

[17] Baulant. C  (2018), cours des mutations économie mondiale, 2ème chapitre

[18] https://unctad.org/en/PublicationsLibrary/wir2018_en.pdf

[19] https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/BR/indicateurs-et-conjoncture

[20] http://www.bsi-economics.org/831-bresil-spirale-taux-interet-jt

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La folie contagieuse des transferts : quelles perspectives pour les agents de joueurs ? https://master-iesc-angers.com/la-folie-contagieuse-des-transferts-quelles-perspectives-pour-les-agents-de-joueurs/ Mon, 09 Apr 2018 09:37:13 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=2860 En 1956 Raymond Kopa alors joueur du Stade de Reims s’engage au Real Madrid pour 52 millions de francs, ce qui équivaut aujourd’hui à 1 million d’euros environ, il est considéré comme le premier gros transfert du monde du football.… Continuer la lecture

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En 1956 Raymond Kopa alors joueur du Stade de Reims s’engage au Real Madrid pour 52 millions de francs, ce qui équivaut aujourd’hui à 1 million d’euros environ, il est considéré comme le premier gros transfert du monde du football. À l’époque, cela paraît déjà quelque peu démesuré, un homme échangé contre une somme à 8 chiffres. Pourtant, aujourd’hui, on pourrait presque en sourire, car la superstar française de l’époque a été échangée contre la même somme d’argent qu’un bon joueur de deuxième division française en 2018.

L’été dernier, le joueur le plus cher de l’histoire du football, Neymar est transféré du Fc Barcelone au Paris-Saint-Germain pour la modique somme de 220 millions d’euros. Le calcul n’est pas bien compliqué, Neymar vaut aujourd’hui près de 220 fois plus que le meilleur joueur de la saison 1956 (lauréat du ballon d’or), Raymond Kopa. Le point de départ de cette hyperinflation date de l’arrêt Bosman en 1995 qui a favorisé la mobilité des joueurs entre les différents pays, ce qui montre que même le monde du football n’échappe pas à l’influence de la mondialisation. Ces nouvelles dispositions ont pour conséquence une inflation salariale, et par conséquent une augmentation du prix des transferts. En 2016, notamment sous la poussée et la puissance financière des clubs de football chinois, le marché des transferts a enregistré des mouvements record puisque lorsqu’on s’intéresse aux 200 transferts (achats de joueurs) les plus onéreux du marché international, on arrive à un total de 3,4 milliards d’euros dépensés sur le marché des transferts. Par comparaison, pour l’année 2005, la somme des 200 transferts les plus chers accumulés représentait environ 800 millions d’euros. Le montant total des grands transferts européens a été multiplié par plus de 4 en 11 ans seulement, ce qui est considérable.

La hausse des droits TV et la démesure du marché anglais

Un élément fondamental entre en jeu dans l’inflation exponentielle du prix des transferts de joueurs, c’est la hausse des droits télévisuels reversés aux clubs puisqu’en général, les droits sont versés en fonction des performances sportives des clubs qui sont eux-mêmes dépendants des ressources dont ils disposent. Ce fossé entre les clubs est renforcé par les compétitions européennes qui redistribuent des droits télévisuels considérables, ce qui renforce les revenus des clubs qui avaient déjà de grandes ressources, ils peuvent ensuite réinvestir dans l’achat des meilleurs joueurs du monde. Le championnat anglais est le championnat européen qui génère le plus de droits télévisuels. Ainsi la puissance financière des clubs anglais, via la globalisation des transferts va avoir un impact sur le marché des transferts car les clubs vendeurs partout en Europe principalement, ont bien conscience de la hausse du consentement à payer des clubs anglais et en profitent pour faire monter les enchères, on entrent clairement dans un cercle vicieux. Sur la période 2016-2019, les clubs anglais vont se partager plus de 5,1 milliards de livres sterling, 5,8 milliards d’euros soit environ 27 fois plus que pour les saisons 1992-1997.

Le marché de la tierce propriété limité depuis 2015

Qu’est-ce  que  la  tierce propriété ? Un club  souhaite  s’offrir un joueur avec de belles  perspectives  d’avenir  mais  celui-ci  suppose  un  investissement  trop lourd pour le club intéressé qui n’a pas le financement nécessaire à l’achat du joueur. Alors  le  club  peut  faire  appel  à  la  tierce  propriété  pour  supporter  le  coût.  On  peut prendre par exemple un joueur qui vaudrait 10 millions d’euros quand bien même le club intéressé ne serait prêt à débourser que 5 millions d’euros. C’est à ce moment-là que  la  tierce  propriété  entre  en  jeu.  Le  club  se  finance  auprès  d’un  fonds d’investissement  et  lui  cède  50%  de  ses  droits  sur  le  joueur.  Ainsi  le  club  compte parmi ses recrues un  joueur valant 10 millions d’euros  mais n’aura dépensé que la moitié.  Puis,  imaginons  deux  ans  plus  tard que le  joueur se  révèle  et  attire  l’attention d’un club plus huppé prêt à sortir son chéquier à hauteur de 30 millions d’euros. Ainsi lors de la transaction, le club qui avait misé sur lui ainsi que le fonds d’investissement se partageront les indemnités de transfert liées à la transaction proportionnellement à leurs  détentions  respectives  initiales  de  droits  sur  le  joueur.  Chacun  touchera  15 millions d’euros et se verra donc réaliser une plus-value intéressante.

 Ce qui paraît frappant,  c’est  le  fait  que  le  club  réalise  une  plus-value  sur  un  joueur  dont  il  ne pouvait même pas financer entièrement le transfert deux ans plus tôt. C’est ici qu’on voit l’apport conséquent de la tierce propriété. Des clubs avec des moyens financiers restreints peuvent ainsi s’offrir et conserver quelques années des joueurs talentueux pour en tirer bénéfice dans le futur. Ils dégageront ensuite de nouvelles ressources financières  pour  être  un  peu  plus  compétitif  sur  le  marché  des  transferts.  Dès  lors les agents  peuvent entrer  en  jeu  et conseiller  à  des  fonds  d’investissement  d’acheter  les droits des joueurs dans des clubs où ils ont placé plusieurs joueurs comme l’agent Jorge Mendes l’a fait avec le FC Porto notamment. L’intérêt est commun car les clubs peuvent s’offrir des joueurs de qualité à moindre coût, le fonds d’investissement va faire une plus-value à la revente pendant que les agents toucheront une commission astronomique de leur côté.

Le premier mai 2015, la tierce propriété (TPO) a été interdite par l’instance du football mondial, la FIFA. Cela dans le dessein de limiter les effets néfastes des TPO sur le marché des transferts. En effet, on sait que les fonds d’investissement détiennent les droits de plusieurs joueurs, or il s’avère que ces joueurs qui appartiennent au même fonds d’investissement peuvent être amenés à être adversaires lors d’un match. Ainsi il convient de s’interroger sur l’intégrité de certaines rencontres de football. On peut se demander si les joueurs sont réellement guidés par leurs performances sportives ou par la spéculation boursière des fonds d’investissement.

Les TPO étant désormais prohibés, les fonds d’investissement tels que Doyen Sports, XXIII Capital, Fair Play Capital cherchent des alternatives à ces barrières mises en place par la FIFA. Le fonctionnement est le même qu’avec les TPO à un détail près et qui n’est pas sans importance, les fonds d’investissement ne détiennent plus un actif (une partie d’un joueur) mais une créance sur cet actif ce qui ne semble pas être illégal. Ces fonds se défendent devant les critiques qui les accusent de déguiser les TPO en TPI en indiquant que les clubs sont libres de revendre les joueurs quand ils le veulent du moment qu’ils remboursent leurs dettes auprès des fonds comme le ferait n’importe quel ménage ayant acheté sa voiture à crédit par exemple.

Il est important de noter que les dettes contractées par les clubs peuvent être titrisées et donc se retrouver mélangées à d’autres types d’encours pour ainsi être vendues comme n’importe quelles obligations. Ces tranches de dettes deviennent alors ce que l’on appelle des « soccer bonds ». Les investisseurs peuvent donc obtenir l’acquisition de ces soccer bonds sans le savoir. Voilà une situation qui n’est pas sans rappeler la crise des subprimes en 2008 avec des banques, des investisseurs qui détenaient des obligations gonflées de dettes immobilières issues de ménages américains considérés comme insolvables. On voit donc ici les interactions du marché des transferts avec les marchés financiers. Depuis l’interdiction des TPO, certains clubs auraient déjà profité des TPI comme le Benfica Lisbonne, l’Athlético de Madrid et le FC Porto… Doyen Sports aurait ainsi déjà accordé plus de 100 millions d’euros de crédit depuis 2011 et XXIII capital 73 millions de dollars.

Construction d’un nouvel avantage concurrentiel : l’agent et l’ouverture sur le marché chinois en plein essor

Aujourd’hui, la Chine joue un rôle qui déstabilise le monde occidental dans ses nouvelles stratégies économiques et politiques. Et le monde du football n’y échappe en rien. Une des grandes stratégies chinoises consiste à renforcer la cohésion entre les autorités et les entreprises dans le but d’être de plus en plus compétitif. Xi Jimping, le président de la République Populaire de Chine accorde une grande place au football dans son « Rêve chinois » car il estime qu’il s’agit d’un moyen de renforcer le sentiment nationaliste et que le football regorge de ressources économiques. Il a émis trois ambitions à ce sujet : que la Chine se qualifie de nouveau à la coupe du monde de football, ce qui n’est plus le cas depuis des années, qu’elle l’organise et qu’elle la gagne éventuellement. Ainsi à partir de cela, l’autorité chinoise encourage vivement les nombreux milliardaires du pays à investir dans le football pour pousser sa candidature entre autres. Ces investissements massifs dans le football se manifestent à l’échelle mondiale puisque les milliardaires chinois n’investissent pas uniquement en Chine mais également en Europe où on les retrouve par exemple dans le capital de clubs comme Lyon ou Bordeaux en France par exemple.

Pour trouver une place importante sur la scène du football mondial comme sur d’autres marchés économiques comme le décrit Christian Harbulot dans La main invisible des puissances, la Chine va mettre en place plusieurs stratégies. Tout d’abord, elle va rechercher à récupérer la connaissance des pays en pointe dans le domaine, en l’occurrence sur le marché européen en attirant dans son championnat national des joueurs et entraîneurs européens afin qu’ils y apportent leur expérience. Harbulot nous dit également que la Chine essaie de capter un maximum de matière première sur plusieurs marchés économiques et on peut se demander si le développement de nombreuses infrastructures sportives dans le but de faire venir un maximum de jeunes joueurs chinois n’entre pas dans cette stratégie où l’on pourrait considérer les jeunes joueurs comme cette matière première ? Aussi il nous indique le souhait de la Chine de créer des dépendances durables du reste du monde vis à vis de l’offre chinoise. Cette dépendance ici ne pourrait-elle pas être leur excellence en termes d’infrastructures, en termes de connaissances avec les joueurs et entraîneurs de renom recrutés par les clubs chinois, mais également d’un point de vue financier avec des clubs chinois proposant des salaires mirobolants venant concurrencer les plus grandes puissances financières des clubs anglais notamment ?

Cette évolution, les agents comme  Jorge Mendes ou Mino Raiola en ont  bien conscience et ils n’ont pas tardé à faire valoir leurs talents pro-actifs en se rapprochant du football chinois. La stratégie de Jorge Mendes en est la parfaite illustration.

En Janvier 2016, il a officialisé sa nouvelle collaboration avec le fonds d’investissement chinois Fosun et son richissime propriétaire et homme d’affaire Guo Guangchang. Ce dernier est entré dans le capital de la société par action Gestiflute détenue par Mendes. Les deux hommes ont également prévu d’ouvrir une joint-venture pour influer sur le marché chinois. Ainsi grâce à ce partenariat, les clubs chinois pourront profiter plus aisément du réseau de Mendes pour faire venir des joueurs de renommée internationale dans leur championnat. En quoi cela est également profitable à Mendes ?

Ce dernier pourra dès lors dénicher de nouveaux partenaires commerciaux pour ses joueurs dont il a la gestion des droits commerciaux. Il profitera de son implantation locale pour bénéficier de nombreuses recettes de ce point de vue. Ainsi, il pourrait user prochainement de cela et des hauts salaires proposés par les clubs chinois pour attirer ses joueurs en Chine leur promettant de nombreux contrats commerciaux faramineux pour lesquels il aura de nouveau le droit à une commission. On voit ici encore que son influence va être mise au profit de son rôle de leader auprès de ses joueurs et entraîneurs dont il a la gestion.

Pour conclure, l’essor du métier d’agent parfaitement représenté par les tumultueux agents Mino Raiola et Jorge Mendes va de pair avec l’hyper-inflation sur le marché des transferts déclenchée par l’arrêt Bosmann en 1995 et relayé par l’augmentation des droits tv et l’émergence de nouveaux marchés comme celui de la Chine notamment. Mais cette nouvelle niche est à relativiser lorsque l’on sait que le marché chinois doit faire face à une nouvelle réalité puisque le gouvernement chinois a mis en œuvre une nouvelle taxe qui oblige les clubs qui souhaiteraient s’offrir un joueur coûtant plus de 45 millions de yuan (5,9 millions d’euros) à reverser l’équivalent à un fonds national de développement de jeunes joueurs chinois, ainsi les transferts franchissant cette barre symbolique paieront le double pour s’adjuger les services d’un bon joueur. Les agents sont donc moins régulièrement à même de toucher des commissions faramineuses sur ce marché depuis cette réforme.

Par Cyril Relion, promotion 2017-2018 du M2 IESCI d’Angers

Webographie

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017/07/28/20002-20170728ARTFIG00004-football-comment-les-prix-ont-explose-sur-le-marche-des-transferts.php

http://ecosport.blog.lemonde.fr/2016/02/26/apres-la-tpo-les-tpi/

http://www.huffingtonpost.fr/thierry-granturco/malgre-linterdiction-du-tpo-parla-fifa-les-fondsdinvestissement-continueront-a-investir-dans-des-joueurs-defootball_b_7202360.html

http://www.sofoot.com/la-chine-taxe-a-100-les-transferts-des-etrangers-444512.html

http://ecosport.blog.lemonde.fr/2016/02/26/apres-la-tpo-les-tpi/

http://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Peter-lim-et-l-agent-jorge-font-lobjet-d-une-plainte-apres-le-rachat-du-club-et-une-serie-de-transferts/593418

Bibliographie

Brocard Jean françois, Marché des transferts et agents sportifs : le dessous des cartes   . (2010/3:pages 79 à 89), Géoéconomie.

Stefan  Szymanski,    Professional  Asian  football  leagues and  the  global  market,

Pages 16 à 38 (2016), Asian economic policy review

Bastien Drut et Gaël Raballand,    Football Européen et régulation, un question de gouvernance  des  instances  dirigeantes   ,  (2010/03  :  pages  39  à  52), Géoéconomie.

Harbulot Christian,La main invisible des puissances, Ellipses, 2007

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Impacts of information technology (IT) https://master-iesc-angers.com/impacts-of-information-technology-it/ Wed, 21 Mar 2018 12:18:34 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=2769 History has witnessed that humanity went through several revolutions.  The latest one is the revolution of information and communication technology. This revolution caused a rupture between everything that is old; what is considered new today is quickly turned into an… Continuer la lecture

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History has witnessed that humanity went through several revolutions.  The latest one is the revolution of information and communication technology. This revolution caused a rupture between everything that is old; what is considered new today is quickly turned into an old and obsolete trend tomorrow. Because of these evolutions, the demand for this technology has increased. Therefore, the latter has become the most important used resource compared to classical resources, which has led to the amplification of interest in new information and communication technologies by both companies and individuals.

At present, the world is witnessing a rapid evolution process in the need for information facilities in terms of quantity, quality and access to information, in order to make the best decision based on the different changes and dynamics of the enterprises environment.  This demonstrates clearly the growing importance of information systems and their ability to satisfy the needs of enterprises information.  This emphasizes the importance to develop these systems and to increase their effectiveness and efficiency. One of the key elements of the success of these systems is that they have become dependent on sophisticated technology that have greatly facilitated access to information and clearly reduced access costs.

The telecommunications sector has undergone a decisive transformation in a short period thanks to the technological developments that underpin it. It has become the infrastructure of what is known today as the knowledge economy which depends on the information and its delivery methods in the shortest time and at the lowest costs possible. Due to the tremendous development witnessed by this sector and to the extent it has contributed in all sectors, especially in light of the use of satellite, mobile phone and the Internet, this has put the companies in front of a new challenge which is the acquisition of information and communication technology.

No one can doubt that information technology is a fundamental and innovative revolution that has touched human life considerably in the last century. Indeed, far from being an effervescent phenomenon, or a passing trend, information and communication technology has just been exploited in all aspects of life. No domain has remained immune to this policy, which facilitates tasks for both the company and the staff.

Usually when we talk about information technology, it comes to people’s mind that “information technology (IT) is the use of any computers, storage, networking and other physical devices, infrastructure and processes to create, process, store, secure and exchange all forms of electronic data. Typically, IT is used in the context of enterprise operations as opposed to personal or entertainment technologies. The commercial use of IT encompasses both computer technology and telephony.”[1]

Today’s world is considered as a small village thanks to information technology. The process of communication and transmission of information has become so fast that it has spread other the world widely, and it has greatly affected human life and brought about a radical change. The world now depends entirely on technology, knowing that this technology carries a significant enough risk to destroy society. Which leads us to wonder exactly what the new technologies of information and communication consist of? What are their effects on the daily lives of individuals and what impacts do they have on the different areas of life: economic, political, and social?

Definition of Information technologies

Information technology, widely known under its abbreviation (IT), is defined as “the science and activity of using computers and other electronic equipment to store and send information”[2].

“Many areas of public health, including vital statistics, investigation and research, surveillance, epidemiology, surveys, laboratories technology, maternal and child health, and environmental health, use information technology (IT) to achieve their goals and objectives. IT includes the use of computers and communications, and the transformation of data into information and knowledge”[3].

“Most modern businesses depend heavily on information systems, from employee e-mail to database management to e-commerce Web sites. Hospitals have large patient databases to maintain. Universities have sprawling networks to administer. Even a small, home-based cookie business needs an order-tracking system. The Information Technology Association of America reports that 92 percent of IT professionals work for non-IT companies”[4].

Effects of information technology in our daily activities

1. Effects on education

Information technology has made the education process more effective and productive. It has increased the well-being of the students. Developed methods of education have made this process easier, such as the replacement of books with tablets and laptops. Moreover, the emergence of e-learning platforms that allows students to learn from their homes. These platforms can be an effective alternative for people who are out of school, or who have difficulties keeping up with their teachers in class. These platforms gives students the chance to review the courses with simpler and more concrete explanations at every moment, and this reinforces the educational process and leads to better results in school for most of the students.

2.Effects on the health system

In the field of medicine, medical devices have known a remarkable development. They have become more efficient. IT has entered these devices and turned them into digital devices that facilitate their programming and handling. Thanks to IT sectors like the artificial intelligence (AI) the world has witnessed distance surgeries thanks to robots, the implementation of artificial members as artificial legs, hands and even artificial cardio-aortic valves.

“Information technology is of particular importance to health care delivery. Developments of computerized patient records will enhance the efficiency, effectiveness, and distribution of health care. As managed care programs develop, population-based information will be of increasing importance to health care providers and to the public health community. The capacity to transmit this information through telecommunication linkages, including telemedicine, will revolutionize the accessibility of health care to underserved areas, including both rural and urban populations. These developments will raise substantial concerns regarding confidentiality and privacy because information on health may be very relevant to employment and insurability. Efficient, effective, reliable information systems could in fact, enhance the human quality of patient/doctor interactions by focusing on clinical decision-making and patient preferences rather than routine data collection. In this regard, information technology might in fact, enhance the quality of that interaction”[5].

The development of the field of medicine is important for humanity. It is the basis for living a healthy life away from disease and pain.

Impacts of information technologies

1. The political impact of (IT)

Technology holds the role of power. Information technologies play a decisive role in the political landscape of countries. They have become widely used in electoral campaigns to influence public opinion and especially to involve young people in the political life.

Politicians use technology in many ways to influence the growth of different individuals in their respective spheres. The likes of Twitter, Facebook, and YouTube are powerful communication media platforms that can easily raise the ratings of politicians. Technology is a defining factor in most political races. Through technology, politicians are able to access funds, gain political support, and spend less on campaigning and pushing their candidacy.[6] Housley claims that “technology appeals to a specific demographic: the affluent, the educated, and the young”. Moreover, “while a YouTube video may not sway the Grandparents in the crowd, the youngest voters are listening. Does technology have the power to change the face of politics? The youth in America are not currently an active voting bloc, but that younger generation will age, and it’s only a matter of time before technology plays a critical role in elections”.

2. The economic impact of (IT)

Technological progress and organizational maturity have contributed to increased production, capital accumulation and the creation of intense competition among manufacturers. As a reflection of this competition, the R & D concept emerged as a strategy of innovation through the harmony of scientific ideas and their practical application by engineers and scientists making the R & D role into large sections with technical, legal and administrative skills in maintaining the industrial location and a reference to quality, productivity and cost. These developments have resulted in an industrial culture that derives its momentum from the advances of science and technology that mature and deepen as a natural result of research and development.[7]

“Information Technology (IT) is an all-pervasive change, which is affecting the design of many existing products and services, as well as the mode of producing and marketing almost all of them. […] This point emerges every day stronger from sector studies in manufacturing or in services, as well as from general trends in R & D, patenting and innovation“[8].

 “The use of different manufacturing technologies in factories is an important aspect in the evaluation of the impact of innovations in enterprises. […] Nowadays, competition has intensified and shifted from the national to the global arena, and product life cycles have shrunk; yet, there is a growing requirement to satisfy customers’ specific and individual needs”[9].

The world economy is in the midst of a rapid transformation. Internet, Mobile technology, Social Media, and Big Data trends, have unleashed a wave of innovations that is creating thousands of new startups and job positions, and is reinventing the traditional industries. Nowadays, we witness big technology trends that are transforming society as well as business and economy. Every industry now is highly if not totally affected by the emergence of information technology trends, like Cloud, Social Media, Big Data that are redrawing the landscape of the global economy. The major consequence of this emergence is the displacement of some jobs, which has changed the map of the most requested jobs in the global market and also is enabling and creating new job’s position profiles.

3. The social impact of (IT)

It can be said that the social impact of information technology has two sides. It cannot be one hundred percent negative nor hundred percent positive. It is a two-sided weapon.

Sociologists likened the impact of information technology on society to transforming the world from vast continents separating people and relatives, to a very small village encompassing the entire world’s population, which is called globalization. Before information technology communication between people required days even months to reached each other. Thanks to information technology, communication between people in different parts of the globe has become an easy and fast process, via different ways: instant messaging, phone calls or video calls[10].

Information technology has changed the way people perceive reality, and it caused quite a disorder in some concept and perceptions. Modern technology has changed our perspective on many concepts. It also changed our dealings with many traditions and customs that were once considered sacred and the pillars of society. Despite the fact that the modern means of communication made the world a small village that facilitate communication, though it created a kind of alienation and divergence within the family. Communication between members of the same family is almost non-existent, worse communication between people in general has become virtual. We note the disappearance of human relations.

Also as negative impact of (IT) on society is “poor language proficiency. Language proficiency is the ability of an individual to speak or perform in an acquired language. This is a very serious matter to be concern about this developing information technology on society. This is because the modern technology allows the students to communicate with their families and associates instantly using application such as Line, WeChat and WhatsApp. This application will make life easier to communicate between each other. However, this will cause them to ignore the spelling of different words and the usage of proper grammar. Furthermore, with the increasing amount of information on the web, Internet users may come across inaccurate information and lead to misinformation or even slightly skewed way of thinking”[11].

The impact of information technologies on businesses: case study of Capgimini

The Capgimini Company confirms the positive impact of the use of ICTs on working conditions. This confirmation was made after various studies carried out by the company. By adopting a strategy of openness to new possibilities of interaction and production, it follows that these uses have brought concrete improvements and have contributed directly and concretely to the feeling of job satisfaction. They are often solutions considered appropriate by the employees to the problems that they have to manage in their context of present work (safety, interest of the work, need of sense and being actor of the evolutions …) or throughout their professional life (work / life balance, employability …)

The present company has raised six great benefits namely:

1. The reduction of occupational risks and accidents at work

Information & technology make it possible, for example, to access information more quickly, security procedures, and to reach a colleague more easily if necessary.

2. Refocusing on activities with higher added value

The dematerialization of documents reduces certain repetitive tasks in the administrative or commercial business and offers more time to devote to the interface with the customer.

3. Professionalization

The use of laptops, for example, has enabled the company to make gains in terms of time, in particular to give real-time information to those who need it, thereby speeding up decision-making and increasing the company’s profits. Thanks to the interactive and intelligent system, the company always strives to meet the needs of these customers and thereby improve its services.

Social networks have favored the sharing of information. NTICS has also helped to design a new way of working such as meetings and conferences remotely, online training and so on.

4. The reconciliation of private life and professional life

All employees use their home computers for business purposes. This allows them to catch up on their unfinished business at the office. For example, for an employee, he just needs to have an identifier and an access key to the company’s server, which allows him to do the job and shares it in the network even if he’s on vacation or maybe on a mission.

5. Renewal and expansion of work collectives

With the evolution of new technologies, and with the messaging module and sharing spaces, the collective work has become more and more extended and more and more organized, with the integration of workflow systems and ticket management systems. , employees consult and know the administrative routing and the state of the information (created, approved, informed …) which fortifies the teamwork without excluding the informal one. “Employees adapt their uses according to their needs: reinforcing and enriching exchanges with certain colleagues, decreasing and formalizing exchanges with others”.

6. The development of collective intelligence

The uses of NTICS, especially around social networks, can foster the emergence of negotiated solutions that can take the form of new practices, new structures, innovative products … Beyond the question of tools, a successful collaboration nonetheless requires to have combined a certain number of organizational and managerial conditions (governance, distribution of roles and responsibilities …).

Conclusion

Information Technology is the basic requirement of today’s world. Technological progress is entering into all fields. Education was a big and important part of development and progress.

Information technology has changed human life radically, and not necessarily, all of the changes are positive. Some may be negative and have a detrimental effect on the individual and the community. For example, traffickers use the Internet to offer and promote their products for sale.

There are many means of technology, including what serves science, education and economy. There is a close relationship between science and technology. It is noted that the basis of technology is to study science and employ (IT) inventions in the different life’s areas, in order to meet the needs of the individuals and the societies. Therefore, it connects the governments, companies and societies to develop strategies to enhance the lifestyle quality of the citizens.

By Nada and Nadia Berchane, 2017-2018 year group of M2 IESCI at the University of Angers

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La mesure du bonheur en économie : simple recette ou plus que ça ? https://master-iesc-angers.com/la-mesure-du-bonheur-en-economie-simple-recette-ou-plus-que-ca/ Tue, 20 Mar 2018 13:37:42 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=2743 Lorsqu’en 1974, Richard Easterlin publie « Does Economic Growth Improves the Human Lot? », il est un des premiers économistes à remettre en cause le paradigme selon lequel la croissance du PIB d’une nation est, sinon la garantie de l’évolution du bonheur… Continuer la lecture

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Lorsqu’en 1974, Richard Easterlin publie « Does Economic Growth Improves the Human Lot? », il est un des premiers économistes à remettre en cause le paradigme selon lequel la croissance du PIB d’une nation est, sinon la garantie de l’évolution du bonheur humain, au moins sa composante principale. Cet article introduit ce qui sera appelé le « paradoxe d’Easterlin » ; le fait qu’au sein d’une nation, on distingue que ce sont constamment les individus dont le revenu est le plus élevé qui se déclarent comme étant les plus heureux, mais qu’au niveau international les comparaisons entre les pays donnent des niveaux de bonheur qui sont sensiblement les mêmes malgré de très fortes différences de revenus.

Il remarque aussi que cette relation est stable dans le temps : malgré la forte croissance économique des Etats-Unis, le niveau de bonheur déclaré par les Américains n’a pas évolué dans le temps et la part de la population se déclarant « très heureuse » est restée à un niveau fixe.

Pour développer et démontrer cette théorie, Easterlin doit s’appuyer sur les données existantes de l’époque et si, grâce aux travaux novateurs de Hadley Cantril, il parvient à effectuer des comparaisons internationales statiques car il dispose de résultats d’enquêtes standardisés, son raisonnement dynamique est beaucoup plus dur à appuyer : les séries temporelles, lorsqu’elles existent, ne sont disponibles que sur un horizon très court et comportent des biais méthodologiques. La réflexion amorcée par Easterlin se heurte alors à un mur : les données nécessaires aux raisonnements relatifs au bonheur n’existant que de manière limitée, établir un réel raisonnement scientifique sur le sujet devient une tâche ardue.

Aujourd’hui, ces problèmes rencontrés à la naissance de la réflexion scientifique sur le bonheur n’existent plus : de nombreuses institutions comme l’Organisation Gallup, le World Value Survey ou encore l’European Social Survey permettent de rassembler chaque année les données de plus de 400 000 participants dans plus de 100 pays différents représentant près de 90% de la population mondiale ce qui a permis l’émergence d’une littérature scientifique conséquente sur les questions relatives au bonheur.

Cette littérature scientifique suscite un intérêt grandissant chez les populations et les décideurs politiques : avec le ralentissement des économies des Pays Développés ces deux dernières décennies et la contestation grandissante de l’utilisation du taux de croissance du PIB comme outil de mesure de la performance des sociétés, il devient nécessaire de faire émerger des alternatives dans la manière de concevoir l’avenir, et mettre le bonheur au centre des préoccupations des institutions publiques et privées pourrait être une des solutions permettant aux pays de se développer dans le respect des individus et de l’environnement.

Nous nous intéresserons alors à la mesure du bonheur. Comment mesure-t-on le bonheur ? Nous verrons dans une première partie comment les enquêtes réalisées au sujet du bonheur nous permettent de mieux comprendre les déterminants du bonheur et comment ces facteurs se traduisent au niveau mondial avec l’exemple des pays du Nord de l’Europe et de l’Amérique Latine.

I – Les déterminants du bonheur

Si la réflexion sur le bonheur n’est pas une réflexion nouvelle (Aristote s’était déjà emparé de la question en son temps), elle bénéficie aujourd’hui d’un traitement nouveau grâce aux données d’enquêtes effectuées dans le monde entier. Une des enquêtes majeures servant à la réflexion sur le bonheur est le Gallup World Poll mené par l’Organisation Gallup dans « plus de 160 pays et incluant 99% de la population adulte mondiale ». (Voir gallup.com)

Chaque année depuis 2012, sous la supervision des Nations Unies, le Gallup Word Poll fait l’objet d’un décryptage publié sous le nom de World Happiness Report visant à identifier, comprendre et mesurer les différentes composantes du bonheur ainsi qu’à établir des comparaisons internationales à partir des données auto-rapportées par les individus sondés.

Ce World Happiness Report identifie le bonheur comme étant le résultat de l’interaction entre différents facteurs : un patrimoine génétique et une personnalité qui trouvent résonance en des facteurs « externes » (le revenu ou la société) et des facteurs « internes » (l’âge, l’éducation ou la vie familiale). Il est important de noter que si cette manière d’interpréter le bonheur est largement acceptée, elle n’est en revanche pas universellement reconnue : certains chercheurs comme Daniel Kahneman remettent en cause depuis récemment à la fois la pertinence des enquêtes par l’auto-évaluation du bonheur et celles des facteurs impliqués par celles-ci -l’analyse des déterminants du bonheur possède un aspect normatif qu’il convient de conserver à l’esprit.

1. Les facteurs monétaires

Le premier facteur identifié comme ayant une influence sur le bonheur et celui qui semble le plus évident à première vue est le revenu. Un revenu élevé est un moyen sûr de parvenir à la satisfaction de besoins élémentaires comme la nourriture, l’habillement ou le logement, mais permet également de profiter de plus de biens matériels, une abondance très souvent associée dans nos sociétés à un bonheur accru.

Pourtant, comme il est indiqué dans l’introduction, cette conception est mise à mal dès 1974 par Richard Easterlin qui interprète le fait que la croissance économique n’ait pas apporté plus de bonheur aux Etats-Unis par deux mécanismes :

  • Le premier à l’œuvre est le rôle des comparaisons qu’effectuent les individus les uns entre les autres qui résultent en un raisonnement en terme de revenu relatif plutôt qu’absolu : les individus se réfèrent au cadre dans lequel ils évoluent et il importe de vivre aussi bien ou mieux que son voisin ; cela explique pourquoi ce sont les individus les plus aisés qui se déclarent comme étant les plus heureux au sein de la société et implique qu’une augmentation du revenu dans la même proportion chez tous les membres d’une société n’entrainerait pas de hausse majeure du bonheur de cette société.
  • Le second mécanisme qu’Easterlin suggère est le fait que lorsque le revenu d’un individu évolue, les aspirations de celui-ci évoluent également. Pour appuyer cette théorie, il compare les réponses d’Indiens et d’Américains sur leurs manières de concevoir une « vie agréable » et observe un fossé important : là où le travailleur Indien qualifié se satisferait d’une bicyclette, d’une radio et de pouvoir offrir une éducation à ses enfants, le travailleur Américain qualifié voudrait posséder son propre logement, s’offrir une nouvelle voiture et pouvoir partir en vacances. Easterlin interprète ce mécanisme comme étant le résultat d’un phénomène d’adaptation des individus au confort matériel combiné à une incapacité de ces individus à prendre conscience de ce phénomène, menant à vouloir accumuler toujours plus de biens afin de maintenir un niveau de satisfaction stable.

Si les hypothèses d’Easterlin ont été validées par la suite, il apparait tout de même que la relation entre le bonheur et le revenu est plus compliquée qu’il n’y parait et elle agirait en fait en deux temps :

  • Dans les pays déjà riches et industrialisés, le paradoxe d’Easterlin se confirme et une croissance du PIB ne se traduit pas nécessairement par une hausse du bonheur de la population.
  • En revanche, dans les pays pauvres et les pays en voie de développement, une hausse du revenu est corrélée positivement à une hausse du bonheur.

La présence d’un effet de seuil sur la relation entre le revenu et le bonheur pourrait alors expliquer pourquoi sur la période de 2013 à 2015, les pays qui connaissent la plus forte hausse de bonheur sont des pays en voie de développement avec une forte croissance économique (comme le Nicaragua avec un taux de croissance de 4.5%, le Sierra Leone avec un taux de croissance de 5.5% ou encore l’Equateur avec un taux de croissance de 4.6% selon les données de la Banque Mondiale) mais que des pays comme la Suisse ou la Suède, parmi les plus heureux et les plus riches au monde et malgré une certaine croissance économique voient leurs niveaux de bonheur stagner. Ce phénomène n’aurait pas été initialement identifié par Easterlin car les données disponibles à l’époque ne concernaient que les Etats-Unis qui avaient déjà dépassés ce seuil où la croissance économique entraine une hausse du bonheur.

2. Les facteurs sociaux

Aristote qualifiait l’Homme « d’animal social » et pour comprendre le bonheur humain, il est nécessaire d’y inclure sa dimension sociale que l’on qualifiera ici de « capital social ».

Le capital social est défini par Pierre Bourdieu comme « l’ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées d’interconnaissance et d’inter-reconnaissance ».

Dans le World Happiness Report, ce capital social est assimilé à trois composantes agrégées que sont la confiance, la liberté et l’égalité présentes au sein de la société.

La confiance, abordée chez les sondés sous la question «de manière générale, pensez-vous que l’on peut faire confiance à la majorité des gens, ou à l’inverse, on ne peut jamais être trop prudent lorsqu’on a affaire à des inconnus ? » donne des résultats corrélés à l’estimation du bonheur des individus. Avoir confiance en son voisinage, en les forces de l’ordre, en les dirigeants du pays et de manière générale en les membres de la société permet d’adopter des comportement proactifs et vertueux au sein de la société comme le bénévolat ou le civisme, avecplus d’échanges sociaux au sein de la société associés à un bonheur plus élevé.

A l’inverse, un climat de méfiance mène à un repli sur soi ou une peur d’être utilisé par l’autre qui mène à la perte de lien social et à dégradation du bonheur ressenti par les individus.

Un important sentiment de liberté perçu par les individus est aussi corrélé positivement au bonheur déclaré par les individus. Ce sentiment de liberté peut être le reflet d’un système politique comme la démocratie où les individus ont la possibilité d’exprimer leurs avis et de faire des choix par eux-mêmes par le biais du vote. Mais dans un sens plus général, la liberté signifie que les individus peuvent mener la vie qu’ils veulent mener sans sentir la contrainte des institutions et de la société peser sur eux. Dans plusieurs travaux scientifiques, cette liberté est associée au degré de stigmatisation que certaines populations dites « marginales » (comme les homosexuels, les immigrés ou encore les personnes souffrant d’addictions) subissent au sein de la société ; les sociétés les plus « libres » stigmatisant moins ces groupes.

Enfin, le sentiment d’égalité présent au sein de la société influence le bonheur également par deux mécanismes :

  • Le premier l’est par une redistribution égalitaire du revenu au sein de la société : Pour une hausse du revenu à montant égal, un individu avec un revenu relativement bas va connaitre une plus forte hausse de son bonheur qu’un individu avec un revenu relativement élevé. Un système de redistribution des revenus efficace entre les individus les plus riches et les moins riches au sein de la société permettrait alors de maximiser le bonheur imputé au revenu au sein de la société.
  • Le second mécanisme provient de la nature des inégalités présentes au sein de la société. Si dans une société capitaliste les inégalités de revenus seront toujours présentes (et peuvent même servir de motivation cf. l’Ethique protestante), elles peuvent être en revanche perçues comme étant plus ou moins justes : des inégalités perçues comme injustes car elles sont le fruit de la corruption ou de l’Establishment peuvent venir dégrader le climat social, et de ce fait dégrader le bonheur.

3. Le rôle de l’éducation

Enfin, un des facteurs permettant d’expliquer le bonheur est le rôle de l’éducation. Là encore on retrouve deux mécanismes à l’œuvre pour expliquer cette relation :

  • Le premier est lié à l’explication d’Easterlin concernant le revenu relatif : ce sont les individus avec les revenus les plus élevés qui sont les plus heureux au sein de la société. Un des moyens d’obtenir un revenu élevé passe par l’éducation, en particulier l’enseignement supérieur et l’obtention de diplômes. Les personnes les plus éduquées se déclarent alors les plus heureuses car elles profitent de l’effet positif de leur revenu relatif élevé. Cet effet est tout de même à nuancer car il évolue toujours dans un cadre relatif : si tous les individus d’une société poursuivent des études supérieures, il n’existe plus de gains relatifs. On peut même imaginer un effet pervers sur le bonheur si les diplômes ne donnent plus les gains de revenus qu’ils permettaient autrefois.
  • Le second provient d’une explication plus psychologique avec une approche par « l’état de flux ». Le rôle des études supérieures et des diplômes est de permettre d’accéder à des emplois considérés comme étant plus mentalement stimulants, plus diversifiés, possédant une dimension créative ou artistique et confrontant plus souvent à de nouvelles expériences. Ce sont ces nouvelles expériences qui permettent à un individu d’en tirer des enseignements et de les intégrer, lui permettant alors de mieux comprendre le monde dans lequel il évolue et de refléter cette meilleure compréhension dans l’attitude qu’il adopte, menant à des niveaux de bonheur rapporté plus élevés. Ces métiers peuvent également comporter une dimension sociale plus importante avec plus d’interactions et de communications entre les individus, avec un sentiment d’appartenance à un groupe social plus affirmé que dans des emplois moins qualifiés.

Comment se traduisent ces déterminants du bonheur au niveau international ? Est-ce que cette interprétation est cohérente avec ce que l’on peut observer dans les différents pays ?  Pour voir ceci, nous allons nous intéresser à deux zones géographiques dont la relation au bonheur est particulière pour voir quels enseignements nous pouvons en tirer.

II – La traduction des déterminants du bonheur au contexte international

Un des phénomènes à noter lorsque l’on analyse la répartition du bonheur au niveau mondial est la relation entre le PIB par habitant et le niveau de bonheur relevé dans le pays.

Cette répartition du bonheur fait émerger deux phénomènes qu’il est intéressant de noter.

  • Dans les pays d’Europe du Nord

Le premier provient des pays qui sont identifiés comme étant les plus heureux au monde. Sur les cinq pays en haut du classement des pays déclarant être les plusheureux, quatre se trouvent en Europe du Nord : Il s’agit de la Norvège (première place), du Danemark (deuxième place), de l’Islande (troisième place) et de la Finlande (cinquième place).

Si ces pays sont aussi parmi ceux qui ont des PIB par habitant parmi les plus élevés au monde, mettre en lien ces niveaux de bonheur avec le « capital social » est pertinent. Ces pays Nordiques sont reconnus pour leur culture du compromis et le climat de confiance qui y règne. On peut notamment penser au cas du Danemark et son marché de l’emploi où l’Etat a décidé de déléguer son rôle de régulation aux entreprises : la législation sur le marché du travail y est très faible, il n’existe pas de convention collective ni de salaire minimum ; celui-ci est le fruit d’une négociation entre l’employeur et l’employé. Les licenciements sont facilités pour permettre la flexibilité des entreprises, mais cela n’est pas fait aux dépends des travailleurs : grâce à la fiscalité mise en place dans le pays, ils profitent d’un système de « flexisécurité » qui permet d’être fortement et longuement indemnisé durant la période de chômage, donnant l’occasion aux chômeurs de se former dans de nouveaux domaines. Ces formations sont en partie assurées par l’Etat par le biais de programmes au sein des Universités mais aussi par des partenariats avec les entreprises, témoignage de la capacité à communiquer et à coopérer au sein de la société danoise.

Cela se traduit aussi par un état bon état de la démocratie dans ces pays. Encore une fois au Danemark, on retrouve des taux de syndicalisation élevés résultants en des syndicats puissants, mais cela est plus la traduction de la volonté des travailleurs de peser dans les décisions permises par le dialogue entre syndicats et patronats que le résultat d’une défiance entre ces deux groupes. Cela peut être interprété comme la volonté qu’ont les individus à se saisir des questions qui les concernent pour exprimer leurs opinions et adopter une démarche proactive. On peut également relever que dans ces pays Nordiques, le mariage homosexuel est légalisé ou en cours de légalisation comme c’est le cas en Finlande et peut être interprété comme le marqueur de sociétés dans lesquelles les libertés individuelles sont valorisées et sont sources de bonheur.

Enfin, ces pays placent une grande importance dans l’éducation ; les pays de l’Europe sont parmi ceux qui investissent la plus grande part de leur PIB dans ce domaine. Mais l’approche employée dans la manière dont est dispensée cette éducation est aussi originale puisqu’on parle d’éducation « holistique » comme en Finlande où le but est de fournir des connaissances théoriques dans des domaines conventionnels comme les mathématiques ou les langues, mais aussi de chercher à cultiver les intérêts personnels des élèves : une emphase est alors placée sur les sports, la lecture, la musique …

Tout laisse alors penser que ces sociétés Nordiques possèdent un climat favorable pour permettre l’émergence d’un bonheur durable au sein de leurs populations.

  • Dans les pays d’Amérique Latine

Pourtant, si l’on continue à s’intéresser à la distribution du bonheur au niveau mondial, on peut observer un second phénomène qui est la forte présence des pays d’Amérique Latine dans le haut du classement des pays les plus heureux. Ce sont également ces pays qui montrent la plus forte progression de ce bonheur ces dernières années.

Un des facteurs vus précédemment pouvant l’expliquer est la croissance économique que connaissent actuellement ces pays. Si cela semble probable, il est évident que ce facteur n’est pas exclusif : les pays d’Amérique Latine ont pour certains traversé de graves crises économiques et ont pourtant toujours affiché sur ces dernières décennies des niveaux de bonheur supérieurs à ce que leurs croissances économiques et leur niveau de richesse pouvaient prédire.

L’explication par un système éducatif performant n’est pas crédible. Les systèmes éducatifs en place dans ces pays n’ont rien à voir avec les systèmes éducatifs en place dans les pays développés et la majorité des pays d’Amérique Latine n’ont toujours pas réussi à relever le défi de l’accès à l’école pour l’ensemble de leur population.

En revanche, les habitants de ces pays placent une grande importance dans la « capital social » au point que son impact sur le bonheur serait plus important que le revenu. Pourtant, si l’on cherche à rapprocher cette importance du « capital social » à la manière dont s’organisent les sociétés dans ces pays comme nous l’avons vu dans les pays d’Europe du Nord, la démonstration ne fonctionne pas : pour la question de la confiance par exemple, les pays d’Amérique Latine jugent qu’il vaut mieux rester « prudent lorsqu’on a à faire à des inconnus ». Il existe également un haut niveau de corruption perçu dans ces pays, et un fort niveau d’inégalités de revenus au sein de la population.

Comment peut-on alors expliquer ces hauts niveaux de bonheur qui sont pourtant constatés ? Dans un article de 2004 de Daniel Kahneman, Alan B. Krueger, David Schkade, Norbert Schwarz et Arthur Stone, l’analyse des facteurs du bonheur comme expliquée dans la partie précédente de ce document est remise en question car elle mène à des situation où on ne parvient pas expliquer les différences de bonheur entre deux pays qui sont a priori similaires, ou à expliquer pourquoi différents pays affichent des niveaux de bonheur équivalents alors que les facteurs expliquant ce bonheur sont opposés. Pour les auteurs de l’article, ce problème provient de la méthodologie employée pour les enquêtes sur le bonheur et estiment que demander aux individus d’identifier les facteurs qui influencent leur bonheur ne peut pas fonctionner car ils n’en sont pas capables. Ces enquêtes demandent aux individus de réfléchir rétrospectivement à ce qu’ils identifient comme étant important à leur bonheur, mais cette dimension temporelle fait qu’en se remémorant des épisodes heureux ou malheureux afin de pouvoir répondre aux questions, la vision qu’ils ont de ce qui a compté dans ces épisodes est déformée et la réponse apportée est une vision tronquée ou caricaturale de ce qui a vraiment été important pour que ces moments heureux et malheureux apparaissent.

Pour les auteurs de l’article, ce qui influence vraiment le bonheur des individus est le temps que ces individus allouent à des activités agréables, qui provoquent des émotions positives. Les auteurs se sont alors employés à interroger un échantillon donné à différents moments de la journée afin de recueillir le ressenti associé aux activités dans lesquelles les individus étaient engagés à l’instant. Grâce à ces mesures, ils ont pu identifier les activités les plus agréables et leurs effets en termes de ressenti positifs, ainsi que de retracer le « contenu émotionnel » d’une journée.

Parmi ces activités les plus gratifiantes, on retrouve :

  • Les relations intimes.
  • Les moments de socialisation après le travail.
  • Le dîner.
  • Les moments de détente.
  • Le déjeuner.

Selon le volume horaire qu’alloue un individu à ces activités, il sera plus enclin à se déclarer heureux. Il s’agit de la même chose pour la manière dont l’individu décide de vivre ces expériences : partager sa pause déjeuner avec des collègues peut la rendre plus agréable que de la passer seul par exemple. Il apparait aussi que ce sont des activités avec un caractère social qui sont les activités les plus bénéfiques pour le bonheur.

Si on rapproche cette théorie aux niveaux de bonheur relevés en Amérique Latine, on peut alors formuler l’hypothèse que si ces pays se déclarent particulièrement heureux, c’est à la fois parce qu’ils valorisent le lien social ce qui leur permet de rendre les activités quotidiennes plus agréables et également parce que les habitants de ces pays accordent plus de temps à ces activités génératrices d’émotions positives.

Cette hypothèse est renforcée par le fait que depuis 2008, dans certains pays, le Gallup World Poll substitue la question de savoir si les individus sont heureux à la mesure des émotions positives ou du temps passé à rire, à sourire … Il se trouve que ces émotions positives sont fortement corrélées à un niveau de bonheur élevé, et que les habitants des pays d’Amérique Latine rapportent des fréquences plus élevées de ces émotions positives.

A la vue de ces deux phénomènes, il semblerait alors que certains pays possèdent des prédispositions à être heureux. Dans les pays d’Europe du Nord, le climat institutionnel permet de créer un dialogue social qui permet de faire prévaloir l’intérêt collectif sur l’intérêt personnel et mène à une plus grande satisfaction, un plus grand bonheur. Dans d’autres pays comme ceux d’Amérique Latine, le bonheur semble trouver ses racines dans la manière dont les individus conçoivent leur existence : en valorisant les relations sociales, le « capital social », ils sont capables de transformer les activités de la vie quotidienne en moments positifs et donc d’être heureux malgré des institutions corrompues, une omniprésence de la violence ou une société globalement inégalitaire.

Conclusion

La question du bonheur est une question difficile qui nécessite de prendre en compte à la fois la complexité de nos raisonnements et d’une multitude d’évènements et de conditions. De ce fait, une réponse universelle sur les manières de concevoir le bonheur n’existe pas, chaque individu ayant une échelle de valeur qui lui est propre.

La mise en place d’enquêtes où le bonheur est auto-reporté témoigne de la compréhension de cette complexité par les personnes chargées de relever ces données sur le bonheur, et ces enquêtes font elle-même l’objet d’importantes recherches quant à la manière dont elles sont élaborées : est-ce que l’ordre dans lequel les questions sont posées aux individus vont influencer leurs réponses ? Est-ce que des mots qui semblent avoir la même signification sont interprétés de la même manière ? Est-ce que le mot « bonheur » possède la même portée dans toutes les langues ?

Ces enquêtes peuvent donner par exemple l’impression que le bonheur n’est que le résultat de la combinaison de différents ingrédients que sont le revenu, la santé, les relations sociales ou les libertés. Mais ce sont aussi les résultats de ces enquêtes qui ont permis d’identifier les relation complexes qui existent entre le bonheur et ce qui est identifié comment étant ses composantes. Ce sont ces mêmes enquêtes qui remettent en cause leur propre validité lorsqu’elles échouent à expliquer les phénomènes qu’elles parviennent pourtant à observer. C’est là que réside un des premiers intérêts de la mesure du bonheur : vouloir mesurer le bonheur, c’est dans un premier temps s’interroger sur les causes de celui-ci, mais c’est aussi la possibilité de remettre en question ce que l’on pensait savoir. Avant qu’Easterlin découvre le paradoxe qui porte son nom, il était communément admis qu’une plus grande progression du revenu se traduisait par un plus grand bonheur. Aujourd’hui, alors que ce paradoxe est généralement accepté, de récentes recherches viennent le remettre en question en suggérant des liens plus complexes entre croissance économique et bonheur.

Par Benoit Fournier, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

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Aujourd’hui, nous vivons dans un monde propice au développement de l’intelligence économique. L’intelligence économique ne s’applique pas uniquement aux secteurs de la vie économique. Elle se décline dans les domaines humanitaires, culturels, sociaux, sportifs, juridiques ou encore comptable set financiers. L’intensification de la concurrence, la multiplication des crises, l’essor des NTIC et la dématérialisation de l’information et des échanges ont fait émerger chez les acteurs de la finance la nécessité de comprendre et d’anticiper les mutations qui affectent les marchés afin d’en assurer la compétitivité.

Néanmoins, le domaine économique et financier est très peu représenté dans les écrits sur les thématiques consacrées à l’intelligence économique dans la littérature française comme dans le reste du monde. En effet, dans la grande majorité des parutions traitant de la finance, le rôle de l’information financière est dans la plupart des cas évoqués. Mais, en dehors des publications dédiées exclusivement à celle-ci, aucun ouvrage majeur ne semble être consacré à l’intelligence économique. Dans les quelques articles mentionnant la thématique de l’intelligence économique, elle y est abordée via des pistes à explorer avec pour finalité la pérennité et/ou l’amélioration d’une situation économique donnée, à l’échelle des entreprises comme des nations. Ce constat est d’autant plus surprenant qu’il existe en Europe des places financières très développées où la nécessité de maitriser les rouages de « l’intelligence financière » semble capitale.

La « City » de Londres avait sans doute tout à gagner en misant sur cette stratégie. Elle représente l’une des plateformes financières les plus dynamiques en termes de concentration de banques d’investissement, de firmes de conseil en fusion/acquisition et du nombre de gérants de fonds enregistrés auprès de la FSA (Financial Services Authority). Elle s’est dotée de dispositifs permettant d’anticiper les mutations et de réguler l’industrie des services financiers.

Mais depuis quelque temps, on note en France une prise de conscience du caractère stratégique que revêt l’intelligence économique pour la profession des experts-comptables avec une implication du conseil supérieur en collaboration avec le service de coordination à l’intelligence économique des ministères économique et financier. Les acteurs de la finance ont développé de nouvelles stratégies de management à la fois offensives et défensives pour se protéger de l’espionnage industriel et sauvegarder leurs informations sensibles ainsi que leurs actifs stratégiques.

I. Les liens entre l’intelligence économique… et la comptabilité finance

La fracture entre l’intelligence économique et la finance est en fait moins importante qu’il n’y paraît. Une étude des contenus des matières enseignées au sein des programmes de finance permet de réaliser que celle-ci a développé de nombreuses méthodes de récolte, d’analyse des informations et de leur transformation en connaissances utiles pour la prise de décision. Les cours de comptabilité financière visent entre autres à développer des techniques de transformation de l’information comptable pour son analyse afin de servir de base à la valorisation des entreprises et de leurs projets. Les cours d’économie visent quant à eux à offrir une autre vision sur les dynamiques des entreprises (microéconomie) et des économies nationales (macro-économie) afin d’offrir un cadre cohérent à l’analyse d’une entreprise ou d’un projet. De même, les cours de valorisation d’actifs et les cours dédiés aux fusions et acquisitions couvrent non seulement l’analyse de la situation historique et présente un potentiel investissement, mais aussi ils englobent des techniques d’analyse prospective.

Ces démarches sont aussi adoptées dans le monde professionnel qui a personnalisé les approches académiques pour les rendre compatibles à leurs besoins et à leurs objectifs. Nous retrouvons des pistes similaires à celles poursuivies par la finance dans quelques ouvrages consacrés à l’Intelligence économique et stratégique. Citons par exemple Christopher Murphy qui, dans son livre « competitive Intelligence: Gathering, analyzing and putting it to work », consacre deux chapitres à l’analyse des comptes financiers (Murphy, 2005, p. chapitre 17 & 18).

II. De l’Intelligence Economique…à l’Intelligence Comptable et Financière 

L’intelligence économique, c’est-à-dire la recherche, l’analyse et le traitement de l’information en vue de son exploitation, est devenu un enjeu majeur de la compétitivité générale entre tous les acteurs. C’est un outil dont l’objectif premier est d’inciter l’innovation, le soutien à la compétitivité et le développement pérenne des entreprises. Dans un monde complexe, où les distances physiques sont réduites par les NTIC, aucune entité économique ne peut s’affranchir de l’obligation de la prendre en compte, quelle que soit sa taille, son statut, la nature de son activité ou sa situation géographique.

L’évolution permanente de la technologie rend chacun acteur de l’échange, de la protection et du renseignement du village planétaire. Dans un univers économique très compétitif, une seule défaillance peut avoir des conséquences incalculables. Un savoir-faire durement acquis peut basculer chez le concurrent, alors qu’une information obtenue opportunément peut offrir un gain dont les avantages se calculent en plusieurs années (innovation, débouchés, processus).

En France, certaines démarches de veille, telle la veille financière, ont bien appuyé la pertinence de certaines orientations : suivi de l’actualité financière et du mouvement des marchés pouvant affecter l’entreprise : marchés monétaires, matières premières, bourse, etc. D’autres pistes suggèrent d’appliquer l’analyse financière aux données comptables des entreprises concurrentes, aux fournisseurs voir aux comptes des clients.

Nous devons par ailleurs noter que le gouvernement français au travers de son portail Internet suggère une déclinaison de l’intelligence économique : l’Intelligence financière. « Elle a un rôle à jouer pour éclaircir les enjeux de ce secteur d’autant plus que l’information financière est stratégique » (HRIE, 2006). Les enjeux liés à l’information comptable et financière sont très importants, ce qui incite la plupart des places financières développées à s’accorder sur des règles de communication et de contrôle de ces informations. Depuis octobre 2009, le conseil supérieur de l’ordre des experts comptables a signé une convention de partenariat avec le ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi qui vise à mettre en œuvre une démarche d’intelligence économique afin de renforcer la compétitivité et la sécurité de nos entreprises.

L’intelligence économique peut prendre la forme d’un plan de comptes « intelligents » dans les domaines comptables et financiers. Ce plan de comptes « intelligents » permet d’identifier les points faibles d’une entreprise ainsi que les opportunités de développement, à travers un dispositif de veille de niveau de risques, d’alertes professionnelles et d’actions correctives (plan d’action-mission de conseil).

III. L’intelligence comptable et financière…élément indispensable pour la survie des entreprises TPE/PME

L’avènement de l’intelligence économique dans le monde de la comptabilité et de la finance lui procure un formidable outil d’accompagnement dont les experts-comptables ont su s’approprier les directives. Elle prend tout son sens dans les missions d’accompagnement des experts comptables. Cette ouverture de l’intelligence économique aux dimensions financières a permis aux experts comptables d’investir dans cette démarche, et grâce à cette approche, ils peaufinent mieux leur offre de conseil dans ce domaine. Sous l’impulsion d’Agnès BRICARD (membre élue au Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables et Présidente du Comité secteur public et associations, en charge de l’intelligence économique), les experts-comptables se sont naturellement positionnés sur l’intelligence comptable et financière avec deux angles d’approches de la démarche. Ils se positionnent soit du côté du chef d’entreprise (fabriquant de richesses et créateur d’emplois), soit du côté des tiers (banquiers, organismes sociaux, finances publiques, salariés…). Selon l’approche de l’expert-comptable, les objectifs divergent :

      – Du point de vue du chef d’entreprise, leur objectif sera dans le cadre du volet défensif de l’intelligence économique de réduire l’incertitude liée aux risques auxquels les entreprises sont soumises. Pour ce faire, la démarche propose de créer à partir du plan de comptes un certain nombre « d’alertes professionnelles » et d’actions à entreprendre afin de sécuriser les entreprises. L’outil « d’alertes professionnelles » proposé par le conseil supérieur a permis aux experts comptables de porter un accompagnement novateur au chef d’entreprise.

      – Du point de vue des tiers, les experts-comptables devront identifier les facteurs de vulnérabilité qui ressortent des comptes annuels. Leur objectif sera dans le cadre du volet offensif, et il s’agira de saisir les opportunités de développement à partir d’une veille intelligente d’informations.

L’outil « Alertes Professionnelles »

Conçu entre le conseil supérieur de l’ordre des experts comptables, Groupama et sa filiale Gan Assurances, cet outil permet aux experts comptables de favoriser le développement pérenne des entreprises à travers une démarche d’anticipation. Ainsi, il permet aux professionnels de détecter méthodiquement les faiblesses d’une entreprise de même que les opportunités de développement qui se présentent à elle. A l’aide de cet outil, l’expert-comptable pourra ainsi proposer au dirigeant de TPE-PME des pistes d’actions, puis la mise en œuvre d’un plan d’actions dans le cadre d’une mission de conseil.  Cet outil a été labellisé à l’unanimité par le jury du pôle de compétitivité mondial Finance Innovation le 9 juin 2011. Cette labellisation a apporté une reconnaissance supplémentaire à la profession et contribue au rayonnement de la marque Expert-Comptable.

 Traditionnellement, l’expert-comptable était amené à mettre en place une démarche de vente, mais aujourd’hui avec l’envoi « d’alertes professionnelles », les chefs d’entreprises sont conduits progressivement à être « acheteurs » de conseil auprès de leur expert-comptable. Le plan de comptes qui s’applique à toutes les entreprises pour enregistrer les opérations comptables n’est plus considéré comme un outil statique, mais comme un outil de veille intelligent, un outil d’alerte, de pilotage, autrement dit comme un outil décisionnel.

Les indicateurs et grilles de lecture

Après la création de cet outil qui a pour objectif de développer chez le chef d’entreprise une culture d’anticipation aussi bien en termes de prévention que de développement, le Conseil Supérieur a développé à partir du plan de comptes, des indicateurs et des grilles de lecture qui aident les experts-comptables à mieux tirer parti des informations économiques, comptables et financières de leurs clients, entreprises.

Les pistes d’actions proposées par l’expert-comptable au chef d’entreprise, à partir des alertes professionnelles : une mission de conseil pour laquelle le client devient acheteur.

L’expert-comptable procède à la validation du niveau d’alertes dès lors que les risques et les opportunités identifiés dans le plan de comptes déclenchent une ou plusieurs alertes. Une fois effectuée cette validation, ce dernier élabore des préconisations sous forme de pistes d’actions, en s’appuyant notamment sur celles qui sont proposées par l’outil. Il adresse enfin par mail les niveaux d’alertes ainsi que les pistes d’actions retenues à son client afin qu’il puisse les valider. Grâce à cette démarche, le client va avoir un rôle proactif à travers un travail de sélection, ce qui le place de fait en position d’acheteur vis-à-vis de l’expert-comptable. C’est alors à ce moment que l’expert-comptable va pouvoir accompagner son client dans le cadre d’une mission de conseil, afin de mettre en place le plan d’actions que ce dernier aura retenu. Cet outil d’aide à la décision est également un outil d’aide à la vente de missions de conseil pour les confrères.

L’Autodiagnostic Intelligence Economique

L’autodiagnostic permet au dirigeant de TPE-PME, client ou prospect de l’expert-comptable, de voir comment se situe son entreprise en matière :

  • De veille relative à son environnement concurrentiel, économique, juridique…
  • D’actions externes de communication et de lobbying visant à accroître son influence et sa compétitivité ;
  • De valorisation de son patrimoine immatériel.

Il permet à l’expert-comptable de susciter auprès de ses clients et prospects une mission de conseil innovante et au cœur des enjeux stratégiques des TPE-PME.

Le modèle d’autodiagnostic intelligence mis en place par les ministères économique et financier à Bercy (Service de coordination à l’intelligence Economique) et le Conseil Supérieur de l’Ordre des experts comptables pour les entreprises est disponible en ligne.

Conclusion

L’Intelligence comptable et financière consiste, pour une entreprise, à recourir au plan de comptes pour identifier ses failles à travers un dispositif de veille, à couvrir ses risques à travers un dispositif de sécurisation et à faire preuve d’innovation et d’initiative dans son secteur. La dimension défensive peut être exprimée à travers une grille d’analyse du plan comptable destinée à protéger une entreprise en cas de vulnérabilité. La dimension offensive peut quant à elle être analysée comme étant la capacité à mettre en place des actions concrètes à partir de l’élaboration d’une série d’indicateurs au niveau du plan comptable de l’entreprise ; la pertinence de ces indicateurs étant mesurée par leur capacité à appréhender l’ensemble des risques prévisibles et opportunités qui peuvent s’offrir à l’entreprise.

L’intérêt que suscite aujourd’hui la question de l’intelligence économique pour le secteur de la finance comptabilité peut s’expliquer par la nécessité qu’ont les entreprises à développer des techniques de transformation de l’information comptable pour son analyse afin de s’en servir comme base de valorisation de leurs projets. Les entreprises sont principalement jugées au travers de leurs résultats financiers. Pouvoir lire et interpréter les résultats de ces derniers est une exigence pour tout bon analyste. Appréhender une entreprise au travers de ses comptes financiers peut initialement paraître comme une démarche limitée, mais ces résultats financiers cristallisent l’ensemble des activités sous-jacentes des entreprises et permettent d’en souligner forces et faiblesses. L’intelligence comptable et financière devient de plus en plus indispensable pour la survie des entreprises.

Par Khady Diagne, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

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