Amérique latine Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Fri, 27 Dec 2019 10:56:03 +0000 fr-FR hourly 1 Le projet Start-up Chile et la « Chilecon Valley » https://master-iesc-angers.com/le-projet-start-up-chile-et-la-chilecon-valley/ Fri, 27 Dec 2019 10:56:03 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3095 Le projet Start-up Chile est l’initiative de l’homme d’affaires chilien Nicolas SHEA. Il l’a proposée alors qu’il était conseiller pour le gouvernement chilien sur des questions d’entrepreneuriat et d’innovation. Le programme Start-up Chile est lancé en 2010. Qu’est-ce que Start-up… Continuer la lecture

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Le projet Start-up Chile est l’initiative de l’homme d’affaires chilien Nicolas SHEA. Il l’a proposée alors qu’il était conseiller pour le gouvernement chilien sur des questions d’entrepreneuriat et d’innovation. Le programme Start-up Chile est lancé en 2010.

Qu’est-ce que Start-up Chile ?

Il s’agit d’un incubateur/accélérateur[1] de start-up financé par le gouvernement chilien. Le programme gouvernemental sélectionne des start-up du monde entier et les accompagne dans leur développement. L’accompagnement et les locaux proposés aux entreprises innovantes sont localisés à Santiago du Chili, capitale du pays. L’offre comprend notamment :

  • Une participation au capital de l’entreprise sans contrepartie demandée.
  • Un accompagnement, des investisseurs et des conseillers pour la start-up.
  • Un réseau, une communauté riche.
  • Des visas de travail et des avantages pour faciliter l’implantation de l’entreprise.

Start-up Chile propose aujourd’hui trois programmes  :

  • « The S Factory », un programme de pré-accélération pour des start-up dirigées par des femmes. Le gouvernement chilien apporte un soutien financier à hauteur de 25 000$.
  • « Seed », un programme d’accélération pour des entreprises avec un produit déjà fonctionnel et préalablement validé. Le gouvernement chilien apporte un soutien financier à hauteur de 80 000$.
  • « Huella », un programme pour des projets ayant un impact économique, social et environnemental. Le gouvernement chilien apporte un soutien financier à hauteur de 80 000$.

Particularité et visée du programme

Pour Nicolas SHEA, le concept avait pour objectif d’améliorer significativement le développement économique et social du Chili. Malgré le fait que le Chili soit l’une des économies d’Amérique du Sud qui se développe le plus rapidement, le revenu moyen par habitant restait très en-deça de celui des pays développés. L’argument principal de SHEA était donc de s’appuyer sur l’innovation et l’entrepreneuriat, qu’il considère comme de puissants vecteurs de croissance, pour permettre au Chili de rattraper l’écart qui le séparait des pays développés. La mise en place du programme par le gouvernement chilien avait pour but de rendre le Chili plus attractif pour les investisseurs en attirant des start-up prometteuses. Bien que le gouvernement n’oblige pas les start-ups soutenues à rester sur le territoire chilien, il les encourage à agir au niveau local pour développer l’écosystème économique et rendre Santiago du Chili encore plus attractif. Cela a notamment permis de mettre en place des cursus universitaires plus rigoureux en ce qui concerne l’innovation et l’entrepreneuriat.

Le programme a, entre 2010 et 2016, octroyé plus de 40 millions de dollars américains à plus de 1300 organisations provenant de plus de 80 pays différents. À titre d’exemple, 66% des start-ups soutenues sont des start-ups étrangères. La stratégie chilienne est donc particulière car à l’heure où la plupart des gouvernements ont tendance à combattre l’immigration et l’arrivée d’entreprises étrangères sur leur territoire, le gouvernement chilien accueille à la fois les immigrés et les entreprises étrangères à bras ouverts. Toutefois, il convient de se demander si cette stratégie s’est avérée payante ?

Quels résultats pour cette politique gouvernementale ?

Si les moyens utilisés sont discutables et sont probablement remis en question actuellement au Chili, les résultats sont indiscutables. Effectivement, en quelques années, le pays est devenu l’un des pays les plus accueillants pour les start-ups. Selon une étude menée par Gust and Fundacity en 2016, Start-up Chile est le 3ème accélérateur de start-up le plus actif au monde.

Selon cette même étude, le Chili était le 3ème pays au monde en 2016 en termes d’investissements dans l’innovation derrière les États-Unis et le Royaume-Uni. En ce qui concerne le classement des pays par start-ups accélérées, le Chili se classait 7ème mondial devant des pays comme l’Inde ou le Canada (cf figure 1). C’est d’ailleurs la réussite de Start-up Chile qui est à l’origine de ce qu’on appelle aujourd’hui la « Chilecon Valley ».

Le volume de start-ups accélérées est un indicateur important et qui a le mérite d’être irréfutable. Toutefois, l’évaluation de la performance des structures liées à l’innovation n’est pas simple. Il convient effectivement de se demander quel indicateur est le plus pertinent. Le nombre d’emplois créés par les entreprises soutenues ainsi que leur situation actuelle semblent également être un indicateur pertinent. Le nombre d’emplois créés par les entreprises soutenues permet de mettre en avant le fait que les entreprises accélérées soient aujourd’hui stables et dégagent des profits importants. Toutefois, l’impact sur l’écosystème économique et l’emploi chilien semble réduit. Le réseau constitué au fil des années apporte une garantie et permet de capitaliser les efforts consentis par le gouvernement depuis 2010. Au regard des investissements consentis, l’impact sur l’économie globale semble donc plutôt limité.

Quel avenir pour la Chilecon Valley ?

Le Chili est aujourd’hui en proie à de violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Des millions de citoyens protestent actuellement contre la corruption, le coût élevé de la vie et souhaitent rédiger une nouvelle constitution. Ces manifestations ont entrainé la mort de 26 personnes.

Au regard de ces événements, il semble que les effets bénéfiques de la politique chilienne en matière d’innovation n’aient pas profité au peuple chilien. À l’heure où le coût de la vie augmente et ne permet plus à une partie non négligeable de la population de vivre décemment, il semble nécessaire de repenser la stratégie du pays. Il semble indispensable, au regard du mécontentement national, d’adapter le niveau des subventions proposées aux besoins des citoyens chiliens.

Par Antonin Rohard, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

[1] Selon le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, un incubateur est une structure d’accompagnement de porteurs de projet et de création d’entreprise qui, en mettant à leur disposition les compétences et les outils indispensables au bon démarrage et au développement d’une entreprise innovante, va leur permettre de concrétiser leur idée ou leur projet en une entreprise structurée et viable. Un accélérateur offre, lui, un accès à du mentorat, à des investisseurs et à d’autres formes de soutien pour aider les jeunes entreprises à devenir stables et autonomes.

Sources

https://www.startupchile.org

https://www.bdc.ca/fr/articles-outils/boite-outils-entrepreneur/gabarits-documents-guides-affaires/glossaire/pages/accelerateur-d-entreprises.aspx

https://www.youtube.com/watch?v=_A6z1NbgFBs

https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/communaute/0211844005038-la-french-tech-se-fait-une-place-en-amerique-latine-via-la-chilicon-valley-306777.php

https://www.theguardian.com/small-business-network/2016/dec/22/chile-accelerator-startup-grants

https://www.bizlatinhub.com/chile-entrepreneurial-technological-hub/

https://www.seedstars.com/magazine/road-trip-chilecon-valley-discover-tech-ecosystem-landscape-chile/

http://gust.com/accelerator_reports/2016/global/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Manifestations_de_2019_au_Chili

 

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Entre économie et écologie, le double enjeux de l’Amazonie https://master-iesc-angers.com/entre-economie-et-ecologie-le-double-enjeux-de-lamazonie/ Mon, 04 Nov 2019 13:09:22 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3065 Le Brésil, pays émergent des « B.R.I.C.S », est la première économie d’Amérique latine et la 8ème mondiale. Ce pays possède des atouts, comme ses nombreuses ressources naturelles ou encore ses secteurs industriels et tertiaires, mais connaît également des faiblesses d’un point… Continuer la lecture

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Le Brésil, pays émergent des « B.R.I.C.S », est la première économie d’Amérique latine et la 8ème mondiale. Ce pays possède des atouts, comme ses nombreuses ressources naturelles ou encore ses secteurs industriels et tertiaires, mais connaît également des faiblesses d’un point de vue structurel comme les coûts de production élevés ou le manque de travailleurs qualifiés.

Le Brésil a commencé son intégration dans le processus de mondialisation dans les années 1990. Pour ce faire, il s’est spécialisé dans le secteur primaire : depuis cette date, la production agricole brésilienne a été multipliée par deux et celle animale par trois, ce qui nécessite une immense quantité de terres. Son développement a été favorisé par trois facteurs : la libéralisation entre le Brésil et le reste du monde avec une baisse des taxes, la dérégulation de l’agriculture (moins de normes à respecter) ainsi que le faible niveau du Real.

Selon l’OCDE, le Brésil est en passe de devenir le premier exportateur de produits agricoles au monde. Il est déjà aujourd’hui : 1er producteur mondial de soja, de café, de sucre – 2ème producteur mondial de maïs – 3ème producteur mondial de volaille. C’est ce que retrace le schéma suivant :

I.  La primarisation de l’économie Brésilienne

L’économie brésilienne est donc « primarisée », cela a lieu lorsque la part des exportations du secteur concerné, ici l’agriculture, est prédominante par rapport au total des exportations du pays. Comme le montre le schéma ci – contre, les produits agricoles représentent 42% des exportations brésiliennes en 2015. A l’échelle mondiale, le Brésil exporte plus de 5% du total des exportations agricoles dans le monde.

“Le secteur primaire est fondamental à court terme pour le pays, puisqu’il tire les exportations à la hausse, et ce dans un contexte international favorable au Brésil, avec une bonne tenue de l’Europe et des États-Unis, une reprise des pays émergents et des prévisions d’accélération des échanges commerciaux”, explique Sylvain Bellefontaine, économiste sénior de BNP Paribas – Economies Emergentes et Risque Pays – en charge de l’Amérique Latine. Même si c’est la voie la plus courte pour accroître les revenus nationaux, elle est limitée pour le développement économique du pays, puisqu’elle est notamment dépendante de la volatilité des cours des matières premières, des conditions climatiques ainsi que des tensions politiques. C’est donc pour cela qu’aujourd’hui au Brésil, le risque sectoriel se rapportant à l’agroalimentaire est élevé.

Cependant, ce secteur pose un problème majeur : les fazendas, c’est – à – dire les grandes propriétés agricoles situées au Brésil, sont responsables de la déforestation de la forêt amazonienne. Avec une superficie de 5,5 millions de km², soit la moitié de la superficie totale de l’Europe, elle regroupe près de 30 000 espèces de plantes, 420 tribus et emmagasinent entre 90 et 140 milliards de tonnes de CO². Malgré cela, le feu est mis à la forêt pour ensuite pouvoir exploiter les champs. En 2019, les incendies qui ont touché la forêt amazonienne ont détruit plus de 6 400 km², soit une hausse de plus de 91% par rapport à la même période en 2018.

La déforestation tropicale, comme celle de la forêt amazonienne, est fortement corrélée à la demande mondiale du marché en ce qui concerne les produits agricoles. La demande étant en croissance constante depuis que le Brésil s’est intégré dans la mondialisation, il leur a fallu accroître leurs terres exploitables afin de faire face à la demande. Avec cette forte demande, les agriculteurs cherchent à étendre leur surface cultivable, principalement là où les coûts d’achat sont faibles, c’est – à – dire aux abords des forêts. Cet élargissement de leur surface cultivable permet aux exploitants agricoles d’avoir une économie d’échelle croissante : produire en plus grande quantité va permettre de réduire le coût unitaire de production puisque les coûts fixes ne changent pas, peu importe le volume de production. Le fait que le Brésil soit intégré dans le commerce mondial lui permet d’augmenter ses économies d’échelles.

II.  Une prise de conscience publique et internationale

Les feux de forêt en Amazonie impactent l’ensemble de la population mondiale, et de nombreuses voix se sont élevées depuis le début du scandale. L’outil de veille Keyhole permet une veille informationnelle et donne des statistiques sur les réseaux sociaux suite aux hashtags choisis, ici #prayforamazonia. Etudié sur une période de deux semaines (temps d’essai gratuit), on peut voir que les publications originales représentent 11% des tweets, les réponses 2% et les retweets 87%, ce qui met en évidence la prise de conscience des individus sur les feux en Amazonie.

On remarque également la provenance de ces tweet : La France et les Etats – unis sont ceux qui partagent le plus de tweets à ce sujet, suivi des pays comme le Canada, l’Australie, les pays Européens, la Chine et les pays limitrophes au Brésil qui sont également directement concernés par les feux en Amazonie. Les mots pour dénoncer ce phénomène sont forts « massacre », « déforestation », tout comme les hashtags qui sont liés « #crisedoclima », « #emergencia » montre l’importance accordée à ce sujet.

Les chefs d’Etats ont également réagit, montrant du doigt l’inactivité du gouvernement du président brésilien Jair Bolsonaro. Ces attaques multiples ont entrainé des tensions diplomatiques, notamment entre le président brésilien et le président français, Mr Macron. L’implication des dirigeants étrangers s’explique par le fait que les forêts tropicales de cette importance rendent des services environnementaux à l’ensemble de la planète, même s’ils dépendent des états souverains. Elles peuvent donc être considérées comme des biens publics mondiaux. Pour Stiglitz (1999), « Il existe plusieurs biens publics qui ne sont pas limités [dans l’espace], et dont les bénéfices concernent l’ensemble de la population mondiale […] : stabilité économique internationale, sécurité internationale, environnement international, assistance humanitaire internationale, et connaissance ».

Aujourd’hui, avec la libéralisation de l’économie et les marchés mondialisés, les défaillances liées ainsi que les externalités doivent à juste titre être considérées comme globales. Les questions écologiques et environnementales doivent donc, dans ce sens, bénéficier d’une coopération mondiale, puisqu’elles ne peuvent être ni régulées par les réglementations nationales, ni par la main invisible. A ce jour, même s’il n’existe pas d’instance mondiale légitime mettant en place des mécanismes de sanction et de contrôle des engagements, la question des biens publics s’articule autour d’associations publiques, d’ONG, de collectivités ou d’entreprises, qui agissent de plus en plus au niveau local. Il convient donc à l’ensemble de la population mondiale d’acter en faveur de sa protection. Dans ce contexte et face à la pression internationale, le président brésilien a décidé, suite au G7 qui a eu lieu à Biarritz fin août 2019, d’accepter les fonds internationaux et de réagir en luttant activement, en collaboration avec les autres pays concernés, pour lutter contre les feux de forêt touchant l’Amazonie.

En effet, dans un contexte mondial de réchauffement climatique, la forêt amazonienne joue un rôle dans la régulation des gaz à effets de serre. A elles seules, les forêts emmagasinent vingt à cinquante fois plus de CO² que les autres écosystèmes, et avec leur biomasse[1], c’est 50% de carbone en plus qui sont absorbées. Lors de la destruction de ces forêts, comme c’est le cas pour la forêt amazonienne, le carbone qui a été emmagasiné est libéré, augmentant la quantité de CO² dans l’atmosphère et contribuant encore plus au réchauffement climatique.

Selon l’organisation non gouvernementale WWF, « un cinquième des émissions de gaz de serre dues aux activités humaines provient de la destruction des forêts ». De plus, les arbres ne parviennent pas à s’adapter au réchauffement climatique, qui s’associe à des périodes de sécheresses et de tempêtes, les fragilisant de ce fait encore plus. Selon le rapport du GIEC[2], « 30% de toutes les espèces animales et végétales seraient menacées d’extinction si le climat se réchauffait de 1,5 à 2,5 degrés par rapport à 1850 », entraînant la disparition d’importantes fonctions des forêts comme la protection de la biodiversité faunistique et floristique, de l’érosions du sol, tous deux étant la source de vie pour les populations locales.

Conclusion

On peut donc conclure qu’en l’espace de vingt ans, le Brésil est devenu une économie à part entière dans la mondialisation et son importance n’est donc plus à prouver. Son expansion se faisant au détriment de l’environnement, notamment de la forêt amazonienne, les voix commencent à s’élever à l’échelle mondiale pour montrer l’intérêt de cette dernière dans l’équilibre mondial déjà fragilisé. Même si on voit se développer une « conscience écologiste » chez de nombreux acteurs locaux, il est nécessaire de mettre en place une sorte d’autorité mondiale en faveur de l’environnement, avec des moyens de surveillance et de sanction, comme le souhaite certaines nations comme la France : le patrimoine naturel comme l’Amazonie, bien public intergénérationnel, doit être protégé par l’ensemble de la population mondiale actuelle afin qu’il puisse être transmis aux générations futures.

Par Clarisse Bouet, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

« Amazonie : des incendies liés à la déforestation », Le Point ; publié le 24/08/2019

« L’Amazonie en chiffres », C NEWS ; publié le 23/08/2019

« Déforestation et dégradation forestière, enjeux majeur pour la planète », WWF

« Comprendre l’impact de la forêt sur le climat », WWF ; communiqué de presse du 25 septembre 2012

« Brésil : la déforestation de l’Amazonie a presque doublé sur un an », Le Monde ; publié le 08/09/2019

OEC – Brésil

« C’est comment ailleurs ? L’agriculture au Brésil », France TV info ; publié le 24/02/2017

« Forêts tropicales : la question du bien public mondial et la quête d’instruments économiques multilatéraux pour un régime international », Alain Karsenty – Romain Pirard, 2007

« 390 – La forêt brésilienne : entre enjeux économiques et écologiques », Institut de Recherche pour le Développement France ; publié en décembre 2011

« Brésil, l’agriculture tire l’économie », Le Figaro économie ; mis à jour le 19 juillet 2017

Brésil, importations et exportations – Perspective monde

« Les biens publics mondiaux », Direction générale de la Coopération internationale et du Développement, Ministère des Affaires étrangères Direction du Trésor, Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie

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Le Brésil sous la présidence de Bolsonaro, analyse des facteurs de risque pays https://master-iesc-angers.com/le-bresil-sous-la-presidence-de-bolsonaro-analyse-des-facteurs-de-risque-pays/ Tue, 19 Mar 2019 11:56:08 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3012 En janvier 2019, Jair Bolsonaro est devenu le 38ème président du Brésil. L’ancien officier militaire et président d’extrême droite du Parti social libéral (PSL), a été qualifié de “Tropical Trump”. Les défis économiques de Bolsonaro sont plus redoutables que sa… Continuer la lecture

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En janvier 2019, Jair Bolsonaro est devenu le 38ème président du Brésil. L’ancien officier militaire et président d’extrême droite du Parti social libéral (PSL), a été qualifié de “Tropical Trump”. Les défis économiques de Bolsonaro sont plus redoutables que sa quête présidentielle. En effet, les cicatrices produites par le ralentissement économique de 2015-2016, le plus grave depuis 1990, sont très profondes même avec la lente reprise. Le PIB réel en 2018 était toujours inférieur de 6 % à celui du premier trimestre 2014.

Pourtant, ce n’est pas seulement l’activité économique à court terme sur laquelle Bolsonaro devra se concentrer. La santé budgétaire est une préoccupation majeure – le pays a perdu sa note «investment grade» en 2015. Après l’élection, la dette souveraine du Brésil a été notée BB- (par rapport à BB avant janvier 2018) par l’agence de notation américaine S & P, soit trois notes en dessous de la catégorie Investment grade. L’économie est également confrontée à un manque de compétitivité; son régime fiscal, par exemple, a besoin d’un véritable changement: le Brésil est classé 184ème sur 190 pays par la « World Bank’s doing business rankings » pour le paiement des impôts. L’instabilité politique liée à l’élection présidentielle ainsi qu’aux scandales de corruption des gouvernements précédents, ajoutés aux problèmes économiques profonds depuis la crise de 2015, font apparaître de nombreux facteurs de risque pour le Brésil.

1- Une forte incertitude politique suite aux élections d’octobre 2018

La situation politique intérieure du Brésil reste très incertaine en raison du scandale de corruption autour de la compagnie pétrolière Petrobras (Les procureurs ont affirmé que des entreprises de construction de premier plan et d’autres entreprises avaient versé d’énormes pots de vin à de hauts fonctionnaires de Petrobras et à des hommes politiques en échange de contrats). En conséquent, plus de la moitié des membres du Congrès et même l’ancien président Michel Temer ont été impliqués[1]. Les enquêtes de corruption  autour des gouvernements précédentes et des sociétés pétrolières avec la lente application de loi ont généré une instabilité politique en limitant les niveaux d’investissement et de développement du pays.

L’incertitude politique a été renforcée avec l’arrivé au pouvoir politique, en janvier 2019, de Bolsonaro, élu d’extrême droite notoire pour son hostilité envers les immigrants, les minorités ethniques et l’environnement ainsi que pour sa politique protectionniste susceptible de décourager les investissements directs étrangers. La dette souveraine du Brésil est actuellement notée BB- (Non-investissement grade spéculative) par l’agence de notation américaine S & P, soit trois notes en dessous de la catégorie Investment grade, bien que cette note a été BB avant janvier 2018. La dégradation de la note de brésil vient de la préoccupation des agences sur l’adoption d’un plan de réforme. Les agences Moody’s et Fitch ont également abaissé leur note à Ba2 et BB respectivement.[2]

Aux problèmes de l’incertitude et des scandales politiques, s’ajoute le niveau de crime au Brésil susceptible de menacer la sécurité politique du pays.  Le Brésil se classe parmi  les 20 premiers pays en termes de taux d’homicides volontaires, selon UNODC Statistics Online (l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime)[3].

2- Des risques macro-économiques dirigés par le déficit budgétaire

Depuis 2017 le Brésil se relève lentement de la sévère récession qui l’a frappé entre 2015 et 2016, aidé principalement par la hausse des exportations et la reprise de la consommation privée[4]. Cette crise a été considérée comme la plus profonde de l’histoire économique du Brésil, et était beaucoup plus intense que celle qui a eu lieu entre 1981 et 1992, au cours de laquelle le PIB par habitant avait un taux de croissance négatif accumulé de 7,5%.

Le tableau 1 représente les indicateurs macroéconomiques majeurs du pays entre 2014-2019. Au cours de la période 2014-2016 le brésil a accumulé une contraction de 6.8% de son PIB réel. La croissance de PIB réel devrait atteindre 2.5% en 2019 après avoir enregistré 1.1% et 1.3% en 2017 et 2018, soutenus essentiellement par une nouvelle augmentation des exportations et de la consommation privée ainsi que par la croissance de l’investissement (graphique 1).

 Le niveau de vie mesuré par le PIB par habitant en Parité de pouvoir d’achat est en baisse depuis 2014. En 2018 il a atteint 13820 USD par rapport à 15374 en 2014. Le niveau de vie au Brésil reste assez faible par rapport à d’autres pays en Amérique latine tels que l’Argentine et le Mexique (graphique 2).

Malgré la croissance économique depuis deux ans, le pays assiste à une forte montée du taux de chômage : 13.32%  de la population totale en 2017 et 12% en 2018 contre 6.67% en 2014.

Depuis 1998 l’inflation a atteint le taux le plus bas en 2017 (3.4%),  sous l’effet notamment de la baisse des prix des produits alimentaires. Le pays avait enregistré une inflation de 9.03% en 2015, et de 8.7% en 2016. Le taux atteint en 2017 est passé sous l’objectif officiel de 3% (4,5%, avec 1,5 point de marge de tolérance). En 2019 L’inflation restera proche de l’objectif de la banque centrale (4,25 % pour 2019)[9]

La baisse de l’inflation a permis à la Banque centrale de procéder à des réductions successives de son taux directeur. Les taux directeurs sont les taux d’intérêts auxquels les banques centrales, qui les imposent, accordent des crédits à court terme aux banques commerciales. Ce taux considéré comme un indicateur agit sur la vie économique d’un pays, il influence directement l’octroi des crédits et l’inflation. Il a également un fort impact sur le taux de change d’une monnaie donc sur les investissements, les importations et les exportations[10]. Pour le Brésil ce taux est fixé à 6.5% en 2018 pour tenter de relancer l’investissement domestique et la consommation. Cependant, ce dernier taux devrait avoir une hausse de 1% en 2019 suite à l’élection présidentielle d’octobre 2018 et l’incertitude qui en résulte. En outre, le taux d’intérêt réel est resté élevé, l’inflation ayant chuté plus rapidement que le taux d’intérêt nominal[11].

Malgré la diminution des déficits budgétaires les dettes publiques demeurent élevées. En 2017 et 2018 le compte budgétaire a enregistré un déficit de 7.8 et 7.1 % bien qu’il a atteint 10.3% en 2015, il devrait ainsi continuer à diminuer en 2019 pour atteindre 6%. Malgré ce recul dans le déficit budgétaire la dette publique restent toujours supérieur à 50% de PIB.

Le déficit du compte courant du Brésil augmentera au cours de l’année 2019 de 0,5% du PIB en 2017 et  0,8% en 2018 pour atteindre 1,2% en 2019. Néanmoins, cela représente une réduction sensible des déficits annuels de 4,2% et 3.3% du PIB enregistrés en 2014 et 2015.

Bien que le commerce extérieur ne représente qu’un peu plus du quart de son PIB, le Brésil figure parmi les 25 plus gros exportateurs et importateurs du monde. Le pays a un potentiel économique énorme. Ses principaux partenaires commerciaux en 2017 étaient la Chine, les États-Unis, les pays du Mercosur et l’UE[13]. Toutefois, les tarifs douaniers à l’importation des États-Unis et les perturbations des flux commerciaux mondiaux pourraient avoir un impact sur la croissance des exportations[14]. Les risques à la baisse des exportations sont liés à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, cette dernière étant la principale destination des exportations du Brésil. De plus, la crise persistante en Argentine (troisième partenaire d’exportation du Brésil) va continuer d’entraver les résultats des exportations de produits manufacturés en 2019.Le Brésil exporte principalement des produits agricoles et alimentaires, des minéraux, des véhicules pétroliers et aériens et importe des hydrocarbures, des véhicules, des produits chimiques et pharmaceutiques ainsi que des produits électriques et électroniques.

Le Brésil c se spécialise dans la production et l’exportation des biens primaires et plus particulièrement dans les produits agricoles, alimentaires et les minerais. L’absence de spécialisation dans les biens manufacturés rend les revenus du Brésil sensibles aux variations des prix internationaux des ressources sur ces marchés, ainsi qu’aux demandes internationale de matières premières notamment la demande de la Chine, le premier importateur de produits brésiliens et le premier partenaire commercial du Brésil en 2017. L’affaiblissement de la demande chinoise pour les métaux industriels tels que le minerai de fer ainsi que des gains plus modestes dans la production du pétrole freineront la croissance des exportations[15].

Les taux de change réels effectifs mesurent la compétitivité prix d’un pays. Une hausse du taux de change effectif réel correspond à une dégradation de la compétitivité change (resp. prix) par rapport aux concurrents commerciaux. Le Brésil a enregistré le TCRE le plus faible en 2016 (67%). Ce taux s’est apprécié de nouveau en 2017 et 2018 pour atteindre 87 et 81% respectivement, indiquant une perte de la compétitivité du pays.

La balance commerciale du Brésil est structurellement positive en 2016, le déficit commercial entre 2010 et 2015 s’explique par la baisse des prix des matières premières, par l’augmentation des importations d’énergie et la perte de compétitivité des produits brésiliens. Néanmoins, la reprise des importations devrait élargir légèrement le déficit de la balance commerciale au cours des prochains trimestres. La hausse des importations de biens d’équipement a sous-tendu une croissance totale des importations de 23,9% sur douze mois en août, et il est probable que la hausse des prix du pétrole stimulera les coûts d’importation du Brésil[16].

Le solde du compte courant du Brésil représentait -1,3% du PIB en 2016, puis il s’est amélioré pour atteindre -0.5% en 2017. Pour les années 2018 et2019 le compte courant devrait enregistrer un déficit de 0.8 et 1.2% du PIB ,le Brésil souffre du premier cercle vicieux de la balance de paiement selon lequel un déficit courant est auto entretenu, en effet le déficit courant implique une entrée des capitaux qui est utilisé non pas pour l’amélioration de l’industrie du pays mais pour payer les dettes passées, ce qui va entrainer de nouveaux déficits courants[17].

3- Un risque financier relativement modéré

Les IDE représentant la majorité des flux des capitaux il semble qu’il n’y ait pas de risque de financement significatif pour le déficit de la balance courante du Brésil.

 L’investissement direct étranger (IDE) a connu une croissance entre 2007 et 2017 bien qu’il s’est ralentit un peu au cours des années 2012-2013. Le solde d’IDE a atteint -65,4 milliard dollars en 2017 représentant 2% d’augmentation par rapport au 2016. Selon le Rapport de la CNUCED sur les Investissements Mondiaux 2018, le Brésil s’est classé en 4ème place mondiale en 2017 pour les investissements directs étrangers (7ème en 2016). Au niveau régional, il représente la première économie attirant des investissements dans l’Amérique latine[18]. Il y a plusieurs facteurs qui font du Brésil un pays attirant des IDE, d’abord c’est un marché diversifié qui compte environ 212 millions d’habitants, deuxièmement sa position géographique stratégique en Amérique du Sud, de plus le Brésil dispose de ressources naturelles avec une facilité d’accès aux matières premières. Cependant, l’entrée de capitaux au Brésil demeure incertaine en 2019 du fait de l’incertitude politique et de lapolitique protectionniste menée par le nouveau président Bolsonaro.

Les deux autres catégories d’entrées de capitaux présentent un solde positif en 2017, bien plus volatiles, le solde des investissements portefeuille a enregistré un excédent de19 Mds USD. En outre, un stock important de réserves de change compensera les écarts temporaires entre le déficit du compte courant et l’excédent du compte financier.

Les réserves internationales à la Banque centrale (381 Mds USD en septembre 2018) restent à un niveau élevé et représentent plus de 400% de la dette externe brute de court terme[19].  En conséquence, le Brésil semble à l’abri d’une crise de change.

La dette extérieur du Brésil en pourcentage de PIB est le ratio qui mesure la solvabilité de pays, on constate que ce ratio était supérieur à 50% aux années 1983 et 1984 c’est-à-dire que l’endettement augmentait plus que proportionnellement que le PIB. En 2016 les dettes extérieures totales du brésil représentaient 30.89% et le ratio a diminué encore en 2017 pour atteindre 26.97%  selon les statistiques de la banque mondiale. Bien que la dette extérieure du Brésil soit toujours importante, elle présente un risque relativement faible pour la stabilité de sa balance de paiements. Avec une dette extérieure à long terme à 89,6% en 2017, il est probable que le risque de rollover[1] sera relativement réduit. La majorité de cette dette est constituée de dette privée, les emprunts des entreprises et des ménages brésiliens étant de plus en plus financés extérieurement au cours de la dernière décennie[20].

En conclusion on peut résumer qu’après la sortie de la pire récession de l’histoire moderne du Brésil en 2017, une reprise vigoureuse n’a toujours pas démarré, l’activité étant minée par un taux de chômage élevé, une confiance décevante, un contexte mondial moins favorable et un climat politique instable. D’où, une mise en œuvre de réformes économiques cruciales et une réduction du bruit politique seront essentielles par le nouveau gouvernement afin de renforcer la dynamique de l’économie et d’améliorer la note du pays.

Par Nivine Albouz, promotion 2018-2019 du M2 IESCI

Bibliographie

[1] Rollover risk is a risk associated with the refinancing of debt. Rollover risk is commonly faced by countries and companies when a loan or other debt obligation (like a bond) is about to mature and needs to be converted, or rolled over, into new debt. If interest rates have risen in the meantime, they would have to refinance their debt at a higher rate and incur more interest charges in the future – or, in case of a bond issue, pay out more in interest. source: https://www.investopedia.com/terms/r/rollover-risk.asp

[1] https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/12/06/crise-politique-au-bresil-si-vous-n-avez-rien-suivi_5044424_4355770.html

[2] https://countryeconomy.com/ratings/brazil

[3] UNODC Statistics Online (United Nations Office on Drugs and Crime). data.unodc.org. Retrieved 2018-01-28.

[4] https://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Bresil

[5] http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/tend/BRA/fr/NY.GDP.PCAP.PP.CD.html

https://countryeconomy.com/deficit/brazil

https://countrymeters.info/fr/Brazil

https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SL.UEM.TOTL.ZS?locations=BR

[6] https://www.oblis.be/fr/news/2018/12/19/banque-centrale-bresil-maintient-taux-directeur-plus-bas-historique-544938

[7] https://fr.statista.com/statistiques/565070/taux-de-chomage-au-bresil/

[8]  CEPII 2018 : Ficher transmi par Baulant. C

[9] Coface études économiques, Brésil, https://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Bresil

[10] https://www.bforbank.com/bourse-pea/taux-directeurs.html

[11] Economic Survey of Latin America and the Caribbean ▪ 2017 https://repositorio.cepal.org/bitstream/handle/11362/42002/18/EEI2017_Brasil_en.pdf

[12]http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=2&codeStat=FP.CPI.TOTL.ZG&codePays=BRA&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=2&codeStat2=FR.INR.RINR&codePays2=BRA&optionsDetPeriodes=avecNomP&forceAxe=on

[13] Brazil Country Risk Report Q1 2019, Fitch solutions, base de données scientifique université d’Angers

http://web.a.ebscohost.com.buadistant.univ-angers.fr/ehost/detail/detail?vid=5&sid=52a29ef4-a972-4961-b536-a1532c2a1a79%40sessionmgr4006&bdata=Jmxhbmc9ZnImc2l0ZT1laG9zdC1saXZl#AN=132451621&db=bsu

[14] https://www.eulerhermes.com/en_global/economic-research/country-reports/Brazil.html#link_internal_1

[15] Brazil Country Risk Report Q1 2019, Fitch solutions

[16] Brazil Country Risk Report Q1 2019, Fitch solutions, base de données scientifique université d’Angers

[17] Baulant. C  (2018), cours des mutations économie mondiale, 2ème chapitre

[18] https://unctad.org/en/PublicationsLibrary/wir2018_en.pdf

[19] https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/BR/indicateurs-et-conjoncture

[20] http://www.bsi-economics.org/831-bresil-spirale-taux-interet-jt

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L’accord de libre-échange UE- Mercosur: Opportunités et Contraintes https://master-iesc-angers.com/laccord-de-libre-echange-ue-mercosur-opportunites-et-contraintes/ Wed, 14 Nov 2018 14:23:51 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=2948 Au moment où les Etats Unis connaissent un retour au protectionnisme et commencent à se désengager de leurs partenaires commerciaux suite à l’arrivée de Donald Trump  au pouvoir politique en 2017 (notamment après la sortie brutale de son pays de… Continuer la lecture

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Au moment où les Etats Unis connaissent un retour au protectionnisme et commencent à se désengager de leurs partenaires commerciaux suite à l’arrivée de Donald Trump  au pouvoir politique en 2017 (notamment après la sortie brutale de son pays de l’accord commercial de libre-échange Asie-Pacifique (TPP) et la  demande de renégociation de l’ALENA), l’Union européen tente (Après 19 ans de pourparlers erratiques) de conclure un accord de libre-échange avec le Marché commun d’Amérique de Sud Mercosur qui rassemble quatre pays (l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay), un des plus grands marchés dans le monde et des plus fermés aux importations. L’accord inclut essentiellement l’assouplissement des limitations sur les exportations Mercosuliennes des produits bovines et de l’éthanol qui étaient exclus en 2016. En contrepartie le Mercosur devrait supprimer les droits de douane sur les exportations européennes dans les secteurs automobiles, la chimie, la pharmacie et les cosmétiques, progressivement sur une durée de 10 ans. L’accord inclut également la reconnaissance par le Mercosur de 357 produits ayant une indication géographique protégée (IGP).

 Un accord constitue pour l’UE, selon ses partisans, une opportunité à la fois géostratégique et économique qui lui permettra de pouvoir diversifier ses partenariats mondiaux et apportera en même temps des avantages économiques pour l’Europe en termes de croissance et d’emploi. L’accord prend en compte également des affaires importantes telles que le développement durable, le bien-être animal et le changement climatique, car les quatre pays du Mercosur ont signé l’accord de Paris. Cependant, les opposants à l’accord expriment leurs inquiétudes de par les menaces de la concurrence locale et régionale que pourrait générer l’assouplissement des droits de douane sur certains produits agricoles en Europe, notamment sur les produits issus à la filière bovine en France, ainsi de par d’autres aspects telles que les mesures sanitaires et les droits de propriétés intellectuelles.

Une histoire commune fluctuante entre les deux blocs (une histoire instable ou fragile entre les deux blocs puisque les négociations ont connu plusieurs cycles échoués)

 Depuis la déclaration de Rome en 1990 les négociations commerciales entre l’UE et le Mercosur ont connu différentes phases passants par plusieurs turbulences. En 1992 la Commission Européenne a signé un accord interinstitutionnel dans le but de fournir une aide technique et institutionnelle aux pays du Mercosur. Trois ans plus tard, les deux blocs régionaux ont signé à Madrid un accord de cadre-interrégional de coopération (dans le cadre de l’article 24 du GATT) dont l’objectif était d’établir une zone de libre-échange. Les négociations ont véritablement débuté en 2000 lors d’une réunion du comité des négociations bi régionales à Buenos Aires (Argentine) en vue de créer la plus vaste zone d’intégration commerciale dans le monde, regroupant 650 millions de personnes, avant que ces dernières négociations aient été interrompues en 2004.

L’échec de cette table ronde (cycle de négociation)  a été relié notamment à la difficulté pour l’UE d’inclure les produits agricoles et agro-industriels dans cet accord ainsi qu’à la question des subventions à l’agriculture à travers la Politique agricole commune (PAC), qui permet aux pays européens de protéger et de subventionner ses producteurs agricoles. En contrepartie, le Mercosur avait des difficultés à abaisser fortement ses droits de douanes, et le caractère imparfait de la zone de libre-échange du Mercosur engendrait d’autres problèmes concernant le secteur automobile, le droit de la propriété intellectuelle et les normes sanitaires et phytosanitaires. En 2010 l’Union Européenne et les états du Mercosur ont de nouveau relancé les discussions lors du sixième sommet qui s’est déroulé en Espagne entre l’UE et l’Amérique latine et les Caraïbes (ALC), mais celles-ci sont encore arrêtées en 2012. Depuis là, plusieurs turbulences ont entravé la signature de cet accord de libre-échange. En Europe, La crise de la dette publique grecque qui a été suivie par la crise de l’euro et l’opposition entre la France et le Royaume-Uni au sujet de financement de PAC. Le Mercosur de son côté a connu à cette époque plusieurs changements tels que la suspension du Paraguay en 2012 suite à la destitution du président Fernando Lugo et l’adhésion de Venezuela suivie également par sa suspension en 2016 pour des raisons politiques.

Un temps à l’arrêt, plusieurs séries de  négociations d’un TLC (Traité de libre commerce) ont eu lieu entre 2016 et 2017 à la faveur de l’arrivée au pouvoir de gouvernements pro-marchés en Argentine et au Brésil en 2016. La dernière ronde de négociations a eu lieu en septembre 2018 à Montevideo (Uruguay), les deux blocs auront voulu parachever le traité dans les plus brefs délais avant la fin des élections brésiliennes à l’issue d’une campagne stricte dominée par l’extrême droite, à son tour l’UE se prépare actuellement pour les élections du parlement européen qui se dérouleront en 2019 en pleine poussée des partis populistes. Mais là encore les perspectives semblent à nouveau s’éloigner,  le blocage porte toujours sur le secteur agriculture et plus précisément sur l’exportation de sucre, de bœuf et d’éthanol dans le marché européen. En outre, le Mercosur ne donne pas une suite favorable à la demande de l’UE d’accès au marché des services maritimes.

Les processus successifs de négociations ont mis en lumière des nombreux scénarios pour la conclusion possible d’un traité UE-MERCOSUR tout en analysant les avantages à en tirer et les défis à relever pour les deux blocs économiques.

Des atouts géostatiques et économiques au bénéfice de l’Europe

Pour le Mercosur,  un premier accord avec un grand bloc économique comme l’UE  constitue une opportunité évidente et nécessaire qui lui permettra de faire face à la concurrence de l’Alliance du Pacifique représentée par le Chili, la Colombie, le Mexique et le Pérou. L’accord bénéficiera notamment le Brésil qui, depuis 2014, ne profite plus du système de préférences généralisées SPG, étant classé par la Banque mondiale comme un pays à revenu intermédiaire. Brasilia se retrouve donc dans l’obligation de trouver un accord avec l’UE afin compenser cette perte.

De côté européen, l’accord constitue une opportunité ambitieuse qui lui permettra d’avoir un accès à un grand marché qui compte 260 millions de consommateurs. En effet, avec 82% du PIB total de l’Amérique du Sud, le Mercosur représente la zone économique et industrielle la plus dynamique par rapport aux autres organisations régionales dans l’hémisphère sud. L’accord va permettre également à l’UE de consolider son partenariat stratégique avec le Brésil, une puissance émergente et membre éminent des BRICS.

Un tel traité va sans doute renforcer les liens atlantiques de l’UE avec l’Amérique latine au détriment des autres géants partenaires commerciaux tels que les Etats-Unis, le Canada, le Japon, et plus particulièrement la Chine, qui est devenue en 2017 le principal partenaire commercial représentant 21,8% du commerce total du Mercosur, alors que l’EU s’est classée au deuxième rang (20,3% du commerce totale de Mercosur) devant les États-Unis (14,9%). L’échange commercial entre les deux blocs a atteint plus de 100 milliards d’euros en 2012, peu de temps avant la fin du boom des produits de base en 2014, mais a diminué à 86 milliards d’euros en 2017 avec une balance commerciale positive et croissante de 2 milliard d’euros pour l’Europe, alors qu’on 2016 la balance commerciale a affiché un excédent de 1 milliard d’euros. Les exportations de l’UE vers les quatre pays du Mercosur ont enregistré 44 milliards d’euros en 2017 alors que les exportations du Mercosur vers l’UE ont atteint environ 42 milliards d’euros.

Les relations commerciales entre les deux régions se caractérisent par un déséquilibre sectoriel, les importations européennes du Mercosur en 2017 incluent principalement les produits agricoles (22% des importations totales), tels que les produits alimentaires, les boissons et le tabac, les produits végétaux y compris le soja et le café (17%) et les viandes et autres produits d’origine animale (6%). Cependant, les exportations de l’UE vers le Mercosur comprennent en particulier, les machines (28%), l’équipement de transports (13% des exportations totales) ainsi que les produits chimiques et pharmaceutiques (22.8%). La finalisation de cet accord permettra, selon la commissaire européenne au commerce, l’élimination de plus de 4 milliards d’euros de droits de douane pour les entreprises européennes, soit huit fois plus que pour l’accord de libre-échange entre l’union européen et le Canada (CETA) et quatre fois plus que l’accord européen avec le Japon conclu récemment. En effet, le Mercosur, considéré une des régions les plus fermées aux importations mondiales, impose des barrières tarifaires historiquement très élevées (+35 % de droits de douane sur les voitures et les pièces détachées, 20-35% sur les machines, 35% sur les produits chimiques et 35% également sur les produits pharmaceutiques). La signature de l’accord va en trainer, selon les experts, une augmentation des exportations européennes de 25 % à 30 %.

Par rapport aux services et à l’investissement, l’accord diminuera toutes les sortes de barrières tarifaires qui contraignent les fournisseurs européens dans les secteurs clés de services, tels que les télécoms, transports, les services financiers les technologies de l’information et les services aux entreprises.

Les PME européennes seront également concernées par l’accord, notamment les PME françaises qui représentent 94% des entreprises françaises actives à l’exportation,  dans la mesure où elles seront capables de profiter pleinement des dispositions préférentielles contenues dans l’accord. L’UE et le Mercosur s’engageront ainsi à mettre en place des plateformes en ligne qui donneront aux PME un accès facilité à l’information nécessaire sur les exigences à l’importation.

Le futur accord apportera des avantages économiques pour l’Europe en termes de croissance et d’emploi, selon la commission européenne un milliard d’euros d’exportation soutient 14 000 emplois au sein de l’UE.

Des avantages pour le secteur industriel français

Selon les calculs de la Commission européenne, la France serait l’un des plus grands bénéficiaires de cet éventuel accord. Cela donnerait des opportunités à l’industrie française, notamment aux secteurs clés de l’automobile, la machinerie, la chimie et le produit pharmaceutique. En effet, parmi les pays européens la France était en 2015-2016 le premier exportateur vers les pays de Mercosur dans le secteur aéronautique, le deuxième exportateur des services et le troisième exportateur européen de produits pharmaceutiques, chimiques et de la plasturgie. Les exportations françaises vers le Mercosur ont atteint en 2016 environ 6 milliards d’euro de biens et 3 milliards d’euros de services, toutes ses exportations sont des produits à haute valeur ajoutée qui contribueront à favoriser la compétitivité des entreprises françaises et la création d’emplois. En ce qui concerne les importations, la France a importé en 2016 pour environ 3 milliards d’euro de biens du Mercosur, la moitié de ces importations concerne des matières premières et plus particulièrement des produits dont dépendent non seulement le secteur industriel, mais aussi les éleveurs de soja (1/4 des importations françaises provenant du Mercosur) et dont l’accès serait facilité grâce à cet accord.

Selon les conclusions d’une étude d’impact externe réalisée en 2016 par la Commission Européenne, les secteurs agricoles français seraient affectés de manière différente par l’ouverture du marché européen aux importations agricoles du Mercosur. En effet, certains produits agricoles offensifs, tels que les céréales, en particulier le blé, ainsi que les boissons (y compris le vin et les spiritueux) bénéficieraient d’une libéralisation accrue du marché.

Malgré ces nombreuses opportunités que pourrait offrir un traité UE-Mercosur, il reste à savoir quelles sont les contraintes qui empêchent la conclusion de cet accord.

Des questions agricoles à résoudre

L’agriculture reste toujours la pierre d’achoppement essentielle qui entrave les discussions entre les deux blocs. Selon l’étude d’impact externe de 2016, les produits agricoles sensibles de l’UE tels que le bœuf, le riz, la volaille et le sucre seraient dans une moindre mesure soumis à des pressions.

En revanche, l’afflux massif des exportations agricoles mercosuliennes vers le marché européen va provoquer une extension des cultures sur les territoires sud-américains, cela entrainerait des effets négatifs tels que la pression foncière, l’accaparement des terres ainsi qu’une augmentation de la déforestation, principalement dans les zones amazoniennes. L’organisation Greenpeace a publié en 2017 des éléments dénonçant la perte de près de 37 000 km2 de forêt amazonienne au Brésil en 2016, soit un territoire un peu plus petit que la Suisse. Cela aurait également des conséquences sur les droits humains et la contestation et répression sociale.

Parallèlement, certaines organisations agricoles européennes telles que La FNSEA, les Jeunes agriculteurs, la Fédération nationale bovine  se sont opposés à cet accord. Elles dénoncent en particulier les conditions d’élevage en Amérique du Sud, l’utilisation de fourrages OGM, ainsi que l’impact sur la production agricole européenne et française.

Inquiétudes autour des quotas de bœuf et d’éthanol

Lors de négociations bilatérales qui ont eu lieu à Bruxelles début 2018,  l’UE a déclaré qu’elle était prêt à améliorer son offre de viande bovine originaire de Mercosur afin d’avoir en retour un meilleur accès au marché Mercosulien en ce qui concerne le secteur d’automobiles européens ainsi que la protection de certaines indications géographiques. Ce qui a été jugé par certains  comme des concessions au Mercosur concernant leurs exportations de bœuf dans l’UE dans l’espoir d’élargir les débouchés dans le marché Sud-Américain.  Les éleveurs français en particulier craignent la mise en place de cet accord de par la forte concurrence déloyale qu’entrainera, dans le marché local, l’importation massive des bœufs sud-américains qui sont beaucoup moins chers que les bœufs français. En outre, les agriculteurs français redoutent les problèmes de qualité et de sécurité sanitaire puisque les produits bovins sud-américains importés ne seront pas soumis à la règlementation et aux normes sanitaires du marché européen. Selon les organisations syndicales, l’élevage de bovins, porcs et volailles dans l’Amérique du sud est essentiellement nourri à base d’OGM, en particulier de soja transgéniques.

Quant à l’éthanol (principalement issu de la canne à sucre, pour les agro carburants), il bénéficiera également de réductions tarifaires, au détriment des producteurs de betteraves sucrières en Europe. D’ailleurs, le Mercosur dénonce le faible volume de l’éthanol admis par l’Europe, qui  représente une offre 40 % moins intéressante par rapport à l’offre formulée par la Commission européenne lors de la première négociation en 2004. La plus grande partie de cet éthanol serait en effet dirigée vers l’industrie européenne, qui se plaint d’en manquer.

L’accès aux services maritimes de Mercosur

Durant la dernière ronde de négociations, l’UE a sollicité une demande d’éliminer les limitations imposées aux bateaux de marchandises européens naviguant en Amérique de sud, ce qui était inacceptable pour les pays de Mercosur, notamment le Brésil et l’Argentine, qui ont signé au temps du régime péroniste en Argentine, un accord créant une discrimination envers les bateaux européens qui les oblige à naviguer à vide.

La question de la propriété intellectuelle

Autre épine dans les négociations entre les deux parties, celle de la propriété intellectuelle et les droits d’auteurs. En effet cette affaire est très importante pour l’Europe afin de protéger brevets et secrets commerciaux des entreprises européennes. Par exemple, la Fédération Agraire Argentine (FAA) s’est opposée à l’accord de par l’imposition de la norme UPOV91 concernant les semences. Cette norme européenne, qui a été révisée en 1978 et puis modifiée en 1991, mènera à une série de limitations à l’usage des semences notamment pour les producteurs argentins, qui ne seront plus capables à conserver leurs semences pour les réutiliser les saisons suivantes ou pour développer de nouvelles variétés. D’autre part, l’association américaine Creative Commons reproche à l’accord la mise en place de dispositions étendant la durée des droits d’auteur à 70 ans après la mort de l’auteur, pour les pays ayant des durées plus courtes.

Outre l’accès aux marchés des produits agricoles, des dispositions relatives aux mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) et à la protection des indications géographiques (IGP) sont des questions essentielles pour l’UE. S’agissant des indications géographiques IGs, l’UE protègent déjà un liste de 357 produits indiqués IGP, près de 50 d’entre eux seront difficile à reconnaitre par le Mercosur, notamment les produits laitiers tels que la feta, le camembert de Normandie, le pruneau d’Agen, le jambon de Parme etc.

En conclusion, la volonté politique et les intérêts réciproques restent les premières conditions et les facteurs clés pour assurer le succès des relations commerciales. Un éventuel traité devra découler d’un dialogue dense, constructif et franc qui doit se développer entre l’Union européen et le Mercosur et ses associés notamment sur les secteurs sensibles de chaque bloc. Il est également nécessaire de reconsidérer les asymétries existantes entre les deux blocs en tant que points forts plutôt que comme des faiblesses.

Par Nivine Albouz, promotion 2018-2019 du M2 IESCI

Bibliographie

1- Drogué, Sophie, and Maria Priscila Ramos. “L’accord UE-MERCOSUR: le blocage agricole.” Chroniques des Amériques 5.22 (2005). https://archipel.uqam.ca/10193/1/Chro_drogue_ramos_05_22.pdf

2- Mamadou, Lamine Sarr.  “L’accord commercial UE/Mercosur : entre activisme brésilien et réticence argentine.” Centre d’études interaméricaines , Institut québécois des hautes études internationales (2014) http://www.cms.fss.ulaval.ca/recherche/upload/cei/fichiers/cei_mls_uemercosur_mar2014.pdf

3- Boulanger, Pierre, et al. “Cumulative economic impact of future trade agreements on EU agriculture.” European Commission (2016).

http://publications.jrc.ec.europa.eu/repository/bitstream/JRC103602/lb-na-28206-en-n_full_report_final.pdf

4- Négociations pour un accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Mercosur, MEDEF – Commission  International- (2010)

http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2009_2014/documents/dmer/dv/dmer_medef_9_2010_/dmer_medef_9_2010_fr.pdf

5- UE Trade with Mercosur, statistics of the European commission (2007-2017)

http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2006/september/tradoc_113488.pdf

6- Report from the 35th round of negotiations of the Trade Part of the Association Agreement between the European Union and Mercosur Montevideo, 10 – 14 September 2018

http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2018/october/tradoc_157432.pdf

7- https://www.lepoint.fr/economie/un-accord-de-libre-echange-entre-l-ue-et-le-mercosur-enfin-en-vue-12-12-2017-2179001_28.php

8- http://www.assemblee-nationale.fr/europe/rap-info/i2269.pdf

9- https://www.focus-economics.com/blog/mercosur_eu_free_trade_agreement

10- https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/09/14/commerce-le-projet-d-accord-entre-l-union-europeenne-et-le-mercosur-risque-de-nouveau-l-enlisement_5355031_3234.html

11- http://www.europarl.europa.eu/legislative-train/theme-a-balanced-and-progressive-trade-policy-to-harness-globalisation/file-eu-mercosur-fta

12- http://www.europarl.europa.eu/legislative-train/theme-a-balanced-and-progressive-trade-policy-to-harness-globalisation/file-eu-mercosur-fta

13- https://m.lesechos.fr/0301019297275.htm

14- https://franceoea.org/spip.php?article1305

15-https://www.greenpeace.fr/traite-ue-mercosur-menace-forets-climat/

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Comment la crise pétrolière actuelle favorise la crise au Venezuela https://master-iesc-angers.com/comment-la-crise-petroliere-actuelle-favorise-la-crise-au-venezuela/ Wed, 29 Nov 2017 13:31:24 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2444 La crise actuelle du Venezuela est terrible. Le PIB de l’année 2017 devrait reculer de 12%. La situation économique mais aussi politique est dans un état déplorable. L’opposition politique à Nicolas Maduro, le président et successeur de Chavez, se fait… Continuer la lecture

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La crise actuelle du Venezuela est terrible. Le PIB de l’année 2017 devrait reculer de 12%. La situation économique mais aussi politique est dans un état déplorable. L’opposition politique à Nicolas Maduro, le président et successeur de Chavez, se fait plus forte. Il y a même eu une tentative de coup d’état durant l’été, mais elle a échoué. Au niveau économique ça va mal aussi avec des rationnements de produit de base et le manque de produits importants comme les médicaments.

En quoi la crise pétrolière actuelle favorise la crise au Venezuela ?

Nous verrons dans un premier temps les causes de cette crise puis dans un second temps le cas du Venezuela.

Partie 1:  Les causes de la crise pétrolière

Il y a eu de nombreuses crises pétrolières depuis le XXème siècle dont notamment le choc pétrolier de 1973. Cette crise actuelle a permis de réduire le prix du pétrole. Elle est présente pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, la crise pétrolière que l’on connaît actuellement commence en 2014 comme on peut le voir avec le graphique en annexe. On avait un baril à plus de 110$, mais le prix s’est effondré en l’espace de quelques mois. Cela peut s’expliquer par le développement du pétrole de schiste notamment aux États-Unis. Il s’agit de pétrole contenu dans des formations géologiques poreuses qui peut être obtenu par le “fracking” c’est à dire par fracturation hydraulique afin de le récupérer. Le véritable changement durant cette période a été quand les États-Unis sont passés d’importateur de pétrole à exportateur de pétrole. En effet, les États-Unis sont devenus le premier producteur mondial de pétrole en 2015 selon BP et devraient le rester en 2017. C’est un problème pour les autres pays producteurs de pétrole et notamment pour les pays de l’OPEP dépendant de cette manne financière. Face à ce nouveau concurrent, l’Arabie Saoudite avait fait chuter les prix afin de garder ses parts de marché. Cette guerre commerciale pour le pétrole a favorisé la chute des prix.

En effet une des stratégies du royaume saoudien était de baisser les prix assez bas pour que le pétrole américain soit déficitaire et que les entreprises Américaines fassent faillite. Cependant, cette politique ne fut efficace qu’un temps car il reste très dépendant du pétrole, même s’il dispose de fonds pour alimenter cette stratégie. En effet il fait partie des pays qui souffrent de la maladie hollandaise comme la plupart des pays de l’OPEP dont le Venezuela. C’est “un phénomène économique qui relie l’exploitation de ressources naturelles au déclin de l’industrie manufacturière locale. Ce phénomène est suscité par l’accroissement des recettes d’exportations, qui à son tour provoque l’appréciation de la devise. Le résultat est que dans les autres secteurs, les exportations deviennent moins favorables que les importations”. En effet, le royaume saoudien a utilisé une partie de ses réserves monétaires pour cette politique, mais il a dû arrêter. Les prix ont ainsi pu remonter, mais cela reste très désavantageux pour ces pays dépendants de l’or noir. De plus on peut noter les tentatives d’accord de l’OPEP et de certains pays à côté comme la Russie pour tenter de régler ce problème. Cependant il y a eu un accord de signé, celui du 30 novembre 2016, pour limiter la production mais on est loin de la situation d’avant crise surtout pour ce qui est du prix.

Ensuite un autre événement va avoir un effet sur le cours du pétrole. Cet événement géopolitique est l’accord sur le nucléaire entre le “P5 + 1” et l’Iran. Le “P5 + 1” correspond aux pays formant le conseil de sécurité à l’ONU : La France, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine et l’Allemagne qui a été ajoutée à ce groupe. Cet accord qui a été signé en 2015 impose à l’Iran de ne pas créer d’arme nucléaire et en échange ils réduisent les sanctions économiques à leur encontre. La rivalité entre l’Iran et l’Arabie Saoudite est exacerbée, car l’Iran peut maintenant relancer son industrie pétrolière très affectée par les sanctions économiques. Dans ce contexte particulier cela montre que le cours ne va pas monter. De plus on peut rajouter que ces 2 pays sont en véritable guerre froide pour leurs influences dans le Moyen-Orient. Dans cette optique un accord est relativement dur à trouver même s’il l’a été avec l’accord actuel, celui du 30 novembre 2016 qui a été relativement dur à signer. De plus on peut dire que les tensions actuelles dans la région notamment la guerre civile en Syrie accentue les problèmes.

Puis un des autres facteurs de cette chute des prix est le ralentissement de la croissance économique des BRICS. En effet la baisse de demande qu’ils entraînent favorise la baisse des prix du pétrole. Cette baisse de la demande qui se fait en même temps que cette augmentation de l’offre explique cette chute brutale. À partir de 2014 la croissance chinoise ne dépasse plus les 7% ce qui est une première depuis plus de 20 ans. Puis on peut aussi parler de la situation brésilienne qui est elle aussi délicate aussi bien politiquement qu’économiquement, notamment à cause des affaires de corruption. De plus le marché américain est devenu autonome pour la consommation de pétrole, ce qui réduit les débouchés.

Pour conclure nous avons vu les différentes causes de cette crise pétrolière qui est non seulement une crise de l’offre avec une surproduction, mais il y a aussi une réduction de la demande, ce qui explique la chute brutale du cours.

Après avoir vu les causes de la crise pétrolière actuelle nous allons nous intéresser au cas du Venezuela, un pays totalement dépendant de la vente du pétrole.

Partie 2: Le cas du Venezuela

Le Venezuela comme dit précédemment est assis sous les plus grandes réserves de pétrole au monde. Ce pays pratiquement 2 fois plus grand que l’Espagne a aussi de nombreuses ressources minières comme les mines d’or et d’argent, de bauxite et de diamants. Cependant ses réserves sont largement inférieures à celles du pétrole. On pourrait croire à un pays assez riche. Cependant la situation du pays est assez mauvaise, la situation politique et économique est au plus mal, le pays est proche d’une guerre civile.

La politique du Venezuela est assez particulière notamment depuis l’élection de Hugo Chávez en 1999 et le triomphe de la révolution bolivarienne, du nom d’un général ayant participé à l’indépendance des pays sud-américains face à l’Espagne. Cela a favorisé le développement du “Chavisme”. Il va mener une politique socialiste et redistribuer les revenus du pétrole. Cependant le problème est que la majeure partie des revenus extérieurs viennent du pétrole. Le Venezuela est touché par la maladie hollandaise, définie précédemment. En effet la production de pétrole asphyxie les autres secteurs de l’économie. La part du pétrole dans ses exportations est de 96% ce qui montre l’importance du pétrole pour le pays, de plus il contribue pour à environ 50% au budget de l’état en 2016. Il y a donc une grande dépendance à cette ressource et surtout pour mener les politiques redistributives commencées dans les années 2000. En effet à son arrivée au pouvoir Chávez a repris le secteur pétrolier en main en le nationalisant. Il va mettre en place le “plan Bolivar 2000” afin de changer le pays. Il va réduire les inégalités, promouvoir le développement de l’éducation, une médecine gratuite afin de sortir la population de la pauvreté.

En effet la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes des Nations unies (Cepal) indique en effet que le taux de pauvreté au Venezuela est passé de 30,5 % à 23,4 % entre 2003 et 2010. Cela montre le succès de la politique de Chávez dans ce domaine. Cependant il faut relativiser ce succès car il correspond aussi à une augmentation des prix du pétrole durant cette période. Le 5 mai 2013 Chávez meurt des suites d’un cancer, il a choisi comme héritier Nicolas Maduro qui se fera élire durant les élections présidentielles. Il gagne d’une courte tête, étant beaucoup moins populaire que Chávez, grâce aux pauvres aidés par l’ancien président. Le nouveau président va devoir s’occuper du pays moins pauvre mais dont la diversité économique manque. En effet la rente pétrolière a surtout servi à réduire la pauvreté et pas à structurer l’économie ou à la diversifier, par exemple entre 2000 et 2013 l’industrie compte 2 fois moins d’entreprise. De plus l’inflation est déjà assez forte à l’aube de la crise pétrolière avec 25% en 2012. Avec la crise pétrolière toutes les tares du modèle vénézuélien refont surface.

Entre juillet 2014 et janvier 2016 le prix du baril s’effondre comme on peut le voir sur le graphique il passe d’une centaine de dollars le baril à moins de 30$ le baril. La situation est catastrophique pour le Venezuela qui importe la majorité des biens qu’il consomme. Rapidement le pays manque de tout et de graves pénuries voient le jour que ce soit en produits de base (80% des produits manquent) ou plus grave en médicament qui manquent dans les 3/4 des hôpitaux. Un des faits marquants se passe le 5 juillet 2016, où la population force la frontière avec la Colombie pour se ruer sur des supermarchés et s’approvisionner en produits de base. La situation n’est pas près de s’arranger économiquement car le FMI a prévu une inflation de 1660% pour 2017. De plus on peut ajouter le marché noir du dollar qui augmente et favorise cette inflation. La population a de moins en moins confiance dans le bolivar vénézuélien. En effet comme on peut le voir sur le deuxième graphique l’Etat essaye de limiter cette inflation mais ne peut rien faire face à ce marché noir qui est très grand. Par exemple en novembre 2016 on a vu la monnaie vénézuélienne perdre 60% de sa valeur par rapport au dollar.

Ensuite, politiquement, la crise est aussi présente, car la défiance envers le gouvernement et le régime de Maduro augmente. Les tensions au sein du pays augmentent avec par exemple la tentative de coup d’état manqué lors de l’été. La situation du pays inquiète ses voisins ainsi le 27 octobre 12 pays d’Amérique demande à l’ONU d’intervenir dont le Brésil, l’Argentine etc … dénonçant le déroulé des dernières élections le 15 octobre. Les tensions ne datent pas que de cette année, en effet il y a eu de nombreuses manifestations contre le rationnement imposé et le manque de produits de base. Depuis 2014, il y a déjà eu plus d’une centaine de morts lors des manifestations. Il y a eu des incidents aux frontières. Cela explique la demande de ces Etats. La situation reste très tendue et certains craignent une guerre civile, car la situation ne s’améliore pas, le spectre d’un défaut de paiement a fait son apparition. De plus, le FMI ne viendrait pas à leur secour, car le pays a claqué la porte de l’institution en 2007.

Pour conclure malgré toutes les ressources dont dispose le pays la situation est catastrophique. La crise pétrolière de 2014 a mis en évidence la gestion calamiteuse de la rente pétrolière par Chávez qui au profit des pauvres a négligé l’économie de son pays. Cette crise économique a favorisé la crise politique. De plus il y a d’autres soucis qui favorise cette crise tel que les problèmes d’insécurité.

Conclusion :

Nous avons vu les causes de la crise pétrolière qui a commencé en 2014. Le prix du pétrole ne risque pas de remonter car la situation entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite par rapport à la production de pétrole reste tendue. Donc le prix du baril de pétrole risque de peu changer ou dans le pire des cas de baisser. Dans cette optique, la situation du Venezuela deviendrait intenable. En effet, le spectre de défaut de paiements est présent. Si jamais il devait avoir lieu, la situation empirerait. Les perspectives restent négatives pour le futur. Une des seules solutions viables sur le long terme reste une solution politique avec la destitution de Maduro et la tenue de nouvelles élections, mais avec dans le pire des cas le spectre d’une guerre civile ou d’un coup d’état. Dans tous les cas, la situation reste problématique et très tendue dans ce pays d’Amérique latine.

Par Penloup Alexandre, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Bibliographie:

  • Iris Marjolet, « Pétrole et gaz au Venezuela », Outre-Terre 2015/2 (N° 43), p. 177-182.
  • Marguerite Desmichelle, « La diplomatie pétrolière du Venezuela : quelle viabilité ?», Sécurité et stratégie 2014/3 (18), p. 62-70.
  • John V. Mitchell, Texte traduit de l’anglais par David Rochefort, « L’autre face de la dépendance énergétique », Politique étrangère 2006/2 (Été), p. 255-268.
  • Lioubomir Mihailovitch et Jean-Jacques Pluchart, 1985, « L’OPEP », 2ème édition, presse universitaire de France
  • Olivier Appert, « Les relations pétrolières et gazières après l’accord sur le nucléaire iranien », Confluences Méditerranée 2016/2 (N° 97), p. 131-141.
  • Marie Albert, Cristina Jude« Venezuela : l’insoutenabilité du modèle de croissance, source de tous les risques », Revue d’économie financière 2016/4 (n° 124), p. 201-222.

Webographie:

Informations sur le Venezeula

Informations sur les causes de la crise pétrolière

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La nomination de  Mauricio Claver-Carone au sein de l’équipe de transition de Donald Trump est un signe peu rassurant concernant  les relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba. L’avocat américain est connu pour ses prises de positions en faveur de l’embargo. Les incertitudes sont donc toujours nombreuses mais les efforts initiés par l’OFAC se poursuivent. En octobre dernier, Le Trésor américain a annoncé la levée de certaines sanctions facilitant  les échanges notamment dans le secteur médical. Cuba compte 24  facultés de médecine dont l’ELAM, un institut inauguré par Fidel Castro en 1999 ayant pour vocation de former des médecins du monde sous développé. 24 000 étudiants venant de 116 pays d’Amérique latine, de la Caraïbe, d’Afrique, d’Asie, d’Océanie, mais également des États-Unis sont formés à Cuba. Ces formations sont bien entendu dispensées gratuitement. L’OMS a d’ailleurs rendu hommage à l’ELAM en soulignant la qualité de sa formation centrée autour des préoccupations médicales actuelles et qui répondent aux besoins des pays envers lesquels Cuba a une obligation morale d’agir. L’internationalisme cubain a été initiée dès la révolution castriste et a permis de sauver la vie de nombreuses populations avec en moyenne 40 000 médecins cubains intervenant dans de nombreux pays. Ce secteur est le deuxième plus important à l’export et représente donc un axe de développement important pour le régime cubain. L’annonce d’une nouvelle levée de sanctions dans ce secteur est donc stratégique pour Cuba.

Histoire de la médecine moderne cubaine

A la suite de la révolution communiste à Cuba, Fidel Castro a fait de la médecine l’un des piliers du développement cubain et a instauré le principe d’internationalisme. En 1960, Cuba envoya sa première délégation médicale au Chili à la suite d’un seisme majeur. Les relations entre le gouvernement de Jorge Alessendri et Cuba étant tendues cette aide apportée au pays est significative et souligne le caractère humaniste de cette mission. En 1963, 58 médecins cubains se sont rendus en Algérie suite à sa récente indépendance pour aider à mettre en place un système de santé publique. Ces deux événements illustrent parfaitement le principe de l’internationalisme cubain. Grâce au financement Russe ainsi que du COMECON, Cuba a pu poursuivre ses efforts dans la recherche médicale. A la chute du bloc de l’Est la médecine a d’ailleurs permis au régime de garder la tête en dehors de l’eau en poursuivant l’envoi d’équipes médicales en Asie et en Afrique. Malgré les difficultés dues à l’embargo, l’île a toujours investi dans la recherche-développement avec plus d’un milliard de dollars investis ces 20 dernières années. Ces efforts ont permis à Cuba de développer des traitements à la pointe notamment, contre le cancer du poumon.

La médecine cubaine convoitée à l’international

Grâce aux diverses interventions cubaines à l’étranger, le régime de Castro a pu prouver l’efficacité des médecins formés au sein des facultés de médecine de l’ile, mais aussi l’efficacité de ses traitements. Ainsi, de nombreux accords ont été signés en échange d’une aide médicale. En effet, à partir de 2004, Cuba a commencé à facturer son aide aux pays où elle intervient, lui procurant l’une de ses principales sources de revenus. Le Venezuela a donc fourni du pétrole à l’Ile et a financé la rénovation de la raffinerie à Cienfuegos. Cette usine construite avec du matériel soviétique avait été abandonnée suite à la chute de l’URSS. Le Venezuela l’a déjà financée à hauteur de 136 millions de dollars. Un second investissement de plus d’un milliard de dollars est attendu. Il est important de préciser que Cuba dépend à hauteur de 60% du Venezuela pour sa consommation de pétrole. Près de 20 000 médecins cubains ont été envoyés au Venezuela depuis la signature de l’accord entre les deux nations. Le Brésil a lui aussi reçu l’aide de plus de 6000 médecins cubain en 2013 en l’échange d’une aide financière pour la rénovation de 5 aéroports (Havana, Santa Clara, Holguín, Cayo Coco and Cayo Largo) et du plus grand port de commerce San Muriel. L’Afrique du Sud est aussi un partenaire important. A cause de la fuite des cerveaux et plus particulièrement du personnel médical, l’aide de Cuba à ce pays a été très bien accueillie. On ne sait cependant pas le montant perçu par la République cubaine. Ces différents partenariats permettent donc à Cuba de développer grâce à leur avantage comparatif d’autres secteurs comme le pétrole ou encore le tourisme. Ce levier n’est d’ailleurs pas près de s’arrêter quand l’on connaît le succès certains de plusieurs traitements cubains.

Les traitements cubains attisent la convoitise de certains pays occidentaux

Cuba a fait preuve de son efficacité encore récemment pour lutter contre l’épidémie Ebola en Afrique. Ce fut le premier pays à intervenir en concert avec les ONG. Son intervention a été saluée par l’OMS ainsi que les États-Unis. Mais la compétitivité de Cuba dans le secteur médical ne se limite pas à son personnel qualifié  : il y a aussi ses avancées majeures dans la lutte contre le cancer. En 2013, la France transformait une partie de la dette cubaine en fond d’investissements notamment dans le secteur du médical. De cet événement est née la collaboration entre le CNRS et Theradiag  pour le développement de nouvelles solutions thérapeutiques. Cette collaboration est menée par ABIVAX. Aujourd’hui,  13,6 millions d’euros sont supportés par celle-ci, elle bénéficie d’un financement de Bpifrance sous forme d’avances remboursables et de subventions à hauteur de 7,3 millions d’euros dont 5,2 millions d’euros pour ABIVAX. La société a aussi signé différents accords avec plusieurs instituts de recherches cubains (Institut Finlay, et le CGIB) ainsi qu’avec un consortium d’entreprises spécialisées dans les biotechnologies BioCubaFarma. Initié en 2013 par le gouvernement cubain, ce regroupement d’entreprises forme une sorte de cluster biotechnologique permettant au pays de développer des traitements qui attisent la convoitise de pays occidentaux. Abivax travaille depuis cinq ans avec les différents instituts de l’ile au développement d’un vaccin contre l’hépatite B chronique, contre le virus de la dengue, et des traitements contre le cancer du poumon.  Interrogé par RTL, le président d’Abivax, Philippe Pouletty, vante les qualités des centres de recherche de l’île:

«Ce qui les caractérise, c’est qu’ils ont des brillants chercheurs, de très bons ingénieurs et techniciens et que Fidel Castro, au début des années 1980, en même temps que la révolution des biotech démarrait aux États-Unis et en Europe, avait décidé d’en faire partie.»

4 mois après la reprise des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba, Andrex Cumo, le gouverneur de New York se rendait à l’Institut Roswell Park contre le cancer. Cette visite avait pour but de finaliser l’accord avec le Centre d’Immunologie Moléculaire de Cuba afin de débuter les essais cliniques aux Etats-Unis. Ce traitement a nécessité 16 ans de recherches et permet d’allonger l’espérance de vie des patients atteint du cancer du poumon de 4 à 6 mois chez 85% des patients. Il est nécessaire d’obtenir l’autorisation de la FDA pour que le Cimavax soit par la suite utilisé auprès des patients à risque et sur d’autres types de cancer comme ceux de la prostate ou encore des reins …

Le secteur médical est un levier de croissance important pour Cuba qui utilise cet avantage comparatif et les profits qu’il génère pour développer de nouveaux secteurs. Le tourisme que l’on sait déjà attractif à Cuba profite doublement de cet avantage car l’ile propose maintenant de lier médecine et tourisme. L’entreprise canadienne Travelucion a signé un contrat d’exclusivité avec Cuba en mars 2016 et propose des séjours sur lesquels elle prend 10% de commissions. Cela n’a rien de surprenant, le prix des soins étant bien inférieur comparativement à ses voisins. Le tourisme cubain souffre justement d’une carence en infrastructures du fait des nombreux hôtels qui se sont ouverts ces dernières années. En effet, il manque d’éléments périphériques aux lieux de séjour pour satisfaire une demande variée des visiteurs. Le tourisme médical représente peut être une solution viable pour pallier à ce manque et donner une nouvelle raison aux voyageurs de visiter Cuba.

Par Clément Jarry, promotion 2016-2017 du M2 IESC

Sources :

https://www.theguardian.com/world/2016/nov/26/donald-trump-fidel-castro-cuba-embargohttps://blogs.mediapart.fr/pizzicalaluna/blog/250713/cuba-l-ile-de-la-sante

https://www.imtj.com/news/travelucion-sign-new-deal-promote-cuban-medical-tourism/http://www.ratb.org.uk/news/cuba/350-south-africa-doubles-contracted-cuban-doctors

https://www.cubastandard.com/?p=6770

http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2013/10/01/des-milliers-de-medecins-cubains-attendus-au-bresil_3488150_3208.html

http://www.forbes.com/forbes/welcome/?toURL=http://www.forbes.com/sites/billfrist/2015/06/08/cubas-most-valuable-export-its-healthcare-expertise/&refURL=&referrer=#5beccbb7325c

http://fr.actualitix.com/pays/cub/cuba-indice-de-developpement-humain.php

http://www.rfi.fr/ameriques/20110808-cuba-exception-medicale

http://www.cubania.com/post/le-nimotuzumab-modifie-le-pronostic-du-cancer-a-cuba/

http://www.servicesantecuba.com/autres-traitements/

http://la1ere.francetvinfo.fr/cuba-un-tourisme-medical-de-pointe-pour-des-patients-paralyses-etrangers-402441.html

https://fr.express.live/2015/05/13/cuba-a-un-vaccin-contre-le-cancer-du-poumon-qui-interesse-les-etats-unis-exp-213391/

http://www.tradingsat.com/abivax-FR0012333284/actualites/abivax-les-bonnes-nouvelles-de-l-abx464-contre-le-sida-reveillent-l-action-695909.html

http://geopolis.francetvinfo.fr/castro-le-succes-de-la-politique-de-la-sante-a-cuba-99099

http://cubasifranceprovence.over-blog.com/2014/01/cuba-venezuela-la-solidarite-internationale-en-action.html

http://geopolis.francetvinfo.fr/cuba-exporte-ses-medecins-contre-des-devises-19037

http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/10/18/cuba-donne-l-exemple-dans-la-lutte-contre-ebola_4508408_3244.html

http://www.abivax.com/fr/actualites-et-evenements/la-presse-parle/108-cuba-ses-vaccins-interessent-les-francais.html

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Cuba : quelle stratégie pour un pays en mutation ? https://master-iesc-angers.com/cuba-quelle-strategie-pour-un-pays-en-mutation/ Tue, 13 Dec 2016 20:36:21 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=1507 Le 26 octobre dernier, les États-Unis se sont abstenus de voter pour la première fois de leur histoire contre une levée des sanctions sur Cuba à un sommet de l’ONU. Bien entendu, les 191 autres pays présents ont tous voté… Continuer la lecture

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Le 26 octobre dernier, les États-Unis se sont abstenus de voter pour la première fois de leur histoire contre une levée des sanctions sur Cuba à un sommet de l’ONU. Bien entendu, les 191 autres pays présents ont tous voté en la faveur d’une levée de l’embargo et donc d’un réchauffement des relations diplomatiques et commerciales avec Cuba. L’opposition de la communauté internationale vis à vis de la politique américaine à Cuba a, quant à elle, été critiquée vivement et ce depuis presque 10 ans. En effet, les mesures successives des américains dans le but de faire plier Cuba ont toutes été un échec. Bill Clinton lui même a reconnu 10 ans après le vote de la loi Helms and Burton, qu’il avait soutenue, que les politiques répressives envers Cuba ne fonctionnaient pas. Cette abstention est donc un signe fort que l’effort entrepris par Barrack Obama est maintenu. Durant ce sommet, un nouveau dégel a d’ailleurs été annoncé concernant le rhum, les cigares, ou encore dans la recherche médicale pour aller dans ce sens. Cela ne signifie pas pour autant que les américains sont d’accord avec l’ensemble de la politique cubaine, mais ils soulignent toutefois par l’intermédiaire de l’ambassadrice Mme Samantha Power que le régime castriste « avait fait des progrès importants pour améliorer le bien-être de sa population ». Cuba n’a en effet pas attendu une amélioration de ses rapports avec la première puissance mondiale pour doper son économie.

Les politiques répressives qui ont frappé l’île ont poussé les cubains à les contourner pour ainsi trouver un secteur prospère, moins sensible aux variations de la politique extérieure américaine. Le tourisme a pendant longtemps porté Cuba au point d’en être le principal moteur économique dès le début des années 90 avec plus de 3,5 milliards de dollars dépensés entre 1990 et 1999. Le 8 novembre, les élections américaines ont eu lieu donnant Donald Trump vainqueur et faisant de lui le 45ème Président des États-Unis. Ce dernier s’est déjà prononcé de nombreuses fois concernant la politique qu’il mènerait avec Cuba qu’il souhaiterait plus exigeante que celle entreprise par Obama. Il a d’ailleurs dit souhaiter revoir ces accords lors de la campagne présidentielle. A cette incertitude s’ajoute le poids des républicains au sein du Sénat. Bien que le conseil de l’ONU ait voté en la faveur d’une levée des sanctions, c’est bien le Sénat qui décidera en définitive d’un changement radical ou non des relations entre Cuba et les États-Unis. Paul Ryan, chef des républicains à la Chambre des représentants, a promis il y a une semaine que le Congrès allait maintenir l’embargo malgré les récentes mesures prises par M. Obama pour poursuivre le dégel des relations avec le régime communiste. Que peut donc faire Cuba dans ce moment charnière de son histoire pour garantir à son peuple une stabilité économique ?

Le tourisme est depuis longtemps un élément fondateur, un pilier de l’économie cubaine. Dès les années 1990, le gouvernement cubain a compris que ce secteur offrait toutes les solutions aux problèmes posés par l’administration américaine. En effet, les lois extraterritoriales américaines affectant l’économie cubaine ne prévoyaient pas et ne prévoient toujours pas de sanctions dans ce secteur. Le seul handicap résidait dans la loi promulguée par Bush fils, maintenant levée, qui interdisait entre autres, ou du moins limitait les dépenses effectuées par les américains dans le pays. Les dépenses pour développer ce secteur ont donc été massives ce qui a permis d’assurer à la population cubaine une éducation gratuite, ainsi qu’une assurance maladie universelle. Des écoles ont été créés et ce depuis les années 90, pour former les cubains au secteur du tourisme. En cette période de réchauffement mais toujours d’incertitudes, le gouvernement cubain maintient son intention d’investir dans ce secteur le sachant relativement protégé des sanctions américaines.

Une des raisons pour lesquelles on peut penser que le tourisme cubain est protégé c’est l’investissement massif de la chaine hôtelière américaine Starwood. Un accord a en effet été signé le 6 mai dernier accordant au géant américain la gestion de trois grands hôtels à la Havane dont deux seront rénovées pour en faire des hôtels de luxe. Quand on sait la collaboration faite entre les entreprises américaines et l’état dans le renseignement économique, à travers notamment In-Q-Tel, (fond d’investissement fondée en 1999 par d’anciens agents de la CIA), on peut supposer que le tourisme à Cuba restera un secteur majeur. Ce type d’événements vient donc conforter Cuba dans sa décision de soutenir encore le tourisme au sein de son territoire. Un plan quinquennal a d’ailleurs été initié par le Ministre cubain du tourisme qui souhaite augmenter le nombre de chambres d’hôtels de 63 000 à 85 000. Cela permettrait à Cuba d’accueillir une clientèle en constante hausse. On compte une augmentation de 77% des touristes américains en 2015. Dans ce contexte favorable à l’implantation d’entreprises touristiques, le géant Airbnb est parvenu à s’implanter, échappant lui aussi aux sanctions américaines grâce à la niche qu’il occupe. On compte en effet plus de 4000 logements à Cuba disponibles sur le site. De la même manière, Cuba a souhaité rénover l’aéroport de la havane en chargeant les travaux à l’entreprise française Aéroport de Paris.

Tous les feux semblent donc au vert pour investir massivement dans ce secteur qui rappelons-le, est à l’abri des sanctions américaines et d’un éventuel durcissement des relations suite à l’élection de Donald Trump. Ce secteur a cependant déjà connu des crises qui ont mises à mal l’économie cubaine. En effet, bien que Cuba tente de se diversifier, et nous y reviendrons plus tard, la majorité des investissements dans le pays sont faits dans le tourisme. Ainsi en 2008, ce secteur a vu ses résultats chuter à cause de la crise des subprimes. Cette crise fut pire que la précédente qui avait eu lieu en 2005. Ce que montre cet exemple, c’est la dépendance de l’économie cubaine vis à vis de celles des pays partenaires. Le risque pour Cuba serait de voir surgir une nouvelle crise économique mondiale qui pourrait ruiner les efforts fait dans ce secteur, et accroître la dette cubaine qui est l’une des plus importantes au monde.

N’oublions pas que Cuba a une vision de ce que doit être le tourisme. Fidel Castro s’était  exprimé en rappelant qu’il ne souhaitait pas voir Cuba tomber dans le « tourist gambling » en favorisant le tourisme sexuel ou les drogues. Même si de nombreuses voix s’élèvent pour dire que faire du tourisme à Cuba revient à vendre l’âme de l’île, lui souhaitait créer un nouveau concept de tourisme durable notamment grâce aux dimensions écologiques, économiques et sociales. A  travers ces déclarations on peut déduire que certaines activités commerciales pourront être interdites contrairement à d’autres destinations touristiques. Aussi peut-on douter de l’implantation d’un Margarita ville à Cuba comme le souhaiterait le fondateur de la société, Jimmy Buffet.

Les deux défis qui se présentent à Cuba aujourd’hui pour garantir un développement constant et sain du secteur touristique sont le développement d’infrastructures de loisirs et restaurations, ainsi que la diversification de ses pôles touristiques. Le nombre croissant d’hôtels   commence à atteindre un seuil critique car l’île connaît une carence dans les loisirs ou encore la restauration. En effet, à trop concentrer ses investissement dans le tourisme hôtelier, Cuba a sous-estimé l’importance de créer des infrastructures pour offrir à ses touristes autre chose que ses plages. L’indicateur utilisé par le Ministère du tourisme cubain illustre parfaitement ce manque d’intérêts pour les commerces potentiels qui pourraient accroître l’attractivité de Cuba. Cet indicateur  est un ratio permettant de calculer la moyenne des retombées économiques pour le peuple cubain en fonction des chambres d’hôtel occupées dans le pays. Concernant la diversification de ses pôles touristiques, Cuba est déjà parvenu à identifier différentes zones et à investir près de 700 millions de dollars pour les développer. Aujourd’hui, 70% des revenus du tourisme viennent de deux endroits, la Havane et Varadero Beach.

Cuba souhaite donc continuer à investir massivement dans le tourisme qui est depuis plus de 20 ans le moteur de son économie. Cette stratégie est efficace car elle répond parfaitement aux problématiques posées par les sanctions américaines existantes ou potentielles. L’île doit cependant revoir sa vision du tourisme pour rester compétitive par rapport à ses voisins caribéens. La mort de Fidel Castro le 26 novembre dernier marque la fin de Cuba telle qu’on la connaît et annonce l’avènement controversé d’un nouveau modèle qui devra surmonter de nombreux obstacles, comme la mentalité cubaine toujours profondément ancrée par le communisme et le combat mené par son leader historique.

Par Clément Jarry, promotion 2016-2017 du M2 IESC

Sources

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http://www.globalsecurity.org/military/world/cuba/economy.htmhttp://thecubaneconomy.com/articles/tag/trade-strategy

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http://www.nationalgeographic.com/travel/destinations/caribbean/cuba/how-tourism-will-change-cuba/

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2016/10/26/levee-de-l-embargo-contre-cuba-pour-la-premiere-fois-les-etats-unis-s-abstiennent_5020879_3222.html

http://publications.atlanticcouncil.org/uscuba//

http://www.nytimes.com/2016/11/16/world/americas/cuba-donald-trump.html?_r=0

https://www.thestreet.com/story/13490830/1/why-you-should-invest-in-cuba-and-how-to-do-it.html

http://www.as-coa.org/articles/cubas-tourism-economy-boon-and-dilemma

http://revista.drclas.harvard.edu/book/tourism-development-cuban-economy-english-version

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Cuba : un Eldorado incertain https://master-iesc-angers.com/cuba-un-eldorado-incertain/ Mon, 21 Nov 2016 14:29:42 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=1443 Est-ce enfin le retour des cigares et du rhum cubains que tant d’américains attendent ? Depuis maintenant 2 ans les discussions ont repris entre le pays de l’oncle Sam et son rival cubain. Malgré une opposition républicaine forte, notamment au sénat où… Continuer la lecture

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Est-ce enfin le retour des cigares et du rhum cubains que tant d’américains attendent ? Depuis maintenant 2 ans les discussions ont repris entre le pays de l’oncle Sam et son rival cubain. Malgré une opposition républicaine forte, notamment au sénat où ils ont la majorité, Obama a pu pacifier les relations tumultueuses entre ces deux pays à travers des visites officielles à Cuba, les premières depuis la visite de Calvin Coolidge, alors Président des États-Unis en 1928. Ces signes forts ont bien entendu pour objectif de rendre « irréversible » le processus qu’Obama a lui-même initié. Cuba vit donc en ce moment une rupture, un moment charnière dans son histoire rythmée par des régimes totalitaires tantôt  pro-américain, avec la dictature de Batista, tantôt anti-américain avec la dictature castriste. Dans ces deux cas, il est important de préciser que les États-Unis étaient en partie responsables de l’oppression du peuple cubain. La politique du Président Batista avait pour objectif de privilégier les échanges avec les américains, une constitution avait d’ailleurs était rédigée sur le modèle de son voisin lors de son premier mandat. Les espaces maritimes avaient été mis à la disposition des USA durant la Seconde Guerre Mondiale pour faciliter le déplacement des troupes et du matériel. Évincé en 1948 par son rival Ramon Grau San Martin , Batista reviendra avec un coup d’état en 1952. A son retour, il quintuplera son salaire, et rétablira la peine de mort pour réprimer toutes oppositions à son égard. C’est en 1959 que son régime prendra fin avec la révolution castriste. Ce régime alors pro américain laissa sa place à un régime communiste, dans lequel son voisin, berceau du libéralisme, est perçu comme un oppresseur, un ennemi de la révolution. 3 ans plus tard, la crise des nationalisations d’entreprises américaines marquera le début de l’embargo cubain par les États-Unis le 3 février 1962. Alors que les discussions ont repris pour négocier les conditions de la réouverture des frontières cubaines, il convient d’évaluer les risques inhérents à cette opération, qu’ils soient sociaux, politiques ou économiques. Dans quelle mesure Cuba représente-t-elle un marché potentiel ?

La levée des sanctions : première étape vers l’ouverture

Cuba est un marché répondant à de nombreux critères essentiels afin de favoriser les investissements venant de l’étranger. Tout d’abord, le réchauffement des relations diplomatiques avec les États-Unis est un signe encourageant, et cela se traduit par la levée des sanctions sur Cuba. Le 14 octobre 2016, un assouplissement des sanctions a été opéré. En effet, la loi Torricelli initiée par Bush père et renforcée par son fils a été abrogée. Cette loi prévoyait en 1992 d’interdire toutes aides financières venant de pays étrangers sous peine d’être eux même sanctionnés financièrement. Ce premier critère est primordial car il traduit deux choses : La première c’est le caractère extra territorial de la loi qui peut s’appliquer en dehors des frontières américaines, et ainsi permettre aux gendarmes du monde de sanctionner des pays étranger ne la respectant pas. Le deuxième point important c’est qu’ils dissuadent fortement quiconque souhaitera investir dans un des pays visés par ces lois (voir Iran and Libya sanctions Act of 1996). En effet, la loi Torricelli interdisait d’accoster pendant 6 mois aux États-Unis aux bateaux qui auraient effectué une livraison à Cuba. Ainsi les grandes entreprises avaient à faire un choix, ce dilemme a été vite tranché. En 2004, Bush fils renforça la sanction en avançant des raisons altruistes, il dit alors que ces mesures ont pour but d’accélérer le processus de démocratisation à Cuba. Ce complément à la loi Torricelli consistait à limiter fortement les expatriés d’origine cubaine à voyager régulièrement à Cuba. Ils devaient justifier d’une famille sur place pour pouvoir y aller. Les dépenses sur place effectuées par les expatriés ou touristes étaient limitées à 50 dollars par jour, et l’envoi de devise à l’étranger à 100 dollars par mois. La loi Helms & Burton en 1996 a renforcé l’embargo en interdisant aux entreprises et pays étrangers de commercer avec Cuba des biens venant d’entreprises nationalisées en 1960 alors américaines. Encore une fois, les États-Unis utilisent leur appareil législatif pour condamner des entreprises étrangères. Cette sanction n’a quant à elle pas été levée. Bill Clinton, Président en 1996 lors du vote de la loi Helms & Burton qualifie aujourd’hui cette loi « d’échec total ».

On peut donc constater que la levée de ces sanctions permet de nouveaux aux entreprises étrangères de percevoir Cuba comme une terre fertile où il fait bon investir. Cette levée des sanctions s’accompagne d’autres signes favorables.

Des signes diplomatiques forts

L’embargo cubain est depuis longtemps un problème au sein même des États-Unis mais aussi au sein de la communauté internationale. En effet, en 1998, Bill Clinton souhaitait faire machine arrière et déclarait que Cuba n’était pas une menace pour les États-Unis. Il appelait alors à une normalisation des relations, mais un puissant lobby de cubains exilés aux États-Unis a empêché ce processus. Cela peut paraître surprenant mais c’est dû au fait que de nombreux cubains vivent aujourd’hui de la production de cigares dit cubains car la fabrication est cubaine. Ce marché représente plusieurs centaines de millions de dollars. A l’échelle internationale, l’ONU a condamné à de nombreuses reprises l’embargo, ou le blocus comme disent les partisans d’une levée totale des sanctions. En 2013, 188 pays sur 192 déclaraient être contre les sanctions arbitraires des États-Unis. Cela a fortement influencé la politique américaine à l’égard de Cuba. De nombreuses visites officielles sont un signe fort pour attester du réchauffement des relations qu’entretient Cuba avec de nombreux pays. François Hollande a d’ailleurs été le premier chef d’État européen à être allé à Cuba en mai 2015 depuis le début de l’embargo américain. Raul Castro a donc répondu favorablement à l’invitation du Président français le 1er février 2016. Ils ont alors pu discuter des derniers freins aux investissements français à Cuba, notamment la dette de 1986 d’un montant de 3,7 milliards afin de faciliter à l’avenir l’implantation de nouvelles entreprises françaises sur le territoire.  2 mois auparavant, cette même dette avait bénéficié de l’annulation des intérêts qui représentaient 80% du montant total. Cette visite a donc permis de diminuer le reste de la dette due à la France. Cette dernière étant le principal créancier de Cuba, c’est là aussi un signe fort. Obama a lui aussi effectué une visite historique le 20 mars dernier, ils ont alors pu discuter des derniers désaccords qui subsistent entre ces deux pays, notamment les conditions fixées par les États-Unis comme une compensation de 10 milliards de dollars pour les entreprises américaines nationalisées en 1960 par le régime castriste. Cuba refuse ces conditions jugeant que l’embargo avait déjà assez affaiblit le pays. M  Rodriguez (Ministre des affaires étrangères cubain) estime que l’embargo a pénalisé à hauteur de 125 ,8 milliards de dollars Cuba depuis 1962.

De nombreuses entreprises déjà sur place

Grâce aux accords signés le 12 décembre 2015 les entreprises Françaises peuvent de nouveau investir de manière plus sûre à Cuba. Bien que la France représentait 172 M € en commerce bilatéral avec Cuba en 2015, elle n’est qu’à la 12ème position dans le classement des principaux partenaires commerciaux aux États-Unis. En effet, le Venezuela, La Chine et l’Espagne sont les trois premiers partenaires représentant à eux trois 10 milliards de dollars d’échange. L’Union européenne n’en reste pas moins le premier partenaire commercial de Cuba représentant 22% des échanges en valeur de Cuba. Ces chiffres montrent bien la reprise des affaires avec Cuba. Des entreprises comme Aéroports de Paris ont remporté des appels d’offres. Ce dernier à la charge de la construction du nouvel aéroport de la Havane. Pernaud Ricard est aussi présent avec sa marque de rhum Havana club, ainsi que Total pour l’extraction de pétrole qui est l’une des activités principales à Cuba. On peut supposer que la France devrait accroître ses échanges avec Cuba après les signatures des différents accords unissant les deux pays. Concernant les entreprises américaines, la situation est différente car les négociations ne sont pas terminées et tout le monde ne voit pas d’un bon oeil l’arrivée d’un ennemi historique dans l’île. Les États-Unis sont aujourd’hui à la 13ème place, juste après le France dans le classement des principaux partenaires commerciaux de Cuba en 2015. Starwood une grande chaîne hôtelière américaine a d’ailleurs investi plusieurs millions de dollars pour la construction de deux hôtels au sein de la Havane. Un troisième est en préparation, pour ce faire, l’entreprise attend le feu vert du département américain du trésor.

Cuba s’ouvre donc de plus en plus mais toutes les sanctions ne sont pas tombées ce qui freinent encore les entreprises pour investir massivement à Cuba alors même que d’autres ont choisi de parier sur une ouverture. Celle-ci est encore incertaine car elle dépend de l’unilatéralisme américain grâce à l’extraterritorialité de leur législation, or le Sénat n’a pas encore ratifié la levée complète des sanctions. Les élections présidentielles américaines du 8 novembre prochain seront déterminantes concernant le devenir de Cuba. Dans l’hypothèse de l’élection d’Hillary Clinton qui poursuivra la politique de Barrack Obama concernant Cuba, dans quelle mesure la culture cubaine et son histoire commune avec les USA ne peuvent-ils pas freiner l’implantation des entreprises américaines ?

Par Clément Jarry, promotion 2016-2017 du M2 IESC

Sources :

http://www.tresor.economie.gouv.fr/13489_cuba-echanges-commerciaux-et-principaux-partenaires-en-2015

Le monde diplomatique du 01/2015 par Salim Lamrani

https://www.treasury.gov/resource-center/sanctions/Documents/cda.pdf

https://www.treasury.gov/resource-center/sanctions/Documents/libertad.pdf

http://www.lesechos.fr/monde/ameriques/0211184141000-cuba-en-voie-de-normalisation-confie-a-la-france-une-infrastructure-strategique-2018808.php

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Brésil : de la récession à l’austérité, la fin d’un cycle de croissance ? https://master-iesc-angers.com/bresil-de-la-recession-a-lausterite-la-fin-dun-cycle-de-croissance/ Mon, 07 Dec 2015 13:39:39 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=1164 Introduction Après un premier article concernant le Brésil et faisant état des difficultés rencontrées par une économie dont une partie de la spécialisation s’effectue selon les avantages comparatifs dans le secteur des matières premières de 2011 à 2015, nous nous… Continuer la lecture

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Introduction

Après un premier article concernant le Brésil et faisant état des difficultés rencontrées par une économie dont une partie de la spécialisation s’effectue selon les avantages comparatifs dans le secteur des matières premières de 2011 à 2015, nous nous pencherons ici sur les politiques économiques employées par le gouvernement Dilma Roussef pour endiguer cette crise. Dans cette optique, nous débuterons par un état des lieux des difficultés, en observant un ensemble de facteurs et caractéristiques de l’économie (A), puis nous développerons les politiques mises en place par les gouvernements travaillistes avant ce retour à des politiques d’austérités (B). Enfin, dans une dernière partie, nous observerons les difficultés supplémentaires que peuvent engendrer une politique d’austérité et le cercle vicieux dans lequel le Brésil pourrait s’embourber, voir entrainer une grande partie de l’Amérique du Sud (suivant les interdépendances) (C).

 A. Etat de lieux de l’économie brésilienne : une économie en récession

C’est aujourd’hui un fait : l’économie brésilienne est entrée en récession après plusieurs années de perte de croissance, depuis sa célèbre croissance de 7,5% en 2010. En effet, comme l’indique la COFACE[1], le passage en récession cette année est le fruit de facteurs internes tels que la baisse de la consommation des ménages, la baisse de l’investissement, la corruption, les scandales et les manifestations face au gouvernement Dilma Roussef ; et de facteurs externes, tels que la diminution continue des prix des matières premières, la baisse de la demande chinoise ou encore la dépréciation du réal face au dollar (plus bas niveaux depuis 1994, à 4,054 réais pour un dollar).

Ces éléments sont bien évidemment interdépendants, revenons rapidement sur les prémisses de cette entrée en crise.

Comme développé dans mon précédent article[2], la diminution progressive du prix des matières premières sur les marchés internationaux (en particulier les métaux, dans l’alimentaire et l’agroalimentaire ; soja, maïs, café, blé, …) a rapidement mis en difficulté le Brésil, pays dont le secteur primaire constitue le poste le plus important des exportations (forte spécialisation). De fait, ces diminutions des exportations impliquent des diminutions de rentrées fiscales et donc la nécessité de réduire l’investissement public, ou d’augmenter les entrées fiscales par les taxes et impôts : ici se présente un des cercles vicieux en activité dans la crise que traverse le Brésil.

Par ailleurs, lors de la période de croissance allant de 2004 à 2010, la population brésilienne avait l’occasion de contracter de nombreux crédits assurés par la production de richesses et la croissance potentielle, provoquant une inflation de l’ordre de 4 à 5% mais sans danger avec des taux de croissance oscillants de 3,9 à 7,5%. Par contre, dès lors que l’environnement international s’est vu dégradé en 2011, la croissance s’est retirée à 2,7% pour un taux d’inflation engagé à 6% : l’écart entre taux de croissance et taux d’inflation avait débuté et se poursuivra jusqu’à aujourd’hui.

Le cercle vicieux de la crise était déclaré

A partir de 2011, la perte de confiance dans l’économie brésilienne a imposé ce retournement de tendance à plus long terme. Sur cette période, la sortie massive de capitaux – en particulier nord-américain – a accentué la dépréciation du réal. Deux formes d’inflation se sont alors cumulées : l’une provenant des prêts contractés (augmentation de la masse monétaire) et l’autre provenant de l’augmentation du prix des biens à l’importation (biens intermédiaires), autrement dit d’une inflation importée. Cette forte inflation, croissante jusqu’à aujourd’hui, renchérie le coût de la vie, diminue la consommation, l’investissement privé et public, soit l’ensemble de l’activité du pays. Les capitaux continuent alors de sortir du pays face à la baisse des perspectives de rentabilités, et le pays engage des pertes de taux de croissance jusqu’à la récession. Ces difficultés économiques se couplent alors avec l’émergence de difficultés politiques, la monté de la protestation face à un gouvernement incapable de répondre aux problématiques économiques, à la diminution du niveau de vie, s’ajoutant à cela de nombreux cas de corruption.

Il est à noter par ailleurs, le changement de la note attribué par l’agence de notation Standard and Poor’s, dont la dévaluation a accéléré le processus d’entrée en récession (passage de BBB- à BB+, soit en catégorie spéculative, entrainant une réaction directe des marchés financiers).

B. Une austérité déjà connue chez le Parti Travailliste (PT).

Orthodoxie

Dès son investiture en 2003, Lula va poursuivre la politique d’austérité demandée par le FMI et appliquée par le gouvernement Cardoso, et va parfois même aller plus loin (fixer un objectif d’excédent budgétaire de 4,25%, soit 0 ,5% de plus qu’imposé par le FMI)[3]. Pour autant, les 3 premières années du gouvernement Lula (2003-2005) s’accompagnent d’une conjoncture internationale très favorable, qui se traduit en particulier par la forte augmentation des exportations, permettant la création d’un solde positif de la balance commerciale ainsi que de la balance courante. Cette évolution de la balance courante a permis la réduction de la dette publique et privée, amenant ainsi le gouvernement Lula à rembourser en avance sa dette auprès du FMI (2005 au lieu de 2007), se déliant alors des contreparties en termes de réformes économiques. En 2008, face à la crise, le Brésil n’a subi qu’un choc de -0,2% sur son PIB qui sera rapidement oublié par la forte croissance des années suivantes.

Progrès social

On aura remarqué l’orthodoxie économique avec laquelle Lula a engagé son mandat, élu sous les drapeaux d’un Parti Travailliste représentant le peuple et défendant la justice sociale, la réduction des inégalités, la lutte contre la pauvreté. Car en effet, malgré cette première phase de macroéconomie orthodoxe, qu’en fut-il des progrès sociaux ?

Entre janvier 2003 et février 2010, le salaire minimum s’est vu augmenté de 74% (inflation déduite), s’ajoutant à la création de 12 millions d’emplois, qui ont permis le démarrage d’une croissance endogène tirée par l’extension de la consommation intérieure. En 2003, le gouvernement Lula met en œuvre le programme « Faim Zéro », qui permettra à près de 10 millions de familles de pouvoir faire 3 repas par jours. Ce programme était développé en parallèle avec les cantines scolaires, les différentes formes de secours populaires, l’assistance aux étudiants précaires, … En soit, une vaste réforme contre la pauvreté.

De ces réformes sociales ressort aussi la « Bolsa familia » (Bourse Familiale), mise en place par le premier gouvernement Lula, et poursuivie jusqu’à aujourd’hui (même maintenant dans la période d’austérité, vu son importance pour la population). Celle-ci a par ailleurs connu en juin dernier une augmentation de 10%.

C. Quels impacts d’une politique d’austérité au Brésil et sur ses partenaires d’Amériques du Sud ?

  1. Perspectives d’impact des politiques d’austérités

Le gouvernement brésilien a annoncé le 15 septembre dernier un plan d’austérité d’environ 17 milliards de dollars, impact imminent…

Les chiffres des statistiques de l’IGBE nous le montrerons sous peu, l’austérité a comme en Europe, de forte chance de provoquer des dégâts sociaux chez les classes sociales les plus défavorisées. L’impact sera nécessairement social, mais il sera aussi ressenti à travers une crise politique et sociétale : de nombreuses manifestations ont déjà lieu à travers le Brésil, alliant critique des plans d’austérités, de l’approbation du patronat des réformes économiques de Dilma Roussef, et les nombreux cas de corruption.

Plus précisément, le plan d’austérité prévoit des coupes budgétaires pharaoniques : « […] un gel des salaires et des embauches dans le secteur public. Il remet en place un impôt sur les transactions financières. Il prévoit de supprimer 10 des 31 ministères provoquant la suppression de 1000 emplois. Les programmes sociaux […] seront aussi revus à la baisse dans le logement et la santé. »[4]. De ces 17 milliards de dollar, « Les Brésiliens ont de suite ironisé sur ce chiffre : c’est deux milliards de plus que le budget dépensé lors de la coupe du monde l’année dernière ou encore celui qui est actuellement consacré aux Jeux Olympiques. » [5] Outre ces dégâts dont on envisage déjà l’importance pour la population brésilienne à court terme, quel objectif doit être atteint par une telle politique ? En termes de perspective, la septième économie du monde a vu ses prévisions de taux de croissance passer de -1,49% à -2,44% pour 2015, couplé d’un passage de l’inflation de 9,00% à 9,29%, ce qui représenterait le plus important recul depuis 25 ans[6]. Après l’aperçu que l’on a de la situation, nous sommes en droit de nous demander ce qui pourrait faire reprendre une once de croissance au Brésil. Car dégraisser un pays au travers d’une cure d’austérité, amènera nécessairement à une reprise de la « croissance » un jour ou l’autre, mais à quel prix ? La structure de l’économie brésilienne mettra du temps à changer, et la croissance potentielle de la Chine pour les années à venir n’annonce pas une reprise « exceptionnelle » des exportations, et nous sommes en droit de nous attendre à une poursuite de la baisse du prix des matières premières.

  1. Impacts sur ses partenaires sud-américains

De la même façon que le ralentissement de l’économie chinoise, l’un des premiers partenaires économiques du Brésil, a fortement impacté son économie, un phénomène identique est à l’œuvre en Amérique du Sud. En effet, l’importance des rapports commerciaux avec l’Argentine au sein du Mercosul (et dans une moindre mesure avec les autres membres du Mercosul) va nécessairement laisser des marques dans l’économie argentine. Les pays d’Amériques du Sud vont alors subir un double coup sur leur développement : la baisse des prix des matières premières et de l’énergie et leur interdépendance qui les entrainent dans un cercle vicieux. Il ne faut pas en effet négliger ce que représente le marché brésilien pour l’Argentine : son principal marché régional et la destination de la moitié de ses exportations industrielles.

Jérémy Quilleré, étudiant promotion 2015-2016 du M2 IESC

Bibliographie

« Au Brésil, la récession sera pire que prévu en 2015 ». Bilan. Consulté le 11 novembre 2015. http://www.bilan.ch/node/1027148.

« [BRESIL] – brèves économiques et financières n°485 – du 2 au 8 octobre 2015 ». Consulté le 11 novembre 2015. https://www.tresor.economie.gouv.fr/12407_bresil-breves-economiques-et-financieres-n485-du-2-au-8-octobre-2015-.

« Brésil : Dilma Rousseff sur la route de la réélection ». Consulté le 25 novembre 2015. http://www.alternatives-internationales.fr/bresil–dilma-rousseff-sur-la-route-de-la-reelection_fr_art_1312_69191.html.

« Brésil / Etudes économiques – Coface ». Consulté le 11 novembre 2015. http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Bresil.

« Brésil: pourquoi le géant de l’Amérique latine est en crise – L’Express L’Expansion ». Consulté le 12 novembre 2015. http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/bresil-pourquoi-le-geant-de-l-amerique-latine-est-en-crise_1447026.html.

« Crise économique au Brésil: le salut passe-t-il par les Brics? – Amériques ». RFI. Consulté le 12 novembre 2015. http://www.rfi.fr/ameriques/20150521-crise-economique-bresil-salut-brics-chine-russie-keqiang-rousseff.

« Le Brésil en cure d’austérité ». France info. Consulté le 25 novembre 2015. http://www.franceinfo.fr/emission/en-direct-du-monde/2015-2016/le-bresil-en-cure-d-austerite-18-09-2015-08-23.

« Le Brésil, géant économique au bord de la récession ». Le Figaro, 28 mars 2015. http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/03/28/20002-20150328ARTFIG00016-le-bresil-geant-economique-au-bord-de-la-recession.php.

« Le Brésil s’enfonce dans un crise économique et politique ». Consulté le 11 novembre 2015. http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/Le-Bresil-s-enfonce-dans-un-crise-economique-et-politique-2015-08-30-1350134.

« Le gouvernement brésilien annonce un sévère plan d’austérité ». Le Figaro, 15 septembre 2015. http://www.lefigaro.fr/international/2015/09/15/01003-20150915ARTFIG00001-le-gouvernement-bresilien-annonce-un-severe-plan-d-austerite.php.

« L’engrenage de la crise brésilienne Par Omar Fassal – Leconomiste.com ». www.lecomoniste.com. Consulté le 12 novembre 2015. http://www.leconomiste.com/article/971000-l-engrenage-de-la-crise-bresiliennepar-omar-fassal.

« Lepetitjournal.com – ECONOMIE – L’inflation au Brésil, entre mythe et réalité ». Consulté le 13 novembre 2015. http://www.lepetitjournal.com/sao-paulo/pratique/a-savoir/212214-economie-l-inflation-au-bresil-entre-mythe-et-realite.

« Les politiques sociales du Président Lula au Brésil, un outil de réduction de la pauvreté et de prévention des conflits sociaux – Irénées ». Consulté le 16 novembre 2015. http://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-914_fr.html.

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« Economie Brésilienne 2011 – 2015 : Des avantages comparatifs à bout de souffle », J. Quilleré, 2015, publié sur www.master-iesc-angers.com/

ECONOMIA BRASILEIRA, DA COLONIA AO GOVERNO LULA, Coordenador : Marcos Cordeiro Pires, 2010, Editora Saraiva, Sao Paulo.

ESTUDIO ECONOMICO DE AMERICA LATINA Y EL CARIBE, Naciones Unidas, CEPAL, 2015, Santiago de Chile.

[1] http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Bresil

[2] Voir « Economie Brésilienne 2011 – 2015 : Des avantages comparatifs à bout de souffle », J. Quilleré, 2015, publié sur www.master-iesc-angers.com/

[3] http://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-914_fr.html

[4] « Le gouvernement brésilien annonce un sévère plan d’austérité ». Le Figaro, 15 septembre 2015. http://www.lefigaro.fr/international/2015/09/15/01003-20150915ARTFIG00001-le-gouvernement-bresilien-annonce-un-severe-plan-d-austerite.php.

[5] « Le Brésil en cure d’austérité ». France info. Consulté le 11 novembre 2015. http://www.franceinfo.fr/emission/en-direct-du-monde/2015-2016/le-bresil-en-cure-d-austerite-18-09-2015-08-23.

[6] Chiffres du Ministères des Finances et de la Planification du Brésil, présentés par Le Bilan (http://www.bilan.ch/economie/bresil-recession-sera-pire-prevu-2015 )

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Economie Brésilienne 2011 – 2015 : Des avantages comparatifs à bout de souffle https://master-iesc-angers.com/economie-bresilienne-2011-2015-des-avantages-comparatifs-a-bout-de-souffle/ Wed, 18 Nov 2015 13:26:33 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=1125 Le Brésil, plus grand pays d’Amérique du Sud (environ 8 500 000 km²), est souvent considéré par sa taille comme un « pays-continent » de par sa superficie (la moitié du territoire de l’Amérique du Sud) et l’ensemble des ressources naturelles qu’il… Continuer la lecture

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Le Brésil, plus grand pays d’Amérique du Sud (environ 8 500 000 km²), est souvent considéré par sa taille comme un « pays-continent » de par sa superficie (la moitié du territoire de l’Amérique du Sud) et l’ensemble des ressources naturelles qu’il abrite. Ce pays, comme de nombreux autres d’Amérique Latine, a connu d’énormes changements politiques au cours de son histoire, allant d’une période d’esclavage à une ouverture internationale et le développement d’Etats démocratiques, tout en passant par une période de dictature militaire sévère (fin 1963 – 1980).

Sur le plan économique, la construction de ces Etats, et en particulier du Brésil a donc connu un ensemble de politiques de développement économique relativement variées.

L’objectif de cet article est de revenir sur la récente période allant de 2011 à 2015, durant laquelle le Brésil a connu une perte de croissance l’amenant jusqu’à une récession avec -1,5% en terme de prévision de croissance[1]. Nous nous attacherons donc aux causes de ce ralentissement de la croissance, en observant d’une part la structure des avantages comparatifs de l’économie brésilienne et la structure de ses exportations, d’autres parts en analysant les éléments conjoncturels du commerce et de l’environnement international qui ont poussé à la perte de croissance et à l’entrée en récession.

Dans une première partie, nous montrerons que le Brésil s’est spécialisé depuis plusieurs décennies dans la production de biens du secteur primaire (1), puis nous montrerons qu’il s’est créé une dépendance à l’environnement économique international qui le place dans une position délicate.

1. Une spécialisation selon les avantages comparatifs dans le secteur primaire …

Les matières premières ont une place de première importance dans les exportations du Brésil (voir graphique ci-dessous). Or, entre 2011 et 2015, le prix des matières premières et de l’énergie a chuté, ce qui a induit des répercussions variées sur les pays d’Amérique Latine en fonction de leurs importations/exportations et de leurs structures de production (et spécialisation). Dans le cas du Brésil, cette chute l’a impacté négativement avec des pertes présentes dans le secteur primaire.

Comme nous pouvons le constater sur le graphique 1, le Brésil a engagé un développement de sa production du secteur primaire à partir des années 1980. Les courbes de celui-ci proviennent des calculs de l’indice de spécialisation opéré par le CEPII. Ce développement est caractéristique de nombreux pays d’Amériques Latines qui se sont insérés dans l’économie mondialisée par le biais de la spécialisation dans les avantages comparatifs (Bolivie, Colombie, Argentine, Venezuela, …) et qui peinent à sortir des cercles vicieux que ce type de spécialisation peut entrainer.

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Le Brésil s’est donc spécialisé dans la production de bien primaires, et particulièrement dans la production de biens alimentaires et de minerais (Tableaux 1 & 2). On remarquera en termes d’évolution, une augmentation prononcée des avantages comparatifs dans la production de minerais de fer, suivi d’une augmentation de l’ensemble des autres avantages sur la période 2003 – 2013. Cela signifie que relativement aux autres productions nationales, et aux productions de ces mêmes biens dans d’autres pays, le Brésil creuse l’écart en termes de productivité.

2015-11-18_14182. … qui mène à une dépendance des gains à l’exportation vis-à-vis des cours mondiaux.

La spécialisation dans le secteur primaire, à défaut d’une spécialisation plus ancrée dans les biens manufacturés, rend les revenus du Brésil relativement sensibles aux variations des prix internationaux des ressources sur ces marchés. Au contraire par exemple d’une spécialisation plus prononcée dans des biens manufacturés dans les pays des Caraïbes, pour lesquels la baisse des cours internationaux de matières premières est avantageuse puisqu’ils importent des produits de base pour exporter des produits manufacturés.

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Le graphique 2 présente une baisse continue depuis 2011 de l’indice des prix des produits de base à l’exportation pour les pays d’Amérique Latine et des Caraïbes (Source CEPAL). Cette baisse, relativement violente pour les produits énergétiques – de l’indice 140 durant l’année 2011 à l’indice 80 en mai 2015 – (cause en particulier des grandes difficultés rencontrées ces dernières années par des pays comme le Venezuela), reste presque aussi importante (quoique moins brutale) dans les produits alimentaires et agricoles. On notera plus particulièrement que la production de minerais et de métaux a vu son indice des prix chuter alors même que sur cette période l’indice de spécialisation du Brésil dans la production de minerais de fer a été le plus important. Cette variation des prix, que l’on retrouve plus détaillée dans le tableau 2, impact nécessairement de manière négative le solde des exportations brésiliennes, et donc le solde de sa balance courante.

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Enfin, il est à noter que la baisse des prix des matières premières est à coupler à une diminution des exportations en volume due à la diminution de la croissance chinoise. En effet, la Chine étant le plus gros importateur de produits brésiliens[3] (graphique 3), le passage d’un taux de croissance du PIB de 10,6% en 2010 à une estimation de 6,8% pour 2015 implique une baisse des volumes d’importation des produits brésiliens (voir tableau 4 ci-dessous). Considérant le poids de la Chine dans le commerce mondial, la conjoncture de son économie est en effet un élément fondamental de l’état de santé de l’économie du Brésil[4].

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En ce qui concerne l’analyse de l’évolution du Brésil dans les échanges internationaux, nous nous limiterons à l’analyse des répercutions de la baisse des revenus due aux exportations. Leur secteur exportateur dominant étant le secteur primaire, la baisse de leur taux de change réel n’impact que très peu les volumes exportés (faible élasticité-revenu à l’exportation, les gens ne peuvent pas manger plus qu’il ne leur est physiquement possible). Pour autant, l’impact du taux de change amène à une dégradation des termes de l’échange, rendant les importations plus coûteuses, accélérant par la même occasion les difficultés économiques du pays.

La déstabilisation du Brésil qu’engendre la perte de gains à l’exportation est importante à comprendre : la faible vente sur les marchés internationaux défavorise les termes de l’échanges rendant déficitaire le pays et posant des difficultés de plus en plus importantes pour le remboursement de sa dette. En d’autres termes, couplées à une inflation telle qu’elle est présente au Brésil, les dettes contractées en dollars peuvent rapidement devenir insoutenables et créer une crise de grande ampleur après plus d’une décennie de croissance.

En conclusion, le gouvernement de Dilma Roussef affronte aujourd’hui une crise qui présente d’importants dangers pour l’économie Brésilienne mais aussi pour l’ensemble des économies sud-américaines (l’Argentine est un grand partenaire commercial du Brésil à travers le MERCOSUL, et les autres économies sont relativement liées de par la proximité géographique avec le géant du continent). A l’heure où l’on observe un retournement dans des politiques jusqu’ici plutôt progressistes, avec des coupes budgétaires dans les budgets des services publics, une augmentation des taux d’intérêt pour éviter les fuites d’investissement, … Nous devons bien évidemment nous demander si ces solutions sont adaptées au contexte ? Ce sera donc l’objet d’un prochain article.

Par Jérémy Quilleré, étudiante promotion 2015-2016 du M2 IESC

Bibliographie

ECONOMIA BRASILEIRA, DA COLONIA AO GOVERNO LULA, Coordenador : Marcos Cordeiro Pires, 2010, Editora Saraiva, Sao Paulo.

ESTUDIO ECONOMICO DE AMERICA LATINA Y EL CARIBE, Naciones Unidas, CEPAL, 2015, Santiago de Chile.

Webographie:

« A l’encontre » Débats. Economie et politique de «fins de cycle» en Amérique latine ». Consulté le 20 octobre 2015. http://alencontre.org/ameriques/amelat/debats-economie-et-politique-de-fins-de-cycle-en-amerique-latine.html.

Caribe, Comisión Económica para América Latina y el. « Comisión Económica para América Latina y el Caribe ». Text. Consulté le 20 octobre 2015. http://www.cepal.org/es.

« El comercio regional ante una encrucijada: diversificación e integración en un contexto global de bajo crecimiento ». Text, 20 octobre 2015. http://www.cepal.org/es/comunicados/comercio-regional-encrucijada-diversificacion-integracion-un-contexto-global-crecimiento.

« CEPII – Les Profils Pays du CEPII : indicateurs, bases et nomenclatures ». Consulté le 20 octobre 2015. http://www.cepii.fr/CEPII/fr/publications/panorama/abstract.asp?NoDoc=7685.

Guélaud, Claire. « Le Brésil peine à sortir de sa panne de croissance ». Le Monde.fr, 29 janvier 2015, sect. Économie. http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/01/29/le-bresil-peine-a-sortir-de-sa-panne-de-croissance_4566400_3234.html.

« IMF — International Monetary Fund Home Page ». Consulté le 20 octobre 2015. http://www.imf.org/external/index.htm.

« L’économie brésilienne décline, plombée par la récession et une inflation record ». Consulté le 21 octobre 2015. http://www.boursorama.com/actualites/l-economie-bresilienne-decline-plombee-par-la-recession-et-une-inflation-record-4e6f1c8bccac146667c388eacc12e850.

« L’économie brésilienne s’enfonce dans la récession ». lesechos.fr. Consulté le 21 octobre 2015. http://www.lesechos.fr/monde/ameriques/021290435112-leconomie-bresilienne-senfonce-dans-la-recession-1148889.php#Xtor=AD-6000.

« Nouveau coup pour le Brésil, déjà en pleine crise politique et économique ». Libération.fr. Consulté le 20 octobre 2015. http://www.liberation.fr/futurs/2015/10/15/fitch-abaisse-la-note-de-la-dette-souveraine-du-bresil-de-bbb-a-bbb-_1404878.

[1] Source : CEPAL

[2] La spécialisation internationale des économies est mesurée à l’aide de l’indicateur de contribution au solde mis au point par le CEPII. Cet indicateur calcule pour chaque pays ses avantages comparatifs révélés (ACR) par le commerce international. Il appréhende les points forts et faibles du pays en considérant à la fois ses exportations et ses importations, indépendamment de l’impact de la situation macroéconomique du pays sur son solde commercial. Pour plus de détails, formule disponible dans les notes méthodologiques du CEPII.

[3] Selon base CHELEM du CEPII, voir volume des exportations.

[4] On parlera dans ce cas des interdépendances des économies (Béraud, 1999 ; Krugman et Obstfeld, 2001)

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