Moyen-Orient Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Thu, 19 Jan 2023 13:49:42 +0000 fr-FR hourly 1 Accueillir la coupe du monde : une opportunité économique pour le Qatar https://master-iesc-angers.com/accueillir-la-coupe-du-monde-une-opportunite-economique-pour-le-qatar/ Thu, 19 Jan 2023 13:49:42 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3639 1.  L’impact de la Coupe du Monde FIFA 2022 sur l’économie, les start-ups et les PME du Qatar. 1.1.  Les revenus les plus élevés de l’histoire de la Coupe du monde La Coupe du monde 2022 devrait atteindre les revenus… Continuer la lecture

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1.  L’impact de la Coupe du Monde FIFA 2022 sur l’économie, les start-ups et les PME du Qatar.

1.1.  Les revenus les plus élevés de l’histoire de la Coupe du monde

La Coupe du monde 2022 devrait atteindre les revenus les plus élevés de l’histoire de la Coupe du monde. La FIFA a vendu les droits de diffusion, environ 240 000 packages d’hospitalité et 3 millions de billets pour le tournoi avant le début de la coupe du monde. En plus de tout cela, les ventes de marketing au cours de la période de 2019 à 2022 dépasseront le chiffre budgété d’environ 1,8 milliard de dollars.

De nombreuses sources ont souligné que les recettes du tournoi dépasseront 6,4 milliards de dollars, un chiffre visé par la FIFA au cours des trois dernières années, car ces recettes seront utilisées pour des activités de développement du sport dans le monde entier. Il est également prévu que le Qatar ajoute près de 17 milliards de dollars à son économie avec la présence des supporters tout au long du tournoi. On estime que le pays a dépensé la somme astronomique de 220 milliards de dollars depuis 2010. C’est 15 fois plus que ce que la Russie a dépensé pour l’événement de 2018. En outre, l’État a dépensé plus de 300 milliards de dollars pour moderniser les infrastructures. Cela comprend le métro de Doha, plusieurs milliers de kilomètres de routes et d’autoroutes, un nouvel aéroport, une nouvelle ville et un nouveau port. Sans oublier les installations gazières et pétrolières.

Selon plusieurs rapports, les analystes financiers estiment que le PIB du Qatar augmentera de 4,1 % d’ici la fin de l’année grâce à la Coupe du monde. Et entre 2022 et 2030, le PIB de la région se situera à une moyenne de 3,2 %. Les rapports soulignent que la Coupe du monde de la FIFA 2022 apportera plus de 20 milliards de dollars à l’économie du Qatar. Des variations sont encore en place, mais une analyse prévisionnelle effectuée par le journal “FocusEconomics” prévoit que la coupe du monde au Qatar triplera la croissance du PIB par rapport à 2021 où elle était de 1,6%.

En outre, le Qatar fait le pari que la Coupe stimulera également le tourisme à plus long terme : Le gouvernement vise 6 millions de visiteurs par an d’ici 2030, contre 2 millions en 2019. Enfin, une partie au moins des infrastructures construites pour la compétition – notamment une ligne de métro à Doha et un aéroport – auront une utilité économique permanente, ce qui correspond aux objectifs d’encouragement du tourisme et de diversification de l’économie.

1.2. Une croissance accrue signifie une augmentation des dépenses

Selon un rapport de presse de l’agence de presse Zawya, les fans de football de la région dépenseront davantage pour socialiser et sortir, par rapport à la précédente Coupe du monde.  Selon les données publiées dans une nouvelle enquête, rapportée par Zawya, plus de la moitié des personnes interrogées – 54 % au Qatar, 45 % en Arabie saoudite et 42 % aux Émirats arabes unis – dépenseront davantage que lors des précédentes Coupes du monde.  En outre, la Coupe du monde devrait entraîner une augmentation des commandes de nourriture. Le niveau des commandes sera de 80 % aux heures de pointe les jours de match, par rapport aux jours normaux, indique le rapport.

1.3. Un marché haussier

Selon un rapport d’Al Jazeera, au cours des dix premiers mois de l’année, le pays a déjà enregistré des entrées de capitaux étrangers à hauteur de 4 milliards de dollars. La bourse du Qatar a, en fait, surperformé ses pairs à l’approche du méga-événement sportif. Et cela devrait continuer même un an après le tournoi.  Selon les rapports, l’indice de la bourse du Qatar, qui mesure les 20 actions les plus liquides et les plus importantes de la bourse, a augmenté de 24,7 % entre le début de l’année et avril 2022.

Cependant, bien qu’il ait baissé et stagné pendant un certain temps, il a augmenté de 12,1 %.  Hormis l’impact économique et la croissance des grandes entreprises, le secteur des PME de la région connaîtra également une croissance importante. Le secteur a en fait été l’un des principaux moteurs économiques du Qatar au cours des dix dernières années. Lors d’une table ronde au GWC Forum 2022 à Doha en novembre, il a été déclaré que le secteur connaîtra une croissance importante dans les années à venir. Il a également été dit que, au cours des quatre dernières années, il y a eu une croissance en termes de contribution des PME de la région à l’économie du Qatar.

1.3.            Startups

Selon le site web YourStory, sur leur édition du Golfe, les startups de la région montrent également un intérêt significatif pour la Coupe du monde. Arvex, une entreprise technologique basée à Doha, propose des visites virtuelles à 360 degrés du stade international Khalifa de Doha.  Dans le but d’apporter les plus hautes formes de technologie à la Coupe du monde, la région a injecté des fonds dans la startup technologique qatarie sKora. L’intelligence artificielle (IA) utilisée par la plateforme sKora permettra d’identifier les talents et de préparer les athlètes sur la base d’informations précieuses. Les systèmes de sKora feront l’inventaire des caractéristiques, des compétences et des performances uniques des athlètes pour générer des données et des informations basées sur l’IA, qui à leur tour traceront le bon parcours professionnel pour eux.  Pour le Qatar, la Coupe du monde est un moyen de mettre en valeur et d’encourager d’autres industries dans la région et de dépasser sa dépendance au pétrole et au gaz. La collaboration avec des start-ups comme Arvex encourage les entreprises et les entrepreneurs locaux.  La Supreme Committee for Delivery & Legacy au Qatar a offert un mentorat, de l’argent et une formation aux startups et aux idées qui avaient le potentiel de contribuer à ses préparatifs pour la Coupe du monde.

Un professeur de physique de la Virginia Commonwealth University, au Qatar, a reçu une subvention pour mener des recherches sur un composite de polystyrène pour les matériaux d’isolation qui seront utilisés lors de la Coupe du monde. Un groupe d’ingénieurs saoudiens, composé uniquement de femmes, qui a utilisé les déchets du palmier dattier pour fabriquer des sièges dans le stade, a reçu des subventions.  Aujourd’hui, avec la Coupe du monde, le talent et l’esprit d’entreprise qatari sont fortement encouragés. Il sera intéressant de voir comment les choses se dérouleront après le grand événement.

2.  Un prix à payer pour ces gains ?

2.1.  L’inflation va s’aggraver

D’autre part, les facteurs de la demande exacerberont les pressions inflationnistes existantes, ce qui entraînera une hausse du taux d’inflation à 4,4 % en glissement annuel au quatrième trimestre de cette année. “Les pressions inflationnistes liées à la Coupe du monde placeront l’inflation qatarie sur une trajectoire plus élevée. Ainsi, il est prévu qu’après une moyenne de 4,7%, l’inflation restera au-dessus de la tendance en 2023, avec une moyenne de 2,5%, selon FitchSolutions .Fitch s’attend également à une baisse de la croissance des exportations de gaz d’un trimestre sur l’autre au cours de la période de jeu en raison de la croissance de la consommation d’énergie intérieure. L’événement mondial entraînera de fortes augmentations trimestrielles de l’activité non pétrolière au quatrième trimestre de cette année par rapport à la même période des années précédentes.

2.2.  Des travailleurs désespérés

Pour accueillir le tournoi, le Qatar a construit sept stades tentaculaires, un aéroport, des lignes de métro et des routes reliant les sites. Un groupe a rendu tout cela possible : les travailleurs migrants. Et pour eux, les nouveaux sites brillants ont eu un coût élevé.

La région du Golfe est depuis longtemps une destination pour les migrants d’Asie du Sud, d’Afrique et d’ailleurs à la recherche d’un emploi, et des millions d’entre eux ont été attirés au Qatar pour des travaux de construction au cours de la dernière décennie. Pour les travailleurs originaires de pays comme le Népal et l’Inde, ces emplois représentaient des opportunités relativement lucratives pour soutenir leurs familles restées au pays.

Cependant, les organisations de défense des droits de l’homme et les journalistes ont mis au jour une série d’abus dans le système qatari de travail des migrants. Les problèmes ont commencé dès les premiers travaux. Les travailleurs migrants ont trouvé des emplois par l’intermédiaire d’agences de recrutement, qui leur demandent souvent de payer des frais exorbitants pour obtenir un poste – des frais qui sont encore perçus des années après que le Qatar les ait rendus illégaux. Un audit réalisé en 2021 a révélé que plus des deux tiers des travailleurs présents sur les sites de la Coupe du monde avaient payé des frais de recrutement d’un montant moyen de 1 733 dollars. C’est une somme énorme pour les migrants, qui doivent travailler dans des conditions difficiles à leur arrivée pour rembourser les prêts qu’ils ont contractés pour ces frais. Il leur faut parfois des mois, voire des années, pour atteindre le seuil de rentabilité.

Les migrants doivent également obtenir le parrainage d’une entreprise pour obtenir un visa de travail. Mais les entreprises sont connues pour utiliser ce parrainage comme une forme de travail forcé, allant parfois jusqu’à confisquer le passeport des travailleurs pour les empêcher de changer d’emploi. Sous la pression de la Confédération syndicale internationale, le Qatar a introduit des réformes en 2020 qui permettent aux migrants de changer d’employeur sans la permission de leurs patrons, mais Human Rights Watch a constaté que les changements n’ont pas été pleinement mis en œuvre.

Surtout, les conditions de travail elles-mêmes ont suscité le tollé des groupes de défense des droits de l’homme. Les travailleurs migrants ont dû trimer sous une chaleur accablante pour assurer le respect du calendrier de construction, et pour certains d’entre eux, cette entreprise a été fatale.

En 2021, une enquête du Guardian a révélé que 6 751 migrants originaires de cinq pays d’Asie du Sud étaient morts au Qatar au cours de la décennie précédente, et que le nombre de décès était probablement bien plus élevé car l’enquête ne couvrait pas les migrants d’autres pays. Les données n’indiquent pas si ces migrants travaillaient spécifiquement sur les projets de la Coupe du monde, mais un chercheur en droits de l’homme a déclaré au Guardian que la majorité des migrants au Qatar étaient probablement employés dans la frénésie de la construction de la Coupe du monde.

Les autorités qataries ont reconnu ces décès mais ont affirmé qu’ils étaient normaux compte tenu du nombre de migrants dans le pays. En ce qui concerne les projets de la Coupe du monde, les responsables n’ont recensé que 40 décès de travailleurs migrants sur les projets de la Coupe du monde, dont trois seulement à la suite d’accidents du travail. La plupart des décès sont dus à des “causes naturelles” et à des “arrêts cardiaques”, selon les rapports du gouvernement, mais le Guardian rapporte que le stress thermique est probablement un facteur contributif.

En ce qui concerne les travailleurs migrants victimes de la préparation de la Coupe du monde, les groupes de défense des droits, les associations de football participant au tournoi et les anciens joueurs font pression sur la FIFA et le gouvernement du Qatar pour qu’ils prennent des mesures et offrent des compensations supplémentaires, mais jusqu’à présent, ils n’ont pas bougé.

Par Amine Gazzah, promotion 2022-2023 du Master 2 IESCI

Webographie

  1. Is the FIFA World Cup 2022 in Qatar profitable? – Swiss School of Business and Management Geneva (ssbm.ch)
  2. Will the World Cup bring home an economic win for Qatar? | FocusEconomics (focus-economics.com)
  3. All the news on WORLD CUP – Zawya
  4. FIFA World Cup To Have Net Positive Impact On Qatar’s Economy In Q422 (fitchsolutions.com)
  5. GWC – Forum 2022 (gwcforum.com)
  6. Qatar World Cup 2022 | World Cup News | Today’s latest from Al Jazeera
  7. The 2022 FIFA World Cup in Qatar has a dark side (grid.news)
  8. How the 2022 FIFA World Cup is impacting the economy, startups, and MSMEs of Qatar (yourstory.com)
  9. Why Qatar is a controversial host for the World Cup : NPR
  10. The economics behind Fifa World Cup (tbsnews.net)
  11. These are World Cup’s implications on Qatar’s economy – Economy Middle East
  12. FIFA World Cup Qatar 2022 | Human Rights Watch (hrw.org)
  13. Revealed: 6,500 migrant workers have died in Qatar since World Cup awarded | Workers’ rights | The Guardian
  14. Coupe du Monde : quel sera l’impact sur l’économie du Qatar ? (tourmag.com)
  15. Mondial 2022. L’héritage « social, humain, économique et environnemental » ravit les organisateurs (ouest-france.fr)
  16. Coupe du Monde : quel sera l’impact sur l’économie du Qatar ? (tourmag.com)
  17. Coupe du monde 2022 : d’où sort le chiffre de 6 500 ouvriers morts au Qatar depuis qu’il a obtenu le Mondial ? (francetvinfo.fr)

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La Crise yéménite : des affrontements tribaux à l’internationalisation de la guerre https://master-iesc-angers.com/la-crise-yemenite-des-affrontements-tribaux-a-linternationalisation-de-la-guerre/ Thu, 04 Jan 2018 16:06:07 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2578 Le Moyen-Orient est de nos jours, sans doute, l’une des régions les plus instables au monde. Il s’agit de la région qui compte en son sein le plus de conflits. Cela va de la Syrie, en passant  par l’Irak, la… Continuer la lecture

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Le Moyen-Orient est de nos jours, sans doute, l’une des régions les plus instables au monde. Il s’agit de la région qui compte en son sein le plus de conflits. Cela va de la Syrie, en passant  par l’Irak, la Palestine, le Liban mais aussi, aujourd’hui d’un pays dont on parle peu à savoir le Yémen. Ce dernier est en proie à de violents affrontements tribaux depuis 2004. Ces affrontements purement internes ont pris une tournure internationale aux relents de guerre de positionnement hégémonique depuis que des puissances telles que l’Arabie Saoudite (avec l’appui des Etats-Unis) d’un côté et l’Iran de l’autre s’y sont mêlés. Ce qui fait que beaucoup d’experts  ont qualifié cette guerre, de guerre « Sunnite contre Chiite ». L’apparition d’Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique (AQPA)  n’arrange pas les choses.

En réalité, cette guerre va au-delà du simple clivage Chiite/Sunnite, les enjeux pour ces deux puissances régionales sont avant tout stratégiques. S’il y a sans aucun doute en arrière-plan, le clivage Chiite/sunnite au Yémen, les enjeux sont aussi économiques et politiques. En l’occurrence c’est le statut de puissance régionale avec ses multiples implications, qui se joue.

Ainsi, pour comprendre ce conflit dont on parle peu, malgré l’ampleur des dégâts matériel et humain, il est nécessaire de comprendre le contexte d’émergence de l’Etat yéménite tel que nous le connaissons aujourd’hui. A partir de là on mettra en évidence la montée en puissance de certains tribus qui ont pu bousculer le pouvoir central jusqu’à obtenir l’effondrement de celui-ci. Partout c’est l’embourbement total avec l’ingérence des deux puissances régionales (Arabie Saoudite et l’Iran) d’un côté mais aussi l’installation de groupes terroristes tels que Al-Qaïda sur le sol yéménite.

L’émergence récente de l’Etat yéménite

Le Yémen dans sa forme actuelle est un Etat qu’on pourrait qualifier de jeune. En  effet le Yémen tel que nous le connaissons aujourd’hui est né en 1990 dans un contexte de fin de guerre de froide.

Cet Etat est le résultat de la fusion de deux Etats qui existaient côte à côte à savoir la République démocratique et populaire du Yémen (Yémen du Sud) et la République Arabe du Yémen (Yémen du Nord).  Il s’agit d’un pays du Moyen-Orient qui se trouve à la pointe Sud de la péninsule arabique (cf. Carte Ci-dessous). Il n’a de frontière terrestre qu’avec deux pays : l’Arabie Saoudite avec laquelle il partage une grande partie de la frontière au nord et le Sultanat d’Oman au Nord-est. Le reste du territoire est entouré d’eau. D’un côté on a la mer Rouge avec le détroit  de Bab el Mandeb, porte d’accès au canal de suez – détroit que le Yémen contrôle avec son voisin africain la Djibouti – et de l’autre on a la mer d’Arabie qui mène vers l’Océan Indien.

Malgré sa position géographique stratégique (golfe d’Aden, détroit de Bab el Mandeb, la Péninsule Arabique la région qui contient les plus importants gisements pétroliers et gaziers au monde), le Yémen est aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres au monde. Avec un peu plus de 27 millions d’habitants, le pays n’est placé qu’à la 154e place sur l’Indice de Développement Humain (IDH) de l’ONU sur 184 pays (en 2014).

Les principales villes du pays sont entre autres Sanaa (la Capitale), Aden, Hodeïda et Ta’izz.

Des affrontements tribaux…

Depuis sa création, le Yémen vit dans une très forte instabilité politique. Le Yémen est un pays arabe musulman à majorité sunnite (environ 55 % de la population) mais possède en son sein une forte minorité Chiite zaydite (environ 45% de la population). La réunification du pays n’a pas été en faveur d’une stabilité politique durable, car étant essentiellement constitué de tribus. Très tôt certains tribus se sont sentis marginalisées, et sont entrées ainsi en conflit avec le pouvoir central dès 2004 soit 14 ans après la naissance de l’Etat yéménite.

En effet en 2004, sous la houlette de Hussein Badreddine Al-Houthi qui donnera d’ailleurs plus tard son nom au mouvement de contestation, une rébellion chiite se forme dans la ville de  Saada au nord du pays (à la frontière saoudienne). Cette rébellion conteste notamment la marginalisation de leur région et se lance ainsi dans une confrontation avec le pouvoir central de Sanaa de Ali Abdallah Saleh, resté au pouvoir à la réunification, et ce malgré son appartenance à cette communauté (Chiite Zaydite).

A la suite de la mort (tué par les forces gouvernementales) d’Al-Houti à la même année (2004), les affrontements prennent une autre tournure et entrent dans une seconde phase. Les rebelles ayant gagné du terrain notamment tout au long de la frontière saoudienne, l’Arabie Saoudite est obligée d’intervenir en menant des frappes aériennes, dès 2009. Les affrontements entre armée saoudienne et rebelles font plusieurs morts de part et d’autre. Dans cette même période malgré les sanctions, l’Iran est suspecté par certains experts de fournir de l’armement aux rebelles. Ce qui donne en quelque sorte une première tournure internationale à ces affrontements. Bien que jusque-là les affrontements ne concernaient officiellement que les rebelles et les forces gouvernementales.

En 2011, avec le printemps arabe, des soulèvements d’étudiants sont notés un peu partout dans le pays notamment dans la capitale Sanaa. Les rebelles profitent de cette situation en se mêlant aux manifestants. Ce qui pousse le Président Saleh l’allié des saoudiens et des Etats-Unis à fuir de Sanaa.

Il sera ainsi remplacé par son vice-président (Un Sunnite) Abd Raboo Mansour Hadi. Ce qui amène à l’organisation d’une Conférence de Dialogue National entre 2013 et 2014. Cette conférence réunie à égalité yéménites du nord et yéménites du sud. Dans cette conférence est décidée une nouvelle réorganisation administrative du pays à savoir la division du Yémen en 6 Régions. Dans cette réorganisation la région historique des rebelles de Saada est incluse dans une entité plus grande. Les rebelles rejettent cette proposition car selon eux cette nouvelle organisation divise le Yémen entre régions riches et régions pauvres mais aussi et surtout les rebelles exigent que leur région historique de Saada devienne une région à part entière et ayant accès à la mer (La mer rouge en l’occurrence).

Ils poursuivent ainsi leur offensive vers Sanaa, ce qui pousse le nouveau président à fuir vers le sud du pays, à Aden notamment. Les rebelles poursuivent alors la route vers le sud, prennent Ta’izz, et descendent sur Aden. Ce qui oblige à nouveau le président à fuir définitivement le pays et à se réfugier à Ryad (Arabie Saoudite).  Dès lors les rebelles prennent le contrôle des principales villes du pays (avec ports et aéroports), Sanaa, Ta’izz, et surtout Aden, et ils font face à l’entrée du Détroit de Bab el Mandeb.

Dans ce désordre total, Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique trouve un terreau fertile pour s’installer dans le pays et prendre ainsi quelques localités du pays.

Sur cette carte qui montre la situation du pays en 2015, on voit déjà les forces en présence dans le pays. D’un côté on a les forces gouvernementales soutenues par l’Arabie saoudite, qui contrôlent une partie du pays et de l’autre on a les rebelles qui contrôlent tout l’ouest du pays et notamment la façade de la mer rouge qui constitue un passage stratégique du transit des navires qui acheminent les hydrocarbures (pétrole saoudien notamment) vers l’Europe mais aussi vers les Etats-Unis. Entre ces deux forces un acteur et non le moindre cherche à étendre son influence à savoir AQPA qui contrôle une grande partie du Nord et une petite partie du sud. Et la proximité avec la Somalie est un facteur essentiel.

Face à tout cela la guerre prend une tournure internationale avec ces multiples implications quand l’Arabie Saoudite soutenue par les Etats-Unis, mais aussi l’ONU, décide de réunir une coalition de neufs pays arabes (Koweït, l’Egypte, le Bahreïn, le Pakistan, le Soudan, la Jordanie, le Maroc, le Qatar, et les Emirats arabes-unis) pour intervenir au Yémen.

… A l’internationalisation de la crise

L’Internationalisation de la crise se fait officiellement dans la nuit du 25 au 26 mars 2015, lorsque la coalition menée par l’Arabie Saoudite, déclenche l’opération « Tempête décisive » en bombardant, les principales bases Houthis à Sanaa en l’occurrence le Palais présidentiel, l’aéroport, et certaines bases militaires, encore occupées par les rebelles.

Les sanctions internationales contre l’Iran étant assouplies, pour la première fois les officiels iraniens (le Président Iranien) dénoncent publiquement cette intervention en parlant « d’agression militaire » et en la qualifiant de « démarche dangereuse ».

A partir de là, c’est l’Iran et l’Arabie saoudite qui se font face à face. Ce qui fait qu’à partir de là certains experts ont remis à jour la confrontation entre Chiites et Sunnites. Indéniablement dès que ces deux puissances se font face, la rivalité Chiite/Sunnite refait forcément surface.  Mais dans ce conflit yéménite les enjeux vont au-delà de cette rivalité.

En effet les enjeux sont beaucoup plus importants pour ces deux pays. Au-delà du statut de la puissance régionale qui est en train de se jouer, les enjeux économiques sont énormes. Pour l’Arabie Saoudite, conserver une certaine mainmise, notamment en maintenant un gouvernement pro-saoudien à Sanaa, sur le Yémen c’est assurer l’acheminement de son pétrole vers l’occident. L’Arabie Saoudite a en effet, depuis longtemps avec l’appui des Etats-Unis un projet de construction de pipelines qui vont traverser le Yémen et ainsi contourner le détroit d’Ormuz sous contrôle iranien.  Garder aussi une mainmise sur le Yémen c’est parer à toute éventualité de blocage du détroit de Bab el Mandeb.

Pour l’Iran, qui contrôle déjà le détroit d’Ormuz par où transite actuellement tout le pétrole saoudien produit dans le nord-est du royaume, avoir un gouvernement pro-iranien à Sanaa c’est non seulement un moyen de faire échouer le projet de pipelines saoudien, mais c’est aussi avoir le contrôle de Bab el Mandeb et ainsi contrôler tout le pétrole qui sort de cette région  pour être acheminé vers l’Europe et les Etats-Unis. Ce qui permettra à l’Iran d’assoir durablement son hégémonie régionale.

Ainsi, aujourd’hui la guerre est devenue une guerre d’influence, mais aussi une guerre économique. Si l’Iran n’a pas officiellement envoyé de soldats au Yémen, l’Iran fourni tout de même de l’armement aux rebelles Houthis. Un fait que dénonce régulièrement l’Arabie Saoudite, qui se dit visée par des missiles longues portées tirés par les rebelles depuis le Yémen, et qui sont de fabrication Iranienne.

Aujourd’hui la crise yéménite risque d’impacter toutes les grandes puissances au-delà de l’Arabie Saoudite et de l’Iran, du simple fait de sa position stratégique. En effet aujourd’hui toutes les grandes puissances ont des soldats stationnés dans la région y compris la France, notamment à Djibouti. Ainsi les Etats-Unis ont plus de 4000 soldats (la Ve Flotte) dans la zone. A côté il y a la Russie, mais aussi la Chine et le Japon.

Par ailleurs ces enjeux stratégiques et économiques, ne doivent pas nous faire oublier le bilan tragique de cette guerre.  En effet plusieurs ONG déplorent la situation au Yémen, qu’elles qualifient d’ailleurs de « catastrophique », notamment sur le plan humanitaire.

Lors d’une conférence de presse tenue à Paris le 17 Mars 2017,  six ONG (Médecins du Monde, Action contre la Faim, Care, Handicap International, Première Urgence, Solidarités international)  ont annoncé que « la situation au Yémen est l’’une des  plus graves au monde »,  du fait notamment du blocus imposé par la coalition arabe.

Cette guerre a fait plusieurs dizaines de milliers de morts (entre 7800 et 8000 morts selon les sources) dont une majorité de civils, des enfants notamment. A côté on note plus de 40000 blessés, plus de 2 millions de personnes sans-abris, et plus de 186 000 réfugiés.

Il faut noter aussi la résurgence de certaines maladies telles que le Choléra, et noter aussi qu’il y a plus de 19 millions de personnes qui souffrent de la faim et ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence.

La guerre est aujourd’hui encore dans une nouvelle phase, après que l’ancien président Ali Abdallah Saleh a été tué, le 4 décembre 2017. En effet après un énième revirement de la part de ce dernier, d’abord allié de l’Arabie Saoudite et donc contre les rebelles Houthis, il avait changé de camp en s’alliant avec ces derniers pour lutter contre le président actuel. Et dans sa dernière apparition publique il avait soutenu être avec l’Arabie Saoudite et être prêt à faire partie d’un dialogue qui tendrait de résoudre la crise. Ensuite c’était son retour aux affaires qui avait été envisagé.

Ainsi à partir de là, on peut dire que cette guerre est loin d’arriver à son terme au vue des intérêts qui sont en jeu. D’abord partie d’une contestation interne, la guerre est devenue internationale,  avec l’intervention de la coalition arabe d’un côté, mais aussi le soutien fourni par l’Iran aux rebelles de l’autre. Et les dégâts humains et matériels continuent d’augmenter de jour en jour.

DIALLO Alpha Ibrahima, promotion 2017-2018 du Master 2 IESCI

Bibliographie

https://www.franceculture.fr/geopolitique/comprendre-la-guerre-au-yemen

https://www.lexpress.fr/actualite/yemen-une-coalition-de-pays-arabes-au-secours-du-president_1665079.html

http://www.lemonde.fr/yemen/article/2017/12/05/ali-abdullah-saleh-fantome-et-mauvaise-conscience-de-l-etat-yemenite_5224575_1667193.html

http://www.jeuneafrique.com/419894/politique/yemen-trois-ans-de-conflit-bilan-humanitaire-apocalyptique/

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La cybersécurité, un secteur d’avenir dans lequel Israël a su se positionner et devenir leader https://master-iesc-angers.com/la-cybersecurite-un-secteur-davenir-dans-lequel-israel-a-su-se-positionner-et-devenir-leader/ Mon, 18 Dec 2017 13:26:11 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2541 Rappelons la situation d’Israël, il s’agit d’un petit pays avec une superficie d’environ 22 000 km² (148ème mondial) pour moins de 9 millions d’habitant (96ème au 30 septembre 2017), récent (fondé en 1948) et qui pourtant occupe la 25ème place du… Continuer la lecture

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Rappelons la situation d’Israël, il s’agit d’un petit pays avec une superficie d’environ 22 000 km² (148ème mondial) pour moins de 9 millions d’habitant (96ème au 30 septembre 2017), récent (fondé en 1948) et qui pourtant occupe la 25ème place du classement mondial en termes de PIB nominal par habitant en 2014, 10ème pays le plus innovant d’après l’indice d’innovation Bloomberg publié début 2017 juste derrière les Etats-Unis (occupant la 9ème place) et devant la France ou le Royaume-Uni et 7ème exportateur mondial en 2016 d’armement. Comment lutter et s’imposer face à une concurrence internationale où dominent les géants (à eux deux la Chine et les Etats-Unis représentent 23% des exportations mondiales) ? Depuis sa création et notamment en raison de sa géopolitique Israël a essentiellement misé sur la recherche et son capital humain. Le pays s’est, en effet, au fil des années doté d’une force innovatrice qui, à la vue des résultats précédent, lui a permis de faire sa place sur les marchés internationaux, lui permettant de se spécialiser dans les hautes technologies, d’exporter sur des secteurs stratégiques et de produire de nombreuses start-ups à forte valeur ajoutée. Le classement 2017 Cleantech 100 qui recense les 100 entreprises mondiales les plus innovantes dans le secteur des technologies propres a même intégré quatre sociétés israéliennes. De fait l’économie israélienne est dynamique et possède un taux de croissance pour 2016 de 4% surpassant même les estimations, son taux de chômage est également faible en particulier en comparaison à celui que l’on connait en Europe avec 4,8% de la population active.

Contre les prévisions des grandes entreprises de l’industrie militaire d’Israël, les exportations pour l’année 2015 ont connu une légère augmentation, totalisant un chiffre d’affaire de 5,7 milliards de dollars américain et le mercredi 29 mars 2017 le Ministère de la Défense a annoncé une forte progression des ventes de matériel militaire puisque les contrats obtenus par les entreprises d’armement israélienne atteindraient 6,5 milliards de dollars pour l’année 2016 soit une hausse de 14% et de 70% pour le marché Africain, preuve de la performance de ce secteur en Israël qui fait désormais partie des dix premiers exportateurs mondiaux d’armement. Si l’on regarde de plus près la composition de ces exportations, on peut notamment voir la spécialisation d’Israël dans la technologie de pointe. Effectivement, celles-ci se composent à 20% d’amélioration des avions et systèmes aériens, à 18% par les systèmes de défense anti-aérien, 15% par les systèmes de défense anti-missiles, 13% par les munitions et 8% par les renseignements. Une des forces d’Israël est de savoir mettre en valeur son savoir-faire pour remporter des parts de marché et notamment dans l’expertise et la lutte contre le terrorisme.

La combinaison d’une politique industrielle basée sur l’innovation technologique en se spécialisant sur les secteurs hautement spécialisés, l’utilisation de l’armée en vue de forger une population, les technologies développées au sein de Tsahal induit par le climat d’hostilité dans lequel se situe Israël et les transferts de technologies que permet l’armée, a permis à Israël de se doter d’une économie forte, innovante et d’exporter son savoir-faire.

“En 2016, nous détenions environ 20% de l’investissement mondial de la cybersécurité privée,” déclarait Netanyahou. En 2016 4,8 milliards de dollars ont été investis dans des start-ups israéliennes, soit 11% de plus qu’en 2015, avec une start-up pour 1800 habitants, Israël est le pays possédant le ratio de start-up par habitant le plus important au monde, ce n’est pas sans raison qu’Israël est surnommée la nation Start-up. En effet, en plus de ce ratio, le pays dispose du plus grand nombre de scientifiques et techniciens au sein de sa population active (145 pour 10 000 alors que les Etats-Unis en ont 85 pour 10 000), Israël engage aussi 4,11% de son PIB dans la R&D et fait preuve d’un réel soutien à l’innovation et à l’accompagnement des start-ups. Ainsi le poids dont dispose Israël sur la scène économique internationale est en grande partie dû à son positionnement industriel, ses politiques actives, sa population et en particulier la place de premier choix qu’occupe le domaine de la cybersécurité dans la société israélienne.

Alors que l’innovation est un point central de la réussite de l’économie israélienne, en lien avec les évolutions de la société, lorsque B. Netanyahou a été élu en 2009 premier ministre d’Israël, son gouvernement a entrepris de développer et de renforcer l’industrie de la cybersécurité. Comme souvent, l’Etat israélien va jouer là aussi un rôle moteur dans ce secteur afin de le dynamiser. De fait, si la cybersécurité présente un intérêt certain dans la protection du territoire ou des individus en général ce domaine va aussi être identifié comme stratégique pour l’économie du pays notamment parce qu’Israël détient un avantage en la matière et est à même d’être un leader de ce secteur. En effet, la situation particulière d’Israël d’être en conflit permanent et situé eau milieu d’Etats contre qui il est ou a été en guerre fait que le pays a développé une pratique et un savoir-faire fort en matière de cybersécurité et de cyberdéfense ce qui est bien en accord avec le discours de David Ben Gourion, qui dès l’indépendance d’Israël (1948) disait que le pays devra trouver sa force dans la recherche.

Alors que le pays bénéficie d’une croissance forte (4% pour 2016), son économie est fortement soutenue par l’industrie des nouvelles technologies (plus d’un tiers du PIB israélien). Depuis maintenant de nombreuses années la stratégie du pays a été de se spécialiser dans la haute technologie autant pour se doter d’un arsenal défensif performant et maintenir l’intégrité du pays que par la suite de développer une économie de pointe qui puisse s’exporter. Ainsi, dans cette industrie de pointe 20% des entreprises se consacrent à la cybersécurité, nouvelle priorité de l’Etat d’Israël depuis quelques années. Précisons que la cybersécurité n’est pas uniquement liée à la défense intérieure mais plus largement à la société dans son ensemble comme le montre aussi l’intérêt que porte le secteur de l’automobile dans l’intelligence artificielle et la cybersécurité via notamment l’exemple de MobilEye. Il s’agit d’une entreprise israélienne, fondée en 1999, qui a développé une technologie dans le domaine des transports afin de réduire le risque de collision de véhicules et qui a été rachetée par Intel pour un montant de 15 milliards de dollars. Là aussi dans le secteur automobile Continental a racheté récemment pour environ (l’exactitude de la transaction n’est pas encore connue) 400 millions de dollars la start-up israélienne Argus Cyber Security en développant des technologies dans la cybersécurité automobile.

Un rapport de Start-up Nation Central (“a not-for-profit, completely neutral and non-conflicted organization that promotes Israeli innovation”) nous indique qu’il y avait en 2016 trois cent soixante-cinq entreprises actives dans le domaine de la cybersécurité dont 65 créées dans la même année, sachant qu’en 2012 on en recensait 182. Le chiffre a donc doublé en à peine quatre ans, preuve de l’accent mis sur ce secteur. De plus, pour situer cette importance et la position dominante dont dispose Israël en la matière malgré sa situation complexe, on peut également noter que le secteur de la cybersécurité en Israël a réussi à lever 581 millions de dollars (une augmentation de 9% par rapport à 2015) en investissement représentant 15% du capital mondial investit dans l’industrie de la cybersécurité, seuls les Etats-Unis possèdent un niveau d’investissement supérieur. La présence de multinationales dans ce secteur se fait également plus grande, en 2016 Volkswagen a entrepris une coopération avec Israël pour créer l’entreprise CYMOTIVE Technologies afin de se développer dans la cybersécurité des voitures connectées.

Si l’industrie de la cybersécurité occupe bien une place de premier choix en Israël, elle bénéficie également d’un fort rayonnement à l’international (en plus du fait d’être deuxième derrière les Etats-Unis en matière de levée de fonds). D’ailleurs l’entreprise Hydro-Quebec (entreprise énergétique canadienne) a cette année conclu un partenariat avec Israël dans le but de renforcer sa sécurité en matière de cyber-attaque.  Dans le dernier classement publié par Cybersecurity Ventures : le Cybersecurity 500, listant les 500 entreprises les plus dynamiques et innovantes dans l’industrie de la cybersécurité. Parmi ce classement, 36 entreprises sont israéliennes et trois de celles-ci font parties du top 50. En comparaison, la première entreprise française qui apparait est à la 105ème place. Ainsi, le dynamisme des entreprises de cybersécurité israéliennes a permis à son industrie d’exporter, selon le Israel Export Institute, pour un montant de 3,5 milliards de dollar en 2015, ce qui représentait environ 5% du marché mondial. Là encore seuls les Etats-Unis disposent d’une part de marché plus importante. On remarque alors bien que si l’industrie de la cybersécurité est bien dynamique sur le territoire israélien, elle dispose également à l’international d’une forte visibilité et d’un statut de qualité.

L’industrie de la cybersécurité israélienne apparait aujourd’hui comme étant performante et dynamique mais il a bien fallu l’organiser, la promouvoir et favoriser son développement. En cela l’Etat israélien a joué un rôle important. Ainsi, même si Israël s’est rapidement intéressé aux systèmes d’information et de défense du numérique (de fait Tsahal, l’armée de défense israélienne a très rapidement intégré les techniques de guerre de l’information) ce n’est qu’en 2011 qu’une institution centrale est créée (l’Israel National Cyber Bureau) suite à un échange entre le premier ministre B. Netanyahou et le professeur Ben-Israël pour faire face à la menace informatique, qui aura pour but de répondre aux différentes menaces lorsqu’elles apparaitront. Cette structure va permettre de relier tous les acteurs du domaine du « cyber », le gouvernement, les entreprises et aussi les universités. Ce bureau a pour objectif de dynamiser le secteur de la cybersécurité et plus largement du « cyberespace » et va donc également participer au financement de projets. Si cette institution relie bien agent public et privé dans la partie gouvernement il faut bien y inclure l’organe militaire. Ainsi l’Israel National Cyber Bureau (INCB) va coordonner un certain nombre de projets avec le ministère de la Défense qui depuis 2012 dispose également d’un pôle dédié au monde du cyber ayant un rôle coordinateur et de surveillance des différents partenariats entrepris entre les différents organes de la sphère public et les entreprises de cybersécurité. Toutefois les entreprises du secteur privé alors qu’elles agissent sur le plan mondial peuvent parfois être réticente à collaborer à la vue de tous avec leur gouvernement. C’est pourquoi en 2015 est établit l’Autorité Nationale de la cybersécurité ayant pour but de remplir l’objectif de coordination de la cybersécurité tout en retirant l’Etat des décisions des entreprises. Ainsi plusieurs programmes sont mis en place dans le but de développer les cyber-technologies aussi bien dans le monde civil que militaire qui vont principalement passer par des soutiens à la R&D. Ce point est particulièrement représenté par les deux programmes « Masad » et « Kidma », deux programmes soutenant la R&D le premier ayant pour but d’aider les entreprises israéliennes à développer des solutions technologiques pour répondre aux besoins de la cybersécurité (le programme a par ailleurs connu une bonne réussite c’est pourquoi en 2015 Israël a relancé une « version 2.0 » de ce programme). Le programme Masad effectué en coopération avec le ministère de la Défense avait pour but de développer les technologies de la cybersécurité pour le civil et pour la défense.

En plus de soutenir la R&D le gouvernement israélien va aussi établir une politique visant à attirer les investissements étrangers. Déjà à partir de 1991 le gouvernement d’Israël développe des incubateurs, placés sous responsabilité de l’OCS (Office the Chief Scientist connu désormais sous le nom d’Israel Innovation Authority), dans le but de répondre à la fois à l’arrivée des migrants venant d’ex-URSS en stimulant l’emploi dans les sciences et de développer l’innovation au sein du pays. Ces incubateurs vont alors permettre à chaque individu ayant une idée innovante de transformer cette idée (si le projet est retenu ; notons par ailleurs que le critère de la possibilité d’exportation du futur produit est important dans les choix de projet puisque le marché intérieur d’Israël étant très petit la majeure partie de son économie est basée sur l’exportation) en produit commercialisable. Les incubateurs sont des entreprises qui permettent à des entrepreneurs de développer une idée innovante qui en est à un stade préliminaire d’existence en fournissant une structure qui va leur prodiguer soutien financier, technique et managérial. Le but final est d’exporter des biens innovants produits sur le marché israélien toutefois de par le stade de ces idées le risque économique est élevé et peut donc rebuter les entrepreneurs à les développer.

L’Etat israélien se refuse à laisser passer de côté des idées pouvant être à la base de produits à succès, il assume donc ce premier risque en finançant le projet à ses débuts c’est-à-dire là où il y a le plus de risque. Le gouvernement s’implique beaucoup dans ces programmes puisqu’en plus de pouvoir dynamiser son économie, il acquiert lors de l’entrée dans l’incubateur des parts pour se rémunérer en cas de succès. La période d’incubation permet à l’entrepreneur d’attirer un investisseur qui va prendre le relais de l’Etat à la fin de la période d’incubation en matière de financement. L’Etat joue bien un rôle important pour attirer ici les potentiels investisseurs dans le sens où il va prendre en charge la période la plus risqué du projet. JVP Labs et Team 8 sont deux incubateurs particulièrement actifs dans le domaine de la cybersécurité. La création du CyberSpark fait également partie de cette politique mise en place dans le but d’attirer les investissements étrangers, il s’agit d’une joint-venture entre le INCB et les entreprises leaders de l’industrie de la cybersécurité ayant pour but d’offrir un cadre d’innovation, d’opportunité et de collaboration sans pareil. Le CyberSpark regroupe aussi bien des PME locales, que des grands groupes et des acteurs publics, il représente l’image et l’intérêt du cluster industriel.

Cette année le gouvernement israélien a même renforcé ses tentatives d’attraction des investissements étrangers en augmentant les incitations fiscales en faveur des centres de R&D. Les Multinationales bénéficient alors d’un taux d’imposition de 6% et de taxation des dividendes de 4% pours les investissements en R&D. Preuve de l’ampleur actuel des investissements étrangers pour la technologie israélienne est que l’on comptabilise plus de 300 centres de R&D de multinationales en Israël.

Toutefois créer un écosystème favorable au développement de l’industrie cybersécurité ce n’est pas uniquement favoriser les investissements en R&D, multiplier les programmes et coordonner les actions, il faut également une population qui soit à même d’innover dans ce domaine, le facteur humain a aussi une importance toute particulière. Cette importance se voit assez bien en Israël puisque la cybersécurité y est enseignée dès le collège, est une option au lycée et il existe une spécialisation en cybersécurité dans certaines universités. On notera par ailleurs qu’il existe uniquement en Israël un doctorat en cybersécurité. Il existe une telle spécialisation dans le monde de l’enseignement en Israël vis-à-vis de la cybersécurité car l’essor de son industrie est tel que le pays rencontre quelques difficultés en termes de ressources humaines.

Pour combler ce manque là aussi différents programme sont mis en place tel que le programme « Magshimim » (qui a été adopté comme programme national suite à au succès des deux années de test) qui vise à instruire une population jeune notamment en matière de programmation et de langage informatique. L’Etat affecte également des bourses d’études et de recherches en lien avec le domaine du cyber mais aussi bien à des étudiants en sciences dures qu’à d’autres en sciences humaines. Plus qu’être simplement performante l’industrie de la cybersécurité dynamise et mobilise une grande partie de la société israélienne. Ce secteur en plein essor contribue à faire de ce petit pays un poids lourd en matière de hautes technologies sur la scène internationale ainsi qu’une destination recherchée pour les investissements de R&D.

Par Léandre Meier, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Webographie

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Technologie et innovation au Moyen Orient : cas de l’Arabie Saoudite (Neom Project) https://master-iesc-angers.com/technologie-et-innovation-au-moyen-orient-cas-de-larabie-saoudite-neom-project/ Thu, 14 Dec 2017 10:30:06 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2531 Malgré l’essor remarquable des énergies renouvelables, la planète aura encore besoin pendant plusieurs années des énergies fossiles ; cette conclusion que tire l’agence internationale de l’énergie dans son rapport de 2016 augure un avenir encore radieux pour les grands exportateurs de… Continuer la lecture

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Malgré l’essor remarquable des énergies renouvelables, la planète aura encore besoin pendant plusieurs années des énergies fossiles ; cette conclusion que tire l’agence internationale de l’énergie dans son rapport de 2016 augure un avenir encore radieux pour les grands exportateurs de pétrole. Cependant, depuis 3 ans le prix du baril de pétrole ne cesse de dégringoler à cause de la nouvelle politique pétrolière américaine. Parmi les pays les plus touchés par cette baisse du prix du baril figure l’Arabie Saoudite.

L’Arabie Saoudite est le plus grand pays du Moyen-Orient et l’un des plus grands exportateurs de pétrole du monde. En effet, l’Arabie Saoudite fait partie des membres fondateurs de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) et sa compagnie nationale Saudi Aramco est la première productrice mondiale de pétrole. Raison pour laquelle la chute du prix du baril impacte considérablement  la croissance du pays. Le cours du baril est passé à 127$ en fin 2014 à 30$ en janvier 2016. Ce qui a causé un déficit du budget du pays de 98 milliards de dollars en 2015. Cela a conduit à la mise en place d’une politique d’austérité qui a permis de passer dans un 1er temps à un déficit de 79Mds$ en 2016 puis de 53Mds$ en 2017. C’est dans ce contexte que le pays a initié une stratégie de croissance nommée Vision 2030, c’est une politique qui vise à libérer l’Arabie Saoudite de sa pétro-dépendance en développant des secteurs d’avenir tels que la biotechnologie, la recherche et développement ou encore la technique et les énergies renouvelables. Le projet phare est la construction d’une nouvelle ville entièrement « connectée » baptisée NEOM, il est supervisé par le très influent prince héritier Mohammed Ben Salmane Al Saoud.

Les conséquences de la « pétro-dépendance »

La chute durable des prix du pétrole autour de 50 dollars le baril remet en cause l’économie profondément rentière de l’Arabie saoudite qui tire 90% de ses revenus fiscaux, 80% de ses revenus d’exportation et 40% de son PIB de la production de pétrole. La chute des recettes pétrolières a entraîné un ralentissement considérable de la croissance du PIB. Des mesures rigoureuses ont été mis en place par le gouvernement saoudien (hausse de la dette souveraine, baisse des subventions, hausse encore modeste des impôts et suspension de projets immobiliers étatiques). Mais elles ne sont mises en place que de manière cyclique, ce qui affecte la croissance, et manquent parfois de fermeté. Favorisée de 2010 à 2015 par la forte hausse des prix du pétrole avec des effets d’entraînement sur la richesse par habitant (52 000 USD), la croissance du PIB saoudien décélère fortement à 1,4% en 2016 et devrait fortement ralentir à 0,5% en 2017.

Compte tenu de sa structure d’économie peu diversifiée, l’économie saoudienne a une vulnérabilité marquée au prix du pétrole. Afin de contenir la chute des prix du pétrole, la production a été plafonnée fin 2016 à environ 10 millions de barils par jour par un accord de l’OPEP, ce qui a eu pour effet de redresser le prix du baril autour de 50 USD. Mais la chute de la croissance est aussi due à celle du secteur non pétrolier qui décélère très fortement en 2016 à +0,5% en conséquence des mesures d’austérité qui pèsent sur la consommation des ménages. Celle-ci en raison de la baisse du salaire des fonctionnaires de 20% pendant quelques mois en 2017) et de l’arrêt de nombreux projets immobiliers et de BTP soutenus auparavant par l’État. De son côté, le secteur pétrolier ne retrouve que début 2017 une croissance positive par l’effet de base sur l’année 2016, où le prix du pétrole était à son plus bas (36 USD).

Cette « pétro-dépendance est encore plus visible lorsque l’on se concentre sur les autres secteurs économiques du pays. Par exemple en matière de développement numérique, on voit que l’Arabie Saoudite fait même pire que ses voisins du Moyen-Orient.

Face à cette situation, la mise en place du programme de croissance « Vision 2030 » s’annonçait impérative. L’Arabie Saoudite s’est donc lancé dans un projet ambitieux orienté sur l’innovation et la technologie avec la création d’une nouvelle ville dans le désert destinée au développement technologique et qui constituerait une « ville du futur », un environnement créé de toutes pièces qui marquera le début  d’ « une nouvelle ère pour la civilisation humaine ».

Neom la ville du futur : le gros pari de l’Arabie Saoudite

Neom est une mégacité dont la construction coûtera dans un premier temps 500 milliards de dollars. Son nom est tiré du latin « neo » qui signifie nouveau et « m » qui est la première lettre de « mustaqbal » qui veut dire « futur » en arabe. La ville fera 26500 km2 ce qui représente jusqu’à 33 fois la superficie de New York City. La métropole longe la côte nord-ouest du pays sur la mer rouge, atteignant même le nord en Jordanie et traversant la mer, via un pont, en Egypte. Ce sera une ville indépendante avec une législation différente de celle du royaume saoudien.

Le prince Mohammed Al Saoud envisage Neom comme une plaque tournante pour les secteurs de la fabrication, l’énergie renouvelable, la biotechnologie, les médias et le divertissement, rempli de gratte-ciel, hôtels cinq-étoiles, et des robots pour libérer les humains du travail répétitif. Il dépeint ainsi une ville idyllique au milieu du désert propice à l’essor économique aussi bien national qu’international. La ville sera placée dans une zone stratégique. En effet, environ 10% du commerce mondial traverse la mer Rouge reliant l’Asie, l’Europe, l’Afrique et l’Amérique et son emplacement permettra à quasiment 70% de la population mondiale de rejoindre cette destination avec moins de 8h de vol. Le projet NEOM vise à faire du Royaume une référence en matière d’innovation et un carrefour commercial à travers l’introduction de chaînes de valeur traditionnelles et futures industries et technologies ce qui permettrait de stimuler l’industrie locale, à travers la création d’emplois dans le secteur privé qui redynamiseraient la croissance du pays. De plus, l’hyper connectivité de la ville permettrait le développement de nouveaux systèmes économiques qui se détacheraient du modèle « traditionnel » tel qu’une meilleure promotion des blockchains et de la cryptomonnaie.

C’est un projet qui tient donc beaucoup de promesses mais qui n’est encore qu’au stade embryonnaire. Le projet NEOM est l’un des plus ambitieux au monde et s’inscrit dans la logique de course à l’innovation entamée par l’Arabie Saoudite qui a été le 1er pays à donner la nationalité à un robot humanoïde conçu par la société Hanson Robotics. C’est en ce sens que déclarait Majid Alghaslan « L’Arabie Saoudite est en pleine transformation économique, sociale et sur le plan du développement. L’innovation constituera le fondement principal de cette transformation et sera un facteur important pour une prospérité économique durable, pour le développement de la génération future de Saoudiens et pour le monde ».

Un projet qui fait face aux échecs précédents

Les dirigeants saoudiens ont compris depuis des années que l’économie de leur pays devait changer. Cependant, les projets élaborés pour endiguer cette dépendance au pétrole, y compris les «villes économiques» planifiées, n’ont pas toujours réussi. Le King Abdullah Economic City, une métropole et un port situé au sud de Neom, abrite moins de 10 000 personnes après plus de 10 ans, alors que sa population devait atteindre 2 millions à cette date. Et le King Abdullah Financial District au nord de Riyad, destiné à rivaliser avec Dubaï en tant que centre économique, est encore inachevé après plus d’une décennie. A ce jour, aucune entreprise ou institution n’a encore accepté d’occuper l’un des 73 immeubles du district.

A la question si Neom peut réussir là où les autres ont échoué, Steffen Hertog, professeur agrégé à la London School of Economics, affirme que Neom pourrait bénéficier de son important soutien politique et d’un leadership plus centralisé. En effet, Neom étant sous la responsabilité directe de l’une des 3 personnes les plus influentes du pays, il bénéficiera sans aucun doute d’un soutien infaillible et aura à sa disposition une grande partie des fonds publics du royaume. C’est en ce sens que le professeur Hertog déclare “alors que d’autres villes économiques ont été retenues par des législations peu claires et un manque de coopération avec les agences gouvernementales compétentes, il est peu probable que cela soit un obstacle majeur pour Neom”. De plus, bien que les autres villes économiques de l’Arabie saoudite aient expressément créé des emplois pour les jeunes Saoudiens (environ 50% des Saoudiens ont moins de 25 ans et un quart de ce groupe est au chômage), le Prince Mohammed Al Saoud déclare que ce projet n’est pas destiné à la création d’emplois pour les Saoudiens mais que “le devoir de Neom est d’être une plaque tournante mondiale pour tout le monde dans le monde entier.”

Une telle vision signifie créer un espace ouvert aux normes et aux pratiques occidentales – et est donc favorable au financement occidental. Bien que le gouvernement saoudien et son fonds souverain soutiennent financièrement la ville, ils auront besoin d’investisseurs pour prospérer.

Pour le moment, aucun engagement privé n’a été pris car les investisseurs voudront voir plus de détails sur le projet pour s’y investir complètement. Cependant, vu la conjoncture économique dont fait face l’Arabie Saoudite, le pays est financièrement plus contraint qu’auparavant, il ne pourra peut-être pas faire d’importants investissements initiaux sans le financement de partenaires privés.

Conclusion

L’Arabie Saoudite reste une valeur sûre et une puissance pétrolière non négligeable. Mais avec la chute du prix du baril pétrole, leur système économique a montré ses limites. Fort de ce constat, une politique accès sur l’innovation et la recherche développement a été mis en place. Celle-ci est porteuse de beaucoup de promesses et annonce un avenir radieux et la création de nouveaux marchés pour la clientèle internationale. Si ce projet arrive à terme, nous verrons la naissance et l’essor d’une nouvelle ère numérique qui engendrera de nouvelles réalités économiques qui impacteront considérablement le marché mondial.

Par Abdoul Ba, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Sources :

http://discoverneom.com/

https://fr.sputniknews.com/sci_tech/201710241033588722-arabie-innovations-projet/

http://www.lemonde.fr/smart-cities/video/2017/11/17/neom-la-megalopole-du-futur-dont-reve-l-arabie-saoudite_5216675_4811534.html

https://fr.express.live/2017/10/26/larabie-saoudite-devient-premier-pays-monde-a-accorder-nationalite-a-robot/

https://www.bloomberg.com/graphics/2017-neom-saudi-mega-city/

https://www.citylab.com/design/2017/11/saudi-arabias-latest-planned-city-costs-500-billion-and-is-insanely-huge/544748/

http://www.liberation.fr/planete/2016/10/20/pourquoi-l-arabie-saoudite-a-t-elle-emprunte-175-milliards-de-dollars_1523191

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/arabie-saoudite/presentation-de-l-arabie-saoudite/

http://www.journaldemontreal.com/2016/12/22/larabie-saoudite-annonce-un-budget-2017-en-deficit-de-53-g

https://donnees.banquemondiale.org/pays/arabie-saoudite

https://www.tresor.economie.gouv.fr/Ressources/File/425394

https://www.focus-economics.com/countries/saudi-arabia

Digital Middle East: Transforming the region into a leading digital economy, Digital McKinsey, October 2016

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Le transfert technologique : une force du modèle israélien https://master-iesc-angers.com/le-transfert-technologique-une-force-du-modele-israelien/ Thu, 23 Nov 2017 16:10:33 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2426 Israël a connu un succès fulgurant au regard de son rayonnement technologique à l’international et compte tenu de la jeunesse de cet Etat. En effet, il s’agit d’un pays qui rappelons-le a moins d’un siècle, qui a réussi à s’ériger… Continuer la lecture

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Israël a connu un succès fulgurant au regard de son rayonnement technologique à l’international et compte tenu de la jeunesse de cet Etat. En effet, il s’agit d’un pays qui rappelons-le a moins d’un siècle, qui a réussi à s’ériger sur le devant de la scène internationale et à devenir l’un des plus grands exportateurs en matière d’armement par sa force innovatrice et la réussite d’une politique industrielle passant par des universités performantes en étroite collaboration avec le secteur privé, des migrants bien formés qui ont nourris la recherche du pays, des incubateurs puissant pour ne laisser aucune idée innovante de côté, financés par des fonds de capital-risque. Le contexte dans lequel évolue l’Etat d’Israël avant même sa création en 1948 fait que le pays a dû mettre l’accent sur l’innovation et les technologies. Ainsi, ce qu’a fait Israël c’est se servir des menaces que le pays a rencontré et rencontre encore pour en faire émerger des forces.

Le transfert technologique constitue un point important du développement économique puisqu’il permet à l’innovation d’un secteur de servir l’innovation et la performance d’un autre en s’appuyant sur la technologie du premier. Il existe bien un réel intérêt de bénéficier d’un transfert technologique pour une entreprise du fait qu’il lui évite de supporter le risque du développement de l’innovation et de gagner du temps dans l’accession à celle-ci. Comme le modèle israélien repose en grande partie sur l’innovation, le transfert technologique représente alors une force primordiale de ce modèle. Il est en effet fortement présent et permet l’émergence de nombreuses start-up performantes qui réussissent à s’exporter.

Une porosité entre le monde universitaire et industriel

Les transferts de technologies sont notamment facilités par la proximité qui existe entre des campus universitaires et le secteur privé. Ainsi une des forces de ces universités israéliennes c’est la porosité qui existe entre celles-ci et le secteur privé, il y existe une réelle coopération. C’est tout particulièrement le cas pour l’Institut Weizmann où la collaboration entre l’industrie et l’Institut n’a que pour seul frontière géographique une rue. Ainsi, un centre de biotechnologie a été fondé à proximité de l’Institut et il y a de nombreux échanges entre l’Institut Weizmann et l’industrie qui l’entoure. Ce lien particulier entre entreprise et université, plus qu’important est est nécessaire puisque 80% des brevets sont issus des universités et elles réalisent la majorité de la recherche fondamentale du pays. Le cas de l’Institut Weizmann n’est pas isolé puisque la plupart des universités disposent de la proximité de parcs technologiques ou industriels mais elles peuvent aussi très bien établir des accords coopératifs avec l’étranger c’est notamment le cas récemment du Technion qui a développé un partenariat avec le New York Genome Center (il s’agit d’une organisation de recherche académique en biotechnologie). Déjà en 1964 ce genre d’accords pouvaient avoir lieu puisque cette année-là la Max Planck Gesellschaft et l’Institut Weizmann créaient la Fondation Minerva ayant pour but la coopération en matière de recherche entre l’Allemagne et Israël. Par ailleurs l’Université hébraïque de Jérusalem possède son propre bureau de transfert technologique : le Yissum fondé en 1964. On peut alors prendre note de Mobileye, société spécialisée dans les systèmes anti-collisions et d’assistance à la conduite faisant parti du portfolio de Yissum, qui a été rachetée en mars dernier par Intel pour un montant de 15 milliards de dollars, preuve de la force innovatrice d’Israël.

Pour caractériser ce lien étroit qu’entretiennent les universités et l’industrie nous pourrions aussi citer Michel Revel (Professeur à l’Institut Weizmann ayant reçu le Prix Israël de Médecine en 1999) :

« Les universités israéliennes travaillent en collaboration étroite avec l’industrie et facilitent le développement de centres de recherche spécialisés. L’impact du monde académique sur la vie israélienne est très fort. Le public israélien reconnaît le rôle de l’université et du monde académique dans la survie de l’Etat d’Israël. Depuis la création d’Israël, il y a eu une reconnaissance précoce de l’importance de la science. En réalité les universités sont apparues avant que le pays n’existe.

Le lien entre l’université et l’industrie est très étroit et permet une certaine flexibilité. Un professeur de l’Institut Weizmann est libre de travailler dans une entreprise une journée par semaine. C’est une grande liberté de pouvoir travailler pour l’industrie et de consacrer un nombre d’heures décent à travailler pour ses propres activités. L’atout supplémentaire, c’est la relation particulière entre le monde académique et l’Etat. Ce dernier a établi les parcs industriels autour des universités, rendant ici possibles et aisés les déplacements entre l’université et l’industrie.

Dans le domaine des biotechnologies par exemple ont été créés des centres nationaux dédiés à la génomique, à la protéomique, aux animaux transgéniques, aux plantes transgéniques, ou à la bio-informatique. Tous ces centres ont été créés avec l’aide du gouvernement israélien. Ils sont au service à la fois de l’université et de l’industrie. L’industrie paie pour ce service et ces centres nationaux rendent ces technologies disponibles à la communauté scientifique. L’interaction étroite entre les universités israéliennes et le monde industriel est une des caractéristiques clés du modèle israélien. »

L’Armée comme vecteur des transferts technologiques

De par sa situation conflictuelle permanente l’armée de défense israélienne (Tsahal) a besoin d’être performante au niveau technologique et de bénéficier donc d’une forte innovation. Par ailleurs, si l’armée de défense israélienne requiert une forte innovation, elle agit aussi de manière à stimuler celle-ci, par des effets de transfert de technologie ces innovations militaires stimulent l’économie du pays et participent au rayonnement international du pays. Comme l’armée de défense israélienne doit disposer d’une puissance technologique, elle va faire en sorte d’être un catalyseur de l’innovation.

Ainsi, dès 1947 David Ben Gourion, acteur majeur d’Israël au vingtième siècle et Premier ministre de l’Etat d’Israël de 1948 à 1963 qui sera notamment à la source de la création de l’entité Tsahal, crée un institut de recherche et de développement d’armes pour répondre à ces besoins technologiques en matière de défense. Cet Institut se distinguera par la suite en deux pôles distincts, un premier ayant en charge la recherche scientifique (le HEMED) et un second qui lui s’occupe du développement de l’armement militaire (RAFAEL). Cet institut permet de bien mettre en évidence ce qu’entreprend au maximum le pays, c’est-à-dire confronter la recherche à l’industrie.

En Israël le service militaire est obligatoire, chaque citoyen doit servir entre 2 et 3 ans selon son sexe. Toutefois, avant de le commencer les individus sont soumis à des tests pour permettre d’établir un classement et de repérer les meilleurs éléments à qui l’armée va proposer des formations de haut niveau. L’expérience militaire étant particulièrement valorisée dans la société israélienne le but est de rendre ces futurs soldats à même d’intégrer les universités les plus prestigieuses avec un réel potentiel d’innovation. L’exemple le plus poussé est surement le cas du Mamram. Il s’agit d’une unité militaire spécialisée dans l’informatique et plus particulièrement les technologies de l’information. Une formation très poussée y est dispensée, ce qui fait que de nombreux leaders de l’industrie israélienne proviennent du Mamram. De plus Tsahal à travers ses différentes unités développe un réseau auquel chaque personne qui est passée par le service militaire peut faire appel, notamment dans la création de start-up. Ainsi, toutes ces unités de formation à haute technologie au sein de l’armée permettent de créer à la fois des profils favorables à l’innovation, à la création de start-up et en même temps d’entretenir un réseau performant avec pour même objectif l’innovation.

Le plus souvent, ces jeunes israéliens en service militaire sont encouragés à combiner celui-ci avec des études en science à travers les programmes que l’armée dispense. Dans le même temps ces soldats au cours du service militaire se verront attribuer des postes à responsabilité. La recette que Tsahal essaye de mettre en œuvre n’est pas neutre puisqu’elle vise bien à former, forger ces individus de telle sorte qu’une fois leur service militaire terminé ils soient utiles à Israël. Ce qui en général marche bien puisqu’en plus d’une formation de pointe, ils en sortent généralement moins averses à la prise de risque, avec une expérience professionnelle et technique et avec un carnet d’adresse assez étendu. Ainsi, beaucoup d’israéliens, sortant de Tsahal, ont un projet de start-up en lien avec une technologie avec laquelle ils ont été confronté durant leur passage dans l’armée et le plus souvent l’armée permet ce transfert du militaire vers le civil (ou en échange de parts, c’est notamment le but de la structure Rafael Development Corporation (RDC) qui permet le transfert de technologie du militaire vers le civile en échange donc de parts).

Ces transferts de technologies (du militaire vers le civil) ont particulièrement dynamisé l’économie israélienne et ont aidé à hisser Israël à la place de premier plan qu’elle occupe désormais que ce soit dans le secteur des télécommunications (Gilat Satellites, EGI Telecom, Tadiran, LocatioNet), de la sécurité (Check Point, RadGuard, Tarzana), du spatial (IAI, Elop, Elbit) mais également dans le domaine médical.

A ce propos on pourra présenter ici deux exemples frappant du transfert de technologie opéré du militaire vers le domaine médical. Deux exemples qui partent tous les deux de technologies provenant des missiles développés par Tsahal. Le premier exemple a été commercialisé en 2001 sous le nom de « PillCam » et c’est Gavriel Iddan un ingénieur d’électro-optique de Rafael qui en est à l’origine. Le produit a d’ailleurs été développé au sein de RDC et permet notamment de diagnostiquer des cancers de l’intestin. En 2011 la PillCam avait été utilisée depuis son lancement dans près de 75 pays différents. De la même manière Galil Medical s’est également développé à partir d’une technologie de missile israélien, celle de leur système de refroidissement. Cette technologie a alors été habilement transférée dans le domaine médical et permet de geler les cellules des cancers. Les exemples sont ainsi nombreux de produits, procédés innovants découlant de technologies militaires et qui stimulent par-là l’économie du pays.

En conclusion nous avons de part et d’autre de la société Israélienne des possibilités de transferts technologiques qui nourrissent la performance innovatrice du pays. Les structures militaires en raison du climat hostile dans lequel se situe Israël sont obligées d’innover pour pouvoir se différencier en matière d’armement militaire et en sécurité. Elles vont par ailleurs permettre le transfert de ces technologies (en partie) vers le civil stimulant la création d’entreprise, start-up dynamique. De l’autre côté le système universitaire travaille de façon assez étroite avec le privé à la manière d’un cluster tout ceci ayant pour objectif de trouver une application commerciale qui soit exportable à chaque recherche mise en œuvre. Ces transferts de technologies qui existent permettent alors d’engranger un cercle vertueux de l’innovation où celle-ci vient également renforcer le processus d’innovation.

Par Léandre Meier, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Sources :

  • Alain Dieckhoff, « L’Etat d’Israël », Fayard, 2008
  • Edouard Cukierman, Daniel Rouach, « Israël Valley, Le bouclier technologique de l’innovation », Collection Village Mondial, 2017
  • Joss Drav, Denis Sieffert, « La guerre israélienne de l’information», éditions La Découverte, 2002

Webographie :

http://www.journaldunet.com/solutions/expert/64415/le-transfert-de-technologies-france—israel—un-veritable-levier-de-croissance.shtml

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Comprendre le monde arabe https://master-iesc-angers.com/comprendre-le-monde-arabe/ Tue, 18 Feb 2014 16:00:26 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=592 L’anthropologue Pascal Picq dans son ouvrage, “Un Paléoanthropologue dans l’Entreprise : s’adapter et innover pour survivre”, soulignait déjà le fait que la connaissance de la culture d’un pays est une force nécessaire au développement économique. Pour s’implanter dans une région du… Continuer la lecture

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L’anthropologue Pascal Picq dans son ouvrage, “Un Paléoanthropologue dans l’Entreprise : s’adapter et innover pour survivre”, soulignait déjà le fait que la connaissance de la culture d’un pays est une force nécessaire au développement économique. Pour s’implanter dans une région du monde, il importe d’en connaître les coutumes. Dans ce sujet nous nous intéressons plus particulièrement à une culture religieuse, celle de l’Islam, et aux pays concernés.

En effet, le monde islamique et les pays que cela recouvre, représentent  un fort potentiel économique, de marché et d’implantation.
Un article de Vijay Mahajan, professeur de business à la Mc Combs School of Business de l’université de Texas à Austin, étudie l’économie dans un monde Arabe en pleine croissance.
Il appréhende le sujet sur cinq points essentiels à étudier à propos de cette religion qui est parfois mal comprise par le monde occidental. Ces cinq points appelés les cinq piliers de l’Islam par l’auteur sont:
-La Salat (les prières)
-Le Saoum Ramadan (le temps de jeûne)
-Le Hadj (le pèlerinage à la Mecque)
-La Chahada (le respect du livre Saint de la religion et de Allah)
-Et la Zakat (les dons philanthropiques ou charité)

Le marché du monde arabe est un marché important pour l’économie mondiale, avec une population à majorité jeune, un PIB et un PNB importants. La proportion de la classe moyenne est en plein essor. Quelques critères retenus (proportion de la classe moyenne et le PNB) montrent l’importance de ce marché et quelques pays du monde arabe se distinguent alors. Il y a le Qatar avec une population de 1,8 million d’habitants, une classe moyenne de 70%, un PNB de 98 144 dollars en 2011, l’Arabie Saoudite avec une population de 28,2 million d’habitants, une classe moyenne de 65%, un PNB de 21 196 dollars en 2011, et le Bahreïn avec une population de 1,1 million d’habitants, une classe moyenne de 60% et un PNB de 22 918 dollars en 2011. Par contre, dans certains pays comme le Maroc et l’Egypte, il n’apparaît pas de classes moyennes qui émergent dans l’état actuel des statistiques.

Nous voyons donc, à travers quelques pays du monde arabe, le potentiel que les marchés peuvent représenter avec une population jeune. Ces potentiels sont supérieurs à ceux de l’Inde et la Chine qui sont pourtant aussi des marchés prometteurs, en plein développement.

Toutes les informations nous montrent que les marchés du monde Arabe ne sont pas des marchés fermés. Mais pour y aller, il y a cinq conditions à respecter, les cinq piliers de l’Islam :

  • La Salat (les prières). Dans le monde arabe, il s’agit des prières ou ensemble de rites que les musulmans doivent effectuer cinq fois par jour. Trois dans la journée. Toutes les entreprises locales ou étrangères  doivent adapter des pauses aux horaires de prières, afin de laisser les musulmans effectuer leur obligation religieuse. Empêcher les musulmans d’effectuer la prière est interdit dans certains pays qui composent ce monde. Cela peut entraîner une baisse temporaire d’activité mais favorise l’adhésion des employés et le rendement de leur travail.

Certaines entreprises ont même développé un business avec les horaires de la prière musulman, par des applications pour signaler l’heure aux fidèles, des GPS pour indiquer la direction de la Mecque.

  • Le Saoum est le mois du Ramadan, c’est un mois de jeûne pour les musulmans. Ils  ont alors un rythme de vie différent des autres mois. Les entreprises doivent s’adapter et avoir un mode de fonctionnement différent. Elles fonctionneront avec 2 heures en moins pendant cette période car les musulmans pratiquent le jeûne du lever au coucher du soleil. Certains d’entre eux se couchent tard dans la nuit (du crépuscule à l’aube) et se réveilleront tard. Cette période peut représenter à la fois une menace et une opportunité pour les firmes. Il y a là un paradoxe : pendant ce mois, on pourrait croire à une baisse de consommation. Mais en réalité la population a plus de temps pour consommer. Le soir, à l’heure de la rupture du jeûne, est un moment de retrouvaille, de partage du repas en famille et avec les amis. Ce mois, à la fois spirituel et festif, est un mois d’échange. Les sociétés de téléphonie voient les appels se multiplier. Chacun doit se soucier de la journée de la famille et des amis. La fin de cette période représente l’équivalent des fêtes de noël et de fin d’année. Juste avant, les approvisionnements se multiplient pour les échanges de cadeaux le jour de la fête de l’Aîd al-Fitr (la fête de la rupture du jeûne). C’est un moment fort pour le commerce.
  • La Chahada (le respect du libre saint de la religion musulmane, le Coran, et de Allah). Toute entreprise voulant s’implanter dans ces pays doit respecter la non-représentation du visage du prophète Mohamed et faire attention au logo de leurs produits ou de leur marque pour qu’il n’est aucune ressemblance au nom Allah ni à la représentation du visage.  Quand on veut faire du commerce dans ces pays, il faut respecter les symboles de la tradition religieuse dans les textes, les dessins et modèles.
  • Le pèlerinage (le hadj) est aussi un des cinq piliers de l’islam. Tous les musulmans en bonne santé et ayant les moyens doivent le faire. Ce pèlerinage représente 1,5 million de musulmans en Arabie Saoudite. Cela génère un bénéfice économique important. La consommation augmente, les hôtels proches des sites islamiques les plus sacrés voient toutes les chambres prises, même si leurs tarifs sont 3 fois plus chers. L’impact sur l’économie saoudienne est estimé à 42 milliards de dollars en 2011 soit 7% du PNB.

Les entreprises locales ou étrangères voient leur recette et bénéfice accroître. Les pèlerins s’approvisionnent en souvenirs et cadeaux de tout genre (ceux qu’ils n’ont pas chez eux) avant de rentrer dans leur pays d’origine. Cela permet aux entreprises et multinationales de faire une analyse prospective sur les produits achetés par les différentes nationalités, afin d’aller s’installer dans les pays d’origine.

Le dernier pilier important, la Zakat, est la philanthropie. Chaque musulman doit faire un don de 2,5% de sa richesse chaque année. Dans ces différents pays musulmans, les dons s’organisent de deux sortes:
-Les dons directs aux individus dans le besoin.
-Les collectes des dons par le gouvernement qui, dans certains pays, investissent dans la formation des personnes dans le besoin à des divers métiers et soutiennent des entrepreneurs en herbe et aident des start-up à se développer.
Certaines sociétés étrangères s’appuient sur  ce pilier pour vendre et faire de la charité, en proposant l’achat d’un produit d’une valeur égale à un don, par exemple un vêtement aux personnes nécessiteuses. C’est une sorte de charité business que les compagnies américaines ont l’habitude de pratiquer.

Le monde musulman est un grand marché qui a un potentiel immense de développement. Il ne faut pas en avoir peur. Au contraire, il faut adhérer aux conditions de réalisation pour mieux intégrer ce marché qui a beaucoup d’opportunités d’investissements.
Comme le rappelle Vijay Mahajan1: «  dans le monde arabe, seules les entreprises capables d’appréhender le dynamisme du futur (incarné par “Yallah”…) tout en ayant assimilé correctement le passé (symbolisé par “yanni”) ont une chance de prospérer ».

Source

Havard Business Review Février-Mars 2014
Source des chiffres :
PNB : FMI (Banque de donnée word economic outlook), Banque Mondiale (Banque de donnée World Developpement indicators), CIA (World Factbook, janvier 2013).
Classe moyenne : Donnée (janvier 2013) sur la population : FMI (world Economic Outlook) et Banqe Mondiale (World Developement Indicators).

Ibrahima DIALLO

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