sport Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Thu, 19 Jan 2023 13:49:42 +0000 fr-FR hourly 1 Accueillir la coupe du monde : une opportunité économique pour le Qatar https://master-iesc-angers.com/accueillir-la-coupe-du-monde-une-opportunite-economique-pour-le-qatar/ Thu, 19 Jan 2023 13:49:42 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3639 1.  L’impact de la Coupe du Monde FIFA 2022 sur l’économie, les start-ups et les PME du Qatar. 1.1.  Les revenus les plus élevés de l’histoire de la Coupe du monde La Coupe du monde 2022 devrait atteindre les revenus… Continuer la lecture

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1.  L’impact de la Coupe du Monde FIFA 2022 sur l’économie, les start-ups et les PME du Qatar.

1.1.  Les revenus les plus élevés de l’histoire de la Coupe du monde

La Coupe du monde 2022 devrait atteindre les revenus les plus élevés de l’histoire de la Coupe du monde. La FIFA a vendu les droits de diffusion, environ 240 000 packages d’hospitalité et 3 millions de billets pour le tournoi avant le début de la coupe du monde. En plus de tout cela, les ventes de marketing au cours de la période de 2019 à 2022 dépasseront le chiffre budgété d’environ 1,8 milliard de dollars.

De nombreuses sources ont souligné que les recettes du tournoi dépasseront 6,4 milliards de dollars, un chiffre visé par la FIFA au cours des trois dernières années, car ces recettes seront utilisées pour des activités de développement du sport dans le monde entier. Il est également prévu que le Qatar ajoute près de 17 milliards de dollars à son économie avec la présence des supporters tout au long du tournoi. On estime que le pays a dépensé la somme astronomique de 220 milliards de dollars depuis 2010. C’est 15 fois plus que ce que la Russie a dépensé pour l’événement de 2018. En outre, l’État a dépensé plus de 300 milliards de dollars pour moderniser les infrastructures. Cela comprend le métro de Doha, plusieurs milliers de kilomètres de routes et d’autoroutes, un nouvel aéroport, une nouvelle ville et un nouveau port. Sans oublier les installations gazières et pétrolières.

Selon plusieurs rapports, les analystes financiers estiment que le PIB du Qatar augmentera de 4,1 % d’ici la fin de l’année grâce à la Coupe du monde. Et entre 2022 et 2030, le PIB de la région se situera à une moyenne de 3,2 %. Les rapports soulignent que la Coupe du monde de la FIFA 2022 apportera plus de 20 milliards de dollars à l’économie du Qatar. Des variations sont encore en place, mais une analyse prévisionnelle effectuée par le journal “FocusEconomics” prévoit que la coupe du monde au Qatar triplera la croissance du PIB par rapport à 2021 où elle était de 1,6%.

En outre, le Qatar fait le pari que la Coupe stimulera également le tourisme à plus long terme : Le gouvernement vise 6 millions de visiteurs par an d’ici 2030, contre 2 millions en 2019. Enfin, une partie au moins des infrastructures construites pour la compétition – notamment une ligne de métro à Doha et un aéroport – auront une utilité économique permanente, ce qui correspond aux objectifs d’encouragement du tourisme et de diversification de l’économie.

1.2. Une croissance accrue signifie une augmentation des dépenses

Selon un rapport de presse de l’agence de presse Zawya, les fans de football de la région dépenseront davantage pour socialiser et sortir, par rapport à la précédente Coupe du monde.  Selon les données publiées dans une nouvelle enquête, rapportée par Zawya, plus de la moitié des personnes interrogées – 54 % au Qatar, 45 % en Arabie saoudite et 42 % aux Émirats arabes unis – dépenseront davantage que lors des précédentes Coupes du monde.  En outre, la Coupe du monde devrait entraîner une augmentation des commandes de nourriture. Le niveau des commandes sera de 80 % aux heures de pointe les jours de match, par rapport aux jours normaux, indique le rapport.

1.3. Un marché haussier

Selon un rapport d’Al Jazeera, au cours des dix premiers mois de l’année, le pays a déjà enregistré des entrées de capitaux étrangers à hauteur de 4 milliards de dollars. La bourse du Qatar a, en fait, surperformé ses pairs à l’approche du méga-événement sportif. Et cela devrait continuer même un an après le tournoi.  Selon les rapports, l’indice de la bourse du Qatar, qui mesure les 20 actions les plus liquides et les plus importantes de la bourse, a augmenté de 24,7 % entre le début de l’année et avril 2022.

Cependant, bien qu’il ait baissé et stagné pendant un certain temps, il a augmenté de 12,1 %.  Hormis l’impact économique et la croissance des grandes entreprises, le secteur des PME de la région connaîtra également une croissance importante. Le secteur a en fait été l’un des principaux moteurs économiques du Qatar au cours des dix dernières années. Lors d’une table ronde au GWC Forum 2022 à Doha en novembre, il a été déclaré que le secteur connaîtra une croissance importante dans les années à venir. Il a également été dit que, au cours des quatre dernières années, il y a eu une croissance en termes de contribution des PME de la région à l’économie du Qatar.

1.3.            Startups

Selon le site web YourStory, sur leur édition du Golfe, les startups de la région montrent également un intérêt significatif pour la Coupe du monde. Arvex, une entreprise technologique basée à Doha, propose des visites virtuelles à 360 degrés du stade international Khalifa de Doha.  Dans le but d’apporter les plus hautes formes de technologie à la Coupe du monde, la région a injecté des fonds dans la startup technologique qatarie sKora. L’intelligence artificielle (IA) utilisée par la plateforme sKora permettra d’identifier les talents et de préparer les athlètes sur la base d’informations précieuses. Les systèmes de sKora feront l’inventaire des caractéristiques, des compétences et des performances uniques des athlètes pour générer des données et des informations basées sur l’IA, qui à leur tour traceront le bon parcours professionnel pour eux.  Pour le Qatar, la Coupe du monde est un moyen de mettre en valeur et d’encourager d’autres industries dans la région et de dépasser sa dépendance au pétrole et au gaz. La collaboration avec des start-ups comme Arvex encourage les entreprises et les entrepreneurs locaux.  La Supreme Committee for Delivery & Legacy au Qatar a offert un mentorat, de l’argent et une formation aux startups et aux idées qui avaient le potentiel de contribuer à ses préparatifs pour la Coupe du monde.

Un professeur de physique de la Virginia Commonwealth University, au Qatar, a reçu une subvention pour mener des recherches sur un composite de polystyrène pour les matériaux d’isolation qui seront utilisés lors de la Coupe du monde. Un groupe d’ingénieurs saoudiens, composé uniquement de femmes, qui a utilisé les déchets du palmier dattier pour fabriquer des sièges dans le stade, a reçu des subventions.  Aujourd’hui, avec la Coupe du monde, le talent et l’esprit d’entreprise qatari sont fortement encouragés. Il sera intéressant de voir comment les choses se dérouleront après le grand événement.

2.  Un prix à payer pour ces gains ?

2.1.  L’inflation va s’aggraver

D’autre part, les facteurs de la demande exacerberont les pressions inflationnistes existantes, ce qui entraînera une hausse du taux d’inflation à 4,4 % en glissement annuel au quatrième trimestre de cette année. “Les pressions inflationnistes liées à la Coupe du monde placeront l’inflation qatarie sur une trajectoire plus élevée. Ainsi, il est prévu qu’après une moyenne de 4,7%, l’inflation restera au-dessus de la tendance en 2023, avec une moyenne de 2,5%, selon FitchSolutions .Fitch s’attend également à une baisse de la croissance des exportations de gaz d’un trimestre sur l’autre au cours de la période de jeu en raison de la croissance de la consommation d’énergie intérieure. L’événement mondial entraînera de fortes augmentations trimestrielles de l’activité non pétrolière au quatrième trimestre de cette année par rapport à la même période des années précédentes.

2.2.  Des travailleurs désespérés

Pour accueillir le tournoi, le Qatar a construit sept stades tentaculaires, un aéroport, des lignes de métro et des routes reliant les sites. Un groupe a rendu tout cela possible : les travailleurs migrants. Et pour eux, les nouveaux sites brillants ont eu un coût élevé.

La région du Golfe est depuis longtemps une destination pour les migrants d’Asie du Sud, d’Afrique et d’ailleurs à la recherche d’un emploi, et des millions d’entre eux ont été attirés au Qatar pour des travaux de construction au cours de la dernière décennie. Pour les travailleurs originaires de pays comme le Népal et l’Inde, ces emplois représentaient des opportunités relativement lucratives pour soutenir leurs familles restées au pays.

Cependant, les organisations de défense des droits de l’homme et les journalistes ont mis au jour une série d’abus dans le système qatari de travail des migrants. Les problèmes ont commencé dès les premiers travaux. Les travailleurs migrants ont trouvé des emplois par l’intermédiaire d’agences de recrutement, qui leur demandent souvent de payer des frais exorbitants pour obtenir un poste – des frais qui sont encore perçus des années après que le Qatar les ait rendus illégaux. Un audit réalisé en 2021 a révélé que plus des deux tiers des travailleurs présents sur les sites de la Coupe du monde avaient payé des frais de recrutement d’un montant moyen de 1 733 dollars. C’est une somme énorme pour les migrants, qui doivent travailler dans des conditions difficiles à leur arrivée pour rembourser les prêts qu’ils ont contractés pour ces frais. Il leur faut parfois des mois, voire des années, pour atteindre le seuil de rentabilité.

Les migrants doivent également obtenir le parrainage d’une entreprise pour obtenir un visa de travail. Mais les entreprises sont connues pour utiliser ce parrainage comme une forme de travail forcé, allant parfois jusqu’à confisquer le passeport des travailleurs pour les empêcher de changer d’emploi. Sous la pression de la Confédération syndicale internationale, le Qatar a introduit des réformes en 2020 qui permettent aux migrants de changer d’employeur sans la permission de leurs patrons, mais Human Rights Watch a constaté que les changements n’ont pas été pleinement mis en œuvre.

Surtout, les conditions de travail elles-mêmes ont suscité le tollé des groupes de défense des droits de l’homme. Les travailleurs migrants ont dû trimer sous une chaleur accablante pour assurer le respect du calendrier de construction, et pour certains d’entre eux, cette entreprise a été fatale.

En 2021, une enquête du Guardian a révélé que 6 751 migrants originaires de cinq pays d’Asie du Sud étaient morts au Qatar au cours de la décennie précédente, et que le nombre de décès était probablement bien plus élevé car l’enquête ne couvrait pas les migrants d’autres pays. Les données n’indiquent pas si ces migrants travaillaient spécifiquement sur les projets de la Coupe du monde, mais un chercheur en droits de l’homme a déclaré au Guardian que la majorité des migrants au Qatar étaient probablement employés dans la frénésie de la construction de la Coupe du monde.

Les autorités qataries ont reconnu ces décès mais ont affirmé qu’ils étaient normaux compte tenu du nombre de migrants dans le pays. En ce qui concerne les projets de la Coupe du monde, les responsables n’ont recensé que 40 décès de travailleurs migrants sur les projets de la Coupe du monde, dont trois seulement à la suite d’accidents du travail. La plupart des décès sont dus à des “causes naturelles” et à des “arrêts cardiaques”, selon les rapports du gouvernement, mais le Guardian rapporte que le stress thermique est probablement un facteur contributif.

En ce qui concerne les travailleurs migrants victimes de la préparation de la Coupe du monde, les groupes de défense des droits, les associations de football participant au tournoi et les anciens joueurs font pression sur la FIFA et le gouvernement du Qatar pour qu’ils prennent des mesures et offrent des compensations supplémentaires, mais jusqu’à présent, ils n’ont pas bougé.

Par Amine Gazzah, promotion 2022-2023 du Master 2 IESCI

Webographie

  1. Is the FIFA World Cup 2022 in Qatar profitable? – Swiss School of Business and Management Geneva (ssbm.ch)
  2. Will the World Cup bring home an economic win for Qatar? | FocusEconomics (focus-economics.com)
  3. All the news on WORLD CUP – Zawya
  4. FIFA World Cup To Have Net Positive Impact On Qatar’s Economy In Q422 (fitchsolutions.com)
  5. GWC – Forum 2022 (gwcforum.com)
  6. Qatar World Cup 2022 | World Cup News | Today’s latest from Al Jazeera
  7. The 2022 FIFA World Cup in Qatar has a dark side (grid.news)
  8. How the 2022 FIFA World Cup is impacting the economy, startups, and MSMEs of Qatar (yourstory.com)
  9. Why Qatar is a controversial host for the World Cup : NPR
  10. The economics behind Fifa World Cup (tbsnews.net)
  11. These are World Cup’s implications on Qatar’s economy – Economy Middle East
  12. FIFA World Cup Qatar 2022 | Human Rights Watch (hrw.org)
  13. Revealed: 6,500 migrant workers have died in Qatar since World Cup awarded | Workers’ rights | The Guardian
  14. Coupe du Monde : quel sera l’impact sur l’économie du Qatar ? (tourmag.com)
  15. Mondial 2022. L’héritage « social, humain, économique et environnemental » ravit les organisateurs (ouest-france.fr)
  16. Coupe du Monde : quel sera l’impact sur l’économie du Qatar ? (tourmag.com)
  17. Coupe du monde 2022 : d’où sort le chiffre de 6 500 ouvriers morts au Qatar depuis qu’il a obtenu le Mondial ? (francetvinfo.fr)

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Le mouvement « Me too » dans le sport français, vers une fin de l’omerta ? https://master-iesc-angers.com/le-mouvement-me-too-dans-le-sport-francais-vers-une-fin-de-lomerta/ Mon, 30 Mar 2020 13:02:14 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3156 Le 29 janvier 2020 Sarah Abitbol, célèbre patineuse artistique, témoigne des violences sexuelles qu’elle a subi de la part de son entraîneur entre 1970 et 1990. Après des années de silence elle porte plainte contre Gilles Beyer pour viol sur… Continuer la lecture

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Le 29 janvier 2020 Sarah Abitbol, célèbre patineuse artistique, témoigne des violences sexuelles qu’elle a subi de la part de son entraîneur entre 1970 et 1990. Après des années de silence elle porte plainte contre Gilles Beyer pour viol sur mineure, elle avait 15 ans au moment des faits. Elle explique pourquoi elle brise cette omerta : « Pas pour se venger, mais pour aider la parole à se libérer. » Son cas n’est pas isolé, « cela existe partout, dans toutes les disciplines et toutes les fédérations » s’exprime Rémi Heitz, procureur en charge de l’enquête. De nombreuses personnes sont ainsi sortis du silence ces derniers mois et ont témoigné des violences qu’ils ont eux aussi subi. Des sportifs et sportives ont à leur tour déposé plainte contre leur entraîneur, leur encadrant ou encore leur président de club pour des agressions sexuelles, pour la plupart datant de plusieurs années. Ils viennent de multiples milieux sportifs comme l’athlétisme, l’escalade, le tennis ou encore l’équitation et sont tant professionnels qu’amateurs. Une réelle omerta règne depuis de nombreuses années dans le milieu sportif où les jeux de pouvoirs sont très importants. Les dirigeants et entraîneurs sont puissants et leur rôle est prépondérant dans la carrière et la réussite des jeunes sportifs. Greg Décamps, auteur d’un rapport sur les violences sexuelles dans le sport en France compare la fédération de patinage artistique « à un système mafieux, dans lequel les gens se couvrent, se protègent et se menacent les uns les autres. En face, il y a deux groupes : les victimes, nombreuses, qui sont réduites au silence, et ceux qui savaient mais qui n’ont jamais parlé par crainte de représailles ». L’affaire Sarah Abitbol illustre cette mentalité présente dans le milieu sportif. Dans les années 2000 Gilles Beyer, l’entraîneur de la patineuse, est entendu par la justice sur une affaire similaire et est démit de ses fonctions de conseiller technique sportif. Cependant, il continuera sa carrière au club des « Français volants » et réalisera même de nombreux mandats au bureaux exécutif de la Fédération française des sports de glace jusqu’en 2018. Dans ce contexte d’omerta, une libération de la parole peut-elle vraiment faire changer les mentalités dans le sport français ?

Pourquoi les victimes sortent aujourd’hui du silence ?

Créé en 2007 par la militante féministe américaine Tarana Burke, le hashtag « Me Too » a pour but de permettre aux victimes de témoigner sur les réseaux sociaux d’agressions et harcèlements sexuels qu’elles ont vécu. De nombreuses femmes ont ainsi raconté leur histoire et ont fait preuve d’une immense solidarité les unes envers les autres. Ce mouvement a pu prendre énormément d’ampleur grâce aux témoignages de célébrités notamment du milieu du cinéma, qui ont fait la une de la presse. Dans le sport, tout le monde sait que des violences du même genre ont lieu depuis des années mais personne n’en parlait jusqu’à maintenant. Selon Philippe Liotard, anthropologue du sport à l’Université Lyon 1, « c’étaient des cas qui étaient un peu isolés. On n’en parlait que lors de procès. Ce qui est intéressant, c’est qu’il y a désormais une écoute. On trouve des gens qui sont plus capables de témoigner, mais surtout, on est prêt à les écouter sans les remettre en question. Avant, il y avait de la suspicion ». La médiatisation et l’ampleur de mouvements comme « Me too » facilite la libération de la parole des victimes. Elles ne témoignent pas uniquement pour réclamer justice et guérir des violences tant morales que physiques qu’elles ont vécu, mais surtout pour inciter d’autres personnes subissant des agressions sexuelles à sortir du silence. La victime d’abus ne se sent plus seule et à travers les témoignages similaires qu’elle entend, elle prend conscience que ces violences ne sont pas normales et qu’il n’y a aucune raison d’éprouver de la honte ou de la culpabilité. Certaines personnes vivant de tels traumatismes ne s’identifient pas comme des victimes. Pour elles, l’agression relève de leur faute, d’autant plus dans le milieu sportif où la frontière de l’intimité est très facilement franchie.

Le milieu sportif est propice au développement de violences sexuelles

Selon le rapport de 2009 de Greg Décamps « les jeunes sportifs sont deux fois plus exposés aux violences sexuelles que les autres ». Une certaine barrière de l’intimité peut facilement être franchie par les encadrants qui ont une réelle emprise psychologique sur ces jeunes et un impact direct sur leur carrière de sportif. Décamps explique que « tous les sportifs craignent pour leur carrière. Certains arrivent même à se convaincre qu’il s’agit d’un passage obligé pour devenir un champion, que ‘tout le monde est passé par là’. Ils acceptent d’être malmenés pour atteindre le plus haut niveau. ». En effet, la relation entre le sportif et son entraîneur peut très rapidement basculée dans une situation de dominant-dominé. Le sociologue Philippe Liotard parle d’une « relation spéciale entre un athlète et un entraîneur qui a le pouvoir de transformer son corps pour le mener vers la performance. Une relation affective se crée et il peut y avoir un glissement vers une relation de prédateur où l’adulte va profiter de son pouvoir ». Pour Véronique Lebar, présidente du Comité éthique et Sport, « dans ce milieu, le corps est un véritable outil de travail et de performance, qu’on est presque obligé de toucher, ne serait-ce que pour apprendre des mouvements ». Cette proximité indispensable à la pratique du sport, permet aux agresseurs de dépasser les limites petit à petit en toute impunité. Le jeune sportif ne va pu comprendre où sont les barrières à ne pas franchir pour l’adulte.

Pratiquer un sport et particulièrement de haut niveau, peut aussi isoler l’enfant. Il passe de longues heures à s’entraîner dans son club et doit aussi se déplacer pour des stages ou des compétitions qui ont parfois lieu loin de chez lui. Des situations propices aux dérives où le coach se retrouve seul avec l’enfant peuvent alors avoir lieu lors d’entraînements qui se terminent tard ou alors de déplacements en voiture.  L’emprise de l’entraîneur peut alors être totale sur l’enfant, « il devient un parent de substitution. C’est à travers lui, ses regards, ses remarques, que la performance et la reconnaissance sont perçues » explique Véronique Lebar. Le jeune sportif développe une admiration totale et une obéissance aveugle envers son entraîneur qui peut alors profiter de ce pouvoir.

Les solutions pour prévenir et lutter contre les violences sexuelles

Sébastien Boueilh, ancien rugbyman violé par le mari de sa cousine qui l’emmenait à ses entraînements, se bat au quotidien auprès des associations sportives pour parler de son expérience dans le but de prévenir. Avec l’association « Colosse aux pieds d’argile » dont il est le directeur il réalise des interventions auprès des associations, des entreprises ou encore lors de conférences pour parler de son expérience, de partager cette dernière et d’aider des victimes potentielles. Cette association œuvre dans un but social pour prévenir, sensibiliser, former et aider toutes les personnes aux contacts des enfants mais aussi les enfants, car pour Sébastien Boueilh ce sont les enfants les premières victimes.

Mais avec les mouvements « Me too » et l’explosion des scandales dans le milieu sportif, il est intéressant de chercher à lutter contre ses violences et mettre en place des plans d’actions à l’échelle de la loi. C’est dans ce sens que notre ministre des Sports, Roxana Maracineanu qui est une ancienne nageuse de haut niveau, explique que « le sport met en jeu une relation vraiment particulière entre l’entraîneur, à qui tout le monde fait confiance au nom de la performance, et l’entraîné », par ces mots il est intéressant de noter que la ministre elle-même affirme avoir ressentie cette emprise durant sa carrière. Ainsi, pour elle, la première action à laquelle il faut être vigilant en tant que responsable est d’« être à plusieurs adultes pour s’occuper de l’enfant, à veiller à ce qu’il ne soit pas seul avec l’adulte, » et cela dans le but d’éviter que « petit à petit » l’enfant ou l’athlète ne s’enferme « dans une relation affective qui peut connaître des dérives ». Ainsi, la ministre préconise une organisation simple qui paraît intéressante sur le plan fonctionnel mais qui peut coûter pour une association. En effet, avoir plusieurs encadrants nécessitent souvent une formation mais aussi peut avoir un coût mensuel si ce dernier doit être salarié.

Mme Maracineanu a détaillé son plan d’action pour la lutte contre les violences sexuelles. Des annonces qui ont pour but de calmer l’opinion publique mais aussi d’en finir avec cette omerta. Ainsi, alors que le vendredi 21 février dernier, s’est tenu une convention nationale de prévention des violences sexuelles dans le sport au siège du Comité national olympique et sportif français. Les mesures phares de la ministre ont été présentées. Parmi ces mesures nous pouvons apercevoir le contrôle d’honorabilité pour les 1,8 millions de bénévoles au sein des associations sportives. Cette mesure serait obligatoire pour les éducateurs sportifs qui ont une carte professionnelle. Une absence qui traduisait un véritable angle mort de la pédo-criminalité dans le domaine du sport. Cette mesure était en expérimentation dans la région Centre-Val de Loire et a pu faire ses preuves en identifiant vingt cas problématiques, dont une condamnation pour pédophilie.  Dans un premier temps c’est la fédération française de football qui va expérimenter cette mesure à l’échelle nationale.

Parmi les autres solutions, l’exécutif souhaite mettre en place un module de formation obligatoire pour les éducateurs sportifs et portant sur l’éthique et l’intégrité ainsi que la mise en place d’un code de déontologie. Il sera aussi possible pour le numéro d’enfance en danger de recueillir des témoignages spécifiques dans le domaine du sport afin de garder une étude et un suivi statistique de la mesure. Mais l’action du gouvernement ne s’arrête pas ici. En effet, les fédérations sportives devront proposer des plans de prévention spécifiques avec la direction des sports chargée de traiter les signalements de violences sexuelles qui sera aussi renforcée avec trois nouveaux agents.

Des mesures qui se complètent par la mise en place d’un dispositif d’alerte pour permettre de prendre rapidement des mesures de police administrative un peu comme les procédures pénales de jugement rapide. Mais aussi, une mission interministérielle dédiée a été lancée avec à sa tête Fabienne Bourdais qui a été nommé déléguée ministérielle chargée des violences sexuelles dans le sport. Ces solutions sont collectives car elles ont pour objectif de créer des discussions et des concertations avec les fédérations, les experts et les services de l’Etat comme le vendredi 21 février derniers pour aboutir à de nouvelles propositions d’ici mai 2020.

Pour conclure

Alors fin de l’omerta ? Début des changements dans le monde sportif ? Pour Julian Jappert, c’est presque « impossible », à l’heure actuelle, de dénoncer ces violences. Pourtant le mouvement « Me too » du sport fait clairement ressortir les violences sexuelles du sport. Mais le constat que fait Sébastien Boueilh rejoint Julien Jappert. En effet, il faut encore allez chercher les victimes qui ont toujours se sentiment de culpabilité même après des années le sentiment d’admiration perdure et cela d’autant plus dans le sport. Véronique Lebar l’exprime là encore « le pouvoir, l’emprise sont trop forts, même des années après », « de la part du sportif, il y a toujours une autocensure ».  Ainsi, pour une majeure partie des acteurs « Ce n’est pas du tout la fin de l’omerta » (Véronique Lebar). Ce n’est certes pas fini mais comme toute dérive elle est aujourd’hui reconnue par le gouvernement. Ce dernier met en place depuis la refonte de la loi concernant les violences sexuelles dans la première décennie, des mesures qui ont pour objectifs de durcir la législation et d’obliger les contrôles par les acteurs du sport. Une forme de responsabilisation des institutions qui va dans le positif, qui est encourageante pour la suite et qui marque le début de changement dans le monde sportif.

Par Céline Métais, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

Sources

  • « Le mouvement #MeToo »; L’Express

https://www.lexpress.fr/actualite/societe/le-mouvement-metoo_2038073.html

  • « La patineuse Sarah Abitbol témoigne : « J’ai été violée par mon entraîneur à 15 ans »»; rédigé par Emmanuelle Anizon ; publié le 29 janvier 2020

https://www.nouvelobs.com/societe/20200129.OBS24079/sarah-abitbol-temoigne-j-ai-ete-violee-par-mon-entraineur-a-15-ans.html

  • « Agressions sexuelles dans le milieu du sport : fin de l’omerta ? »; Rédigé par Benjamin DODMAN et Stéphanie TROUILLARD ; Publié le 03/02/2020

https://www.france24.com/fr/20200203-france-agressions-sexuelles-abitbol-patinage-prevention-viol-milieu-sportif

  • « Accusé de viols par l’ex-patineuse Sarah Abitbol, son entraîneur admet “des relations inappropriées”»; France 24 ; Publié le 31/01/2020

https://www.france24.com/fr/20200131-accus%C3%A9-de-viols-par-l-ex-patineuse-sarah-abitbol-son-entra%C3%AEneur-admet-des-relations-inappropri%C3%A9es

  • « Face aux violences sexuelles dans le sport, Maracineanu dévoile son plan » ; France 24 ; Le HuffPost ; Publié le 21/02/2020

https://www.huffingtonpost.fr/entry/violences-sexuelles-dans-le-sport-maracineanu-devoile-son-plan_fr_5e4fd3c8c5b6a4525db9e2e0

  • « Un entraîneur d’athlé des Yvelines accusé de “harcèlement sexuel” par des sportifs »; Le HuffPost avec AFP ; publié le 18/02/2020

https://www.huffingtonpost.fr/entry/violences-sexuelles-athle-yvelines_fr_5e4c0c4cc5b6eb8e95b323f0?ncid=other_huffpostre_pqylmel2bk8&utm_campaign=related_articles

  • « Violences sexuelles dans le sport: l’escalade touchée par quatre plaintes »; Le HuffPost ; publié le 15/02/2020

https://www.huffingtonpost.fr/entry/violences-sexuelles-dans-le-sport-quatre-plaintes-dans-lescalade_fr_5e47a756c5b64d860fcb22ca?ncid=other_huffpostre_pqylmel2bk8&utm_campaign=related_articles

  • « Face aux accusations de viols, la Fédération équestre “embarrassée” et “inquiète” »; Le HuffPost ; publié le 13/02/2020

https://www.huffingtonpost.fr/entry/face-aux-accusations-de-viols-la-federation-equestre-embarrassee-et-inquiete_fr_5e44f9f4c5b62b85f82ec686

  • « Comme Sarah Abitbol, les sportives de haut niveau sont plus exposées aux violences sexuelles »; rédigé par Marine Le Breton ; publié le 29/01/2020

https://www.huffingtonpost.fr/entry/comme-sarah-abitbol-les-sportives-de-haut-niveau-sont-plus-explosees-aux-violences-sexuelles_fr_5e314fdec5b6e8375f65345e?ncid=other_huffpostre_pqylmel2bk8&utm_campaign=related_articles

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L’eSport un outil stratégique pas si loin des sports « traditionnels » https://master-iesc-angers.com/lesport-un-outil-strategique-pas-si-loin-des-sports-traditionnels/ Fri, 13 Apr 2018 11:39:10 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=2901 Lors d’un précédent article, intitulé « L’eSport c’est quoi et pourquoi ? », nous présentions cette discipline en pleine expansion, certaines des grandes compétitions qui existent, pouvant rassembler des millions de spectateurs de même que des millions de dollars de récompenses mais aussi… Continuer la lecture

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Lors d’un précédent article, intitulé « L’eSport c’est quoi et pourquoi ? », nous présentions cette discipline en pleine expansion, certaines des grandes compétitions qui existent, pouvant rassembler des millions de spectateurs de même que des millions de dollars de récompenses mais aussi l’expansion progressive de l’eSport dans nombre de pays et les enjeux qui peuvent en ressortir.

En effet, s’il existe un pays qui rayonne particulièrement en matière d’eSport c’est bien la Corée du Sud et ce rayonnement est tel qu’il fait office de soft power pour le pays. Ils ont ainsi une vision de l’eSport plus vieille et plus développée que la nôtre, en lien avec une acceptation de celui-ci comme discipline sportive bien plus étendue contrairement aux pays occidentaux où bien qu’une évolution soit en marche (évolution assez récente d’ailleurs), l’acceptation de l’eSport comme discipline sportive fait débat.

Si l’on connait donc une évolution, concernant le développement et l’acceptation de l’eSport, c’est plus que probable qu’elle soit due à l’importance que prend le marché de l’eSport dans le monde. Les recettes sur le marché européen à lui seul devraient atteindre, selon une étude menée par SuperData pour Paypal, en 2018, 345 millions de dollars sachant que dans ce chiffre on laisse de côté les marchés asiatiques et américains qui sont prépondérants. Il nous faut également rajouter à ceci que ce marché est étroitement lié à celui de l’industrie du jeu vidéo qui affichait un chiffre d’affaires mondial de 91,8 milliards de $ en 2015 avec de bonnes perspectives de croissance.

Nous pourrons alors rajouter au fait que si les mœurs évoluent et que l’eSport est de plus en plus répandu et accepté à travers le globe, il est malgré les apparences plus proche des sports, que l’on qualifiera de « traditionnels », qu’on ne pourrait le penser de prime abord et qu’il se révèle être un outil stratégique, présentant surement par la même occasion des enjeux commerciaux plus directs qu’un autre match de sport puisque l’eSport est directement, de par sa nature, relié à un produit.

Nous effectuerons ainsi une comparaison entre le sport traditionnel et l’eSport de manière à le présenter comme pas si éloigné que cela de ces sports et qu’à ce titre, il est tout autant légitime et présente tout comme eux des enjeux de rayonnement pour un pays, une société mais aussi de manière plus globale des enjeux stratégiques pour les différents agents qui peuvent graviter autour de cette sphère.

Dans cette optique, nous pourrons relever notamment deux points, un premier qui fait le parallèle entre des caractéristiques de ces deux types de sports et un deuxième présentant l’eSport comme une continuité du sport traditionnel. Nous ne ferons pas ici de lien de présentation d’arguments qui visent à faire un parallèle entre l’eSport et le sport d’adresse, en dépit des détracteurs de l’eSport le réfutant comme sport car ne requérant pas de dépense énergétique qui serait lié à une activité physique, en vue de le légitimer mais nous présenterons plutôt les similitudes qui existent dans la forme des compétitions et la pratique de ces disciplines.

En effet, à ce titre nous ferons le parallèle entre le système de ligue qu’emploient des sports tels que le Basket avec la NBA (National Basketball Association), le foot avec la Champions League ou encore le football américain avec la NFL (National Football League).

Il s’avère que dorénavant la compétition qui existe dans l’eSport autour de grande licence se fait de plus en plus dans un système de ligue parfois même autour d’équipes franchisées comme l’« Overwatch League ». Dans la même ligne de plus en plus de sports classiques se voient aussi numérisés et avec ces jeux se développent aussi des ligues de championnats tels la « NBA 2K League » (ligue comprenant plus d’une quinzaine de franchise).

Il se trouve en fait qu’au même titre que les sports traditionnels, dans le domaine de l’eSport, les personnes ou les équipes qui participent à des compétitions de haut niveau suivent également un entrainement intensif sous la tutelle d’un coach, de personnes essentiellement destinées à l’analyse de stratégie à adopter ou savoir anticiper et en plus de ceci comme le phénomène prend une ampleur considérable, les sponsors eux aussi prennent une grande importance autant dans le financement des équipes, des événements que dans l’attribution de ceux-ci.

Il existe, donc au même titre que les sports classiques dans le haut niveau, un réel encadrement et organisation de l’équipe ou du joueur pour le pousser à la meilleure performance possible en passant par l’établissement de stratégies, l’analyse des autres comportements et toutes les différentes pratiques qui peuvent exister pour obtenir d’un individu le meilleur résultat possible. Autour des grandes licences amenant de grandes compétitions tout comme les autres sports, ils se forment des communautés de fans et rassemblent de nombreux spectateurs d’où l’importance de fabriquer des événements avec un certain faste pour à la fois garder une certaine fascination pour cet environnement mais aussi pour satisfaire à la fois les performers et les spectateurs.

A partir de ce moment-là, vient la nécessité d’un apport financier en amont et donc l’importance des sponsors et investisseurs. Une chance que le marché soit en forte expansion et permette la création d’événements gigantesques car en effet, les investisseurs de toutes parts veulent s’introduire dans ce marché de l’eSport et capter une partie des recettes. Actuellement, le marché est en pleine ébullition de telle sorte que les chaînes télévisées, les clubs sportifs, de grands groupes et acteurs de toute part s’y intéressent et commencent à investir dans des entreprises organisatrices d’évènement, dans des équipes, en rachètent ou décide de se doter d’un pôle lié à cette discipline (puisqu’en plus d’intérêt financier, il s’agit d’un remarquable outil marketing).

Dans le même temps, alors que l’eSport dans son organisation présente un certain nombre de similitudes avec les autres sports, on peut également voir cette discipline, dans certains cas, comme une continuité de ces sports traditionnels. En effet, ceci prend sens dans la logique où des sports comme le football ou le basket se voient traduits en jeux numériques (à savoir NBA 2K.. et Fifa) qui grâce au succès de ceux-ci amène au développement de compétitions en rapport avec ces jeux. Or, une des premières vocations de l’eSport en plus de répondre à une demande bien particulière, c’est aussi la promotion de ce genre de jeux, la promotion d’un sport. Dans ces situations, sport et eSport se retrouvent étroitement liés, d’autant plus que dorénavant presque tous les clubs de football se sont dotés d’un pôle eSport dans un but à la fois marketing et financier.

Ces éléments font la transition avec le prochain point qui présente donc l’eSport comme un outil stratégique. En effet, enjeu économique pour certain, marketing, promotionnel, ou d’influence pour d’autres, l’eSport se révèle aujourd’hui comme une discipline, certes, sportive mais aussi au cœur de nombreuses stratégies dans notre monde en guerre économique.

Tout d’abord comme nous l’avons soulevé concernant les clubs sportifs, l’eSport est avant tout un outil marketing faisant la promotion, d’un jeu, d’un sport et dans le cas d’entreprise éditrice de jeux vidéo il n’est pas étonnant de les retrouver développer des campagnes publicitaires faisant la promotion de leurs tournois qui font eux même la promotion de produits de l’entreprise, chacun stimulant donc l’autre. L’eSport touchant de plus en plus de strates de la société, désormais d’importants groupes s’y introduisent tel Webedia faisant main basse sur le marché de l’eSport français et s’appropriant à la fois des équipes mais aussi des sociétés organisatrices d’événement de l’eSport, dans l’accompagnement des joueurs et voulant même développer une chaîne télévisée consacrée à l’eSport. Cet outil puissant capable de fédérer des millions de spectateurs est de fait au cœur d’intérêts financiers reliés à des produits, à des sports, à des stratégies promotionnelles que ce soit pour une discipline ou un produit et devient en plus de ceci le point central de l’émergence de nouvelles filières économiques et de soft power en ce qui concerne le rayonnement d’équipes affiliées à un pays. L’enjeu est de taille entre les conglomérats qui investissent dans le secteur, l’apparition d’annonceurs, les stratégies des sponsors et des entreprises avec des intérêts financiers croissants parallèlement à la croissance des montants mis en jeu.

Par Léandre Meier, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Sources

https://www.afjv.com/news/6197_chiffre-d-affaires-mondial-des-jeux-video-2015-2016-2019.htm

https://www.afjv.com/news/7624_etude-sur-le-marche-de-l-esport-revenus-audiences.htm

http://www.e-marketing.fr/Thematique/media-1093/Breves/Comment-integrer-eSport-dans-votre-mix-marketing-320180.htm#gSZObmmbrLJH4TMT.97

http://fr.webedia-group.com/article/webedia-entre-dans-une-nouvelle-dimension-esport-avec-l-eswc-toornament-com-bang-bang-management-et-le-psg_a158/1

https://www.ladepeche.fr/article/2017/10/30/2675533-webedia-lance-1ere-chaine-francaise-consacree-e-sport.html

https://www.lequipe.fr/Esport/Actualites/Esport-17-equipes-participeront-a-la-premiere-nba-2k-league-en-2018/798485

http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/09/01/l-e-sport-une-belle-affaire_5179567_4408996.html

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En 1956 Raymond Kopa alors joueur du Stade de Reims s’engage au Real Madrid pour 52 millions de francs, ce qui équivaut aujourd’hui à 1 million d’euros environ, il est considéré comme le premier gros transfert du monde du football. À l’époque, cela paraît déjà quelque peu démesuré, un homme échangé contre une somme à 8 chiffres. Pourtant, aujourd’hui, on pourrait presque en sourire, car la superstar française de l’époque a été échangée contre la même somme d’argent qu’un bon joueur de deuxième division française en 2018.

L’été dernier, le joueur le plus cher de l’histoire du football, Neymar est transféré du Fc Barcelone au Paris-Saint-Germain pour la modique somme de 220 millions d’euros. Le calcul n’est pas bien compliqué, Neymar vaut aujourd’hui près de 220 fois plus que le meilleur joueur de la saison 1956 (lauréat du ballon d’or), Raymond Kopa. Le point de départ de cette hyperinflation date de l’arrêt Bosman en 1995 qui a favorisé la mobilité des joueurs entre les différents pays, ce qui montre que même le monde du football n’échappe pas à l’influence de la mondialisation. Ces nouvelles dispositions ont pour conséquence une inflation salariale, et par conséquent une augmentation du prix des transferts. En 2016, notamment sous la poussée et la puissance financière des clubs de football chinois, le marché des transferts a enregistré des mouvements record puisque lorsqu’on s’intéresse aux 200 transferts (achats de joueurs) les plus onéreux du marché international, on arrive à un total de 3,4 milliards d’euros dépensés sur le marché des transferts. Par comparaison, pour l’année 2005, la somme des 200 transferts les plus chers accumulés représentait environ 800 millions d’euros. Le montant total des grands transferts européens a été multiplié par plus de 4 en 11 ans seulement, ce qui est considérable.

La hausse des droits TV et la démesure du marché anglais

Un élément fondamental entre en jeu dans l’inflation exponentielle du prix des transferts de joueurs, c’est la hausse des droits télévisuels reversés aux clubs puisqu’en général, les droits sont versés en fonction des performances sportives des clubs qui sont eux-mêmes dépendants des ressources dont ils disposent. Ce fossé entre les clubs est renforcé par les compétitions européennes qui redistribuent des droits télévisuels considérables, ce qui renforce les revenus des clubs qui avaient déjà de grandes ressources, ils peuvent ensuite réinvestir dans l’achat des meilleurs joueurs du monde. Le championnat anglais est le championnat européen qui génère le plus de droits télévisuels. Ainsi la puissance financière des clubs anglais, via la globalisation des transferts va avoir un impact sur le marché des transferts car les clubs vendeurs partout en Europe principalement, ont bien conscience de la hausse du consentement à payer des clubs anglais et en profitent pour faire monter les enchères, on entrent clairement dans un cercle vicieux. Sur la période 2016-2019, les clubs anglais vont se partager plus de 5,1 milliards de livres sterling, 5,8 milliards d’euros soit environ 27 fois plus que pour les saisons 1992-1997.

Le marché de la tierce propriété limité depuis 2015

Qu’est-ce  que  la  tierce propriété ? Un club  souhaite  s’offrir un joueur avec de belles  perspectives  d’avenir  mais  celui-ci  suppose  un  investissement  trop lourd pour le club intéressé qui n’a pas le financement nécessaire à l’achat du joueur. Alors  le  club  peut  faire  appel  à  la  tierce  propriété  pour  supporter  le  coût.  On  peut prendre par exemple un joueur qui vaudrait 10 millions d’euros quand bien même le club intéressé ne serait prêt à débourser que 5 millions d’euros. C’est à ce moment-là que  la  tierce  propriété  entre  en  jeu.  Le  club  se  finance  auprès  d’un  fonds d’investissement  et  lui  cède  50%  de  ses  droits  sur  le  joueur.  Ainsi  le  club  compte parmi ses recrues un  joueur valant 10 millions d’euros  mais n’aura dépensé que la moitié.  Puis,  imaginons  deux  ans  plus  tard que le  joueur se  révèle  et  attire  l’attention d’un club plus huppé prêt à sortir son chéquier à hauteur de 30 millions d’euros. Ainsi lors de la transaction, le club qui avait misé sur lui ainsi que le fonds d’investissement se partageront les indemnités de transfert liées à la transaction proportionnellement à leurs  détentions  respectives  initiales  de  droits  sur  le  joueur.  Chacun  touchera  15 millions d’euros et se verra donc réaliser une plus-value intéressante.

 Ce qui paraît frappant,  c’est  le  fait  que  le  club  réalise  une  plus-value  sur  un  joueur  dont  il  ne pouvait même pas financer entièrement le transfert deux ans plus tôt. C’est ici qu’on voit l’apport conséquent de la tierce propriété. Des clubs avec des moyens financiers restreints peuvent ainsi s’offrir et conserver quelques années des joueurs talentueux pour en tirer bénéfice dans le futur. Ils dégageront ensuite de nouvelles ressources financières  pour  être  un  peu  plus  compétitif  sur  le  marché  des  transferts.  Dès  lors les agents  peuvent entrer  en  jeu  et conseiller  à  des  fonds  d’investissement  d’acheter  les droits des joueurs dans des clubs où ils ont placé plusieurs joueurs comme l’agent Jorge Mendes l’a fait avec le FC Porto notamment. L’intérêt est commun car les clubs peuvent s’offrir des joueurs de qualité à moindre coût, le fonds d’investissement va faire une plus-value à la revente pendant que les agents toucheront une commission astronomique de leur côté.

Le premier mai 2015, la tierce propriété (TPO) a été interdite par l’instance du football mondial, la FIFA. Cela dans le dessein de limiter les effets néfastes des TPO sur le marché des transferts. En effet, on sait que les fonds d’investissement détiennent les droits de plusieurs joueurs, or il s’avère que ces joueurs qui appartiennent au même fonds d’investissement peuvent être amenés à être adversaires lors d’un match. Ainsi il convient de s’interroger sur l’intégrité de certaines rencontres de football. On peut se demander si les joueurs sont réellement guidés par leurs performances sportives ou par la spéculation boursière des fonds d’investissement.

Les TPO étant désormais prohibés, les fonds d’investissement tels que Doyen Sports, XXIII Capital, Fair Play Capital cherchent des alternatives à ces barrières mises en place par la FIFA. Le fonctionnement est le même qu’avec les TPO à un détail près et qui n’est pas sans importance, les fonds d’investissement ne détiennent plus un actif (une partie d’un joueur) mais une créance sur cet actif ce qui ne semble pas être illégal. Ces fonds se défendent devant les critiques qui les accusent de déguiser les TPO en TPI en indiquant que les clubs sont libres de revendre les joueurs quand ils le veulent du moment qu’ils remboursent leurs dettes auprès des fonds comme le ferait n’importe quel ménage ayant acheté sa voiture à crédit par exemple.

Il est important de noter que les dettes contractées par les clubs peuvent être titrisées et donc se retrouver mélangées à d’autres types d’encours pour ainsi être vendues comme n’importe quelles obligations. Ces tranches de dettes deviennent alors ce que l’on appelle des « soccer bonds ». Les investisseurs peuvent donc obtenir l’acquisition de ces soccer bonds sans le savoir. Voilà une situation qui n’est pas sans rappeler la crise des subprimes en 2008 avec des banques, des investisseurs qui détenaient des obligations gonflées de dettes immobilières issues de ménages américains considérés comme insolvables. On voit donc ici les interactions du marché des transferts avec les marchés financiers. Depuis l’interdiction des TPO, certains clubs auraient déjà profité des TPI comme le Benfica Lisbonne, l’Athlético de Madrid et le FC Porto… Doyen Sports aurait ainsi déjà accordé plus de 100 millions d’euros de crédit depuis 2011 et XXIII capital 73 millions de dollars.

Construction d’un nouvel avantage concurrentiel : l’agent et l’ouverture sur le marché chinois en plein essor

Aujourd’hui, la Chine joue un rôle qui déstabilise le monde occidental dans ses nouvelles stratégies économiques et politiques. Et le monde du football n’y échappe en rien. Une des grandes stratégies chinoises consiste à renforcer la cohésion entre les autorités et les entreprises dans le but d’être de plus en plus compétitif. Xi Jimping, le président de la République Populaire de Chine accorde une grande place au football dans son « Rêve chinois » car il estime qu’il s’agit d’un moyen de renforcer le sentiment nationaliste et que le football regorge de ressources économiques. Il a émis trois ambitions à ce sujet : que la Chine se qualifie de nouveau à la coupe du monde de football, ce qui n’est plus le cas depuis des années, qu’elle l’organise et qu’elle la gagne éventuellement. Ainsi à partir de cela, l’autorité chinoise encourage vivement les nombreux milliardaires du pays à investir dans le football pour pousser sa candidature entre autres. Ces investissements massifs dans le football se manifestent à l’échelle mondiale puisque les milliardaires chinois n’investissent pas uniquement en Chine mais également en Europe où on les retrouve par exemple dans le capital de clubs comme Lyon ou Bordeaux en France par exemple.

Pour trouver une place importante sur la scène du football mondial comme sur d’autres marchés économiques comme le décrit Christian Harbulot dans La main invisible des puissances, la Chine va mettre en place plusieurs stratégies. Tout d’abord, elle va rechercher à récupérer la connaissance des pays en pointe dans le domaine, en l’occurrence sur le marché européen en attirant dans son championnat national des joueurs et entraîneurs européens afin qu’ils y apportent leur expérience. Harbulot nous dit également que la Chine essaie de capter un maximum de matière première sur plusieurs marchés économiques et on peut se demander si le développement de nombreuses infrastructures sportives dans le but de faire venir un maximum de jeunes joueurs chinois n’entre pas dans cette stratégie où l’on pourrait considérer les jeunes joueurs comme cette matière première ? Aussi il nous indique le souhait de la Chine de créer des dépendances durables du reste du monde vis à vis de l’offre chinoise. Cette dépendance ici ne pourrait-elle pas être leur excellence en termes d’infrastructures, en termes de connaissances avec les joueurs et entraîneurs de renom recrutés par les clubs chinois, mais également d’un point de vue financier avec des clubs chinois proposant des salaires mirobolants venant concurrencer les plus grandes puissances financières des clubs anglais notamment ?

Cette évolution, les agents comme  Jorge Mendes ou Mino Raiola en ont  bien conscience et ils n’ont pas tardé à faire valoir leurs talents pro-actifs en se rapprochant du football chinois. La stratégie de Jorge Mendes en est la parfaite illustration.

En Janvier 2016, il a officialisé sa nouvelle collaboration avec le fonds d’investissement chinois Fosun et son richissime propriétaire et homme d’affaire Guo Guangchang. Ce dernier est entré dans le capital de la société par action Gestiflute détenue par Mendes. Les deux hommes ont également prévu d’ouvrir une joint-venture pour influer sur le marché chinois. Ainsi grâce à ce partenariat, les clubs chinois pourront profiter plus aisément du réseau de Mendes pour faire venir des joueurs de renommée internationale dans leur championnat. En quoi cela est également profitable à Mendes ?

Ce dernier pourra dès lors dénicher de nouveaux partenaires commerciaux pour ses joueurs dont il a la gestion des droits commerciaux. Il profitera de son implantation locale pour bénéficier de nombreuses recettes de ce point de vue. Ainsi, il pourrait user prochainement de cela et des hauts salaires proposés par les clubs chinois pour attirer ses joueurs en Chine leur promettant de nombreux contrats commerciaux faramineux pour lesquels il aura de nouveau le droit à une commission. On voit ici encore que son influence va être mise au profit de son rôle de leader auprès de ses joueurs et entraîneurs dont il a la gestion.

Pour conclure, l’essor du métier d’agent parfaitement représenté par les tumultueux agents Mino Raiola et Jorge Mendes va de pair avec l’hyper-inflation sur le marché des transferts déclenchée par l’arrêt Bosmann en 1995 et relayé par l’augmentation des droits tv et l’émergence de nouveaux marchés comme celui de la Chine notamment. Mais cette nouvelle niche est à relativiser lorsque l’on sait que le marché chinois doit faire face à une nouvelle réalité puisque le gouvernement chinois a mis en œuvre une nouvelle taxe qui oblige les clubs qui souhaiteraient s’offrir un joueur coûtant plus de 45 millions de yuan (5,9 millions d’euros) à reverser l’équivalent à un fonds national de développement de jeunes joueurs chinois, ainsi les transferts franchissant cette barre symbolique paieront le double pour s’adjuger les services d’un bon joueur. Les agents sont donc moins régulièrement à même de toucher des commissions faramineuses sur ce marché depuis cette réforme.

Par Cyril Relion, promotion 2017-2018 du M2 IESCI d’Angers

Webographie

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017/07/28/20002-20170728ARTFIG00004-football-comment-les-prix-ont-explose-sur-le-marche-des-transferts.php

http://ecosport.blog.lemonde.fr/2016/02/26/apres-la-tpo-les-tpi/

http://www.huffingtonpost.fr/thierry-granturco/malgre-linterdiction-du-tpo-parla-fifa-les-fondsdinvestissement-continueront-a-investir-dans-des-joueurs-defootball_b_7202360.html

http://www.sofoot.com/la-chine-taxe-a-100-les-transferts-des-etrangers-444512.html

http://ecosport.blog.lemonde.fr/2016/02/26/apres-la-tpo-les-tpi/

http://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Peter-lim-et-l-agent-jorge-font-lobjet-d-une-plainte-apres-le-rachat-du-club-et-une-serie-de-transferts/593418

Bibliographie

Brocard Jean françois, Marché des transferts et agents sportifs : le dessous des cartes   . (2010/3:pages 79 à 89), Géoéconomie.

Stefan  Szymanski,    Professional  Asian  football  leagues and  the  global  market,

Pages 16 à 38 (2016), Asian economic policy review

Bastien Drut et Gaël Raballand,    Football Européen et régulation, un question de gouvernance  des  instances  dirigeantes   ,  (2010/03  :  pages  39  à  52), Géoéconomie.

Harbulot Christian,La main invisible des puissances, Ellipses, 2007

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Euro de foot 2016, coupe du monde de foot féminine en 2019, coupe du monde de rugby en 2023, Jeux Olympiques de Paris en 2024 etc … . Tous ces éléments ont quelque chose en commun : Ils se passent en France. Une prise de conscience a eu lieu suite à l’échec de l’attribution des JO de paris 2012 à Singapour  en 2005. Ce fut un véritable choc pour la délégation française menée à l’époque par le maire de Paris, Bertrand Delanoë. En effet c’est la candidature de Londres qui a remporté le gros lot. Cet échec est notamment lié à une pratique qui est très répandue dans le monde anglo-saxon et qui est décriée dans l’hexagone : le lobbying.

Ces différentes compétitions internationales apportent aussi quelque chose de très important pour les pays, il s’agit du Soft power. Le Soft power est l’un des éléments les plus importants pour les états car cela permet d’avoir la capacité d’influencer les choix d’un autre acteur que ce soit un état, une entreprise ou autre. En effet on cherche à le faire changer d’avis. Soit les conduire à penser de la même façon que lui ou à changer de comportement, de manière indirecte, en douceur, sans que ces autres acteurs aient l’impression d’y avoir été contraints.

Le concept de soft power a été inventé par Joseph Nye un professeur américain spécialiste des relations internationales. Il développe cette notion dans son livre « Bound to Lead » en 1990. Ce livre avait pour but de montrer que le déclin de l’influence américaine que certain annonçait, n’arriverait pas. Il explique que « la capacité de séduction et de persuasion des États-Unis ouvre la voie à une nouvelle forme de politique internationale qui ne repose ni sur la force ni sur la coercition, et qui doit lui permettre de faire face aux importantes évolutions géopolitiques qui s’opèrent à la fin du XXe siècle ». Donc le fait d’accueillir des événements sportifs participe à ce soft power. Il va principalement être basé sur son attractivité. En effet cela  promeut son image sa réputation, son prestige. Tout cela pour but par exemple pour la France de promouvoir son tourisme.

On peut prendre les exemples d’autres états qui par le sport essaye de gagner en influence géopolitique et de peser dans les relations internationales, on  pense bien évidemment au cas du Qatar. On peut aussi prendre l’exemple de la Chine qui avance à marche forcée dans le football afin d’attirer une coupe du monde, on le voit aussi avec le développement de sa ligue national. Tout cela dans le but de gagner en attractivité, comme elle l’a déjà fait avec les jeux olympiques de 2008 à Pekin. Ensuite la venue de compétitions internationales se fait aussi dans un but économique car cela peut favoriser la richesse d’un pays. De plus cela peut servir de ciment de la nation comme grande cause nationale où tout le monde peut se reconnaître quelque soit les différences et se sentir fier de son pays. On voit donc qu’attirer les compétitions internationales devient un enjeu majeur pour les états voulant montrer leur « grandeur » grâce au soft power. L’attribution des compétitions internationales comme les jeux olympiques ou les coupes du monde des différents sports se fait par le vote d’un comité. Chaque délégation qui propose d’être ville ou pays hôte doit réaliser un dossier qu’elle devra défendre. Cela va nécessiter de faire du lobbying afin de remporter ce vote et de profiter de cette événement.

Comment la France a pu attirer tous ces événements sportifs ? Quelles ont été ses différentes stratégies ?

Nous verrons dans un premier temps les raisons d’échecs successifs notamment les JO de paris en 2012. Puis nous verrons la prise de conscience des raisons et la mise en place de stratégies efficaces. Enfin dans une dernière partie nous verrons que les pouvoirs publics font face à plusieurs critiques.

La France trop naïve: les raisons d’échecs successifs

De plus en plus de pays essayent d’attirer différents événements sportifs pour les nombreux bénéfices qu’ils peuvent apporter. Nous allons voir qu’avant de récupérer tant d’événements sportifs internationaux la France a dû subir des échecs. Nous allons voir des exemples de candidatures françaises qui ont perdu et les raisons de ces défaites tout en analysant dans un second temps les stratégies victorieuses.

Tout d’abord,  l’émergence et le développement de la « mondialisation » touche aussi le domaine du sport, de plus en plus de pays s’ouvrent au différentes pratiques et cherchent aussi à attirer les grandes compétitions internationales. Plusieurs des échecs français furent liés à  cela. Pour cela les 2  meilleurs exemples sont la candidature de Paris comme ville hôte des Jeux olympiques de 1992 et de 2008. Tout d’abord pour la candidature de 1992, il y avait pour objectif de faire un coup double comme en 1924. En effet la France voulait organiser à la fois les JO d’hiver à Albertville ce qu’elle a réussi mais aussi les JO à Paris hors c’est Barcelone qui fut choisie. Cet échec est dû au président du CIO (comité international olympique) de l’époque, Juan Antonio Samaranch, qui souhaitait tout faire pour avoir les JO d’été dans sa ville, Barcelone. Cependant il faut aussi ajouter que la candidature francilienne était fragilisée par les frictions politiques entre le président de la république et le maire de Paris de l’époque c’est à dire entre François Mitterrand et Jacques Chirac.

Cette candidature montre l’importance des bonnes relations politiques pour peser de tout son poids. Nous verrons que ce fut le cas par exemple pour la candidature de Londres pour les JO de 2012. Ensuite l’échec de 2008 est dû à l’obligation de l’ouverture de ces compétitions à d’autres pays. En effet Pékin avait échoué de justesse dans sa quête des JO en 2000 au profit de Sydney. Ce choix du CIO fut très politique et commercial. Certains voyaient dans ces JO le développement de la démocratie en Chine, d’autres y voyaient surtout le potentiel marketing. En effet, les sponsors seraient plus faciles à attirer avec un marché local de plus d’un milliard de personne. Claude Bébéar, chef de la candidature parisienne, disait cela « Juan Antonio Samaranch voulait partir avec l’entrée de la Chine dans l’olympisme (…) son lobbying était flagrant et nous en avons eu la preuve par de nombreux témoignages ». Cependant il faut aussi dire que la candidature française fini 3ème distancée par Pékin et Toronto. Selon le Journaliste sportif Jean-Michel Rascol, cette « candidature française n’était qu’une candidature de témoignage ».

Nous voyons avec ses 2 échecs la volonté d’ouverture des événements sportifs mais aussi la nécessité d’un dossier bien monté et d’unité derrière le projet. On peut ajouter que certaines compétitions internationales se forcent maintenant à changer de continents à chaque édition. C’est le cas de JO de puis l’édition de 1952 à Helsinki, mais il s’agit davantage d’un accord tacite. De plus ce principe est mis en place pour la coupe du monde de Football depuis 2010 et sa première édition en Afrique.

Ensuite nous allons voir le cas de la défaite de 2012, la défaite la plus amère. Pour cette candidature, Paris mets les petits plats dans les grands, et tout est fait pour avoir le meilleur dossier possible. On peut prendre par exemple les départs du triathlon, des marathons, du contre-la-montre cycliste qui se fait aux pieds de la Tour Eiffel ou encore l’installation du tournois de beach-volley sur le Champ de Mars. La candidature est considérée comme la plus sérieuse et la plus forte après les différents points de passage du CIO. Les membres du CIO se rendent dans les villes candidates qui font tout pour se montrer sur leurs meilleurs jours afin de les convaincre de voter pour elles. Le président Chirac fera même le déplacement à Singapour (lieu du vote où s’est réuni le CIO) pour y défendre la candidature française. Cependant, c’est la candidature anglaise qui est choisie. Elle a réussi à dépasser Paris pour plusieurs raisons. Tout d’abord elle a utilisé Sebastian Coe comme représentant, c’est un athlète anglais qui fut une des grandes figures anglaises de l’olympisme, alors que Paris montrait plus une vision politique, ce qui a desservi la candidature. De plus, l’intervention de Tony Blair a été cruciale. En effet, le premier ministre anglais a fait plusieurs rencontres avec les membres du CIO. Ensuite ce qui a profité aux anglais est le changement de président du CIO.  Jean-Michel Rascol l’explique comme ceci « Samaranch a laissé sa place au Belge Jacques Rogge (en 2001), qui ne dicte plus sa loi de la même façon que son prédécesseur sur les membres du CIO appelés à voter ». Cela va laisser plus de place pour le lobbying et c’est dans ce domaine que la candidature parisienne va pécher. C’est avec cet échec que l’on voit l’importance du lobbying en plus d’un bon dossier. Pour amplifier cela, on peut parler de l’échec de la candidature d’Annecy 2018 pour les JO d’hiver. C’est la candidature de Pyeongchang qui a écrasé ses adversaires. En effet elle a été choisie dès le premier tour grâce à un dossier irréprochable mais aussi grâce à un lobbying très agressif.

Lobbying: entre réussite anglaise et tabou français

Nous allons nous attarder sur les stratégies misent en place pour avoir les JO de 2012 à Londres. Nous verrons sa stratégie de lobbying et aussi pourquoi cette pratique est mal vue en France.

Tout d’abord c’est la vision qui tranche le plus entre les 2 projets. En effet en mettant en scène  Sebastian Coe et l’héritage des JO, elle a eu un impact plus fort que le dossier français jugé trop politique. L’une des stratégies les plus pertinentes fut la mise en place du lobbying et du recrutement de Mike Lee, un expert en communication afin de promouvoir la capitale.

Tout d’abord de nombreuses rencontres ont eu lieu entre la délégation anglaise et les membres du CIO afin de les convaincre de choisir le dossier londonien. On peut aussi noter l’implication politique dans ce dossier, Tony blair a participé à beaucoup de réunion avec les membres du CIO, il en rencontra plus de 70 membres du CIO. Ensuite il va y avoir un consensus de la presse britannique qui va dénigrer le projet parisien considéré comme le favori, et on va même jusqu’au french-bashing. Puis la délégation anglaise va chercher à offrir 50 000$ aux fédérations qui viendraient s’entraîner en Angleterre, mais elle devra arrêter car c’est une pratique non-éthique.

Ensuite 2 architectes australiens vont mettre en cause les normes du stade de France une semaine avant le vote dans le but de discréditer le projet parisien. De plus Tony Blair va proposer d’annuler 50 milliards de dette de pays pauvres non pour acheter des voix mais pour redorer son image. Enfin dans la dernière ligne droite,  Sebastian Coe fit monter 30 jeunes ayant des caractéristiques ethniques différentes dans le but de montrer la stature internationale de leur candidature. Ce fut un coup de génie car cela jouait sur le côté émotionnelle juste avant le vote afin d’influencer une dernière fois, de manière différente ceux qui était encore indécis. Henry Kissinger dira après la victoire de Londres que « Les Français n’ont pas compris ce qu’est le CIO ».

Comme on sait que le dossier français était meilleur que le dossier anglais, on peut supposer que c’est  le lobbying de la délégation anglaise qui a fait pencher la balance. Certains dont le maire de Paris ont des propos dénonciateur  « Des parisiens m’ont remercié de n’avoir jamais mis le doigt dans la corruption »  ». En effet en 2004 la BBC va révéler que l’on peut acheter des voies aux CIO. C’est l’affaire « Slavkov » qui met en lumière le fait qu’on pouvait acheter une trentaine de voix.

Toute cette agitation a aussi favorisé les anglais car ils n’avaient pas peur de faire du lobbying, ce qui explique aussi en partie pourquoi nous en n’avons pas fait. Pour conclure, la candidature anglaise a réussi car elle a mené un lobbying intense et très agressif au bord de la ligne rouge concernant l’éthique, mais ils ont aussi profité des erreurs des autres candidatures en les exacerbant. Cela a conduit à une certaine aigreur dans la défaite de la part des français et surtout du maire de Paris.

La pratique du lobbying est mal vue en France, ce qui explique notre faiblesse dans ce domaine. En effet la conception française et anglo-saxonne s’oppose. En France cette conception est écrite par Rousseau dans « le contrat social » et est suivi par les philosophes des Lumières. Il dit que l’expression d’un groupe d’intérêts particuliers nuirait à l’intérêt général. Cette conception a façonné la république car, les révolutionnaires ont repris cette idée et elle a aussi influencé les lois dans ce domaine. L’état a pour but l’intérêt général de la nation. Pourtant du lobbying est fait en France mais cela doit être caché et cela n’a pas de caractère officiel.

La conception anglo-saxonne est-elle basée sur le fait que la démocratie est fondée de différents groupes. Contrairement à la vision de Rousseau ces groupes peuvent chercher l’intérêt général et leurs propres intérêts, ce n’est pas incompatible. Cette vision convient parfaitement au lobbying, et cela explique pourquoi ils sont plus à l’aise avec cette notion. Transparency international France est une ONG qui lutte contre la corruption. Elle a fait une étude sur le lobbying en France en 2014.

Il ressort de cette étude une vision plutôt négative du Lobbying, par exemple « Pour 81% d’entre eux, le lobbying exercé par ses intérêts économiques peut conduire à des décisions correspondant plus à des intérêts particuliers qu’à l’intérêt général. » ce qui correspond parfaitement à la vision de Rousseau. Ce rapport explique aussi que le lobbying en France est trop caché ce qui favorise sa mauvaise perception et appréciation. On voit donc comment le lobbying est plus naturel chez les anglo-saxons. On voit aussi que ses différents échecs ont fait changer la France de stratégie dans sa quête d’événements sportifs internationaux. Elle est devenue en l’espace de très peu de temps une machine de guerre.

Un leadership crédible et influent pour montrer la voie

Pour qu’il ait une efficacité dans la politique d’influence, la France a dû mobiliser des acteurs venus d’horizons différents. Tout d’abord il faut rappeler que pour mener une politique d’influence, il est nécessaire d’agir dans le bon timing, il faut que l’environnement dans lequel on souhaite agir soit prêt à accueillir notre lobbying. On peut prendre l’exemple de la candidature aux JO 2024 qui a vu le jour sous la houlette de Bernard Lapasset, ancien président de la fédération internationale de rugby. Effectivement il a clairement montré la voie aux autres acteurs français en déclarant « Les conditions sont réunies pour envisager le lancement d’une étude d’opportunité » à la suite de l’attribution des jeux de 2020 à Tokyo qui permet d’envisager une candidature européenne crédible puisque le candidat européen à l’accueil de ces JO, Madrid a échoué.

Bernard Lapasset a aussi embarqué dans le projet Mike lee, expert en communication, comme nous l’avons vu précédemment lors de l’acquisition des JO de Londres de 2012. De plus, il a aussi participé à la réussite des JO de Rio en 2014 et la candidature de Pyeongchang, un modèle du genre en matière de lobbying.

Le point de départ d’une France plus offensive

La prise de conscience de l’importance de mener une politique d’influence plus agressive par les institutions françaises a concrètement vu le jour en 2015, en même temps que le décret publié par le gouvernement stipulant que les organisateurs d’événements sportifs internationaux seront exonérés d’impôts (à l’exception de la TVA), cela a été notamment le cas, pour l’UEFA en 2016 lors de l’organisation de l’Euro 2016 en France.

Cette loi vient répondre à la politique lobbyiste offensive menée par les institutions sportives internationales qui utilisent la méthode de « l’hélicoptère de combat » pour déstabiliser les éventuelles candidatures. Cette méthode consiste à menacer de délocaliser l’événement et par conséquent, les retombées économiques et externalités qu’il comporte. Cette pression des organisations internationales sur les pouvoirs publiques français peut engendrer un arbitrage très compliqué pour les parlementaires français puisqu’avec l’exonération des taxes, c’est une porte ouverte à l’exonération de taxes pour des activités semblables surtout lorsqu’on sait que la France est un des pays du monde qui reçoit les plus d’investissement directs à l’étranger, le risque serait de tomber dans un cercle vicieux dans lequel les entreprises étrangères pourraient faire pression en utilisant l’argument des exonérations d’impôts accordées à ces grandes instances.

C’est probablement pour éviter cela que la loi insiste sur le fait que cette suppression de taxes intervient sur tous les événements qui seront attribués à la France avant le 31 décembre 2017. Cela était sûrement un des principaux arguments relayés par les parlementaires réticents à voter pour celle-ci. D’autres comme la députée PS du Tarn- et- Garonne de l’époque, Valérie Rabault s’indignent de la méthode utilisée par les organisations sportives internationales « Je trouve que des grandes organisations internationales, qui font du chantage à la France en disant “Si vous voulez avoir l’Euro, il va falloir qu’on puisse ne pas payer d’impôts sur les bénéfices qu’on fait chez vous”, je trouve que ce n’est pas respecter ce qu’est la France » faisant clairement référence à la technique d’influence que nous avons vu ci-dessus, « l’hélicoptère de combat ».

Un processus d’influence clair

Tout d’abord, le fait de faire appel à « un tiers » Bernard Lapasset, personne très influente dans le monde du sport et dans les grandes instances a permis à la France d’ouvrir la porte à de nouveaux réseaux et d’être plus efficace dans son lobbying du fait de l’apport de l’expérience de l’ancien président de la fédération internationale de rugby. Les autorités françaises ont donc trouvé un acteur et ambassadeur d’influence à l’échelle mondiale, ce qui conforte les bonnes prédispositions à une politique d’influence pertinente.

De la même manière, le timing de communication a été très bon puisque Lapasset a précisé que les conditions étaient réunies juste après l’annonce de l’attribution des jeux olympiques de 2020 à Tokyo au détriment d’une ville européenne, Madrid laissant ainsi une place possible à un pays européen pour 2024. Pour que le message soit entendu dans les meilleures conditions, il faut que l’opinion publique soit favorable, que cela soit fait en amont de la décision. Lapasset avait ici fait appel à l’actualité pour justifier la candidature de la France.

L’image est tout de même saisissante, un chef d’État qui joue au tennis dans son accoutrement officiel.  Lorsqu’on veut être efficace dans son lobbying, il faut mener une politique de communication appropriée à l’échelle à laquelle on souhaite être influent, la France l’a bien compris notamment dans les dernières mois de la candidature avec le soutien et la grande exposition d’Emmanuel Macron au sujet de la candidature de la ville lumière qui a notamment rendu hommage en septembre dernier à ces prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande pour leur participation à cette longue campagne. Macron qui 2 mois avant, lors des journées olympiques sur les bords de Seine avait délaissé les bons procédés présidentiels,  le temps d’une journée pour s’improviser tennisman ou boxeur et afficher devant le monde entier son grand dévouement à la candidature française, quitte à y laisser quelques gouttes de sueur…

Une autre étape importante a été d’utiliser les bons contacts, des ambassadeurs, des anciens sportifs professionnels à très forte notoriété pour asseoir encore plus la crédibilité à la française. Le comité national olympique et sportif français est en effet composé de sportifs populaires tels que Renaud Lavillenie ou Laura Flessel. Aussi, un des meilleurs relais et contacts utilisés par les acteurs français a certainement été Tony Estanguet, membre du comité international olympique, qui s’est construit une très bonne réputation à l’international et qui a donc co-dirigé la candidature française avec l’autre tête de gondole en la personne de Lapasset.

L’après compétition… quelques mois après, que deviennent les infrastructures ?

Économiquement lors de la compétition, le constat est sans appel, toute compétition sportive internationale est génératrice de recettes économiques directes et d’externalité positives pour le pays hôte. L’exemple le plus significatif en France est certainement l’Euro 2016. Si on s’intéresse aux retombées directes de l’événement, on observe qu’il a engendré 977,4 millions d’euros de retombées nettes dans lesquelles on compte les recettes touristiques liées à la compétition. Parallèlement l’Euro 2016 a induit des effets économiques positifs indirects à hauteur de 244,4 millions d’euros. Malgré un environnement politique et sécuritaire instable pour une période qui a connu une vague d’attentats, les Fan- zones, les bars aux alentours des sites et partout en France qui retransmettent les matchs sur écrans géants par exemple, ont bénéficié de l’attractivité associée à l’événement. Seulement, on parle d’effets sur le court terme, il est nécessaire de s’intéresser aux conséquences des événements quelques mois, quelques années après l’euphorie sportives et sociale.

1,7 Milliards d’euros, c’est à peu de choses près,  le coût de la construction et de la rénovation d’infrastructures nécessaires au bon déroulement de la compétition. Pour 3 semaines de bonheur sportif, est-ce tout de même bien raisonnable en sortie de crise économique ? Pour cela il faut observer ce que sont devenues ces infrastructures sportives qui sont aussi bien splendides architecturalement qu’onéreuses financièrement pour les pouvoirs publiques et les collectivités notamment.

Concernant l’Euro 2016, il est important de constater que l’utilisation ne s’est pas arrêtée à ce qu’elle était durant la compétition mais elle a continué au fil des mois avec des stades qui restent les antres des clubs de football français comme Bordeaux ou Nice par exemple. On peut s’intéresser à un cas très parlant, celui du stade de Bordeaux, le Matmut Atlantique. Ce dernier rapporte des recettes importantes aux Girondins de Bordeaux qui peuvent ainsi par la même occasion payer un loyer considérable à l’agglomération bordelaise. Mais lorsqu’on s’y intéresse de plus près, on peut très vite noter que le stade comprenant pas moins de 41000 places voit contrairement aux matchs associés à l’Euro, souvent ses tribunes très moyennement garnies lors des matchs de Ligue 1 Conforama de l’équipe bordelaise (cette saison, taux de remplissage moyen du stade : 58%).

On peut alors se demander si l’investissement colossal qu’a représenté la construction de l’ouvrage ne pouvait pas être légèrement moins onéreux si les pouvoirs publics avaient tablé sur un stade plus petit de l’ordre de 25000 voire 30000 places. D’un point de vue plus global concernant les infrastructures, l’argument de certains peut être de faire valoir la forte proportion d’investissement privé dans la construction ou la rénovation de ces stades, l’exemple le plus criant est probablement le Groupama stadium de Lyon, qui comme son homologue bordelais a pu faire appel à un « naming » pour compenser le coût à supporter et qui a été financé à 100% par des fonds privés.

Dans une candidature pour un événement sportif, le projet qui est défendu doit souvent s’opposer à des concurrents mais aussi à des personnes locales qui sont contre le projet. On peut prendre l’exemple de la candidature pour Annecy 2018 ou Paris 2024. Tout d’abord dans le premier exemple, les anti-JO défendent le coût que va avoir ce projet. Ce coût est économique mais aussi social et environnemental. Un des projets qui a cristallisé cette opposition est la construction d’un grand théâtre chargé d’accueillir les cérémonies sur le Pâquier. Il s’agit d’une promenade, d’un espace vert chère aux yeux des annéciens. De plus leur candidature ne recueillait que 51% d’avis favorables. Il y a de plus des véritables critiques sur les exigences du CIO notamment sur le code du travail ou dans le domaine de l’environnement. Jean-Marie Brohm, un sociologue qui critique l’efficacité des JO, avait participé à cette campagne mais il a aussi participé à la campagne anti JO de Paris 2024.

Les critiques sur la candidature sont très limitées. En effet le projet parisien est porté par quelques objectifs comme le fait d’être sobre durable (écologique) et maîtrisé économiquement. Effectivement, comme on peut le voir sur le tableau, depuis 1988 tous les jeux olympiques ont dépassé le coût initial avec des explosions de budget pour Pékin et Sotchi. On peut prendre l’exemple de Londres où le coût final a plus que doublé par rapport aux coûts initiaux. Justement face à ces critiques la candidature parisienne se repose sur des infrastructures déjà existantes, ce qui devrait ainsi limiter les frais.

Cependant on peut regarder la conséquence des Jo dernièrement qui ont eu de graves conséquences sur le long terme. Les jeux de Rio en 2016 en sont un parfait exemple. En effet les JO ont participé au climat délétère au Brésil. Les coûts ont ruiné l’état de Rio ce qui a appauvrie la population et laissé les plus pauvres (ceux qui dépendait d’aide) au bord du gouffre. En plus du climat social très tendu, les infrastructures des JO sont partiellement à l’abandon. On peut prendre l’exemple du mythique stade Maracanã qui selon le Guardian s’est dégradé : “Les vers ont endommagé la surface de jeu, les fenêtres du stade ont été brisées, on a volé des éléments de cuivre aux murs et aux plafonds et 10% des 78 000 sièges sont déchirés.“.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul cas comme avec certaines infrastructures laissez à l’abandon en Grèce ou en Chine. Cependant il n’y a pas que des problèmes, effectivement les infrastructures des JO de Londres sont soit encore utilisées ou réaménagées pour une autre solution, C’est aussi le cas des JO de Barcelone en 1992 qui ont permis de réaménager la ville et qui accueille toujours de grands événements sportifs dans ses lieux. Dans le projet parisien comme la majorité des infrastructures sont déjà existantes il ne devrait pas y avoir de soucis dans leur réaménagement après l’événement. Ensuite certaines des critiques émises viennent sur la sécurité notamment vis-à vis du terrorisme. Elles ont surtout été faites avant l’Euro 2016 qui a montré qu’en terme de sécurité la France était au point. Puis une de leurs critiques sont les retombées économiques pour la ville. En effet les contribuables vont devoir payer 1,5 milliard €. Les retombées économiques de l’événement ne rembourseront pas les sommes dépensées. Une étude menée par le cabinet Microeconomix montre que les  «  gains économiques à attendre de l’organisation des JO sont faibles, voire nuls » « [le secteur touristique] ne devrait pas particulièrement bénéficier des JO, surtout pour une ville comme Paris se situant déjà dans les trois villes les plus touristiques au monde avec Londres et Bangkok, tandis que la France reste le pays accueillant le plus de touristes ». On peut même ajouter  que ces événements ne sont pas rentables. Cependant comme le dit Wladimir Andreff,  professeur d’économie à la Sorbonne « Une candidature honnête devrait reconnaître que, si les gains économiques ne suffisent pas à justifier l’organisation de JO, il est nécessaire de se pencher sur d’autres impacts : bénéfice social, bien-être collectif, fierté nationale, etc…, autant d’éléments intangibles, bien plus subjectifs, qu’il ne s’agit pas de négliger pour autant »

Pour conclure, Nous voyons donc comment après les différents échecs successifs, la France a réussi à attirer autant de grandes compétitions internationales. Elle a appris de ses erreurs et mis en place un lobbying efficace mais aussi une loi qui a favorisé la venue de ces compétitions. Toutes ces compétitions favorisent le prestige de la France et son soft power un des enjeux majeurs des grandes nations. En effet elle est classée 1er selon le rapport du cabinet en conseil stratégique de Portland. Bien que cela soit probablement lié à d’autres raison l’accueil des grands événements sportifs participe à cela et aide à faire rayonner la France

Par Alexandre Penloup et Cyril Relion, promotion 2017-2018 du M2 IESCI d’Angers

Sources

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Les Jeux Olympiques : histoire, évolution et dérives https://master-iesc-angers.com/les-jeux-olympiques-histoire-evolution-et-derives/ Fri, 09 Mar 2018 17:08:13 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=2723 Les jeux Olympiques sont une grande manifestation sportive d’ampleur internationale où l’esprit fair-play est important. Depuis leurs débuts dans l’ère moderne, les Jeux sont accueillis dans une ville élue par le comité et organisés tous les 4 ans. Il existe… Continuer la lecture

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Les jeux Olympiques sont une grande manifestation sportive d’ampleur internationale où l’esprit fair-play est important. Depuis leurs débuts dans l’ère moderne, les Jeux sont accueillis dans une ville élue par le comité et organisés tous les 4 ans. Il existe 2 grands types de jeux olympiques : Les Olympiques d’été et les jeux Olympiques d’hiver. Cependant cette manifestation sportive a été entachée dans les années 1990 par des affaires de corruption et de dérives de la part des sportifs.

Dans cet article, nous présenterons l’évolution des Jeux Olympiques de leurs sources jusqu’à l’ère moderne ainsi que les dérives organisationnelles et sportives.

Histoire des Jeux Olympiques

Les jeux olympiques prennent leur source en Grèce antique. De nombreuses légendes tournent autour de leur création. La légende la plus connue associe le héros Pélops à la création des jeux. Selon cette légende, Pélops demande la main d’Hippodamie, fille du roi Oenomaos. Pour chaque demande en mariage, Oenomaos organisait une course de char l’opposant au prétendant. Si le prétendant perdait, il était tué par Oenomaos. Dans le but d’épouser Hippodamie, Pélops fit appel au dieu de la mer, Poséidon, qui lui fournit un char un or et des chevaux ailés. Hippodamie, éprise de Pélops, fit saboter le char de son père qui décède lors de la destruction de son char. Pour expier son crime, Pélops organisa les premiers Jeux Olympiques.

Historiquement parlant, les premiers olympiques ont été organisés au cours du VIIIe siècle avant JC. Ces jeux sont des concours sportifs organisés tous les 4 ans entre les différentes cités grecques antiques dans le cadre d’un festival religieux en l’honneur du maître des dieux olympiens, Zeus. Il existe plusieurs concours organisés sur une période de 2 ou 4 ans en l’honneur des dieux :

  • Les jeux olympiques organisés à Olympie en l’honneur de Zeus.
  • Les jeux pythiques organisés à Delphes en l’honneur du dieu Péon. Ces jeux se présentaient sous la forme d’un concours artistique d’hymnes interprétés à la cithare.
  • Les jeux isthmiques organisés à Corinthe en l’honneur du dieu Poséidon. Il s’agissait d’un concours sportif organisé pour le peuple.
  • Les jeux néméens organisés à Némée puis à Argos en l’honneur des guerriers décédés lors de la guerre contre les perses.

Chacun de ces concours faisait partie d’un circuit que l’on appelle Olympiades.

Les jeux olympiques furent rénovés au XIXe siècle sous l’impulsion du Baron Pierre de Coubertin. Ces nouveaux jeux furent organisés pour la première fois au niveau international grâce aux convictions de cet homme.

Évolution des Jeux olympiques

À  l’origine, les jeux olympiques modernes étaient uniquement estivaux. La plupart des épreuves antiques ont été conservées. Certains ajouts ont été proposés par Pierre de Coubertin :

  • Les Jeux Olympiques sont laïcs c’est à dire que les athlètes font abstraction de la religion durant les jeux ;
  • Les jeux sont en mouvement : chaque édition se déroule dans un pays et une ville différente ;
  • La durée des jeux s’allonge jusqu’à durer 16 jours maximum.

Les jeux olympiques marquent une trêve entre les pays en guerre pour la durée des épreuves.

Il faudra attendre les années 1900 pour que les femmes puissent participer aux jeux olympiques et 2012 pour que les femmes aient accès à toutes les épreuves sportives. Il faudra également attendre 1924, date des premiers jeux d’hiver, pour assister aux épreuves de sports de neige et de glace.

Voici les disciplines et les épreuves des jeux olympiques d’hiver :

Voici les épreuves sportives organisées durant les jeux olympiques d’été :

Les dérives des Jeux Olympiques

Le scandale de la corruption au sein du CIO

Lors de la création des Jeux Olympiques modernes par le baron Pierre de Coubertin, un comité a été mis en place : le Comité International Olympique (CIO). Ce comité est constitué de dignitaires des différents pays participants aux Jeux Olympiques.

 Au départ, les membres du CIO étaient élus à vie pour leur poste. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Les membres du CIO sont au nombre de 115 et sont élus à vie. Seul le président du CIO bénéficie d’un statut plus particulier puisqu’il représente le CIO et pour éviter toutes dérives, est élu pour une durée de 8 ans.

Les membres du CIO sont tous des athlètes actifs ou d’anciens athlètes, des présidents ou dirigeants des plus hautes instances de fédérations internationales de sports et de membres d’organisations internationales reconnues par le CIO. Son siège se situe en Suisse et plus exactement dans la ville de Lausanne.

Au cours de son histoire, le CIO a dû faire face à un très grand scandale de corruption et de pots-de-vin versés aux membres, lors de la candidature de la ville américaine, Salt Lake City dans l’état de l’Utah, en 1998 pour les jeux Olympiques d’hiver de 2002.

Tout a commencé en 1998 lors de la candidature de la ville. À cette époque, les membres du CIO pouvaient circuler et visiter les villes candidates autant de fois qu’ils le jugeaient nécessaire. Chaque comité d’organisation pouvait faire un don au CIO pour tenter d’influencer le vote pour l’attribution. Cependant le comité d’organisation de Salt Lake City n’a pas respecté cette règle et a offert de très généreux dons aux membres du CIO en visite. Il s’agit en réalité de pots-de-vin dans le but d’obtenir l’organisation des jeux. Ayant découvert ces malversations, le membre suisse, Marc HODLER, tire la sonnette d’alarme et annonce que des membres du CIO ayant visité la ville de Salt Lake City ont été corrompus en faveur de la candidature de la ville de Salt Lake City pour les jeux Olympiques d’hiver de 2002.

Cette annonce lança un discrédit sur les Jeux Olympiques et le CIO chez divers sponsors. Pour pallier à la crise, le CIO lance 4 enquêtes menées par des institutions indépendantes. Les enquêtes ont abouti pour la première fois à une exclusion ou à des sanctions pour les membres concernés. Ce qui a permis au comité de donner l’exemple pour que ce type de comportement ne se reproduise plus.

Ces enquêtes ont donc donné lieu à de nouvelles règles pour plus de transparence et d’indépendance pour l’attribution des Jeux Olympiques. Parmi ces nouvelles règles, les membres des comités en charge de l’organisation des jeux ne doivent pas effectuer plus de deux visites dans les villes candidates.

Les sportifs au centre des scandales de triche : dopage et autres stratégies

Les sportifs peuvent également partir à la dérive en utilisant des substances dopantes pour améliorer leurs performances physiques pendant les différentes épreuves des jeux olympiques. Cela touche tous les sports : du cyclisme à la natation en passant par les épreuves paralympiques.

Pour lutter contre le dopage dans le sport, un organisme anti dopage a été créé en 1999 : l’Agence Mondiale Antidopage (AMA). Le rôle de cette agence est de permettre une plus grande transparence dans les épreuves sportives en général. L’évènement majeur où cet organisme est le plus sollicité est la période des jeux Olympiques d’été et d’hiver. Cette agence a permis de déceler des cas de dopage majeurs pendant les jeux olympiques comme le nageur américain Michael Phelps qui augmentait ses performances grâce à un produit dopant lui permettant d’obtenir des médailles d’or plus facilement. Après cette découverte, les médailles obtenues lui ont été retirées et données au second et Michael Phelps a été exclu des jeux.

Chaque pays a son agence antidopage permettant de mieux prévenir les cas de dopages pendant les manifestations sportives telles que les jeux olympiques. Le cas récent de l’équipe paralympique de Russie en est un très bon exemple. L’équipe a été contrôlée positive aux produits dopants. Cela ne les a pas empêchés de concourir aux Jeux Olympiques d’hiver. Ils ne peuvent pas représenter la Russie et donc doivent concourir sous bannière libre. Il s’agit d’un vaste réseau gouvernemental de dopage pour les athlètes. Cela aurait commencé après les Jeux olympiques de Vancouver de 2010 suite aux résultats catastrophiques des athlètes russes.

D’autres athlètes ont tenté de tricher aux épreuves des Jeux Olympiques. C’est le cas d’une jeune athlète chinoise qui a menti sur son âge pour participer aux Jeux Olympiques. Un athlète doit avoir au minimum 16 ans, or, cette athlète n’avait que 14 ans au moment des faits. Elle n’aurait donc pas pu y participer. Certains athlètes ne voulaient pas concourir contre les israéliens pour des raisons inconnues. On suppose que cela est dû aux tensions gouvernementales en Israël. Voici un exemple de triche vis à vis des athlètes israéliens : un athlète de judo iranien ne voulait pas concourir contre son adversaire israélien à cause des tensions entre l’Iran et Israël. Pour cela, il a donc décidé de déclarer forfait en prenant de la masse musculaire en quantité suffisante pour dépasser le poids maximal de sa catégorie.

Certains athlètes ont tenté de tricher en s’en prenant à leurs adversaires. C’est le cas lors d’une épreuve de patinage artistique. La patineuse Tonia Harding était une patineuse ambitieuse qui souhaitait ardemment obtenir un titre olympique aux Jeux olympiques de 1994. Un seul obstacle se dressait devant elle, la patineuse artistique de talent, Nancy Kerrigan. Pour y arriver, Tonia Harding a donc eu une idée ambitieuse et malsaine : demander à son ex-mari d’agresser à la barre de fer de telle façon que Nancy Kerrigan ne puisse pas concourir aux Jeux Olympiques de 1994. Cependant, il a été prouvé que l’agression venait de Tonia Harding par l’intermédiaire de son ex-mari et donc cela donna lieu à une exclusion à vie de participation aux jeux olympique. Comble de l’histoire, Nancy Kerrigan décroche la médaille d’argent lors des Jeux Olympiques.

Un autre fait important, l’équipe paralympique d’Espagne qui aurait dû se composer exclusivement  d’athlètes jugés déficients intellectuels pour les Jeux Olympique de 2000 à Sydney. Or ce n’était pas le cas, 10 des 12 joueurs n’étaient pas déficients mentaux. Un discrédit a été jeté sur l’équipe d’Espagne de l’époque. Il a fallu attendre les Jeux olympiques de Londres en 2012 pour que les athlètes déficients intellectuels soient intégrés aux Jeux paralympiques avec de nouveaux critères de sélection.

Les jeux Olympiques sont certes une institution internationale sportive mais elle a au cours de son histoire dû revoir sa copie en ce qui concerne les règles au sein du comité lors des phases de candidatures des villes au Jeux Olympiques. Depuis le scandale de Salt Lake city, le comité se veut le plus transparent et le plus impartial possible lors des votes. Cela n’empêche pas les pressions politiques de s’exercer afin d’influencer mais cette évolution est importante pour l’avenir des Jeux Olympiques. Concernant les sportifs, la lutte contre les dérives liées au dopage et aux autres types de triches se poursuit grâce aux agence antidopages nationales et l’AMA doit continuer pour que les Jeux Olympiques puissent se passer dans de meilleures conditions.

Par Mounir LEHIANI, promotion 2017-2018 du Master 2 IESCI à l’Université d’Angers

Sources :

https://www.youtube.com/watch?v=GjvT6zdkj3s

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeux_olympiques

https://www.youtube.com/watch?v=CtcCeZ5Lmfo

https://www.youtube.com/watch?v=_0zT1ZxX7sA

http://www.lemonde.fr/sport/article/2005/07/05/le-cio-a-fait-du-scandale-de-salt-lake-city-un-mal-necessaire_669731_3242.html

https://www.tuxboard.com/la-boxe-aux-jo-scandales-sur-scandales/

http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Jeux_Olympiques_JO/185989

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L’interdépendance entre sport et médias : une aubaine pour le lobbying https://master-iesc-angers.com/linterdependance-entre-sport-et-medias-une-aubaine-pour-le-lobbying/ Mon, 08 Jan 2018 10:06:33 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2565 DES CONNEXIONS HISTORIQUES ENTRE LE SPORT ET LES MÉDIAS En Europe, le sport a dès les années 30 été un enjeu et un outil d’influence lorsqu’il a servi de support à l’expansion de l’idéologie nazie lors des jeux olympiques de… Continuer la lecture

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DES CONNEXIONS HISTORIQUES ENTRE LE SPORT ET LES MÉDIAS

En Europe, le sport a dès les années 30 été un enjeu et un outil d’influence lorsqu’il a servi de support à l’expansion de l’idéologie nazie lors des jeux olympiques de 1936, notamment sous la houlette de Goebbels. Le destin des médias et du sport étaient déjà à cette époque liés à servir des intérêts politiques.

Pourquoi le sport rentre-t-il dans le champ du lobbying ? Pour cela, commençons par nous demander ce qu’est le lobbying et par quel processus il est possible d’être influent. Il faut être capable de bien savoir communiquer, ce qui semble être le propre des journalistes qui représentent ces médias, mais également de choisir les bons contacts en se servant de la notoriété du média ou du journaliste. On peut alors considérer que la scène médiatique est propice au lobbying. De la même façon, il faut être capable d’intervenir dans le bon timing et là encore, on est dans le quotidien de n’importe quelle presse, avec des acteurs formés pour sortir une information à un moment donné pour être entendu.

Nous verrons que le monde du football est celui qui est le plus imprégné de cette culture lobbyiste notamment depuis que le marché des transferts s’est mondialisé. Le sport est devenu un business, et, comme dans tous les autres champs de l’économie aujourd’hui, il faut être puissant pour exister économiquement et sportivement.

On peut prendre l’exemple de la sortie du reportage sur Canal + sur Karim Benzema qui est intervenue au moment où le principal attaquant de l’équipe de France, Olivier Giroud, vivait des moments difficiles sportivement dans son club d’Arsenal. Karim Djaziri, l’agent de Karim Benzema a saisi l’opportunité en réunissant de nombreux journalistes et anciennes gloires du football pour relancer le débat de la possible sélection de Benzema en équipe de France. Un débat qui est survenu à la suite de l’affaire de la Sextape et qui semble revenir constamment depuis quelques mois sur la scène médiatique, et cela risque de s’intensifier quand on sait que nous sommes à sept mois de la coupe du monde de Football. L’intérêt pour le média en question se trouvait dans les audiences puisque le joueur est une star du football, mais divise aussi l’opinion publique, son cas est souvent associé à des débats de société comme le racisme par exemple. Le sujet touche ainsi beaucoup de personnes, les sportifs et les autres… il y a là donc une réelle concomitance des intérêts entre le sport et les médias. On peut aussi noter que les médias sont le parfait « tiers » auxquels on peut faire appel pour pratiquer le lobbying puisqu’ils sont des leaders d’opinions, et les joueurs ainsi que les agents l’ont bien compris. L’interdépendance tient donc sa racine dans les intérêts croisés qu’ont les médias et l’industrie qu’est devenue le sport.

 

Les médias ont donc intérêt à « starifier » certains athlètes dans des sports plus médiatisés tels que le football, le tennis ou le cyclisme afin de fidéliser les fans dès lors qu’ils vont traiter de l’actualité de ces champions. D’un autre côté, l’intérêt du sportif est de se servir des médias pour être visible, gagner en notoriété mais aussi d’un point de vue financier. Il s’agit d’un cercle vertueux entre les sportifs et les médias mais qui peut très vite devenir un cercle vicieux du point de vue de l’éthique par exemple. Mais dans tous les cas, que l’on parle en bien ou en mal de certains sportifs, cela sert l’audience des médias. Ainsi lorsque les médias poussent les sportifs à sublimer leurs performances, ces derniers peuvent être tentés d’avoir recours au dopage dans un cas extrême mais là encore, les cas de dopage servent les médias dans leur buzz. On peut alors se questionner sur la légitimité de certaines affaires de dopage. Dernièrement, le fulgurant grimpeur Christopher Froome, multiple vainqueur du tour de France est suspecté d’avoir eu recours au dopage. Et malgré le fait que l’on ne soit qu’au début de l’enquête, l’affaire fait déjà le buzz dans les médias. Le système peut donc se retourner contre ces sportifs et nuire à leur image. Ces stars qui sont nées hier, grâce au relais des médias en partie, ont pour certaines aujourd’hui payé les pots cassés de leur médiatisation puisque même une affaire nuisant à leur image est aujourd’hui une aubaine pour chaque média. Karim Benzema l’a vécu avec la sur-médiatisation de « l’affaire de la sextape » qui a occupé la scène médiatique dans une proportion démesurée lorsqu’on sait qu’elle relevait d’un caractère privé. Les performances sportives de l’attaquant français, bien qu’excellentes sont alors passées au second plan au profit d’une affaire qui a fait beaucoup parlé, et même certains politiques s’en sont mêlés.

Le rôle des réseaux sociaux

 

Nous avons précédemment vu que l’interdépendance média-sport s’est effectuée en parallèle de l’évolution des supports médiatiques disponibles. Certains restent un outil de communication favorisé, tandis que d’autres sont depuis quelques années en pleine expansion. Jadis les journaux et la radio principalement, c’est aujourd’hui avec la télévision et surtout les réseaux sociaux que les acteurs du monde sportif communiquent, et plus particulièrement Twitter, qui est aujourd’hui un outil d’influence exceptionnel pour les acteurs du monde sportif et les journalistes. C’est désormais très facile de communiquer ou réagir à une information rapidement et souvent à chaud pour certains, ce qui peut être aussi un désavantage. On peut prendre l’exemple d’un des présidents les plus influents du sport du football, il s’agit de Jean-Michel Aulas. Le président de l’Olympique Lyonnais est un habitué de la communication sur Twitter. Dernièrement, il a utilisé le réseau social pour mettre selon certains une pression sur les arbitres du championnat. Effectivement, le 17 décembre dernier, à la suite d’une erreur de la Goal-Line Technologie lors du match de Ligue 1 entre Troyes et Amiens, Jean-Michel Aulas avait twitté « Bravo à ce très jeune arbitre François Letexier qui a sauvé le match grâce à son expertise et sa communication : bravo et Merci », ce jeune arbitre n’était autre que celui du prochain match de championnat entre le Toulouse FC et… l’Olympique Lyonnais.

D’un point de vue stratégique et dans le déploiement des ressources des clubs, on peut constater la prise de conscience de l’importance des réseaux sociaux pour mener une bonne stratégie d’influence. On voit aussi cela à travers le développement du community management à l’intérieur des clubs. Le moindre tweet peut avoir de profondes retombées dans les médias car de nombreuses émissions sportives conçoivent leurs débats en partant de tel ou tel tweet.

On a pu observer cela en novembre dernier notamment lorsque le community manager du FC Nantes avait répondu à une critique du journaliste et ancien sélectionneur de l’équipe de France de football Raymond Domenech. Ici le community manager de Nantes avait utilisé l’humour contre un ancien sélectionneur peu populaire en France pour contrer une remarque de ce dernier, qui nuisait à l’image du jeu proposé par le FC Nantes.  Quand on sait que de plus en plus d’investisseurs étrangers (chinois, américains, qataris…) cherchent des points de chute en Europe pour investir dans le sport, on comprend tout de suite pourquoi la moindre remarque péjorative provoque une réaction médiatique chez le principal intéressé.

Les journalistes et consultants au cœur du système

Sans presse pour extrapoler les performances de nouvelles stars en puissance comme Kylian Mbappe, les prix des transferts ne seraient peut-être pas aussi importants. Lorsqu’on sait que le transfert de Mbappe l’été dernier coûtera au PSG 180 millions d’euros, on se dit que les médias ont bien joué un rôle dans cela compte tenu de la starification fulgurante du jeune homme qui, il y a encore un an n’était même pas titulaire avec l’AS Monaco, son club de l’époque. L’intérêt des médias se trouve dans l’audience puisqu’avec le développement d’une star de cette envergure, ils fidélisent de nombreuses personnes qui sont ou deviendront des fans du jeune joueur de 19 ans. De son côté, le joueur a intérêt également à être accessible s’il veut être de plus en plus « bankable » et voir son salaire exploser du fait en grande partie de sa médiatisation.

Les journalistes sont souvent d’anciennes stars crédibles, des influenceurs qui peuvent amener une question d’actualité et favoriser l’attention des personnes concernées. Pour que le message soit entendu dans les meilleures conditions, il faut que l’opinion publique soit favorable et leur crédibilité due à leur passé médiatique et sportif leur permet de capter plus facilement l’attention des téléspectateurs, auditeurs ou lecteurs. Il suffit de regarder les journalistes consultants de Bein sport par exemple, pour constater qu’il existe parmi eux quelques anciennes gloires du sport Français, notamment quelques joueurs de l’équipe de France de football de 1998 (Marcel Desailly, Robert Pirès), qui marquait alors un des moments forts du sport français. D’autres médias ont pour têtes d’affiche des journalistes plus clivant comme Daniel Riolo sur RMC Sport dans l’émission «  l’After foot » ou Pierre Menes sur Canal + dans l’émission « Canal Football Club » qui ont souvent des avis très tranchés, sont souvent discutés et relayés sur Twitter renforçant ainsi la prépondérance du réseau social.

Les journalistes peuvent également intervenir dans la mise en valeur des projets économiques des clubs face aux potentiels repreneurs. Aussi, ils sont amenés à valoriser le sport français par exemple pour appuyer le besoin d’investisseurs étrangers dans les clubs français, dans le monde du football souvent. En effet, si de nouveaux investisseurs aux moyens exceptionnels (Chinois, Russes, Qataris…) arrivent dans le championnat de France de football, cela peut permettre d’augmenter les audiences des diffuseurs par exemple d’une part, et d’autre part cela aurait des retombées économiques en termes de droits télévisuels si de nouveaux investisseurs apportaient un projet basé par exemple sur l’arrivée de stars dans le championnat de France. Ici encore, les intérêts sont croisés entre médias et acteurs du monde sportif.

De plus, souvent en liens très étroits avec certains clubs, (exemple : Bernard Lions et l’As Saint-Etienne), les journalistes peuvent ainsi révéler de nombreuses informations sur le marché des transferts. Ils nous livrent en direct à la télévision quelques « scoops » de temps en temps, vérifiables souvent, mais pas toujours. Car en effet, ces médias vivent aussi sur les rumeurs de transferts pour vendre des journaux ou faire plus d’audience. On peut se demander si certains clubs n’ont pas intérêt à profiter de ces liens pour faire sortir des rumeurs à leur guise par la voix des journalistes afin de faire grimper le prix des joueurs. En effet si certaines informations fausses circulent sur le prix d’un transfert faramineux alors qu’il n’y a en vérité aucun transfert en vue, c’est dans le but de faire monter les enchères sur la valeur des joueurs. En France par exemple, avec l’arrivée du Paris-Saint-Germain version qatari, de nombreux clubs sont suspectés de s’être entendus sur des rumeurs de transferts pour faire monter le prix de joueurs suivis par le club de la capitale aux ressources financières illimitées puisque mécaniquement, si plus de clubs sont intéressés par un joueur, la demande du joueur augmente et cela fait s’accroître son prix.

Les joueurs ont également compris que la voix des journalistes était entendue de tous, y compris de leurs clubs et leurs directions. C’est le cas d’Antoine Griezmann qui en mai dernier déclarait à l’émission très regardé de Yann Barthès, Quotidien, qu’il avait 6 chance sur 10 de signer à Manchester United, cela probablement dans le but de faire pression sur ses dirigeants pour qu’ils augmentent son salaire étant donné qu’il est depuis quelques années une des emblèmes du club. Mission réussie pour ce cadre de l’équipe de France puisqu’il a vu son salaire revalorisé fortement à la suite de ces déclarations.

La presse française moins engagée que la presse espagnole par exemple…

Pour faire une petite comparaison, les médias français, bien que très présents dans le monde sportif sont beaucoup moins partiaux qu’en Espagne par exemple où ils sont souvent spécialisés ou à la cause d’un club. On peut encore une fois le voir dans le monde du football, en Espagne avec des journaux comme Marca (spécialiste du Réal Madrid et de l’Atlético) ou El Mùndo deportivo (spécialiste du FC Barcelone et des autres clubs catalans principalement.) On peut ainsi remettre en cause les informations qui ressortent de ces médias de par leur impartialité, qui pourrait faire courir de nombreuses rumeurs afin d’influencer le marché des transferts.

L’interdépendance média-sport conduit à un système d’influence

Afin de conclure de façon pertinente, nous pouvons voir avec ce schéma, l’interdépendance décrite précédemment, qui est propice à la prolifération de l’influence entre le domaine sportif et le domaine médiatique. Il existe des intérêts convergents entre acteurs de la sphère sportive et  des médias. Ceci vaut principalement pour les sports collectifs médiatisés (football, rugby). Les intérêts et enjeux économiques, financiers et médiatiques vont être le préalable de la propagation de l’influence sur les supports que sont les réseaux sociaux, les chaînes de télévision, la radio, les articles… L’importance pour exister dans ce système est de bien savoir communiquer, dans un bon timing, en faisant appel à un tiers crédible : les médias pour les acteurs du sport, et inversement.

Pour illustrer cela, on peut se focaliser sur un cas particulier. Nous sommes en 2011, Colony Capital alors actionnaire majoritaire du club cède la propriété du PSG à un fond souverain qatari qui va dès lors détenir 70% du capital. Pendant des mois, ce rachat aura occupé une place importante dans les débats sportifs sur tous les écrans. De nouvelles stars arrivent dans le championnat de France, et parmi elles, la plus emblématique de toutes, Zlatan Imbrahimovic, tellement « starifié » que la majorité des médias et des spécialistes du football l’appelleront couramment par son prénom « Zlatan », c’est dire l’ampleur du phénomène médiatique vu comme une aubaine par les journalistes. Ce phénomène aura même des retombées économiques positives pour les autres clubs français qui verront leurs droits télévisuels augmenter. En effet pour la période de 2016 à 2020, les droits TV attribués à la Ligue 1 et à la Ligue 2 pointent à 748,5 millions d’euros par saison, boostés par les deux grands diffuseurs de matchs, Bein sport et Canal+. Pour information, sur la période 2005-2008, Canal+ déboursait près de 150 millions d’euros de moins par saison.

Le Paris-Saint-Germain, avec sa puissance financière a pu débourser beaucoup d’argent en transferts pour faire venir de nouvelles stars au club comme Kilian Mbappé, l’été dernier pour 180 millions d’euros qui iront dans la caisse d’un autre club du championnat, l’AS Monaco. Ainsi on peut aisément conclure que l’arrivée des qataris est donc un avantage pour les autres clubs de ligue 1 d’un point de vue financier et par conséquent pour les agents de joueurs qui perçoivent des commissions exorbitantes sur les montants de ces transferts. Aujourd’hui, parler du PSG apparaît comme une  aubaine et une obligation pour les médias qui peuvent compter sur une hausse de l’influence du club sur les scènes nationale et internationale. Ainsi le PSG occupe désormais beaucoup de place dans les informations et débats livrés par les médias provoquant ainsi une modification de la structure médiatique du sport puisque le PSG a un quasi-monopole sur la présence médiatique désormais, rapprochant ainsi le modèle français du modèle espagnol que nous avons pu décrire ci-dessus.

Par Cyril Relion, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Sources :

https://www.senat.fr/rap/r03-319/r03-3192.html

http://jeanpineau.wixsite.com/projet-116d-medias/linfluence-des-mdias-sur-le-sport

https://www.cairn.info/revue-chimeres-2010-3-page-185.htm

http://fede.over-blog.com/article-2610779.html

http://anevma.e-monsite.com/pages/diverses-motivations-pour-le-sportif/la-mediatisation-le-sport-business/

http://www.telerama.fr/television/240-minutes-de-karim-benzema-sur-canal,-un-plan-de-comm-aussi-lourd-que-genant,n5342515.php

http://real-france.fr/dossier-les-medias-espagnols/

Géoéconomie : Bruno Mignot, Alain Juillet, Mémento de stratégie d’influence à usage du dirigeant d’entreprise, Broché, 2015

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Origine du malaise catalan et instrumentalisation du FC Barcelone https://master-iesc-angers.com/origine-du-malaise-catalan-et-instrumentalisation-du-fc-barcelone/ Mon, 06 Nov 2017 17:13:00 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2395 Un contexte historique et culturel propice à l’influence : La catalogne est légèrement plus grande que la Belgique avec une superficie de 31950 km 2. Elle est constituée de 7.5 millions d’habitants soit 16% de la population nationale de l’Espagne. Elle… Continuer la lecture

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Un contexte historique et culturel propice à l’influence :

La catalogne est légèrement plus grande que la Belgique avec une superficie de 31950 km 2. Elle est constituée de 7.5 millions d’habitants soit 16% de la population nationale de l’Espagne. Elle représente avec ses 4 villes principales, ses 4 aéroports internationaux, ses trois principaux ports de croisières, ses 9 sites de l’UNESCO classés patrimoine de l’humanité, la première région touristique d’Espagne.

En quelques chiffres clés, la catalogne, c’est : 20% du PIB de l’Espagne, 30% des exportations, 50% de l’activité à valeur ajoutée de l’Espagne et 13.2% de chômage. Elle possède une économie diversifiée et dynamique, pourtant elle est la région la plus endettée d’Espagne.

La région a amorcé depuis très longtemps des démarches pour obtenir son indépendance et devenir une nation à part entière. En effet le gouvernement Catalan estime que l’Espagne constitue un frein à son développement optimal. Le sentiment est perçu comme une exploitation injuste par le pouvoir central qui investit de manière incorrecte les ressources collectées dans des projets sans suites ni portée financière.

Pour comprendre l’histoire des revendications catalanes aujourd’hui, nous estimons nécessaire de faire un retour historique pour éclairer les fondements, les sources et les événements qui aboutissent aujourd’hui à cette idée de l’indépendance d’une partie du territoire espagnol.

L’HERITAGE CULTUREL HISTORIQUE DE LA CATALOGNE :

Nous sommes entre les 5e et 12e siècle, les WISIGOTHS se sont installés sur les terres qui feront la future Catalogne et contribuent à ramener une stabilité, un essor économique et le développement de nouveaux centres urbains dont la ville de Barcelone qui servira de capitale au royaume WISIGOTH. En 718, la région passera sous la domination musulmane qui se caractérise par un enrichissement culturel et scientifique de la région.

La Catalogne et sa langue naissent véritablement au 9e siècle, héritant d’un passé culturel riche et restée en contact avec les territoires demeurés sous domination musulmane, elle représentera un lien entre les mondes arabo-musulmans et chrétiens et devient une plaque tournante européenne et une plate-forme des échanges commerciaux et culturels scientifique et techniques. Elle sera aussi l’un des foyers de la Reconquista et un important foyer artistique et intellectuel grâce à la présence de riches bibliothèques d’ouvrages artistiques wisigothiques et arabes. – La culture catalane s’affirme déjà très autonome à l’époque lorsque le « pouvoir central » manque à ses obligations envers elle la fondation de la Catalogne est motivée par le désir de prendre en charge sa propre sécurité, car les suzerains des rois francs de l’époque étaient jugés incapables d’assurer la protection du territoire.  –Cette façon de faire des catalans trouve déjà sa source dans l’histoire du peuple catalan et est la résultante de son passé glorieux et la particularité de sa richesse intellectuelle économique et artistique qui lui permet de prétendre à une autonomie réelle. –

En 1137, la princesse d’Aragon et le comte de Barcelone s’unirent et donnèrent naissance à la couronne d’Aragon qui développera par la suite un mode d’administration inédit décentralisé pour répondre aux fortes différences tant politiques que linguistiques des deux parties de la couronne. –Il s’agit ici de la deuxième manifestation de la rigidité de la culture catalane qui se veut souveraine, Nous pourrions interpréter ceci comme une fierté et un désir de garder son originalité face aux autres cultures.Car même une union politique n’a pas permis d’homogénéiser la culture aragonaise et catalane.

L’essor économique et commercial connu par l’occident au 12e et 13e siècle est en partie impulsée par cette union catalano-arogonaise.

En 1348, la Catalogne amorce son déclin, touchée par la peste noire, et la mort sans héritier en 1348 du dernier souverain de la maison de Barcelone Les Catalans résistent à l’envahisseur castillan pendant trois cents ans.

LE REVE DE LA REALISATION D’UNE REPUBLIQUE CATALANE ET LES DICTATURES SUCCESSIVES :

Entre guerre de succession et rébellion, on assiste pour la première fois en 1640 à la proclamation d’une république catalane par les catalans irrités par la politique centriste du ministre Olivares qui veut supprimer les privilèges locaux de ceux-ci et les obliger à participer à l’effort de guerre jusque-là soutenu par les castillans. Cette première revendication se solde par la partition de la catalogne, dont une partie rejoindra le royaume français et la seconde, reconquise par l’Espagne, se voit reconnaître le respect de ses lois et institutions.

 Cette situation ne dura pas bien longtemps car, le 11 septembre 1714 la guerre de succession d’Espagne prend fin par la prise de Barcelone. Depuis, cette date marque la fête nationale catalane, la “Diada”, qui commémore la reddition de Barcelone et symbolise pour les Catalans le début de leur “martyr”.

L’aura de la Catalogne s’affaiblit et de par là son rôle politique et culturel. Toutefois elle est annexée en 1812 par l’empire français et elle sera la seule région espagnole à avoir vraiment connue la révolution industrielle au XIXe siècle ce qui la mettra en avance par rapport aux autres régions espagnoles sur le plan économique.  La Catalogne dans la même foulée connait un renouveau culturel et retrouve son statut de foyer de l’art contemporain. A partir de ce moment l’histoire catalane se caractérise par une répétition de revendications, de quasi accord d’autonomie puis de l’échec des progrès effectués vers une affirmation de la nation catalane Toute cette dynamique relance les revendications linguistiques et nationalistes de la catalogne qui aboutit à la création de la Mancommunauté de Catalogne ; celle-ci présentait un ambitieux projet de modernisation qui ne verra pas le jour, car aboli par la dictature de Miguel Primo de Rivera. En 1931 la république catalane est proclamée suite à la victoire électorale des partis catalanistes de gauche qui obtiennent du gouvernement espagnole un statut d’autonomie dont le préambule l’a définie comme une nation.

Ce statut ressuscite l’institution de la généralité de Catalogne qui développe elle aussi un programme social et culturel avancé. Mais en 1939 ce statut est suspendu après soumission aux troupes nationalistes de la dictature franquiste qui assassine dans la foulée le président catalan Lluis Companys.

LA DICTATURE FRANQUISTE ET LA CULTURE CATALANE :

La dictature franquiste marque la fin de l’autonomie pour toutes les régions espagnoles.  Le régime franquiste se caractérise par un centralisme exacerbé et un refus catégorique de tout droit politique ou culturel des régions. En effet Franco cultive le nationalisme et identifie l’affirmation de différentes cultures au sein de l’Espagne comme fragilisant l’institution et ne permettant pas la réalisation d’un intérêt national. Le régime rejetait systématiquement le laïcisme et s’opposait à toute tendance cosmopolite et libéraliste.

On perçoit déjà l’antagonisme entre la culture catalane et l’esprit du régime en place. Historiquement la Catalogne s’est construite sur une souche multiculturelle et était très attachée à sa diversité culturelle qu’elle n’a jamais cessé de revendiquer.

Identifiée comme un obstacle majeur pour la politique nationaliste de Franco, les mesures radicales du gouvernement n’ont pas tardé à venir.

L’une des mesures entreprises par le régime contre les catalans passe par une acculturation à la base, la langue catalane est interdite d’usage public, et avec elle tout symbole catalan. Les enseignements sont dispensés en langue chrétienne uniquement (le castillan). L’usage de la langue est interdit dans les administrations. Les célébrations culturelles catalanes sont aussi interdites.

 Une deuxième mesure prise par le gouvernement franquiste est d’encourager une migration intra espagnole massive en terre catalane. On assiste aussi à l’arrestation de dirigeants catalans. Le but de ces manœuvres est clair, enrayer totalement tout lien des catalans avec leur culture et ensuite par l’immigration massive, recréer une culture espagnole progressivement. Ces répressions ont entraîné l’exil de beaucoup d’intellectuels catalans.

En réaction à toute cette persécution les catalans cultivaient leur culture dans le domaine privé, et s’abstenaient de participer aux prises de décisions populaires (votes). Ils exprimaient aussi leur culture par des moyens artistiques : l’art, la musique et le sport.

Le sport a joué un rôle plus prépondérant dans la conservation d’une identité culturelle pendant la période franquiste. Les actions majeures de revendications de culture se sont manifestées à travers le football et les différentes équipes qui constituaient un moyen de propagande et de révolte.

Le nationalisme Catalan aspire donc à restaurer la culture catalane longtemps étouffée par les mesures répressives du régime franquiste pour favoriser sa disparition. Les catalans estiment que le sous-développement de l’Espagne contraste avec le rayonnement économique de leur région. Sur le plan politique le constat est le même, la non implication des catalans dans le processus décisionnel de l’Etat, et le faible poids international de l’Espagne sont entre autres des raisons qui motivent le désir d’indépendance de la région Catalane.

LE FC BARCELONE, SON IDENTIFICATION INTRINSEQUE A LA CULTURE CATALANE ET SON ROLE DANS LES REVENDICATIONS DE LA CATALOGNE PENDANT LA DICTATURE FRANQUISTE :

Le contexte du sport sous franco mérite aussi d’être dépeint et nous allons le faire en quelques lignes afin de permettre une claire compréhension du lien entre le FC Barcelone et la Catalogne.

Après la deuxième guerre mondiale, l’Espagne bien que n’y ayant pas pris part est considérée comme l’un des derniers représentants du fascisme en Europe. Cette allusion au fascisme est en partie due à la relation qu’entretenait Franco avec les régimes allemands et italiens. De ce fait, l’Espagne avait une mauvaise image et était boycottée sur le plan international. Le sport était donc pour le régime Franquiste un moyen de communication et de propagande à l’extérieur de l’Espagne pour restaurer une image ternie qui rendait difficile l’affirmation de la nation sur le plan international.

La politisation du sport et du football passe à l’époque par la nomination a des postes culturels ou sportifs, de partisans du régime en place et très souvent d’ancien membres des Phalanges (les Phalanges était un parti politique fondé en 1933 par José Antonio Primo de Rivera, le fils du dictateur militaire des années vingt. Dans l’idéologie de ce parti on retrouvait de nombreux concepts de l’Italie fasciste : la défense des valeurs chrétiennes contre le danger du marxisme, un état autoritaire capable de créer une société sans classes qui favoriserait les intérêts des ouvriers et l’expression impérialiste aux dépens des races les plus faibles.).

La mission était simple : assurer la distillation des principes du régime dans les divertissements. Sur le territoire national, le régime utilisait le sport en général et le football en particulier comme une drogue sociale pour véhiculer des messages nationalistes et assurer la passivité des masses qui utilisaient le sport comme moyen de s’évader de la dictature franquiste. Sur le plan international, le football par le biais de l’équipe nationale, les clubs principaux de la capitale, le FC Barcelone, l’Athletic Bilbao, l’Atlético Madrid et surtout le Réal Madrid par leurs voyages fréquents et l’accueil en Espagne d’équipes étrangères contribua à la reconstruction d’une image positive de l’Espagne.

Une fois le décor posé de manière brève, nous allons nous pencher sur le cas de L’équipe du FC Barcelone et son implication pour la région catalane.

Pris dans un contexte de phénomène de société, l’équipe de football a une fonction de représentation d’une communauté, qu’elle soit locale, régionale ou nationale. Cela se perçoit dans l’utilisation des maillots, écusson, hymnes et couleurs.

 En incarnant une communauté par la représentation de ses valeurs, l’équipe de football peut créer un processus d’identification, un lien profond entre les supporters, l’équipe et la culture de la communauté.

Nous avons découvert dans nos recherches que l’identification s’entend comme une individualisation par rapport aux autres qui ne partagent pas les mêmes valeurs ou en général les autres communautés.  De ce fait la victoire d’une équipe sur une autre peut être interprétée comme la prédominance d’une communauté sur une autre. On comprend mieux la signification et la portée de certains derby. Il n’est donc pas étonnant de constater que certaines rivalités footballistiques retrouvent leurs origines dans la société où les équipes sont implantées, des rivalités historiques entrée des familles sont transposées sur le terrain de foot pendant 90 minutes. Ceci permet dans le contexte politique prédominant à l’époque Franquiste, pourquoi le football jouait un rôle de vecteur de revendications.

De l’historique de la Catalogne, nous pouvons remarquer que les traits caractéristiques suivant ont été répertoriés : l’amour du passé, le travail bien fait, le bon sens et la victimisation.  Des traits identitaires qui ont été rapidement transposées au FC Barcelone sous la dictature franquiste.

Sous Franco, pour le rappeler, une politique d’acculturation avait été mise en place pour faire disparaître les cultures minoritaires et assurer une nationalisation harmonieuse de l’Espagne. Et l’un des moyens par lequel s’organisait la résistance était le football. Nous imaginons que cela devait aussi être plus simple, le régime utilisant le sport comme moyen de propagande à l’international, il tolérait certainement certains écarts sur le plan national.

Le FC Barcelone a été fondé en 1899 par Haus Gamper premier président et nationaliste catalan assumé. Dès sa création, le club reprend le blason de la ville pour écusson et incorpore le drapeau catalan avec la croix de saint Jordi, un ensemble représentatif de la communauté catalane, pendant un moment où l’utilisation de tels symboles était réprimée par la dictature. Le stade faisait office de place ouverte à la rébellion, où le peuple parlait un langage banni, ouvertement et sans se cacher. En d’autres termes un exutoire de premier ordre. Les politiques catalanes se retrouvaient donc assez souvent sur le stade du FC Barcelone pour s’organiser ou faire des revendications. L’équipe prenait donc une signification importante pour la culture et le peuple catalan.

Dans la même ville une autre équipe de football, le Real club Espagnol, se caractérisait elle par affiliation aux principes du régime en place avec la couronne royale comme représentation symbolique, une équipe constituée sur un recrutement national contrairement à l’équipe du FC Barcelone qui se voulait, elle, cosmopolite par son recrutement en opposition aux principes du régime.

La rivalité entre ces deux équipes dépassait le cadre purement sportif pour être politique par processus d’identification. Le FC Barcelone représentait donc la résistance catalane et le Real club Espagnol représentait le régime dictatorial.

Les liens entre le FC Barcelone, la communauté catalane et la politique se sont renforcés au fil du temps par le biais de nombreux fait historique qui les rapprochaient de plus en plus.  En 1917 par exemple, le FC Barcelone institutionnalise le catalan comme langue officielle de l’équipe. Les affaires courantes se feront maintenant en langue catalane. Le 11 septembre de la même année le club commémore la Dia nacional en rappel de la reddition de la catalogne au royaume espagnol. De fait, les supporters blaugranara scandent à la 17e minutes 14e secondes le chant « ind,inde , independancia » pour rappeler cet évènement et clamer leur désir d’indépendance.  En 1918 le FC Barcelone soutient publiquement la campagne politique en faveur de l’autonomie de la Catalogne menée par la liga régionaliste, on lira le 25 novembre 1918 dans la voz de la catalonya « du statut d’un club de catalogne, le FC Barcelona est devenu le club de la catalogne ».  Le 14 juin 1925 l’hymne national espagnol est huée par le stade barcelonais. S’en suivent des représailles du régime : fermeture du stade pendant six mois et démission forcée de Haus Gamper, renforçant l’identification de victime du pouvoir central, ce qui fortifie le lien émotionnel entre le FC Barcelone et le peuple catalan. En 1933 on peut lire dans le Boletin del FC Barcelona, « le FC Barcelona signifie quelque chose de plus qu’un simple club de football ». Le 6 Aout 1936, Josep Sunyol alors président du club qui associe le club à l’idéologie républicaine catalane est assassiné par les armées franquistes durant un contrôle de routine. (Ce qui rappelle historiquement l’assassinat du président catalan de l’époque Lluis company).

Le FC Barcelone utilisera sa tournée mexicaine de l’époque pour renflouer les caisses mais aussi pour faire écho sur le plan international de la situation de la Catalogne. En 1940 le régime en place intervient pour mettre fin à l’ampleur politique que prend le FC Barcelone dans les affaires catalanes en faisant élire Pinero Enric pour mettre en place une « espagnolisation » de l’institution FC Barcelone. On assiste à une modification des armoiries du club, la senyera est remplacée par le drapeau espagnol et le club change de nom. Le FC Barcelona devient Barcelona club de Futbol. Mais les effets escomptés ne sont pas ceux attendues, au contraire ces actes renforcent le sentiment de dictature et réaffirment le sentiment régionaliste en plus du rôle prépondérant du FC Barcelone dans la promotion de la culture et de l’identité catalane.

Des actions contre le FC Barcelone ont aussi aidé à renforcer le sentiment de persécution du club et indirectement de l’identité catalane, l’idée chez les catalans que les institutions étatiques avaient le désir de mettre tout en place pour assurer la suprématie du club madrilène sur les rivaux catalans. Le Real Madrid est considéré sous la dictature par les catalans comme un instrument franquiste pour redorer l’image espagnole à l’international ; il représente donc pour eux l’Etat oppresseur et les classico de l’époque étaient perçus comme des matchs entre deux nations, espagnole et catalane. On peut rappeler deux cas en l’espèce :

  • Le premier est celui de la coupe d’Espagne de 1943. Le FC Barcelone opposé au Real de Madrid emporte la première manche 3 à 0, mais perd la deuxième manche 11 à 1 suite à des représailles musclées et des menaces à l’endroit des joueurs. Le but de la manœuvre est d’éviter l’interprétation d’une possible victoire de l’équipe du FC Barcelone sur le Real Madrid comme une supériorité idéologique (assertion politique).
  • Le deuxième fait est le recrutement de Di stefano en 1953, le FC Barcelone avait déjà entamé des négociations avancées avec le joueur lorsque le Réal de Madrid s’est immiscé dans les négociations. L’affaire a été portée devant les tribunaux sportifs qui avaient à l’époque donnés un verdict très étrange stipulant que le joueur jouerait une année sur deux pour l’un des deux clubs, le FC Barcelona refusa cette proposition et se retira des négociations. Les années qui suivent confirmerons la puissance du Réal de Madrid et une série de trophées par le bais de ce joueur. Fait qui restera au travers de la gorge du FC Barcelone et spécialement des catalans.

En 1957, le FC Barcelone inaugure le plus grand terrain de football du monde, le Camp Nou, en témoignage de la suprématie catalane et du FC Barcelone sur le Real Madrid et la dictature. En 1968, Narcis de Carreras lors de son discours d’investiture à la présidence du FC Barcelone dit ceci « El Barça es mes qun club » pour dire que le FC Barcelone transcende la dimension sportive pour atteindre la dimension sentimentale, et est un outil d’intégration sociale. Dans la même verve, Antoni Rivora déclara : « le Barça, ce n’est pas seulement un ballon, pas seulement un patrimoine, pas seulement des chiffres et une trésorerie ; mais aussi des émotions et des sentiments… Le Barça représente une nation, la catalogne qui ne jouit pas d’une entière reconnaissance de sa personnalité »

Le rôle politique joué par le football pendant la dictature franquiste est donc non négligeable et ce dans toutes les régions espagnoles ; les équipes comme le FC Barcelone pour les catalans, l’Athletic Bilbao pour les pays basques ont ajouté leurs épingles au jeu des politiques en permettant de mettre en évidence les oppositions au régime. Une remarque anodine mérite quand même d’être rappelée. L’oppression du régime en territoire basque était plus physique qu’intellectuelle, tandis qu’en territoire catalan elle était essentiellement intellectuelle. Ceci a eu des répercussions sur les systèmes de jeu des deux équipes, les basques privilégiant un système de jeu agressif et physique, et les catalans un système de jeu imaginatif et créatif. Une autre preuve du lien existant entre l’équipe du FC Barcelone et la communauté catalane.

Le FC Barcelone : entre envies identitaires et réalités économique et sportive. 

QUI SE CACHE DERRIERE LE CLUB ?  LES PRESIDENTS SE SONT SUCCEDES DEPUIS DES DECENNIES SANS AVOIR LA MEME PLACE DANS LE DEBAT :

Aujourd’hui, pour mieux comprendre quelle place occupe le Football club de Barcelone et quelle influence il s’efforce à avoir sur les scènes politique et économique, il est nécessaire de comprendre qui se cache derrière l’institution du FC Barcelone. Il semble important de constater que le président actuel du club Josep Maria Bartomeu est plus réservé sur la question de l’indépendantisme et sur l’identité catalane que son prédécesseur, Joan Laporta qui fût à la tête du club catalan entre 2003 et 2010. Ce dernier a notamment joué un rôle important en terme de revendications puisqu’il a fait signé à tous les prétendants à la présidence du club en 2015 une charte « Compromis de pais » qui stipulait : « Soutenir les actions en faveur du droit à décider du peuple de Catalogne et à mettre le club du côté de la décision que prendra le peuple catalan dans son exercice libre d’autodétermination (…), à faire du FC Barcelone un agent actif de la promotion de la Catalogne dans le monde, de sa langue et sa culture, du tourisme et du processus de transformation politique que vit le pays.

Laporta avait lui-même une étiquette politique puisqu’il s’est présenté en tête de liste pour les élections régionales de 2010 pour le parti indépendantiste Solidaritat Catalana per la Independència et finira même à la mairie de Barcelone en 2011, en tant que conseiller municipal. La position moins impliquée sur l’autodétermination de son successeur Bartomeu réside probablement dans le fait qu’il n’a pas les mêmes intérêts personnels, qu’ils soient politiques ou économiques. En effet, lorsqu’on sait qu’il est associé et conseiller des sociétés ADELTE Group (ingénierie pour ports et aéroports) et EFS Equipo Facility Services (groupe d’entreprises de services pour la maintenance de terminaux et équipements électromécaniques), on comprend bien que ses intérêts sont plus sensibles à la mondialisation car bien que son siège social soit Barcelonais, la firme a également implanté des bureaux à Madrid et à Miami. Un choc économique et politique, conséquence d’une proclamation d’indépendance desservirait le responsable d’entreprise qu’est Bartomeu. On peut donc comprendre aisément pourquoi il semble moins concerné par l’utilisation du club dont il a les rênes en tant que lobby potentiel auprès des autorités catalanes et espagnoles.

Ces dernières années et surtout ces derniers mois, les actions menées pour l’indépendance catalane au sein du monde du football et du club catalan ont été menées ponctuellement et plutôt indépendamment des dirigeants du club. Le président et le club se contentent du minimum, de quelques communiqués et actions ces dernières semaines face à l’accentuation du mouvement indépendantiste comme pour éviter de subir des critiques de la part des supporters du club, « les socios » qui sont aussi actionnaires du club et  électeurs de Bartomeu au poste de président quelques années auparavant. Cela a d’ailleurs été mis en exergue par l’ancien président Joan Laporta qui via ses déclarations a reproché un manque d’investissement de la nouvelle direction concernant l’identité catalane. En parallèle, il est important de souligner que deux des dirigeants du club ont démissionné le jour du référendum interdit en catalogne prétextant que le maintien du match entre le FB Barcelone et Las Palmas ce jour-là était inacceptable. La direction avait seulement décidé de disputer le match à huit clos, ce qui témoigne bien de l’envie de Bartomeu de ne s’attirer la colère d’aucun parti en pratiquant une politique à moitié engagée seulement lorsque l’on sait que les socios réclamaient plutôt que le match ne soit pas joué ce jour-là.

DES ACTIONS MOINS FORMELLES MENEES PAR DES PERSONNALITES DU CLUB OU DES SUPPORTERS :

Des actions en marge venues des spectateurs catalans sont à mettre tout de même en évidence comme par exemple le retentissement d’un chant pro-indépendantiste à la 17e minute et 14e secondes de chaque match de football au Camp Nou pour faire écho au siège historique de Barcelone en 1714 lors de la guerre de succession d’Espagne. De grandes figures catalanes ont également pris position dans le débat politique, c’est le cas notamment de Gerard Piqué qui en a subi les conséquences lors d’un entraînement près de Madrid avec la sélection nationale espagnole, où les supporters l’ont copieusement sifflé.

LES DIRIGEANTS DOIVENT FAIRE FACE A UNE NOUVELLE REALITE : UN MONDE MONDIALISE QUI MET SOUS PRESSION LA DIRECTION ET DERANGE TOUTE ENVIE INDEPENDANTISTE

UN OUTIL DE LOBBYING : LES DROITS TELEVISUELS

Outre les intérêts personnels que pourrait avoir à défendre Bartomeu dans l’exercice de ses fonctions au club, on peut se demander pourquoi les dirigeants du club sont plus nuancés sur l’autodétermination catalane. Effectivement, il paraît incontestable de parler de la position du club sur la scène internationale, autant d’un aspect économique que vis à vis de sa notoriété sportive qui en découle. Aujourd’hui, le club sait qu’il risque de faire face à des revenus diminués si, via l’indépendance de la catalogne, il est possible qu’il soit obligé de s’exiler dans un championnat étranger. En effet, le club bénéficie d’une part des droits télévisuels vertigineux pour sa participation au championnat espagnol. En 2016, il touchait à hauteur de 140 millions d’euros en droits tv le plaçant en tête des revenus issus de ces droits tv à égalité avec son éternel rival, Le Real Madrid. Pour information, l’Atletico Madrid qui vient compléter le podium en a perçu tout juste la moitié, ce qui prouve la puissance économique du club en Espagne.

Au regard des données traitant des droits télévisuels par championnat et par pays, on peut observer que les championnats (français et italien), qui pourraient accueillir le FC Barcelone offriraient des perspectives financières moindres que celles que la Ligue espagnole peut leur rapporter en termes de droits télévisuels actuellement. C’est donc ici qu’on peut voir que le club du FC Barcelone est contraint économiquement à ne pas envisager une délocalisation dans un autre championnat.

De plus, si indépendance il devait y avoir, le club du FC Barcelone serait écarté de la ligue espagnole, c’est Javier Tebas, le président de la ligue espagnole en personne, qui le déclare. On ressent ainsi un léger souffle d’incertitude dans les médias. En effet, Javier Tebas a affirmé que l’appel d’offre pour la commercialisation des droits télévisuels pour la période 2018-2021 a été suspendu en attendant que la situation politique qui pèse la catalogne, soit clarifiée. On peut imaginer difficilement qu’un diffuseur soit prêt à répondre généreusement à l’appel d’offre si des actions comme la réalisation de matchs à huit clos est répétée car on sait l’importance que peut avoir la présence des supporters dans un stade et le rendu télévisuel que cela peut générer en termes d’ambiance de match et donc d’audience. Les audiences en seraient encore plus touchées si le club catalan était amené à devoir quitter le championnat espagnol.

Cette puissance est comme stimulée par cette rivalité avec le club castillan du Real Madrid qui pour des raisons historiques et marketing fait office de locomotive pour le championnat de football espagnol. Si le club quitte le championnat, il sera alors moins fréquent de pouvoir assister à ce derby, à part peut-être lors des compétitions européennes mais la possibilité semble plus rare et donc une grande partie de sa notoriété pourrait être mise en danger.

LE FC BARCELONE : AUJOURD’HUI, UN CLUB EUROPÉEN PLUS QU’UN CLUB CATALAN :

Aussi, il est important de noter que la popularité du club est aujourd’hui mondiale : selon l‘Equipe Magazine, en août dernier lors de certains matchs, les tribunes étaient remplies à 80% de touristes. Cela amène donc à relativiser la marge d’action que peut avoir le club dans ses envies d’affirmations identitaires car aujourd’hui, on le voit plus comme un grand club européen que comme la capitale catalane. Ici, on semble voir apparaître un conflit entre les envies et revendications politiques que peut avoir le club et les impératifs économiques d’un grand club européen qui a une image de marque à tenir et des performances sportives à garantir pour garder sa crédibilité dans la sphère footballistique.

Mais on peut se demander si le club ne peut pas user de cette notoriété sur la scène espagnole pour faire du lobbying en faveur d’une indépendance. Par exemple en négociant une possibilité de jouer dans le championnat espagnol malgré une possible indépendance catalane, et ce sous certaines conditions qui pourraient être rentables économiquement pour le club tant il apparaît comme l’une des têtes d’affiche du championnat espagnol. Cette position de force est tout à fait envisageable lorsqu’on sait que de nombreux championnats seraient certainement prêts à accueillir un ogre du football européen dans son championnat. Les ligues de football française et italienne se seraient d’ailleurs déjà éventuellement positionnées comme terre d’accueil en cas d’impossibilité pour le club de continuer dans la ligue espagnole. Vous l’aurez bien compris, plus la situation instable persiste, plus la Ligue espagnole va se confronter à une difficulté de taille : la fuite des diffuseurs qui vont s’orienter vers d’autres championnats plus sûrs comme par exemple le championnat italien qui pourrait en tirer les bénéfices. Ainsi, c’est le FC Barcelone se retrouve au cœur du débat lorsqu’il s’agit pour la ligue espagnole d’établir sa stratégie pour les années à venir en termes de ressources financières apportées par les diffuseurs. Le FC Barcelone ne pourrait-il pas user de cette position pour influer sur les décisions des autorités espagnoles ?

D’AUTRES CLUBS SE SONT VUS POLITISES CES DERNIERES ANNEES : LE FC BARCECLONE N’EST PAS UN CAS ISOLE :

L’utilisation d’un club comme le FC Barcelone n’est pas un phénomène marginal, d’autres clubs ont été exploités à des fins politiques. C’est le cas du Milan AC par exemple. Effectivement, on peut se rendre compte que le club était intimement lié au climat politique instauré par Berlusconi en Italie lorsqu’il était à la tête du club. Via les nombreux succès du club lombard sur la scène italienne, également avec de nombreuses épopées européennes, Berlusconi a pu utiliser le bilan économique et sportif de son club pour justifier ses compétences en affaires. De plus, lors de sa présidence, il détenait le groupe Mediaset et ses grandes chaînes privées pour parfaire son influence en Italie. On peut d’ailleurs noter que les résultats économiques et sportifs ont été souvent corrélés à la popularité et à l’influence de l’homme politique italien.

Dans un autre registre, le Qatar a également usé du Paris-Saint-Germain entre-autres pour exister sur la scène politique internationale. On l’a notamment vu l’été dernier avec l’arrivée de la star du football mondial Neymar pour un montant de 222 millions d’euros, soit le transfert le plus cher de l’histoire. A travers le PSG, le Qatar semble vouloir soigner son image.

On peut ainsi voir que le FC Barcelone n’est pas le seul club politisé même s’il est vrai que l’influence tirée du club catalan a des origines plus historiques que dans les deux exemples précédents. Dans ce flou politique actuel avec une indépendance qui n’est pas reconnue par le pouvoir espagnol, il est difficile d’imaginer quel va être l’avenir économique et culturel du club…

Par Kevin Kowu et Cyril Relion, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Webographie :

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http://www.lemonde.fr/

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http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20171003.OBS5472/catalogne-le-barca-tiraille-entre-son-histoire-et-ses-interets.html

http://www.boursorama.com/actualites/bartomeu-en-marche-forcee-vers-l-independance-79702033c0603ca70f917c55f6347872

http://sport24.lefigaro.fr/le-scan-sport/2017/09/29/27001-20170929ARTFIG00164-le-referendum-catalan-un-scrutin-qui-divise-le-sport.php

http://www.journaldemontreal.com/2017/09/28/le-barca-plus-quune-equipe-de-soccer

http://www.lefigaro.fr/international/2017/09/27/01003-20170927ARTFIG00288-le-barca-champion-de-l-independance-catalane.php

http://www.francetvinfo.fr/monde/espagne/referendum-en-catalogne/referendum-en-catalogne-le-barca-condamne-l-entrave-au-droit-a-decider_2381529.html

http://www.barcelonafootballblog.com/22999/mes-club-slogan-aka-multinational-corps-politics/

https://fusion.net/story/74993/barcelona-is-no-longer-mes-que-un-club/

https://www.youtube.com/watch?v=zUUutV2FTc8

http://www.ladepeche.fr/article/2017/08/09/2625051-catalogne-est-vrai-moteur-economique-espagne.html

http://www.leparisien.fr/international/espagne-comprendre-la-catalogne-en-9-chiffres-27-09-2015-5132147.php

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/la-crise-en-catalogne-c-est-l-echec-absolu-de-la-transition-democratique-en-espagne-597446.html

http://www.irsv.org/index.php?option=com_content&view=article&id=134%3Ale-sport-dans-lespagne-franquiste&catid=64%3Anumero-6-sport-et-totalitarisme&lang=en

http://www.sudouest.fr/2017/10/01/referendum-en-catalogne-la-longue-histoire-d-un-vieux-reve-d-independance-3818929-6109.php

https://www.academia.edu/13915203/Visca_el_Bar%C3%A7a_Visca_Catalunya_La_catalanit%C3%A9_du_Football_Club_Barcelona_%C3%A0_lheure_de_lind%C3%A9pendantisme_catalan

Bibliographie

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  • Mignot, Bruno : Mémento de stratégie d’influence à usage du dirigeant d’entreprise, L’HARMATTAN, 2015

Cultiaux, Yolaine , La diversité culturelle vue de la catalogne. « Hermès, La Revue

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