social Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Tue, 20 Mar 2018 13:37:42 +0000 fr-FR hourly 1 La mesure du bonheur en économie : simple recette ou plus que ça ? https://master-iesc-angers.com/la-mesure-du-bonheur-en-economie-simple-recette-ou-plus-que-ca/ Tue, 20 Mar 2018 13:37:42 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=2743 Lorsqu’en 1974, Richard Easterlin publie « Does Economic Growth Improves the Human Lot? », il est un des premiers économistes à remettre en cause le paradigme selon lequel la croissance du PIB d’une nation est, sinon la garantie de l’évolution du bonheur… Continuer la lecture

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Lorsqu’en 1974, Richard Easterlin publie « Does Economic Growth Improves the Human Lot? », il est un des premiers économistes à remettre en cause le paradigme selon lequel la croissance du PIB d’une nation est, sinon la garantie de l’évolution du bonheur humain, au moins sa composante principale. Cet article introduit ce qui sera appelé le « paradoxe d’Easterlin » ; le fait qu’au sein d’une nation, on distingue que ce sont constamment les individus dont le revenu est le plus élevé qui se déclarent comme étant les plus heureux, mais qu’au niveau international les comparaisons entre les pays donnent des niveaux de bonheur qui sont sensiblement les mêmes malgré de très fortes différences de revenus.

Il remarque aussi que cette relation est stable dans le temps : malgré la forte croissance économique des Etats-Unis, le niveau de bonheur déclaré par les Américains n’a pas évolué dans le temps et la part de la population se déclarant « très heureuse » est restée à un niveau fixe.

Pour développer et démontrer cette théorie, Easterlin doit s’appuyer sur les données existantes de l’époque et si, grâce aux travaux novateurs de Hadley Cantril, il parvient à effectuer des comparaisons internationales statiques car il dispose de résultats d’enquêtes standardisés, son raisonnement dynamique est beaucoup plus dur à appuyer : les séries temporelles, lorsqu’elles existent, ne sont disponibles que sur un horizon très court et comportent des biais méthodologiques. La réflexion amorcée par Easterlin se heurte alors à un mur : les données nécessaires aux raisonnements relatifs au bonheur n’existant que de manière limitée, établir un réel raisonnement scientifique sur le sujet devient une tâche ardue.

Aujourd’hui, ces problèmes rencontrés à la naissance de la réflexion scientifique sur le bonheur n’existent plus : de nombreuses institutions comme l’Organisation Gallup, le World Value Survey ou encore l’European Social Survey permettent de rassembler chaque année les données de plus de 400 000 participants dans plus de 100 pays différents représentant près de 90% de la population mondiale ce qui a permis l’émergence d’une littérature scientifique conséquente sur les questions relatives au bonheur.

Cette littérature scientifique suscite un intérêt grandissant chez les populations et les décideurs politiques : avec le ralentissement des économies des Pays Développés ces deux dernières décennies et la contestation grandissante de l’utilisation du taux de croissance du PIB comme outil de mesure de la performance des sociétés, il devient nécessaire de faire émerger des alternatives dans la manière de concevoir l’avenir, et mettre le bonheur au centre des préoccupations des institutions publiques et privées pourrait être une des solutions permettant aux pays de se développer dans le respect des individus et de l’environnement.

Nous nous intéresserons alors à la mesure du bonheur. Comment mesure-t-on le bonheur ? Nous verrons dans une première partie comment les enquêtes réalisées au sujet du bonheur nous permettent de mieux comprendre les déterminants du bonheur et comment ces facteurs se traduisent au niveau mondial avec l’exemple des pays du Nord de l’Europe et de l’Amérique Latine.

I – Les déterminants du bonheur

Si la réflexion sur le bonheur n’est pas une réflexion nouvelle (Aristote s’était déjà emparé de la question en son temps), elle bénéficie aujourd’hui d’un traitement nouveau grâce aux données d’enquêtes effectuées dans le monde entier. Une des enquêtes majeures servant à la réflexion sur le bonheur est le Gallup World Poll mené par l’Organisation Gallup dans « plus de 160 pays et incluant 99% de la population adulte mondiale ». (Voir gallup.com)

Chaque année depuis 2012, sous la supervision des Nations Unies, le Gallup Word Poll fait l’objet d’un décryptage publié sous le nom de World Happiness Report visant à identifier, comprendre et mesurer les différentes composantes du bonheur ainsi qu’à établir des comparaisons internationales à partir des données auto-rapportées par les individus sondés.

Ce World Happiness Report identifie le bonheur comme étant le résultat de l’interaction entre différents facteurs : un patrimoine génétique et une personnalité qui trouvent résonance en des facteurs « externes » (le revenu ou la société) et des facteurs « internes » (l’âge, l’éducation ou la vie familiale). Il est important de noter que si cette manière d’interpréter le bonheur est largement acceptée, elle n’est en revanche pas universellement reconnue : certains chercheurs comme Daniel Kahneman remettent en cause depuis récemment à la fois la pertinence des enquêtes par l’auto-évaluation du bonheur et celles des facteurs impliqués par celles-ci -l’analyse des déterminants du bonheur possède un aspect normatif qu’il convient de conserver à l’esprit.

1. Les facteurs monétaires

Le premier facteur identifié comme ayant une influence sur le bonheur et celui qui semble le plus évident à première vue est le revenu. Un revenu élevé est un moyen sûr de parvenir à la satisfaction de besoins élémentaires comme la nourriture, l’habillement ou le logement, mais permet également de profiter de plus de biens matériels, une abondance très souvent associée dans nos sociétés à un bonheur accru.

Pourtant, comme il est indiqué dans l’introduction, cette conception est mise à mal dès 1974 par Richard Easterlin qui interprète le fait que la croissance économique n’ait pas apporté plus de bonheur aux Etats-Unis par deux mécanismes :

  • Le premier à l’œuvre est le rôle des comparaisons qu’effectuent les individus les uns entre les autres qui résultent en un raisonnement en terme de revenu relatif plutôt qu’absolu : les individus se réfèrent au cadre dans lequel ils évoluent et il importe de vivre aussi bien ou mieux que son voisin ; cela explique pourquoi ce sont les individus les plus aisés qui se déclarent comme étant les plus heureux au sein de la société et implique qu’une augmentation du revenu dans la même proportion chez tous les membres d’une société n’entrainerait pas de hausse majeure du bonheur de cette société.
  • Le second mécanisme qu’Easterlin suggère est le fait que lorsque le revenu d’un individu évolue, les aspirations de celui-ci évoluent également. Pour appuyer cette théorie, il compare les réponses d’Indiens et d’Américains sur leurs manières de concevoir une « vie agréable » et observe un fossé important : là où le travailleur Indien qualifié se satisferait d’une bicyclette, d’une radio et de pouvoir offrir une éducation à ses enfants, le travailleur Américain qualifié voudrait posséder son propre logement, s’offrir une nouvelle voiture et pouvoir partir en vacances. Easterlin interprète ce mécanisme comme étant le résultat d’un phénomène d’adaptation des individus au confort matériel combiné à une incapacité de ces individus à prendre conscience de ce phénomène, menant à vouloir accumuler toujours plus de biens afin de maintenir un niveau de satisfaction stable.

Si les hypothèses d’Easterlin ont été validées par la suite, il apparait tout de même que la relation entre le bonheur et le revenu est plus compliquée qu’il n’y parait et elle agirait en fait en deux temps :

  • Dans les pays déjà riches et industrialisés, le paradoxe d’Easterlin se confirme et une croissance du PIB ne se traduit pas nécessairement par une hausse du bonheur de la population.
  • En revanche, dans les pays pauvres et les pays en voie de développement, une hausse du revenu est corrélée positivement à une hausse du bonheur.

La présence d’un effet de seuil sur la relation entre le revenu et le bonheur pourrait alors expliquer pourquoi sur la période de 2013 à 2015, les pays qui connaissent la plus forte hausse de bonheur sont des pays en voie de développement avec une forte croissance économique (comme le Nicaragua avec un taux de croissance de 4.5%, le Sierra Leone avec un taux de croissance de 5.5% ou encore l’Equateur avec un taux de croissance de 4.6% selon les données de la Banque Mondiale) mais que des pays comme la Suisse ou la Suède, parmi les plus heureux et les plus riches au monde et malgré une certaine croissance économique voient leurs niveaux de bonheur stagner. Ce phénomène n’aurait pas été initialement identifié par Easterlin car les données disponibles à l’époque ne concernaient que les Etats-Unis qui avaient déjà dépassés ce seuil où la croissance économique entraine une hausse du bonheur.

2. Les facteurs sociaux

Aristote qualifiait l’Homme « d’animal social » et pour comprendre le bonheur humain, il est nécessaire d’y inclure sa dimension sociale que l’on qualifiera ici de « capital social ».

Le capital social est défini par Pierre Bourdieu comme « l’ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées d’interconnaissance et d’inter-reconnaissance ».

Dans le World Happiness Report, ce capital social est assimilé à trois composantes agrégées que sont la confiance, la liberté et l’égalité présentes au sein de la société.

La confiance, abordée chez les sondés sous la question «de manière générale, pensez-vous que l’on peut faire confiance à la majorité des gens, ou à l’inverse, on ne peut jamais être trop prudent lorsqu’on a affaire à des inconnus ? » donne des résultats corrélés à l’estimation du bonheur des individus. Avoir confiance en son voisinage, en les forces de l’ordre, en les dirigeants du pays et de manière générale en les membres de la société permet d’adopter des comportement proactifs et vertueux au sein de la société comme le bénévolat ou le civisme, avecplus d’échanges sociaux au sein de la société associés à un bonheur plus élevé.

A l’inverse, un climat de méfiance mène à un repli sur soi ou une peur d’être utilisé par l’autre qui mène à la perte de lien social et à dégradation du bonheur ressenti par les individus.

Un important sentiment de liberté perçu par les individus est aussi corrélé positivement au bonheur déclaré par les individus. Ce sentiment de liberté peut être le reflet d’un système politique comme la démocratie où les individus ont la possibilité d’exprimer leurs avis et de faire des choix par eux-mêmes par le biais du vote. Mais dans un sens plus général, la liberté signifie que les individus peuvent mener la vie qu’ils veulent mener sans sentir la contrainte des institutions et de la société peser sur eux. Dans plusieurs travaux scientifiques, cette liberté est associée au degré de stigmatisation que certaines populations dites « marginales » (comme les homosexuels, les immigrés ou encore les personnes souffrant d’addictions) subissent au sein de la société ; les sociétés les plus « libres » stigmatisant moins ces groupes.

Enfin, le sentiment d’égalité présent au sein de la société influence le bonheur également par deux mécanismes :

  • Le premier l’est par une redistribution égalitaire du revenu au sein de la société : Pour une hausse du revenu à montant égal, un individu avec un revenu relativement bas va connaitre une plus forte hausse de son bonheur qu’un individu avec un revenu relativement élevé. Un système de redistribution des revenus efficace entre les individus les plus riches et les moins riches au sein de la société permettrait alors de maximiser le bonheur imputé au revenu au sein de la société.
  • Le second mécanisme provient de la nature des inégalités présentes au sein de la société. Si dans une société capitaliste les inégalités de revenus seront toujours présentes (et peuvent même servir de motivation cf. l’Ethique protestante), elles peuvent être en revanche perçues comme étant plus ou moins justes : des inégalités perçues comme injustes car elles sont le fruit de la corruption ou de l’Establishment peuvent venir dégrader le climat social, et de ce fait dégrader le bonheur.

3. Le rôle de l’éducation

Enfin, un des facteurs permettant d’expliquer le bonheur est le rôle de l’éducation. Là encore on retrouve deux mécanismes à l’œuvre pour expliquer cette relation :

  • Le premier est lié à l’explication d’Easterlin concernant le revenu relatif : ce sont les individus avec les revenus les plus élevés qui sont les plus heureux au sein de la société. Un des moyens d’obtenir un revenu élevé passe par l’éducation, en particulier l’enseignement supérieur et l’obtention de diplômes. Les personnes les plus éduquées se déclarent alors les plus heureuses car elles profitent de l’effet positif de leur revenu relatif élevé. Cet effet est tout de même à nuancer car il évolue toujours dans un cadre relatif : si tous les individus d’une société poursuivent des études supérieures, il n’existe plus de gains relatifs. On peut même imaginer un effet pervers sur le bonheur si les diplômes ne donnent plus les gains de revenus qu’ils permettaient autrefois.
  • Le second provient d’une explication plus psychologique avec une approche par « l’état de flux ». Le rôle des études supérieures et des diplômes est de permettre d’accéder à des emplois considérés comme étant plus mentalement stimulants, plus diversifiés, possédant une dimension créative ou artistique et confrontant plus souvent à de nouvelles expériences. Ce sont ces nouvelles expériences qui permettent à un individu d’en tirer des enseignements et de les intégrer, lui permettant alors de mieux comprendre le monde dans lequel il évolue et de refléter cette meilleure compréhension dans l’attitude qu’il adopte, menant à des niveaux de bonheur rapporté plus élevés. Ces métiers peuvent également comporter une dimension sociale plus importante avec plus d’interactions et de communications entre les individus, avec un sentiment d’appartenance à un groupe social plus affirmé que dans des emplois moins qualifiés.

Comment se traduisent ces déterminants du bonheur au niveau international ? Est-ce que cette interprétation est cohérente avec ce que l’on peut observer dans les différents pays ?  Pour voir ceci, nous allons nous intéresser à deux zones géographiques dont la relation au bonheur est particulière pour voir quels enseignements nous pouvons en tirer.

II – La traduction des déterminants du bonheur au contexte international

Un des phénomènes à noter lorsque l’on analyse la répartition du bonheur au niveau mondial est la relation entre le PIB par habitant et le niveau de bonheur relevé dans le pays.

Cette répartition du bonheur fait émerger deux phénomènes qu’il est intéressant de noter.

  • Dans les pays d’Europe du Nord

Le premier provient des pays qui sont identifiés comme étant les plus heureux au monde. Sur les cinq pays en haut du classement des pays déclarant être les plusheureux, quatre se trouvent en Europe du Nord : Il s’agit de la Norvège (première place), du Danemark (deuxième place), de l’Islande (troisième place) et de la Finlande (cinquième place).

Si ces pays sont aussi parmi ceux qui ont des PIB par habitant parmi les plus élevés au monde, mettre en lien ces niveaux de bonheur avec le « capital social » est pertinent. Ces pays Nordiques sont reconnus pour leur culture du compromis et le climat de confiance qui y règne. On peut notamment penser au cas du Danemark et son marché de l’emploi où l’Etat a décidé de déléguer son rôle de régulation aux entreprises : la législation sur le marché du travail y est très faible, il n’existe pas de convention collective ni de salaire minimum ; celui-ci est le fruit d’une négociation entre l’employeur et l’employé. Les licenciements sont facilités pour permettre la flexibilité des entreprises, mais cela n’est pas fait aux dépends des travailleurs : grâce à la fiscalité mise en place dans le pays, ils profitent d’un système de « flexisécurité » qui permet d’être fortement et longuement indemnisé durant la période de chômage, donnant l’occasion aux chômeurs de se former dans de nouveaux domaines. Ces formations sont en partie assurées par l’Etat par le biais de programmes au sein des Universités mais aussi par des partenariats avec les entreprises, témoignage de la capacité à communiquer et à coopérer au sein de la société danoise.

Cela se traduit aussi par un état bon état de la démocratie dans ces pays. Encore une fois au Danemark, on retrouve des taux de syndicalisation élevés résultants en des syndicats puissants, mais cela est plus la traduction de la volonté des travailleurs de peser dans les décisions permises par le dialogue entre syndicats et patronats que le résultat d’une défiance entre ces deux groupes. Cela peut être interprété comme la volonté qu’ont les individus à se saisir des questions qui les concernent pour exprimer leurs opinions et adopter une démarche proactive. On peut également relever que dans ces pays Nordiques, le mariage homosexuel est légalisé ou en cours de légalisation comme c’est le cas en Finlande et peut être interprété comme le marqueur de sociétés dans lesquelles les libertés individuelles sont valorisées et sont sources de bonheur.

Enfin, ces pays placent une grande importance dans l’éducation ; les pays de l’Europe sont parmi ceux qui investissent la plus grande part de leur PIB dans ce domaine. Mais l’approche employée dans la manière dont est dispensée cette éducation est aussi originale puisqu’on parle d’éducation « holistique » comme en Finlande où le but est de fournir des connaissances théoriques dans des domaines conventionnels comme les mathématiques ou les langues, mais aussi de chercher à cultiver les intérêts personnels des élèves : une emphase est alors placée sur les sports, la lecture, la musique …

Tout laisse alors penser que ces sociétés Nordiques possèdent un climat favorable pour permettre l’émergence d’un bonheur durable au sein de leurs populations.

  • Dans les pays d’Amérique Latine

Pourtant, si l’on continue à s’intéresser à la distribution du bonheur au niveau mondial, on peut observer un second phénomène qui est la forte présence des pays d’Amérique Latine dans le haut du classement des pays les plus heureux. Ce sont également ces pays qui montrent la plus forte progression de ce bonheur ces dernières années.

Un des facteurs vus précédemment pouvant l’expliquer est la croissance économique que connaissent actuellement ces pays. Si cela semble probable, il est évident que ce facteur n’est pas exclusif : les pays d’Amérique Latine ont pour certains traversé de graves crises économiques et ont pourtant toujours affiché sur ces dernières décennies des niveaux de bonheur supérieurs à ce que leurs croissances économiques et leur niveau de richesse pouvaient prédire.

L’explication par un système éducatif performant n’est pas crédible. Les systèmes éducatifs en place dans ces pays n’ont rien à voir avec les systèmes éducatifs en place dans les pays développés et la majorité des pays d’Amérique Latine n’ont toujours pas réussi à relever le défi de l’accès à l’école pour l’ensemble de leur population.

En revanche, les habitants de ces pays placent une grande importance dans la « capital social » au point que son impact sur le bonheur serait plus important que le revenu. Pourtant, si l’on cherche à rapprocher cette importance du « capital social » à la manière dont s’organisent les sociétés dans ces pays comme nous l’avons vu dans les pays d’Europe du Nord, la démonstration ne fonctionne pas : pour la question de la confiance par exemple, les pays d’Amérique Latine jugent qu’il vaut mieux rester « prudent lorsqu’on a à faire à des inconnus ». Il existe également un haut niveau de corruption perçu dans ces pays, et un fort niveau d’inégalités de revenus au sein de la population.

Comment peut-on alors expliquer ces hauts niveaux de bonheur qui sont pourtant constatés ? Dans un article de 2004 de Daniel Kahneman, Alan B. Krueger, David Schkade, Norbert Schwarz et Arthur Stone, l’analyse des facteurs du bonheur comme expliquée dans la partie précédente de ce document est remise en question car elle mène à des situation où on ne parvient pas expliquer les différences de bonheur entre deux pays qui sont a priori similaires, ou à expliquer pourquoi différents pays affichent des niveaux de bonheur équivalents alors que les facteurs expliquant ce bonheur sont opposés. Pour les auteurs de l’article, ce problème provient de la méthodologie employée pour les enquêtes sur le bonheur et estiment que demander aux individus d’identifier les facteurs qui influencent leur bonheur ne peut pas fonctionner car ils n’en sont pas capables. Ces enquêtes demandent aux individus de réfléchir rétrospectivement à ce qu’ils identifient comme étant important à leur bonheur, mais cette dimension temporelle fait qu’en se remémorant des épisodes heureux ou malheureux afin de pouvoir répondre aux questions, la vision qu’ils ont de ce qui a compté dans ces épisodes est déformée et la réponse apportée est une vision tronquée ou caricaturale de ce qui a vraiment été important pour que ces moments heureux et malheureux apparaissent.

Pour les auteurs de l’article, ce qui influence vraiment le bonheur des individus est le temps que ces individus allouent à des activités agréables, qui provoquent des émotions positives. Les auteurs se sont alors employés à interroger un échantillon donné à différents moments de la journée afin de recueillir le ressenti associé aux activités dans lesquelles les individus étaient engagés à l’instant. Grâce à ces mesures, ils ont pu identifier les activités les plus agréables et leurs effets en termes de ressenti positifs, ainsi que de retracer le « contenu émotionnel » d’une journée.

Parmi ces activités les plus gratifiantes, on retrouve :

  • Les relations intimes.
  • Les moments de socialisation après le travail.
  • Le dîner.
  • Les moments de détente.
  • Le déjeuner.

Selon le volume horaire qu’alloue un individu à ces activités, il sera plus enclin à se déclarer heureux. Il s’agit de la même chose pour la manière dont l’individu décide de vivre ces expériences : partager sa pause déjeuner avec des collègues peut la rendre plus agréable que de la passer seul par exemple. Il apparait aussi que ce sont des activités avec un caractère social qui sont les activités les plus bénéfiques pour le bonheur.

Si on rapproche cette théorie aux niveaux de bonheur relevés en Amérique Latine, on peut alors formuler l’hypothèse que si ces pays se déclarent particulièrement heureux, c’est à la fois parce qu’ils valorisent le lien social ce qui leur permet de rendre les activités quotidiennes plus agréables et également parce que les habitants de ces pays accordent plus de temps à ces activités génératrices d’émotions positives.

Cette hypothèse est renforcée par le fait que depuis 2008, dans certains pays, le Gallup World Poll substitue la question de savoir si les individus sont heureux à la mesure des émotions positives ou du temps passé à rire, à sourire … Il se trouve que ces émotions positives sont fortement corrélées à un niveau de bonheur élevé, et que les habitants des pays d’Amérique Latine rapportent des fréquences plus élevées de ces émotions positives.

A la vue de ces deux phénomènes, il semblerait alors que certains pays possèdent des prédispositions à être heureux. Dans les pays d’Europe du Nord, le climat institutionnel permet de créer un dialogue social qui permet de faire prévaloir l’intérêt collectif sur l’intérêt personnel et mène à une plus grande satisfaction, un plus grand bonheur. Dans d’autres pays comme ceux d’Amérique Latine, le bonheur semble trouver ses racines dans la manière dont les individus conçoivent leur existence : en valorisant les relations sociales, le « capital social », ils sont capables de transformer les activités de la vie quotidienne en moments positifs et donc d’être heureux malgré des institutions corrompues, une omniprésence de la violence ou une société globalement inégalitaire.

Conclusion

La question du bonheur est une question difficile qui nécessite de prendre en compte à la fois la complexité de nos raisonnements et d’une multitude d’évènements et de conditions. De ce fait, une réponse universelle sur les manières de concevoir le bonheur n’existe pas, chaque individu ayant une échelle de valeur qui lui est propre.

La mise en place d’enquêtes où le bonheur est auto-reporté témoigne de la compréhension de cette complexité par les personnes chargées de relever ces données sur le bonheur, et ces enquêtes font elle-même l’objet d’importantes recherches quant à la manière dont elles sont élaborées : est-ce que l’ordre dans lequel les questions sont posées aux individus vont influencer leurs réponses ? Est-ce que des mots qui semblent avoir la même signification sont interprétés de la même manière ? Est-ce que le mot « bonheur » possède la même portée dans toutes les langues ?

Ces enquêtes peuvent donner par exemple l’impression que le bonheur n’est que le résultat de la combinaison de différents ingrédients que sont le revenu, la santé, les relations sociales ou les libertés. Mais ce sont aussi les résultats de ces enquêtes qui ont permis d’identifier les relation complexes qui existent entre le bonheur et ce qui est identifié comment étant ses composantes. Ce sont ces mêmes enquêtes qui remettent en cause leur propre validité lorsqu’elles échouent à expliquer les phénomènes qu’elles parviennent pourtant à observer. C’est là que réside un des premiers intérêts de la mesure du bonheur : vouloir mesurer le bonheur, c’est dans un premier temps s’interroger sur les causes de celui-ci, mais c’est aussi la possibilité de remettre en question ce que l’on pensait savoir. Avant qu’Easterlin découvre le paradoxe qui porte son nom, il était communément admis qu’une plus grande progression du revenu se traduisait par un plus grand bonheur. Aujourd’hui, alors que ce paradoxe est généralement accepté, de récentes recherches viennent le remettre en question en suggérant des liens plus complexes entre croissance économique et bonheur.

Par Benoit Fournier, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Bibliographie

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L’entrepreneuriat en France : véritable remède à la crise ? https://master-iesc-angers.com/lentrepreneuriat-en-france-veritable-remede-a-la-crise/ Mon, 14 Mar 2016 07:04:32 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=1297 La France va mal ! Elle a du mal, actuellement, à retrouver la confiance, comme en attestent différents sondages et certains chiffres clefs. En effet, le nombre de créations d’entreprises en est un bon exemple. Celui-ci a baissé de 5 %… Continuer la lecture

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La France va mal ! Elle a du mal, actuellement, à retrouver la confiance, comme en attestent différents sondages et certains chiffres clefs. En effet, le nombre de créations d’entreprises en est un bon exemple. Celui-ci a baissé de 5 % entre 2014 et 2015. 2014 était une très bonne année en termes de créations d’entreprises avec un chiffre de 550 700. C’est 25 000 de plus que l’année suivante, en 2015 (525 100). Malgré cette forte chute en 2015, les derniers sondages montrent que les Français n’ont jamais eu autant envie d’entreprendre. Plus précisément, 37% des Français envisagent, un jour, de créer ou reprendre une entreprise. Une envie d’entreprendre qui est au plus haut depuis 15 ans, cela représente un vivier de 19 millions d’entrepreneurs. Ces données proviennent de la dernière enquête faite par l’Union des Auto Entrepreneurs (UAE). Pour aller plus loin avec cette enquête, 3 millions d’entre eux envisageraient de mettre leur projet à exécution dans les 2 ans qui suivent.

Le CES de Las Vegas a montré au monde entier la puissance des start-ups françaises dans le domaine du numérique et des nouvelles technologies. La France se situait au second rang derrière les Etats-Unis. D’ailleurs Pierre Gattaz, président du MEDEF, n’a pas manqué de le souligner en affichant les ambitions françaises dans ce domaine : « Comme Londres est la tête de pont de l’industrie financière en Europe, la France peut devenir la tête de pont du numérique en Europe ».

C’est ce genre de start-ups qui fait rêver les Français ! Mais en réalité, ils pensent de manière plus pragmatique, à ouvrir une maison d’hôte pour 40% d’entre eux, un commerce de proximité pour 27%, un cabinet de conseil (23%), ou bien même une activité d’artisanat dans le bâtiment pour 14% de ces futurs entrepreneurs.

Malgré cet optimisme dans l’entrepreneuriat des Français, nous pouvons constater que le chômage et ses chiffres explosent. Au troisième trimestre 2015, le taux de chômage au sens du BIT était de 10,6% de la population active. Il est donc nécessaire de trouver une solution à cette explosion du chômage d’où notre question : l’entrepreneuriat en France peut-il être un remède face au chômage de masse que nous connaissons actuellement ?

Qui sont ces individus cherchant à entreprendre en France ?

La moitié des jeunes de 18 à 24 ans ont envie de créer leur propre entreprise et 13% d’entre eux ont déjà un projet en main. Les jeunes sont donc plus susceptibles, que le restant de la population, à répondre aux appels de l’entrepreneuriat. Le numérique, qui est en vogue, joue un rôle très important dans cette envie des jeunes d’entreprendre. Christophe Bavière, président d’Idinvest Partners, l’illustre très bien grâce à une plaisanterie : « C’est quand même un peu plus facile de créer une strat-up à 25 ans dans le domaine du numérique que de créer un concurrent de Carmat dans le cœur artificiel ». Idinvest a permis le financement de diverses grandes entreprises telles que Criteo ou Dailymotion.

La première raison qu’invoque les Français pour expliquer leur envie d’entreprendre est la « liberté et l’indépendance ». La seconde est « l’épanouissement personnel » et pour finir « le gain financier » (revenu ou capital). Ensuite, à notre époque, il existe beaucoup plus de moyens de financement. Il y a 30 ans, il fallait de nombreuses recherches personnelles et des réseaux pour connaître et faire appel à des fonds pouvant servir à financer l’idée d’un jeune entrepreneur. À l’époque, le secteur du financement ainsi que le système d’aide et d’accompagnement étaient clairement immatures, et sont de qualité à l’heure actuelle. Pourtant, encore aujourd’hui les premières sources de financement envisagées sont « l’apport personnel » pour 45% des sondés et prêts bancaires basiques pour 41% d’entre eux. Viennent ensuite les aides publiques (35%), l’aide de l’entourage (15%) et pour finir le fonds de capital-investissement pour seulement 10% des sondés.

Il est à noter que les jeunes n’invoquent pas pour une majorité, le critère « d’échappatoire au chômage ». Une sorte d’idéalisme prévaut donc, ils préfèrent contribuer au développement économique de notre pays en premier lieu et voient cela comme une sorte d’acte et de réussite social.

Le MEDEF prend en main l’entrepreneuriat en France

Pierre Gattaz, qui est le président du MEDEF, s’est emparé de ce sujet. Car selon lui : « l’ascenseur social est bloqué, l’entrepreneuriat est la meilleure solution à l’intégration, pour créer son propre emploi, avec l’espoir de progresser ». Celui-ci, multiplie depuis quelques années, des initiatives dans ce sens.

L’organisation patronale qu’est le MEDEF a conclu différents partenariats. Premièrement, en 2014, un premier partenariat s’est effectué avec le Ministère de la Défense. Il s’agit d’une expérimentation de parrainages de militaires avec des entrepreneurs afin de les accompagner dans leur démarche de reconversion lorsque leur contrat se termine. 34 anciens militaires ont ainsi pu gérer leur reconversion en créant leur emploi et recruter des salariés pour leur entreprise. Le MEDEF s’est également lié à une association à destination des jeunes de quartiers. Il s’agit d’ « Agir pour réussir » (AGPR), qui est soutenue par Klesia en terme de protection sociale. Le fruit de cet accord a donné lieu à une formation lancée en décembre 2015 afin de leur donner envie d’entreprendre. Grâce à cette formation, 15 jeunes ont pu être accompagnés. Sur ces 15 jeunes, 10 ont créé leur entreprise, 3 ont trouvé un emploi et le restant est retourné dans le système scolaire.

Suite au salon des entrepreneurs, se déroulant à Paris du 3 au 4 février 2016, le MEDEF, par la voix de son président, a annoncé de nouvelles initiatives dans ce sens. Il compte dupliquer l’organisation de parrainages avec les militaires, aux sportifs de haut niveau. Ici, des chefs d’entreprises viendront les accompagner dans leur reconversion.

Un guide du routard a été lancé également permettant aux créateurs de trouver des sources de financement viables et adaptées à leurs besoins.

Pour finir, le MEDEF a tenté de faire du lobbying auprès du gouvernement en formulant des propositions de textes de loi. Celles-ci ont pour but d’être intégrées au sein du projet de loi défendu par la ministre du travail Myriam El-Khomri. Ces textes proposent par exemple : la sécurisation des relations entre entrepreneurs individuels et donneurs d’ordre en agissant sur le risque de requalification ; l’introduction d’une proportionnalité des sanctions appliquées par l’URSSAF lorsqu’il n’y a pas l’intention de frauder ; la fluidité des parcours entre salariat et activité individuelle ; la création d’une réelle couverture sociale grâce à une nouvelle assurance …

L’entrepreneuriat dans le monde : exemple du Gabon et de la Chine

L’entrepreneuriat est quelque chose d’international, chaque pays en a sa propre vision et l’applique à sa manière. En effet le pays où tout est possible est bien évidemment les Etats-Unis. Ce fait découle de l’« American Dream » où il est possible de réussir économiquement sans avoir le moindre argent au départ.

Le Gabon essaie, par exemple, malgré sa pauvreté et sa difficulté à réellement se développer, de former des jeunes dans cette optique. Ces jeunes pourront créer une dynamique économique positive au sein de leur pays. Plus précisément, le Gabon va financer via la Fondation Ali Bongo Ondimba, les projets des 7 lauréats du concours 2016 du Grand Prix de l’Excellence. 160 millions de francs CFA seront alloués à leurs projets, ce qui représente l’équivalent de 245 000€ : 25 millions de FCFA pour le meilleur projet de la CAN 2017 que le Gabon organisera, autant pour les projets de l’économie numérique et une somme moins élevée pour les catégories Action et Espoir. Pour finir, une somme sera allouée pour les prix des meilleurs projets des Gabonais de l’étranger afin de motiver tous les Gabonais du monde entier et profiter de tous les savoirs acquis au sein du pays ou à l’extérieur.

Le but ultime de cette organisation vise à soutenir et accompagner ces jeunes entrepreneurs dans le cadre de la diversification de l’économie et la lutte contre le chômage des jeunes.

La Chine, elle, devient au fil du temps une terre d’innovation, en termes de produits comme de concepts. En effet le concept d’entrepreneuriat social prend de plus en plus de poids au sein de l’Empire du Milieu, même si cela peut en laisser certains sceptiques étant donné l’image que les Occidentaux ont de ce pays. Une croissance de ce type d’entreprise voit le jour, avec comme but la résolution de problèmes sociaux et environnementaux.

Cette notion a émergé, très doucement, depuis l’événement catastrophique qu’a été le tremblement de terre de Sichuan, faisant plus de 70 000 victimes. Ce fait, très médiatisé dans le monde entier, a permis de montrer la très grande pauvreté existante dans certaines campagnes chinoises. Ann Wang, co-fondatrice chinoise de la société We-Impact illustre cette volonté de respect social : « Nos parents ont apporté le développement. Notre génération doit introduire la responsabilité sociale ». Nous pouvons définir ce concept par une manière d’entreprendre plaçant l’efficacité économique au service de l’intérêt général. Cette société, We-Impact, est une société proposant des services d’accompagnement d’entreprises. En effet, elle a pour but d’imaginer de nouveaux modèles organisationnels, de nouveaux produits, services ou marque. Tout ce qui peut permettre d’améliorer une entreprise, tout en rendant le monde meilleur.

Des entrepreneurs jeunes et diplômés

Ce genre d’entrepreneurs sociaux sont jeunes en Chine (2/3 ont moins de 40 ans), ils possèdent tous un diplôme universitaire et environ 40% sont des femmes. Près de la moitié sont déjà partis à l’étranger pour étudier ou travailler. C’est un concept jeune et fait pour les jeunes, pour le moment, car seulement 54% des entreprises ont moins de 3 ans et 21%, moins d’un an. Ces données proviennent du « China Social Entreprise Report » datant de 2012.

Des initiatives sont à noter dans l’éducation, la santé, le commerce équitable et l’environnement. Les entreprises évoluent donc dans toutes sortes de secteurs d’activités. Nous pouvons citer l’Association Shangai Young Bakers qui forme de jeunes chinois en difficulté à la Boulangerie à la Française. A la suite de cette formation, l’association leur trouve un premier emploi.

Malgré cet engouement pour cet entrepreneuriat social, le cadre juridique en Chine est flou et ne motive pas particulièrement les individus chinois. Les entreprises présentent dans ce créneau sont des entreprises à but non lucratif selon l’administration et implique un contrôle beaucoup plus accru du gouvernement.

Pour conclure, nous avons pu voir que l’entrepreneuriat est quelque chose de présent au sein de chaque pays et qu’il y est plus ou moins développé. Des études montrent par exemple qu’en 2012, les intentions d’entrepreneuriat en France étaient beaucoup plus élevées qu’aux Etats-Unis, au Royaume Uni et en Allemagne. Un écart de 7 points entre la France et les USA. Mais un fossé assez énorme existe entre ces deux pays en ce qui concerne toute la partie « émergence d’entrepreneurs », « nouveaux entrepreneurs » ou « entrepreneurs déjà établis ».

Il ne suffit donc pas de dire que l’on a la volonté d’entreprendre, il faut passer à l’action et créer sa propre entreprise. La France a un réel retard dans ce domaine dû certainement à un problème de mentalité.

Malgré ce fait, notre pays commence à se décomplexer, des initiatives sont prises au plus haut niveau de l’Etat avec la loi sur le travail du gouvernement Valls. L’opposition, de droite, propose également des initiatives en ce sens via les livres de Nicolas Sarkozy ou Jean-François Copé. Et pour finir, le MEDEF également ne se prive pas pour s’emparer de ce thème.

Ce ne sera donc pas un remède au chômage de masse actuel très vraisemblablement car les problèmes de mentalité d’un pays, aussi profonds soient-ils, prennent du temps à se résorber. Notons qu’il serait intéressant d’effectuer une analyse dans quelques années de ces faits mais également de faire une comparaison avec la Chine qui développe un système entrepreneurial social. Une solution pour l’économie de demain ?

Par Alexandre Lucas, étudiant du M2 IESC promotion 2015-2016

 Bibliographie :

http://www.lefigaro.fr/entrepreneur/2016/02/03/09007-20160203ARTFIG00099-jamais-les-francais-n-ont-eu-autant-envie-d-entreprendre.php

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/02/03/20002-20160203ARTFIG00011-l-entrepreneuriat-un-remede-au-chomage.php

http://www.lepoint.fr/economie/en-france-l-entrepreneuriat-seduit-les-jeunes-12-04-2015-1920552_28.php

http://www.frenchweb.fr/quel-bilan-pour-les-femmes-dans-lentrepreneuriat-tech-en-2015/228646

http://www.afrik.com/gabon-160-millions-fcfa-pour-la-promotion-de-l-entrepreneuriat-des-jeunes

http://archives.strategie.gouv.fr/cas/system/files/2012-10-25_entrepreneuriait-volet1-na296.pdf

http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20150203trib9c86f26ff/l-entrepreneuriat-seduit-les-plus-jeunes.html

http://www.bilan.ch/entreprises/nombre-de-creations-dentreprises-a-baisse-de-18-2015

http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=14

http://www.challenges.fr/tribunes/20160211.CHA4963/l-entrepreneuriat-social-s-installe-en-chine.html

http://www.salondesentrepreneurs.com/paris/

http://www.usine-digitale.fr/article/portrait-robot-de-l-entrepreneur-francais-qui-cree-sa-boite-en-ligne.N377201

http://www.we-impact.com

 

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Marché du travail en Chine, les facteurs de mobilité https://master-iesc-angers.com/marche-du-travail-en-chine-les-facteurs-de-mobilite/ Tue, 08 Mar 2016 14:42:02 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=1291 En 1976, le fondateur de la République Démocratique de Chine, MAO Zedong décède. Son successeur, DENG Xiaoping, à partir de 1978, a décidé de libéraliser l’économie, d’où le début d’une importante mutation du marché du travail, avec de fortes disparités… Continuer la lecture

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En 1976, le fondateur de la République Démocratique de Chine, MAO Zedong décède. Son successeur, DENG Xiaoping, à partir de 1978, a décidé de libéraliser l’économie, d’où le début d’une importante mutation du marché du travail, avec de fortes disparités entre les différentes régions et provinces de Chine. Nous pouvons définir la mobilité à travers une notion spatiale, la mobilité géographique, sociale, la mobilité intergénérationnelle et économique, la mobilité professionnelle.

Les chercheurs YAO Zhizhong et CHOW Sufang ont travaillé sur la mobilité du travail sur le marché chinois afin d’expliquer la corrélation entre la mobilité du travail et la croissance régionale. Pour l’un, la mobilité du travail favorise la croissance géographique tandis que pour l’autre, il n’existe pas de corrélation entre ces deux phénomènes.

Nous pouvons donc nous demander, quels sont les facteurs de mobilité sur le marché du travail chinois ? Pour analyser cette question, nous étudierons tout d’abord les politiques de l’emploi en Chine, puis la formation et enfin la sécurité de l’emploi comme vecteurs de mobilité.

Les politiques économiques en Chine, facteur de mobilité géographique

Les politiques de l’emploi ont favorisé la main d’œuvre en Chine. En premier lieu, la mobilité géographique s’est faite entre les zones rurales et les zones urbaines dans les années 80 suite à la réforme de DENG Xiaoping concernant l’exploitation des terres par les agriculteurs. En effet, étant donné que seuls les agriculteurs pouvaient cultiver les terres, de nombreuses personnes ont migré vers les villes afin de trouver du travail. En 1985, l’Etat chinois a favorisé le développement des zones économiques sur les côtes chinoises, demandant aux entreprises s’y trouvant de se spécialiser dans l’activité de transport. La conséquence de cela est un mouvement d’une population rurale estimée à 30 millions d’individus. Dans un second temps, dans les années 90, avec la privatisation des entreprises, un besoin de main d’œuvre est apparu dans la zone de Pudong (Shanghai), ce qui a permis une migration de la population entre les différentes régions chinoises. Selon une étude du bureau des statistiques nationales de Chine, nous pouvons apercevoir sur la courbe en rouge, qui représente le taux de migration, une augmentation de celle-ci. La statistique en bleu représente la migration de la main d’œuvre en millions. Nous remarquons que lors de la crise asiatique en 98, le taux de mobilité de la main d’œuvre a diminué à cause du ralentissement de l’économie, mais dès 1999, sous l’impulsion de politique économique du gouvernement, le taux de mobilité a augmenté de 40 points.

Depuis les années 2000, les politiques économiques chinoises visent à briser la séparation rurale-urbaine encore existante. Cette politique a pour effet d’augmenter les migrations de la main d’œuvre entre les différentes régions chinoises notamment entre les régions rurales et urbaine.

La formation et la mobilité en Chine

A partir des années 1999, les Universités ont commencé à recruter de nouveaux étudiants dans les différentes classes de la société chinoise. Auparavant destiné aux enfants de la classe dominante, il n’existait pas de mobilité intergénérationnelle en Chine avec une reproduction sociale importante. On explique cela par la politique de Hukou qui permettait à la classe politique d’empêcher la mobilité ascendante afin de garder le contrôle. Le système du Hukou en Chine consiste à hiérarchiser les individus selon leur provenance géographique. Ainsi on retrouve le Hukou rural et le Hukou urbain. Le Hukou permet au pouvoir de donner des privilèges en fonction de l’appartenance. Ainsi, les hukou ruraux n’ont pas les mêmes avantages que les hukou urbains, notamment en terme d’accès à l’éducation, à la sécurité sociale. Ainsi les classes dominantes s’approprient les villes et les services tandis que les hukou ruraux ont peu de chance de se mélanger avec eux. La conséquence de cela est qu’un enfant d’ouvrier sera lui-même ouvrier avec un capital humain faible car peu d’éducation, peu de relation sociale.

Comme nous pouvons le voir sur le graphique en gauche, le nombre d’étudiant à s’inscrire à l’université a augmenté à partir des années 2000, cela étant représenté par la courbe bleu. Sur la courbe rouge, on peut voir le nombre d’étudiants sollicitant une inscription à l’université. Il existe cependant une asymétrie entre le nombres de personnes sollicitant une formation et le nombre d’inscrit et cela encore en 2010. Cela s’explique par une sélection à l’entrée des différents candidats. De plus, on peut expliquer l’augmentation du nombre d’inscrits par l’augmentation du niveau de vie en Chine des ménages, le coût de l’éducation étant important.

Sécurité de l’emploi et mobilité du travail

Concernant la sécurité de l’emploi en Chine, il n’existe pas de protection contre le chômage ni de système de retraite. Cela favorise la mobilité de la main d’œuvre notamment géographique mais aussi une mobilité externe importante. Dans le graphe ci-dessous, nous pouvons voir la mobilité externe au sein des grandes villes chinoises avec la courbe en bleu. Ainsi donc, le taux de mobilité externe a baissé de 2,7 point entre 2010 et 2013, mais reste cependant élevé avec en moyenne un taux de mobilité de 18,7% pour cette période. Entre 2013 et 2014, le taux de mobilité externe en ville a augmenté pour atteindre le taux de 17,8%. En moyenne, un travailleur sur cinq, dans les grandes villes chinoises change d’entreprises au cours de l’années. La courbe en rouge représente le taux de mobilité dans les villes moyennes. Dans les villes moyennes, le taux de mobilité externe moyen est de 16,8% entre 2010 et 2014. Ce taux reste élevé mais moins que pour celui des grandes villes. Cela s’explique par un nombre plus faible de travailleur dans les villes moyennes. Selon une statistique de Linkedin, les raisons pour lesquels les Chinois changent d’entreprise sont avant tout la possibilité d’une évolution de carrière, les conditions de travail et l’environnement de travail. Cependant, le nombre d’heures travaillées ne font pas parties des principales causes de mobilité externe.

Ainsi, bien qu’il y a un turnover important de la main d’œuvre chinoise, il existe une certaine sécurité de l’emploi grâce à la mobilité géographique et externe. Cependant, cette sécurité de l’emploi dépend de la provenance des individus et de leur catégorie sociale. Une personne dans une grosse ville va donc avoir plus de chance d’avoir une mobilité externe due à une promotion qu’une personne de petite et moyenne ville. D’autre part, il existe des inégalités en terme de mobilité professionnelle entre les urbains et les ruraux, ces derniers ayant peu de chance d’avoir une mobilité professionnelle ascendante.

Les enjeux futurs en matière de travail et mobilité

Les nouveaux enjeux en Chine en matière de travail et mobilité sont avant tout culturels et sociétaux. En effet, il est important de réduire les inégalités dues à la catégorie sociale empêchant une mobilité intergénérationnelle et professionnelle pour les personnes rurales. Aujourd’hui, bien que cela soit en train de changer petit à petit, la mobilité sociale chez les classes les plus modestes est inexistante à cause des écarts de salaire et du coût des formations.

Un nouveau problème que va rencontrer la Chine est le vieillissement de sa population active. Il est donc nécessaire de mettre en place, en Chine, des politiques en matière de protection sociale et de protection contre le chômage. En fait, avec de plus en plus de personnes à la retraite, il faut que les salariés soient protégés face aux risques du marché du travail, ceux-ci ayant à leur charge leurs parents. D’autre part, la mobilité géographique de la main d’œuvre risque d’entraîner la désertification de certaines zones économiquement moins attractives. Il est donc nécessaire de développer harmonieusement le territoire chinois afin d’éviter les conflits entre les différentes régions. Cela devra passer par le développement d’universités, d’une augmentation du nombre de personnes éduquées dans les régions les plus reculées, afin d’attirer les entreprises étrangères.

Par Huanhuan Huang, étudiante promotion 2015-2016 du M2 IESC d’Angers

Bibliographie :

Yao Zhongzhi&Sufang Chow, mobilité du travail et l’écart entre des régions chinois, Economie dans le monde, 2003(4), 35-59

“l’histoire et la perspective de la mobilité du travail en Chine”

http://finance.people.com.cn/GB/43429/43544/59613/4204322.htm

Jianjun LAW, emploi et migration de l’agriculteur, 2003-2004, rapport de l’état de l’emploi en Chine, Beijing, Travail et sécurité sociale Chinoise, 2004

http://en.wikipedia.org/wiki/Hukou_system

http://edu.people.com.cn/GB/116076/14545024.html

http://science.china.com.cn/2015-03/12/content_7743530.htm

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Revenu universel : mythe ou réalité ? https://master-iesc-angers.com/revenu-universel-mythe-ou-realite/ Mon, 22 Feb 2016 19:49:54 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=1279 Le revenu universel est un sujet dont on parle depuis un certain temps au sein de la sphère des politiques ou des économistes. Les journalistes également sont friands de ce genre d’idée à promouvoir, la preuve en est, un article… Continuer la lecture

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Le revenu universel est un sujet dont on parle depuis un certain temps au sein de la sphère des politiques ou des économistes. Les journalistes également sont friands de ce genre d’idée à promouvoir, la preuve en est, un article de l’Obs titrait récemment « Revenu universel : le projet du siècle ! ». C’est dire à quel point ce sujet du revenu universel, ou plus vulgairement appelé « revenu de base », est important et va le devenir de plus en plus dans les années à venir.

Notre époque et l’idée de ce revenu universel soulèvent plusieurs questions. La première est celle du travail, et plus précisément de la fin du travail. Quelle valeur accordons-nous au travail ? Nietzsche disait que le travail constituait « la meilleure des polices » car il nous préserve de 3 grands maux : l’ennui, le vice et le besoin. La France connaît actuellement une vague de violence, de vol et souvent les deux accompagnés. Est-ce le bon moment pour notre pays d’entamer ce processus qui pourrait avoir de mauvaises répercutions ? Cela peut-il recréer le lien social perdu entre les citoyens ?

Ensuite la seconde question que cela soulève est celle de la justice car comme nous pouvons le voir, le progrès technologique détruit des emplois humains mais il permet en parallèle de créer de nouveaux besoins, de nouveaux marchés et ainsi d’accroître les richesses produites. Mais à qui ces richesses doivent-elles revenir ? Au chef d’entreprise, qui a pris des risques et qui est propriétaire des machines serait la réponse la plus simple. Le propriétaire des machines à malgré tout une dette envers la société où il a grandi, où il a fait son business car il ne paiera que le coût marginal de la machine mais pas le prix de l’accumulation des savoirs et des méthodes du pays pour la construire. C’est là que nous voyons tout le sens de la question de justice due à ce revenu de base.

La France est-elle prête à se lancer dans ce projet gigantesque alors que nous entendons parler très souvent d’assistanat des chômeurs, de violence etc ? Cette idée du revenu universel est-elle viable sur le court ou long terme ? Cette mesure est-elle réellement soutenue ?

Nous essaierons de répondre à ces questions dans cet article en commençant par expliquer l’idée du revenu universel français via le rapport du Conseil National du Numérique puis dans une seconde partie en prenant des exemples de ce qui a pu se faire dans les pays du monde entier. Nous pourrons alors esquisser une réponse à ces questions souvent difficiles à trancher.

Que propose le CNN au gouvernement en France ?

Le mercredi 06 janvier 2016 a été remis un rapport venant du CNN s’intitulant « Travail emploi numérique : les nouvelles trajectoires ». Dans ce rapport, attendu par la ministre du Travail, il est clairement dit que l’on ne travaille plus de nos jours comme on le faisait auparavant. La société doit donc trouver de nouveaux moyens d’adaptation aux évolutions du marché du travail.

Plusieurs mesures sont préconisées dans ce rapport, 20 précisément. Une d’entre elle est l’instauration de ce fameux revenu minimum universel. Selon eux, ce revenu permettrait à chacun de vivre décemment. En effet, il est dit que ça pourrait maner à la fin du travail salarié, qui connaît déjà une forte précarité mais également à l’augmentation du travail indépendant ou à la multitude des employeurs, mais pas à une oisiveté générale comme chacun aurait pu penser. Le but recherché par ce revenu, et régulièrement cité dans la littérature économique, est de lutter contre la pauvreté. Cette mesure revient au devant de la scène car le chômage persiste et notre système de protection sociale est fondé sur l’emploi. Le Conseil National du Numérique se justifie : « les acteurs publics doivent anticiper l’éventualité d’un chômage structurel persistant et d’une montée des inégalités du fait de l’automatisation. Aussi devons-nous examiner une nouvelle manière de penser la relation entre le travail et la distribution des richesses ».

L’idée n’est pas novatrice car il ne s’agit ni plus ni moins du revenu de base ou de l’allocation universelle. Ces différents termes désignent une vieille idée : verser à chacun un revenu. Un rapport parlementaire au début des années 2000 avait déjà été publié à ce sujet suite à des mouvements de chômeurs dans les années 90. De nombreux autres exemples, au niveau politique existent, par exemple celui de Christine Boutin en 2006. Elle a lancé une proposition de loi créant un dividende universel. En 2011, Dominique de Villepin, lorsqu’il était candidat à la présidentielle, avait proposé une réforme du monde du travail avec comme idée : 850€ par mois sans travailler. Eric Woerth, ancien ministre du Budget sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, aborde même le sujet dans son livre « une crise devenue française, quelle politique économique pour la France ? ». Arnaud Montebourg, ancien ministre du Redressement industriel sous François Hollande, l’aborde également.

C’est donc une idée de droite comme de gauche dont nous parlons. Elle séduit malgré tout plus de sympathisants de gauche (3 sur 4 sympathisants voient cela de manière favorable) que de droite (1 sur 2 seulement voit cette idée de manière favorable) selon un sondage IFOP publié début 2015.

Cette idée défendue par des politiciens de gauche comme de droite cache une conception complètement différente. En effet, le but recherché n’est pas le même suivant leur bord politique mais également suivant leur courant de pensée économique (libéral, keynésien, anticapitaliste etc). Certains aimeraient faire du revenu universel un filet de sécurité permettant de remplacer l’alternance traditionnelle entre chômage et salariat, par un flux continu d’activité caractérisé par des moments de suractivité ainsi que des périodes de sous-activité. Derrière cette idée, les néo-libéraux y verront, selon le CNN, « un moyen de simplifier le marché du travail et de réduire le rôle de l’Etat ». Pour les anticapitalistes d’inspiration marxiste cela s’apparentera au contraire à « une étape supplémentaire dans la socialisation des revenus ». Pour finir, pour les keynésiens il s’agira d’un « moyen de soutenir la demande ». Selon le gouvernement au pouvoir ou les idées du groupe de travail mettant cette mesure en place, nous verrons nécessairement des différences dans le dispositif du revenu universel.

Un grand nombre de personnes défend cette idée : politiciens, économistes, militants. Milton Friedman en parlait même dans son livre qui fut un best-seller mondial en 1962, Capitalisme et Liberté. Des économistes suivent actuellement son courant et proposent de verser ce revenu de base sous forme d’un « impôt négatif » ou appelé plus couramment crédit d’impôt. Il viendrait en déduction des impôts calculés en fonction du barème de l’impôt du revenu. La différence reviendrait à l’individu selon si le solde est positif ou négatif.

Et dans le reste du monde ?

La Finlande est le pays le plus avancé, actuellement, dans l’élaboration du processus de mise en place de ce revenu universel. Le gouvernement actuel finlandais, de centre droit, va expérimenter à partir de 2017 un revenu de base pouvant atteindre 800€. C’était une promesse de campagne, et l’étude avance à grand pas afin de l’appliquer dans 1 an. Ni l’âge ni la richesse des individus ne seront pris en considération, en contrepartie la totalité des prestations sociales seront supprimées. C’est-à-dire : allocations au chômage, aides au logement, aides aux études, pension retraite. Les citoyens finlandais peuvent compléter ce revenu minimum avec un travail dans l’artisanat, le salariat, ou comme auto-entrepreneur bien évidemment.

Cette mesure, à la dimension universelle, entend lutter contre la pauvreté toujours plus pressante en Finlande. En effet, la Finlande connaît une période difficile. Une quatrième année de récession se profile et le chômage bat des records : il dépasse les 10%. Si la Finlande cherche tant à le faire appliquer c’est parce qu’il était programmé plus d’austérité dans le programme des élections. En effet, le gouvernement cherche à rendre le système de protection sociale moins coûteux et ainsi inciter les chômeurs actuels à reprendre un emploi, même à temps partiels. Certains perdront forcément de l’argent, d’autant plus que le coût de la vie est élevé dans ce pays ce qui fait que nous devons relativiser cette somme. Un homme politique français, libéral, Alain Madelin, a commenté ces évènements et considère que « ce n’est pas sérieux, qu’il y a un risque de régression sociale ».

D’autres pays ont tenté d’insérer un revenu universel, l’Alaska est un exemple à prendre en considération. Effectivement, depuis 1981, les citoyens de l’Alaska perçoivent un « dividende annuel de citoyenneté » financé entièrement par la manne pétrolière du territoire. Selon le rapport annuel du département des revenus de l’Etat d’Alaska, en 2014, le revenu s’élevait à 1884 dollars (environ 1700€).

Dans la ville de Dauphin au Canada, un « revenu inconditionnel » a été expérimenté pendant plus de 4 ans. Le test a ainsi permis de montrer que même si le nombre d’heures travaillées n’a quasiment pas diminué (seulement 1%), les jeunes ont préféré prolonger leurs études. Les hospitalisations et la criminalité ont également diminué.

Des expérimentations un peu partout dans le monde permettent d’avoir un avis et d’esquisser les conséquences de l’instauration d’un revenu universel en France. En Afrique, et plus précisément en Namibie, les habitants d’un village – Otjivero – touchent 100 dollars namibiens par mois, versés par une coalition. Les conséquences directes de cette initiative ont été la baisse du chômage, l’augmentation de la scolarité, le développement de l’artisanat et une meilleure santé des villageois.

Quoi retenir ?

La France est un pays à part, ne ressemblant à aucun autre ! De nombreux obstacles voient donc le jour et le Conseil National du Numérique s’est donc bien gardé de proposer une version finale du revenu universel. Il incite simplement le gouvernement à réaliser « une étude de faisabilité » qui mobiliserait des experts venant de domaines différents tels que l’économie, le droit, la fiscalité etc.

De plus, le financement est un véritable problème car il faudra quoi qu’il arrive, si cela devait se faire, ponctionner l’argent nécessaire des ménages ou des entreprises et créer de nouvelles instabilités. Dans son rapport, le CNN évoquait plusieurs propositions : l’augmentation de la fiscalité, la suppression de tout l’ensemble des allocations (sauf l’assurance maladie), une réinvention du système monétaire, taxer le chiffre d’affaires des entreprises, taxer le patrimoine de manière plus significative, la taxe Tobin sur les transactions financières et pour finir la taxe sur la consommation. Autant dire qu’il va être très difficile d’une part, de prendre une décision sur le financement tant les citoyens connaissent un ras-le-bol fiscal, et d’autre part, d’instaurer une telle mesure. Les détracteurs sont nombreux et leurs arguments pour le moment sont bien rodés.

Globalement, beaucoup doute de l’efficacité réelle de ce dispositif de revenu de base. La question de son financement, de ses répercutions donnent plus de poids aux individus contre cette mesure.

L’idée a encore du mal à dépasser les débats au sein de la sphère politique mais la crise pourrait bien accélérer les choses. Avec un chômage record en France, une précarité  grandissante et une économie en berne, rémunérer toute contribution aux richesses matérielles ou immatérielles et non plus seulement le travail au profit d’une entreprise, permettra peut-être de sortir de la crise et ainsi de soutenir la consommation tant recherchée par tous les gouvernements de notre pays. C’est en tout cas ce qui ressort des différentes expériences menées un peu partout dans le monde.

Par Alexandre Lucas, étudiant M2 IESC promotion 2015-2016

Bibliographie :

  • Sites web :

http://www.cnnumerique.fr/wp-content/uploads/2015/12/Rapport-travail-version-finale-janv2016.pdf

http://rue89.nouvelobs.com/blog/compolitique/2016/01/11/revenu-universel-le-projet-du-siecle-235167

http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/explicateur/2016/01/07/29004-20160107ARTFIG00173-revenu-universel-pourquoi-cette-idee-est-loin-de-se-concretiser-en-france.php

http://revenudebase.info/comprendre-le-revenu-de-base/financement/

http://www.liberation.fr/planete/2015/12/09/la-finlande-prete-a-experimenter-un-revenu-universel_1419464

http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/vers-creation-dun-revenu-universel-france-1190427

http://www.lepoint.fr/economie/vers-un-revenu-de-base-pour-tous-11-01-2016-2008659_28.php

http://www.consoglobe.com/finlande-revenu-minimum-universel-cg

http://www.huffingtonpost.fr/2016/01/25/revenu-universel-solution-chomage-de-masse-automatisation-robot-inegalites_n_9069722.html

http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/un-revenu-universel-pour-joindre-efficacite-economique-et-justice-politique_1756524.html

  • Ouvrages :

Milton Friedman. Capitalisme et liberté, A contre courant, 1962.

Marc de Basquiat et Gaspard Koenig. Liber, un revenu de liberté pour tous : Une proposition d’impôt négatif en France, Editions de l’Onde Génération libre, 2015.

Jean-Marc Ferry. L’allocation universelle : Pour un revenu de citoyenneté, Humanités, 1995.

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Le télétravail en France https://master-iesc-angers.com/le-teletravail-en-france/ Wed, 03 Feb 2016 14:48:31 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=1245 Le Télétravail qui est apparu dans les années 50 aux états Unis ne s’est réellement développé que dans les années 70-80 avec l’évolution des nouvelles technologies comme internet ou bien les téléphones mobiles. Le télétravail est une des évolutions majeures… Continuer la lecture

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Le Télétravail qui est apparu dans les années 50 aux états Unis ne s’est réellement développé que dans les années 70-80 avec l’évolution des nouvelles technologies comme internet ou bien les téléphones mobiles. Le télétravail est une des évolutions majeures du travail. A partir de 2013 le travail en mobilité s’intensifie. Il représente aujourd’hui 23% du temps de travail contre 20% en 2012. Le télétravail a longtemps été une notion très vague et ce n’est qu’en 2012 qu’il trouve vraiment sa définition juridique. Sa mise en place apporte beaucoup d’avantages tant aux employeurs qu’aux employés mais elle connaît aussi ses limites.

Le contexte du télétravail 

Le télétravail n’a obtenu une définition juridique que très récemment, le 22 mars 2002. Selon la loi de Warsmann il est défini comme « toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon régulière et volontaire en utilisant les technologies de l’information et de la communication dans le cadre d’un contrat de travail ou d’un avenant à celui-ci ». Il nécessite une certaine régularité et doit comprendre au minimum une demi-journée par semaine.

En outre, le télétravailleur est un salarié utilisant régulièrement les TIC (Techniques d’Information et de Communication), mais pas obligatoirement à temps plein. Le télétravail exclut donc par le biais du salariat les agents publics et les travailleurs indépendants qui travaillent pourtant beaucoup chez eux.

On retrouve également le télétravail sous différentes formes :

  • le travail à domicile qui s’effectue sur le lieu de résidence du travailleur.
  • Le travail en nomade qui lui, concerne les salariés qui n’ont pas de lieu de travail fixe mais qui utilisent les NTIC lors des déplacements professionnels. Ce type d’emplois existe depuis bien longtemps, l’exemple le plus connu étant celui des commerciaux dont le nombre est estimé à plus de 800 000 salariés en France.
  • En télécentre: ce sont des espaces de travail hors entreprises qui permettent d’accueillir des employés de différentes structures. Il en existe peu en France (moins d’une centaine) mais ces centres se développent considérablement depuis 2007, leur principal intérêt étant de garder le contact humain et ainsi d’éviter l’isolement.

Cependant, beaucoup de salariés alternent les différentes formes de travail. Pour le permettre, la loi ne prévoit aucune distinction entre les différents télétravailleurs, qu’ils exercent à domicile, en tant que nomades ou en télécentre.

Le travail à distance est rarement à temps plein, pour éviter l’isolement ou la perte de repère de la personne.

Le rôle joué par la technologie

Les NTIC ont leur rôle à jouer dans le développement du télétravail.

 Les NTIC sont de plus en plus utilisées dans les entreprises et par les salariés comme le montre le rapport d’IDC qui affirme que 63% des salariés utilisent un ordinateur portable et 55% leur smartphone dans le cadre de leur emploi. Les entreprises ont donc pris conscience de cet état de fait et réorganisent leurs systèmes d’information en conséquence. Elles investissent de plus en plus dans la gestion de l’information que ce soit dans les outils de travail ou le débit de wifi pour ainsi gagner en productivité. Une autre question se pose alors, celle de la protection de réseaux et de l’information (+ 26% des investissements en 2014) qui est un enjeu majeur dans le système accru de concurrence dans lequel nous nous trouvons.

Un des facteurs clés dans ce type d’organisation du travail pour les postes à responsabilités est l’accès direct aux informations utiles et donc le recours aux nouveaux outils qui permettent de rester sans cesse connecté et ainsi de pouvoir être informé en temps réel.

Comme nous le savons, un des facteurs de réussite d’une entreprise est sa compétitivité sur le marché. Mais, il ne faut pas rester figé sur cette idée car en se posant la question de l’évolution et surtout celle du contenu du travail on peut parvenir à une réelle augmentation de la productivité de nos entreprises. C’est une nouvelle façon pour les entreprises d’être plus productives et présentes sur le marché.

Les apports du télétravail

Les apports du télétravail pour l’employeur et pour le salarié :

Tout d’abord, le télétravail contribue à une croissance interne de l’entreprise. En effet, l’entreprise peut continuer à embaucher du personnel sans pour autant augmenter ou développer ses locaux.

Par ce fait, la productivité de la structure se voit augmentée de 25% en moyenne. Ce développement hors entreprise impacte également la fidélité de ses employés. En effet, cette nouvelle organisation du travail constitue un argument majeur à l’embauche et contribue à diminuer le turnover assez répandu en entreprise. Le travail en dehors de la structure d’accueil permet la diminution des temps de transports et donc une réduction de la fatigue et du stress. Ainsi les télétravailleurs ont une meilleure efficacité et une meilleure concentration durant leur temps de travail. En effet 85% des employés sont favorables à la mise en place du télétravail car cela améliore leur qualité de vie. Cela représenterait pour eux 40 min de temps gagné au profit de leur vie familiale et 45 minutes de temps supplémentaire de sommeil. Ces salariés plus réactifs sont plus aptes à gérer les problèmes et à répondre aux sollicitations des clients. Cela va donc également accroitre la satisfaction client.

La France en retard

Le télétravailleur est suivi par un management par objectifs. C’est une organisation particulière du travail car le management opéré par le télétravail repose essentiellement sur la confiance accordée au salarié.

De ce fait, des objectifs à atteindre sont fixés et doivent être réalisés dans un temps imparti. Or, il est très difficile de mesurer la quantité et les degrés de travail de chacun. Avant de créer un tel type de poste, il est donc essentiel de faire une analyse en amont et en aval du travail que le télétravailleur devra réaliser.

De plus, en France, nous sommes plus dans une logique de contrôle. En effet, le management à la française repose principalement sur le contrôle de ses équipes. C’est la raison pour laquelle le télétravail a du mal à se développer considérablement alors que dans les pays scandinaves, en Belgique ou aux Etats-Unis, le télétravail concerne aujourd’hui plus de 30% des salariés. En effet 75% des grands groupes français sont encore en phase d’expérimentation de cette nouvelle organisation du travail qui touche seulement 30 à 200 salariés en moyenne par entreprise.

Il faudrait donc repenser le système de management en France. C’est un processus long à entreprendre qui conduira à une plus grande autonomie et à une plus grande confiance vis-à-vis des collaborateurs.

Pour l’employeur se posent cependant les questions suivantes : Comment évaluer et contrôler le temps de travail effectif ? Ou bien encore, comment manager le télétravailleur ?

En effet, la mise en place du télétravail rend difficile le contrôle du temps de travail de chaque salarié par son employeur qui peut de surcroît se voir condamné pour non-respect du temps de repos ou du paiement des heures supplémentaires. C’est pourquoi le droit du travail prévoit des moyens de contrôle en corrélation avec les accords collectifs de l’entreprise ou par différentes clauses apposées dans le contrat de travail : auto-déclaration du salarié, logiciel de pointage ou système de surveillance du temps de connexion … Cependant, ces mesures ne doivent pas être abusives. Des moyens de gratification intrinsèque (reconnaissance au travail) ou extrinsèque (rémunération) peuvent également être envisagés pour inciter le salarié à s’impliquer d’avantage.

Par ailleurs, un des freins rencontrés à la mise en place du télétravail réside dans son coût qui est relativement important car il est estimé à environ 1400€ par télétravailleur.

Malgré ces contraintes, certaines entreprises ont parfaitement intégré ce système comme Alcatel, Renault ou France Télécom.

Le télétravail connaît aussi ses limites car il ne peut être instauré pour tous les postes et toutes les entreprises. En effet, il faut que la culture de l’entreprise corresponde à ce mode de fonctionnement et que le poste soit également en corrélation. Le télétravail n’est adapté qu’à des postes qui ont une certaines relation client, des métiers aux contacts de l’informatique, développeur ou chef de projet. Ainsi, ce sont surtout les sociétés d’information-communication, les activités scientifiques et techniques ou en lien avec l’informatique qui ont recours au télétravail.

Le télétravail représente-il un danger pour la sécurisation des données de l’entreprise ?

Le télétravailleur possède son propre matériel informatique dont la gestion ne peut être explicitement définie par l’entreprise. De ce fait, les périphériques ou bien les logiciels ne sont pas bloqués comme l’est habituellement le matériel de bureau.

Hors du bureau, la couverture réseau représente un risque et favorise l’intrusion car l’ordinateur ou la tablette ne sont pas protégés par un hôte. L’enquête menée par PricewaterhouseCoopers en 2015 « Information Security Breaches Survey » montre que 15% des grandes entreprises ont subi une intrusion via les smartphones ou les tablettes.

La connexion au réseau par un matériel extérieur à l’entreprise, comme c’est le cas avec les ordinateurs dédiés au télétravail, crée un « tunnel » ouvert sur les données de l’entreprise si le matériel à l’origine n’est pas protégé. Les transactions entre les deux doivent donc se faire de manière sécurisée en utilisant des VPN (Virtual Private Networks) par exemple ou des RPV (Réseaux Privés Virtuels) afin de réduire grandement les risques d’intrusions.

Le matériel informatique du télétravailleur est souvent également utilisé dans la sphère privée, c’est pourquoi il faut sensibiliser l’ensemble des collaborateurs aux bonnes pratiques du numérique ainsi que sur les règles de sécurité afférentes afin de diminuer les risques. Il peut être envisagé de restreindre l’accès au matériel et de le réserver exclusivement à la réalisation de missions pour l’entreprise.

De plus, le système de sécurité informatique installé dans les entreprises est souvent obsolète et n’est pas adaptée à l’usage actuel d’internet, à celui des nouvelles fonctions du numérique et aux nouveaux supports. Les entreprises doivent maintenant gérer et surveiller plutôt que de bloquer les accès. Le cloud leur offre de nouvelles perspectives de collaboration à distance car il autorise le transfert de fichiers tout en garantissant un accès sécurisé à celles-ci.

Par Cédric Kernoa, étudiant du M2 IESC promotion 2015-2016

Bibliographie :

« Télétravail et ultra-mobilité : un nouvel environnement de travail pour les salariés, de nouvelles problématiques pour les entreprises » Karim Bahloul Florent Brindavoine, IDC janvier 2014

« Le télétravail dans les grandes entreprises françaises : Comment la distance transforme nos modes de travail  » A L’INITIATIVE DU MINISTRE CHARGÉ DE L’INDUSTRIE, DE L’ÉNERGIE ET DE L’ÉCONOMIE NUMERIQUE Mai 2012

« Enquête sur les technologies de l’information et de la communication et le commerce électronique 2011 » Insee mars 2012

« Guide du télétravail salarié », Yves Lasfargue, Sylvie Fauconnier, Obergo, 2014

« Repenser le travail en soi : un préalable nécessaire au télétravail ? », Techtoc :http://techtoc.tv/event/741/l-entreprise-collaborative/management-2.0/repenser-le-travail-prealable-necessaire-teletravail

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Le travail collaboratif : levier de croissance pour les organisations https://master-iesc-angers.com/le-travail-collaboratif-levier-de-croissance-pour-les-organisations/ Sun, 17 Jan 2016 16:44:47 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=1226 Au fil du temps, les organisations ont dû s’adapter aux changements. Avant les années 80, afin de se démarquer, elles devaient gérer le changement. Puis, entre les années 80 et 2000, elles ont dû en plus du changement, apprendre pour… Continuer la lecture

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Au fil du temps, les organisations ont dû s’adapter aux changements. Avant les années 80, afin de se démarquer, elles devaient gérer le changement. Puis, entre les années 80 et 2000, elles ont dû en plus du changement, apprendre pour se distinguer. Le monde devient davantage complexe, change et évolue tellement vite. Face à ces incertitudes et à cette volatilité, les organisations doivent maintenant maîtriser de nouvelles compétences, notamment de travailler en mode collaboratif. L’innovation, l’efficacité et la productivité passent par la collaboration.

Beaucoup de dirigeants jusqu’à présent associent la collaboration à des pertes de temps et à des projets qui n’aboutissent jamais. Or, la collaboration ce n’est pas cela. Serait-ce dû en partie à la croissance du manque de confiance dans nos sociétés ? Peut-être mais passons ! On ne va pas adopter ce comportement de collaboration seulement pour que son personnel communique mieux mais pour créer de nouvelles capacités stratégiques et pour soutenir un nouveau modèle d’affaires. Cependant, si on prend l’exemple d’une entreprise qui, selon sa planification démontre qu’elle perd de la valeur à cause d’un manque de circulation des bonnes pratiques entre les différents services, cela peut être critique d’imposer à cette entité de travailler en mode collaboratif.

C’est d’ailleurs ce qu’a démontré Morten T.Hansen dans son livre Collaboration, qui explique que la collaboration doit être intégrée au plan d’affaires et s’inscrire dans la stratégie de l’organisation. D’autant plus qu’une mauvaise collaboration s’avère pire que pas de collaboration du tout.

Au regard de ce constat, les entreprises qui choisissent ce modèle, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ne choisissent pas la facilité car cela requiert de l’organisation et du temps. Certains se diront peut-être pourquoi collaborer si on peut faire les choses seul. Mais l’expérience a démontrée qu’ensemble, on peut aller beaucoup plus loin et pourquoi pas retourner à des valeurs oubliées par notre société. D’ailleurs, selon une étude d’IBM global, la pensée collaborative serait l’une des caractéristiques principales recherchée chez les cadres.

La collaboration, des avantages ?

Quand on parle de collaboration, il faut savoir que cela peut se faire de deux manières. D’une part, au sein de l’organisation, en interne entre employés, dirigeants, services ou encore filiales, mais aussi d’autre part au travers d’alliances stratégiques avec des acteurs externes du type partenaire, client et investisseurs. La collaboration possède des avantages à savoir cinq raisons principales qui les poussent à adopter ce mode.

Explorer, concerter

Plus que jamais, les partenaires et les alliances se font parfois temporairement afin de mettre en commun des idées et/ou un savoir-faire pour créer de nouvelles pratiques ou pour en inventer de meilleures. Leur motivation sera de générer des idées novatriceset se concentrer pour trouver des solutions à des défis communs. Un exemple : L’alliance Boeing, Airbus et Embraer en 2012, pour le développement de biocarburants. Ainsi, ces derniers s’allient afin de trouver des solutions à des problèmes communs.

Mieux se coordonner

Des partenaires conviennent d’harmoniser leur chaîne logistique pour améliorer leurs produits et leurs services ou encore pour offrir une meilleure expérience client. Leur but commun : mieux coordonner leurs services afin de faire circuler plus efficacement l’information stratégique et ainsi améliorer leur productivité et réduire les pertes de temps et d’argent. Par exemple, la compagnie Corsair Airlines s’est alliée à la SNCF pour offrir un service plus complet à ses clients en leur permettant d’acheter, en même temps que leur billet d’avion, leur correspondance pour le service de train (TGVAIR).

Accroître son efficacité

Une organisation décide ici de confier une fonction particulière à un partenaire interne ou externe afin de devenir plus efficace. Les objectifs sont d’éviter les doublons organisationnels, permettre de centraliser l’expertise pour obtenir un meilleur service et réaliser des économies. Voire même partager ses compétences et savoir-faire comme le font les clusters, ce qui leur permet aussi d’accroître leur efficacité car ce sont généralement des petites entreprises qui n’ont pas autant de moyens que certaines multinationales.

Créer un nouveau produit ou service

Parfois certaines organisations dont les forces et les expertises sont complémentaires, s’unissent pour créer un produit ou un service novateur afin d’exploiter ensemble un nouveau marché par exemple. En règle générale, l’un des deux acteurs détient déjà une pièce du puzzle et recherche des alliés pour l’aider à résoudre son casse tête. Par exemple l’alliance entre Ubisoft et l’université de Mc Gill, qui se sont alliées pour créer un jeu thérapeutique.

Etre forcé de collaborer

Généralement, dans ce cas de figure, une contrainte oblige les organisations à travailler ensemble. Cela peut être dû à la crise, à une restructuration ou encore une fusion. Par exemple, dans le secteur de la santé, certains services sont obligés de fusionner. Il est cependant nécessaire et important de trouver un but commun favorisant la motivation plutôt que l’obligation.

Composantes essentielles de la collaboration

Vous l’aurez sans doute compris, la collaboration, c’est d’abord et avant tout un certain contexte qu’il faut réussir à créer et cultiver. Ce qui est loin d’être simple. Trois composantes sont essentielles pour tirer pleinement profit d’une collaboration :

La gouvernance partagée, l’intérêt commun partagé et les responsabilités partagées. L’ensemble devra être soutenu par une attitude propice à la collaboration. Pour chacune de ces composantes, certaines conditions devront être mises en place afin de maximiser les chances de réussite.

Gouvernance partagée

Pour maintenir un haut degré de participation et de motivation, les décisions doivent être prises en collégialité. Toutefois cette pratique requiert plus de temps et de doigté. Si un projet regroupe des participants autoritaires, il y a des fortes chances que le climat ne soit pas à la collaboration. Ainsi, la collaboration n’émergera qu’à certaines conditions.

  • Confiance et respect de l’autre: Une forte relation de confiance doit pouvoir s’établir entre les acteurs, et ce à trois niveaux : interpersonnel, interprofessionnel et dans certains cas, inter organisationnel lorsqu’il y a une alliance avec des partenaires externes. Chaque partie doit pouvoir contribuer sans se faire dicter une marche à suivre.
  • Leader collaboratif: Tout projet notamment de collaboration, doit pouvoir se reposer sur les compétences d’un champion. D’ailleurs, on reconnaît un bon leader collaboratif à sa capacité à  exercer un leadership en T (c’est à dire expertise et connaissances transversales de l’organisation) et à partager son pouvoir (c’est-à-dire gère et contribue mais ne contrôle pas). Le leader doit faire preuve de grande maturité et d’intelligence émotionnelle pour amener le groupe à privilégier l’atteinte des résultats.
  • D’une intention stratégique claire : pour assurer la réussite d’un projet de collaboration, la direction doit appuyer l’initiative sur le plan stratégique.
  • Prise de décision conjointe : Un processus doit être mis en place afin de favoriser la prise de décision conjointe.
  • Information partagée : Les acteurs doivent faire preuve de transparence. Bien qu’essentielle, elle s’avère parfois difficile à remplir.

Intérêt commun partagé

On peut voir que le partage d’un intérêt commun contribue à la réussite d’un projet. Toutefois certaines conditions s’imposent.

  • Aspiration partagée : L’intérêt commun doit être partagé tant sur le plan opérationnel que stratégique, d’où l’importance que le projet soit soutenu par un plan d’affaires solide.
  • Partage des gains: Au-delà des retombées collectives, chaque acteur impliqué dans une collaboration doit pouvoir en tirer profit tant sur le plan organisationnel qu’individuel.
  • Pertinence critique: La pertinence d’un projet collectif doit être jugée essentielle pour l’organisation, de part le développement des capacités stratégiques ou l’acquisition de connaissances indispensables.
  • Logique de synergie créative : Collaborer doit conduire à un résultat encore plus grand que la somme des parties. Cette synergie devrait permettre d’aller plus loin.

Responsabilité partagée

Dans le cadre d’une collaboration, chaque partenaire doit apporter une contribution unique, car c’est la complémentarité des expertises qui fait la force de cette approche. Ainsi, les personnes qui souscrivent à un effort collectif afin de soutirer tous les bénéfices sans s’y investir sont généralement repérées et peu appréciées.

Afin d’éviter quelques frustrations, il vaut mieux définir un cadre de travail clair dès le départ.

  • Normes communes : Il est nécessaire de s’entendre sur des normes communes. Ces normes doivent porter sur des aspects de qualité et de fonctionnement. Par exemple, ne pas prendre plus de 24h pour répondre à un courriel. Ils doivent aussi définir ensemble les standards à atteindre car la notion de qualité n’est pas la même pour tous.
  • Rôle et responsabilité : Pour la réussite du projet, il est important de bien définir le rôle et les responsabilités de chacune des parties.
  • Perception et complémentarité: Lors du partage des responsabilités, il est primordial que les acteurs comprennent bien la contribution de chacune des parties et, pour se faire, il faut d’abord avoir pris le temps de répertorier les forces et les expertises de chacun.
  • Imputabilité: Les partenaires doivent aussi établir des règles précises en matière d’imputabilité et de gestion des risques et des différends.
  • Partage des efforts : Dans un projet collectif, tout le monde ne fournit pas le même effort. Certains en font plus que d’autres et il faut être prêt à accepter cette réalité. Il n’y a jamais de symétrie parfaite.

Attitude propice à la collaboration

Pour travailler en mode collaboratif, il faut accepter à partager les décisions, les manières de faire, les risques et les bénéfices. Il faut aussi adopter une attitude qui favorise le partage, les échanges et le désir de réussir ensemble le but ultime. Les projets collaboratifs qui donnent les meilleurs résultats sont notamment basés sur l’authenticité, sur la capacité à se parler franchement et sur une certaine disposition à partager son pouvoir.

Un virage incontournable

A l’ère de la mondialisation et de la double mutation, plusieurs constats s’imposent. Les organisations, ne peuvent plus agir seules. Elles doivent désormais miser sur la collaboration pour gérer la complexité. Toutes les grandes sociétés (institutions financières, compagnies d’assurances, réseaux de santé, etc…) constatent actuellement qu’elles perdent beaucoup de valeur ajoutée à travailler en silo. Plus que jamais, leurs clients aspirent à une offre de services plus intégrée. Ils ne veulent pas devoir répéter sans cesse leur histoire. A travailler en silo, on réinvente souvent la roue et on devient moins productif. La collaboration favorise l’échange d’information stratégique entre les différentes disciplines, ce qui permet de mieux répondre aux exigences des clients.

Pour développer de nouvelles capacités stratégiques, les organisations auraient aussi intérêt à partager davantage leurs savoirs avec des experts ou des entreprises issus d’univers complètement différents des leurs. L’innovation naît souvent de ces rencontres grandement favorisées par l’avènement des nouvelles technologies sociales. Par exemple, on peut voir que depuis des années l’entreprise lego s’inspire des recommandations de ses 100 000 consommateurs pour créer ses nouvelles générations de jeux.

Collaborer avec ses clients pour innover représente d’ailleurs une tendance très présente à l’heure actuelle. D’autres entreprises telle que l’Oréal favorisent les échanges entre générations pour créer de nouvelles connaissances. Ainsi, cette multinationale s’est alliée à un jeune diplômé pour créer de nouvelles connaissances et dans ce cas précis pour régler un problème de recrutement. Ensemble, ils ont créé un jeu Reveal by l’Oréal, qui a permis à l’entreprise de détecter les talents de 300 000 candidats potentiels.

Ainsi, plus que jamais, la collaboration s’avère un puissant levier pour relever les défis auxquels les organisations sont actuellement confrontées.

Par Sarah Domun, étudiante du Master 2 IESC promotion 2015-2016

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Entreprise libérée, le nouvel El Dorado https://master-iesc-angers.com/entreprise-liberee-le-nouvel-el-dorado/ Wed, 16 Dec 2015 11:52:07 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=1192 Entreprise libérée, un terme que vous avez sûrement entendu ces derniers temps. L’entreprise libérée est celle qui s’affranchit des modèles de management traditionnels, ces méthodes du passé qui ne fonctionnent plus et qui génèrent du stress chez les salariés. Une… Continuer la lecture

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Entreprise libérée, un terme que vous avez sûrement entendu ces derniers temps. L’entreprise libérée est celle qui s’affranchit des modèles de management traditionnels, ces méthodes du passé qui ne fonctionnent plus et qui génèrent du stress chez les salariés. Une entreprise au sein de laquelle tout le monde s’aime, avance dans le même sens et se sent responsable du projet collectif auquel tous les collaborateurs adhérent.

Nouvelle idéologie managériale

C’est la révolution du management. On passe à un système de 1>20 (le dirigeant a tout le pouvoir et la connaissance) à 20>1 (où tout le monde apporte son savoir). L’idée repose sur le fait que les employés sont les mieux placés pour savoir ce qu’il faut changer afin de permettre le développement de l’entreprise. Il suffit de demander l’avis aux salariés et leur laisser de l’autonomie dans leur travail.  Ce concept peut se résumer : Liberté + confiance + responsabilité = Bonheur + Performance.

 Un bouleversement de la pyramide hiérarchique pour apporter de la croissance (On parle aussi d’holacratie).

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De nombreuses entreprises ont fait ce choix. Chronoflex, en 2008 avec son dirigeant Alexandre Gérard décide de bouleverser l’organisation du travail de sa société en mettant un terme à la hiérarchie pyramidale. Ce sont désormais les ouvriers qui expriment leur besoins à la direction selon le principe de la pyramide inversée. D’autres ont fait ce choix tel que : Harley Davidson, FAVI, W.L.Gore.

Qu’est-ce que l’entreprise libérée ?

Bien que le concept ait récemment fait parler de lui, la notion d’entreprise libérée a été développée par Tom Peters dès 1988 « Le chaos management » puis « l’entreprise libérée : libération, management » 1993. Cette notion a été remise sous les feux des projecteurs par deux auteurs, Jean François Zobrist et Isaac Getz en 2012 « Liberté &Cie » (Ed.Fayard).

L’entreprise libérée pourra s’expliquer en 7 points qui la différencient pour répondre aux dysfonctionnements des entreprises classiques.

  1. Allier bien-être au travail et productivité. L’entreprise libérée véhicule l’idée du bien-être au travail comme un facteur de pérennité de l’entreprise qui accroît la productivité des salariés.
  2. Une vision portée par un leader charismatique. Aujourd’hui les dirigeants sont des opérateurs de passage changeant plusieurs fois d’entreprise et ne se créant pas une identité à partager aux autres.
  3. Avoir des valeurs partagées. Pour avoir une cohésion et un collectif solide, il faut que tout le monde soit sur la même longueur d’onde dans le comportement, ce que prône l’entreprise libérée pour créer une communauté de travail.
  4. En finir avec les contrôles. La moitié du temps de travail des managers est consacrée au contrôle. Le contrôle engendre des coûts pour la mise en place de système lourd. Sans contrôle la valeur du travail change pour le salarié car l’exigence vient de lui il s’approprie sont travail et devient plus performant.
  5. Autonomie des acteurs. Auto-direction, auto-organisation et auto-contrôle. Cela permet de se réaliser, de se faire confiance, d’avoir un rôle réel.
  6. Principe de subsidiarité. Tous les individus et collectifs prennent les décisions qui leur incombent. Cela implique la disparition des fonctions intermédiaires.
  7. Pyramide managériale inversée. Le management est au service du terrain. Contrairement aux entreprises classiques où la hiérarchie décide, dans l’entreprise libérée, les équipes décident d’investir, d’embaucher, etc… mais avec un regard bienveillant du dirigeant qui conseil et accompagne.

Voici une vidéo pour résumer cela de manière plus intuitive.

https:/www.youtube.com/watch?v=ZrAFpPbz7O4&feature=youtu.be

En période de crise sociale et économique, l’entreprise libérée constitue-elle une réponse ?

De plus en plus de salariés sont peu impliqués dans les entreprises. Selon une étude de l’institut Gallup en 2012, 26% des salariés sont activement désengagés, 65% travaille dans la neutralité et seulement 9% s’estiment engagés. Les employés sentent de moins en moins leur importance, leur contribution à l’entreprise.

L’entreprise libérée répond à cette crise sociale et identitaire des salariés, en apportant liberté, confiance, autonomie, écoute et responsabilisation

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La première attente des salariés dans leur travail est la reconnaissance de leur supérieur hiérarchique et des clients. Une crise sociale qui a pour fond l’arrivée d’une nouvelle génération d’individus, les individus Y, opposés aux individus X (Mac Gregor). Des individus Y qui demandent plus de responsabilité, de liberté, d’autodiscipline et cherchent l’accomplissement de soi. C’est ce qui donne du sens et de l’envie de se lever chaque matin pour aller au travail. L’entreprise libérée est particulièrement attractive car elle permet la possibilité d’avoir un travail intéressant, varié, avec des horaires souples pour concilier vie professionnelle et vie privée.

Depuis l’apparition de l’ouvrage « Liberté & Cie » d’Isaac Getz, on a pu observer un engouement pour le mouvement de l’entreprise libérée. Pour les dirigeants l’entreprise libérée est une belle opportunité de libération de la productivité. La crise incite les dirigeants à chercher des alternatives organisationnelles susceptibles de relancer la performance et la compétitivité de leur entreprise. Le dirigeant a pour objectif de créer un environnement favorable à la collaboration afin d’entretenir la motivation et l’innovation. La bureaucratie est supprimée, on passe de 5 intermédiaires entre le dirigeant et les employés à un contact quasi direct. La fonction de manager subit des transformations, le rôle n’est plus de contrôler ou ordonner mais de soutenir l’équipe lors des prises de décisions. Les dirigeants qui sont passés à l’entreprise libérée affirment que celle-ci permet une agilité, du bien-être mais aussi une belle économie.

En revenant à l’entreprise Chronoflex citée auparavant, en 2009 suite à la crise, ce spécialiste dans le dépannage de flexibles hydrauliques sur engins de chantier se trouve dans une situation catastrophique. Avec une perte de 39% de son chiffre d’affaires, l’entreprise coule petit à petit. Le dirigeant Alexandre Gérard recherche donc une solution pour redécoller. Après avoir assisté à une conférence de J-F Zobrist sur l’entreprise libérée, il décide de sauter le pas avec ses employés. Une réorganisation des équipes s’effectue avec des petits groupes autogérés. Après avoir porté la vision et les nouvelles valeurs de l’entreprise, le PDG prend une année sabbatique et laisse ses employés aux commandes. A son retour, il découvre une entreprise fleurissante.

Les PME ne sont pas les seules à croire à cette nouvelle organisation. De grandes entreprises comme Michelin, Auchant et Kiabi expérimentent la libération. Les résultats sont en cours d’étude.

Conclusion :

Aujourd’hui avec le retour du facteur humain, la remise en cause de la hiérarchie pyramidale et du contrôle, l’entreprise libérée est synonyme de stabilité managériale basée sur la subsidiarité. Elle s’inscrit dans une alternative au mode de management actuel qui connaît des limites. Mais des critiques apparaissent surtout sur le jusqu’au boutisme de l’entreprise libérée. Cela remet en cause la légitimité de l’entreprise libérée. Est-ce une nouvelle forme de servitude ?

Par Mickaël FERDINAND, Etudiant M1 IESC promotion 2015-2016

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