Entreprise libérée, le nouvel El Dorado

Entreprise libérée, un terme que vous avez sûrement entendu ces derniers temps. L’entreprise libérée est celle qui s’affranchit des modèles de management traditionnels, ces méthodes du passé qui ne fonctionnent plus et qui génèrent du stress chez les salariés. Une entreprise au sein de laquelle tout le monde s’aime, avance dans le même sens et se sent responsable du projet collectif auquel tous les collaborateurs adhérent.

Nouvelle idéologie managériale

C’est la révolution du management. On passe à un système de 1>20 (le dirigeant a tout le pouvoir et la connaissance) à 20>1 (où tout le monde apporte son savoir). L’idée repose sur le fait que les employés sont les mieux placés pour savoir ce qu’il faut changer afin de permettre le développement de l’entreprise. Il suffit de demander l’avis aux salariés et leur laisser de l’autonomie dans leur travail.  Ce concept peut se résumer : Liberté + confiance + responsabilité = Bonheur + Performance.

 Un bouleversement de la pyramide hiérarchique pour apporter de la croissance (On parle aussi d’holacratie).

2015-12-16_0204

De nombreuses entreprises ont fait ce choix. Chronoflex, en 2008 avec son dirigeant Alexandre Gérard décide de bouleverser l’organisation du travail de sa société en mettant un terme à la hiérarchie pyramidale. Ce sont désormais les ouvriers qui expriment leur besoins à la direction selon le principe de la pyramide inversée. D’autres ont fait ce choix tel que : Harley Davidson, FAVI, W.L.Gore.

Qu’est-ce que l’entreprise libérée ?

Bien que le concept ait récemment fait parler de lui, la notion d’entreprise libérée a été développée par Tom Peters dès 1988 « Le chaos management » puis « l’entreprise libérée : libération, management » 1993. Cette notion a été remise sous les feux des projecteurs par deux auteurs, Jean François Zobrist et Isaac Getz en 2012 « Liberté &Cie » (Ed.Fayard).

L’entreprise libérée pourra s’expliquer en 7 points qui la différencient pour répondre aux dysfonctionnements des entreprises classiques.

  1. Allier bien-être au travail et productivité. L’entreprise libérée véhicule l’idée du bien-être au travail comme un facteur de pérennité de l’entreprise qui accroît la productivité des salariés.
  2. Une vision portée par un leader charismatique. Aujourd’hui les dirigeants sont des opérateurs de passage changeant plusieurs fois d’entreprise et ne se créant pas une identité à partager aux autres.
  3. Avoir des valeurs partagées. Pour avoir une cohésion et un collectif solide, il faut que tout le monde soit sur la même longueur d’onde dans le comportement, ce que prône l’entreprise libérée pour créer une communauté de travail.
  4. En finir avec les contrôles. La moitié du temps de travail des managers est consacrée au contrôle. Le contrôle engendre des coûts pour la mise en place de système lourd. Sans contrôle la valeur du travail change pour le salarié car l’exigence vient de lui il s’approprie sont travail et devient plus performant.
  5. Autonomie des acteurs. Auto-direction, auto-organisation et auto-contrôle. Cela permet de se réaliser, de se faire confiance, d’avoir un rôle réel.
  6. Principe de subsidiarité. Tous les individus et collectifs prennent les décisions qui leur incombent. Cela implique la disparition des fonctions intermédiaires.
  7. Pyramide managériale inversée. Le management est au service du terrain. Contrairement aux entreprises classiques où la hiérarchie décide, dans l’entreprise libérée, les équipes décident d’investir, d’embaucher, etc… mais avec un regard bienveillant du dirigeant qui conseil et accompagne.

Voici une vidéo pour résumer cela de manière plus intuitive.

https:/www.youtube.com/watch?v=ZrAFpPbz7O4&feature=youtu.be

En période de crise sociale et économique, l’entreprise libérée constitue-elle une réponse ?

De plus en plus de salariés sont peu impliqués dans les entreprises. Selon une étude de l’institut Gallup en 2012, 26% des salariés sont activement désengagés, 65% travaille dans la neutralité et seulement 9% s’estiment engagés. Les employés sentent de moins en moins leur importance, leur contribution à l’entreprise.

L’entreprise libérée répond à cette crise sociale et identitaire des salariés, en apportant liberté, confiance, autonomie, écoute et responsabilisation

2015-12-16_0207

La première attente des salariés dans leur travail est la reconnaissance de leur supérieur hiérarchique et des clients. Une crise sociale qui a pour fond l’arrivée d’une nouvelle génération d’individus, les individus Y, opposés aux individus X (Mac Gregor). Des individus Y qui demandent plus de responsabilité, de liberté, d’autodiscipline et cherchent l’accomplissement de soi. C’est ce qui donne du sens et de l’envie de se lever chaque matin pour aller au travail. L’entreprise libérée est particulièrement attractive car elle permet la possibilité d’avoir un travail intéressant, varié, avec des horaires souples pour concilier vie professionnelle et vie privée.

Depuis l’apparition de l’ouvrage « Liberté & Cie » d’Isaac Getz, on a pu observer un engouement pour le mouvement de l’entreprise libérée. Pour les dirigeants l’entreprise libérée est une belle opportunité de libération de la productivité. La crise incite les dirigeants à chercher des alternatives organisationnelles susceptibles de relancer la performance et la compétitivité de leur entreprise. Le dirigeant a pour objectif de créer un environnement favorable à la collaboration afin d’entretenir la motivation et l’innovation. La bureaucratie est supprimée, on passe de 5 intermédiaires entre le dirigeant et les employés à un contact quasi direct. La fonction de manager subit des transformations, le rôle n’est plus de contrôler ou ordonner mais de soutenir l’équipe lors des prises de décisions. Les dirigeants qui sont passés à l’entreprise libérée affirment que celle-ci permet une agilité, du bien-être mais aussi une belle économie.

En revenant à l’entreprise Chronoflex citée auparavant, en 2009 suite à la crise, ce spécialiste dans le dépannage de flexibles hydrauliques sur engins de chantier se trouve dans une situation catastrophique. Avec une perte de 39% de son chiffre d’affaires, l’entreprise coule petit à petit. Le dirigeant Alexandre Gérard recherche donc une solution pour redécoller. Après avoir assisté à une conférence de J-F Zobrist sur l’entreprise libérée, il décide de sauter le pas avec ses employés. Une réorganisation des équipes s’effectue avec des petits groupes autogérés. Après avoir porté la vision et les nouvelles valeurs de l’entreprise, le PDG prend une année sabbatique et laisse ses employés aux commandes. A son retour, il découvre une entreprise fleurissante.

Les PME ne sont pas les seules à croire à cette nouvelle organisation. De grandes entreprises comme Michelin, Auchant et Kiabi expérimentent la libération. Les résultats sont en cours d’étude.

Conclusion :

Aujourd’hui avec le retour du facteur humain, la remise en cause de la hiérarchie pyramidale et du contrôle, l’entreprise libérée est synonyme de stabilité managériale basée sur la subsidiarité. Elle s’inscrit dans une alternative au mode de management actuel qui connaît des limites. Mais des critiques apparaissent surtout sur le jusqu’au boutisme de l’entreprise libérée. Cela remet en cause la légitimité de l’entreprise libérée. Est-ce une nouvelle forme de servitude ?

Par Mickaël FERDINAND, Etudiant M1 IESC promotion 2015-2016

Admin M2 IESC