santé Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Sun, 19 Mar 2023 19:16:31 +0000 fr-FR hourly 1 La place des mégadonnées dans la santé https://master-iesc-angers.com/la-place-des-megadonnees-dans-la-sante/ Sun, 19 Mar 2023 19:16:31 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3666 Le domaine de la santé gère quotidiennement des quantités remarquables de données issues de systèmes d’information cliniques et opérationnels comme le dossier électronique du patient. Les professionnels de santé développent de nouvelles applications pour élargir considérablement les opportunités pour les… Continuer la lecture

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Le domaine de la santé gère quotidiennement des quantités remarquables de données issues de systèmes d’information cliniques et opérationnels comme le dossier électronique du patient. Les professionnels de santé développent de nouvelles applications pour élargir considérablement les opportunités pour les intervenants afin d’obtenir une plus grande valeur.

L’analyse Big data dans le domaine de la santé intègre des méthodes d’analyse de quantités considérables de données électroniques liées aux soins de santé des patients. Ces données sont extrêmement variables et difficiles à mesurer avec les logiciels et le matériel traditionnels. Il existe divers types de données de santé.

Ces données sont disponibles au sein de différents services de santé ou de sources externes (par exemple les compagnies d’assurance ou les pharmacies). Elles sont structurées (tableaux contenant les résultats des tests) ou non structurées (par exemple, le texte d’une lettre d’un médecin).

Le Big Data est reconnu par quatre caractéristiques, appelées 4V.

Les méthodes utilisées pour les mégadonnées font référence à de nombreuses outils.

Les informaticiens créent régulièrement de nouvelles applications pour aider les professionnels de la santé à développer des opportunités à plus forte valeur. Les organisations bâtissent également des infrastructures avec de grandes capacités en big data pour améliorer la prise de décision.

  • Le machine learning dans le domaine de la santé

Le machine learning est la technique d’analyse la plus appropriée pour de nombreux types de données et bénéficie d’un grand potentiel pour améliorer les résultats de nombreux domaines de recherche dans le domaine de l’analyse prédictive de la santé. Il facilite considérablement le développement de modèles centrés sur le patient pour améliorer le diagnostic et l’intervention. Le machine learning est une technique d’analyse de données qui automatise fortement la création de modèles analytiques. Les techniques de machine learning peuvent être utilisées pour intégrer parfaitement et interpréter notamment des données de santé complexes dans des scénarios où les méthodes statistiques traditionnelles échouent. Divers modèles de machine learning axés principalement sur la prédiction des risques sont généralement évalués afin que le modèle le plus précis soit sélectionné.

Le machine learning est important dans chaque phase du big data.

Les algorithmes du machine learning se sont révélés utiles dans le diagnostic médical, comme la détection du diabète, où des modèles prédictifs plus précis sont nécessaires. Et dans des domaines médicaux comme l’oncologie, où la reconnaissance des formes est importante, comme la radiologie.

  • Analyse des mégadonnées

Le Big data sont des données si volumineuses qu’elles ne peuvent pas être traitées par l’informatique de santé traditionnelle en tant que « système autonome » à l’aide d’un simple logiciel d’analyse. Dans ce contexte ce qui est nécessaire, c’est un modèle plus complexe, à programmation intensive, avec une immense variété de fonctionnalités. La plate-forme open source Hadoop est une référence en la matière.

Le cas d’Hadoop

Un cas d’utilisation de l’écosystème Hadoop est présenté dans une brillante étude de Batarseh et Latif (2016) qui a créé un outil appelé CHESS. CHESS déplace les ensembles de données téléchargés vers Hadoop et place les données agrégées avec beaucoup moins de lignes dans les serveurs SQL pour l’analyse. Par la suite, les utilisateurs y accèdent via le logiciel statistique de leur choix (Excel, Tableau, R, etc.), transforment les données dans le format souhaité. Puis exécutent des tests statistiques pour déterminer l’importance de certains facteurs (par exemple, la démographie) en lien avec certaines données de santé.

L’application s’appuie sur Hadoop pour gérer notamment les problèmes de mégadonnées, permettant aux utilisateurs d’interroger uniquement de petites quantités de données avec un logiciel statistique.

Une nouvelle approche a été trouver en 2016, pour favoriser le contenu des données de santé non structurées. Ainsi engendrer la récupération et le traitement de données de santé structurées et non structurées pour des examens de santé personnalisés. Il s’agit d’une amélioration, car la plupart des applications se limitent à interroger uniquement des données médicales structurées.

En effet, lorsqu’il s’agit de traiter des images médicales et des dossiers médicaux, il importe des logiciels et des plateformes basés sur le cloud tels que LifeImage, qui peuvent partager et acquérir des images médicales volumineuses et d’autres dossiers médicaux. Cependant, il se limite à utiliser des données structurées (par exemple, interroger le poids du patient), à acquérir toutes les images et tous les enregistrements pertinents et à traiter des données non structurées. Certaines des limitations techniques qui ressortent des ensembles de données sur l’environnement Hadoop est que le contenu non structuré des données de santé et des images médicales ne peut pas continuellement être traité de la manière souhaitée.

Une telle approche favorise davantage les professionnels de la santé à bénéficier d’une aide à la prise de décision à partir d’algorithmes automatisés.

Conclusion

Les sources de données volumineuses et des techniques analytiques permettent notamment aux capacités de données volumineuses d’engendrer davantage de valeur. Cela sera davantage facilité par de nouvelles recherches dans ce domaine.

En particulier, le machine learning est la technique la plus couramment appliquée à tous les types de données créées, bénéficiant d’un grand potentiel d’amélioration des résultats. Et ceci, dans de nombreux domaines de recherche dans le domaine de l’analyse prédictive de la santé. Le machine learning est décrit comme un domaine complexe proposant de nombreux types d’outils, de techniques qui peuvent être utilisés pour relever les défis posés par la fusion de données. Par ailleurs, il est également apparent que toutes les technologies appliquées sont utilisées de façon différente dans le big data. Élaborant ainsi des capacités différentes dans le secteur de la santé. Les données cliniques étaient la source la plus couramment utilisée pour l’analyse des données (70 %).

En se basant sur la présentation du logiciel basé sur Hadoop. Cette analyse confirme que les professionnels de santé utilisent principalement des données cliniques ou médicales structurées ou non structurées dans leurs recherches pour développer de nouvelles approches de bilans de santé personnalisés. Par ailleurs, Hadoop permet de concevoir également des modèles commerciaux pour réduire le temps et les coûts de recherche et de traitement tout en maintenant la qualité des données.

Il existe un besoin évident dans le domaine de la santé pour soutenir activement ou améliorer considérablement les capacités de prise de décision des professionnels cliniques. Notamment pour diagnostiquer des maladies et des conditions complexes. Un problème majeur avec les mégadonnées dans le domaine de la santé est que la plupart des données sont souvent non structurées. Cela signifie clairement qu’il existe des obstacles au traitement informatique de la plupart des données. Les experts cliniques s’efforcent donc constamment de développer davantage l’infrastructure pour une analyse la plus efficace possible.

Par Nawel Zenasni, promotion 2022-2023 du M2 IESCI

Références bibliographiques

  • Bendahou, M. (2018). Objets Connectés et Big Data au service de l’E-santé. UNIV EUROPEENNE.
  • Bertucci, F., Le Corroller-Soriano, A. G., Monneur, A., Fluzin, S., Viens, P., Maraninchi, D., & Goncalves, A. (2020). Santé numérique et « cancer hors les murs » , Big Data et intelligence artificielle. Bulletin du Cancer107(1), 102‑112. https://doi.org/10.1016/j.bulcan.2019.07.006
  • Wyber, R., Vaillancourt, S., Perry, W., Mannava, P., Folaranmi, T., & Celi, L. A. (2015). Big data in global health : improving health in low- and middle-income countries. Bulletin of the World Health Organization93(3), 203‑208. https://doi.org/10.2471/blt.14.139022
  • Béranger, J. (2016). La valeur éthique des Big data en santé. Les cahiers du numérique12(1‑2), 109‑132. https://doi.org/10.3166/lcn.12.1-2.109-132
  • Reza Soroushmehr, S. M., & Najarian, K. (2016). Transforming big data into computational models for personalized medicine and health care. Dialogues in Clinical Neuroscience18(3), 339‑343. https://doi.org/10.31887/dcns.2016.18.3/ssoroushmehr
  • Rial-Sebbag, E. (2017). Chapitre 4. La gouvernance des Big data utilisées en santé, un enjeu national et international. Journal international de bioéthique et d’éthique des sciences28(3), 39. https://doi.org/10.3917/jib.283.0039

Vidéos :

  • Cité des sciences et de l’industrie. (2020, août 5). Big data et santé[Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=s8MMg2ps1i0
  • France Culture. (2021, 17 septembre). Santé : promesses et dangers du big data[Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=Ykyy_yNufkA

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Big data et éthique en santé : état des lieux en France https://master-iesc-angers.com/big-data-et-ethique-en-sante-etat-des-lieux-en-france/ Wed, 21 Apr 2021 13:52:39 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3450 Aujourd’hui de plus en plus d’innovations et technologies révolutionnaires voient le jour. Ces technologies ont le potentiel de considérablement changer notre façon de vivre dans les années qui viennent. L’une d’entre elles est le Big Data, et toutes les technologies… Continuer la lecture

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Aujourd’hui de plus en plus d’innovations et technologies révolutionnaires voient le jour. Ces technologies ont le potentiel de considérablement changer notre façon de vivre dans les années qui viennent. L’une d’entre elles est le Big Data, et toutes les technologies et logiciels qui reposent sur celle-ci. Un des secteurs qui pourrait potentiellement être l’un des plus affectés par les technologies du Big Data, est le secteur de la santé. Les enjeux ici sont extrêmement importants, il s’agit de la vie et de la santé de tous.

Mais qu’est-ce que le Big Data exactement ? Ce terme étant si souvent employé, sa compréhension de celui-ci peut être floue et nous échapper. La CNIL définit le Big Data, un ensemble de données massives. Plus précisément, ces données doivent répondre à plusieurs critères, appelés couramment les 3V, qui sont le volume, la variété et la vélocité.

Certaines définitions ajoutent d’autres critères, mais ceux-ci varient en fonction des définitions. Seuls les 3V restent constants.

Cette technologie révolutionnaire commence déjà petit à petit à faire sa place dans le secteur de la santé, et les prospects futurs de son utilisation sont déjà pensé et recherché. Son utilisation n’est pas encore massive, mais c’est une part grandissante dans ce secteur. On parle par exemple en France, de l’instauration d’un Health data Hub. Il s’agit d’une base de données médicale de santé commune à tous les Français, qui reposerait sur les technologies du Big Data. Elle regrouperait toutes les données de santé des français, de manière anonyme, et permettrait de faciliter la recherche médicale

Cependant, malgré des avantages clairs de son utilisation, les règles qui entourent le Big Data dans le secteur de la santé ne sont pas strictement définies, et cela comporte des risques, physique, morale et éthique. Nous posons donc la question, quels sont les moyens d’intégrer l’éthique dans l’e-santé ? Pour ce faire, nous définirons d’abord l’environnement qui l’entoure, puis nous montrerons pourquoi et comment faire de l’éthique dans le domaine de la santé, et enfin nous verrons une étude de cas avec la covid-19

 Cadrage de l’environnement de la E-Santé

L’émergence de la e-santé

L’usage du numérique dans le secteur médical, en somme : l’informatisation des tâches administratives et protocolaires a progressivement permis une meilleure organisation des données de chaque patient avec une accessibilité permanente, rapide et peu onéreuse à internet qui sera à l’origine de changements importants.

La santé est un secteur sous haute pression si l’on décrypte les données de l’OCDE en raison d’un vieillissement de la population qui augmente de plus en plus  le taux de personnes sous traitement, des traitements qui aujourd’hui se renouvellent grâce à la data mais qui coûtent plus cher malheureusement dans un contexte où les Etats ont tendance à vouloir réduire leurs dépenses.

C’est dans ce contexte que l’on introduit le concept de la e-santé. En effet, la e-santé est une sphère très vaste qui englobe des activités, des pratiques médicales définis par des lois et réglementations, cela concerne également tout ce qui touche aux objets connectés pour la santé et le bien-être, les systèmes d’information des hôpitaux, la télé-surveillance (patient à domicile, prévention des chutes), des outils de formations à destination des professionnels. Le marché de la e-santé aujourd’hui pèse près de dix trilliards de dollars divisés en plusieurs parties avec un bon nombre de sous domaines très pointues et précis comme celui des assurances, des pharmacies, robots chirurgiens ou encore télémédecine.

Le marché de la e-santé est très lucratif, il pèse aujourd’hui près de dix trilliards de dollars.

C’est en raison de cette diversification si large qu’il est nécessaire de segmenter en catégories les différents champs qu’intègre la e-santé. Elle est née suite au besoin d’améliorer le suivi et la documentation de la santé des patients ainsi que leurs procédures avec par exemple les compagnies d’assurances. Si traditionnellement, les soignants se devaient de conserver des dossiers sous format papier des historiques et statuts de leurs patients, la hausse des coûts des soins de santé et progrès technologique ont permis l’émergence de nouveaux systèmes de suivi électroniques. La plupart des informations sont fournies par le biais d’une série d’objets numériques interactifs, entre autres, bon nombre d’appareils mobiles modernes sont conçus avec des capacités informatiques de renseignement personnel qui sont compatibles avec des applications téléchargeables qui permettent donc aux utilisateurs d’accéder de manière instantanée à des informations de santé.

Le mariage entre big data et santé

Étant une innovation majeure sans réelles antécédents, son impact s’effectue sur le tas et son établissement sur de plus en plus de domaines d’activités laisse entrevoir les changements qui vont apparaître dans le futur. Ainsi son usage progressivement globalisé signifie que les organismes commencent à réaliser l’importance d’une analyse optimale des données, en l’occurrence ici : des données de santé.

L’information est de nos jours un facteur clé pour de nombreux secteurs d’activités, plus les informations à disposition sont importantes et plus l’organisation s’établit de manière optimale afin d’obtenir de meilleurs résultats. Dans le secteur de la santé aujourd’hui, de nombreuses données dans des datacenters stockent des dossiers médicaux et hospitaliers, des résultats d’examens ou encore des recherches sur le biomédical.

 

Les organisations de santé produisent des données à rythme très rapide qui soulèvent à la fois plusieurs défis et avantages. Avec l’apparition et l’évolution des systèmes informatiques, la numérisation des documentations et autres procédures, de nouveaux termes émergent tels que les logiciels de gestion de la pratique médicales, les dossiers de santé électroniques (DSE) ou les dossiers médicaux électroniques (DME) qui recueillent les données médicales et cliniques auprès des clients. Ces nouvelles entités de documentations ont collectivement le potentiel d’améliorer l’efficacité des services et les coûts des soins tout en réduisant les erreurs médicales. Ainsi l’utilisation et la gestion des données de santé dépendent de plus en plus des technologies de l’information.

Au sein de cette sphère, l’on verra progressivement s’établir diverses catégories d’acteurs dont les interactions et fonctions forment aujourd’hui un écosystème de la e-santé à la fois complexe et structuré de telle sorte à pouvoir servir aux intérêts de chacun d’eux.

L’écosystème des données de santé en France

Le projet Health Data Hub, une technologie nécessaire mais très controversée

En France, la question de la gestion des données de santé relève des différents registres et répond à deux fins distinctes. Tout d’abord nous avons une finalité scientifique, dans cette optique il s’agit de collecter et regrouper toutes les informations médicales des patients en France afin de créer une grande base de données que l’on pourra exploiter et traiter à des fins de recherche. Cette base de données va donc permettre de monter des projets de recherche pour améliorer la qualité des soins et traitements ainsi que d’enrichir les connaissances sur les diverses maladies. C’est dans cette logique qu’a été créé le très controversé Health Data Hub. Autour de ce sujet interagissent de nombreux acteurs qui cherchent à se faire entendre.

En premier plan nous avons la Commission Nationale de l’Information et des Libertés, la CNIL qui se préoccupe fortement des modalités de mise en place d’un projet de regroupement des données de santé des citoyens français. Dès la création officielle de la Plateforme des Données de Santé le 29 novembre 2019, la Cnil s’est tenue d’avertir des potentielles dérives et entraves aux libertés individuelles dû au caractère hautement sensible des informations collectées. Avec l’accélération du développement du projet HDH ces risques ont progressivement pris forme et la CNIL a cherché à empêcher le développement du projet dans sa forme actuelle en publiant un mémoire le 9 octobre 2020. Dans ce mémoire la commission exprime avant tout une préoccupation quant à l’hébergeur des données, celui-ci selon la CNIL doit impérativement être une entreprise européenne afin d’éviter tout transfert de données hors du continent.

Accompagnée par de nombreuses associations de médecins, la CNIL recourt à maintes reprises au conseil d’Etat qui malgré tout invalide sa demande de retirer la responsabilité d’hébergement du HDH à Microsoft via son cloud Azure. Bien que les différents représentants politiques, comme le ministre de la santé Olivier Véran, ont reconnu le risque d’hébergement des données par Microsoft, ils n’envisagent pas cependant de retirer la responsabilité à ce dernier d’aussi tôt. En effet, le changement d’hébergeur prendra deux ans selon le gouvernement. Le risque d’exploitation malintentionné continuera de peser encore longtemps sur nos données privées.

Le changement d’hébergeur prendra deux ans selon le gouvernement. Le risque d’exploitation malintentionné continuera de peser encore longtemps sur nos données privées.

Un autre acteur intervient également en scène, le collectif InterHop, une association regroupant des spécialistes en santé, des experts dans le digital et les systèmes d’information tous militants pour les logiciels libres et pour une utilisation autogérée des données de santé à l’échelle locale. Cette association publie le 15 décembre 2020 une tribune visant à attirer l’attention du gouvernement sur la vulnérabilité du système HDH. L’objectif de cette tribune est notamment de faire valoir l’intérêt des fournisseurs de service nationaux et européens et de montrer qu’ils sont aptes à assurer l’hébergement des données européennes.

C’est également l’idée autour de laquelle a été monté le projet du cloud européen et souverain, le projet GAIA-X. Ce projet a pour objectif de mettre fin à la vulnérabilité des entreprises européennes face à l’exploitation de leurs données sous la loi du Patriot/Cloud Act.   Cependant malgré son ambition ce projet soulève lui aussi certains doutes. L’entreprise Palantir spécialisée dans la visualisation des données entre en partenariat avec le projet GAIA-X, ce qui suscite de nombreuses critiques car l’entreprise américaine est connue pour sa proximité avec la CIA. Il y a là une forte contradiction entre le principe central du projet et le choix des partenaires pour la réalisation de celui-ci, ce qui risque de fortement ternir l’image d’un projet pourtant prometteur.

Revenant à la polémique autour du HDH, le Groupe Open, chargé de développer ce projet, soutient l’idée que la plateforme de données de santé incarne l’ambition de la souveraineté numérique française et ne semble pas perturbé par le choix de l’hébergeur Microsoft et affirme que “l’écosystème numérique français s’est aussi construit avec des technologies d’entreprises internationales, à condition qu’elles se conforment à nos valeurs et accèdent aux obligations normatives, comme de ne pas avoir accès aux données stockées.”

Tout récemment Microsoft Azure a élaboré un nouveau service de cloud pour les données classées secret défense. Cette solution a été conçue sur mesure pour le gouvernement américain, preuves que quand il s’agit de la défense des intérêts nationaux la question de la sécurité prime avant tout.

Finalement le nécessaire besoin de renforcer la protection des données de santé au sein de la plateforme a été reconnu et le Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, Cédric O a annoncé déjà chercher des alternatives à la solution Azure de Microsoft.

Mais pour autant le développement de la plateforme n’a pas été figé, en raison très certainement des besoin urgent de la gestion de la crise sanitaire (rappelons le, initialement le lancement du projet de données médicales centralisées sur une plateforme a été accéléré de trois mois en raison de la pandémie). Au début de ce mois la CNIL a autorisé six projets de recherche sur la base des données du HDH dont 3 portants sur la Covid-19.

Constatant l’hésitation gouvernementale aux revendications de l’opinion publique les acteurs français ont à leurs tours décidés de saisir l’opportunité. Il s’agit là de l’alliance d’Atos avec OVH Cloud pour former une solution multicloud 100% européenne. La solution se présente comme une plateforme à guichet unique proposant une multitude d’offres regroupées selon les besoins des clients.

Les deux entreprises font déjà partie du projet Gaia-X et contribuent à la constitution des standards communs de cloud computing. OVH Cloud vient tout récemment d’obtenir la certification d’hébergeur de données le « SecNumCloud » pour sa solution de cloud privé « Hosted Private Cloud » délivrée par l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI). Avec cette certification le groupe peut à présent prétendre à la place de Microsoft dans le projet HDH, car en effet le portefeuille de label de sécurité et de souveraineté lui permet de répondre aux besoins divers et variés des organisations publiques et privées.

Les deux entreprises françaises entendent bien donner du fil à retordre aux géants californiens de la tech en répondant à un réel besoin de contrôle sécurisé des données privées. Cette alliance stratégique représente l’espoir du cloud souverain européen car l’objectif est d’assurer l’infrastructure la plus respectueuses possible des données et ceux en unissant leurs infrastructures (130 datacenters à travers le monde).

Orange Healthcare et Enovacom

Outre les fins scientifiques et de recherche, les données de santé sont aussi générées et forment des flux dans une logique opérationnel comme dans le cas d’envoi de bilans de santé, prise de rendez-vous et autres informations médicales.

Dans le domaine de la e-santé et du stockage des données gravitent aussi de tels acteurs nationaux comme le service de santé de Orange Business, Orange Health Care. Depuis le premier octobre 2020 Enovacom, une entreprise marseillaise est chargée de regrouper et développer les offres de Orange dans le domaine de la santé. C’est ainsi que, certifié HDS (Hébergeur de Données de Santé) Orange Healthcare a conclu avec la French Tech de l’IoT, Bewelle Connect un contrat pour héberger ses données générées par les objets connectés.

Une plateforme de prise de rendez-vous médicaux qui a le vent en poupe, Doctolib

Un autre acteur important de l’écosystème est ayant accru sa notoriété durant la pandémie est le service de prise de rendez-vous médicaux Doctolib. Selon cette plateforme “Pendant le confinement, le nombre de téléconsultations a été multiplié par 100. Aujourd’hui encore, il resterait 30 fois plus élevé qu’avant la crise du coronavirus.” Cet accroissement de l’utilisation a attiré l’attrait de l’entreprise notamment de la part des hackers qui lui ont volé le 23 juillet 6000 données de prises de rdv.  L’enjeu de protection et de confidentialité devient donc crucial et la pépite française a entrepris de renforcer les mesures de sécurité, elle a fait tout récemment appel à l’entreprise Tanker pour assurer le plus haut niveau de cryptage de ses données. Cependant là aussi revient la question de l’hébergement de ses informations. Bien qu’impératif, selon la réglementation du RGPD, Doctolib ne souhaite pas divulguer le nom de son ou ses hébergeurs.  Selon certains experts l’hébergeur serait Amazon avec sa solution Amazon Web Service.

Comme nous l’avons vu, l’univers du Big Data en santé est complexe, les acteurs sont très nombreux et ceux présentés ultérieurement ne forment pas une liste exhaustive. Le domaine de la gestion des données de santé (toujours plus nombreuses) comprend de multiples problématiques touchant aux sphères de la jurisprudence (avec la protection des données personnelles et les libertés individuelles), de la cybersécurité (avec les problématiques de fuite et de vol de données, ou encore de leur transfert à des entités tiers). Mais il convient de ne pas oublier l’aspect éthique de la question également car en effet les informations sur les patients font objet de secret médical. La question se pose alors : comment exploiter et traiter les données de santé pour en tirer une utilité maximum tout en garantissant une manipulation éthique de celles-ci.

Quel lien entre éthique, big data et e-santé ?

Les limites des technologies du Big Data

Les technologies du Big data sont extrêmement utiles et, à travers leur fonctionnement, offrent la possibilité d’octroyer des services personnalisés. Ces services personnalisés sont basés sur des modèles capables de prédire un bon nombre d’évènements et de comportements, en fonction des données qui nourrissent l’algorithme avec lequel elles fonctionnent. L’influence des technologies du Big Data s’étend à bon nombre de secteurs. Toutefois la nouveauté et la rapidité à laquelle se propage cette technologie pose différents types de challenges aux différents secteurs impliqués. Notamment dans le secteur médical, qui vise à utiliser ces technologies pour la médecine personnalisée/de précision grâce à la médecine prédictive.

Le conflit entre potentiel et réalité

Les promesses diffusées par les promoteurs des technologies du big data doivent être remises au goût du jour afin d’éviter des désastres futurs. Certaines de ces promesses sont le développement rapide de la médecine personnalisée, et des diagnostics automatisé basé sur les données massives récolté. Les modèles qu’on nous présente aujourd’hui ou qui sont promulgués ne passent pas nécessairement par les tests et les étapes nécessaires. Les études derrière ces technologies, afin de prouver leur efficacité, seraient trop laxistes pour la plupart.

Certains modèles ne seraient pas testés dans des environnements variés, ce qui n’est pas réaliste par rapport à ce qui peut être demandé par un médecin en clinique. De plus, une fois confrontées à des situations inconnues, ces machines doivent repasser par une phase d’apprentissage, à l’instar de l’algorithme de Google déployé en Thaïlande afin de repérer la rétinopathie diabétique via des images rétine, lorsqu’il a rencontré des difficultés à effectuer sa tâche correctement une fois que la luminosité était faible.

La promesse de médecine personnalisée est aujourd’hui, et sera peut-être pour toujours impossible à réaliser. En effet les technologies du Big Data tel qu’on les connaît sont trop limitées et n’apportent pas, contrairement à ce qui est répandu, une solution infaillible. Celle-ci est limitée dans plusieurs aspects.

Premièrement l’impossibilité pour les modèles de faire une distinction entre cause et effet par la simple observation de données. L’inférence causale est une grande partie de la médecine mais reste hors de portée de la machine. L’inférence causale nécessite de faire des suppositions, alors que les algorithmes sont tous programmés pour faire des prédictions, c’est-à-dire, arriver au résultat le plus plausible à travers les données statistiques récoltées.

Une autre limitation est que la complexité des états de santé ne peut être comprise que par la probabilité. Les probabilités ne permettent pas d’avoir des certitudes, et n’arrivent qu’au mieux à réduire le doute a un petit groupe de possibilités et non à un unique individu. Par exemple, si on lance deux dés, on connaît la valeur la plus probable (sept) et on connaît à 100% la probabilité des autres possibilités, cependant, tout cela ne nous révèle rien sur le résultat du prochain lancé. Dans ce cas, la médecine personnalisée (de précision) est impossible, même dans le cas où les modèles arrivent un jour à faire de l’inférence causale.

Une mise en œuvre massive de ces technologies sans en comprendre les rouages, limitations et autres, pourrait causer des désastres pour certains patients. Intégrer l’éthique dans les technologies du Big data et leurs utilisations serait un moyen de ralentir les ambitions des différentes parties afin d’avoir les meilleurs modèles possibles. Ce qui n’auront pas pour but le remplacement des médecins, ni des performances surréalistes, qui mettent potentiellement en péril la vie des patients, mais des technologies visant à l’amélioration des soins et l’assistance au médecin.

Le manque de régulation sur les technologies du Big Data : l’exemple du Health Data Hub

De plus, les règles qui régissent le big data sont loin d’être exhaustives et ce manque de rigueur amène des problèmes éthiques qui sont des dilemmes pour les utilisateurs. Avec l’intensification de l’utilisation de ces outils dans le secteur médical, beaucoup de droits inhérents à ce service se voient bafoués. Même si ces technologies sont extrêmement utiles pour la surveillance des variations de l’état des malades, elles restent toutefois sensibles et ne devraient jamais être à la disposition de personnes mal intentionnées. Rythme cardiaque, température, taux de cholestérol, grâce au Big Data, toutes ces données peuvent être collectées et étudiées de manière quasi immédiatement permettant notamment des interventions d’urgence.

Les données de santé sont probablement, parmi toutes les autres données qualifiées de « nouveau pétrole », les plus sensibles et donc lucratives pour ceux qui les convoitent. Leur sécurité devrait donc être la priorité numéro 1 des décideurs.

Malheureusement, elles sont souvent hébergées par des acteurs ne respectant pas les droits fondamentaux des patients.  Le droit au consentement à l’utilisation des données par exemple, n’est pas toujours demandé. Plusieurs plateformes fonctionnent sous le principe de consentement présumé. Ce principe implique que tout utilisateur, dès lors qu’il s’inscrit sur la plateforme concernée, est présumé donner son accord sur l’utilisation de ses données. Le seul moyen de se défaire de ce consentement présumé, est de lancer des démarches, souvent ardues et pénibles.

De plus, les options qui permettent de prendre connaissance de la manière dont sont utilisées nos données sont souvent rédigées de manière à dissuader la lecture. Ces restrictions forcent les utilisateurs qui ne veulent pas partager leurs données à, soit chercher des alternatives, la plupart du temps peu appropriées, ou à faire face à un manque d’alternatives. Dans ce cas l’option de consentement n’est plus une option mais une obligation. Ce processus fait en sorte que l’on est au final obligé d’accepter au moins une certaine exploitation par manque d’alternative.

Ce problème est encore plus prononcé dans le secteur de la santé où la valeur de ces données surpasse celle des autres. En effet, en connaissant l’état de santé d’un individu, on peut en déduire beaucoup sur ses envies. Les entreprises sont donc friandes de ce genre de données et des opportunités de se les octroyer. De plus, les États n’étant pas toujours bien informés sur le sujet sont susceptibles de prendre des décisions mettant en péril la sécurité des données de leurs citoyens. Un exemple qui reflète parfaitement ce dilemme est justement l’instauration du Health Data Hub en France.

Le Health Data Hub (HDH) est une initiative de l’État français. Il s’agit d’une plateforme sur laquelle sera récolté et rassemblé toutes les données de santé des Français. Les données sont stockées de manière anonymisée/pseudonymes.  Ces données sont mises au service de la recherche afin d’en sortir des tendances, par exemple de quoi les Français souffrent majoritairement. Cela permettrait aussi des avancées considérables en terme scientifique. Les personnes ayant accès à cette plateforme sont théoriquement restreint aux professionnels de santé et aux chercheurs.

Mais il est possible de déroger à cette règle et d’avoir l’accès aux données sous la condition de l’intérêt public. C’est là que l’on rencontre l’une des critiques majeures du HDH. L’intérêt général est une notion extrêmement vague et difficile à bien définir. Sous la condition de l’intérêt général, n’importe qui peut avoir accès aux informations des français, du moment qu’ils arrivent à prouver que leur cause répond celui-ci. Par exemple, des entreprises, ou des assureurs qui réussissent à avoir accès à ces informations, pourront les utiliser à des fins purement économiques.

Par exemple, elles seraient utiles pour le lancement d’opérations marketing basées sur les données qu’ils avaient pu récupérer lors de leurs accès. Il s’agit ici d’une violation indirecte de la vie privée (les données étant anonymes). De plus, l’anonymat, avec les technologies de nos jours, n’est plus une garantie de sécurité. Il devient en effet tous les jours plus facile de tracer et récupérer l’identité des individus.

La souveraineté numérique et le consentement remis en question

Un autre point de contention est le lieu de stockage des données. Comme nous l’avons vu, le HDH est logé sur Microsoft Azure. Il s’agit ici d’une plateforme appartenant à Microsoft, une entreprise américaine, et une des GAFAM, qui sont connues pour leurs capacités à collecter les données de leurs utilisateurs. De ce fait, le problème d’extraterritorialité des lois américaines entre en jeu, et fait face à la souveraineté numérique de la France. L’Etat français ayant déjà fait les frais de l’extraterritorialité américaine plusieurs fois, lors de l’affaire Alstom par exemple, devrait se tenir sur leur garde.

Ici, la France risque de perdre le contrôle des données de ses citoyens au profit des Etats-Unis. En effet, les données, logées sur une plateforme d’origine américaine, sont susceptibles d’être rapatriées au pays. Cette clause fait partie du Cloud Act que l’ancien Président Donald Trump a signé en 2018.

La France risque de perdre le contrôle des données de ses citoyens au profit des Etats-Unis à cause du Cloud Act.

Dernièrement, le HDH fonctionne sous le principe de consentement présumé. Ceci est un autre des points gênant du HDH car même les personnes ne voulant pas y participer pourraient se retrouver par mes gardes dans la base de données et potentiellement voir leur donnée transférée et exploitée par les Etats-Unis. Même si la Cnil dénonce et sonne la sonnette d’alarme, et que ce genre de mesure est en violation avec le RGPD, on constate une certaine passivité au niveau de l’État, ce qui en plus d’une communication très faible sur le sujet, n’inspire pas confiance sur les raisons de l’installation d’une telle plateforme.

Ce manque de rigueur dans l’établissement de règles claires et strictes autour du sujet, est un signe de laxisme excessif de nos institutions. La question d’éthique n’est pas prise au sérieux, cependant, c’est une question à laquelle il faudra répondre tôt ou tard. L’établissement ne serait-ce que d’une simple charte permettra potentiellement d’éviter de nombreux problèmes futurs liés à ce sujet.

Plus globalement, la vitesse à laquelle se développent et se propagent les technologies dépasse largement les capacités cognitives des utilisateurs. Ceux- ci se sentent de plus en plus emportés dans le tourbillon de l’innovation et du progrès sans avoir le temps de se poser les questions fondamentales : celles de leurs « privacy », de leur liberté de disposer de soi-même et de leurs informations confidentielles. Les exemples où les utilisateurs se retrouvent dépossédés de leurs identités numériques sont nombreux, et le projet du Health Data Hub peut potentiellement se retrouver parmi le rang de ceux-ci si les autorités ne prennent pas une véritable conscience et ne réalisent pas l’ampleur des dégâts. Il faut à tout prix éviter de devenir une colonie numérique d’extraction de données de la Silicon Valley. Pour autant le gouvernement semble avoir tranché sur le sujet. D’ici deux ans, délai annoncé par le ministre du numérique pour changer d’hébergeur, peuvent survenir de nombreux incidents.

Par Oluwafisayomi AGUNBIADE Ayman HILAL et Alina IBRAGIMOVA, étudiants en master 2 intelligence économique et stratégies compétitives à l’université d’Angers

Sources et Bibliographie

 

 

 

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Attention aux biais des données des médias sociaux : ce n’est pas sur Twitter qu’il faut chercher les français réfractaires à la vaccination https://master-iesc-angers.com/attention-aux-biais-des-donnees-des-medias-sociaux-ce-nest-pas-sur-twitter-quil-faut-chercher-les-francais-refractaires-a-la-vaccination/ Wed, 13 Jan 2021 09:25:53 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3341 Mettre en perspective les données analysées pour en comprendre les limites Une tribune publiée le 11 janvier par des communicants dans le Monde, permettant de présenter leur outil d’analyse des données de Twitter, conteste le fait largement répandu dans les… Continuer la lecture

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Mettre en perspective les données analysées pour en comprendre les limites

Une tribune publiée le 11 janvier par des communicants dans le Monde, permettant de présenter leur outil d’analyse des données de Twitter, conteste le fait largement répandu dans les médias que la majorité des français seraient rétifs à la vaccination.

Le propos est intéressant, en revenant sur la façon dont les sondages sur le sujet sont mal présentés, et en rappelant qu’un fort volume de mentions sur Twitter ne signifie pas une capacité à toucher plusieurs communautés. En étant repris uniquement par son réseau, on ne convainc pas grand monde au final. C’est de plus en plus le cas sur les différents RS, de Facebook à Twitter en passant par Linkedin, dont les algorithmes favorisent la communication auprès de son réseau d’abonnés. Seule la polémique peut facilement faire le buzz, mais c’est un autre sujet

C’est par exemple ce qui s’était passé sur la fameuse fausse information du #Pactedemarrakech : plus de 200 000 tweets en décembre 2018, mais qui n’ont dépassé que très marginalement les communautés de droite et d’extrême droite comme on le voit sur cette cartographie des comptes Twitter qui ont repris le sujet : une forte caisse de résonnance, mais qui ne se diffuse pas en dehors de ces réseaux.

 

Twitter n’est pas le miroir de la société française, mais un outil d’influence auprès des médias et des politiques

Les auteurs de la tribune enfoncent le clou en étudiant via leur outil les mentions des vaccins sur Twitter : 2,9 % des “français” indiqueraient y être opposés, ce qui semble très faible en effet. Mais, justement, est-ce que les anti-vaccins sont sur Twitter ? C’est  un outil d’influence, pour toucher politiques et journalistes, mais une très faible partie de la population y est présente. Les twittos réellement actifs sont peu nombreux. Selon les données médiamétrie d’août 2020, il y avait un peu moins de 17 millions d’utilisateurs Twitter en France, dont moins de 4,5 millions actifs quotidiennement.

Twitter donne par ailleurs une fausse impression d’une capacité forte à toucher un public large, via les fameuses « impressions », qui correspondent au total des abonnés des comptes Twitter ayant diffusé un sujet. Celui-ci devient vite très élevé, à plusieurs dizaines de millions, voir plus ( !) pour un sujet français, dès lors que les médias le reprennent : leurs abonnés se recoupent, mais ils sont additionnés … et évidemment, tous les abonnés ne voient pas les tweets émis par les comptes qu’ils suivent ! Un bon exemple via ce corpus de tweet récoltés via la plateforme de veille Visibrain au début du mouvement des gilets jaunes, qui indique 543 millions d’impressions pour un sujet très français …

Justement, en regardant uniquement Twitter, on ne voyait pas le mouvement des Gilets Jaunes se structurer : c’est via Facebook qu’il s’est lancé, à travers des groupes, privés ou publics, locaux, difficiles à identifier avec des outils de veille. Il est en effet très complexe de collecter l’information sur ce réseau social : Facebook sait tout de ses utilisateurs, mais ne revend pas leurs données brutes : il s’en sert pour proposer des publicités ciblées. La recherche d’information y prend donc du temps et sera toujours très partielle, sans compter le fait que nombre de groupes sont privés.

Il est donc illusoire de considérer que via des outils automatisés, on pourra « scruter dans leurs moindres détails les expressions spontanées des Français ». C’est un travail qualitatif précis qu’il faudra effectuer, selon les sujets, en croisant les données de différents médias sociaux et en prenant en compte les biais liés aux données manquantes et aux spécificités du sujet étudié.

Il y a peu d’opération d’influence liés à la santé sur Twitter en France

Sur la santé, si on a observé une réelle guerre d’influence sur Twitter en 2020 concernant l’usage de la chloroquine et le soutien ou non au docteur Raoult l’an dernier, cela est notamment dû à la participation de politiques très actifs comme Christian Estrosi ou de démarches d’influence comme « No Fake Science ». Le bad buzz dont Sanofi a été victime après que Bloomberg ait rapporté – hors interview – des propos du PDG indiquant que le vaccin contre la Covid serait réservé en priorité aux USA a ainsi été éphémère.

En effet, les scandales / affaires de santé ont très peu fait le buzz sur Twitter ces dernières années. Qu’il s’agisse du chlordécone ou de la Dépakine, en dehors de quelques mentions ponctuelles liées à des manifestations ou publications, voir au soutien de certains politiques, il n’y a pas eu de réelle visibilité de ces sujets sur les réseaux sociaux. Contrairement aux problématiques environnementales, il y a peu d’ONG ou de militants spécifiques aux enjeux de santé, notamment puisque l’accès y est universel. Les controverses sur les problèmes liés à certains traitements ne toucheront que les personnes concernées, qui sont peu présentes sur Twitter.

Cela pour une raison simple : les patients français communiquent, notamment sur les effets secondaires éventuels de leur traitement, principalement via Facebook, sur lequel il existe de multiples groupes privés consacrés à ce sujet. Les médecins et personnels de santé sont également peu présents et actifs sur Twitter. Seuls les laboratoires pharmaceutiques vont communiquer sur Twitter. Il y aura évidemment des propagateurs de fausses informations sur les vaccins, mais ceux-ci seront peu repris fautes de communautés intéressées par leurs tweets.

Exploiter les informations issues des médias sociaux pour des effectuer analyses qualifiées et identifier les problématiques à adresser

Les données quantitatives sont une chose, mais il faut aussi regarder dans le détail qui dit quoi. Considérer à partir des seules expressions sur Twitter que seuls des complotistes ou propagateurs de fausses informations seraient opposés aux vaccins est une erreur. S’appuyer sur ces seules données pour indiquer qu’il n’y a pas de réticence à la vaccination en France est un raccourci un peu rapide.

J’avais étudié en 2015 les communautés anti-vaccins présentes aux Etats-Unis sur Twitter, où celles-ci sont très actives depuis de nombreuses années. Il n’y a jamais réellement eu de tentative de l’industrie pharmaceutique ou des autorités pour contrebalancer cette influence, permettant à ces communautés de se développer. On pouvait distinguer trois catégories, connectées entre elles :

  • Les complotistes convaincus que les vaccins ne servent à rien, ou alors à injecter des puces 5G (on avait donc quelques années pour déminer le sujet …), très actifs pour essayer de convaincre d’autres communautés ;

  • Les défenseurs de produits naturels ou « bio », opposés aux vaccins notamment du fait de la présence des « adjuvants » qui en facilitent la prise (notamment l’aluminium) ;

  • Enfin, des personnes (souvent des parents) inquiets des effets secondaires des vaccins, et qui ne trouvent pas ou peu d’information auprès des autorités sanitaires.

Le risque en laissant la parole complotiste se propager, c’est de renforcer les doutes de cette dernière communauté, sur le principe du « il n’y a pas de fumée sans feu ». Au vu des ratés du début de la campagne en France, et du fait qu’une partie de la population ne se considère pas réellement en danger avec la Covid, il y a un risque réel que trop peu de personnes se vaccinent volontairement. Il faut rassurer sur tous les aspects, notamment les effets secondaires, en garantissant une prise en charge en cas de problème.

Un petit sondage sur une population très spécifique pour finir, celle de Time To Sign Off, newsletter quotidienne destinée à une population de cadres / cadres supérieurs a priori plutôt ouverte au consensus scientifique, au vu de sa ligne éditoriale. Sur 3800 répondants à un sondage de TTSO concernant le vaccin contre la Covid proposé le 8 décembre dernier, 27 % ont ainsi indiqué ne pas vouloir se faire vacciner, et 25 % accepteront le vaccin ARN si toutes les garanties sur son innocuité sont apportées.

Bref, il reste du monde à convaincre pour atteindre l’immunité collective !

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Les nouvelles technologies digitales comme moyen d’améliorer le traitement de l’autisme https://master-iesc-angers.com/les-nouvelles-technologies-digitales-comme-moyen-dameliorer-le-traitement-de-lautisme/ Thu, 30 Apr 2020 14:21:31 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3197 L’autisme correspond à un trouble du développement qui est causé par un dysfonctionnement neurobiologique affectant la capacité à communiquer et à avoir des interactions sociales. En France, entre 450 000 et 600 000 personnes seraient atteintes de troubles du spectre… Continuer la lecture

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L’autisme correspond à un trouble du développement qui est causé par un dysfonctionnement neurobiologique affectant la capacité à communiquer et à avoir des interactions sociales. En France, entre 450 000 et 600 000 personnes seraient atteintes de troubles du spectre autistique, soit une naissance sur cent cinquante. Malgré ce nombre, ce trouble est mal connu des professions médicales et beaucoup ne sont pas suivis comme il le faudrait : 80% des enfants autistes ne sont pas scolarisés et seulement 23% des enfants autistes ont un accompagnement adapté. Aujourd’hui, les avancées numériques et technologiques sont telles qu’elles permettent aux personnes atteintes de troubles divers, comme l’autisme, de réussir à mieux s’insérer dans leur environnement social[1].Le développement des nouvelles technologies et des outils numériques offre un panel de possibilités très large, notamment pour améliorer le quotidien des personnes atteintes de troubles du spectre autistique. C’est ce que nous montre le réseau sémantique suivant :

Ces différentes innovations vont permettre, grâce au numérique, de développer le comportement des personnes autistes et notamment celui des enfants. En effet, les articles étudiés mettent en évidence les bénéfices de ces innovations : amélioration du langage corporel, identification des émotions, aide à l’intégration.

Les outils numériques à l’international

Le nombre de troubles du spectre autistique (TSA) a presque triplé depuis 2000, touchant un enfant sur 59 aux États-Unis, selon les Centres pour le Control et la Prévention[2]. Le nombre d’enfants autistes américains a augmenté de 119,4% entre 2000 et 2010[3]. Il n’est donc pas étonnant que les Etats Unis soient les premiers à avoir développé des outils pour dépister et combattre l’autisme chez les enfants. Les zones géographiques les plus actives et intéressées par ce domaine sont : premièrement, l’Amérique de Nord (Les Etats-Unis, le Canada), ensuite l’Europe (Suède, Italie), et finalement l’Asie (Japon). Beaucoup d’universités et d’Instituts spécialisés dans le domaine ont contribué à développer des nouveaux outils et mécanismes pour aider les familles en difficulté, notamment les enfants diagnostiqués TSA.

On peut citer quelques exemples concrets comme des robots qui sont parvenus à « se connecter » aux enfants atteints de TSA, (grâce aux compétences émotionnelles et communicatives qui peuvent posées des difficultés), ou encore des policiers américains qui utilisent la réalité virtuelle pour interagir avec les enfants autistes. Ces deux exemples montrent l’avenir florissant du développement de la technologie liée à la santé. Les dispositifs mentionnés montrent qu’il est possible d’aider les personnes, et plus particulièrement les enfants atteint d’autisme, à comprendre les interactions sociales et comment s’intégrer dans un groupe.

Les outils numériques se sont également avérés utiles pour le dépistage de l’autisme. A Philadelphie, à l’Hôpital pour enfants, une recherche est présentée. Des capteurs enregistrent les mouvements du visage, y compris la posture de la tête et les mouvements des yeux, au cours d’une conversation de trois minutes. Cet outil prétend pouvoir prédire l’autisme à environ 89%[4]. De même, une application appelée « Autism & Beyond », qui enregistre les réponses et les comportements émotionnels d’un enfant pendant qu’il regarde une courte vidéo, a permis d’identifier plus de 1 000 enfants présentant des caractéristiques de l’autisme.

Les codes de langage des enfants autistes sont l’un des premiers domaines de l’étude pouvant déboucher sur de nouvelles thérapies. Les chercheurs financés par le SFARI[5] utilisent déjà des smartphones et un logiciel de transcription automatique pour enregistrer la parole et détecter les comportements des enfants atteints d’autisme.

Aux Etats-Unis, près de 50 000 personnes atteintes d’autisme quittent l’école secondaire chaque année5. Ce genre de fait sur l’autisme peut résulter de plusieurs facteurs, mais ces étudiants ont surtout du mal à maîtriser les processus d’apprentissage. En moyenne, l’autisme coûte aux familles environ 60 000 dollars par an6. Par contre, éduquer un enfant autiste coûte 8 600 $ de plus par an7. Cependant, le coût de la prise en charge des Américains atteints d’autisme atteindra 461 milliards de dollars d’ici 20258.

L’Angleterre dispose de programmes importants pour l’intégration des enfants atteints de troubles du spectre de l’autisme au sein d’écoles non spécifiques en faisant appel à des interlocuteurs pouvant aider à répondre aux questions : tant des enseignants, des parents que des élèves, et mettre en place des aides spécifiques adaptées à chaque enfant. L’Angleterre incite donc la confrontation des autistes au monde de tous les jours, c’est comme cela que l’un des musées de Bristol a décidé de mettre en place une application adaptée au enfants atteints de l’autisme en utilisant les points de vus de ces derniers. En effet, on peut constater que les visites de musée pour les autistes peuvent être stressantes et un challenge important. Il est donc intéressant pour ce musée de réussir une application leur permettant d’être à l’aise et de capter leur attention. Les écrans tactiles autant visuels qu’audio permettent de créer de la participation mais aussi du divertissement pour réussir à capter l’intérêt des autistes.

De plus, on peut voir que diverses innovations sont proposées, notamment avec la création de technologie informatique grâce à de la musique allant au-delà de la musicothérapie traditionnelle. La musique permet donc de faciliter la communication mais aussi de nouer des liens sociaux. Les systèmes informatiques permettent donc la multi-sensorialité. C’est en Espagne que l’application BendableSound a été créée par Cibrian, Pen˜a, Ortega, & Tentori qui permet une interaction haptique pour définir sa propre expérience auditive en contrôlant des éléments musicaux tels que la hauteur, le volume ou bien même le rythme. Ceci permet donc une exploration de soi tout en permettant d’appliquer des compétences nouvelles à des environnements réels.

Le Japon a longtemps été le premier pays à poser des brevets et innover de toute part, ils se sont aussi intéressés à l’autisme, et c’est même récemment que l’on peut voir qu’une entreprise ‘Spectrum Visions Global, Inc.’ a créé la plate-forme Voice4u qui est une révolution en termes de communication alternative. Cette plate-forme aide les autistes à exprimer leurs sentiments, leurs pensées, leurs actions et leurs besoins. Ceci permet donc un meilleur apprentissage mais aussi une communication facilitée.

Conclusion

Grâce au progrès et à l’innovation notre société devient de plus en plus technologique et digitale. Les leaders économiques d’aujourd’hui sont les entreprises qui ont su s’adapter à cette transition numérique comme les GAFAM aux Etats-Unis. L’enjeu pour elles est donc de fournir leurs innovations au plus grand nombre, elles prennent de plus en plus en compte les spécificités des individus pour leur proposer des outils numériques adapter à leurs besoins. Ainsi, le développement de nouvelles technologies à destination des personnes atteintes d’autisme s’est fait tout naturellement et représentent aujourd’hui un vrai marché lucratif.

Ces outils numériques ont beaucoup d’atouts, ils permettent notamment aux enfants autistes à communiquer et à mieux comprendre le monde et les personnes qui les entourent. Cependant, de tels outils ne doivent pas enfermer les individus souffrant d’autisme dans un monde virtuel qui les détacherait du monde réel.

Par Denisa Apostol, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

[1] Selon l’Institut National de la santé et de la recherche médicale

[2] Big Ideas University of California, https://bigideas.ucdavis.edu/news/autism-treatment-new-technologies

[3] Statistics about autism, https://disturbmenot.co/autism-statistics/

[4] « Are digital tools the future of autism research? », https://sparkforautism.org/discover_article/are-digital-tools-the-future-of-autism-research/

[5] Simons Fondation Autism Research Initiative, https://www.sfari.org/

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Crise du COVID-19 : la situation en Afrique https://master-iesc-angers.com/crise-du-covid-19-la-situation-en-afrique/ Thu, 09 Apr 2020 12:57:43 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3173 Depuis la révolution industrielle, les pays s’attèlent à développer leurs économies afin de subvenir aux besoins de l’ensemble des habitants et d’être compétitifs sur le plan international. Or, certains événements peuvent exposer les pays à des crises économiques, alimentaires, environnementales,… Continuer la lecture

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Depuis la révolution industrielle, les pays s’attèlent à développer leurs économies afin de subvenir aux besoins de l’ensemble des habitants et d’être compétitifs sur le plan international. Or, certains événements peuvent exposer les pays à des crises économiques, alimentaires, environnementales, sociales, ou sanitaires, ce qui s’est observé dans les années 2007-2012 avec la crise économique mondiale, qui plonge les pays dans une situation d’instabilité financière, et les pays africains les plus vulnérables ont aussi été impacté par ce phénomène ; ou encore la maladie infectieuse des poumons nommé le SRAS (Syndrome Respiratoire Sévère) due au virus SARS-CoV survenue en chine en 2002 et causant une épidémie en 2003. Face à ces situations de crise, les pays touchés vont tout mettre en œuvre afin de gérer au mieux la crise.

En effet, la gestion de crise se caractérise par l’ensemble des modes d’organisation, des techniques et des moyens qui permettent à une organisation de se préparer et de faire face à la survenance d’une crise puis de tirer les enseignements de l’événement pour améliorer les procédures et les structures dans une vision prospective. La situation actuelle à laquelle sont confrontés les pays du monde entier est une crise sanitaire appelé coronavirus, ou Covid-19. Cette crise a déclenché une situation d’alerte dans tous les pays du monde étant donnée les pertes humaines déjà subi dans certains pays, les activités économiques ayant chuté etc.

Au vu du taux élevé de décès, l’arrêt de la majorité des entreprises et bien d’autres constats observés dans les pays les plus touchés, et observant les pays les plus vulnérables, nous nous posons la question de savoir si le virus se propage totalement dans le continent africain, est-il capable de gérer au mieux cette crise ?

La Chine, premier pays impacté dont les premiers cas ont été détecté à Wuhan dans la province de Hubei depuis décembre 2019, a subi dans l’ensemble du pays d’importantes répercussions au niveau humain, économique et social. D’après les données, le 11 février 2020 ce pays a détecté 42 708 cas après des mois de crise, et ce nombre continuerai de croître d’après les statistiques.

D’autres pays comme l’Italie, la France, l’Espagne, et bien d’autres ayant réagi un peu tardivement, ont subi des pertes humaines, plusieurs cas de contamination. Ces derniers tentent de réduire la propagation du virus en prenant des mesures préventives dans tous les secteurs. Par contre, les pays africains moins touchés, sont en voie d’être très impactés par ce virus au vu des risques d’importation de la maladie.

Ainsi, notre analyse structurée en deux grande partie consistera dans une première partie à montrer l’impact de la crise du covid-19 dans les pays développés et dans une seconde partie de voir comment les pays africains vont pouvoir gérer le risque d’importation du Covid-19.

A. Evolution de la crise du Covid-19 dans les pays développés

    1. La Chine, premier pays impacté par le Covid-19

L’urgence sanitaire mondiale déclenchée par la maladie de coronavirus dit Covid-19, conduit à l’implication de tous les pays. L’auteur IBANDA KABAKA (2020)[1], explique que suite à cette maladie causant des restrictions des déplacements, cela a fini par porté atteinte à la liberté des individus et au ralentissement de l’économie mondiale.

Le coronavirus a fait son apparition en décembre 2019 en Chine, et s’est répandu à travers le monde. D’après les études scientifiques, ce nom provient de sa forme de couronne qu’ont les protéines autour et il fait partie d’une famille de virus dont certains infectent différents animaux, d’autres l’homme dont les symptômes vont d’un simple rhume à une infection pulmonaire sévère, responsable d’une détresse respiratoire aiguë susceptible d’occasionner le décès du patient. De plus l’auteur IBANDA KABAKA explique dans ses analyses que cette maladie a été déjà détectée auparavant, d’après l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) :

  • le SRAS-CoV (2002-2003), ou coronavirus à l’origine d’un syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), apparu en Chine : plus de 8 000 cas ont été recensés dans 30 pays et 774 personnes sont décédées (soit près de 10% de mortalité).
  • le MERS-CoV (2012-2013), ou coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient, a été détecté pour la première fois en Arabie saoudite : 1 589 cas et 567 décès dans 26 pays ont été enregistrées (soit un taux de mortalité d’environ 30%).

La nécessité de préserver la santé des individus est un droit fondamental tant au niveau national et international[2]. Etant donnée qu’il est difficile d’éviter une propagation de la maladie au-delà des frontières, l’auteur explique que c’est pour cela que l’harmonisation des politiques sanitaires initiées au niveau national impose le recours à un instrument international par lequel s’engagent les souverainetés nationales ayant parfois des intérêts divergents[3].

Selon le rapport de plusieurs chercheurs et médias, l’apparition du coronavirus s’est observée dans le marché des fruits de mer WUHAN où des animaux sauvages exotiques notamment les pangolins, les chauves-souris, les rats, les serpents, etc., étaient vendus. Et d’après certains scientifiques ce virus serait venu d’une chauve-souris qui aurait été mangée par un pangolin dont celui-ci infecté aurait été à son tour préparé et mangé par l’homme. Cette infection s’explique par le fait que la viande a été mal cuite, ce qui n’a pas détruit l’agent pathogène. De plus, la perte de temps de la réaction des autorités chinoises sont en partie responsable de l’aggravation de ce phénomène dans la mesure où ce n’est qu’en janvier 2020 que ces derniers ont officiellement annoncé la situation du pays à la communauté internationale.  Par la suite, les mesures prises ont été de mettre la ville de Wuhan en quarantaine, financer la construction d’un hôpital, et interdire en février dernier la vente et la consommation des animaux sauvages.

Après des mois de gestion de crise observés dans ce pays, nous constatons un recul de la maladie depuis début mars car les hôpitaux se vident au fur et à mesure d’après les chiffres officiels ; et bien qu’elle ait fermée ses frontières, la Chine s’emploie à fournir des masques aux pays touché comme la France.

Figure 1 : Evolution du nombre de décès lié au Coronavirus

Ce graphique illustre l’évolution des décès dépassant le seuil de 10 morts, observés dans différents pays présentant le virus dont : l’Allemagne (206 morts au no 11 jour étudié), le Japon (45 morts au no 17 jour étudié), le Royaume-Uni (490 morts au no 14 jour étudié), la France (1331 morts au no 18 jour étudié), l’Espagne (3647 morts au no 20  jour étudié), les Etats-Unis (1027 morts au no 22 jour étudié), l’Italie (7503 morts au no 30 jour étudié), la Chine (2663 morts au no 35 jour étudié), et la Corée du Sud (126 morts au no 29  jour étudié).

2. La gestion de crises des pays européens

Suite à la propagation du virus dans le monde par les individus provenant de la Chine, cela a déclenché une alerte universel sur les mesures à prendre afin de lutter contre cette maladie ravageuse. En effet, l’organisation mondiale de la santé (OMS) a décrété le coronavirus Covid-19, une urgence sanitaire mondiale dans le but de sensibiliser et de contraindre tous les pays du monde entier de prendre des dispositions face à l’arrivé de cette maladie dans leurs territoires. Et nous observons que les autorités des pays impactés par cette maladie tels que l’Italie, la France, l’Allemagne, l’Australie, la Corée du Sud, le Japon, l’Iran, etc., ont déjà pris la décision de fermer leurs frontières, d’annuler les vols, de contrôler les personnes arrivant aux aéroports ou de prendre d’autres mesures de protection. Au vu des nombreux cas de détection de la maladie, en Italie par exemple, ce pays a dû prendre des mesures, et depuis le 7 mars 2020, nous observons qu’au nord du pays abritant près de quinze millions d’habitant, cette zone a été mise en quarantaine. En France, la situation d’alerte pousse les autorités à donner des informations quotidiennes provenant du ministère de la santé. Actuellement, ce pays est en phase 3 de la propagation de la maladie dans ses régions, de nombreux cas s’y observent depuis février.

Figure 2 : la propagation du Covid-19 en France, cas confirmés depuis le 17 février 2020

Ce graphique illustre le nombre de cas de contamination et de décès confirmés depuis février jusqu’en mars. En effet, nous observons près de 860 morts cumulées et 19856 cas cumulés, cela a continué à augmenter car nous avons le 28 mars 2020 près de 2317 morts cumulées et 38105 cas cumulés.

Par ailleurs, le secteur économique se retrouve très impacté dans les pays du monde entier car nous observons une récession économique. En effet les mesures de fermeture des frontières, d’annulation des vols aériens cause une baisse de l’activité économique, notamment l’arrêt des relations avec la Chine qui est devenue l’usine du monde ce qui entraîne une baisse de la richesse produite au plan mondial et une récession économique. Nous observons certaines entreprise subir des pertes, licencier partiellement ou définitivement leurs employés, comme le cas de la compagnie britannique Flybe qui vient de faire faillite, tout en jetant sur le pavé de milliers de salariés[4].

B. Gestion des risque de Covid-19 des pays africains

1. Situation sanitaire des pays africains

Etant donné que la Chine est le principal partenaire de l’Afrique,  il y a des risques que cette maladie puisse atteindre le continent et c’est pour cela que des mesures sont en train d’être  prises afin de contrôler l’importation de risque de la maladie[5].  Les autorités procèdent à la surveillance accrue et l’identification rapide  des cas suspects, suivi du transfert des patients et  l’isolement, le diagnostic rapide, la recherche et le suivi des  contacts potentiels[6]. Cependant, ces pays en développement sont très vulnérable face à cette maladie mortelle, dans la mesure où le système médical faible n’est pas en mesure d’être efficace faute de financement, de matériel, d’infrastructures. Les institutions internationales telles que le fond monétaire international (FMI), la Banque mondiale, s’engagent à verser des fonds d’un montant  respectif de 10 milliards et 12 milliards de dollars ; et les pays africains peuvent donc solliciter les concours financiers de ces deux institutions financières de Bretton-Woods, afin de lutter contre cette épidémie.

De plus, les experts de l’OCDE qui suivent l’évolution de ce virus, expliquent plusieurs scénarios économiques auxquels pourraient faire face les pays africains. En effet, ils expliquent qu’à l’avenir, les pays africains bien qu’ils soient moins impactés par ce phénomène, ne pourront pas être épargnés longtemps et ces derniers vont courir surtout des risques d’ordre financier. De plus selon eux, les pays dépendant des hydrocarbures (gaz, pétrole…) vont être encore plus en difficulté dans la mesure où le secteur pétrolier qui rencontrait déjà des difficultés dues à la guerre commerciale larvée entre grandes puissances dont la Chine va s’empirer. Ce qui fait que ces pays (l’Angola, l’Égypte, le Soudan du Sud, le Gabon, l’Algérie) devront s’y préparer afin d’éviter trop de pertes. De plus, d’autres secteurs vont être menacer, notamment la république démocratique du Congo exportatrice des produits miniers qui génèrent la part essentiel des revenus car ne pouvant plus effectuer les échanges à l’international. Le secteur touristique s’en trouve aussi très affecté car il est devenu difficile de le promouvoir étant donné la restriction des déplacements. Ils expliquent en plus que les pays africains vont devoir mettre en place de nouvelles stratégies afin de relancer l’économie régionale.

2. Contrôle des potentiels risque d’importation de la maladie

Face à la crise du covid 19 qui sévit le monde, les pays mettent en œuvre des stratégies sanitaires efficaces. Des auteurs[7] ont menés des études dans certains pays africains pour évaluer leur vulnérabilité et le risque d’importation du covid 19. Pour cela, ils utilisent des données sur le volume des voyages aériens au départ des aéroports des provinces infectées en Chine et dirigé vers l’Afrique afin d’estimer le risque d’importation par pays. Pour mieux analyser ces pays, les auteurs se sont basés sur deux indicateurs dont la « préparation » en utilisant le suivi du Règlement sanitaire international de l’OMS et le cadre d’évaluation ; et la « vulnérabilité », en utilisant l’indice de vulnérabilité aux maladies infectieuses. Les résultats obtenus de ces études montrent qu’il y a deux niveaux de risques dont nous observons un risque d’importation le plus élevé en Égypte, Algérie et en Afrique du Sud ; puis nous avons un risque modéré au Nigeria, Éthiopie, Soudan, Angola, Tanzanie, Ghana, et au Kenya. L’objectif de cette analyse est donc de voir dans quelle mesure les pays africains peuvent bien se préparer dans la détection des cas importés et d’en limiter la transmission ultérieure, pour cela grâce aux ressources, à l’intensification de la surveillance et au renforcement des capacités.

Figure 3 : Répartition du risque d’importation en fonction de la densité de la population humaine, répartition de la capacité SPAR et IDVI

 

Les pays[8] qui n’ont pas d’estimations du risque d’importation correspondent à des situations où le risque d’entrée a été jugé négligeable au moment de l’analyse. Les valeurs de MUS (non visibles sur les cartes) sont les suivantes : risque d’importation 4-5 × 10-4, SPAR 65 et IDVI 64.

Par ailleurs, d’après le communiqué du Bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)[9] du 12 mars 2020, les pays africains face aux risques d’importation du virus affirment pouvoir effectuer des tests de dépistage de cas potentiels du coronavirus. De plus, les analyses ont montré que la quasi-totalité des cas détectés en Afrique sont des cas d’importation, principalement en raison des mouvements de personnes entre les zones où maladie circule et l’Afrique. D’où d’après le rapport du 15 mars 2020 de l’European Centre for Disease Prevention, nous avons : l’Egypte (93 cas), l’Algérie (37cas), l’Afrique du Sud (24 cas), le Sénégal (21 cas), le Maroc (18 cas), la Tunisie (16 cas), la Côte D’Ivoire (4 cas), le Burkina Faso (3 cas), le Cameroun (3 cas), la République Démocratique du Congo (2 cas), le Ghana (2 cas), la Namibie (2 cas), le Nigeria (2 cas), la Guinée Equatoriale (1 cas), l’Ethiopie (1 cas), le Gabon (1 cas), la Guinée (1 cas), le Kenya (1 cas), la Mauritanie (1 cas), le Rwanda (1 cas), le Soudan (1 cas), le Swaziland (1 cas) et le Togo (1 cas).

Au vu du taux faible de cas et de mortalité en Afrique, ces derniers doivent renforcer les mesures au sein de leur territoire.

Conclusion

En somme, le monde entier se retrouve en situation d’alerte sanitaire mondiale, annoncée en janvier dernier par l’OMS. L’épidémie du Covid-19 apparue en Chine dans la ville de Wuhan s’est propagée rapidement dans les pays développés causant de nombreux décès et de cas de contaminations. Face à cette situation d’urgence sanitaire, les pays touchés ont dû prendre des mesures afin de réduire la propagation du coronavirus comme la fermeture des frontières, l’interdiction des vols aériens, restrictions des déplacements des individus, sensibilisation de la population sur l’hygiène. Cependant, les pays africains moins touchés par ce phénomène sont très vulnérables dans la mesure où leur système sanitaire est très faible, qu’ils manquent d’infrastructures, de financement. Au regard de cette situation, les institutions internationales s’engagent à donner des fonds à ces pays afin de lutter contre ce virus. En outre les pays africains ont déjà commencé à mettre en place des stratégies consistant à contrôler les cas d’importation de la maladie ;  ils vont devoir prendre des mesures de relance de l’économie régionale étant donné l’interruption des échanges internationaux actuellement au ralenti, voire en arrêt pour le moment. La vulnérabilité du continent africain, est très préoccupante et la possibilité d’une aggravation est très envisageable et pourrait être très dramatique pour ces pays vulnérables. Une vigilance doit donc être de rigueur dans le contrôle de risque d’importation du virus, étant donné que la Chine est le principal exportateur de l’Afrique.

Par Donnah Alicia JESSICA MBAZOGHE Ateme, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

[1] Paulin Ibanda Kabaka. La gestion internationale de l’épidémie du coronavirus COVID 19 en 2020. Analyse des conséquences socio-économiques et juridiques d’une atteinte à la santé publique mondiale. 2020. ‌hal 02502421‌.

[2] R. J. DUPUY, Le droit de la santé en tant que droit de l’homme, Amsterdam, Académie de droit international de la Haye, Ed. Sijthoff and Noordhoff, 1979, p.346.

[3] P. IBANDA KABAKA, Réforme forestière de 2002 et droits des populations en RD Congo. Analyse de l’évolution du droit forestier dans ses aspects juridiques, fiscaux, écologiques et socio-économiques, Thèse de doctorat de droit public, Université de Pau et des pays de l’Adour, 2018, p.125.

[4]https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/05/flybe-abattue-en-plein-vol-par-le-mechant-virus_6031923_3234.html.

[5] Le Monde. Coronavirus: l’Afrique en état d’alerte. 2020. https://www. lemonde.fr/afrique/article/2020/01/28/coronavirus-l-afrique-sur-sesgardes_  6027538_3212.html (accessed Feb 1, 2020).

[6] WHO Emergency Committee. Statement on the second meeting of the International Health Regulations (2005) Emergency Committee regarding the outbreak of novel coronavirus (COVID-19). Geneva: WHO, 2020. https://www.who.int/news-room/detail/30-01-2020- statement-on-the-second-meeting-of-the-international-healthregulations-( 2005)-emergency-committee-regarding-the-outbreakof- novel-coronavirus-(COVID-19) (accessed Feb 1, 2020).

[7] Marius Gilbert*, Giulia Pullano, Francesco Pinotti, Eugenio Valdano, Chiara Poletto, Pierre-Yves Boëlle, Eric D’Ortenzio, Yazdan Yazdanpanah, Serge Paul Eholie, Mathias Altmann, Bernardo Gutierrez, Moritz U G Kraemer*, Vittoria Colizza: “Preparedness and vulnerability of African countries against importations of COVID-19: a modelling study”

[8] AGO=Angola. BDI=Burundi. BEN=Benin. BFA=Burkina Faso. BWA=Botswana. CAF=Central African Republic. CIV=Côte d’Ivoire. CMR=Cameroon. COD=Democratic Republic of the Congo. COG=Republic of the Congo. COM=Comoros. CPV=Cape Verde. DJI=Djibouti. DZA=Algeria. EGY=Egypt. ERI=Eritrea. ESH=Western Sahara. ETH=Ethiopia. GAB=Gabon. GHA=Ghana. GIN=Guinea. GMB=Gambia. GNB=Guinea-Bissau. GNQ=Equatorial Guinea. IDVI=Infectious Disease Vulnerability Index. KEN=Kenya. LBR=Liberia. LBY=Libya. LSO=Lesotho. MAR=Morocco. MDG=Madagascar. MLI=Mali. MOZ=Mozambique. MRT=Mauritania. MUS=Mauritius. MWI=Malawi. NAM=Namibia. NER=Niger. NGA=Nigeria. RWA=Rwanda. SDN=Sudan. SEN=Senegal. SLE=Sierra Leone. SOM=Somalia. SPAR=State Party Self-Assessment Annual Reporting. SSD=South Sudan. STP=São Tomé and Príncipe. SWZ=eSwatini. TCD=Chad. TGO=Togo. TUN=Tunisia. TZA=Tanzania. UGA=Uganda. ZAF=South Africa. ZMB=Zambia. ZWE=Zimbabwe

[9] www.ecodafrik.com/la-covid-19-en-afrique-situation-actuelle-et-interrogations/

Références bibliographiques

Marius Gilbert*, Giulia Pullano, Francesco Pinotti, Eugenio Valdano, Chiara Poletto, Pierre-Yves Boëlle, Eric D’Ortenzio, Yazdan Yazdanpanah, Serge Paul Eholie, Mathias Altmann, Bernardo Gutierrez, Moritz U G Kraemer*, Vittoria Colizza: “Preparedness and vulnerability of African countries against importations of COVID-19: a modelling study”

Le Monde. Coronavirus: l’Afrique en état d’alerte. 2020. https://www. lemonde.fr/afrique/article/2020/01/28/coronavirus-l-afrique-sur-sesgardes_  6027538_3212.html (accessed Feb 1, 2020).

  1. IBANDA KABAKA, Réforme forestière de 2002 et droits des populations en RD Congo. Analyse de l’évolution du droit forestier dans ses aspects juridiques, fiscaux, écologiques et socio-économiques, Thèse de doctorat de droit public, Université de Pau et des pays de l’Adour, 2018, p.125.

Paulin Ibanda Kabaka. La gestion internationale de l’épidémie du coronavirus COVID 19 en 2020. Analyse des conséquences socio-économiques et juridiques d’une atteinte à la santé publique mondiale. 2020. ‌hal 02502421‌.

  1. J. DUPUY, Le droit de la santé en tant que droit de l’homme, Amsterdam, Académie de droit international de la Haye, Ed. Sijthoff and Noordhoff, 1979, p.346.

WHO Emergency Committee. Statement on the second meeting of the International Health Regulations (2005) Emergency Committee regarding the outbreak of novel coronavirus (COVID-19). Geneva: WHO, 2020. https://www.who.int/news-room/detail/30-01-2020- statement-on-the-second-meeting-of-the-international-healthregulations-( 2005)-emergency-committee-regarding-the-outbreakof- novel-coronavirus-(COVID-19) (accessed Feb 1, 2020).

https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/05/flybe-abattue-en-plein-vol-par-le-mechant-virus_6031923_3234.html.

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La marchandisation des organes https://master-iesc-angers.com/la-marchandisation-des-organes/ Wed, 15 Jan 2020 13:03:20 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3099 Aujourd’hui, le capitalisme et la mondialisation sont présents dans tous les domaines, que ce soit matériel, immatériels ou même dans les domaines touchant la vie et le vivant avec la marchandisation de l’humain. Trois temps de cette marchandisation se distinguent… Continuer la lecture

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Aujourd’hui, le capitalisme et la mondialisation sont présents dans tous les domaines, que ce soit matériel, immatériels ou même dans les domaines touchant la vie et le vivant avec la marchandisation de l’humain. Trois temps de cette marchandisation se distinguent à travers les âges. Durant la période Néolithique puis, plus particulièrement durant l’Antiquité, la première forme marchande de l’humain apparaît avec l’esclavagisme avant de prendre fin seulement au XIXème siècle. Le deuxième temps s’est accentué au XXème siècle avec la mondialisation et la recherche croissance de profit. Pour ce faire, la production était externalisée dans des pays moins développés, les coûts de production étaient minimisés et les salaires des employés très faibles : pour garder leurs emplois, ces derniers acceptaient leurs conditions de travail. La précarité de ces travailleurs pousse certains d’entre eux sur le marché des organes, où la rémunération de leur organe leur permet d’améliorer au moins temporairement, leurs conditions de vie, même si c’est contraire à l’éthique. Ce qui nous conduit donc à la troisième forme de marchandisation, celle des organes. Les prouesses médicales et le développement des nouvelles technologies, notamment des biotechnologies, repoussent toujours plus les limites de la médecine. Le médecin peut aujourd’hui s’appuyer sur les machines pour lui venir en aide et / ou lui servir de support durant l’opération. On peut alors se demander quels sont les enjeux liés à la marchandisation des organes dans le contexte actuel d’innovation technologique ?

I. Le don d’organe comme bien marchand

Au sens le plus strict du terme, la marchandisation représente le fait de recevoir des profits à partir d’une activité, d’un bien ou service non – marchand. Ce terme reste ambigu car il s’agit de savoir si on peut tirer des bénéfices à partir de n’importe quelle source, ou s’il existe encore des sources qui font polémique dans nos sociétés actuelles ? Aujourd’hui dans certaines cultures, il y a certains biens qui sont exclus des marchés, de par la morale et les coutumes, comme les services sexuels ou tous les produits issus du corps humain (sang, organes, tissus, …). C’est notamment le cas du Japon qui n’approuve en aucun cas la marchandisation des organes et qui préfère, pour faire face à la demande, développer les organes artificiels. Même si les médecins japonais possèdent les connaissances, les compétences et les savoirs faire en matière de greffe, ils préfèrent développer les organes artificiels. Cela s’explique par les us et coutumes : les japonais se tiennent à l’idée qu’il n’est pas possible que l’on puisse vivre après la greffe du cœur d’un mort, et pendant très longtemps, ils pensaient que la mort cérébrale ne pouvait pas être considérée comme un critère de mort à part entière.

A. De la sacralisation du corps humain à sa marchandisation

Cette polémique autour de la marchandisation des organes se pose principalement, selon Ruwen Ogien, en raison des « préjugés liés à notre culture » et de sortes de conventions sociétales. Dans certaines cultures, le corps humain est « sacralisé », c’est – à – dire qu’il n’a pas de prix et que vendre une partie de son corps serai perçu comme une transgression des normes morales et sociales. C’est le cas de la France qui figure parmi les premiers pays à voter des lois « bioéthiques » en 1994. Ces lois garantissaient la gratuité du don d’organe qui devait toujours être effectué avec le consentement du donneur tout en préservant son anonymat. Toujours selon lui, avec le progrès de la médecine et également le changement progressif des mentalités et des normes sociales, « on pourrait être amenés à considérer les parties et les produits de notre corps non plus comme des objets quasiment sacrés, mais comme des choses aussi remplaçables qu’une table de cuisine ou une machine à laver ». En effet, d’autres pays au modèle économique semblable à celui de la France (pays démocratique et développé) comme les Etats-Unis restent ouverts à la marchandisation du corps humain. Les lois de bioéthiques françaises sont de plus en plus jugées paternaliste et désuètes car elles n’incluent qu’un modèle familial celui du couple hétérosexuel. De nombreux débats divisent alors notre société comme celui de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour toutes. Aux Etats-Unis la PMA n’est pas régulée. Il est possible de congeler ses ovocytes, d’avoir un enfant après 50 ans ou encore de choisir le sexe de son futur bébé et cela pour toutes les femmes, qu’elles soient hétérosexuelles, lesbiennes, mariées, célibataires ou mères porteuses. En 2015, 72 913 enfants sont nés par PMA soit environ 2% du nombre total des naissances aux Etats Unis

Outre les raisons sociales qui expliquent en partie la complexité qui touche au don et la vente d’organe, il y a aussi des raisons éthiques. Encore aujourd’hui, même si les mœurs évoluent progressivement, le corps est sacralisé et sa valeur est inestimable, éternelle et universelle. Kant différencie une personne physique et morale d’un objet. En effet, pour lui « une personne possède une valeur intrinsèque, inaltérable. On ne peut pas lui donner un prix ». Cette notion d’inestimable est reprise dans l’idée de dignité d’une personne humaine, qui possède une valeur mais pas de prix. Pour les Kantiens, la marchandisation du corps porte atteinte à cette dignité humaine ainsi qu’au principe de dignité et d’universalité du corps humain.

Pour d’autres auteurs comme Hervé Kempf, le développement des marchés internationaux et la recherche croissante de profits ont entrainé la création progressive de marchés du corps (sexe, organe, bébé), qui se fait plus souvent au détriment des plus pauvres : pour essayer de survivre, les personnes les plus dans le besoin peuvent marchander leur propres enfants, leurs organes ou même se vendre à des personnes parfois peu scrupuleuses ni regardantes en matière de dignité humaine et de respect d’autrui. Le marché des organes crée alors une situation de dominant – dominé puisqu’il va chercher des groupes de personnes considérées comme vulnérable et participe à ce marquage en développant un mécanisme incitatif. Cependant, même hors du système de marché, la relation dominant – dominé se pose puisque les personnes les plus pauvres seront perdantes car elles seront dans l’incapacité de se payer les soins médicaux. En effet la précarité de certaines populations les poussent sur ce marché des organes. En Chine, alors que le commerce d’ovocyte est interdit par la loi, des étudiantes n’ont pas d’autres choix que de vendre leurs ovules pour payer leurs études. Peu d’entre elles connaissent les risques. Pourtant, si l’opération ne se déroule pas comme prévu, en plus de mettre en danger leur santé elles peuvent être poursuivies par la justice.

Dans son chapitre « Tout s’achète et tout se vend », Kempf utilise des expressions à la signification très forte comme « location de ventre », « commerce de la chair et de trafic d’organes ». Les termes qu’il utilise ici montrent encore une fois cette idée que le corps humain est intouchable, inviolable et que vendre une partie est un acte condamnable. Cependant, tout est une question de perception. Pourquoi dit – on qu’une femme, qui reçoit une compensation financière pour porter un enfant d’autrui, qu’elle « loue son ventre » ? Un kinésithérapeute, qui utilise ses mains pour masser en échange d’argent, ne louerai – t – il pas ses mains ? La mère porteuse n’est donc pas considérée pareil que le kinésithérapeute ? Pourquoi estime – t – on qu’une mère porteuse met en « location » son ventre alors qu’on estime que ce dernier propose un service médical ?

B. Les différentes théories et modèles du marché des organes

Comme on a pu le voir, différents penseurs se sont interrogés sur le sujet, mais il existe de nombreuses théories qui ont été développées.

Kaserman et Barnett se sont tournés vers une approche du don d’organe post mortem, mais qui peut également être réalisé entre des personnes en vie. Pour ce faire, ils se sont appuyés sur la méthode standard de la théorie des marchés : l’offre augmente avec le prix tandis que la demande diminue en fonction du prix. Dans une logique de don, la demande est supérieure à l’offre, il faut donc inclure un prix de marché pour ajuster l’offre à la demande. Ce mécanisme mène alors à une hausse du surplus des offreurs et la hausse de la quantité offerte va entraîner une hausse du bien-être collectif. Les deux auteurs ne prenant pas en compte la spécificité qu’ici, les biens échangés sont des organes, peut – on vraiment considérer que la mise en place d’un prix de marché permettrait d’augmenter le bien – être global ? Pour eux, comme le prix d’équilibre permettrait de mettre en adéquation l’offre et la demande, alors la solution marchande serait une solution acceptable pour réguler ce marché.

D’autres chercheurs vont plus loin et cherchent à inclure dans ce premier modèle certaines contraintes liées à la transplantation des organes. C’est le cas de Becker et Elias. Ils incluent dans cette théorie des marchés, l’aspect monopolistique : selon la demande, le système de santé proposerait aux offreurs possibles d’acheter leur(s) organe(s). Dans un cas de don, l’offre est totalement inélastique au coût. Or, si on rajoute progressivement une incitation financière, l’offre sera plus volatile. Mais ce marché est également spécifique au niveau de la demande : ce sont les médecins qui placent les personnes ayant besoin d’une greffe sur une liste d’attente, la demande est donc fluctuante. Or aujourd’hui, avec le progrès médical et la baisse des coûts de transplantations, la demande ne cesse d’augmenter, il faut donc accroître l’incitation financière. Même si la demande augmente, on observe un changement des comportements : restant malgré tout un coût pour les demandeurs, ces derniers vont plus facilement suivre les traitements post – opératoires pour favoriser la réussite de leur transplantation.

Hansmann lui va plus loin encore et applique la notion de marché à terme pour les organes. Ce type de marché représente l’engagement pris par un donneur d’ordre qui aura lieu à une certaine échéance, qui est ici la mort. Dans ce type d’engagement, la rémunération peut être financière ou peut prendre la forme d’une place prioritaire sur liste d’attente en cas de transplantation future, sur un membre de la famille par exemple. Il développe aussi l’idée d’un accord sur un prélèvement post – mortem : le défunt peut donner droit à une compagnie d’assurance sur ses organes en contrepartie d’une réduction de prime d’assurance maladie de son vivant.

II. Dysfonctionnements du marché et creusement des inégalités

Les différentes théories expliquées ci – dessus amènent à se poser des questions sur la marchandisation des organes. En effet, inclure des incitations financières ou des avantages en cas de prélèvement post – mortem peuvent conduire à un ensemble de risques. De plus, les législations différentes entre les pays et le business que peut représenter le marché des organes ont favorisé le développement d’un vrai trafic international. Selon l’OMS, 10% des transplantations annuelles dans le monde proviennent de ce trafic.

A. De l’altruisme vers la vénalité : anomalies du marché des organes

Le marché des organes est un marché spécifique qui ne peut pas se comporter comme les autres marchés de biens et de services de notre économie. On observe donc différentes anomalies dans le fonctionnement de ce marché.

Tout d’abord, la mise en place d’une rémunération financière mettrait de côté la volonté d’aide, un sentiment de devoir envers autrui. C’est ce que Cooper et Culyer appellent le « risque de monopole de l’altruisme ». Cette question en entraîne directement une autre, qui est de savoir si, en acceptant une rémunération, le donneur annule le caractère altruiste de son don ? On pourrait alors observer un effet d’éviction en fonction du prix fixé des organes. Deux motivations rentrent en compte chez l’individu souhaitant vendre ses organes : une motivation extrinsèque (le donneur attend une récompense extérieure pour son geste) et une motivation intrinsèque (le donneur réalise ce geste pour des raisons personnelles, qui lui sont propres, par altruisme par exemple). Dans le cas du don du sang, une enquête réalisée en 1970 par Richard M. Titmuss montre que mettre en place une rémunération des donneurs n’est efficace que si le prix est assez élevé afin de compenser la perte de motivation intrinsèque. 59 des 213 individus interrogés sont prêts à donner leur sang gratuitement, en les rémunérant d’1€ ils ne sont plus que 41 donneurs. A partir d’une rémunération à 5€ le nombre de donneurs augmente avec le prix. C’est ce qu’on appelle l’effet d’éviction.  La mise en place d’une compensation financière peut donc avoir un effet négatif. Un système marchand appliqué aux organes risque donc d’entraîner une diminution des dons altruistes et une augmentation de l’offre contre rémunération sans être sûre que les deux effets ne se compensent. En effet, la motivation intrinsèque s’explique par le fait que les agents adhérent à certaines normes et valeurs, qui leur rendent impensable l’idée d’être payé pour être prélevé d’un organe. Pour eux, le faire par altruisme serait plus acceptable moralement.

Un marché des organes peut aussi donner lieu à de nombreuses asymétries d’information qui affectent le fonctionnement du marché. En effet, en Iran, de nombreuses personnes ayant vendu leur rein regrettent cette décision et pensent avoir été mal informées des conséquences. Les hôpitaux aussi peuvent souffrir d’une asymétrie d’information : le donneur peut posséder plus d’informations, notamment sur sa santé. Prenons par exemple, le cas d’un don du sang rémunéré. En 1960, il n’y avait aucun moyen de détecter si un donneur avait contracté l’hépatite, les médecins s’informaient donc auprès du donneur sur son état de santé. Lorsqu’une rémunération était offerte, une majorité des donneurs était une population à risque qui cachait certaines informations. Se développe alors sur le marché du sang, une sélection adverse.

Enfin, l’anthropologue Lawrence Cohen pointe du doigt le marché des reins dans certains pays, créant d’importantes externalités négatives qui peuvent mener à une division plus forte entre les classes sociales : « la généralisation du marché aux reins dans un pays où la population est fortement endettée transforme le rein en collatéral généralisé au crédit. Il existe ainsi une externalité négative forte au commerce des reins : soit il force les individus à gager un rein pour accéder au crédit, soit il créé un différentiel de taux d’intérêt entre les personnes disposées au gage et celles n’y étant pas disposées Les personnes dans le besoin vont plus facilement vendre ou mettre en gage un de leur organe, contre rémunération, afin d’améliorer leurs conditions de vie. Tandis que les personnes plus aisées peuvent facilement avoir recours à une transplantation. Ils se tournent alors vers le marché des organes des pays émergents comme celui de la Chine, où la législation opaque sur les transplantations permet le développement d’un marché illégal.

B. Le développement d’un marché illégal

Les organes deviennent aujourd’hui des biens marchands rares accessibles uniquement à une certaine catégorie de population : la classe aisée. Un nouveau phénomène se développe, le tourisme de transplantation. En passant par des réseaux illégaux, de plus en plus de personnes se font opérer en Chine. Ils payent des dizaines voire des centaines de milliers de dollars s’assurant ainsi une greffe immédiate dans les jours qui suivent et passent devant les locaux sur listes d’attente. Pour certaines greffes les malades n’ont même pas besoin de se déplacer. Ils commandent sur Internet la marchandise et se font livrer en très peu de temps. Ce marché très opaque ne fournira pas d’informations sur la provenance des organes. Mais aujourd’hui de nombreux scandales éclatent en Chine et les langues se délient petit à petit.

Le China Daily dénonce les pratiques du gouvernement chinois qui ferme les yeux sur le prélèvement forcé d’organes de prisonniers politiques dans les hôpitaux militaires. Selon le quotidien, 90% des organes prélevés post mortem en 2009 appartenaient aux prisonniers condamnés à la peine capitale et aux individus « volontaires ». Ces pratiques font énormément polémiques en Chine où le don d’organe est réprimandé par la culture du pays. Dans la tradition chinoise, les morts doivent être enterrés sans mutilation. Il est donc quasiment impossible d’obtenir des informations sur l’identité des donneurs qu’ils soient « volontaires » ou non. En 2015, le gouvernement chinois s’était engagé à ne plus prélever d’organes sur les prisonniers voués à l’exécution. Pourtant, en juin 2019, une organisation indépendante nommé China Tribunal prouve que ces pratiques ont toujours lieux. Des minorités religieuses gênantes pour le gouvernement comme les Tibétains ou encore les Ouïgours sont envoyés en prison où ils sont torturés. Leurs organes sont prélevés contre leur gré parfois même de leur vivant…

Aujourd’hui, le trafic d’organes humains est un marché plus que lucratif. D’après un rapport du Global Financial Integrity, il serait classé dans les dix premières activités économiques illégales rapportant le plus dans le monde avec des bénéfices pouvant aller de 6OO millions à 1,2 milliard de dollars par an. De nombreux pays cherchent à démanteler ce trafic. En mai 2008, 150 représentants gouvernementaux et responsables médicaux et scientifiques créent la Déclaration d’Istanbul. Ce texte met en évidence que les greffes « doivent provenir de dons et ne faire l’objet d’aucune transaction financière, qu’elles doivent faire preuve de critères cliniques et éthiques » et que « le commerce de transplantation devrait être interdit parce qu’il mène inexorablement à l’inégalité et à l’injustice ». Ainsi, cette déclaration a incité de nombreux pays comme Israël, les Philippines ou encore le Pakistan de renforcer leurs lois contre le trafic illégal d’organes.

III. La bio-impression pour créer des organes artificiels

Aujourd’hui, avec le développement des nouvelles technologies et des méthodes médicales, on assiste à une modification de l’offre. En 2012, Shinya Yamanaka gagne le prix Nobel pour son projet de cellules souches reproductibles grâce à des modifications cellulaires. Cette avancée médicale permet de produire en quantité illimitée des cellules qui ainsi, pourraient permettre de régénérer des organes entiers. Nous assistons aussi au développement de nouvelles technologies comme les impressions en trois dimensions, les nanotechnologies ou encore l’intelligence artificielle qui permettront, peut – être, à terme de compenser ou de remplacer le don d’organe. Cependant, leur développement inquiète sur la scène internationale, car de nombreuses voix s’élèvent pour montrer les limites et les risques liés au développement croissant des nouvelles technologies pour l’humain.

A. Un marché prometteur …

La bio – impression se base sur les techniques d’impression en trois dimensions et consiste à imprimer, couche par couche, des tissus vivants à partir d’assemblage de cellules vivantes. Sa complexité s’explique par le fait qu’il prend en compte une notion temporelle : il faut du temps pour que les cellules interagissent, s’organisent de manière autonome pour former finalement des tissus fonctionnels. Les premiers travaux de bio-impression date de 1988, le Dr Robert J. Klebe de l’Université du Texas, initie la méthode de « Cytoscribing ». Elle consiste à super positionner des cellules grâce à une imprimante inkjet classique. Aujourd’hui, la bio – impression se limite à la production de tissus organique simple. En effet, la complexité des organes tels que les reins, le foie ou le cœur nécessite une viabilité à long terme et donc de résoudre le problème des structures vasculaires, à l’origine des échanges du corps.

Les Etats-Unis sont pionnières dans le domaine de la bio-impression, cette technique se développe notamment dans les laboratoires et universités américaines. Aujourd’hui, ce nouveau marché s’étend au reste du monde. Les leaders restent tout de même les Etats-Unis suivis par le Canada. On peut citer le start up californienne Organovo qui imprime des tissus de rein, de foie, mais aussi de poumons. En Europe, ce sont l’Angleterre et l’Allemagne qui se démarquent sur le marché de la bio-impression. En France la législation est jugée très contraignante par les entreprises qui comme Carmat envisage d’aller sur le marché américain pour lancer sa prothèse de cœur.

Ce marché est en effet très lucratif, il est évalué à 100 milliards de dollars et est très prometteur dans le futur (on estime une croissance de 35,9% entre 2017 et 2022).

B. … qui suscite des débats

Le 15 avril 2019, des chercheurs présentent une nouvelle prouesse technologique : une équipe israélienne a réussi à imprimer en 3D un cœur humain, de la taille de celui d’un lapin, à partir de cellules souches. Ils sont parvenus à reconstituer l’anatomie du cœur, dans son ensemble, comprenant ses cellules et des vaisseaux sanguins et ils l’ont fait à partir de différents types de cellules provenant d’un seul patient. Cette avancée nécessite encore plusieurs années de recherche mais sa portée est très importante au vu du manque de donneurs pour les greffes cardiaques.

Cependant, cette innovation crée d’ores et déjà des débats sur le plan international. Tout d’abord puisqu’elle repose sur l’utilisation de cellules souches embryonnaires, ce qui pourrait influer sur le choix ou non de l’utilisation de la bio – impression dans certains pays. Ensuite, son coût suscite également des débats puisque seulement la faible fraction de la population la plus riche pourrait en avoir recours. Cela pose de réels problèmes du point de vu de la question de l’accès au soin car cette évolution risque d’entraîner une division de la population : les plus riches seront alors dans la capacité de se soigner et ainsi vivre plus longtemps en bonne santé. De plus, les interrogations se renforcent sur les questions de bioéthiques : repoussant toujours les limites de la technologie et de leur utilisation, certains acteurs parlent d’ « évolution artificielle de l’homme » et se demandent si, dans un futur lointain, la bio – impression pourrait mener à un clonage intégral, voir la création d’un humain amélioré avec des os plus résistants ou alors des poumons oxygénés différemment.

Conclusion

Aujourd’hui tout s’achète et tout se vend. Tout ce qui est rare est précieux et tout ce qui est précieux coûte cher. Mais à l’heure où une pénurie de dons d’organes se fait ressentir, peut-on d’un point de vue moral, mettre un prix sur une partie d’un être humain ? A travers le temps le corps humain a toujours été vu comme une chose sacrée qui ne peut être marchandé comme n’importe quel bien. Mais aujourd’hui, à l’heure où chacun prône sa liberté individuelle, chaque personne est propriétaire de son corps et libre d’en faire ce qu’elle veut. Cependant, notre société capitaliste nous permet-elle vraiment d’être libre ? Des étudiantes chinoises contraintes de vendre leurs ovules pour payer leurs études ou d’autres encore mettant en gage leur rein pour accéder au crédit. Un marché des organes ne peut fonctionner comme n’importe quel marché. Il créé des effets d’évictions, des asymétries d’informations, des externalités négatives, mais surtout, des inégalités entre les plus riches et les plus pauvres. La rareté des organes profite à certains qui n’hésitent pas à créer un véritable business sur un marché parallèle complètement opaque et illégal. En Chine, le trafic s’est énormément développé et la provenance des organes fait froid dans le dos. Des alternatives commencent à se développer aujourd’hui, la bio-impression permet déjà de créer des organes artificiels. Cette solution divise tout de même la société, les questions de bio éthique sont dans toutes les têtes. Reste à savoir quelle part voulons-nous accorder à la nouvelle technologie dans nos vies. Déjà omniprésente dans notre quotidien, sommes-nous prêts à aller plus loin et à l’intégrer aussi dans notre corps ?

Par Céline Métais et Clarisse Bouet, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

Sources

  • La « marchandisation du corps humain » : les incohérences et les usages réactionnaires d’une dénonciation ; Ruwen Ogien ; publié le 15/05/2012

https://www.raison-publique.fr/article534.html

  • Un marché des organes ? ; Brice Couturier ; publié le 09/05/2014

https://www.franceculture.fr/emissions/les-idees-claires/un-marche-des-organes

  • Un marché sans marchandise ? Répugnance et matching market ; Nicolas Brisset ; 2016

https://www-cairn-info.buadistant.univ-angers.fr/revue-d-economie-politique-2016-2-page-317.htm

  • La marchandisation de l’humain ; Cités ; 2016

https://www-cairn-info.buadistant.univ-angers.fr/revue-cites-2016-1.htm

  • Chine: un rapport dénonce la poursuite de prélèvements forcés d’organes ; AFP ; publié le 18/06/2019

https://www.lepoint.fr/monde/chine-un-rapport-denonce-la-poursuite-de-prelevements-forces-d-organes-18-06-2019-2319560_24.php

  • Chine: des étudiantes vendent leurs ovocytes pour financer leurs études ; RFI ; publié le 13/05/2019

http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20190513-chine-trafic-ovocytes-jeunes-femmes-etudiantes

  • Etats-Unis. Des ovules qui rapportent gros ; LOS ANGELES TIMES ; publié le 25/05/2012

https://www.courrierinternational.com/article/2012/05/16/des-ovules-qui-rapportent-gros

https://www.franceculture.fr/emissions/le-journal-des-sciences/le-journal-des-sciences-du-vendredi-19-avril-2019

  • Bio-impression et médecine régénérative : où en est-on ? ; Pascal Bally · Vincent Weber ; publié le 26/10/2018

https://www.inneance.fr/bio-impression-et-medecine-regenerative-ou-en-est-on/

  • Nanotechnologies, Un nouveau pan de la médecine ; Inserm, publié le 01.06.15

https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/nanotechnologies

  • Aux Etats-Unis, la PMA est libre: “c’est mon corps, mes ovocytes” ; l’Obs ; publié le 27/06/2019

https://www.nouvelobs.com/societe/20190627.AFP9291/aux-etats-unis-la-pma-est-libre-c-est-mon-corps-mes-ovocytes.html

  • Qui a peur des marchés d’organes ? ; Ruwen Ogien ; 2009

https://www.cairn.info/revue-critique-2009-12-page-1025.htm#s1n2

[1] Chiffres du Center for Disease Control

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Bilan des changements managériaux dans les hôpitaux : les errements de la recherche de l’efficience https://master-iesc-angers.com/bilan-des-changements-manageriaux-dans-les-hopitaux-les-errements-de-la-recherche-de-lefficience/ Fri, 13 Dec 2019 14:05:17 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3083 Il semble illusoire de penser que les difficultés que rencontrent les hôpitaux ne proviennent que d’eux-mêmes et nullement du contexte économique et politique dans lequel ils s’inscrivent. Ainsi, Un établissement de la santé publique doit-il suivre la même efficience qu’une… Continuer la lecture

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Il semble illusoire de penser que les difficultés que rencontrent les hôpitaux ne proviennent que d’eux-mêmes et nullement du contexte économique et politique dans lequel ils s’inscrivent. Ainsi, Un établissement de la santé publique doit-il suivre la même efficience qu’une entreprise privée à la recherche de profit / rentabilité ?

1. L’hôpital : Etat des lieux de l’efficience d’hier à aujourd’hui.

La médecine a connu de multiples mutations. C’est un secteur très réglementé, au vu de son importance pour la société. Il est alors intéressant de faire un état de l’art du système de rémunération des agents et des “moyens de paiement” des patients afin d’être plus à même de comprendre comment et sur quels fondements repose un tel système afin de pouvoir en saisir tous les enjeux et les limites qui en découlent.

A- L’évolution du système de santé français

Jusqu’en 1940, la pratique médicale restera un exercice individuel. Le médecin travaille où il veut, choisit ses propres horaires et est complètement maître du type d’exercice qu’il réalise. Dans les hôpitaux, la rémunération du chirurgien y est symbolique. Il y exerce peu. Nous commençons à assister à l’apparition d’assurances, encouragées par le législateur. Les lois du 5 avril 1928 et du 30 avril 1930 vont permettre aux assurés de bénéficier d’une assurance maladie, maternité, invalidité et vieillesse. On parle même de la rendre obligatoire et d’en donner à l’Etat le monopole… Afin de protéger le caractère libéral de leur profession, les médecins défendirent l’entente directe du paiement des honoraires par le malade.

Il a fallu attendre la seconde guerre mondiale pour prendre conscience de l’importance d’une solidarité nationale. En effet, pendant la guerre, le conseil national de la résistance intègre à son programme un “plan de sécurité sociale” (qui sera mis en œuvre plus tard par les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945).

Puis tout s’accélère avec la constitution de la IVème république : obligation constitutionnelle d’assistance financière de la collectivité envers les personnes étant exposées au plus de risques (travailleurs âgés, femmes et enfants), la réforme Debré de 1958 modifiant les pratiques médicales dans leur ensemble en attirant les médecins dans les hôpitaux, proposant un exercice de l’activité à temps plein. Dans les années 70, les hôpitaux universitaires se développent et s’équipent… On assiste à une salarisation de l’activité. Pour les hospitaliers, le choix était possible entre un exercice purement salarié, ou un mix public salarié et privé, sous réserve d’un quota de 20% d’activité libérale dans l’établissement. L’emploi dans le milieu médical se trouve alors subir une mutation par le déversement du privé vers le public.

Il faut néanmoins rester concurrentiel et stimuler le personnel. Pour ce faire, une convention de 1980 vient créer un “secteur 2”. Ce dernier va permettre à certains hospitaliers de dépasser le tarif conventionnel, mais en revanche leurs cotisations sociales ne sont plus prises en charge par les caisses. Ceci aura pour effet de maintenir un très bon niveau de prestation ainsi qu’un accès aux soins rapide. Toutefois, la non réévaluation du tarif des actes depuis 15 ans ainsi que la mise en place en 2005 d’une Classification Commune des Actes Médicaux (CCAM) (rémunérant mal les actes chirurgicaux) ainsi que le passage à la tarification à l’acte des actes médicaux (T2A) ont conditionné la crise actuelle.

Chacun s’accorde à dire que les raisons de la crise que traverse ce secteur depuis quelques années déjà serait :

– Une désaffection des étudiants en médecine pour cette spécialité

– Un haut niveau de responsabilité, d’exigence et de pénibilité, insuffisamment pris en compte au cours des 15 dernières années

– Une judiciarisation croissante qui s’est traduite par une progression soutenue des primes d’assurance.

– Un glissement dans la chirurgie programmée, allant du secteur public vers le privé

Pour essayer de remédier aux problèmes, l’Etat va mettre en place le “volet hospitalier du plan de chirurgie”. Seulement voilà, trois ans plus tard, la crise chirurgicale s’amplifie…

B- Du toyotisme dans les hôpitaux : la tarification à l’acte (T2A) ou la logique managériale de l’entreprise privé avec le new public management

Il est intéressant de se pencher sur cette T2A (mise en place en 2004 pour le secteur public comme le privé). Avant 2004, les établissements publics recevaient donc une “enveloppe de fonctionnement” (et ce depuis 1983). Aujourd’hui, cette enveloppe est versée en fonction de “la mesure de l’activité produite”. Le problème devient alors semblable à celui qu’induit le toyotisme : le salarié (ou employé de la fonction publique en l’occurrence) va être de plus en plus stressé dans son travail, il va devoir atteindre toujours plus d’objectifs, être plus polyvalent, ce qui se traduit par des burn-out, ainsi qu’un désintérêt pour l’activité devenant trop stressante. En effet, le toyotisme poussé à son paroxysme va entraîner des problèmes, on voit apparaître aujourd’hui des “happy managers”, afin d’essayer d’égayer les travailleurs, ou encore un taux de suicide lié au travail en augmentation dans les cas les plus extrêmes…

L’idée d’une tarification à l’acte est semblable, mais les effets produits sont quelques peu différents. Dans un domaine du secteur public, le fait de passer d’une enveloppe de fonctionnement à une rémunération en fonction de l’acte effectué va venir modifier et pervertir le système. Un établissement public, ne recherchant pas le profit financier, va se retrouver dans un système où il va être amené à effectuer plus d’opérations, des opérations plus lourdes, et pousser le patient à revenir afin d’obtenir une enveloppe plus grosse. L’employé également va être poussé à effectuer plus d’actes, à être polyvalent (on y retrouve encore une fois des notions induites dans le toyotisme) à s’occuper de plus de patients, ce qui se traduit par une perte du lien social entre le patient et l’ensemble du personnel hospitalier. Comme le dénonce l’enquête de Cash Investigation sur les hôpitaux, cette T2A pousse ce personnel à faire des interventions plus lourdes que la normale suite à des pressions hiérarchiques, et à “fidéliser” le “patient”, qui devient petit à petit plutôt un “client” en réalité. J’ai même pu assister moi-même à une sorte de perversion via ce système : une personne de mon entourage est allée voir le médecin et, sur la fiche de remboursement, l’acte était qualifié comme “urgent”, la tarification s’en trouvant alors accrue alors qu’elle ne devait pas être classée de la sorte.

Ce passage à l’acte (à la tarification à l’acte) vient alors bouleverser le fonctionnement des hôpitaux. On parle partout de new public management (NPM), où les services publics doivent être plus efficients, et cette T2A s’inscrit directement dans cette dynamique de NPM, au même titre que ce dernier avec le Lean management (que nous aborderons en 2ème partie). Comme disait Jean de Kervasdoué en 2004, promoteur de la gestion hospitalière et défenseur du programme de médicalisation, “on oppose, à tort, la qualité à toute évaluation quantitative. Certes, tout ne se mesure pas simplement, mais les entreprises du secteur industriel ont mis au point des mesures quantitatives de la satisfaction de leurs clients, des taux de défaut dans la fabrication des composants, des taux d’erreur dans les factures etc. La qualité se mesure aussi. C’est “l’objectif zéro-défaut” des cercles de qualité” mis en avant par le toyotisme… En mettant en avant ce new public management avec toujours plus de transparence, des pilotages stratégiques, une gestion financière et comptable efficiente dans les hôpitaux, nous allons tout droit vers une concurrence ouverte entre les établissements publics.  Dans l’idée, et au même titre que le toyotisme, ceci ne semble être que bénéfique. Mais voilà, cette nouvelle gouvernance, calquée sur un management d’entreprise, avec des pratiques de benchmarking allant jusqu’à optimiser le temps du patient et des équipes soignantes connaît bien sûr, au même titre que les entreprise et le toyotisme utilisé de manière trop directrice et poussé à son paroxysme, des effets pervers.

En effet, le directeur ou “gestionnaire” de l’hôpital, que l’on peut définitivement appeler ainsi, n’entend pas le terme “qualité des soins” de la même manière que son personnel qui lui est au contact du patient et non pas des chiffres (Molinière, 2009). Ce problème est semble-t-il persistant aux vues des réponses obtenues lors d’un questionnaire administré à une employée du CHCB de Kerio : alors que la recherche de la qualité est ciblée par le gestionnaire, le soignant nous dit “des soins fait bcp plus rapidement et donc moins bien fait, même si les sites comme https://www.scopesante.fr disent le contraire, beaucoup de gens se plaignent car les médecins ne sont que de passage, il n’y a pas de relation de confiance et donc tout le monde s’en va en clinique car nous n’avons pas su rétablir la confiance”. Ces propos ne sont semble-t-il pas dénués de sens si l’on se réfère aux multiples revendications de ce secteur lors des nombreuses manifestations que nous connaissons actuellement (la dernière en date pas plus tard que ce 14 novembre 2019). On pouvait lire dans la presse des propos d’employés recueillis tels que “la prise en charge des patients ne se fait désormais plus correctement et le manque de moyens a considérablement dégradé les conditions de travail” ou encore “ je n’ai rien pour assurer les soins aujourd’hui ; il manque du monde, des moyens partout, plus personne n’arrive à travailler correctement”.

Il semblerait en effet que cette efficience tant recherchée, en passant d’une logique d’établissement public à un système managérial privé, ne se fasse pas sans problèmes, loin de là…

2. Quels sont les enjeux de cette efficience et quelles sont les limites pour un hôpital

       Et si l’hôpital n’était pas une entreprise ? Aujourd’hui ilest malade de son financement, on parle de rentabilité, de déficit, de coupe budgétaire etc… Les établissements se sont emparés du langage du privé qui est un langage, voire même une logique entrepreneuriale et comptable.

A. Les enjeux de l’efficience en milieu hospitalier

Afin de répondre aux différentes manifestations qui touchent la France sur la crise du système hospitalier, le Ministère de la Santé, en septembre 2019, annonce que l’efficience des établissements de santé doit reposer sur la performance de son pilotage, son organisation et de ses processus, qu’il s’agisse des processus de soins, médico techniques ou des fonctions support.

De plus, 2 mois après cette annonce et suite aux manifestations grandissantes dans le pays, le Premier Ministre Edouard Philippe a annoncé Mercredi 20 novembre un ‘’ Plan d’Urgence ‘’ reconnaissant que « l’on a trop fait peser la contrainte financière sur l’hôpital public. Elle a incité à de profondes transformations mais a trop lourdement mis à contribution les personnels » et évoquant « une régulation budgétaire parfois excessive ». (Source : Le Monde)

Un Plan d’urgence visant à reprendre sur trois ans, à partir de 2020, 10 milliards d’euros de la dette hospitalière, soit un tiers du total et une hausse de 1.5 milliard d’euros du budget de l’assurance-maladie sur les trois prochaines années dès 2020.

Pour bien comprendre d’où vient cet énorme déficit des hôpitaux et donc comprendre également pourquoi il a fallu les rendre plus efficient, il faut bien resituer le contexte dans lesquels ils s’inscrivent depuis les années 2000.

Depuis les années 2000, les hôpitaux ont vu leur dette tripler en une dizaine d’années. Avec l’intégration des 35 heures et une succession de “plans Hôpitaux”, des coûts supplémentaires se sont fait ressentir dans une organisation qui a été prise de court. De plus, les conséquences de la crise financière ont touché plusieurs dizaines d’établissements victimes des fameux emprunts toxiques. C’est dans ce contexte qu’il a fallu réduire les dépenses. En fermant de petits hôpitaux en région, en restructurant des services, en diminuant le nombre de lits : quelques 6 600 en trois ans, en mutualisant des opérations par rapprochement entre établissements. Mais tout cela sans réforme structurelle, au coup par coup.

On assiste également à des cadences de travail qui ont dû être augmentées pour réaliser des économies et qui posent toute une batterie de questions car les effectifs ont progressé dans les hôpitaux publics jusqu’en 2014. On peut prendre à titre d’exemple les infirmiers(ères) qui voit leur part augmenter de 2006 jusqu’à 2030.

« Ajoute à cela une tarification à l’activité qui a conduit à accélérer la course aux actes, parfois inutiles : 30 % » d’après la ministre de la santé, se traduisant à travers de fortes disparités par région pour certaines opérations (Source : France Culture).

Enfin, cette dette des hôpitaux de 30 milliards d’euros qui est due, selon Frédéric Valletoux, Président de la Fédération hospitalière de France, a : ‘’depuis 2005, les établissements de santé publics, comme privés, se sont vu imposer près de neuf milliards d’euros d’économies. Si cela permet à la sécurité sociale de sortir du rouge, avec le vieillissement de la population et les maladies qui se compliquent, cela devient ingérable pour les hôpitaux” (Source : FranceInfo).

Pour conclure, il faut bien comprendre que depuis 2009 et la création des ARS (Agences Régionales de Santé) comme pilotes du système de santé (avec une triple mission d’organisation territoriale, de réduction des coûts et de contrôle de la qualité ainsi que de la sécurité des soins), le positionnement de ceux-ci concourt à faire de la performance hospitalière un outil décisionnel majeur. Le secteur hospitalier public doit répondre à une performance globale qui est, par nature, multidimensionnelle. A côté de l’efficacité clinique, l’hôpital doit remplir des objectifs d’efficience (utilisation optimale des ressources, productivité, adéquation des services), d’équité, de sécurité, de satisfaction du patient, de disponibilité et d’accessibilité, etc…

B. Les limites de l’efficience hospitalière

Un certain nombre d’indicateurs visant à mesurer la performance ont été développés et les sciences de gestion sont largement intégrées dans la construction des outils d’évaluation.

Néanmoins, aucun modèle intégrant les différentes dimensions de la performance hospitalière, n’est aujourd’hui généralisé à l’ensemble du secteur hospitalier français. Ainsi, à côté d’éléments purement financiers comme la maîtrise des dépenses, d’autres éléments sont tournés vers l’efficacité clinique qui inclut la qualité technique des soins et des résultats, en termes d’amélioration de l’état de santé des individus et de la population.

Différentes notions employées en marketing, en finance, en ressources humaines, en stratégie, sont donc intégrées dans la gestion des hôpitaux publics et c’est ce dont nous allons parler dans cette dernière partie via 3 exemples concrets.

  • Les 35 heures, une première limite mal anticipée dans les hôpitaux

Dans un entretien accordé au journal Le Figaro, Frédéric Valletoux, président de la FHF, juge en effet que les 35 heures instaurées en 2002 sont pour partie responsables des dysfonctionnements que connaît encore aujourd’hui l’hôpital public. « La question du temps de travail ne peut plus être taboue. Le nombre de jours travaillés ayant diminué et l’ensemble des postes n’étant pas pourvu, les agents peuvent être rappelés pendant leurs congés, changent de planning régulièrement… In fine, la mise en place de la réduction du temps de travail ne s’est pas traduite par une baisse significative de la pénibilité, et encore moins de l’absentéisme » (Source : Le Figaro).

Martin Hirsch, Actuel directeur général de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris tente d’y apporter une explication lors d’une interview en juin 2015 au Journal du Dimanche : « L’hôpital est passé aux 35 heures en 2002 sans changer son organisation. On a gardé les mêmes horaires en se disant qu’on verrait bien… Cela a tenu dix ans, cela ne tient plus du tout. Du coup, on traite les problèmes avec quinze ans de retard et de rancœurs accumulées ».

En 2005, Lionel Jospin alors Premier Ministre avait déjà reconnu : « Nous avons commis une erreur sur un point : nous n’aurions pas dû faire les 35 heures à l’hôpital tant que le personnel nécessaire n’était pas recruté et formé. »

L’application des 35 heures a donc bel et bien bousculé le travail des médecins et leurs équipes en les désorganisant et par conséquent en détériorant la qualité des soins in fine. Le problème de ces 35 heures a été de forcer le rythme et imposer la reforme sans impliquer les gens comme l’expliquait Bernard Kouchner alors Ministre de la sante en 2002 dans son livre ‘’ Le Premier qui dit la vérité … ‘’ (Robert Laffont, 2002).

En voulant rendre l’hôpital efficient via la mise en pratique des 35 heures, l’accompagnement de l’action n’a pas suivi, ce qui a désorganisé de nombreux services et a fait exploser les comptes d’heures supplémentaires, jamais payées ni rattrapées. Cependant, Jean Viard, directeur de recherches CNRS au Cevipov en 2015, centre de recherches politiques de Sciences Po et spécialiste des 35 heures pense que malgré tout : « Les 35 heures ont permis aux cadres d’avoir un pouvoir plus important sur leur emploi du temps. C’est essentiel dans une vie devenue très souple et discontinue. Ils travaillent sans doute plus qu’avant, mais quand ils veulent partir cinq jours, ils peuvent. Les ouvriers en revanche, travaillent 7 h 30 par jour : eux ne gagnent rien, il faudrait qu’ils aient eux aussi pouvoir sur leur emploi du temps » (Source : La Dépêche).

  • Une Direction qui évolue au fil du temps vers des gestionnaires

Promulguée le 21 juillet 2009, la Loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires) portée sur la réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires. On observe « l’apparition d’hôpital-entreprise avec une direction aux pouvoirs qui sont des managers sortis de grandes écoles » comme le dénonçait Roland Gori, psychanalyste et professeur émérite de psychologie et de psychopathologie clinique à l’université d’Aix-Marseille en décembre 2017 lors d’un débat sur les Burn-out en hôpital.

 

Pour accéder au directoire d’un hôpital, l’on peut passer par la voie du concours qui reste la voie principale jusqu’en 2011, soit par via une liste d’aptitude examinée par un jury ou bien comme le graphique nous le montre par ce que l’on appelle « Le Détachement ». Selon le CNG, ce détachement consiste à : « Peuvent seuls être détachés dans le corps des directeurs d’hôpital, après avis de la commission administrative paritaire nationale compétente, les fonctionnaires et les militaires répondant aux conditions prévues par les articles 13 bis et 13 ter de la loi n°83-634 du 13 juillet 1983 modifiée portant droits et obligations des fonctionnaires. Le détachement intervient à un grade comparable et à l’échelon comportant un indice égal ou, à défaut, immédiatement supérieur à celui détenu dans le corps d’origine ».

Il s’agit donc du corps de direction des administrations comme des administrateurs des finances publiques, du corps des magistrats financiers, du grand corps techniques de l’Etat avec des ingénieurs, ou bien du corps d’inspection générale.

Comme on le voit sur le graphique ci-dessus, depuis 2008, la part des Détachements n’a pas cessé de croitre atteignant même un pic de 63% en 2014 et 42% en 2018, ce qui ne laisse que très peu d’espace, environ 10% pour la liste d’aptitude.

Le détachement ne pouvant être que de 5 ans maximum, il est difficile pour un nouveau directoire de mettre en place des actions de long terme et donc favorise a priori le court terme.

De plus, Le décret no 2014-1706 du 30 décembre 2014 a modifié le décret no 2005-921 du 2 août 2005 portant sur le statut particulier des personnels de direction. Il a notamment mis en place un troisième concours, comme pour l’ENA. De ce fait, la répartition des places offertes est modifiée.

À compter de 2015, elle est désormais la suivante ; le nombre de postes offerts au concours externe (ouvert aux titulaires d’un diplômes de niveau II) est au plus égal à 60 % du nombre total des postes offerts aux trois concours, 5 à 10 % des places offertes sont proposées au troisième concours (ouvert aux personnes ayant au moins huit années d’activité dans le secteur privé ou bénévole, aux élus et aux représentants syndicaux), le différentiel étant offert au concours interne (réservé aux fonctionnaires et agents publics).

  • Le Lean Management, nouvelle vision de l’efficience

Dans son film « Burning-out », Jérôme le Maire, le réalisateur qui a suivi les membres de l’unité chirurgicale dans l’un des plus grands hôpitaux de Paris citait : « Alors que nous sommes dans un monde ou nous tentons d’humaniser les robots, les hommes se font déshumaniser jusqu’à devenir des robots ».

Le Lean Management provenant tout droit du toyotisme a essayé d’être adapter aux hôpitaux pour avoir des gains de productivité toujours plus élevé mais qui finalement présentent plus de limites que d’avantages.

En effet, derrière cette nouvelle organisation du travail on a notamment pour but d’éliminer le gaspillage et donc éliminer toutes les tâches qui ne rapportent pas d’argent. Cependant cette méthode n’est pas adaptée aux hôpitaux, car l’on baisse les « temps morts » et donc dans les soins, cela est représenté par le relationnel qui ne peut être quantifié et facturé.

De plus, un hôpital est financé par la sécurité sociale en fonction des soins médicaux qu’ils prodiguent, on l’a vue dans la première partie, c’est la T2A. Chaque maladie ou pathologie a un prix fixe par l’Etat dans le journal officiel du ministère des affaires sociales et de la santé. Derrière, si l’on analyse l’intérêt d’un hôpital, c’est tout simplement d’aller le plus vite possible étant donné que même si un patient reste 1 ou 20 jours le tarif restera le même. Cela démontre bien que la valeur n’est rien d’autre que ce qui est produit par des évaluations quantitatives ou par des conformités procédurales.

Ainsi, en Avril 2017, à l’initiative de l’ANFH (l’Association Nationale pour la Formation permanente du personnel Hospitalier), une étude a montré que 33 % des personnels hospitaliers ressentent un niveau élevé de stress au travail, étude menée auprès de 45 établissements publics de santé de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et de l’ex-Languedoc-Roussillon employant 80 000 agents. Les personnes interrogées voient quatre raisons principales à ces tensions : elles ont l’impression d’avoir une charge de travail plus importante et des conditions de travail dégradées. Elles soulignent que leurs valeurs personnelles sont en contradiction avec ce qui leur est demandé au travail et expriment un sentiment d’insécurité face à l’avenir.

Dans le journal Les Echos en avril 2013, Bertrand Jacquier ingénieur et psychologue au travail qui a accompagné le déploiement de projets « Lean » dans l’industrie dénonçait déjà les dérives de ce système qui est mal adapté au secteur hospitalier : De même, « Une infirmière ne met pas plus d’une minute pour faire une piqûre. Mais les dix minutes qu’elle passe dans la chambre d’un malade ne sont pas perdues : ce n’est pas un temps de “cure” (soigner) mais un temps de “care” (prendre soin) ». Enfin, le Lean management altère les relations au sein du collectif de travail : « La mise en flux tendu rend tous les opérateurs dépendants les uns des autres. Si l’un prend du retard sur la tâche qui lui est affectée, il pénalise les autres » (Source : Les Echos).

Pour conclure, nous pouvons analyser la limite qu’induit le Lean Management via la multiplication des manifestations, des grèves et des projets de Loi en France depuis 10 ans. Dans un communiqué de France Info, le 11 juin 2019 lors d’une demande de journée de mobilisation et de grève nationale, les syndicats mettaient en avant la « pénibilité des métiers », « la fatigue et l’épuisement des agents ne pouvant être en capacite d’effectuer leur travail avec le degré de concentration qu’exige la prise en charge d’êtres humains ‘’réclamant ainsi ‘’ l’augmentation des effectifs face a une surcharge qui est devenue la norme avec le Lean Management ‘’ et ‘’ l’arrêt de la fermeture de services et de lits ainsi que d’établissements » dénoncé par Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), dans le journal Le Parisien avec la fermeture de 100 000 lits en deux décennies (Source : FranceInfo).

Par Marvin Emery et Sylman Teulieres, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

Bibliographie

Articles de presse :

https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/05/27/les-46-preconisations-pour-ameliorer-la-gestion-des-hopitaux_1363664_3224.html

https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/01/10/a-l-hopital-saint-louis-le-recours-a-l-ambulatoire-oblige-a-etre-plus-efficient_5239864_3224.html

https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/03/07/aucun-systeme-de-financement-ne-garantira-l-efficacite-de-l-hopital-tant-que-ce-dernier-restera-une-boite-noire_5267138_3232.html

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/04/11/comment-les-hopitaux-sont-aussi-touches-par-les-emprunts-toxiques_4399725_4355770.html

https://www.techopital.com/lean-management-a-l%E2%80%99hopital–il-faut-d-abord-convaincre-la-majorite-de-la-direction-NS_3816.html

https://managersante.com/2017/08/07/les-cadres-hospitaliers-sous-lemprise-des-reformes-hospitalieres-quelles-strategies-dadaptation-et-pistes-devolutions/

https://solidarites-sante.gouv.fr/systeme-de-sante-et-medico-social/masante2022/article/moderniser-le-pilotage-de-l-hopital-et-son-management

https://solidarites-sante.gouv.fr/professionnels/gerer-un-etablissement-de-sante-medico-social/financement/financement-des-etablissements-de-sante-10795/article/financement-des-etablissements-de-sante#:~:targetText=Depuis%2C%20la%20T2A%20constitue%20le,%C3%A0%20une%20estimation%20de%20recettes.

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https://journal.lutte-ouvriere.org/2019/11/20/hopitaux-publics-journee-de-lutte-du-14-novembre_136362.html

https://www.francetvinfo.fr/economie/greve/greve-aux-urgences/hopitaux-quelles-sont-les-revendications-des-soignants-engreve_3484345.html

https://business.lesechos.fr/directions-ressources-humaines/ressources-humaines/bien-etre-au-travail/le-lean-management-un-danger-pour-les-salaries-5925.php

https://www.youtube.com/watch?v=x8Glg0RdM1w

https://www.ladepeche.fr/article/2010/01/19/758104-que-reste-t-il-des-35-heures.html

https://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/03/21/20002-20150321ARTFIG00019-comment-les-35h-ont-desorganise-l-hopital.php

https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/20/dette-des-hopitaux-l-etat-va-reprendre-10-milliards-d-euros-en-trois-ans_6019854_823448.html

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-mot-de-l-eco/le-mot-de-l-eco-l-hopital-public-en-deficit-et-en-souffrance_3140783.html

https://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/03/21/20002-20150321ARTFIG00019-comment-les-35h-ont-desorganise-l-hopital.php

https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-economique/le-billet-economique-mardi-19-decembre-2017

Ouvrages :

Le management de pôles à l’hôpital ; Nobre, Thierry (auteur) ; Lambert, Patrick (auteur) ; Paris : Dunod, 2016

L’hôpital sous pression, Enquête sur le « nouveau management public » ; Belorgey, Nicolas (auteur) ; Paris : La Découverte, 2011

Gestion financière et pilotage médico-économique des pôles hospitaliers ; Grolier, Jacques (1950-….) (auteur) ; Rennes : Presses de l’École des hautes études en santé publique, 2013, cop. 2013

En finir avec le New Public Management ; IGPDE sous la direction de Nicolas Matyjasik ; Marcel Guenoun ; Mayenne, Ministère de l’Economie et des finances, 2019

Articles de recherche :

L’hôpital malade de l’« efficience » ; Docteurs Blouses ; Dans Revue du MAUSS 2013/1 (n° 41), pages 53 à 75

L’hôpital public ; ses contradictions, ses mutations ; Pierre Panel ; Dans Études 2007/10 (Tome 407), pages 319 à 330

L’hôpital et la logique managériale : quelle place pour le sujet ? – https://www.cairn.info/revue-le-journal-des-psychologues-2007-9-page-29.htm#

L’innovation managériale à l’hôpital –  https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2013-6-page-113.htm

La performance hospitalière : à la recherche d’un modèle multidimensionnel cohérent https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2009-5-page-116.htm

Quels modes de rémunération pour les chirurgiens ? – Rapport à la demande de Monsieur Xavier Bertrand Ministre de la Santé et des Solidarités – Guy Vallancien, François Aubart et Philippe Cuq

Vidéos :

Burn out aux urgences – Documentaire ARTE

Santé : la loi du marché – Cash Investigation

Comment fonctionne un hôpital – Des maux et des mots – Interview de Georges Nizard, psychologue économiste

Retour sur 10 ans de T2A (Tarification à l’activité) en France – conférence à l’Université de Genève animé par Brigitte Dormont, professeur à l’Université Paris Dauphine

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Les exosquelettes rendent-ils plus efficaces les tâches quotidiennes des travailleurs ? https://master-iesc-angers.com/les-exosquelettes-rendent-ils-plus-efficaces-les-taches-quotidiennes-des-travailleurs/ Fri, 29 Nov 2019 13:32:41 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3076 Grâce à des technologies comme la robotisation qu’on connait depuis plusieurs années, le domaine médical est fortement impacté. L’idée de créer des exosquelettes ne date pas d’hier. Par contre, depuis 1890, il existait déjà un brevet[1] sur le mécanisme d’aide… Continuer la lecture

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Grâce à des technologies comme la robotisation qu’on connait depuis plusieurs années, le domaine médical est fortement impacté. L’idée de créer des exosquelettes ne date pas d’hier. Par contre, depuis 1890, il existait déjà un brevet[1] sur le mécanisme d’aide aux travailleurs. Il s’agit d’un appareil passif dont les deux grandes lames de métal courbées, qui joignaient les pieds, encaissaient le choc de l’appui au sol et restituaient l’énergie au moment de l’impulsion. L’invention concerne un exosquelette de corps inférieur à électromyographie, destiné à l’amplification de force directe[2].

Premier essai de construction d’un exosquelette

Ralph Mosher est l’ingénieur américain qui a réussi de développer le premier prototype d’exosquelette motorisé, qui à cette époque-là, s’appelait « Hardiman[3] ». Celui-ci était une combinaison mécanique, composée de bras et de jambes, qui peut donner une force spectaculaire à celui qui l’utilise. Tel était le but principal de ce mécanisme.

L’équipement permettait de multiplier la force de son opérateur afin de lui permettre de lever des charges trop lourdes (jusqu’au 680kg). Hardiman s’était développé au sein d’une grande entreprise, très connu même à l’heure actuelle, qui est General Electric. Hardiman est notamment une solution pour beaucoup de travailleurs impliqués dans la construction des sous-marins, centrales nucléaires et d’autre tâches difficiles. Cependant, le mécanisme n’était pas assez efficient quand on pensait à combien-t-elle pesait. Donc, le seul problème pour faire vraiment développer l’exosquelette est son poids : trois quarts de tonne. Finalement, c’est la raison pour laquelle toutes les tentatives pour faire fonctionner correctement l’exosquelette motorisé ont abouti à un échec. Le manque d’une équipe, peut-être plus spécialisée dans l’ingénierie et la mécanique, n’a pu pas permettre de mettre en avance les solutions techniques à ce genre de problème technique : le mécanisme trop lourd pour être manipule par son operateur.

Quel est l’intérêt de développer un exosquelette ?

Les exosquelettes présentent un grand intérêt auprès des grands marchés basés sur les technologies innovantes et high-techs. Ces marchés ont connu un progrès croissant grâce à la croissance économique  dans le domaine de la robotique. L’intérêt s’est bien manifesté depuis une soixantaine d’années. C’étaient les prévisions des experts qui ont prévu cette croissance très rapide du marché mondial, face aux revenus annuels qui pourraient dépasser 192 millions de dollars pour l’année 2018. Ainsi, les deux secteurs envisagés ont été d’un côté l’industrie dédiée à l’assistance de l’homme dans son travail quotidien, et de l’autre côté, la santé concentrée sur la réhabilitation de patients en cas de handicap.

Ils ont observé plusieurs phénomènes qui peuvent améliorer le développement de ce qu’on appelle les exosquelettes. Le plus significatif sera le vieillissement accentué de la population des pays développés. Par la suite, l’imposition, auprès du personnel réduit, d’une charge de travail plus intensive afin de gagner plus de compétitivité, qui sera de plus en plus utilisé. Enfin, l’adoption des exosquelettes représenterait une source considérable d’économie chaque année, grâce à la réduction des blessures des opérateurs.

D’ici 2025, le marché mondial de la robotique devrait atteindre 3,3 milliards dollars selon le Boston Consulting Group[4]. La croissance attendue de ce marché s’explique par les baisses de prix, la progression des salaires et les progrès technologiques continus. Actuellement, le premier marché mondial de robots industriels, représentant 30% de la demande, est la Chine. Mais cela n’est pas assez signifiant, alors qu’il est classé au 23e rang en termes de densité robotique. Ce pays a surtout l’ambition d’atteindre une densité robotique de 300 unités d’ici 2025, auquel cas il rattrapera des pays très automatisés, tels que l’Allemagne, le Japon, et dépassera les Etats-Unis. A court et moyen terme, la Chine constitue le principal moteur de croissance de ce marché. Cependant, l’automatisation est plus susceptible de suppléer et supporter le travail humain que de le remplacer, modifiant ainsi la nature du travail et libérant du temps qui peut être mis à profit pour poursuivre d’autres objectifs. En effet, d’après le McKinsey Global Institute, l’automatisation atteindra 30 % des tâches dans 60 % des postes d’ici 2050[5].

Quoi qu’il se passe, les entreprises ont tout intérêt à s’attaquer rapidement aux enjeux sociétaux liés aux progrès de la robotique dans la mesure où leur action influence également l’agenda politique et dessine ainsi le cadre dans lequel elles opèrent.

Les exosquelettes aujourd’hui

En 2019, sur le marché des exosquelettes, la majorité des machines sont passives. Cependant, le marché est en plein essor. Exhauss (France), Laevo (Néerlandais), Ekso Bionics ou StrongArm Technologies (USA), sont parmi les noms des plus connus au niveau mondial. Ce sont des exosquelettes opérationnels, passifs, et également commercialisés. Le choix optimal pour la plupart des secteurs industriels consacrés c’est le mécanisme partiel, pour la partie supérieure du corps. Alors, on distingue sur le marché, deux typologies d’équipements : exosquelettes médicaux, utilisés dans le domaine de la sante, et exosquelettes industriels, plutôt utilisés dans différentes industries. Chacun d’entre eux a ses particularités ainsi que ses objectifs spécifiques.

1. Les exosquelettes industriels

Basé sur l’idée d’une rééducation physique chez les personnes à mobilité réduite, l’équipement renforce la musculature de l’utilisateur, afin de porter des charges lourdes. Peut-être l’une des principales raisons de la commercialisation d’exosquelettes sera évidemment, le vieillissement de la population, notamment dans les pays développés. Par conséquent, le personnel dans les entreprises se réduit. Les exosquelettes répondent à cette nouvelle mutation de la société en améliorant les capacités physiques des travailleurs, les rendant ainsi plus performants. Cependant, le marché potentiel d’un tel équipement s’élèverait aujourd’hui à plus de 2,6 millions d’unités, selon ABI Research[6].

« Hercule[7] » est un projet français entre la Direction Départementale de l’Armement, la société française RB3D[8] (spécialisé dans l’assistance aux gestes), un laboratoire de robotique et une école d’ingénieurs. L’objectif de ce projet est d’accroitre les forces de celui qui l’utilise. Un intérêt militaire est évident comme avec l’assistance des unités terrestres dans leurs déplacements. Le dispositif est créé sous forme de jambes mécatroniques supportant une charge lourde sans aucun effort. Ce qui est très impressionnant à propos de cet appareil, c’est qu’il fonctionne sur batteries avec une autonomie de 20 km et une vitesse de 4 km/h.

Suite au succès d’Hercule, l’entreprise française RB3D souhaite diversifier sa gamme d’exosquelettes et investir le secteur de la logistique et préparation de commande. C’est un secteur demandeur de ce nouveau type de technologies : de grands groupes industriels comme de plus petites entreprises se montrent intéressés par les exosquelettes. La société DHL en est un bon exemple. Elle s’est équipée auprès d’Exhauss en exosquelettes mécaniques pour le haut du corps.

Le prototype d’exosquelette industriel a été introduit pour la première fois en 2017 dans l’entreprise Ford, dans le Michigan, pour donner de l’aide à ceux qui travaillent dans la production directe des voitures. Après une année plus productive, la firme dans le domaine automobile a décidé d’introduire au niveau global l’exosquelette bionique. Maintenant les travailleurs peuvent ramasser des objets lourds grâce à l’aide de « l’exosquelette-gilet », produit en partenariat avec l’entreprise Ekso Bionics (la seule entreprise qui offre des technologies pour aider les personnes avec des problèmes locomoteurs comme la paralysie, ou bien pour renforcer les capacités humaines des travailleurs). EksoVest[9] est présente dans plusieurs entreprises Ford dans le monde entier. Pourquoi Ford ? La fatigue produite au sein de l’entreprise avait conduit jusqu’à l’accident et la blessure depuis les années 2005 (accidents de travail ont chuté de 75%). C’est donc pour cela que Ford a décidé d’acquérir des produits qui permettent d’améliorer le travail de ses salariés.

2. Les exosquelettes médicaux

Une telle innovation correspond à un équipement articulé et adapté au schéma corporel. Pour ce type de dispositif, on en distingue deux différents : des exosquelettes d’assistance à l’effort, et des exosquelettes amplificateurs de force. A ce moment-là, il y a déjà 250 équipements similaires qui permettent à des paraplégiques, qui ont peut-être perdu l’usage de leurs jambes, de retrouver leur mobilité.

L’exosquelette d’assistance à l’effort est utilisé dans certains établissements de santé dans le cadre d’une rééducation physique. Il permet au patient handicapé, ou diminué physiquement, d’être assisté mécaniquement dans ses mouvements et ainsi d’exécuter des mouvements qu’il n’était plus, ou pas capable, de produire seul. Globalement, sa fonctionnalité est de permettre un regain d’autonomie pour la personne qui était en situation de mobilité réduite.

L’exosquelette amplificateur de force est principalement utilisé dans le cadre militaire et tend à se développer dans les métiers du bâtiment ainsi que dans le milieu médical. Le principe du fonctionnement est basé sur un mécanisme permettant de porter à mains nues une charge lourde avec grande précision. Son objectif est de faciliter les mouvements. Cependant, des meilleures performances ont été observées pour les exosquelettes motorisés, appelés aussi combinaisons robotiques.

Conclusion

Les exosquelettes sont bien plus qu’une invention pour prévenir et réduire les troubles-musculo-squelettiques. Ils permettent à toutes ces personnes ne pouvant plus marcher, une opportunité, de retrouver l’équilibre. Encore plus que quelques joysticks placés à disposition des mains pour contrôler l’engin, les chirurgiens et plus spécialement les scientifiques ont trouvé cette possibilité de refaire marcher des personnes grâce à des implants placés dans la zone du cerveau qui stimule les mouvements de nos membres. Cependant, le marché dédié à la robotique, notamment les exosquelettes, est en pleine croissance, et ça se voit avec chaque année qui passe.

La France est l’un des pays les plus spécialisés et développés déjà dans la fabrication et la commercialisation des robots coordonnés par l’action humaine, que ce soit dans le domaine industriel ou médical. De plus en plus, les entreprises pensent à utiliser de tels robots principalement pour augmenter leurs performances à long terme etde protéger leurs employées.

Par Denisa Apostol, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

[1] « Le brevet protège une innovation technique, c’est-à-dire un produit ou un procédé qui apporte une solution technique à un problème technique donné ». (site officiel de l’INSEE, https://www.insee.fr )

[2] INPI Base de brevets , https://bases-brevets.inpi.fr/fr/document/WO2019191239.html?s=1572351223277&p=5&cHash=f7b5dacd46d63a395d74ea731a148411

[3] Histoire des exosquelettes, http://tpe-exosquelettes-handicap.e-monsite.com/pages/les-exosquelettes.html

[4] « Vivre parmi les robots », https://allnews.ch/content/points-de-vue/vivre-parmi-les-robots

[5] « Exosquelettes, imprimantes 3D…l’usine du futur intelligente », http://www.leparisien.fr/economie/exosquelettes-imprimantes-3d-l-usine-du-futur-devient-plus-intelligente-18-03-2019-8034414.php

[6] « Le marche de l’homme augmente en pleine expansion » , https://www.forbes.fr/technologie/exosquelettes-le-marche-de-lhomme-augmente-est-en-pleine-expansion/

[7] Site officiel du Ministère des Armées, https://www.defense.gouv.fr/actualites/economie-et-technologie/l-exosquelette-hercule-le-futur-a-nos-portes

[8] Site officiel RB3D, http://hercule.rb3d.com/

[9] « Ford invente “l’ouvrier augmente” équipé d’un exosquelette », https://www.lefigaro.fr/societes/2018/08/10/20005-20180810ARTFIG00121-ford-invente-l-ouvrier-augmente-equipe-d-un-exosquelette.php

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L’impact d’une application d’IA dans le secteur de la santé https://master-iesc-angers.com/limpact-dune-application-dia-dans-le-secteur-de-la-sante/ Wed, 23 Jan 2019 12:02:46 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=2997 Du diagnostic basé sur l’IA aux systèmes de chirurgie robotique, les logiciels d’intelligence artificielle, en particulier lorsqu’il s’agit de Machine Learning, sont de plus en plus utilisés dans le secteur de la santé pour faciliter les différentes étapes de la… Continuer la lecture

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Du diagnostic basé sur l’IA aux systèmes de chirurgie robotique, les logiciels d’intelligence artificielle, en particulier lorsqu’il s’agit de Machine Learning, sont de plus en plus utilisés dans le secteur de la santé pour faciliter les différentes étapes de la recherche et du développement, ainsi que pour le traitement des patients. Leurs utilisations incluent le développement des nouveaux médicaments (par exemple, un logiciel qui examine des données biologiques pour identifier des médicaments potentiels), le diagnostic (ex. une application qui analyse des données en temps réel pour prévoir des problèmes de santé), la gestion des maladies (ex. systèmes de coaching sur mobile pour les soins pré et postopératoires) et l’analyse post-marché (systèmes de collecte de données sur les événements indésirables).

En Europe, l’application de l’intelligence artificielle dans la santé devrait représenter la deuxième plus grande part sur le marché mondial en termes de chiffre d’affaires. Pour la période de 2018 à 2026, le marché européen devrait avoir un taux de croissance annuel de 39,27%[i].

Avec la croissance rapide et l’utilisation réussie des applications d’IA aux services de santé se posent alors les questions suivantes : Comment l’IA pourrait-t-elle être utilisée pour améliorer les tâches relatives à la santé ? Quelles seront les limites et les impacts de cette utilisation ?

1. Applications de l’IA en santé

     1.1. La gestion des soins

 L’IA peut potentiellement être utilisée pour la planification et l’allocation des ressources dans les services de santé et les services sociaux. Par exemple, le système IBM Watson Care Manager est mis à l’essai par le conseil municipal de Londres, Harrow London Council, dans le but d’améliorer la rentabilité. Il met les individus en relation avec un prestataire de soins qui répond à leurs besoins, dans les limites du budget alloué aux soins. Il conçoit également des plans de soins individuels et offre des perspectives pour une utilisation plus efficace des ressources de gestion des soins[ii].

L’IA est également utilisée dans le but d’améliorer l’expérience du patient. L’hôpital pour enfants Alder Hey à Liverpool collabore avec IBM Watson pour créer un «hôpital cognitif», il s’agit d’une application qui facilite les interactions avec les patients. L’application vise à identifier les angoisses du patient avant une visite et à fournir aux cliniciens des informations qui les aideront à choisir les traitements appropriés[iii].

    1.2. La recherche médicale

L’intelligence artificielle peut analyser et identifier les différents modèles plus rapidement et avec plus de précision, notamment si il s’agit d’énormes bases de données. Elle peut également aider les chercheurs dans leur recherche des études pertinentes et des littératures scientifiques concernant le développement des médicaments et combiner les différents types de données[iv]. La base de données de l’Institute de recherches de Cancer « canSAR », combine les données génétiques et cliniques des patients avec des informations issues de la recherche scientifique, et utilise l’IA pour identifier de nouveaux médicaments anticancéreux[v]. Les chercheurs ont mis au point Eve, un “robot scientifique” spécialisé dans l’IA, conçu pour rendre le processus de découverte de médicaments plus rapide et plus économique. Les systèmes d’IA pourront aussi aider à concorder les patients appropriés aux études cliniques.

    1.3. Les soins cliniques

 L’IA peut faciliter le diagnostic de la maladie et son utilisation pour analyser des données cliniques, des publications de recherche et des recommandations professionnelles, pourrait également contribuer à éclairer les décisions relatives au traitement. L’application de l’IA dans les soins clinques comprend principalement :

  • L’imagerie médicale : les Imageries médicales (radiologie et échographie) sont systématiquement collectées et conservées afin d’être fournies aux systèmes d’IA. L’IA pourrait réduire les coûts et le temps nécessaires à l’analyse des radiologies, permettant ainsi de faire plus d’imageries pour mieux cibler le traitement. L’IA a obtenu des résultats efficaces dans la détection de certaines maladies telles que la pneumonie, les cancers du sein et de la peau et les maladies oculaires[vi].
  • L’échocardiographie : Le système Ultromics, expérimenté à l’hôpital John Radcliffe d’Oxford, utilise l’IA pour analyser les échographies de cardiologie qui détectent les schémas de battement de cœur et diagnostiquent les maladies cardiaques[vii].
  • Le dépistage des troubles neurologiques : Des outils d’IA se développent pour analyser les discours afin de prévoir les épisodes psychotiques et d’identifier et de surveiller les symptômes de maladies neurologiques telles que la maladie de Parkinson[viii].
  • La chirurgie : Des robots contrôlés par l’IA sont utilisés aujourd’hui pour effectuer des tâches spécifiques des opérations chirurgicales, telles que nouer des nœuds pour fermer les plaies.

    1.4. Applications pour les patients et les consommateurs

Plusieurs applications qui utilisent l’IA pour proposer des évaluations personnalisées et des conseils de santé sont déjà commercialisées. De plus, des outils d’information ou des chat-bots sont utilisés pour la gestion des maladies chroniques. En outre, des applications d’IA qui surveillent et soutiennent l’adhésion des patients aux traitements prescrits ont été testées avec succès chez les patients atteints de tuberculose. D’autres outils utilisent l’IA pour analyser les informations recueillies par les capteurs portés par les patients à la maison. L’objectif est de détecter les signes de détérioration afin de permettre une intervention précoce et de prévenir l’hospitalisation[ix].

     1.5. La santé publique

 L’IA pourrait être utilisée pour aider à la détection précoce d’épidémies de maladies infectieuses et de sources d’épidémies, telles que la contamination de l’eau. Les outils de l’IA peuvent également anticiper des réactions indésirables aux médicaments.

2. L’impact de l’IA sur l’emploi dans le secteur de la santé

Concernant l’emploi dans le secteur de la santé, l’impact de l’IA variera entre la destruction et la création d’emploi selon le pays. Une analyse récente réalisée par le centre de recherche britannique PWC (PricewaterhouseCoopers) montre que l’intelligence artificielle (IA) et les technologies associées devraient créer autant d’emplois qu’elles en remplaceront au Royaume-Uni au cours des 20 prochaines années. Environ sept millions d’emplois existants au Royaume-Uni pourraient être remplacés, mais environ 7,2 millions d’emplois pourraient être créés. L’analyse montre également que le secteur qui bénéficiera le plus de l’IA est celui de la santé et des services sociaux, où l’emploi pourrait augmenter de près d’un million; soit une croissance de 20% dans le secteur[x].

De même, dans son rapport sur l’intelligence artificielle, Cédric Villani, mathématicien et député LREM de la 5e circonscription de l’Essonne, a considéré la santé comme un secteur stratégique de développement. Il propose d’intégrer la formation aux technologies liées à l’IA dans les études de médecine[xi]. Le rapport de France stratégie a d’ailleurs indiqué que le secteur de santé sera l’un des secteurs dans lesquels l’IA pourrait entraîner des transformations majeures[xii].

Au lieu de détruire des emplois, l’IA devrait générer de nouvelles tâches dans de nombreuses organisations qui ont adopté la technologie, selon une enquête réalisée en 2017 par la société française Capgemini. Les résultats de cette enquête  montrent que quatre entreprises sur cinq (83%) ont créé des emplois grâce à l’adoption de l’intelligence artificielle, avec deux tiers des postes créés au niveau cadre ou cadre supérieur. Par ailleurs, parmi les sociétés qui utilisent déjà les technologies d’IA à grande échelle, plus de trois sur cinq (63%) n’ont pas supprimé de postes du fait de l’adoption de l’IA[xiii].

Cependant, un article paru en 2013 par des chercheurs de l’Université d’Oxford a prédit que l’intelligence artificielle pourrait détruire 47% des emplois du marché américain d’ici à 20 ans[xiv]. Un rapport mené par le cabinet Mckinsey, montre également que 38% des emplois mondiaux dans le domaine de la santé et des services sociaux (représentant 35.1 millions d’employées) pourront être automatisés d’ici fin 2055.

Source : Mckinsey Global Institute analysis https://public.tableau.com/profile/mckinsey.analytics#!/vizhome/InternationalAutomation/WhereMachinesCanReplaceHumans

3. Les limites de l’IA

Étant donné que l’IA dépend de données numériques, l’incohérence dans la disponibilité et la qualité des données limitent le potentiel de l’IA. Cela implique la nécessité d’une puissance de calcul importante pour l’analyse d’ensembles de données volumineux et complexes. D’autre part, des questions de confiance se posent aussi telles que la mesure dans laquelle les patients et les médecins sont à l’aise avec le partage numérique de leurs données personnelles de santé. L’être humain a des attributs que les systèmes d’IA ne peuvent pas posséder authentiquement, tels que la compassion. La pratique clinique implique souvent des jugements complexes que l’IA n’est actuellement pas en mesure de reproduire, tels que la connaissance contextuelle et la capacité d’interpréter des signaux sociaux[xv]. Il existe également un débat sur la question de savoir-faire, en effet certaines connaissances humaines sont tacites et ne peuvent pas être enseignées aux machines.

L’impact éthique et social 

L’application de l’IA aux services de la santé soulève certaines questions éthiques et sociales telles que : l’utilisation des données, l’automatisation au sens large, le large recours aux technologies, et problèmes liés à l’utilisation des technologies d’assistance et la « télésanté ».

      4.1. La fiabilité et la sécurité

La fiabilité et la sécurité sont des questions clés dans lesquelles l’IA est utilisée pour contrôler des équipements, fournir un traitement ou prendre des décisions en matière de soins. Les systèmes d’IA peuvent commettre des erreurs et, si une erreur est difficile à détecter ou a des répercussions, cela pourrait avoir des conséquences indésirables. Par exemple, dans un essai clinique en 2015, un logiciel d’IA a été utilisé pour prédire quels patients étaient susceptibles d’avoir des complications suite à la pneumonie, et devaient donc être hospitalisées. En raison de son incapacité à prendre en compte des informations contextuelles, le logiciel a demandé par erreur aux médecins de renvoyer chez eux des patients souffrants de l’asthme[xvi]. En outre, la performance des applications de vérification des symptômes a été mise en doute. Par exemple, il a été constaté que les recommandations d’applications pouvaient être sur-prudentes, augmentant potentiellement la demande des tests ou des traitements inutiles[xvii].

      4.2. La transparence et la responsabilité

Il est peut-être difficile voire impossible de déterminer la logique sous-jacente qui génère les résultats produits par l’IA. En effet, certains systèmes IA sont trop complexes pour être comprises par un humain, les technologies d’apprentissage automatique ou (machine Learning) peuvent être particulièrement vagues, en raison de la manière dont elles modifient en permanence leurs propres paramètres et règles tout au long de leur apprentissage[xviii]. Cela génère des problèmes concernant la validation des résultats des systèmes d’intelligence artificielle et l’identification des erreurs ou des biais dans les données. D’autres questions se posent, notamment qui est responsable des décisions prises par l’IA et comment une personne lésée par l’utilisation d’IA peut obtenir réparation.

       4.3. Les biais des données et l’équité

Bien que les applications d’intelligence artificielle puissent potentiellement réduire les biais et les erreurs humaines, les biais peuvent se refléter et se renforcer dans les données fournies aux machines. Des préoccupations ont été soulevées concernant la possibilité de l’IA d’entrainer une discrimination en fonction de sexe, de l’origine ethnique, du handicap et de l’âge[xix].

Les avantages de l’IA en matière des soins pourraient également être répartis de manière inégale. En effet, l’intelligence artificielle pourrait fonctionner moins efficacement lorsque les données sont rares ou plus difficiles à collecter ou à restituer sous une forme numérique. Cela pourrait affecter les personnes atteintes de maladies rares ou d’autres personnes sous-représentées dans les expérimentes cliniques ou dans les données de recherche[xx].

      4.4. La confiance

La collaboration entre les entreprises  spécialisées dans l’intelligence artificielle et les hôpitaux a conduit à de nombreuses préoccupations concernant la possibilité des sociétés commerciales d’avoir accès aux données des patients. Sur le plan pratique, les patients et les professionnels de la santé devront pouvoir faire confiance aux systèmes d’IA pour que ces derniers soient mis en œuvre avec succès dans le système de santé.

      4.5. Des effets sur les patients

Les applications d’’IA en  santé vont permettre aux gens d’évaluer leurs propres symptômes et de prendre soin d’eux-mêmes. Les systèmes d’IA qui visent à aider les personnes souffrant de problèmes de santé chroniques ou de handicaps pourraient accroître leur sens de la dignité, leur indépendance et leur qualité de vie. Cependant, des inquiétudes ont été exprimées concernant la perte de contact humain et l’isolement social accru si les technologies d’IA remplaçaient le temps consacré par le staff ou la famille aux patients[xxi]. En outre, les systèmes d’IA peuvent avoir un impact négatif sur l’autonomie individuelle: par exemple, s’ils restreignent les choix basés sur des calculs de risque ou sur ce qui est dans le meilleur intérêt de l’utilisateur.

      4.6. Des effets sur les professionnels de la santé

Les professionnels de la santé peuvent sentir que leur autonomie, leur autorité ainsi que leur savoir-faire sont menacés par les systèmes d’IA. Etant donné que l’IA santé est guidée par des priorités ou des intérêts spécifiques, tels que la rentabilité et la santé publique, l’engagement éthique des professionnels de santé envers les patients pourrait être affecté par l’utilisation des systèmes d’IA en termes de prise de la décision[xxii]. Comme avec beaucoup de nouvelles technologies, l’introduction de l’IA implique probablement que les compétences et l’expertise requises des professionnels de la santé vont changer. Dans certains cas, l’IA pourrait permettre l’automatisation de tâches précédemment effectuées par des humains. Cela pourrait permettre aux professionnels de la santé de consacrer plus de temps à leurs patients. Toutefois, on craint que l’introduction des systèmes d’IA ne permette pas l’emploi des personnels moins qualifiés comme ces systèmes nécessitent des compétences hautement qualifiées.

      4.7. La confidentialité et la protection des données

Les applications de l’IA dans le secteur de la santé utilisent des données sensibles et privées, celles-ci sont soumises à des contrôles légaux. Toutefois, d’autres types de données ne concernant pas l’état sanitaire, telles que son activité sur les médias sociaux et l’historique de recherche sur Internet, pourraient être utilisées pour révéler des informations sur l’état sanitaire de l’utilisateur et de son entourage.

Bien que l’IA puisse être utilisée pour détecter des cyber-attaques et protéger les systèmes informatiques de santé, il est possible que les systèmes d’intelligence artificielle soient piratés ou spammés avec des données fausses de façon difficilement détectable[xxiii].

      4.8. L’usage abusif des systèmes IA de santé

Bien que l’intelligence artificielle puisse être utilisée pour le bien, elle pourrait également l’être à des fins malveillantes (ex. la surveillance secrète). De plus, les technologies d’IA qui analysent le comportement d’utilisateur (comme la manière dont une personne tape sur un clavier) et les schémas de mobilité détectés par les smartphones peuvent révéler des informations sur la santé d’une personne à son insu[xxiv].

En somme, les technologies d’IA sont utilisées ou testées à diverses fins dans le domaine de la santé et de la recherche médicale, notamment dans la détection des maladies, la gestion des maladies chroniques, la prestation de services de santé et le développement des nouveaux médicaments. L’impact de cette utilisation varie entre la destruction et la création d’emploi selon la zone géographique. L’IA peut potentiellement aider à résoudre d’importants troubles de santé, mais cela pourrait être limité par la qualité des données sanitaires disponibles et par l’incapacité de l’IA à posséder certaines caractéristiques humaines, telles que la compassion. L’utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine de santé soulève un certain nombre de problèmes éthiques et sociaux pour les professionnels et pour les patients, tels que l’utilisation des données et des technologies de la santé au sens large, le biais des données et l’équité, la confidentialité et la protection des données, le problème de la confiance et la transparence et la responsabilité. Un défi majeur pour la gouvernance future des technologies de l’IA consistera alors à assurer que l’IA soit développée et utilisée de manière transparente et compatible avec l’intérêt public, tout en stimulant l’innovation dans le secteur.

Par Nivine Albouz, promotion 2018-2019 du M2 IESCI

[i] https://www.inkwoodresearch.com/reports/europe-artificial-intelligence-in-healthcare-market/

[ii] Harrow Council (2016) IBM and harrow council to bring watson care manager to individuals in the UK http://www.harrow.gov.uk/news/article/397/ibm_and_harrow_council_to_bring_watson_care_manager_to_individuals_in_the_uk

[iii] Alder Hey Children’s NHS Foundation Trust (2017) Welcome to Alder Hey – the UK’s first cognitive hospital.

http://www.alderhey.nhs.uk/welcome-to-alder-hey-the-uks-first-cognitive-hospital/

[iv] O’Mara-Eves A, et al. (2015) Using text mining for study identification in systematic reviews https://systematicreviewsjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/2046-4053-4-5

[v] The Conversation (2013) Artificial intelligence uses biggest disease database to fight cancer

https://theconversation.com/artificial-intelligence-uses-biggest-disease-database-to-fight-cancer-20050

[vi] Wang D, et al. (2016) Deep learning for identifying metastatic breast cancer. https://canvas.stanford.edu/files/1266958/download?download_frd=1

[vii] http://www.ultromics.com/technology/.

[viii] IBM Research (5 January 2017) IBM 5 in 5: with AI, our words will be a window into our mental health.

https://www.ibm.com/blogs/research/2017/1/ibm-5-in-5-our-words-will-be-the-windows-to-our-mental-health/

[ix] Shafner L, et al. (2017). Evaluating the use of an artificial intelligence (AI) platform on mobile devices to measure and support tuberculosis medication adherence. https://aicure.com/wpcontent/uploads/2016/12/Shafner_et_al_Vancouver_Feb_2017.pdf

[x] https://www.networkerstechnology.com/ai-jobs-in-healthcare

[xi] https://fichiers.acteurspublics.com/redac/pdf/2018/2018-03-28_Rapport-Villani.pdf

[xii] https://www.latribune.fr/technos-medias/comment-l-intelligence-artificielle-va-transformer-le-monde-du-travail-773463.html

[xiii] https://www.capgemini.com/fr-fr/news/lintelligence-artificielle-cree-des-emplois-pour-les-organisations-qui-lont-deployee-et-stimule-les-ventes/

[xiv] https://medium.com/@candicelhomme/futur-du-travail-les-impacts-de-lintelligence-artificielle-4c558d435683

[xv] https://www.nesta.org.uk/report/confronting-dr-robot/

[xvi] Caruana R, et al. (2015) Intelligible models for healthcare. http://people.dbmi.columbia.edu/noemie/papers/15kdd.pdf

[xvii] https://www.nesta.org.uk/report/confronting-dr-robot/

[xviii] https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/2053951715622512

[xix] Bird S, et al. (2016) https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2846909

[xx] https://qz.com/1023448/if-youre-not-a-white-male-artificial-intelligences-use-in-healthcare-could-be-dangerous/

[xxi]http://pure-oai.bham.ac.uk/ws/files/17913341/Sorell_Draper_Robot_carers_Ethics_Information_Technology_2014.pdf

[xxii] https://www.healthaffairs.org/doi/pdf/10.1377/hlthaff.2014.0048

[xxiii] https://arxiv.org/ftp/arxiv/papers/1802/1802.07228.pdf

[xxiv] Yuste R, et al. (2017) Four ethical priorities for neurotechnologies and AI Nature. http://www.columbia.edu/cu/biology/pdf-files/faculty/Yuste/yuste%20et%20al.nature2017.pdf

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