Guerre Economique Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Tue, 08 Dec 2020 12:56:21 +0000 fr-FR hourly 1 La coopétition sur le marché de la défense https://master-iesc-angers.com/la-coopetition-sur-le-marche-de-la-defense/ Tue, 08 Dec 2020 12:56:21 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3321 Le marché de la défense, le commerce des armes et les équipements militaires, a un impact significatif sur l’économie mondiale et les relations internationales. Les pays qui ont leur propre complexe militaro-industriel l’utilisent pour créer des armes et du matériel… Continuer la lecture

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Le marché de la défense, le commerce des armes et les équipements militaires, a un impact significatif sur l’économie mondiale et les relations internationales. Les pays qui ont leur propre complexe militaro-industriel l’utilisent pour créer des armes et du matériel militaire non seulement pour leurs propres besoins, mais aussi pour les vendre à d’autres pays. Le développement rapide des technologies numériques a influencé tous les domaines de l’activité économique, y compris le développement du marché de la défense. Les nouvelles technologies d’information et de communication sont devenues le principal moteur de l’économie mondiale, contribuant à sa mondialisation. L’innovation favorise de nouveaux systèmes de production, qui à leur tour donnent lieu à de nouvelles stratégies de développement commercial.

Ainsi, la division cognitive du travail contribue au développement de la compétition informationnelle et à l’émergence de nouvelles formes de coopération dans le domaine des armes et de la défense. Le marché se caractérise par la réglementation stricte de l’État et son contrôle direct sur le financement de nouveaux projets; les consommateurs du secteur de la défense sont d’autres États. La production stricte est réalisée secrètement. Néanmoins, l’exportation d’armes est une activité assez lucrative.

Quel est l’impact de la mondialisation sur les stratégies du complexe de défense ? Une coopération internationale est-elle possible dans la production d’armes ? Quelles méthodes d’intelligence économique peuvent être appliquées dans le domaine de la défense ?

Dans cet article, nous examinerons les stratégies de coopétition et de compétitivité informationnelle en prenant l’exemple de la première alliance transatlantique de la défense. Cette collaboration a eu lieu en 2005 entre l’European Aeronautic Defence and Space company (EADS) et le conglomérat américain Northrop Grumman.

La fusion des Américains Boeing et McDonnell Douglas en 1997 encourage les Européens à entrer dans la voie des restructurations dans le domaine de la défense. En conséquence, l’European Aeronautic Defence and Space company (EADS) a été créée le 10 juillet 2000 par la fusion de l’allemand Daimler Chrysler Aerospace AG, du français Aérospatiale Matra et de l’espagnol CASA. Il résulte d’une concentration de la quasi-totalité des constructeurs français, allemands et espagnols. Mais le véritable objectif de cette alliance n’est pas seulement d’augmenter la compétitivité et la confrontation avec les fabricants américains, mais aussi l’opportunité de coopérer avec les fabricants américains dans le domaine de la défense et d’entrer sur le marché des États-Unis d’Amérique. Cette fusion a permis de signer un protocole d’accord entre Dasa, filiale aéronautique de Daimler Chrysler, et le constructeur américain Northrop Grumman. Le but de ce protocole était d’explorer des pistes d’alliance dans plusieurs secteurs clefs de l’électronique de défense : dans les systèmes de surveillance au sol, les radars d’avions et de navires, et les drones (avions sans pilote) de surveillance à haute altitude.

Ce type de coopération est un excellent exemple de stratégie d’intelligence économique – la coopétition. L’interdépendance économique renforcée par la mondialisation amène donc à une réévaluation des modalités relationnelles. La coopétition implique l’absence de frontières claires entre amis et ennemis, soulignant l’intersection de la compétition et de la collaboration entre les entreprises. Ainsi, des entreprises, fabricants d’armes de puissances mondiales comme l’Amérique et l’Europe, s’unissent aux fins d’activités de recherche conjointe ou de participation à des appels d’offres mondiaux. Mais en conservant l’idée qu’ils restent des concurrents.

L’interaction entre EADS et Northrop Grumman a contribué à la réalisation des objectifs stratégiques de chacune des entreprises. Pour Northrop Grumman la stratégie est de devenir un grand fournisseur en électronique de défense et dans le domaine des technologies de l’information.. Pour EADS, il s’agissait d’entrer sur le marché américain.

En continuation cette collaboration, le groupe de défense européen EADS et l’américain Northrop Grumman s’unissent pour participer à l’appel d’offres concernant le renouvellement des avions ravitailleurs de l’US Air force en 2005. La participation à l’appel d’offres d’un constructeur européen n’est devenue possible qu’avec un partenaire américain. Cependant, une alliance de défense transatlantique pourrait menacer la sécurité nationale américaine et concurrencer le constructeur local Boeing. Ainsi, la coopération entre EADS et Northrop Grumman et leur participation à l’appel d’offres dépendra de facteurs externes, comme l’autorisation des autorités américaines, dont les règles sont très strictes en matière d’exportation. Le lobbying devient une stratégie nécessaire pour atteindre les objectifs de l’alliance.

Le lobbying désigne l’ensemble des actions destinées à informer, convaincre, faire adhérer un pouvoir décisionnaire à une cause ou une idée ; c’est l’un des concepts de base de l’intelligence économique. Le monitoring, la veille juridique et concurrentielle, l’anticipation des activités législatives, la création des réseaux d’influence ou de coalition font partie de la méthodologie de lobbying et d’intelligence économique. EADS a commencé à utiliser ces méthodes en 2000, prévoyant que les règles gouvernementales en matière de coopération internationale dans la défense allaient s’assouplir. Ainsi, pour participer à l’appel d’offres pour la fourniture des ravitailleurs – portant sur 179 appareils, pour un montant estimé à 35 milliards de dollars (25,4 milliards d’euros) en 2006, EADS a satisfait aux exigences du gouvernement américain – avoir un partenaire américain et un site de fabrication aux Etats-Unis. De ce fait, en 2008, l’armée de l’air des États-Unis a annoncé la victoire d’EADS dans l’appel d’offres. Mais la même année, le contrat a été annulé par la Cour des comptes américaine (l’agence GAO), saisie par Boeing au motif que l’attribution des contrats avait été entachée d’erreurs. Cela a été suivi par une nouvelle annonce de concours et l’attribution finale du contrat Boeing en 2011.

Malgré le fait que la confrontation de 10 ans se soit terminée par la victoire du constructeur américain, ce cas est un exemple de la transformation du marché de la défense et de l’application des méthodes d’intelligence économique en action. Grâce à l’application de méthodes d’intelligence économique, EADS et Northrop Grumman alliance ont atteint un haut niveau de compétitivité de l’information. La compétitivité informationnelle est fondée sur la maîtrise des information et des connaissances en utilisant trois outils absents de la compétitivité hors prix : la protection de patrimoine immatériel, les réseaux, l’influence et le lobbying. La coopération entre EADS et Northrop Grumman s’est développée dans d’autres projets, par exemple avec la création du complexe aérien sans pilote Euro Hawk en 2010 ou la coopération et de recherche avec Airbus (EADS) sur le programme Wing of Tomorrow pour de futures opportunités de production à haut débit.

Les résultats globaux des activités conjointes ont été des nombreux projets communs et le développement de renseignements de haute qualité, de capacités de surveillance complètes et la capacité de transformer rapidement et facilement les données en informations et de les diffuser aux forces militaires, aux agences nationales et à d’autres partenaires internationaux.

Par Alissa Zhukova, promotion 2020-2021 du M2 IESCI

Bibliographie

1) Claude Serfati « L’industrie française de défense », 2014
2) Christian Harbulot « Manuel d’intelligence économique » , 2015
3) David W. Versailles , Valerie Merindol « Étude prospective et stratégique commanditée par le Ministère de la Défense « LA DUALITÉ DANS LES ENTREPRISES DE DÉFENSE » , 2014
4) Nathalie Lazaric, Valerie Merindol PSB « La nouvelle architecture de l’industrie de la Défense en France: Évolution du rôle du maître d’ouvrage », 2009
5) Sénat (Un site au service citoyens) https://www.senat.fr/questions/base/2011/qSEQ110317612.html
6) Guy Dutheil pour Le Monde « EADS, une entreprise un peu plus “normale” », 2013 https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/03/27/eads-une-entreprise-un-peu-plus-normale_3148635_3234.html
7) Dominique Gallois pour Le Monde « EADS s’associe à Northrop Grumman pour pénétrer le marché américain » , 2005 https://www.lemonde.fr/economie/article/2005/09/08/eads-s-associe-a-northrop-grumman-pour-penetrer-le-marche-americain_686999_3234.html?fbclid=IwAR3SgISRnbV9kNUJaWus-uzRdaszv8zWUDK8hSlV92aXuvrHZwKgkBKe87A
8) Jean-Pierre Neu pour Les Echos « EADS et Northrop Grumman ouvrent le bal des alliances transatlantiques dans la défense » , 2000 https://www.lesechos.fr/2000/04/eads-et-northrop-grumman-ouvrent-le-bal-des-alliances-transatlantiques-dans-la-defense-742779?fbclid=IwAR2aBr5Jc8-SHnNcS9cfulC431fgRLlS9pYNoBRyOUeD5Dz0c7QdJWWsSQc
9) Samuel B. H. Faure « La coopération internationale dans le secteur de l’armement. Apports et critiques de la littérature à la lumière du cas français », 2015

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Nouvelle économie – nouvelles méthodes de lutte https://master-iesc-angers.com/nouvelle-economie-nouvelles-methodes-de-lutte/ Sun, 29 Nov 2020 13:48:19 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3304 « L’intelligence est le croisement de l’information et de la stratégie. Le prisme est large. Il va du cycle du renseignement – dont la définition « officielle » de l’intelligence économique s’est inspirée – à la manipulation de la connaissance… Continuer la lecture

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« L’intelligence est le croisement de l’information et de la stratégie. Le prisme est large. Il va du cycle du renseignement – dont la définition « officielle » de l’intelligence économique s’est inspirée – à la manipulation de la connaissance en passant par la désinformation. Dans tous les cas, l’information est au service d’une stratégie : en amont pour définir et comprendre son environnement pertinent, prévenir les risques, détecter les opportunités…; en aval pour décider, leurrer l’adversaire, le paralyser, … », Moinet (François)

Le monde est au bord des changements de l’économie internationale. L’échange de biens, d’informations et de capitaux entre les pays augmente quotidiennement. Les entreprises nationales se transforment en d’énormes sociétés internationales, parallèlement à cela, le volume du commerce international augmente. Ainsi une mondialisation croissante des activitées et une crise du système fordiste des pays développés aboutissant au passage à une économie de la connaissance. L’économie de la connaissance est l’étape la plus élevée du développement de l’économie postindustrielle et de l’économie de l’innovation, caractérisée par la société de l’information ou bien par la société de la connaissance. Mais, également, la prochaine étape du grand développement de l’économie et de la société des pays avancés du monde. L’information est l’arme principale pour conquérir de nouveaux marchés et profits.

Si l’information peut être qualifiée « d’arme », existe-t-il une guerre de l’information ? Quelles nouvelles méthodes de lutte économique sont nées parallèlement au développement de l’économie de la connaissance ? et quels sont les déterminants contemporain de la compétitivité ?

 Pour répondre à ces questions, nous considérerons le concept de guerre de l’information et l’impact du progrès technologique sur la compétitivité des pays ;  dans la deuxième partie, nous parlerons des nouvelles tendances dans le développement stratégique de la FMN et des limitations commerciales ;  dans la troisième partie, nous examinerons les méthodes d’intelligence économique et les nouvelles formes d’interaction entre entreprises.

1. Les déterminants contemporains de la compétitivité des pays

Le développement accéléré des technologies de pointe, des réseaux de transmissions de données, la place de plus en plus grande des médias dans la vie des sociétés sont des phénomènes qu’il n’est plus possible d’ignorer car ils contribuent à modifier fondamentalement la stratégie, la politique, l’économie et le comportement humain. L’information n’est plus une seule nécessité, elle devient un élément majeur de l’art de la guerre économique : elle permet de gagner un conflit qu’il soit militaire ou économique.

La notion de guerre de l’information est valable à la fois en temps de guerre et en temps de paix. La guerre de l’information désigne l’ensemble des méthodes et actions visant à infliger un dommage à un adversaire ou à se garantir une supériorité. Les buts de la guerre de l’information peuvent être des tentatives d’établir une hégémonie sur les réseaux de connaissances (entreprises, universités, grandes écoles, centres d’études et de recherches) en jouant sur des normes macroéconomiques ; l’influence sur l’économie internationale, en mettant en œuvre des règles sur les contrats internationaux, et en utilisant les failles juridiques de l’adversaire d’évaluation du capital immatériel, ou sur les normes en général (en informatique et en télécommunication notamment) ; l’influence politique ; l’acquisition d’information (données ou connaissances) stratégique à propos dudit adversaire … Dans la guerre de l’information, l’efficacité repose sur le partage et non sur la rétention de l’information. Mais quelles sont les déterminants qui contribuent à l’augmentation de la compétitivité des pays et permettent de gagner dans la guerre économique?

Tout d’abord, c’est un niveau de développement des nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC). Les nouvelles technologies font depuis longtemps irruption dans notre quotidien: smartphones, Internet des objets, aspirateurs robotisés, voitures avec fonctions de conduite autonome etc. Mais le développement de ces produits est devenu possible grâce à des technologies plus complexes et globales, telles que la blockchain, les équipements de reconnaissances des données, l’intelligence artificielle, les technologies de communication et les automations industrielles etc. Tout cela caractérise la révolution technologique, qui modifie les structures de l’industrie et les règles de concurrence. Les TIC ont pris une importance stratégique en affectant toutes les entreprises. Des indicateurs tels que le niveau d’investissement dans les actifs immatériels, le nombre de brevets par habitant du pays, le nombre de scientifiques, etc., déterminent le niveau de développement technologique du pays et sa capacité à introduire des innovations.

Sur le site WIPO (World intellectual property organisation) est présenté un rapport, Le Global Innovation Index, qui fournit des mesures détaillées sur les performances d’innovation de quelque 130 pays et économies du monde entier.

L’un des indicateurs du progrès scientifique est également le nombre de brevets déposés par habitant, que l’office européen des brevets (OEB) traite en Europe.

Une enquête réalisée auprès de chefs d’entreprise américaines révèlent  que 86% d’entre eux citent l’innovation comme l’un des principaux axes de croissance. Bien évidemment, le développement de la technologie est le principal avantage concurrentiel des pays et des entreprises à l’époque d’une économie du savoir très développée.

Mais il existe un autre indicateur qui prend en compte le niveau de culture, le succès de la politique étrangère d’un pays et ses valeurs politiques – Soft Power. En utilisant des outils de Soft Power, les pays peuvent influencer la perception de leur image aux yeux de leurs résidents et des résidents d’autres pays. Joseph Nye a introduit pour la première fois le concept de « Soft Power » ce qui signifie une forme de pouvoir politique, la capacité d’atteindre les résultats souhaités sur la base de la participation volontaire, de la sympathie et de l’attractivité. Pour atteindre leurs objectifs, les pays utilisent des méthodes de guerre de l’information – l’impact émotionnel des images. Pour cela, ils utilisent  les stratégies de communication, spécifiquement la communication de masse ou en utilisant les réseaux sociaux professionnels, travaillent à travers les industries de la télévision et du cinéma (cinéma indien), organisent des compétitions sportives mondiales ou même un réseau mondial de restauration rapide (McDonald’s). Dans tous les cas, il s’agit de diriger l’opinion à travers des actions de guerre psychologique, de guerre de l’image, de mise en scène et de désinformation, destinées notamment à faire adhérer l’opinion internationale à sa cause, à diaboliser l’adversaire ou à démoraliser le camp adverse. Ici, guerre de l’information est synonyme de propagande, manipulation mentale ou d’influence stratégique.

 Selon le classement du Soft power du CPD (Centre de diplomatie publique) la France prend la première place en 2019. Nous voyons également comment, au cours des quatres dernières années, Les États-Unis ont perdu leur positions en raison de la politique étrangère agressive de Donald Trump.

Nous avons examiné certains facteurs qui déterminent la compétitivité des pays en période de mondialisation et de transition vers une économie de la connaissance. Plus le niveau de développement technologique d’un pays est élevé, plus son économie est développée et donc sa compétitivité plus élevée. D’une part, les NTIC sont un indicateur de la compétitivité du pays, et d’autre part, ils favorisent la diffusion de masse (télévision, Internet, radio) et la collecte d’informations (données personnelles, publicités ciblées) dans le but de renforcer l’impact sur la conscience des consommateurs.

2. Les contradictions du développement stratégique des entreprises : RSE ou Greenwashing ?

Lors de la conférence « Perspectives stratégiques sur la consommation » du Forum économique mondial de Davos en 2019, la question du changement de comportement des consommateurs a été abordée. Dans la société moderne, la question de la responsabilité sociale des entreprises est strictement posée. Depuis 1980, le marketing social et solidaire (et économique) gagne en popularité en raison de l’inquiétude accrue des consommateurs quant à l’origine du produit et à son impact sur la société et l’environnement. Cela a servi de condition préalable au développement du marketing social, ainsi que l’insatisfaction à l’égard des conditions de travail des pays du tiers monde qui est devenu l’impulsion pour le développement de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). De nombreuses entreprises ont commencé à utiliser la RSE comme outil de marketing, plaçant les questions environnementales et la consommation responsable au cœur de la stratégie. Mais la publicité et le marketing sont sujets à de fausses déclarations; une stratégie RSE émise par une entreprise peut se révéler être un simple Greenwashing.

Le greenwashing (éco-blanchiment) est une méthode de marketing consistant à communiquer auprès du public en utilisant l’argument écologique. Le but du greenwashing étant de se donner une image éco-responsable, assez éloignée de la réalité… La pratique du greenwashing est trompeuse et peut-être assimilé à de la publicité mensongère. L’organisation Underwriters Laboratories en collaboration avec Terra Choice a conçu un appareillage de communication dans lequel elle détaille les « péchés » associés aux discours et pratiques de l’éco-blanchiment, c’est-à-dire les différentes formes que prennent les fausses réclamations environnementales corporatives. Leur analyse, produite en 2010, évalue 4 744 produits qui se prétendent « verts » et en arrive à la conclusion que plus de 95 % de ces produits sont coupables d’au moins un de ces péchés. Il s’agit des péchés de la contrepartie cachée, de l’absence de preuve, du tout-flou, de l’étiquette trompeuse,  de la fausseté, de la non-pertinence  et du moindre des maux.

Voici quelques exemples de sociétés qui abusent des politiques RSE :

  • Shell et la multiplication de ses projets de gaz de schiste dans le monde entier (2014 – le Prix Pinocchio dans la catégorie « Une pour tous, tout pour moi ») ;

 

  • IKEA – l’abattage d’arbres centenaires en Carélie (Russie) et la publication de grandes séries de catalogues et le non-respect des obligations relatives à leur traitement.

 

  • La filière nucléaire et le mythe du recyclage: seule une infime partie (à peine 1%) des « matières » produites chaque année est réellement réutilisée. Le reste s’entasse un peu partout en France.

 

Tous ces exemples sont la politique hypocrite de communication des entreprises, qui présente des signes de guerre de l’information et de substitution délibérée des faits. Mais parallèlement à la politique de liberté de communication d’entreprise, ces limites sont nées. Ce « verdissement d’image » participe directement à la désinformation des consommateurs et est donc réglementé par la loi et contrôlé par des organismes comme L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME ou Ademe, qui a publié le guide « anti-greenwashing » pour aider les entreprises à évaluer la campagne publicitaire et sa conformité à la législation environnementale ); l’ARPP (L’Autorité de régulation professionnelle de la publicité). Il apparaît également de nouvelles contraintes et formes d’organisations dans les domaines de l’environnement, de l’éthique et de la société. L’État réglemente le domaine de la protection de l’environnement en créant des commissions spéciales chargées de développer les contraintes réglementaires pour l’implantation d’infrastructures industrielles. Par exemple, la Commission mondiale pour l’environnement et le développement, déclare que le développement doit répondre aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Des contraintes éthiques sont créées dans le domaine des politiques publicitaires des entreprises (publicité mensongère, tromperie sur la marchandise), les condition des RH (les discrimination à l’embauche, dans la rémunération), de processus de production et de gestion (délit d’initié, corruption, ententes). Les Contraintes sociales sont également réglementées par la loi : donner du travail (création d’emploi, limite du licenciement, adoption de combinaisons productives ne pénalisant pas l’emploi, répartition du travail); former les salariés tout au long de leur vie, adaptation aux technologies, remises à jour des connaissances.

Avec l’avènement de nouvelles stratégies de promotion des entreprises, leurs limites apparaissent également, conçues pour contrôler les violations éthiques, sociales et environnementales. Depuis, avec l’aide des technologies de communication modernes, les entreprises peuvent abuser des informations et se substituer aux faits. Il existe une frontière fine entre les politiques de consommation responsable et le Greenwashing.

3. La nouvelle économie engendre de nouvelles stratégies

Une mondialisation croissante des activités, modification de l’échelle du temps et de l’espace grâce aux TIC, le développement des produits immatériels aboutissent au passage à une économie de la connaissance. La nouvelle économie développe de nouvelles méthodes de gestion de l’information et de nouvelles stratégies concurrentielles.

L’intelligence économique peut être définie comme « une nouvelle méthodologie fondée sur la collecte, l’analyse et l’utilisation des informations visant à augmenter l’efficacité des agents économiques (Baulant, 2004, 2017). Méthodologie de de l’intelligence économique comme mode de pensée et mode d’action inclut :

  1. La veille consiste à collecter des informations stratégiques pour permettre d’anticiper les évolutions et les innovations. Selon l’Afnor, la veille est une « activité continue en grande partie itérative visant à une surveillance active de l’environnement technologique, commercial, concurrentiel, etc., pour en anticiper les évolutions ».
  2. L’Analyse prospective consiste à se projeter dans le temps long, celui des transformations (des règles du jeu, transformation des stratégies et des organisations) ; c’est une méthode  pour imaginer les différents modes possibles dans lesquels les organisations agiront et d’anticiper les transformations à venir, de mettre en évidence de nouvelles règles du jeu, de nouveaux espaces d’innovation, des nouvelles capacités d’action.
  3. Les actions stratégiques à long et court terme qui incluent la construction des «avantages concurrentiels» soutenable à long terme (le «losange» de Porter, 1997, 1999).
  4. L’accompagnement de l’action stratégique consiste de la protection du patrimoine immatériel, les réseaux et l’influence et le lobbying.
  5. Retour d’expérience: Echange de pratique et de savoirs, audit d’intelligence économique et auto évaluation, études d’impact, rétro veille sur le processus.

Il existe également d’autres moyens d’augmenter la compétitivité. Selon François Jakobiak, le benchmarketing est un processus continu d’évaluation des produits, services et méthodes par rapport à ceux des concurrents les plus sérieux ou des entreprises reconnues comme leaders. Le benchmarketing intègre non seulement l’analyse des produits et services, mais aussi les méthodes pour obtenir des avantages concurrentiels ; il peut être considéré comme étant avant tout un processus de fixation d’objectifs.

Toutes ces méthodes sont basées sur la collecte, le traitement et l’analyse approfondie des informations. En mettant en œuvre ces méthodes, il est possible d’atteindre un niveau élevé de compétitivité informationnelle. La compétitivité informationnelle est fondée sur la maîtrise des information et des connaissances en utilisant trois outils absents de la compétitivité hors prix : la protection de patrimoine immatériel, les réseaux, l’influence et le lobbying.

La capacité organisationnelle de l’entreprise à travailler en réseau et à gérer des réseaux d’influences donne lieu à de nouvelles stratégies. Le concept de «coopétition» est apparu grâce à une synthèse du «partage des connaissances» et de la «guerre économique». C’est un nouveau type de stratégie, qui comprend le processus de la coopération (s’effectue sur certains segments et par les réseaux) et le processus de la concurrence réalise sur d’autres segments. Un exemple d’une telle interaction peut être l’intégration des entreprises agricoles en Pays de la Loire pour accroître la compétitivité de la région, le projet de la « 3ème révolution industrielle et agricole » (TRIA). Le pari de projet est de rassembler tous les acteurs (entreprises, institutions, projets..) vers la TRIA. Cette synergie permettra aux Pays de la Loire de devenir un territoire leader dans la conception et la mise en œuvre de solutions innovantes. Cette collaboration a été initiée par le réseau des trois chambres consulaires régionales (Chambres de commerce et d’industrie, Chambre d’artisanat et des métiers, Chambres d’agriculture).

L’application de la méthodologie de l’intelligence économique dans la pratique contribue au développement de nouveaux modes d’interaction entre les acteurs d’un même marché. Cette interaction est en mesure de créer un avantage concurrentiel et une situation de «Win-Win» pour tous les participants qui se considéraient auparavant comme des concurrents.

Conclusion

La nouvelle économie contribue au développement de nouvelles méthodes de lutte économique, où les méthodes de guerre de l’information peuvent être un moyen de réussir financièrement des entreprises ou des pays. Selon celui qui l’emploie et suivant le contexte, l’expression « guerre de l’information » peut désigner aussi bien à l’espionnage industriel  dont le rôle du point de vue de l’intelligence économique assure le veille technologique. Le progrès scientifique contribue au développement de technologies pouvant être utilisées contre la société. Dans le cadre des politiques RSE, les entreprises peuvent procéder à un Greenwashing. À l’heure de la mondialisation et d’une nouvelle économie les discontinuités entre droite et gauche, public et privé, ennemi et ami, coopération et compétition disparaissent. Pour le dire autrement, pendant que la guerre économique mobilise une composante de plus en plus importante d’information et de communication l’économie dite de l’information devient de plus en plus conflictuelle.

Par Alisa Zhukova, promotion 2020-2021 du M2 IESCI

Bibliographie

  • Baulant Camille « Specialisation et échanges internationaux : les apports des nouvelles théories de commerce international » (exposé pour les professeurs), 2008
  • Jakobiak François « L’intelligence économique en prtique », 1998
  • Guilhon Alice, Moinet Nicolas « Intelligencr économique. S’informer, se proteger, influencer », 2016
  • Les principes de la guerre d’information, 2001

https://infoguerre.fr/2001/11/les-principes-de-la-guerre-de-l-information/

  • Moinet Nicolas « L’intelligence économique, nerf de la guerre économique », 2019

https://www.areion24.news/2019/02/15/lintelligence-economique-nerf-de-la-guerre-economique/

https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/inventions-brevets-sont-pays-secteurs-plus-innovants-11052/

 

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USA vs Chine : la bataille technologique de Tik Tok https://master-iesc-angers.com/usa-vs-chine-la-bataille-technologique-de-tik-tok/ Sun, 15 Nov 2020 18:16:43 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3262 Ces dernières années, on constate que les relations entre les Etats-Unis et la Chine ne cessent de se tendre. Le climat de tension s’accroit amenant chacun des acteurs à devoir répliquer à chaque action de l’autre. Le secteur technologique représente… Continuer la lecture

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Ces dernières années, on constate que les relations entre les Etats-Unis et la Chine ne cessent de se tendre. Le climat de tension s’accroit amenant chacun des acteurs à devoir répliquer à chaque action de l’autre. Le secteur technologique représente l’enjeu le plus considérable dans la course au développement. Aujourd’hui, l’évolution de l’économie est indissociable de l’innovation. Les leaders mondiaux tels que les FAANG (Facebook, Amazone, Appel, Netflix et Google), Microsoft pour les Etats-Unis et BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) pour la Chine sont les plus importants détenteurs de capitalisation boursière dans le monde ainsi que des leaders technologiques majeurs.

Les grands enjeux aujourd’hui sont notamment le développement de l’intelligence artificielle, des objets connectés, de la robotique et la 5 G, des technologies qui posent aussi la question de l’utilisation des données. Il s’agit d’un sujet qui suscite de nombreux conflits, compte tenu de son utilisation par différents pays donnant lieu ainsi à des interprétations différentes sur les plans éthiques et juridiques.

Dans cette course à l’innovation, le contexte diplomatique entre les Etats-Unis et la Chine n’a pas cessé de se détériorer depuis quelques années. Du côté des Etats-Unis, Trump a voulu faire passer l’image d’un pays fort, patriotique et qui défend avant tout ses intérêts. Ainsi, le président américain a appliqué une politique de défense et d’offensive constante envers la Chine. En septembre 2019, les droits de douane des produits importés de Chine ont été augmentés de 5 %, passant ainsi à 15 %.

Dans cette bataille diplomatique, on peut aussi évoquer la nouvelle loi sur la sécurité d’Hong Kong votée par le parlement chinois en mai 2020. Cette région jouit depuis 1997 d’un système diamétralement opposé à celui de la Chine, plus proche de l’Occident et du système américain. Davantage de libertés sont accordées, telles que la presse, la culture ou bien la finance. Toutefois, cette situation déplait fortement aux autorités chinoises qui ont pris la décision de voter une loi permettant la filiation des deux polices, hongkongaise et chinoise. Cette mesure permet ainsi à la Chine d’avoir la mainmise sur la sécurité du pays et de bénéficier de pouvoirs beaucoup plus importants sur le territoire. Ce contexte pose cependant beaucoup de questions sur l’avenir des Hongkongais et de leurs libertés individuelles.

De plus, le 10 août 2020, lors de sa visite à Taïwan, Axel Azar, secrétaire américain de la santé a marqué une offensive directe envers Pékin en affirmant l’indépendance du pays, alors que la Chine considère ce territoire comme une province chinoise. Ensuite, face à la pandémie de Covid-19 apparue depuis janvier 2020 dans la région de Chine, Wuhan, une campagne importante a été lancée pour prouver que la situation a été maitrisée. Cependant, de nombreuses données, telles que le nombre de décès, ont été placées sous silence, ce qui laisse encore planer beaucoup de doutes. Aujourd’hui, face à la volonté de Xi Jinping d’étendre sa suprématie, de nombreux pays se tournent vers les Etats-Unis pour leur assurer une certaine sécurité et ne pas céder aux intimidations qu’ils peuvent subir. Les menaces de la Chine sont donc bien présentes.

Toutefois, Trump n’utilise pas les canaux de communication dits « classiques » mais plutôt des réseaux sociaux comme Twitter, qui ne laissent pas la place au dialogue. Auparavant, l’espionnage et le vol de propriété intellectuelle étaient réalisés à la vue de tous les pays occidentaux par la Chine qui n’était pas considérée comme un concurrent potentiel. Ainsi, ces pays recevaient des produits peu coûteux, fabriqués par une main d’œuvre peu onéreuse.

Cependant, les Etats-Unis ne sont maintenant plus en situation de suprématie totale face à une Chine qui s’apprête à devenir la première puissance mondiale. Les républicains ainsi que les démocrates sont aujourd’hui résignés à s’orienter vers une politique de défense directe envers la Chine. L’axe d’orientation de la politique étrangère n’évoluera donc pas avec l’élection de Joe Biden. Cependant, si la Chine s’ouvrait à des politiques plus coopératrices, juridiquement et éthiquement parlant, certains pays occidentaux craindraient moins à s’engager dans la course aux échanges et aux partages d’informations.

Dans ce contexte très instable entre les Etats-Unis et la Chine, une application a créé le débat et fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois. Le 6 août 2020, Trump a annoncé dans un communiqué l’impossibilité de télécharger les applications Tik Tok et We Chat sur le sol américain. Ces deux applications devaient initialement être arrêtées le 18 septembre 2020. Toutefois, à la suite des négociations, une autre date a été fixée au 12 novembre. Une question se pose pourtant :  était-ce la volonté première d’arrêter les applications sur le territoire américain pour éviter la concurrence ? Ou bien n’est-ce qu’un détournement pour s’approprier des technologies étrangères afin d’augmenter le pouvoir des Etats-Unis dans ce secteur très compétitif ?

Premièrement, Tik Tok se caractérise par un contenu attractif, sous forme de courtes vidéos accompagnées de musique ou/et de filtres. Anciennement connue sous le nom de musically, la plateforme a su se renouveler pour être plus attractive. Aujourd’hui, elle regroupe en 2020 environ 800 millions d’utilisateurs actifs dans le monde selon Datareportal. Cette plateforme détenue par l’entreprise chinoise ByteDance est disponible dans 155 pays à travers le monde et souhaite en conquérir davantage. Tik Tok génère et traite de nombreuses données personnelles à travers le monde. D’autre part, elle possède un algorithme recherché en raison de sa capacité à cibler très précisément les goûts des consommateurs. Aujourd’hui, l’application représente donc à la fois un enjeu technologique majeur, en raison de son attractivité et de sa capacité à innover, mais aussi un enjeu de sécurité nationale, qui peut effrayer certains pays en raison de la nouvelle politique de la Chine.

De plus, avant l’interdiction de l’application, l’Inde était le pays présentant le plus grand nombre d’utilisateurs (661 millions), devant la Chine (196,6 millions) puis les Etats-Unis (165 millions). Toutefois, en raison de conflits entre les deux pays, tel que l’incident du conflit armé à la frontière himalayenne, l’Inde a pris la décision d’interdire 59 applications chinoises pour des raisons de sécurité. Après cet évènement, c’est maintenant au tour des Etats-Unis de lancer son offensive à l’encontre de la Chine.

Les Etats-Unis avancent l’idée que la Chine, à travers son application, espionne le gouvernement américain via les données personnelles des internautes. Son utilisation sur le territoire représenterait donc une menace en termes de sécurité nationale. Toutefois, on peut avancer une autre idée qui expliquerait la volonté de Trump de vouloir s’approprier l’application. Les plus grandes entreprises mondiales se situent aux Etats-Unis, notamment celles qui gèrent le plus de données personnelles telles que Facebook, Google, Amazone ou Microsoft. Le pays posséderait donc davantage de pouvoir technologique et compterait les plus puissants réseaux sociaux du monde dans sa poche.

Actuellement, des négociations sont en cours afin que l’entreprise Oracle rachète une partie de Tik Tok. L’application pourrait donc toujours être active sur le territoire américain. Cette société représente un partenaire de confiance pour les Etats-Unis. Oracle est l’une des plus importantes entreprises technologiques américaines de la Silicon Valley. Spécialisée dans les bases de données et le Cloud, elle souhaite aujourd’hui diversifier ses activités dans d’autres domaines. De plus, le co-fondateur Larry Ellison est une personnalité proche de Trump, qu’il a beaucoup soutenu lors de son élection. On peut aussi souligner la proximité d’Oracle avec les administrations locales et nationales qui comptent parmi ses clients et l’ancien directeur de la CIA, John O. Brennan, désormais présent dans le conseil d’administration de l’entreprise. Ce rachat serait donc une opportunité majeure en termes de compétitivité technologique pour les Etats-Unis.

Enfin, depuis quelques mois, on remarque que Tik Tok ne représente plus seulement une plateforme d’amusement des ados ou pré-ados mais aussi un support qui laisse place à la liberté d’expression ou de dénonciation des problèmes sociétaux. En effet, on constate que les idées politiques peuvent se propager rapidement, comme c’est le cas pour le mouvement « Black Lives Matter » initié après la mort de George Floyd le 25 mai 2020, victime de violences policières dans le Minnesota (Etats-Unis), entrainant son décès. Après cet évènement, Tik Tok a enregistré de nombreux hashtag en référence au mouvement ainsi que de nombreuses réactions. Cet évènement n’est pas le seul à avoir fait réagir, il en est de même pour les manifestations à Hong-Kong ou bien des élections présidentielles aux Etats-Unis. Sans le vouloir la plateforme a donc pris un tournant d’expression politique, même si pendant un temps, elle a essayé de stopper cet engouement en supprimant les vidéos. Le phénomène a pris trop d’ampleur pour être interdit sinon Tik Tok aurait perdu beaucoup trop d’utilisateurs.

Ensuite, du côté de la Chine, l’interdiction de télécharger l’application aux Etats-Unis prononcée par Trump contraint ByteDance à n’avoir pas d’autre choix que de vendre sous la contrainte. De plus, le danger d’un rachat d’une partie de l’application par une entreprise américaine serait de se voir voler sa technologie, notamment son algorithme de ciblage, tel que le précise le South China Morning Post « l’application est très forte pour ça. Comme l’algorithme vous connaît si bien, il vous donne exactement ce que vous voulez au bon moment ». Cette technologie détermine ce qu’attendent très précisément les utilisateurs et représente un avantage concurrentiel majeur. Même si l’achat d’Oracle ne contient pour l’instant pas l’obtention de cette technologie, Tik Tok pourrait subir une pression interne afin de céder.

Enfin, la Chine se défend en mettant en avant le caractère infondé de collecte de données à l’encontre des Etats Unis et accuse Trump de violer les règles de l’OMC concernant le commerce international. Selon Eva Galperin, directrice de la cybersécurité à l’Electronic Frontier Fondation et conseillère technique à la fondation pour la liberté de la presse aux Etats-Unis, cette décision d’arrêter l’application Tik Tok serait anticonstitutionnelle. L’argument avancé par Trump relatif à la menace de la sécurité nationale n’est pas légitime pour interdire la plateforme et représente une entrave à la liberté d’expression.

Enfin, qu’en est-il des autres pays ? En Europe, la question de la collecte des données pose de nombreuses questions en raison du caractère invasif de l’application. En effet, de nombreux éléments sont collectés : les données wifi, les codes de téléphones, la géo-localisation, les adresses IP ou bien les goûts et habitudes des utilisateurs. De plus, l’application peut fonctionner en arrière-plan sur le téléphone et donc collecter d’autres données en lien avec l’utilisateur. Ce fonctionnement pose donc un problème éthique. De plus, tout comme l’Inde ou les Etats-Unis, d’autres pays sont de plus en plus réticents à l’idée d’utiliser des applications chinoises et envisagent de créer à terme leur propre internet comme la Russie ou bien L’Iran.  Assistons-nous à un repli des pays sur eux-mêmes, voire la mise en place d’un ultra-protectionnisme ? De nombreuses questions se posent aujourd’hui, en raison du flux gigantesque d’informations partagées à travers le monde, des informations parfois bénignes, qui accumulées peuvent avoir des conséquences importantes sur des décisions, des entreprises, voire même des pays.

Par Aude Lemonnier, promotion 2020-2021 du M2 IESCI

Bibliographie

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  • Audrey Liberge. (2020, 8 octobre). TikTok statistiques : les chiffres TikTok en 2020 [Infographie]. https://www.oberlo.fr/blog/tiktok-statistiques
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  • Grégor Brandy. (2020b, août 7). « Si les Etats-Unis interdisaient TikTok, ce serait le début d’une plus sérieuse balkanisation d’Internet ». Le Monde. https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/08/07/interdire-completement-tiktok-aux-etats-unis-serait-inconstitutionnel_6048373_4408996.html
  • Ian Bremmer. (2020, 7 août). Quel avenir pour les relations Chine-USA ? Les Echos. https://www.lecho.be/economie-politique/international/general/quel-avenir-pour-les-relations-chine-usa/10243942.html
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  • Le Monde. (2020a, août 14). Trump contre TikTok, ou la guerre froide du Web. Le Monde. https://www.lemonde.fr/international/article/2020/08/06/trump-contre-tiktok-ou-la-guerre-froide-du-web_6048281_3210.html
  • Le Monde. (2020b, septembre 15). Qu’est-ce qu’Oracle, le géant de l’informatique qui lorgne le réseau social TikTok ? Le Monde. https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/09/15/qu-est-ce-qu-oracle-le-geant-de-l-informatique-qui-lorgne-sur-le-reseau-social-tiktok_6052293_4408996.html
  • Le Monde avec AFP. (2020, 29 juin). L’Inde interdit 59 applications chinoises, dont TikTok et WeChat, pour raisons de « sécurité ». Le Monde. https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/06/29/l-inde-interdit-59-applications-chinoises-dont-tiktok-et-wechat-pour-raisons-de-securite_6044618_4408996.html
  • Michaël Szadkowski et Alexandre Piquard. (2020, 18 septembre). Les Etats-Unis prennent des mesures concrètes pour interdire TikTok et WeChat. Le Monde. https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/09/18/les-etats-unis-prennent-des-mesures-concretes-pour-interdire-tiktok-et-wechat_6052769_

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