Ethique Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Wed, 05 Feb 2020 12:56:50 +0000 fr-FR hourly 1 Une terrienne à d’autres terriens https://master-iesc-angers.com/une-terrienne-a-dautres-terriens/ Wed, 05 Feb 2020 12:56:50 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3123 C’est par une préoccupante, bien qu’agréable, chaude journée du mois de janvier 2020 que j’ai ressentie pour la première fois le réchauffement climatique. Cela vous surprendra peut-être puisque le phénomène n’est certes pas nouveau et loin d’être méconnu. Toutefois, mon… Continuer la lecture

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C’est par une préoccupante, bien qu’agréable, chaude journée du mois de janvier 2020 que j’ai ressentie pour la première fois le réchauffement climatique. Cela vous surprendra peut-être puisque le phénomène n’est certes pas nouveau et loin d’être méconnu. Toutefois, mon expérience personnelle, celle qui éveille davantage ma conscience et qui a instillé l’obsession d’un réveil écologique, ne s’est réalisée qu’en cet instant. Peut-être parce que pour la première fois j’étais en mesure d’être attentive à ce changement, de l’observer, de le comparer, de le quantifier. Peut-être aussi parce qu’avait resurgi un souvenir d’une sortie matinale du mois de décembre durant laquelle je m’étais étrangement sentie au printemps sans vraiment pouvoir l’expliquer. Puis je me suis souvenue du chant des oiseaux, un chant qui n’avait jusqu’à l’heure jamais, ou tout du moins selon mes souvenirs, bercé mes sorties hivernales. C’était donc pour cela que ce vent de nostalgie printanière avait soufflé ce jour-là ; et c’est ainsi lors d’une conversation anodine avec l’un de mes proches que je réalisais l’anormalité de la situation. « Avant, du mois de novembre au mois de mars, il nous était impossible de voir le bitume tant tout était couvert de neige. L’hiver c’était cette période de l’année durant laquelle l’homme, la nature et les animaux ralentissaient leurs activités, se reposaient, hibernaient » me dit alors l’un de mes proches. Que peut-on dire de ce repos lorsqu’un soleil radieux, accompagné d’une des plus douces températures pointent le bout de leur nez, que les oiseaux chantent et que les fleurs bourgeonnent ?

Ainsi, il semblerait qu’après avoir réussi à créer une société en décalage avec notre humanité, nous avons également réussi à faire de notre planète un lieu qui imite cette contradiction, cette hostilité à la nature. Certains considérerons ces changements comme normaux, le résumerons à une histoire de cycle voir à un changement désirable.

D’autres noteront cette anormalité et la nécessité de réagir en ralentissant, et j’en fais partie. Alors je me dis qu’il faut en parler, évoquer mes ressentis, connaissances et engagements personnels pour partager, diffuser, susciter des réactions. Parce que s’engager dans la dynamique du changement, dans la lutte contre le réchauffement climatique, ce n’est pas être utopiste, fou ou surréaliste au contraire ; c’est avoir l’audace de penser les choses différemment, de prendre ses responsabilités et de changer malgré une réalité et un futur compromis ou potentiellement sombre. Mais justement, faisons de cette incertitude la clé d’une ambition sans limite dans la création d’un avenir meilleur, marqué par plus d’humanité et de verdure.

L’écologie, le défi de l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique tant de termes vastes, complexes soulevant d’insolubles questionnements. C’est à mon sens l’une des équations les plus complexes de notre monde actuel, suscitant désaccord, méfiance, désintérêt, peur, une équation tant en contradiction avec nos modes de vie actuel qu’il en devient tentant d’abandonner toute tentative de compréhension ou d’action.

Comment inciter à une baisse de la consommation alors que le monde techno-industriel, maître de nos sociétés modernes, est toujours davantage dans la course à la croissance et à la consommation ?

Comment penser une transition écologique lorsqu’en réalité il s’agit d’une transition énergétique, déplaçant la consommation d’énergies fossiles vers la consommation de matériaux rares ?

Comment penser un changement viable dans un monde qui connaît une croissance démographique exponentielle ?

Comment reprendre le contrôle de nos vies alors même que nous sommes assaillis de contraintes, nécessités, besoins financiers ?

Comment trouver le temps et les ressources pour redonner à nos vies la simplicité et la nature dont elles ont besoin pour s’épanouir ?

Comment agir alors que les dangers semblent si loin et hypothétiques ?

Comment imaginer et créer un autre monde que celui dans lequel nous avons toujours vécu ?

Quelle crédibilité personnelle ai-je sur ces sujets ?

Tant de questions qui soulèvent de nombreux problèmes, mais cela ne signifie pas que les solutions n’existent pas, cela signifie simplement que la réponse doit être collective pour engendrer un impact proportionnel à la cause elle-même : notre planète, notre humanité, notre vie à tous. Questionnons-nous alors : le progrès doit-il nécessairement résider dans l’idée du pas en avant ? N’a-t-on pas atteint les limites d’un système de consommation et de confort néfaste pour notre ensemble ? Ne serait-il pas venu le moment de considérer le pas de côté comme le véritable progrès vers lequel nous devons tous avancer ?

Ce texte a ainsi pour ambition d’évoquer la cause écologique, d’en explorer certains de ses contours. Ce texte est une invitation à une action collective, à l’émergence d’une société qui tente coûte que coûte d’être reconnaissante et digne envers notre planète et envers nous-mêmes.

Réveillons-nous, effrayons-nous, agissons, changeons et vite ! Mais pour cela il faut comprendre et apprendre.

Je ne suis qu’une messagère parmi tant d’autres, une personne avec ses failles et ses contradictions mais qui ne peut persister dans l’inaction. C’est une invitation à ceux qui n’ont pas encore fait de faire et à ceux qui font de faire encore plus.

L’homme dévastateur

Réaliser notre impact est un premier pas essentiel vers l’action car si nous ne réalisons pas le mal que nous faisons, nous persisterons dans cette dynamique.

Prendre conscience des nombreuses inepties du monde actuel afin de s’imaginer un  monde dans lequel, si nous persistons dans l’inaction, tout ne sera que chaos et survie. Nous n’avons pas le temps, nous sommes occupés, nous avons besoin d’argent pour vivre ! Ne vous inquiétez pas, si nous continuons dans le déni, les catastrophes à venir feront de notre quotidien actuel un lointain souvenir, dans lequel nous aurons peut-être un reste de dérision pour rire de la futilité des priorités que l’on pensait nôtres.

C’est l’ensemble de notre système qu’il faut repenser, et jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour sauver notre monde ? Renoncer à manger de la viande, renoncer à voyager en avion, encourager nos déplacements à pied ou à vélo lorsque cela est possible, limiter nos consommations d’internet, résister aux tentations du capitalisme. Certains voient dans tout cela un effort, une contrainte ou même une privation injustifiée pour quelque chose qui n’existe pas pour eux, alors pourquoi ? Si vous êtes dans ce cas, dites vous que votre ignorance ne fait que nuire en réalité à votre propre situation, que ne pas prendre conscience, que persister dans ce modèle actuel de confort apparent ne vous mènerez en réalité qu’à encourager un système de destruction totale. Alors je le répète et je m’inclus dedans : réveillons-nous et prenons nos responsabilités. Soyons ambitieux, courageux, imaginons de nouvelles façons de vivre, soyons ouverts sur ce qu’il se passe dans le monde entier car il se pourrait bien que notre ami lointain du fin fond de l’Inde devienne notre voisin de pallier en bien plus de temps que nous ne l’aurions imaginé. Pourtant lui n’aura jamais consommé, faute de moyens, autant que nous autres occidentaux mais ce sera l’un des premiers à subir les méfaits du réchauffement climatique.

Ainsi, tenter une lutte contre ce réchauffement c’est nous rendre acteurs et héros d’un monde meilleur à la fois pour notre santé mais également pour notre humanité. C’est renouer avec une nature si longtemps bafouée, contrôlée et même ignorée alors que sans elle nous ne pouvons exister. C’est aussi renouer avec l’humain et lutter contre les inégalités que nous avons créées.

Pollution totale

Nous avons construit un monde entièrement toxique, de l’agriculture à l’élevage industriel en passant par l’alimentation ultra-transformée, les pesticides, les matériaux de construction, les perturbateurs endocriniens dans les cosmétiques et les vêtements. Nous avons créé un système basé sur l’intensif et la consommation à outrance. Peut-être pourrions-nous avoir de la compréhension pour les plus vieilles générations qui ont vécu dans le besoin et la difficulté. Peut-être pourrions-nous encore avoir plus de compréhension et même d’inquiétude pour les jeunes générations occidentales qui n’ont connu qu’abondance et confort, car finalement ce sont à celles-ci qu’il faudra inculquer le contentement du strict nécessaire, l’apprentissage de connaissances plus élémentaires, déconstruisant le monde entier dans lequel elles ont grandi. Mais qu’importe, la réalité est telle que l’heure n’est plus à la compréhension, à l’empathie ou au rejet de la faute sur le voisin : nous sommes tous responsables et nous avons tous participé à la création de ce système. Nous pouvons déjà quantifier la destruction à laquelle nous participons chaque jour :

  • en 2030, 1 homme sur 2 sera stérile.
  • en Europe 100 000 enfants meurent chaque année d’une maladie causée par l’environnement.

Peut-être que cela vous fera vous questionner davantage sur l’ensemble des produits que nous utilisons : d’où viennent-ils, de quoi sont-ils composés ? En a-t-on vraiment besoin ?

Passons à une autre des inepties de ce système global, intensif et démesuré : le pétrole.

Or noir ou or toxique ?

A l’heure actuelle, le pétrole est la base de tout, nos transports et échanges reposent sur lui. Il nous approvisionne et maintient le fonctionnement de notre infrastructure toute entière. Nous avons réussi à nous rendre entièrement dépendants d’une énergie qui s’épuise et qui nous tue lentement. Nous en sommes si dépendants qu’une pénurie de pétrole engendrerait en quelques semaines la pénurie alimentaire des villes et l’extinction des réseaux et d’internet.

Mais alors que nous devrions l’éradiquer ou l’utiliser à d’autres fins salvatrices, nous persistons dans la course au bien être économique, à l’idée de croissance.

Le TRE, ou taux de retour énergétique, représente les infrastructures, la main d’oeuvre et l’énergie combustible utilisés pour obtenir le pétrole. Lorsque cette énergie est plus forte que l’énergie extraite, l’extraction même de l’énergie en question n’a pas de sens et c’est justement ce qui est en train d’arriver.

Un exemple frappant peut en faire l’état : aux USA en 1900 le TRE était de 100/1 c’est-à-dire que pour une unité engagée on en recueillait 100. A l’heure actuelle, il est à 11/1 alors que le TRE nécessaire pour soutenir notre mode de vie actuel devrait être de 12/1. En moins de 2 ans, ce TRE pourrait baisser à 5/1 c’est-à-dire que l’on pour 1 unité engagée nous en recueillerons 5.

Ainsi, non seulement l’extraction du pétrole ne pourra plus soutenir nos modes de vie actuels mais en plus son utilisation tue notre humanité et notre planète. La seule solution viable serait d’utiliser ce qu’il reste de cette énergie fossile dans le développement des énergies renouvelables (qui reposent elles-mêmes sur le pétrole pour être mises en place) tout en acceptant de modifier nos façons de vivre et de consommer, car le modèle énergétique à venir ne pourra pas soutenir ce système de consommation.

Évoquons désormais notre système alimentaire, les chiffres devraient être percutants.

Viande à tout prix, gaspillage alimentaire et exotisme farfelu

La production de viande pollue énormément notre planète en ce sens qu’il faut 15 000 litres d’eau pour produire 1 kg de viande. Aujourd’hui, un français mange 89 kg de viande par an, soit deux fois plus que ses grands-parents.

Le secteur de l’élevage est l’un des plus grand producteur de gaz à effet de serre, il est responsable de 14,5% des gaz à effet de serre mondiaux c’est-à-dire plus que le secteur des transports.

L’élevage intensif a engendré une baisse énorme de la qualité de la viande, a même été classé comme cancérigène probable par l’OMS en 2015, au même rang que l’amiante et est à l’origine de l’épidémie d’antibiorésistance qui sévit depuis 15ans. En vous souhaitant un bon appétit devant votre jolie steak frites du jour, peut-être vous rappellerez vous que ce bout de viande que vous ingurgitez avec une frénésie qui n’a d’égal nulle autre pareille contient très probablement tout autant de chimie et de souffrance qu’il est possible d’imaginer.

D’ailleurs, c’est sur ce sujet éminemment sensible que je me confronte à d’énormes résistances parfois aussi infondées qu’ignorantes. La liberté de chacun reste le fondement sur lequel nous devons toujours rester. Pour autant, j’aimerais intimer à toutes ces personnes qui ne peuvent pas réduire au moins un peu leur consommation hebdomadaire de viande sous prétexte d’une nécessité biologique, physique, gustative, qu’un jour viendra ou ils pourraient en être nécessairement contraints par une planète réduite au chaos.

Aussi étais-je ravie de lire, dans le livre « Les chances qu’il nous reste » d’Erwann Menthéour que l’idée que l’homme est, par nature carnivore est fausse. La science le considère plutôt comme omnivore puisqu’il possède des intestins d’herbivores avec des organes digestifs longs (7 m2 contre 1 m2 pour les carnivores), les herbivores ayant besoin que les aliments restent en stagnation pour absorber les nutriments.

Ce constat est d’autant plus vrai qu’en observant les mâchoires et notamment les premières canines des premiers hommes, ces dernières étaient inadaptées à la consommation de viande. La pratique de la chasse était exceptionnelle et l’homme vivait essentiellement de la cueillette. La consommation de viande se serait en fait développée que dans les régions froides avec un climat plus hostile et un environnement pauvre en végétation.

Au-delà de la problématique liée à l’élevage intensif existe la problématique liée à l’intensivité de nos consommations alimentaires. Comme nous avons les yeux plus gros que le ventre, nous produisons et achetons plus que ce que nous sommes capables d’ingérer ou de conserver. Alors nous gaspillons chaque année 10 millions de tonnes de nourriture et cela a un impact carbone estimé à 15,3 millions de tonnes de CO2.

Enfin, comme nous avons des goûts exotiques, nous faisons importer des produits du monde entier. La mondialisation de notre alimentation est un désastre autant pour notre environnement que pour notre santé. Certains argueront que cette économie globalisée fait vivre de nombreux pays. Je les invite alors à regarder les conditions de vie de nombreuses populations d’Afrique. Un récent article de l’OBS évoquait d’ailleurs la famine qui y règne notamment en raison des événements climatiques de plus en plus dévastateurs : le cyclone Idai a causé des inondations au Mozambique, au Zimbabwe, au Malawi et la hausse des températures impactent les récoltes. Peut-être devrions-nous pensez à cela lorsque l’on achète une mangue, une banane ou autre mets exotiques.

Évoquons désormais un autre pollueur de taille et l’un des plus grands défis à venir.

L’insoupçonné Internet

Internet est le 3ème consommateur d’énergie après la Chine et les USA. Cela est d’autant plus préoccupant lorsque nous savons que notre société se dématérialise toujours davantage, que les données enregistrées deviennent de plus en plus importantes. A titre personnel, je peux dire que c’est l’un de mes plus grands défis. Etant née avec internet, c’est un outil tout à fait naturel et quasiment indispensable à mon quotidien, sans évoquer les technologies dans leur ensemble. Toutefois, je me suis dernièrement interrogée sur les effets pervers de ces technologies toujours plus précises, puissantes, « aidantes » et la nécessité de poser des limites.

Opérer le même constat avec internet est nécessaire. Certes c’est un outil de partage et de connaissances qui présentent d’innombrables avantages, mais notre pratique actuel de ce dernier n’est plus vraiment basée sur un simple principe de nécessité. Il est également un outil puissant de divertissement qui nous contrôle toujours davantage, atrophie notre cerveau, diffuse les rumeurs et fausses informations tout en participant à notre perte d’humanité. Alors là aussi, nous parvenons aux limites de ce système qu’il faut questionner et encadrer.

Qu’en est-il de ces fameux Data center, ces regroupements des serveurs informatiques des géants de la tech notamment de Facebook, Apple, Google qui disposent de onze foyers de production de charbon ? Il s’avère que ces deniers produisent 50 fois plus de CO2 que les autres énergies fossiles. Alors finalement, utiliser internet, le web, les applications c’est également être un pollueur de taille et pour cause : visionner une vidéo en streaming représente la consommation annuelle d’électricité d’un réfrigérateur, inspirant n’est-ce pas ?

Continuons dans le principe du divertissement en évoquant un autre pollueur de taille.

Tourisme de masse

Les bateaux de croisières font partie des plus polluants. Le leader mondial, Carnival Corporation, émet plus d’oxyde de soufre que l’ensemble des 260 millions de voitures du continent.

L’aviation est aussi l’un des modes de transport les plus polluants puisque par trajet, un avion émet 125 fois plus de dioxyde de carbone qu’une voiture individuelle. En plus du CO2, l’avion répand d’autres substances accentuant le réchauffement climatique.

Cela est sans évoquer les désastres que provoque la sur-fréquentation de sites touristiques à succès sur l’environnement et la biodiversité.

Monde chamboulé et chamboulant

C’est à ce moment précis que nous devons nous projeter dans un monde jusqu’alors inconnu, un monde digne d’un scénario apocalyptique. Je pense que la seule manière efficace d’activer réellement le changement collectif repose à la fois sur l’imaginaire d’un futur terriblement désastreux mais également sur la magnifique espérance d’un salut. La question est en réalité de savoir si l’homme est assez sage pour prévenir plutôt que guérir.

Ainsi, si nous persistons dans notre quotidien sans le moindre changement, sans le moindre petit sursaut de conscience, c’est un monde ravagé par tout un ensemble de phénomènes dont nous devrons nous accommoder.

Nous européens, seront certainement considérés comme terre d’accueil, puisque nous disposons d’un territoire moins exposé aux dérives du climat. Pour autant, cela ne signifie pas que nous continuerons à vivre normalement car nous serons déjà engagés dans le terrain de la survie. Nous ferons également face l’arrivée grandissante des migrants climatiques du monde entier ou du moins de ce qu’il en restera : entre sécheresse, fontes des glaces, élévation du niveau des mers et dégel du permafrost qui dégagera dans l’atmosphère du méthane, substance 34 fois plus puissante que le CO2, il se pourrait bien que le planisphère trouve sa représentation amputée d’un bon nombre de pays et d’une part importante de ses populations.

Mais avant cela, nous aurons déjà vécu des années de décadence terrible, subi une hostilité de la part de notre planète Terre encore méconnue par notre humanité, et nous ferons la guerre pour boire et manger.

Enfin, si malgré cela certains d’entre vous se complaisent dans l’idée qu’ils ne verront pas l’ensemble de ces catastrophes advenir, alors bien présomptueux et égoïstes vous serez puisque le futur reste par nature imprévisible et que j’ose espérer que vous avez tous une famille et des générations à venir. Celles-ci seront confrontées, sans nul doute, à ce combat. Ne voulez-vous pas tenter de les préserver un minimum ?

Mais alors que faire ?

Erwann Menthéour, auteur du livre intitulé « Les chances qu’il nous reste » nous invite à la désobéissance, et je ne peux qu’y adhérer. Selon ce dernier, tout est fait pour nous faire sentir inutiles alors que nous sommes les héros de cette crise. La société standardisée vers laquelle nous nous orientons toujours davantage rationnalise notre humanité d’une si forte manière que nous oublions que nous sommes capables de grands changements, que nous sommes acteurs de nos sociétés. « Désobéir, c’est renouer avec notre humanité » énonce Erwann Menthéour  et lorsque j’observe le monde actuel, tiraillé entre sa course à l’économie mondiale et à l’intelligence artificielle, creusant le fossé entre riches et pauvres et relayant l’homme à l’état d’automate de la machine, je me dis que cela est vrai.

Qu’implique donc cette désobéissance ? Des choses assez simples finalement, des choses qui auraient dû constituer la base d’un système éthique, transparent, humain.

Tout d’abord, il faut que nous nous obsédions avec la question climatique et notre empreinte carbone. L’ensemble de nos façons de vivre doit désormais s’organiser toujours davantage en fonction du réchauffement climatique.

Aussi, il ne faut évidemment pas penser que les Etats vont être acteurs d’un mouvement écologiste. La déclaration de Stockholm, depuis 1972, énonce que les problèmes liés à l’environnement n’ont plus la possibilité légale d’entraver le développement économique.  La messe est dite, et c’est d’ailleurs ainsi que nous observons que malgré la nécessité actuelle de promouvoir davantage les productions locales et de cesser les importations, notre président a encouragé l’accélération de la mise en place du CETA, dont nous savons qu’il livrera dans nos assiettes cette bonne viande américaine élevée aux OGM, pesticides et antibiotiques et qui est de surcroit 40% moins chère que la viande française !

Nous devons également cesser de perdre du temps à critiquer ou à se plaindre des injustices qui régissent le monde pour justifier nos inactions.

Nous devons agir au travers de notre rôle de consommateur, comme le disait Coluche « quand on pense qu’il suffirait qu’on arrête de l’acheter pour ne plus que ca se vende ». Nous avons un énorme pouvoir dans les choix de nos achats, faisons ainsi des choix conscients et avisés. L’exemple du bio illustre cela en ce sens que les grands groupes industriels ont fini par devoir respecter ces normes, à changer ses productions car le consommateur le voulait. Il en est de même avec le récent développement des produits alimentaires végétariens ou vegan et des produits en vrac. Le consommateur actuel devient de plus en plus conscient de certaines réalités et les industriels s’alignent : nous avons du pouvoir ! Alors imaginez si de surcroît nous arrêtions de consommer les produits ultra-transformés des entreprises les plus polluantes du monde, quel impact nous aurions ! Parmi les firmes les plus polluantes nous trouvons notamment Coca-cola, Univeler ou encore MARS. Cessons donc de donner du pouvoir à ces dernières !

Arrêtons de consommer tant de boeuf et de porc pour nous et pour notre planète.

Limitons notre usage d’internet et des achats technologiques.

Arrêtons ou diminuons drastiquement l’avion : il pollue 45 fois plus qu’un TGV.

Faisons évoluer notre vision sur le nucléaire en comprenant que malgré le problème des déchets radioactifs, il peut fournir une électricité ayant un très faible impact sur le climat, comparable à l’éolien ou au solaire.

Insufflons aux industriels qu’ils ont également tout à gagner à opérer une transition écologique : un rapport de 2006, initié notamment par David Stern ministre du budget au Royaume-Uni en 2006, avait évalué le coût de l’inaction en matière environnementale entre 5% et 20% du PIB mondial contre 1% si nous agissions. L’augmentation de la fréquence des événements météorologiques extrêmes tels que les inondations, sécheresses, la perte des écosystèmes ou encore les réductions des rendements agricoles nuiront nécessairement à leurs activités. Cet argument peut être un moteur d’une mobilisation inattendue.

Aux individus lambda, votre porte-monnaie est un véritable pouvoir, et savoir quels systèmes vous encouragez par le biais de vos achats peut vous rendre acteur, héro de taille dans ce combat.

Aux ingénieurs, scientifiques ou toute personne ayant des connaissances techniques en la matière : faites-nous peur, vulgarisez les concepts, participez à la prise de conscience et aidez-nous à imaginer nos alternatives !

Aux personnes éminemment riches, votre pouvoir est grand, aussi votre devoir de contribution devrait l’être tout autant.

C’est par 6 que nous occidentaux devons diviser notre mode de vie, alors nous avons du pain sur la planche. Je terminerai en citant la figure du changement en matière de climat, celle qui a rassemblé et agit bien plus que d’éminents personnages politiques n’ont été capables de le faire et ne feront jamais: Greta Thunberg. « Nous avons déjà réglé la crise climatique. Nous savons précisément ce qu’il faut faire. Il ne nous reste plus qu’à nous décider. Economie ou écologie ? Nous devons choisir (…). Car quand le dioxyde de carbone de notre inaltérable société macho atteint les couches supérieures de notre atmosphère et tape littéralement le plafond, quand la loi disant que tout doit grossir, aller plus vite, augmenter, s’oppose à notre survie collective, un nouveau monde se profile ; il n’a jamais été aussi près maintenant ».

Article d’Alexia de Rechapt, promotion 2019-2020 du master IESCI

Bibliographie/Webographie

Erwann Menthéour « Les chances qu’il nous reste »

Greta Thunberg, Svante Thunberg, Beata Ernman Malena Ernman « Scènes du coeur »

https://www.breakfreefromplastic.org/wp-content/uploads/2019/10/branded-2019-web-FINAL-v2-1.pdf

https://www.nouvelobs.com/monde/20200116.OBS23569/la-famine-menace-45-millions-de-personnes-dans-les-pays-d-afrique-australe.html

https://youtu.be/f1_qQDwTmBA?fbclid=IwAR24DqQU5Xi-d-MqRDxfKNJXapk1BGt_1qpbdq1cIRXh7Fi1t33QpGTo0-s

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La marchandisation des organes https://master-iesc-angers.com/la-marchandisation-des-organes/ Wed, 15 Jan 2020 13:03:20 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3099 Aujourd’hui, le capitalisme et la mondialisation sont présents dans tous les domaines, que ce soit matériel, immatériels ou même dans les domaines touchant la vie et le vivant avec la marchandisation de l’humain. Trois temps de cette marchandisation se distinguent… Continuer la lecture

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Aujourd’hui, le capitalisme et la mondialisation sont présents dans tous les domaines, que ce soit matériel, immatériels ou même dans les domaines touchant la vie et le vivant avec la marchandisation de l’humain. Trois temps de cette marchandisation se distinguent à travers les âges. Durant la période Néolithique puis, plus particulièrement durant l’Antiquité, la première forme marchande de l’humain apparaît avec l’esclavagisme avant de prendre fin seulement au XIXème siècle. Le deuxième temps s’est accentué au XXème siècle avec la mondialisation et la recherche croissance de profit. Pour ce faire, la production était externalisée dans des pays moins développés, les coûts de production étaient minimisés et les salaires des employés très faibles : pour garder leurs emplois, ces derniers acceptaient leurs conditions de travail. La précarité de ces travailleurs pousse certains d’entre eux sur le marché des organes, où la rémunération de leur organe leur permet d’améliorer au moins temporairement, leurs conditions de vie, même si c’est contraire à l’éthique. Ce qui nous conduit donc à la troisième forme de marchandisation, celle des organes. Les prouesses médicales et le développement des nouvelles technologies, notamment des biotechnologies, repoussent toujours plus les limites de la médecine. Le médecin peut aujourd’hui s’appuyer sur les machines pour lui venir en aide et / ou lui servir de support durant l’opération. On peut alors se demander quels sont les enjeux liés à la marchandisation des organes dans le contexte actuel d’innovation technologique ?

I. Le don d’organe comme bien marchand

Au sens le plus strict du terme, la marchandisation représente le fait de recevoir des profits à partir d’une activité, d’un bien ou service non – marchand. Ce terme reste ambigu car il s’agit de savoir si on peut tirer des bénéfices à partir de n’importe quelle source, ou s’il existe encore des sources qui font polémique dans nos sociétés actuelles ? Aujourd’hui dans certaines cultures, il y a certains biens qui sont exclus des marchés, de par la morale et les coutumes, comme les services sexuels ou tous les produits issus du corps humain (sang, organes, tissus, …). C’est notamment le cas du Japon qui n’approuve en aucun cas la marchandisation des organes et qui préfère, pour faire face à la demande, développer les organes artificiels. Même si les médecins japonais possèdent les connaissances, les compétences et les savoirs faire en matière de greffe, ils préfèrent développer les organes artificiels. Cela s’explique par les us et coutumes : les japonais se tiennent à l’idée qu’il n’est pas possible que l’on puisse vivre après la greffe du cœur d’un mort, et pendant très longtemps, ils pensaient que la mort cérébrale ne pouvait pas être considérée comme un critère de mort à part entière.

A. De la sacralisation du corps humain à sa marchandisation

Cette polémique autour de la marchandisation des organes se pose principalement, selon Ruwen Ogien, en raison des « préjugés liés à notre culture » et de sortes de conventions sociétales. Dans certaines cultures, le corps humain est « sacralisé », c’est – à – dire qu’il n’a pas de prix et que vendre une partie de son corps serai perçu comme une transgression des normes morales et sociales. C’est le cas de la France qui figure parmi les premiers pays à voter des lois « bioéthiques » en 1994. Ces lois garantissaient la gratuité du don d’organe qui devait toujours être effectué avec le consentement du donneur tout en préservant son anonymat. Toujours selon lui, avec le progrès de la médecine et également le changement progressif des mentalités et des normes sociales, « on pourrait être amenés à considérer les parties et les produits de notre corps non plus comme des objets quasiment sacrés, mais comme des choses aussi remplaçables qu’une table de cuisine ou une machine à laver ». En effet, d’autres pays au modèle économique semblable à celui de la France (pays démocratique et développé) comme les Etats-Unis restent ouverts à la marchandisation du corps humain. Les lois de bioéthiques françaises sont de plus en plus jugées paternaliste et désuètes car elles n’incluent qu’un modèle familial celui du couple hétérosexuel. De nombreux débats divisent alors notre société comme celui de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour toutes. Aux Etats-Unis la PMA n’est pas régulée. Il est possible de congeler ses ovocytes, d’avoir un enfant après 50 ans ou encore de choisir le sexe de son futur bébé et cela pour toutes les femmes, qu’elles soient hétérosexuelles, lesbiennes, mariées, célibataires ou mères porteuses. En 2015, 72 913 enfants sont nés par PMA soit environ 2% du nombre total des naissances aux Etats Unis

Outre les raisons sociales qui expliquent en partie la complexité qui touche au don et la vente d’organe, il y a aussi des raisons éthiques. Encore aujourd’hui, même si les mœurs évoluent progressivement, le corps est sacralisé et sa valeur est inestimable, éternelle et universelle. Kant différencie une personne physique et morale d’un objet. En effet, pour lui « une personne possède une valeur intrinsèque, inaltérable. On ne peut pas lui donner un prix ». Cette notion d’inestimable est reprise dans l’idée de dignité d’une personne humaine, qui possède une valeur mais pas de prix. Pour les Kantiens, la marchandisation du corps porte atteinte à cette dignité humaine ainsi qu’au principe de dignité et d’universalité du corps humain.

Pour d’autres auteurs comme Hervé Kempf, le développement des marchés internationaux et la recherche croissante de profits ont entrainé la création progressive de marchés du corps (sexe, organe, bébé), qui se fait plus souvent au détriment des plus pauvres : pour essayer de survivre, les personnes les plus dans le besoin peuvent marchander leur propres enfants, leurs organes ou même se vendre à des personnes parfois peu scrupuleuses ni regardantes en matière de dignité humaine et de respect d’autrui. Le marché des organes crée alors une situation de dominant – dominé puisqu’il va chercher des groupes de personnes considérées comme vulnérable et participe à ce marquage en développant un mécanisme incitatif. Cependant, même hors du système de marché, la relation dominant – dominé se pose puisque les personnes les plus pauvres seront perdantes car elles seront dans l’incapacité de se payer les soins médicaux. En effet la précarité de certaines populations les poussent sur ce marché des organes. En Chine, alors que le commerce d’ovocyte est interdit par la loi, des étudiantes n’ont pas d’autres choix que de vendre leurs ovules pour payer leurs études. Peu d’entre elles connaissent les risques. Pourtant, si l’opération ne se déroule pas comme prévu, en plus de mettre en danger leur santé elles peuvent être poursuivies par la justice.

Dans son chapitre « Tout s’achète et tout se vend », Kempf utilise des expressions à la signification très forte comme « location de ventre », « commerce de la chair et de trafic d’organes ». Les termes qu’il utilise ici montrent encore une fois cette idée que le corps humain est intouchable, inviolable et que vendre une partie est un acte condamnable. Cependant, tout est une question de perception. Pourquoi dit – on qu’une femme, qui reçoit une compensation financière pour porter un enfant d’autrui, qu’elle « loue son ventre » ? Un kinésithérapeute, qui utilise ses mains pour masser en échange d’argent, ne louerai – t – il pas ses mains ? La mère porteuse n’est donc pas considérée pareil que le kinésithérapeute ? Pourquoi estime – t – on qu’une mère porteuse met en « location » son ventre alors qu’on estime que ce dernier propose un service médical ?

B. Les différentes théories et modèles du marché des organes

Comme on a pu le voir, différents penseurs se sont interrogés sur le sujet, mais il existe de nombreuses théories qui ont été développées.

Kaserman et Barnett se sont tournés vers une approche du don d’organe post mortem, mais qui peut également être réalisé entre des personnes en vie. Pour ce faire, ils se sont appuyés sur la méthode standard de la théorie des marchés : l’offre augmente avec le prix tandis que la demande diminue en fonction du prix. Dans une logique de don, la demande est supérieure à l’offre, il faut donc inclure un prix de marché pour ajuster l’offre à la demande. Ce mécanisme mène alors à une hausse du surplus des offreurs et la hausse de la quantité offerte va entraîner une hausse du bien-être collectif. Les deux auteurs ne prenant pas en compte la spécificité qu’ici, les biens échangés sont des organes, peut – on vraiment considérer que la mise en place d’un prix de marché permettrait d’augmenter le bien – être global ? Pour eux, comme le prix d’équilibre permettrait de mettre en adéquation l’offre et la demande, alors la solution marchande serait une solution acceptable pour réguler ce marché.

D’autres chercheurs vont plus loin et cherchent à inclure dans ce premier modèle certaines contraintes liées à la transplantation des organes. C’est le cas de Becker et Elias. Ils incluent dans cette théorie des marchés, l’aspect monopolistique : selon la demande, le système de santé proposerait aux offreurs possibles d’acheter leur(s) organe(s). Dans un cas de don, l’offre est totalement inélastique au coût. Or, si on rajoute progressivement une incitation financière, l’offre sera plus volatile. Mais ce marché est également spécifique au niveau de la demande : ce sont les médecins qui placent les personnes ayant besoin d’une greffe sur une liste d’attente, la demande est donc fluctuante. Or aujourd’hui, avec le progrès médical et la baisse des coûts de transplantations, la demande ne cesse d’augmenter, il faut donc accroître l’incitation financière. Même si la demande augmente, on observe un changement des comportements : restant malgré tout un coût pour les demandeurs, ces derniers vont plus facilement suivre les traitements post – opératoires pour favoriser la réussite de leur transplantation.

Hansmann lui va plus loin encore et applique la notion de marché à terme pour les organes. Ce type de marché représente l’engagement pris par un donneur d’ordre qui aura lieu à une certaine échéance, qui est ici la mort. Dans ce type d’engagement, la rémunération peut être financière ou peut prendre la forme d’une place prioritaire sur liste d’attente en cas de transplantation future, sur un membre de la famille par exemple. Il développe aussi l’idée d’un accord sur un prélèvement post – mortem : le défunt peut donner droit à une compagnie d’assurance sur ses organes en contrepartie d’une réduction de prime d’assurance maladie de son vivant.

II. Dysfonctionnements du marché et creusement des inégalités

Les différentes théories expliquées ci – dessus amènent à se poser des questions sur la marchandisation des organes. En effet, inclure des incitations financières ou des avantages en cas de prélèvement post – mortem peuvent conduire à un ensemble de risques. De plus, les législations différentes entre les pays et le business que peut représenter le marché des organes ont favorisé le développement d’un vrai trafic international. Selon l’OMS, 10% des transplantations annuelles dans le monde proviennent de ce trafic.

A. De l’altruisme vers la vénalité : anomalies du marché des organes

Le marché des organes est un marché spécifique qui ne peut pas se comporter comme les autres marchés de biens et de services de notre économie. On observe donc différentes anomalies dans le fonctionnement de ce marché.

Tout d’abord, la mise en place d’une rémunération financière mettrait de côté la volonté d’aide, un sentiment de devoir envers autrui. C’est ce que Cooper et Culyer appellent le « risque de monopole de l’altruisme ». Cette question en entraîne directement une autre, qui est de savoir si, en acceptant une rémunération, le donneur annule le caractère altruiste de son don ? On pourrait alors observer un effet d’éviction en fonction du prix fixé des organes. Deux motivations rentrent en compte chez l’individu souhaitant vendre ses organes : une motivation extrinsèque (le donneur attend une récompense extérieure pour son geste) et une motivation intrinsèque (le donneur réalise ce geste pour des raisons personnelles, qui lui sont propres, par altruisme par exemple). Dans le cas du don du sang, une enquête réalisée en 1970 par Richard M. Titmuss montre que mettre en place une rémunération des donneurs n’est efficace que si le prix est assez élevé afin de compenser la perte de motivation intrinsèque. 59 des 213 individus interrogés sont prêts à donner leur sang gratuitement, en les rémunérant d’1€ ils ne sont plus que 41 donneurs. A partir d’une rémunération à 5€ le nombre de donneurs augmente avec le prix. C’est ce qu’on appelle l’effet d’éviction.  La mise en place d’une compensation financière peut donc avoir un effet négatif. Un système marchand appliqué aux organes risque donc d’entraîner une diminution des dons altruistes et une augmentation de l’offre contre rémunération sans être sûre que les deux effets ne se compensent. En effet, la motivation intrinsèque s’explique par le fait que les agents adhérent à certaines normes et valeurs, qui leur rendent impensable l’idée d’être payé pour être prélevé d’un organe. Pour eux, le faire par altruisme serait plus acceptable moralement.

Un marché des organes peut aussi donner lieu à de nombreuses asymétries d’information qui affectent le fonctionnement du marché. En effet, en Iran, de nombreuses personnes ayant vendu leur rein regrettent cette décision et pensent avoir été mal informées des conséquences. Les hôpitaux aussi peuvent souffrir d’une asymétrie d’information : le donneur peut posséder plus d’informations, notamment sur sa santé. Prenons par exemple, le cas d’un don du sang rémunéré. En 1960, il n’y avait aucun moyen de détecter si un donneur avait contracté l’hépatite, les médecins s’informaient donc auprès du donneur sur son état de santé. Lorsqu’une rémunération était offerte, une majorité des donneurs était une population à risque qui cachait certaines informations. Se développe alors sur le marché du sang, une sélection adverse.

Enfin, l’anthropologue Lawrence Cohen pointe du doigt le marché des reins dans certains pays, créant d’importantes externalités négatives qui peuvent mener à une division plus forte entre les classes sociales : « la généralisation du marché aux reins dans un pays où la population est fortement endettée transforme le rein en collatéral généralisé au crédit. Il existe ainsi une externalité négative forte au commerce des reins : soit il force les individus à gager un rein pour accéder au crédit, soit il créé un différentiel de taux d’intérêt entre les personnes disposées au gage et celles n’y étant pas disposées Les personnes dans le besoin vont plus facilement vendre ou mettre en gage un de leur organe, contre rémunération, afin d’améliorer leurs conditions de vie. Tandis que les personnes plus aisées peuvent facilement avoir recours à une transplantation. Ils se tournent alors vers le marché des organes des pays émergents comme celui de la Chine, où la législation opaque sur les transplantations permet le développement d’un marché illégal.

B. Le développement d’un marché illégal

Les organes deviennent aujourd’hui des biens marchands rares accessibles uniquement à une certaine catégorie de population : la classe aisée. Un nouveau phénomène se développe, le tourisme de transplantation. En passant par des réseaux illégaux, de plus en plus de personnes se font opérer en Chine. Ils payent des dizaines voire des centaines de milliers de dollars s’assurant ainsi une greffe immédiate dans les jours qui suivent et passent devant les locaux sur listes d’attente. Pour certaines greffes les malades n’ont même pas besoin de se déplacer. Ils commandent sur Internet la marchandise et se font livrer en très peu de temps. Ce marché très opaque ne fournira pas d’informations sur la provenance des organes. Mais aujourd’hui de nombreux scandales éclatent en Chine et les langues se délient petit à petit.

Le China Daily dénonce les pratiques du gouvernement chinois qui ferme les yeux sur le prélèvement forcé d’organes de prisonniers politiques dans les hôpitaux militaires. Selon le quotidien, 90% des organes prélevés post mortem en 2009 appartenaient aux prisonniers condamnés à la peine capitale et aux individus « volontaires ». Ces pratiques font énormément polémiques en Chine où le don d’organe est réprimandé par la culture du pays. Dans la tradition chinoise, les morts doivent être enterrés sans mutilation. Il est donc quasiment impossible d’obtenir des informations sur l’identité des donneurs qu’ils soient « volontaires » ou non. En 2015, le gouvernement chinois s’était engagé à ne plus prélever d’organes sur les prisonniers voués à l’exécution. Pourtant, en juin 2019, une organisation indépendante nommé China Tribunal prouve que ces pratiques ont toujours lieux. Des minorités religieuses gênantes pour le gouvernement comme les Tibétains ou encore les Ouïgours sont envoyés en prison où ils sont torturés. Leurs organes sont prélevés contre leur gré parfois même de leur vivant…

Aujourd’hui, le trafic d’organes humains est un marché plus que lucratif. D’après un rapport du Global Financial Integrity, il serait classé dans les dix premières activités économiques illégales rapportant le plus dans le monde avec des bénéfices pouvant aller de 6OO millions à 1,2 milliard de dollars par an. De nombreux pays cherchent à démanteler ce trafic. En mai 2008, 150 représentants gouvernementaux et responsables médicaux et scientifiques créent la Déclaration d’Istanbul. Ce texte met en évidence que les greffes « doivent provenir de dons et ne faire l’objet d’aucune transaction financière, qu’elles doivent faire preuve de critères cliniques et éthiques » et que « le commerce de transplantation devrait être interdit parce qu’il mène inexorablement à l’inégalité et à l’injustice ». Ainsi, cette déclaration a incité de nombreux pays comme Israël, les Philippines ou encore le Pakistan de renforcer leurs lois contre le trafic illégal d’organes.

III. La bio-impression pour créer des organes artificiels

Aujourd’hui, avec le développement des nouvelles technologies et des méthodes médicales, on assiste à une modification de l’offre. En 2012, Shinya Yamanaka gagne le prix Nobel pour son projet de cellules souches reproductibles grâce à des modifications cellulaires. Cette avancée médicale permet de produire en quantité illimitée des cellules qui ainsi, pourraient permettre de régénérer des organes entiers. Nous assistons aussi au développement de nouvelles technologies comme les impressions en trois dimensions, les nanotechnologies ou encore l’intelligence artificielle qui permettront, peut – être, à terme de compenser ou de remplacer le don d’organe. Cependant, leur développement inquiète sur la scène internationale, car de nombreuses voix s’élèvent pour montrer les limites et les risques liés au développement croissant des nouvelles technologies pour l’humain.

A. Un marché prometteur …

La bio – impression se base sur les techniques d’impression en trois dimensions et consiste à imprimer, couche par couche, des tissus vivants à partir d’assemblage de cellules vivantes. Sa complexité s’explique par le fait qu’il prend en compte une notion temporelle : il faut du temps pour que les cellules interagissent, s’organisent de manière autonome pour former finalement des tissus fonctionnels. Les premiers travaux de bio-impression date de 1988, le Dr Robert J. Klebe de l’Université du Texas, initie la méthode de « Cytoscribing ». Elle consiste à super positionner des cellules grâce à une imprimante inkjet classique. Aujourd’hui, la bio – impression se limite à la production de tissus organique simple. En effet, la complexité des organes tels que les reins, le foie ou le cœur nécessite une viabilité à long terme et donc de résoudre le problème des structures vasculaires, à l’origine des échanges du corps.

Les Etats-Unis sont pionnières dans le domaine de la bio-impression, cette technique se développe notamment dans les laboratoires et universités américaines. Aujourd’hui, ce nouveau marché s’étend au reste du monde. Les leaders restent tout de même les Etats-Unis suivis par le Canada. On peut citer le start up californienne Organovo qui imprime des tissus de rein, de foie, mais aussi de poumons. En Europe, ce sont l’Angleterre et l’Allemagne qui se démarquent sur le marché de la bio-impression. En France la législation est jugée très contraignante par les entreprises qui comme Carmat envisage d’aller sur le marché américain pour lancer sa prothèse de cœur.

Ce marché est en effet très lucratif, il est évalué à 100 milliards de dollars et est très prometteur dans le futur (on estime une croissance de 35,9% entre 2017 et 2022).

B. … qui suscite des débats

Le 15 avril 2019, des chercheurs présentent une nouvelle prouesse technologique : une équipe israélienne a réussi à imprimer en 3D un cœur humain, de la taille de celui d’un lapin, à partir de cellules souches. Ils sont parvenus à reconstituer l’anatomie du cœur, dans son ensemble, comprenant ses cellules et des vaisseaux sanguins et ils l’ont fait à partir de différents types de cellules provenant d’un seul patient. Cette avancée nécessite encore plusieurs années de recherche mais sa portée est très importante au vu du manque de donneurs pour les greffes cardiaques.

Cependant, cette innovation crée d’ores et déjà des débats sur le plan international. Tout d’abord puisqu’elle repose sur l’utilisation de cellules souches embryonnaires, ce qui pourrait influer sur le choix ou non de l’utilisation de la bio – impression dans certains pays. Ensuite, son coût suscite également des débats puisque seulement la faible fraction de la population la plus riche pourrait en avoir recours. Cela pose de réels problèmes du point de vu de la question de l’accès au soin car cette évolution risque d’entraîner une division de la population : les plus riches seront alors dans la capacité de se soigner et ainsi vivre plus longtemps en bonne santé. De plus, les interrogations se renforcent sur les questions de bioéthiques : repoussant toujours les limites de la technologie et de leur utilisation, certains acteurs parlent d’ « évolution artificielle de l’homme » et se demandent si, dans un futur lointain, la bio – impression pourrait mener à un clonage intégral, voir la création d’un humain amélioré avec des os plus résistants ou alors des poumons oxygénés différemment.

Conclusion

Aujourd’hui tout s’achète et tout se vend. Tout ce qui est rare est précieux et tout ce qui est précieux coûte cher. Mais à l’heure où une pénurie de dons d’organes se fait ressentir, peut-on d’un point de vue moral, mettre un prix sur une partie d’un être humain ? A travers le temps le corps humain a toujours été vu comme une chose sacrée qui ne peut être marchandé comme n’importe quel bien. Mais aujourd’hui, à l’heure où chacun prône sa liberté individuelle, chaque personne est propriétaire de son corps et libre d’en faire ce qu’elle veut. Cependant, notre société capitaliste nous permet-elle vraiment d’être libre ? Des étudiantes chinoises contraintes de vendre leurs ovules pour payer leurs études ou d’autres encore mettant en gage leur rein pour accéder au crédit. Un marché des organes ne peut fonctionner comme n’importe quel marché. Il créé des effets d’évictions, des asymétries d’informations, des externalités négatives, mais surtout, des inégalités entre les plus riches et les plus pauvres. La rareté des organes profite à certains qui n’hésitent pas à créer un véritable business sur un marché parallèle complètement opaque et illégal. En Chine, le trafic s’est énormément développé et la provenance des organes fait froid dans le dos. Des alternatives commencent à se développer aujourd’hui, la bio-impression permet déjà de créer des organes artificiels. Cette solution divise tout de même la société, les questions de bio éthique sont dans toutes les têtes. Reste à savoir quelle part voulons-nous accorder à la nouvelle technologie dans nos vies. Déjà omniprésente dans notre quotidien, sommes-nous prêts à aller plus loin et à l’intégrer aussi dans notre corps ?

Par Céline Métais et Clarisse Bouet, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

Sources

  • La « marchandisation du corps humain » : les incohérences et les usages réactionnaires d’une dénonciation ; Ruwen Ogien ; publié le 15/05/2012

https://www.raison-publique.fr/article534.html

  • Un marché des organes ? ; Brice Couturier ; publié le 09/05/2014

https://www.franceculture.fr/emissions/les-idees-claires/un-marche-des-organes

  • Un marché sans marchandise ? Répugnance et matching market ; Nicolas Brisset ; 2016

https://www-cairn-info.buadistant.univ-angers.fr/revue-d-economie-politique-2016-2-page-317.htm

  • La marchandisation de l’humain ; Cités ; 2016

https://www-cairn-info.buadistant.univ-angers.fr/revue-cites-2016-1.htm

  • Chine: un rapport dénonce la poursuite de prélèvements forcés d’organes ; AFP ; publié le 18/06/2019

https://www.lepoint.fr/monde/chine-un-rapport-denonce-la-poursuite-de-prelevements-forces-d-organes-18-06-2019-2319560_24.php

  • Chine: des étudiantes vendent leurs ovocytes pour financer leurs études ; RFI ; publié le 13/05/2019

http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20190513-chine-trafic-ovocytes-jeunes-femmes-etudiantes

  • Etats-Unis. Des ovules qui rapportent gros ; LOS ANGELES TIMES ; publié le 25/05/2012

https://www.courrierinternational.com/article/2012/05/16/des-ovules-qui-rapportent-gros

https://www.franceculture.fr/emissions/le-journal-des-sciences/le-journal-des-sciences-du-vendredi-19-avril-2019

  • Bio-impression et médecine régénérative : où en est-on ? ; Pascal Bally · Vincent Weber ; publié le 26/10/2018

https://www.inneance.fr/bio-impression-et-medecine-regenerative-ou-en-est-on/

  • Nanotechnologies, Un nouveau pan de la médecine ; Inserm, publié le 01.06.15

https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/nanotechnologies

  • Aux Etats-Unis, la PMA est libre: “c’est mon corps, mes ovocytes” ; l’Obs ; publié le 27/06/2019

https://www.nouvelobs.com/societe/20190627.AFP9291/aux-etats-unis-la-pma-est-libre-c-est-mon-corps-mes-ovocytes.html

  • Qui a peur des marchés d’organes ? ; Ruwen Ogien ; 2009

https://www.cairn.info/revue-critique-2009-12-page-1025.htm#s1n2

[1] Chiffres du Center for Disease Control

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Les terres agricoles, des ressources stratégiques https://master-iesc-angers.com/les-terres-agricoles-des-ressources-strategiques/ Mon, 26 Mar 2018 11:41:31 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=2774 Au salon de l’agriculture, le président Emmanuel Macron s’est retrouvé le 24 février face aux problèmes des agriculteurs. De multiples discussions ont eu lieu sur plusieurs thèmes comme sur le glyphosate, sur la PAC etc …. Son discours du 22… Continuer la lecture

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Au salon de l’agriculture, le président Emmanuel Macron s’est retrouvé le 24 février face aux problèmes des agriculteurs. De multiples discussions ont eu lieu sur plusieurs thèmes comme sur le glyphosate, sur la PAC etc …. Son discours du 22 février à ce sujet est très important. Il estime que les terres agricoles sont “un investissement stratégique dont dépend notre souveraineté”. Et qu’il faut mettre des « verrous ». Cette phrase met en lumière un des enjeux majeurs de ce siècle, comment nourrir la population. La population mondiale actuelle est de 7,5 milliard et l’ONU estime qu’en en 2050 elle serait autour de 9,5 milliard d’habitants. Cela pose un problème vis à vis de l’alimentation. En effet, on a vu une réduction de la  faim dans le monde depuis le 20ème siècle. Cependant, selon le WFP (World Food Program) il reste toujours 795 millions de personnes qui souffrent de la faim soit 1 personne sur 9. De plus, les prévisions sur ce domaine sont très difficiles voire impossibles.

Avec une telle population dans le monde, se pose la question de comment la nourrir. Chaque pays a pour objectif de nourrir sa population et cela devient un élément stratégique. En effet, un pays qui n’arrive pas à nourrir sa population peut être touché par la violence notamment avec des “émeutes de la faim” en 2007 et 2008. Par exemple les émeutes à Abidjan en Côte d’Ivoire, à Haïti, en Indonésie etc …. Ce fut le cas dans des pays d’Afrique et d’Asie. Face à ces risques, de nombreuses solutions sont apportées où certains Etats achètent des terres arables directement ou par le biais d’entreprise. Certains pays comme la Chine achètent directement des terres ou encore la Corée via une holding. Cela devient donc un enjeu stratégique pour les pays qui ont des problèmes d’approvisionnements.

Cependant en plus d’une population mondiale qui croit on a des soucis vis à vis des terres agricoles. Notamment avec les cas de pollution ou des soucis environnementaux que ce soit des inondations, des sécheresses, etc …. Ainsi, on peut prendre l’exemple en Chine de champs pollués par les métaux lourds. La sécheresse, elle, touche de nombreux pays, le Portugal par exemple est touché par une sécheresse très importante. 85 % du pays est touché par une sécheresse sévère dont 9% par une sécheresse extrême. Il y a donc des terres agricoles qui peuvent disparaître à cause de l’environnement.

Enfin cette question de comment nourrir sa population n’est pas nouvelle. Malthus et Ricardo 2 économistes anglais ont théorisé sur cette question. On peut reprendre la théorie de Ricardo qui reste parfaitement d’actualité. Cette théorie suppose qu’il existe différentes rentabilités de récolte sur les terres agricoles. Les paysans vont cultiver sur les terres les plus fertiles et plus la population augmente, plus la demande de nourriture augmente et plus on va cultiver de terres de moins en moins fertiles. Et en réalité toutes les terres ne se valent pas pour cultiver ce qui a une valeur supérieure aux autres.

Partie 1 : Le contrôle de terre arable : un enjeu majeur ?

1. Un phénomène mondial

On  voit sur cette carte que la vente de terres agricoles est un phénomène mondial. On remarque que les pays acheteurs sont des pays ayant une population supérieure à ce que pourrait nourrir leurs productions nationales. Parce que leurs populations sont grandes comme en Chine ou en Inde, mais aussi des pays se trouvant dans des zones désertiques tels que le Qatar ou l’Arabie Saoudite. Cette carte permet de montrer les tendances cependant, elle n’est pas à jour, car elle date d’avant 2010. Il y a eu un accroissement de ce type d’investissement depuis le début des années 2000.

Ce phénomène est très présent en Afrique, surtout en Afrique de l’Est où de nombreux pays ou entreprises essayent de se tailler un morceau pour garantir leurs approvisionnements. Comme vous pouvez le voir sur la carte (une acre est 2,5 fois plus petite qu’un hectare). Ceux qui critiquent cet accaparement de terre dénoncent cela comme un nouveau « scramble for Africa ». Pour rappel, il s’agit du nom donné au partage de l’Afrique au XIX siècle par les puissances européennes de l’époque. A nouveau il s’agit d’un partage mais cette fois entre toutes les puissances du monde mais surtout les pays de l’OPEP et les BRICS qui ont des difficultés d’approvisionnement. Jacques Diouf, ancien directeur du FAO qualifie cela de « néocolonialisme agraire ». On peut ajouter que ce sont en partie des pays ayant des troubles qui subissent ces investissements. Puis si on se réfère à la première carte certains de ces pays ne peuvent déjà pas répondre à la faim dans leurs pays. Selon un rapport de la banque mondial de 2010 2/3 des accaparements de terres entre 2008 et 2009 se font au 2/3 en Afrique subsaharienne.

Ce phénomène ne se passe pas qu’en Afrique cela se passe aussi en Amérique du Sud notamment en Argentine et au Brésil 2 géants dans la production agricole, mais aussi en Amérique du Nord, en Asie, en Océanie et même en Europe. En effet, des pays investissent dans les pays du Sud, car ce sont des terres peu chères cependant elles ne sont pas autant productive que celles des pays utilisant beaucoup plus de produits phytosanitaires ou ayant de meilleures irrigations. C’est pour cela que certains pays en voie de développement achètent des terres dans les pays du Nord. Ce qui peut conduire à des polémiques comme ce qui s’est passé en France dernièrement où une entreprise chinoise a acheté 900 hectares dans l’Allier. Cela pose aussi la question de la qualité de la terre qui est achetée. C’est ce qui explique en parti cet achat chinois. Et c’est en partie la raison de ce type d’investissement en Ukraine. En effet, historiquement, l’Ukraine fut le « grenier » de l’empire russe puis de l’URSS.

Après avoir vu que c’est un phénomène mondial qui touche tous les pays, nous allons nous intéresser à la stratégie d’un pays : la Chine

2. L’exemple de la stratégie chinoise

Nous allons voir maintenant pourquoi la Chine investit dans les terres arables et quelles sont les stratégies qu’elle a mise en place.

Pour commencer, il faut comprendre que la Chine contient 1/5 de la population mondiale pour moins de 9% des terres arables dans le monde. La chine a connu dans son histoire de terribles famines, encore récemment. Sous Mao, elle a subi une grande famine à l’orée des années 60 se soldant par 10 millions de morts ce qui laisse un souvenir dramatique. Ensuite, la politique industrielle chinoise a eu des conséquences sur l’environnement et donc sur les rivières sur les différentes terres arables. De plus, de nombreux scandales sanitaires ont touché la Chine.

Par exemple le scandale du lait en poudre contaminé à la mélamine qui a conduit a plus de 300 000 intoxications dont des centaines de morts. Des intoxications aux métaux lourds dont de la viande. Des choux aux formols un produit pour conserver le produit lors des transports non réfrigéré, or, c’est un produit cancérigène. Et il y a encore beaucoup d’autres cas. Cela a touché la confiance des consommateurs.

En plus de cette optique, la Chine investit afin d’être autosuffisant. Cet objectif d’autosuffisance concerne tous les produits à l’exception du Soja nécessaire à l’alimentation du bétail et dont ils importent 80% de leurs besoins. Dans sa volonté de contrôler ses approvisionnements en nourriture, l’Etat a poussé les acteurs chinois à investir dans les terres arables. Par exemple, le Chongqing Grain Group a investi 2,5 milliard de dollars dans l’acquisition de terres au Brésil dédiées à la culture de soja. Elle a réussi à faire main basse sur des terres agricoles en Australie en 2017. En effet, le consortium chinois, Dakang Australia Holdings a acquis l’équivalent de 1% du territoire australien en terres arables. Et ce n’est là que quelques investissements qu’ils ont fait. Ils ont acheté des terres dans le Missouri aux États-Unis, dans l’Allier en France, en République Démocratique du Congo, etc …. De plus cette stratégie dans une moindre mesure, c’est aussi d’acquérir des produits de qualité afin de redonner confiance aux consommateurs chinois.

Cependant, face à cette stratégie, il y a eu de nombreux levers de bouclier pour critiquer et ou dénoncer le pillage des ressources. Face à cette montée des critiques, la Chine a décidé de favoriser les prises de position dans les entreprises agroalimentaires, mais aussi de développer des partenariats. Ainsi le spécialiste du soja en chine, COFCO, a pris position dans différentes entreprises agroalimentaires comme le suisse Nidera. En termes de partenariat Synutra alliée à la coopérative locale bretonne Sodiaal produit environ 100 000 tonnes de lait en poudre, ce qui fait écho avec le scandale expliqué plus tôt. La Chine a aussi tenté de faire un partenariat avec d’autres pays pour des terres comme en Ukraine auwuel ils ont dû y mettre fin face aux critiques de plus en plus virulente vis à vis de ce partenariat.

On voit donc que la Chine essaye de protéger ses approvisionnements en nourriture de la même façon qu’elle essaye par exemple de protéger son approvisionnement en pétrole. On voit donc l’importance de l’autosuffisance en nourriture. Cela pose aussi la question du futur. En effet, quelle stratégie va mettre en œuvre la chine. Et comment va-t-elle répondre aux critiques, aux réactions violentes et juridiques ?

Partie 2 : Les critiques et les lois misent en place contre l’achat de terre arable

1. Les critiques

De plus en plus de critiques sont émises par des personnalités politiques des ONG, vis à vis de ces investissements. Pour commencer l’ONG GRAIN est une « organisation internationale qui soutient la lutte des paysans et des mouvements sociaux pour renforcer le contrôle des communautés sur des systèmes alimentaires fondés sur la biodiversité ». Cette ONG a tiré la sonnette d’alarme et a voulu créer une base de données recensant ces achats de terres. C’est exactement la même idée que le projet « Land Matrix ». Ces bases de données ont pour but de récupérer toutes les informations sur chaque transaction. La critique principale qui fut résolue en partie est la transparence des projets. En 2010, ce fut le pic de terres agricoles vendues avec plus de 90 millions d’hectares vendus, et c’était une des critiques les plus virulentes émises notamment pour combattre la corruption. Ensuite, une critique émise dans de nombreux cas d’achat est l’appropriation et le « vol » de terre. Il s’agit le plus souvent de critique politique vis à vis d’un certain laisser faire sur ces questions. Pascal Canfin, actuel directeur de WWF France avait écrit un article dessus en 2009 énonçant à peu de chose près les mêmes critiques que l’ONG Grain et montrait le souci d’une financiarisation des terres agricoles.

La question de la financiarisation des terres est de plus en plus forte. En effet, en plus de leurs capacités à produire de la nourriture ces terres sont devenues des biens spéculatifs. Tel des biens immobiliers, ils sont aussi sensibles aux bulles spéculatives. On voit dans le monde une inflation des terres agricoles à des vitesses différentes selon les zones géographiques. En France, le prix de l’hectare en moyenne entre 1997 et 2016 a augmenté de 54% ce qui est très élevé. Cette augmentation du prix a un coût pour les agriculteurs et notamment pour les jeunes qui souhaiteraient s’installer. Cependant, la France ne se laisse pas faire et notamment à travers les SAFER.

2. Une réponse juridique ? Le cas français

Les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) sont un modèle typiquement français. Elles ont été créées en 1960 à l’époque où la France voulait être auto suffisante pour ce qui est de se nourrir. Elles sont reparties sur tout le territoire et sont au nombre de 26. Vous pouvez voir les différentes missions des Safer sur le schéma suivant. « Leur rôle est de réguler le marché des terres agricoles : ayant une vue d’ensemble sur le marché foncier, les Safer ont pour mission d’éviter une flambée des prix et de structurer les nouveaux usages de ces terres en donnant la priorité à l’installation de jeunes agriculteurs ». Elles servent surtout pour intervenir lors de la vente de terre agricole. « Prenons l’exemple d’un agriculteur qui part à la retraite et souhaite vendre sa ferme. Il trouve un acheteur, se met d’accord avec lui sur le prix de vente et passe devant le notaire pour conclure la transaction. Celle-ci doit obligatoirement être signalée à la Safer locale. Si celle-ci considère que le prix est trop élevé ou que l’acheteur n’a pas le bon profil, elle peut casser la vente en usant de son droit de préemption. » On voit qu’elles détiennent une arme pouvant protéger les achats de terre agricole par des étrangers. Cependant, des montages juridiques permettent de passer à travers ce mécanisme. Pour remédier à ce problème le Parlement vient de voter des amendements pour préserver les terres agricoles françaises d’un rachat étranger et de l’inflation des terres.

Conclusion

On peut voir que les terres agricoles sont un enjeu stratégique pour chaque pays comme l’a dit Macron. On voit un exemple de stratégie, face à cet enjeu et comment elle a évolué. En effet, les critiques sont de plus en plus fortes et les pays commencent à se doter de juridictions pour éviter un monopole étranger. Cependant, cela reste une ressource que l’on peut développer pour favoriser la croissance économique.

Par Alexandre Penloup, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Webographie

https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/emmanuel-macron-veut-mettre-des-verrous-reglementaires-sur-les-achats-de-terres-agricoles-par-des-etrangers_2623688.html

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http://www.lepoint.fr/monde/la-chine-a-la-conquete-des-terres-agricoles-23-02-2018-2197309_24.php

https://www.le-cartographe.net/index.php/dossiers-carto/asie/92-chine-politique-dexpansion-agricole-a-letranger

http://geopolis.francetvinfo.fr/la-course-aux-terres-agricoles-en-afrique-6107

https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_alimentaire_mondiale_de_2007-2008

http://www.fao.org/home/fr/

https://landportal.org/news/2015/06/act-it-four-key-steps-stop-land-grabs

https://globalfoodpolitics.wordpress.com/2012/11/26/the-second-scramble-for-africa/

https://fr.wfp.org/faim/faits-et-chiffres

https://www.courrierinternational.com/une/le-portugal-un-pays-sec

http://www.momagri.org/FR/tribunes/Le-monde-manquera-t-il-de-terres-pour-nourrir-les-hommes-du-21eme-siecle-_646.html

https://www.planetoscope.com/sols/1175-disparition-de-surfaces-agricoles-dans-le-monde.html

http://www.rfi.fr/decryptage/20130614-accaparement-terres-etrangeres-achat-pays-riches-agricole-fonds-investissement

https://www.capital.fr/economie-politique/la-chine-acheteuse-vorace-de-terres-agricoles-a-letranger-1273793

https://www.latribune.fr/blogs/pekin-business/20150217trib1d6949dce/agro-alimentaire-la-nouvelle-strategie-chinoise.html

http://geopolis.francetvinfo.fr/l-appetit-des-investisseurs-chinois-pour-les-terres-agricoles-australiennes-100219

https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/terres-agricoles-l-empire-mondial-de-la-chine_1437316.html

http://www.slate.fr/story/82771/speculation-terres-agricoles

http://bfmbusiness.bfmtv.com/france/le-prix-des-terres-agricoles-francaises-n-a-jamais-ete-aussi-eleve-1176074.html

https://reporterre.net/Le-Parlement-limite-l-accaparement-des-terres-agricoles

https://reporterre.net/Les-Safer-gerent-elles-bien-les-terres-agricoles

http://www.safer.fr/missions-safer.asp

http://www.elysee.fr/declarations/article/transcription-du-discours-du-president-de-la-republique-emmanuel-macron-a-la-nouvelle-generation-agricole/

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The Dark Side of NGOs https://master-iesc-angers.com/the-dark-side-of-ngos/ Wed, 28 Feb 2018 14:01:11 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2683 « Mankind is divided into rich and poor, into property owners and lenders; and to abstract oneself from this fundamental division, and from the antagonism between poor and rich means abstracting oneself from fundamental facts », this quote from Joseph Staline shows… Continuer la lecture

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« Mankind is divided into rich and poor, into property owners and lenders; and to abstract oneself from this fundamental division, and from the antagonism between poor and rich means abstracting oneself from fundamental facts », this quote from Joseph Staline shows that there has always been disparities in the societies in the history of mankind.

These disparities led to develop charity between rich and poor. This “help” from rich to poor when taken to an international scale, concerns the assistance given by rich countries to poor ones. The concept of development aid goes back to the colonial era at the turn of the twentieth century, in particular to the British policy of colonial development that emerged during that period. The beginning of modern development aid is rooted in the context of Post-World War II and the Cold War.

Ironically, the first countries that were targeted were European ones that were devastated after World War 2. It was first said by President of the United States Harry Truman’s 20 january 1949 State of the Union Address « We must embark on a build new program for making the benefits of our scientific advances and industrial progress available for the improvement and growth of underdeveloped areas. More than half the people of the world are living in conditions approaching misery. Their food is inadequate. They are victims of disease. Their economic life is primitive and stagnant. Their poverty is a handicap and a threat both to them and to more prosperous areas. For the first time in history, humanity possesses the knowledge and the skill to relieve the suffering of these people. ». There, he shows the moral obligation of rich countries to help poor ones.

From this day, there have been numerous development aid programs. With the institution of the league of nation in 1920, later replaced by the United Nations in 1945, we see the rise of new actors in the international stage. In fact, apart from assistance between countries, several actions are taken from these new participants of international relations. They are known as International Organizations (IO) and non-governmental organisations (NGO), the latter, even though having a history dating back to at least the late eighteenth century, was only given Legal Personality in 1986 by the Council of Europe, which sets a common legal basis for the existence and work of NGOs in Europe.

Globalization during the 20th century gave rise to the importance of NGOs. Many problems could not be solved within a nation. International treaties and international organizations such as the World Trade Organization were centred mainly on the interests of capitalist enterprises. In an attempt to counterbalance this trend, NGOs have developed to emphasize humanitarian issues, developmental aid and sustainable development. Another issue which has brought NGOs to develop further is the inefficiency of some top-heavy, global structures. For instance, in 1994, it has been shown that when the United Nations tried to provide humanitarian assistance in Somalia, they were totally outperformed by NGOs, whose competence and dedication sharply contrasted with the United Nations’ excessive caution and bureaucratic inefficiencies, their main Somalia envoys operating from the safety of their desks in Nairobi.

Unfortunately, nowadays, the legitimacy and effectiveness of NGOs is being questioned due to their ever-growing number and their effect on developing countries. Therefor we have to ask if the actions of NGOs are really effective? With their growing number, it is becoming harder and harder for them to obtain funding resulting in a competition between them. Furthermore, NGOs tend to focus solely on their self-interests: they often suffer from tunnel vision, judging every public act by how it affects their particular interest.

The war on getting funds

  • A number that keeps on growing

“They are everywhere!!” this was the response of an anonymous lady when asked about her thoughts about NGOs. In fact, nowadays the number of NGOs keeps on growing and it is estimated to be around 10 million organizations worldwide. One third of these NGOs are located in India with 3.3 million of them being in the territory, it has approximately 1 NGO for every 400 people. Despite the fact that if NGOs were a country, they would have the 5th largest economy in the world, there is a big gap in the sharing of fundings.

In fact, according to the study made by the Organisation for Economic Co-operation and Development, OECD, 20% of the NGOs concentrate 80 to 90% of all the resources available for NGOs. This leads to a furious competition between them to get through donators.

For example, for now more than 10 years NGOs have used the street fundraising technique. Initiated by Greenpeace in the early 90s, it became a phenomenon in France starting 1998. Seeing its effectiveness, many NGOs did the same and it resulted in a saturation of the streets. It was only when they were about to reach a point of mutual loss that France Générosité, the French syndicate was designated to establish a planning of street distribution and calendar. NGOs are conquering donors like companies are conquering clients; NGOs and associations share one market. Therefor we can consider the donation market as a competitive one which is in opposition of the humanitarian mindset of NGOs.

  • The question of the autonomy of NGOs

There is also the fact that many donors have policies that dictate the circumstances under which procurement can take place. For example, four years after the Haiti earthquake, a substantial proportion of US development funding in the country still goes via American, rather than Haiti-owned companies.

Rose Longhurst, funding policy adviser at NGO development membership agency Bond, acknowledges that this can be an issue. She says that “Sometimes donors have specific procurement stipulations, saying that you may have to source certain goods or services from certain areas or organisations,”. That raise the question of the autonomy and the ethical aspect of NGOs.

Clearly, there is a need for NGOs to balance ethical intervention with consistent funding. People tend to think that the relationship between donors and NGOs creates a self-regulating mechanism against bad practice. An NGO’s spending is accountable to its donors through audits, which are presumed to be a sufficient safeguard against misspending and corruption.

But in reality, it is more complex since the donor’s audits are based on their personal interests which are not necessarily the same as the interests of the NGO. NGOs find accessing donors as challenging as dealing with their funding conditions. They perceive that certain cartels of individuals and NGOs control access to donor funds. They have limited resource mobilization skills and are often not looking for funds that are available locally, preferring to wait for international donors to approach them. There is a high dependency for donors and a tendency to shift interventions to match donor priorities. There is a lack of financial, project and organizational sustainability.

Donor funding has an even stronger influence in the international scale. In fact, study of 61 large international NGOs in 13 donor countries found that it is neither poverty nor poor governance that influences NGOs’ choice of location. Instead, aid becomes tightly clustered in countries where donors are located, resulting in and reinforcing the divide between the countries chosen by donors and the one forgotten.

Their limitations in designing and following community-driven and participatory development strategies and interventions mean that their interventions tend to align with the social, political and economic agendas of donors, rather than those of local communities and the poor whom they are meant to represent. The increasingly professionalised and depoliticised nature of NGOs marked by this departure from the core objectives leads to many undesirable consequences, including reduced cultural sensitivity, weakened ties with the local level, and a dilution of the NGO’s core values.

Let’s not draw the picture too black because there are at least many public funds that are available for NGOs with minimum conditions and grants them funds to run their projects, those funds help greatly small NGOs to fulfil their mission and make a positive  impact on their environment.

Lack of communication and networking

Poor Networking was identified as a major challenge. It is the cause of duplication of efforts and conflicting strategies at community level, a lack of learning from experience and an inability of NGOs to address local structural causes of poverty, deprivation and under-development. Negative competition for resources also undermines the reputation of the sector and the effectiveness of NGO activities at community level.

As a result there is a great deal of suspicion, secrecy and lack of transparency among NGOs..Many NGOs, large and small, intervene at community level without any community mapping and implement projects without due regard to ongoing community initiatives. It was the case in Mozambique with the health care system. In fact, James Pfeiffer, in his case study of NGO involvement in Mozambique, speaks of the negative effects that NGO’s have had on areas of health within the country. He argues that over the last decade, NGO’s in Mozambique have “fragmented the local health system, undermined local control of health programs, and contributed to growing local social inequality”. He notes that NGO’s can be uncoordinated, creating parallel projects among different organizations, that pull health service workers away from their routine duties in order to serve the interests of the NGO’s. This ultimately undermines local primary health care efforts, and takes away the governments’ ability to maintain agency over their own health sector. This leads us to the other aspect that is the competition between NGOs politics.

  • NGOs fighting one another

 NGO politics: one fighting another, one with resources but no community presence, another with community presence but no resources. Poor communications: NGOs also recognize that there is very poor communication within the sector. The majority of NGOs have little or no access to reliable email and internet connections, they receive almost no literature on development issues and are generally out of touch with issues of global, regional and national importance. Their lack of understanding of the difference between the Board and Council is just one example of the knowledge gaps that exist.

Relationships with INGOs: There is considerable concern among local NGOs that the giants INGOs occupy so much space that it will bevery difficult to find room for themselves. INGOs often intervene without any concern for the building of sustainable local chief officers. They pay government and community members to participate in their projects while local NGOs have no facility for doing so.

INGOs are also perceived to be driven by short-term project approaches that are not locally sustainable. They pay high salaries and attract local NGO staff. They are also responsible for creating the high cost image that undermines the credibility of the sector. It is difficult and inappropriate for local NGOs to compete with the international and national giants. Many external organizations are not working with locals, they simply provide unfair competition and hold back the development of the humanitarian sector and cost-effective development interventions.

For example, in Haiti, NGOs came by number after the earthquake and at some point, the dominance of international NGOs has created a parallel state more powerful than the government itself. NGOs in Haiti have built an alternative infrastructure for the provision of social services, creating little incentive for the government to build its capacity to deliver services. A “brain drain” from the public sector to the private, non-profit sector is also observable, pulling talent away from government offices and resulting in the Haitian concept of the “klas ONG” (NGO class). Even quantifying the number of NGOs operating in Haiti is a hurdle: the number is estimated to be anywhere from 343 to 20,000. The Humanitarian system isn’t losing its heart because the intentions and the efforts are still present but it is losing its head.

Stepping up to do development differently

NGOs are starting to realise the flaws of their system. Therefore, several researches and think tanks have been elaborated. World Vision, a leading NGO in the world, pulled together in 2017 some of international NGOs who are already working on and circulating draft papers about Doing Development Differently to discuss and set up a network. From there some recommendations were made. Those concerned mostly the funding and overall managing in NGOs.

For example, if donors are reluctant, inviting them to on-site visits and learning events can familiarise them with programmes, build trust-based relationships, and improve chances for flexible funding arrangements. Though donors are interested in adaptive arrangements, they may lack the capacity or knowledge to create them. Negotiating broad-but-defined indicators and incorporating room for adjustments can help build this capacity and prevent lock-in amid changing circumstances. If donors resist adaptive frameworks, it may help to communicate how building-in flexibility during planning can offset the transaction costs of adjusting during implementation. Furthermore, selecting partners that are aligned in mandates and resources can help compensate for resource shortages; encourage sensitivity to context; strategically broaden an organisation’s field networks; and align incentives for sustained engagement and communication. It can also create an “institutional legacy” of a programme that enables its long-term resilience.

Using data collection tools and communication can help get feedback and delegate decisions to local staff and communities. Not only does this reduce transaction costs of top-down management, but it also promotes locally-responsive solutions.

They should also create an environment for learning. In fact, investment in training should be made. Being adaptive is intimidating. Investing in coaching and mentoring, and prioritising learning and reflection among younger staff, helps overcome mental barriers in adopting adaptive approaches. Despite high up-front costs, such strategies build organisational culture and resilience for adaptive management.

These are solution that might adjust some of the issues of the NGOs. Seeing the power, weight and importance of the NGOs in the international and the humanitarian role that they have, it is important that they find a way to be more effective.

By Abdoul Ba, 2017-2018 year group of M2 IESCI at the University of Angers

Sources

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https://www.globalpolicy.org/ngos/introduction/credibility-and-legitimacy/51841–is-the-faultline-among-ngos-over-the-future-of-development-deepening.html?itemid=id#1565

https://www.devex.com/news/european-donors-fast-track-unrwa-funding-to-plug-us-gap-91931

https://www.devex.com/news/the-european-fund-for-sustainable-development-what-s-it-all-about-91214

https://memoires.sciencespo-toulouse.fr/uploads/memoires/2010/memoire_GRELIER-LISON.pdf

https://www.bbb.org/stlouis/news-events/consumer-tips/2016/09/fake-government-grant-scams/

https://www.tes.com/news/school-news/breaking-news/fraud-asbestos-and-a-spike-complaints-revealed-education-funding

https://www.tes.com/news/further-education/breaking-news/threat-shocking-fraud-new-apprentice-system

http://base.d-p-h.info/fr/fiches/premierdph/fiche-premierdph-1651.html

https://www.agencemicroprojets.org/financements/presentation-des-financements

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Philippe Ryfman « La concurrence entre ONG est une réalité »

https://www.lesechos.fr/12/06/2012/LesEchos/21203-037-ECH_les-ong–des-entreprises-presque-comme-les-autres.htm

http://www.france24.com/fr/20170614-eric-berseth-ong-crises-humanitaire-concurrence-marche-fondations-privees-milliardaires

http://www.france24.com/fr/20150412-entreprises-humanitaire-ong-social-concurrence-marche-danone-solidarite

http://www.marketing-non-marchand.ch/1003-Le_marche_des_ONG

http://www.atlantico.fr/decryptage/ong-humanitaires-ne-sont-elles-plus-qu-business-rony-brauman-440934.html

https://oxfamblogs.org/fp2p/looks-like-the-ngos-are-stepping-up-on-doing-development-differently-good/

http://www.ie-ei.eu/IE-EI/Ressources/file/memoires/2005/FERENCZY.pdf

https://www.ngo-monitor.org/ _dark_side_of_amnesty_international/

The dark and destructive side of NGOs

http://ngowatchdog.org/dark-side-ngos-great-deeds-big-scandals/

https://www.theguardian.com/global-development-professionals-network/2016/jun/14/secret-aid-worker-development-communications-officer-outreach-projects

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Commodification and transformation of the human body https://master-iesc-angers.com/commodification-and-transformation-of-the-human-body/ Tue, 20 Feb 2018 13:25:50 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2669 The commercialization of the human body is an eminently controversial issue since it still exists a sacred vision of our body, which perhaps comes from our Christian legacy, and it is therefore difficult to touch it in a commercial context.… Continuer la lecture

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The commercialization of the human body is an eminently controversial issue since it still exists a sacred vision of our body, which perhaps comes from our Christian legacy, and it is therefore difficult to touch it in a commercial context. Beyond the questioning of the commercial consideration that one can have of the human body, there are some consequences that the commodification can generate especially in terms of inequality and moral or ethical problems that can be observed. We will see that the commodification of the human body is an historical fact and that it has particularly increased in our time and raised other problems. To go further, we may also be interested in the modifications of the human; of past, present and future humanity. Thus, beyond the sacred body the modification of the human body has been visible for a long time in the history of man, but this idea of ​​modifying the body becomes particularly visible towards the 16th 17th century. Throughout the centuries, what can be seen, in particular with the progress of science and the passing of a certain ethic at present, is the fact that one wants to free oneself from chance, from finitude. The human body is no longer a fatality, no more finite but an improvable object, definable beforehand and while man has taken ascendancy over nature he now takes the ascendancy on his own nature.

An historical haggling of the human body…

Faced with this question and with what the history of our civilizations presents, we start from an observation: that of an actual commodification of the human body.

Indeed, taking the case of prostitution deemed to be “the oldest profession in the world”, this practice is indeed a commodification of the human body since a non-market state is transformed into a market possession that can be praised. There was even a public body management institutionalized of the prostitution in the Middle Ages even if there is also a so-called illicit, that is repressed, made outside “public brothels” or “municipal brothels”. Municipalities owned these public brothels but couldn’t assure the daily management this is why they delegated management to a tenant, with rights that were yearly put to auction. The “public” prostitutes were forbidden to leave the brothel, they ate, slept and were well regarded as a commodity bringing a remuneration.

Then, the sale of slave and the possession of individual (relation master servant), the slave definition of the Larousse is: “Person of condition not free, considered as an economic instrument which can be sold or bought, and which was under the dependence of a master”. The slave is a private property, the existence of it is proven since antiquity and the most known period is perhaps the triangular trade beginning in the 17th century where there was a French code called “Code Noir” wrtittent in 1685 which states rights and duties of masters and slaves in the colonies of the Americas. This one stipulated “We declare the slaves to be furniture”. This represents well an extreme level of commodification.

Even with the development of capitalism and Taylorism, the labour force sold by workers to perform simplified, repetitive tasks is also a commodification of their being. This is another form of slavery, the worker is reduced as “a mere machine to produce wealth for others” (Marx), and this overexploitation still exists. Still further is the appearance that is commodified through standards, through surgery and besides there is a saying in a Latin American country which says “There are no more ugly women, there are only poor women”.

This commodification is often linked to a balance of power between individuals, social groups, etc.

Indeed, concerning prostitution it is an activity most often practiced by women for reasons that are essentially related to male domination, slaves exist to the benefit of rich merchant, bourgeois families and come from war, raid, warrior relationship in general and the worker in his side has no choice but to sell his labour force because he has nothing else. We can also see commodification as a vector of inequality. Indeed, through these examples it creates groups of individuals who have nothing but their body to survive and are totally dependent on a person who is in a position of force. Although banned and condemned by the international community, slavery still exists. According to estimates made by the International Labour Organization (ILO), nearly 25 million people were victims of forced labour in 2016.

Factually, it is clear here that the human body has been relegated to the status of commodity for a long time and this process of commodification tends to increase with science and knowledge of the human body. Indeed, if previously it was the body of an individual in its entirety that was sold now the organs, reproductive gametes can be sold (among others).

Which intensifies with the knowledge of the human body…

Through the increase in the commodification of the human body, a part of the bioeconomy is developing. The living becomes a new source of productivity, the improvement of life sciences and knowledge of the human body allow us to enter into a commodification at a micro level of the human body where the macro level would be the individual himself. It is based on important scientific context, including knowledge of genes. Namely the evolution of technology and science has led to the creation of new services to meet existing needs, including the need to have a child for infertile or homosexual people. It is partly on this ground that the bioeconomy will strongly develop through the sperm and egg banks. Thanks to the current technologies we can now market the human reproductive cells.

Thus, there exists now the rental of a surrogate mother, which egg extraction can relocate to lower costs this is for example the case of an Indian surrogate mother with an American egg.

The increase, the rise of the market share in the human body can generally tend to a harmful sociological effect. Indeed, where moral pressure can be exerted in society because of good conduct, decency and standards-based education, the introduction of a market value may lead to the overcoming of behavioral standard that societal pressures dictated. This is well illustrated by Sandel’s study, which tells us that fear of disapproval and acting in a “bad-eyed” way by society are based on non-monetary values, which were stronger than mere currency. But the example of the daycare introducing a fine system to penalize late parents to pick up their children in the evening did not reduce this tendency to delays and even accentuated it, giving late parents an excuse. Backtracking is no longer possible because the introduction of market values ​​has destroyed old ideas of collective responsibility.

The techniques of artificial procreation consist of being met gametes and reimplantation. The first case of success took place in 1978 in England and was born Louise Brown the first baby said test tube, then came in 1982 Amandine in France, directed by Renée Freyman. We therefore dissociate sexuality and fertilization. Although the first date is in 1978, many tests have been done before, and for example the first in vitro fertilization success in animals is dated 1934. The first attempt in humans dates back to 1944 and failed to be implemented. This evolution really consists in freeing oneself from nature; moreover, in 1993, an Italian doctor allowed a post-menopausal woman over 60 to have a child of her husband who had been dead for 10 years (consider the surrealism of the situation). Yet this is only the beginning of an era since americans can now buy gametes. More than the existing markets, these are the incentives of some companies that are sometimes astonishing and lead to the commodification of the human body. Indeed, we can note for example the case of Facebook which offers its employees to freeze their ovocytes so that they can give birth in thirty years since currently, well, they work body and soul. It will also be necessary to specify that if there is currently no 100% artificial child manufacturing it is because science does not completely master the entire pregnancy process. There is indeed a part that scientists do not master but when they will, then the artificial uterus will be possible as well as an absolute eugenics and the presence of a market with high profitability. There is, moreover, a certain hypocrisy in our world about these practices under which hides a eugenics unconfessed in the light of criticism that was made of the eugenics practiced during the 3rd Reich. If the method is different it is indeed a practice whose ethics are doubtful and revealing many ills of our societies.

Transplantation is also part of these new technologies and is subject to debate. Indeed, in terms of health it is a definite progress since it can radically extend the life expectancy of people whose organs are no longer functional. The problem is that demand far exceeds supply. It should be noted that from 1995 to 2005 the number of patients on the waiting list increased by 4% per year.

This progression of the commodification of the body also tries to extend to the human genome by appropriating it notably via the patent. This is the case of the American company Myriad Genetics, which wanted to patent human DNA. However, the United States Supreme Court decided that there were two types of DNA manufactured. On the one hand, there is “natural DNA”, which does the same thing as what happens inside a person. This one is not patentable. On the other hand, “synthetic DNA”, significantly different, modified, and on which companies can file patents.

With its intensification, the profits also increase. It will be said that there is an extension of the sphere of the market to objects that traditionally has nothing to do with it: the elements and products of the human body become goods.

What only ethics and morals can mitigate

It is through ethics and morality that we can consider limiting this tendency to the commodification of the body but which they too must be discussed.

If the question of merchandising is currently raised it is also because there is a real lack of organ to offer to the people who need it, the demand increases and is much higher than the supply.

So, there is an interest of an incentive to organ removal but once this steps over the temptation it can quickly become too big towards a system or profits and perverse effects can become great.

Here inequalities can be seen in access to these technologies and the need for money, such as advertisements in US universities encouraging women to pay for their studies via egg donation (via financial compensation). With such merchandising we can consider a risk for society to push individuals to sell the product of their body to meet their needs

Patenting itself also presents risks here. Indeed, with it, it is very often only the ethics of researchers who oppose the financial logic that can create a blockage towards research since a company may abuse a dominant position in the matter of strong patenting of the living in addition to all the disputes that may exist of this patentability of life.

The appearance of biobanks that appeal to the gift is also subject to debate. The gift economy feeds on the body of the population and privatizes the fallout. Thus, we should not fall into what calls Céline Lafontaine a “technoscientific cannibalism” in the sense that the body of the poor feeds that of the rich, so a commercialization of the human body in this context may need a particular attention to not create too much inequality and keep an access to the transplant for anyone whose vital diagnosis is engaged.

As we’ve already seen if the question of commodification is currently raised it is also because there is in particular a real lack of organ to offer to the people who need it, the demand increases and is well superior to the supply.

Gary Becker and Julio Elias reminds us that moral considerations about the sale of organs have a price, which amounts to human lives because many individuals die for lack of organ donor, hence the need to introduce a market remunerating the offer to stimulate it. If such questions arise is that the organ market is actually not provided enough, there is not enough death in developed countries compared to the evolution of transplantation and from there emerges medical tourism, the development of other types of medicine such as the regenerative one but also an attribution of market value of the human body.

For the philosopher Ruwen Ogien, this is our culture that generates this difficulty to act on the body elsewhere, this is in China and India where there is the biggest amount of innovation in the bioeconomy applied to the human body as indicated by Céline Lafontaine because these countries do not worry about the precautionary principle that we can have in our countries and that they can more easily experiment directly on humans. For Ogien it would be relevant to have “a market of organs, regulated by the State”, which would have the merit, as in the case of drugs, to “break the existing black market”. Allow what we cannot prevented, but frame it. Also limit medical tourism, keep the hands on these markets to allow a control of the commodification that takes place.

The human body can, indeed, be considered as a commodity, but to the question of how it should be, I think it is necessary to pay attention to the degree of commodification of it because it is a vector of inequality, can slow down the research and can create negative trends in society. Another problem raised by Céline Lafontaine is that of finiteness, because the bioeconomy tends to make the finiteness of the living disappear with possibilities to have individual with life expectancy considerably lengthened, so if one does not manage to conceive of the finiteness of life is also difficult to think of that of our planet, especially through climatic issues.

Par Léandre Meier, 2017-2018 year group of M2 IESCI at the University of Angers

Sources

  • David H. Howard, « Producing Organ Donors », Journal of Economic Perspectives, été 2007
  • Entretien avec Céline Lafontaine du 22 juin 2014 sur RFI
  • Gary S. Becker [Nobel 1992] et Julio Jorge Elías, « Introducing Incentives in the Market for Live and Cadaveric Organ Donations », Journal of Economic Perspectives, été 2007
  • Interview de Jean Salem « la marchandisation du corps par le système capitaliste », 2014
  • « Sperme, ovules et compagnies », Le Monde, 12 septembre 2005
  • Larousse dictionnaire
  • Site de LesEchos
  • Site de l’ONU
  • Site de France Culture

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