Une terrienne à d’autres terriens

C’est par une préoccupante, bien qu’agréable, chaude journée du mois de janvier 2020 que j’ai ressentie pour la première fois le réchauffement climatique. Cela vous surprendra peut-être puisque le phénomène n’est certes pas nouveau et loin d’être méconnu. Toutefois, mon expérience personnelle, celle qui éveille davantage ma conscience et qui a instillé l’obsession d’un réveil écologique, ne s’est réalisée qu’en cet instant. Peut-être parce que pour la première fois j’étais en mesure d’être attentive à ce changement, de l’observer, de le comparer, de le quantifier. Peut-être aussi parce qu’avait resurgi un souvenir d’une sortie matinale du mois de décembre durant laquelle je m’étais étrangement sentie au printemps sans vraiment pouvoir l’expliquer. Puis je me suis souvenue du chant des oiseaux, un chant qui n’avait jusqu’à l’heure jamais, ou tout du moins selon mes souvenirs, bercé mes sorties hivernales. C’était donc pour cela que ce vent de nostalgie printanière avait soufflé ce jour-là ; et c’est ainsi lors d’une conversation anodine avec l’un de mes proches que je réalisais l’anormalité de la situation. « Avant, du mois de novembre au mois de mars, il nous était impossible de voir le bitume tant tout était couvert de neige. L’hiver c’était cette période de l’année durant laquelle l’homme, la nature et les animaux ralentissaient leurs activités, se reposaient, hibernaient » me dit alors l’un de mes proches. Que peut-on dire de ce repos lorsqu’un soleil radieux, accompagné d’une des plus douces températures pointent le bout de leur nez, que les oiseaux chantent et que les fleurs bourgeonnent ?

Ainsi, il semblerait qu’après avoir réussi à créer une société en décalage avec notre humanité, nous avons également réussi à faire de notre planète un lieu qui imite cette contradiction, cette hostilité à la nature. Certains considérerons ces changements comme normaux, le résumerons à une histoire de cycle voir à un changement désirable.

D’autres noteront cette anormalité et la nécessité de réagir en ralentissant, et j’en fais partie. Alors je me dis qu’il faut en parler, évoquer mes ressentis, connaissances et engagements personnels pour partager, diffuser, susciter des réactions. Parce que s’engager dans la dynamique du changement, dans la lutte contre le réchauffement climatique, ce n’est pas être utopiste, fou ou surréaliste au contraire ; c’est avoir l’audace de penser les choses différemment, de prendre ses responsabilités et de changer malgré une réalité et un futur compromis ou potentiellement sombre. Mais justement, faisons de cette incertitude la clé d’une ambition sans limite dans la création d’un avenir meilleur, marqué par plus d’humanité et de verdure.

L’écologie, le défi de l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique tant de termes vastes, complexes soulevant d’insolubles questionnements. C’est à mon sens l’une des équations les plus complexes de notre monde actuel, suscitant désaccord, méfiance, désintérêt, peur, une équation tant en contradiction avec nos modes de vie actuel qu’il en devient tentant d’abandonner toute tentative de compréhension ou d’action.

Comment inciter à une baisse de la consommation alors que le monde techno-industriel, maître de nos sociétés modernes, est toujours davantage dans la course à la croissance et à la consommation ?

Comment penser une transition écologique lorsqu’en réalité il s’agit d’une transition énergétique, déplaçant la consommation d’énergies fossiles vers la consommation de matériaux rares ?

Comment penser un changement viable dans un monde qui connaît une croissance démographique exponentielle ?

Comment reprendre le contrôle de nos vies alors même que nous sommes assaillis de contraintes, nécessités, besoins financiers ?

Comment trouver le temps et les ressources pour redonner à nos vies la simplicité et la nature dont elles ont besoin pour s’épanouir ?

Comment agir alors que les dangers semblent si loin et hypothétiques ?

Comment imaginer et créer un autre monde que celui dans lequel nous avons toujours vécu ?

Quelle crédibilité personnelle ai-je sur ces sujets ?

Tant de questions qui soulèvent de nombreux problèmes, mais cela ne signifie pas que les solutions n’existent pas, cela signifie simplement que la réponse doit être collective pour engendrer un impact proportionnel à la cause elle-même : notre planète, notre humanité, notre vie à tous. Questionnons-nous alors : le progrès doit-il nécessairement résider dans l’idée du pas en avant ? N’a-t-on pas atteint les limites d’un système de consommation et de confort néfaste pour notre ensemble ? Ne serait-il pas venu le moment de considérer le pas de côté comme le véritable progrès vers lequel nous devons tous avancer ?

Ce texte a ainsi pour ambition d’évoquer la cause écologique, d’en explorer certains de ses contours. Ce texte est une invitation à une action collective, à l’émergence d’une société qui tente coûte que coûte d’être reconnaissante et digne envers notre planète et envers nous-mêmes.

Réveillons-nous, effrayons-nous, agissons, changeons et vite ! Mais pour cela il faut comprendre et apprendre.

Je ne suis qu’une messagère parmi tant d’autres, une personne avec ses failles et ses contradictions mais qui ne peut persister dans l’inaction. C’est une invitation à ceux qui n’ont pas encore fait de faire et à ceux qui font de faire encore plus.

L’homme dévastateur

Réaliser notre impact est un premier pas essentiel vers l’action car si nous ne réalisons pas le mal que nous faisons, nous persisterons dans cette dynamique.

Prendre conscience des nombreuses inepties du monde actuel afin de s’imaginer un  monde dans lequel, si nous persistons dans l’inaction, tout ne sera que chaos et survie. Nous n’avons pas le temps, nous sommes occupés, nous avons besoin d’argent pour vivre ! Ne vous inquiétez pas, si nous continuons dans le déni, les catastrophes à venir feront de notre quotidien actuel un lointain souvenir, dans lequel nous aurons peut-être un reste de dérision pour rire de la futilité des priorités que l’on pensait nôtres.

C’est l’ensemble de notre système qu’il faut repenser, et jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour sauver notre monde ? Renoncer à manger de la viande, renoncer à voyager en avion, encourager nos déplacements à pied ou à vélo lorsque cela est possible, limiter nos consommations d’internet, résister aux tentations du capitalisme. Certains voient dans tout cela un effort, une contrainte ou même une privation injustifiée pour quelque chose qui n’existe pas pour eux, alors pourquoi ? Si vous êtes dans ce cas, dites vous que votre ignorance ne fait que nuire en réalité à votre propre situation, que ne pas prendre conscience, que persister dans ce modèle actuel de confort apparent ne vous mènerez en réalité qu’à encourager un système de destruction totale. Alors je le répète et je m’inclus dedans : réveillons-nous et prenons nos responsabilités. Soyons ambitieux, courageux, imaginons de nouvelles façons de vivre, soyons ouverts sur ce qu’il se passe dans le monde entier car il se pourrait bien que notre ami lointain du fin fond de l’Inde devienne notre voisin de pallier en bien plus de temps que nous ne l’aurions imaginé. Pourtant lui n’aura jamais consommé, faute de moyens, autant que nous autres occidentaux mais ce sera l’un des premiers à subir les méfaits du réchauffement climatique.

Ainsi, tenter une lutte contre ce réchauffement c’est nous rendre acteurs et héros d’un monde meilleur à la fois pour notre santé mais également pour notre humanité. C’est renouer avec une nature si longtemps bafouée, contrôlée et même ignorée alors que sans elle nous ne pouvons exister. C’est aussi renouer avec l’humain et lutter contre les inégalités que nous avons créées.

Pollution totale

Nous avons construit un monde entièrement toxique, de l’agriculture à l’élevage industriel en passant par l’alimentation ultra-transformée, les pesticides, les matériaux de construction, les perturbateurs endocriniens dans les cosmétiques et les vêtements. Nous avons créé un système basé sur l’intensif et la consommation à outrance. Peut-être pourrions-nous avoir de la compréhension pour les plus vieilles générations qui ont vécu dans le besoin et la difficulté. Peut-être pourrions-nous encore avoir plus de compréhension et même d’inquiétude pour les jeunes générations occidentales qui n’ont connu qu’abondance et confort, car finalement ce sont à celles-ci qu’il faudra inculquer le contentement du strict nécessaire, l’apprentissage de connaissances plus élémentaires, déconstruisant le monde entier dans lequel elles ont grandi. Mais qu’importe, la réalité est telle que l’heure n’est plus à la compréhension, à l’empathie ou au rejet de la faute sur le voisin : nous sommes tous responsables et nous avons tous participé à la création de ce système. Nous pouvons déjà quantifier la destruction à laquelle nous participons chaque jour :

  • en 2030, 1 homme sur 2 sera stérile.
  • en Europe 100 000 enfants meurent chaque année d’une maladie causée par l’environnement.

Peut-être que cela vous fera vous questionner davantage sur l’ensemble des produits que nous utilisons : d’où viennent-ils, de quoi sont-ils composés ? En a-t-on vraiment besoin ?

Passons à une autre des inepties de ce système global, intensif et démesuré : le pétrole.

Or noir ou or toxique ?

A l’heure actuelle, le pétrole est la base de tout, nos transports et échanges reposent sur lui. Il nous approvisionne et maintient le fonctionnement de notre infrastructure toute entière. Nous avons réussi à nous rendre entièrement dépendants d’une énergie qui s’épuise et qui nous tue lentement. Nous en sommes si dépendants qu’une pénurie de pétrole engendrerait en quelques semaines la pénurie alimentaire des villes et l’extinction des réseaux et d’internet.

Mais alors que nous devrions l’éradiquer ou l’utiliser à d’autres fins salvatrices, nous persistons dans la course au bien être économique, à l’idée de croissance.

Le TRE, ou taux de retour énergétique, représente les infrastructures, la main d’oeuvre et l’énergie combustible utilisés pour obtenir le pétrole. Lorsque cette énergie est plus forte que l’énergie extraite, l’extraction même de l’énergie en question n’a pas de sens et c’est justement ce qui est en train d’arriver.

Un exemple frappant peut en faire l’état : aux USA en 1900 le TRE était de 100/1 c’est-à-dire que pour une unité engagée on en recueillait 100. A l’heure actuelle, il est à 11/1 alors que le TRE nécessaire pour soutenir notre mode de vie actuel devrait être de 12/1. En moins de 2 ans, ce TRE pourrait baisser à 5/1 c’est-à-dire que l’on pour 1 unité engagée nous en recueillerons 5.

Ainsi, non seulement l’extraction du pétrole ne pourra plus soutenir nos modes de vie actuels mais en plus son utilisation tue notre humanité et notre planète. La seule solution viable serait d’utiliser ce qu’il reste de cette énergie fossile dans le développement des énergies renouvelables (qui reposent elles-mêmes sur le pétrole pour être mises en place) tout en acceptant de modifier nos façons de vivre et de consommer, car le modèle énergétique à venir ne pourra pas soutenir ce système de consommation.

Évoquons désormais notre système alimentaire, les chiffres devraient être percutants.

Viande à tout prix, gaspillage alimentaire et exotisme farfelu

La production de viande pollue énormément notre planète en ce sens qu’il faut 15 000 litres d’eau pour produire 1 kg de viande. Aujourd’hui, un français mange 89 kg de viande par an, soit deux fois plus que ses grands-parents.

Le secteur de l’élevage est l’un des plus grand producteur de gaz à effet de serre, il est responsable de 14,5% des gaz à effet de serre mondiaux c’est-à-dire plus que le secteur des transports.

L’élevage intensif a engendré une baisse énorme de la qualité de la viande, a même été classé comme cancérigène probable par l’OMS en 2015, au même rang que l’amiante et est à l’origine de l’épidémie d’antibiorésistance qui sévit depuis 15ans. En vous souhaitant un bon appétit devant votre jolie steak frites du jour, peut-être vous rappellerez vous que ce bout de viande que vous ingurgitez avec une frénésie qui n’a d’égal nulle autre pareille contient très probablement tout autant de chimie et de souffrance qu’il est possible d’imaginer.

D’ailleurs, c’est sur ce sujet éminemment sensible que je me confronte à d’énormes résistances parfois aussi infondées qu’ignorantes. La liberté de chacun reste le fondement sur lequel nous devons toujours rester. Pour autant, j’aimerais intimer à toutes ces personnes qui ne peuvent pas réduire au moins un peu leur consommation hebdomadaire de viande sous prétexte d’une nécessité biologique, physique, gustative, qu’un jour viendra ou ils pourraient en être nécessairement contraints par une planète réduite au chaos.

Aussi étais-je ravie de lire, dans le livre « Les chances qu’il nous reste » d’Erwann Menthéour que l’idée que l’homme est, par nature carnivore est fausse. La science le considère plutôt comme omnivore puisqu’il possède des intestins d’herbivores avec des organes digestifs longs (7 m2 contre 1 m2 pour les carnivores), les herbivores ayant besoin que les aliments restent en stagnation pour absorber les nutriments.

Ce constat est d’autant plus vrai qu’en observant les mâchoires et notamment les premières canines des premiers hommes, ces dernières étaient inadaptées à la consommation de viande. La pratique de la chasse était exceptionnelle et l’homme vivait essentiellement de la cueillette. La consommation de viande se serait en fait développée que dans les régions froides avec un climat plus hostile et un environnement pauvre en végétation.

Au-delà de la problématique liée à l’élevage intensif existe la problématique liée à l’intensivité de nos consommations alimentaires. Comme nous avons les yeux plus gros que le ventre, nous produisons et achetons plus que ce que nous sommes capables d’ingérer ou de conserver. Alors nous gaspillons chaque année 10 millions de tonnes de nourriture et cela a un impact carbone estimé à 15,3 millions de tonnes de CO2.

Enfin, comme nous avons des goûts exotiques, nous faisons importer des produits du monde entier. La mondialisation de notre alimentation est un désastre autant pour notre environnement que pour notre santé. Certains argueront que cette économie globalisée fait vivre de nombreux pays. Je les invite alors à regarder les conditions de vie de nombreuses populations d’Afrique. Un récent article de l’OBS évoquait d’ailleurs la famine qui y règne notamment en raison des événements climatiques de plus en plus dévastateurs : le cyclone Idai a causé des inondations au Mozambique, au Zimbabwe, au Malawi et la hausse des températures impactent les récoltes. Peut-être devrions-nous pensez à cela lorsque l’on achète une mangue, une banane ou autre mets exotiques.

Évoquons désormais un autre pollueur de taille et l’un des plus grands défis à venir.

L’insoupçonné Internet

Internet est le 3ème consommateur d’énergie après la Chine et les USA. Cela est d’autant plus préoccupant lorsque nous savons que notre société se dématérialise toujours davantage, que les données enregistrées deviennent de plus en plus importantes. A titre personnel, je peux dire que c’est l’un de mes plus grands défis. Etant née avec internet, c’est un outil tout à fait naturel et quasiment indispensable à mon quotidien, sans évoquer les technologies dans leur ensemble. Toutefois, je me suis dernièrement interrogée sur les effets pervers de ces technologies toujours plus précises, puissantes, « aidantes » et la nécessité de poser des limites.

Opérer le même constat avec internet est nécessaire. Certes c’est un outil de partage et de connaissances qui présentent d’innombrables avantages, mais notre pratique actuel de ce dernier n’est plus vraiment basée sur un simple principe de nécessité. Il est également un outil puissant de divertissement qui nous contrôle toujours davantage, atrophie notre cerveau, diffuse les rumeurs et fausses informations tout en participant à notre perte d’humanité. Alors là aussi, nous parvenons aux limites de ce système qu’il faut questionner et encadrer.

Qu’en est-il de ces fameux Data center, ces regroupements des serveurs informatiques des géants de la tech notamment de Facebook, Apple, Google qui disposent de onze foyers de production de charbon ? Il s’avère que ces deniers produisent 50 fois plus de CO2 que les autres énergies fossiles. Alors finalement, utiliser internet, le web, les applications c’est également être un pollueur de taille et pour cause : visionner une vidéo en streaming représente la consommation annuelle d’électricité d’un réfrigérateur, inspirant n’est-ce pas ?

Continuons dans le principe du divertissement en évoquant un autre pollueur de taille.

Tourisme de masse

Les bateaux de croisières font partie des plus polluants. Le leader mondial, Carnival Corporation, émet plus d’oxyde de soufre que l’ensemble des 260 millions de voitures du continent.

L’aviation est aussi l’un des modes de transport les plus polluants puisque par trajet, un avion émet 125 fois plus de dioxyde de carbone qu’une voiture individuelle. En plus du CO2, l’avion répand d’autres substances accentuant le réchauffement climatique.

Cela est sans évoquer les désastres que provoque la sur-fréquentation de sites touristiques à succès sur l’environnement et la biodiversité.

Monde chamboulé et chamboulant

C’est à ce moment précis que nous devons nous projeter dans un monde jusqu’alors inconnu, un monde digne d’un scénario apocalyptique. Je pense que la seule manière efficace d’activer réellement le changement collectif repose à la fois sur l’imaginaire d’un futur terriblement désastreux mais également sur la magnifique espérance d’un salut. La question est en réalité de savoir si l’homme est assez sage pour prévenir plutôt que guérir.

Ainsi, si nous persistons dans notre quotidien sans le moindre changement, sans le moindre petit sursaut de conscience, c’est un monde ravagé par tout un ensemble de phénomènes dont nous devrons nous accommoder.

Nous européens, seront certainement considérés comme terre d’accueil, puisque nous disposons d’un territoire moins exposé aux dérives du climat. Pour autant, cela ne signifie pas que nous continuerons à vivre normalement car nous serons déjà engagés dans le terrain de la survie. Nous ferons également face l’arrivée grandissante des migrants climatiques du monde entier ou du moins de ce qu’il en restera : entre sécheresse, fontes des glaces, élévation du niveau des mers et dégel du permafrost qui dégagera dans l’atmosphère du méthane, substance 34 fois plus puissante que le CO2, il se pourrait bien que le planisphère trouve sa représentation amputée d’un bon nombre de pays et d’une part importante de ses populations.

Mais avant cela, nous aurons déjà vécu des années de décadence terrible, subi une hostilité de la part de notre planète Terre encore méconnue par notre humanité, et nous ferons la guerre pour boire et manger.

Enfin, si malgré cela certains d’entre vous se complaisent dans l’idée qu’ils ne verront pas l’ensemble de ces catastrophes advenir, alors bien présomptueux et égoïstes vous serez puisque le futur reste par nature imprévisible et que j’ose espérer que vous avez tous une famille et des générations à venir. Celles-ci seront confrontées, sans nul doute, à ce combat. Ne voulez-vous pas tenter de les préserver un minimum ?

Mais alors que faire ?

Erwann Menthéour, auteur du livre intitulé « Les chances qu’il nous reste » nous invite à la désobéissance, et je ne peux qu’y adhérer. Selon ce dernier, tout est fait pour nous faire sentir inutiles alors que nous sommes les héros de cette crise. La société standardisée vers laquelle nous nous orientons toujours davantage rationnalise notre humanité d’une si forte manière que nous oublions que nous sommes capables de grands changements, que nous sommes acteurs de nos sociétés. « Désobéir, c’est renouer avec notre humanité » énonce Erwann Menthéour  et lorsque j’observe le monde actuel, tiraillé entre sa course à l’économie mondiale et à l’intelligence artificielle, creusant le fossé entre riches et pauvres et relayant l’homme à l’état d’automate de la machine, je me dis que cela est vrai.

Qu’implique donc cette désobéissance ? Des choses assez simples finalement, des choses qui auraient dû constituer la base d’un système éthique, transparent, humain.

Tout d’abord, il faut que nous nous obsédions avec la question climatique et notre empreinte carbone. L’ensemble de nos façons de vivre doit désormais s’organiser toujours davantage en fonction du réchauffement climatique.

Aussi, il ne faut évidemment pas penser que les Etats vont être acteurs d’un mouvement écologiste. La déclaration de Stockholm, depuis 1972, énonce que les problèmes liés à l’environnement n’ont plus la possibilité légale d’entraver le développement économique.  La messe est dite, et c’est d’ailleurs ainsi que nous observons que malgré la nécessité actuelle de promouvoir davantage les productions locales et de cesser les importations, notre président a encouragé l’accélération de la mise en place du CETA, dont nous savons qu’il livrera dans nos assiettes cette bonne viande américaine élevée aux OGM, pesticides et antibiotiques et qui est de surcroit 40% moins chère que la viande française !

Nous devons également cesser de perdre du temps à critiquer ou à se plaindre des injustices qui régissent le monde pour justifier nos inactions.

Nous devons agir au travers de notre rôle de consommateur, comme le disait Coluche « quand on pense qu’il suffirait qu’on arrête de l’acheter pour ne plus que ca se vende ». Nous avons un énorme pouvoir dans les choix de nos achats, faisons ainsi des choix conscients et avisés. L’exemple du bio illustre cela en ce sens que les grands groupes industriels ont fini par devoir respecter ces normes, à changer ses productions car le consommateur le voulait. Il en est de même avec le récent développement des produits alimentaires végétariens ou vegan et des produits en vrac. Le consommateur actuel devient de plus en plus conscient de certaines réalités et les industriels s’alignent : nous avons du pouvoir ! Alors imaginez si de surcroît nous arrêtions de consommer les produits ultra-transformés des entreprises les plus polluantes du monde, quel impact nous aurions ! Parmi les firmes les plus polluantes nous trouvons notamment Coca-cola, Univeler ou encore MARS. Cessons donc de donner du pouvoir à ces dernières !

Arrêtons de consommer tant de boeuf et de porc pour nous et pour notre planète.

Limitons notre usage d’internet et des achats technologiques.

Arrêtons ou diminuons drastiquement l’avion : il pollue 45 fois plus qu’un TGV.

Faisons évoluer notre vision sur le nucléaire en comprenant que malgré le problème des déchets radioactifs, il peut fournir une électricité ayant un très faible impact sur le climat, comparable à l’éolien ou au solaire.

Insufflons aux industriels qu’ils ont également tout à gagner à opérer une transition écologique : un rapport de 2006, initié notamment par David Stern ministre du budget au Royaume-Uni en 2006, avait évalué le coût de l’inaction en matière environnementale entre 5% et 20% du PIB mondial contre 1% si nous agissions. L’augmentation de la fréquence des événements météorologiques extrêmes tels que les inondations, sécheresses, la perte des écosystèmes ou encore les réductions des rendements agricoles nuiront nécessairement à leurs activités. Cet argument peut être un moteur d’une mobilisation inattendue.

Aux individus lambda, votre porte-monnaie est un véritable pouvoir, et savoir quels systèmes vous encouragez par le biais de vos achats peut vous rendre acteur, héro de taille dans ce combat.

Aux ingénieurs, scientifiques ou toute personne ayant des connaissances techniques en la matière : faites-nous peur, vulgarisez les concepts, participez à la prise de conscience et aidez-nous à imaginer nos alternatives !

Aux personnes éminemment riches, votre pouvoir est grand, aussi votre devoir de contribution devrait l’être tout autant.

C’est par 6 que nous occidentaux devons diviser notre mode de vie, alors nous avons du pain sur la planche. Je terminerai en citant la figure du changement en matière de climat, celle qui a rassemblé et agit bien plus que d’éminents personnages politiques n’ont été capables de le faire et ne feront jamais: Greta Thunberg. « Nous avons déjà réglé la crise climatique. Nous savons précisément ce qu’il faut faire. Il ne nous reste plus qu’à nous décider. Economie ou écologie ? Nous devons choisir (…). Car quand le dioxyde de carbone de notre inaltérable société macho atteint les couches supérieures de notre atmosphère et tape littéralement le plafond, quand la loi disant que tout doit grossir, aller plus vite, augmenter, s’oppose à notre survie collective, un nouveau monde se profile ; il n’a jamais été aussi près maintenant ».

Article d’Alexia de Rechapt, promotion 2019-2020 du master IESCI

Bibliographie/Webographie

Erwann Menthéour « Les chances qu’il nous reste »

Greta Thunberg, Svante Thunberg, Beata Ernman Malena Ernman « Scènes du coeur »

https://www.breakfreefromplastic.org/wp-content/uploads/2019/10/branded-2019-web-FINAL-v2-1.pdf

https://www.nouvelobs.com/monde/20200116.OBS23569/la-famine-menace-45-millions-de-personnes-dans-les-pays-d-afrique-australe.html

https://youtu.be/f1_qQDwTmBA?fbclid=IwAR24DqQU5Xi-d-MqRDxfKNJXapk1BGt_1qpbdq1cIRXh7Fi1t33QpGTo0-s

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