Asie Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Mon, 14 Dec 2020 13:44:06 +0000 fr-FR hourly 1 Les défis stratégiques des relations BRICS-Afrique pour les pays d’Afrique subsaharienne https://master-iesc-angers.com/les-defis-strategiques-des-relations-brics-afrique-pour-les-pays-dafrique-subsaharienne/ Mon, 14 Dec 2020 13:44:06 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3329 L’Afrique est présenté par des articles et des économistes comme un continent d’avenir. Face aux enjeux mondiaux de protection de l’environnement, de développement durable et inclusif, et de sécurité, la place de ce continent en perpétuel devenir est sujette à… Continuer la lecture

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L’Afrique est présenté par des articles et des économistes comme un continent d’avenir. Face aux enjeux mondiaux de protection de l’environnement, de développement durable et inclusif, et de sécurité, la place de ce continent en perpétuel devenir est sujette à réflexion. La prophétie sur le brillant avenir de l’Afrique est mise en avant depuis tellement longtemps qu’elle en devient un mythe, bien que basé sur des indicateurs comme :

  • La poussée démographique qui prévoit une multiplication par 11 de la population africaine en un siècle, passant de 287 millions à 2,5 milliards d’habitants de 1950 à 2050 avec une population très jeune (plus de la moitié aura moins de 25 ans).
  • Les terres arables estimées à plus de la moitié des terres propices à l’agriculture dans le monde, et dont 80% restent à exploiter.
  • Les ressources minières non exploitées, estimées à 30% des ressources minières mondiales par le rapport 2020 de la Rand Merchant Bank sur l’investissement en Afrique, avec de faibles taux de main d’œuvre et une croissance rapide du secteur minier.

Les pays les plus côtés sont l’Afrique du Sud, première puissance minière du continent, le Nigéria premier producteur de pétrole brut en Afrique, le Botswana premier producteur mondial de diamant, la République démocratique du Congo surnommée scandale géologique tant son sol est riche en cobalt (60% de la disponibilité globale), la Namibie avec le diamant le cuivre et l’uranium, la Guinée couvre à elle seule 95% de la production de bauxite du continent, le Ghana producteur de bauxite de manganèse de diamant et de cacao, le Burkina-Faso dont la production annuelle d’or est passée de moins d’une tonne à 60 tonnes entre 2000 et 2020, le Cameroun producteur de bauxite de Nickel et de fer, et le Niger qui approvisionne le continent en uranium à hauteur de 44% et exporte 40% de sa production.

Ces indicateurs sont donc bien réels. Pourtant, la réalité montre aussi que le continent compte la plupart des pays en voie de développement, sous-développés et pauvres. Le Niger, le Burkina-Faso, la République Démocratique du Congo et la Guinée sont en tête de liste des pays les plus pauvres du monde. Se pose alors la question de la pertinence des indicateurs pour un continent en développement. Prenons l’exemple du World Happiness report, publié par l’ONU depuis 2012, qui classe 156 pays selon le degré de bonheur de leurs citoyens. Ce classement se base sur une enquête dont l’objectif est d’accorder plus d’importance au bonheur et au bien-être en déterminant comment réaliser et mesurer le développement social et économique. Les facteurs inclus l’environnement social, le degré d’urbanisation, le bien-être humain… ce qui explique le fait que l’Afrique manque au rendez-vous si l’on considère ses réalités. En effet, soixante années après la vague d’indépendance des pays africains dans les années 60, le bilan est lourd : Manque d’infrastructures sociales (hôpitaux, écoles), crise politique, corruption, inégalités, 41% de la population du continent est dans une situation de pauvreté extrême. Selon Guy GWETH, responsable du Doing business in Africa et président du centre africain de veille et d’intelligence économique (CAVIE), il faudrait réactiver le conseil de tutelle de l’ONU pour encadrer l’Afrique. Il préconise, dans un entretien donné à Financial Afrik, de mettre l’Afrique sous la tutelle de l’ONU sur 30 ans pour fournir un cadre, des normes et un arbitre indépendant à la jeunesse africaine en effervescence.

Le contraste qu’il y a entre les capacités de production de matière première de ces pays et leurs capacités à créer et à redistribuer la richesse, montre un handicap stratégique. De plus, le renforcement des relations internationales entre l’Afrique et les pays émergent (BRICS) questionne la place et le rôle du continent dans l’ordre économique mondial actuel. Si depuis plusieurs années les pays d’Afrique de l’Est comme l’Ethiopie et le Rwanda font des pas de géants en termes de développement, la route est encore longue pour instaurer des partenariats gagnant-gagnant avec les pays émergents et les pays développés. Concrètement, quelle est la nature des relations liant l’Afrique aux pays émergents ? Comment le continent peut-il s’appuyer sur ses relations internationales et ses atouts pour construire un développement stable et constant, nécessaire à l’équilibre mondial ?

La diplomatie sino-Africaine

Les relations entre l’Afrique et la Chine (premier partenaire des pays africains, échanges commerciaux évalués à plus de 200 milliards de dollars américains), nouées depuis plus d’un demi-siècle par les démarches diplomatiques de Zhou Enlai, sont souvent perçues comme une autre ruée vers le continent. Elles sont basées sur les principes d’égalité, d’aide, de respect de souveraineté et de bénéfices mutuels. En se présentant comme un pays en voie de développement (aujourd’hui le plus grand pays en développement), la Chine a créé un climat de confiance et d’empathie avec ses partenaires, qu’elle choisit pour des relations constantes sur le long terme. Ces relations, autrefois concrétisées par des actions humanitaires puis culturelles avec la création d’une soixantaine d’instituts Confucius et la multiplication des bourses accordées à plus de 120.000 étudiants africains, ont évolué vers des fusions-acquisitions et des financements de projets. La construction d’infrastructures s’est ajoutée à la quête de matières premières. La diplomatie sino-Africaine met en avant la non-ingérence dans les politiques des états au profit d’échanges commerciaux solides, stratégie vivement critiquée par les Etats-Unis. Il faut noter qu’avant de retrouver leur autonomie sur la consommation du pétrole, les Etats-Unis importaient 3 fois plus de pétrole d’Afrique que la Chine.

Alors que les chiffres corroborant le principe d’aide de la Chine aux pays africains sont quasiment insaisissables, l’idée reçue selon laquelle la Chine investit massivement en Afrique est très répandue. Les fusions dans les secteurs énergétiques et miniers ne sont pas aussi conséquentes que les financements de projets, générateurs de dettes. Les investissements chinois sont loin derrières ceux des pays Européens (comme la France et le Royaume Uni) partageant avec l’Afrique un passé colonial. Les rapports de certains pays africains avec ces derniers se réduisent, tandis que la Chine, qui a souvent joué sur les relations géopolitiques internationales pour attirer ses alliés, accueille dans son équipe les pays à fort potentiel « mis à l’écart ». C’était déjà le cas avec l’Egypte en 1963 après les conflits découlant de la nationalisation du canal de Suez, avec le Mali et le Ghana qui avaient rejeté le projet du Général de Gaulle de création d’une communauté des Etats africains. L’approche Chinoise porte la marque d’une stratégie hautement pensée en phase avec sa volonté de souveraineté et ses objectifs de développement à l’horizon 2049 pour le centenaire de la révolution de 1949.

Les relations Russo-Africaines

L’union Soviétique est à l’origine de l’initiative d’indépendance des pays colonisés adoptée par les Nations Unies en 1960. Les relations russo-africaines, également de longue date, marquées par des relations diplomatiques depuis le moyen âge, se sont développées dans les années 1950 avec les programmes d’échanges formant des diplomates, des dirigeants et des experts. Ces relations se sont estompées avec la chute de l’union soviétique avant que les liens ne se resserrent en 2006 puis ne se renforcent avec les sommets des BRICS. La fin de la guerre froide a sonné le glas des inégalités entre Etats. Ayant une place très importante dans les BRICS par sa présence active à l’ONU, au FMI, à l’OMC et dans les alliances, la Russie occupe une position d’influence et mène une stratégie de capitalisation de ses avantages sur l’échiquier mondial notamment dans le secteur de l’énergie. Elle renforce ses relations avec l’Afrique depuis l’arrivée de l’Afrique du Sud en 2011 dans les BRICS. Au cours des 5 dernières années, le commerce entre la Russie et l’Afrique a doublé.

Le 23 Octobre 2019 s’est ouvert à Sotchi le premier sommet Russie-Afrique, dont la devise était « pour la paix, la sécurité et le développement » co-présidé par Vladimir Poutine et Abdel Fattah Al-Sissi, président de l’Egypte. Cet évènement inédit dans l’histoire de la Russie moderne a rassemblé 6000 participants et des représentants de 54 Etats Africains dont 45 chefs d’Etat. 92 accords, contrats et mémorandum d’accord ont été signés sur les exportations et le commerce extérieur, la coopération internationale, les hautes technologies, le transport et la logistique, l’extraction de ressources minérales et l’exploration pétrolière et gazière, les investissements et les activités bancaires pour une valeur de 1004 billions de RUB. Dans une interview publiée par l’agence de Presse Russe Tass à la veille du sommet, le président Russe a mis en avant la proximité historique avec le continent et ses pratiques sans exigence politique avant de dresser la liste des pays concurrents désirant nouer des accords avec l’Afrique. Il a cité l’Europe, les Etats-Unis, la Chine, la Turquie, les pays du Golfe, la Corée, Israël, l’Inde, le Brésil. Ce dernier adopte la même stratégie que la Chine, pour nouer des relations économiques et stratégiques avec le continent, en évoquant un passé commun avec les pays africains. Tandis que l’Inde, comme la Russie, évoque les relations de longues dates avec les pays d’Afrique de l’Est à l’instar de la Tanzanie, du Kenya et de l’Ouganda, et les pays d’Afrique de l’Ouest.

Les pays émergents esquissent leur avenir avec l’Afrique à coup de stratégies sans s’abstenir de lui rappeler son passé. Cette approche stratégique de soft power (avec la collaboration de la société civile, des médias et des entreprises) et de diplomatie économique semble porter ses fruits auprès des dirigeants africains à en croire les conclusions d’accords à foison. Si le président Russe a parlé de concurrents c’est parce qu’il existe effectivement un marché. Mais quelles sont les stratégies des pays africains sur ce marché ? les atouts ambivalents que sont la jeunesse de la population et les ressources naturelles ne sont pas exploités de façon à sortir ces pays de la pauvreté.

L’Afrique n’est pas un pays

Pour bénéficier d’un partenariat gagnant-gagnant il est nécessaire d’avoir une stratégie claire. L’une des raisons pour lesquelles le continent peine à mettre en place une stratégie qui lui permettra de maitriser ses interactions avec le reste du monde est que l’Afrique n’est pas un pays. Ces 54 pays n’ont pas les mêmes avantages compétitifs. Ils se différencient également par leur culture, leur histoire et leur langue. Avant d’intégrer la stratégie d’une union, chaque pays doit poser les bases de sa propre stratégie par rapport à ses objectifs et ses besoins. Certains pays comme le Ghana et la Côte d’Ivoire sont de bons élèves. Ces deux pays de l’Afrique de l’Ouest, classés au top 20 des marchés ayant le plus grand potentiel de croissance future du commerce, se sont mis en commun face aux industriels depuis 2019 sur le marché du Cacao.

Ayant compris que le tout est supérieur à la somme des parties, ces pays, produisant à deux 70% de la production mondiale de cacao, avaient réussir à obtenir de leurs acheteurs une prime de 400 dollars/tonnes à partir de la campagne d’octobre 2020. En septembre dernier, la Côte d’Ivoire a démarré la construction de deux usines de transformation de cacao à Abidjan (la capitale) et à San Pedro (port cacaoyer) dans l’optique de porter la transformation de fève de cacao sur le territoire de 500.000 à 1 millions de tonnes. Ce projet est soutenu par un prêt chinois de 216 milliards de Francs CFA (plus de 300 millions d’euros). En contrepartie la Côte d’Ivoire devra destiner 40% de sa production à des usines chinoises. La création d’emplois que génère ces infrastructures cadre avec d’une part, les objectifs de la Chine de passer un cap de sa stratégie manufacturière créatrice de main d’œuvres en tenant compte de la dynamique démographique de l’Afrique afin d’éviter une poussée migratoire, et d’autre part avec l’objectif Ivoirien de garantir des revenus à la population.

Le plus grand défi commun des pays africains est la réduction de la pauvreté. Pour cela il faut non seulement lier les échanges internationaux aux besoins d’infrastructures et de développement, mais aussi à une prise de conscience collective. Des rapprochements privé-publique-para publique aux niveaux nationaux sont nécessaires, ainsi qu’une intégration régionale et des « batailles » en front commun. Au-delà de créer des emplois, les pays devraient soutenir les PME, faciliter l’accès au capital aux jeunes, débiteurs des dettes générées par les emprunts consentis auprès des pays émergents, qui souhaitent entreprendre et innover, promouvoir les capacités de production, lutter contre les inégalités et la corruption, investir dans l’éducation, et le plus important fédérer les populations autour des états et de leurs institutions. Il faudrait mettre en place des politiques publiques afin d’aboutir à un développement inclusif. Les gouvernements n’ont pas à porter tout seul la responsabilité du développement. Aussi il faudrait instaurer des climats de confiance interne dans chaque pays, gage nécessaire à la culture de la résilience chez les peuples.

L’Afrique a la capacité de faire face à ses défis. Les pays ont leurs destins en main et se doivent d’avoir des stratégies compétitives claires sur la base de leurs histoires et de leurs cultures, en mettant à contribution leurs experts ayant bénéficié de formations de qualité dans des domaines variés, dans le cadre des programmes d’échanges. Il est nécessaire de reconnaitre et de valoriser le patrimoine culturel pour se distinguer. Mettre en place des indicateurs d’évaluation compatibles avec les réalités des pays. Enfin, les pays africains doivent brasser large pour pouvoir atteindre leurs objectifs en même temps que les objectifs mondiaux de protection de l’environnement. Il n’est pas question de rattraper un retard mais de poser de bonnes bases pour se réinventer.

Par Colette Armandine AHAMA, promotion 2020-2021 du M2 IESCI

Bibliographie et sources

Arkhangelskaya, Alexandra. « Le retour de Moscou en Afrique subsaharienne ? Entre héritage soviétique, multilatéralisme et activisme politique ». Dans Afrique contemporaine 2013/4 (n° 248), pages 61 à 74.

Chaponnière, Jean-Raphaël. « Un demi-siècle de relations Chine-Afrique Évolution des analyses ». Dans Afrique contemporaine 2008/4 (n° 228), pages 35 à 48.

https://fr.statista.com/statistiques/917055/pays-les-plus-pauvres-monde/

https://worldhappiness.report/

https://summitafrica.ru/fr/

https://www.tunisienumerique.com/interview-de-vladimir-poutine-a-loccasion-du-sommet-russie-afrique/

https://www.sc.com/en/media/press-release/our-new-trade20-index-reveals-the-rising-stars-of-global-trade/

Pour aller plus loin

https://www.diploweb.com/La-Chine-et-ses-objectifs-geopolitiques-a-l-aube-de-2049.html

https://ressources-magazine.com/actus/mines-ou-investir-en-2020%E2%80%89/

https://www.rmb.co.za/landing/where-to-invest-in-africa

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/09/23/la-cote-d-ivoire-lance-la-construction-de-deux-nouvelles-usines-de-transformation-du-cacao_6053261_3212.html

https://www.financialafrik.com/2020/09/16/guy-gweth-il-faut-reactiver-le-conseil-de-tutelle-de-lonu-pour-encadrer-lafrique/

Sigles et Définitions

BRICS : sigle en Anglais désignant le rapprochement des 5 pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud)

ONU : Organisation des Nations Unies

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La stratégie de Total pour la Polar Silk Road https://master-iesc-angers.com/la-strategie-de-total-pour-la-polar-silk-road/ Sun, 06 Dec 2020 21:16:30 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3315 En septembre 2013, lors de sa visite au Kazakhstan, le président chinois Xi Jinping annonça la renaissance de « la route de la soie ». Il s’agit d’un titanesque projet de construction d’infrastructures reliant l’Asie, l’Europe et l’Afrique à tous les continents. … Continuer la lecture

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En septembre 2013, lors de sa visite au Kazakhstan, le président chinois Xi Jinping annonça la renaissance de « la route de la soie ». Il s’agit d’un titanesque projet de construction d’infrastructures reliant l’Asie, l’Europe et l’Afrique à tous les continents.  Ce projet touche absolument tous les secteurs.

Quand on évoque « la route de la soie », on pense à des infrastructures routières tels que des axes d’autoroutes, des voies maritimes, des voies ferrées, des ponts ou encore des aéroports. Mais cette nouvelle « route de la soie » est bien plus que ça. Ce nouveau projet intègre aussi le numérique, les zones industrielles, les infrastructures, des zones portuaires, ainsi que la construction de gazoducs, oléoducs, réseaux de fibres optiques et la production des énergies propres.

Cette nouvelle route de la soie est bien plus qu’une route. Elle est rebaptisée « One Belt, one Road Initiative », soit « Belt and Road Initiative-BRI ». Et comme son nom l’indique, son ambition est bien de faire un cercle tout autour de la terre.

Derrière la BRI se cachent donc les ambitions chinoises. Par le biais de la présence économique, de l’investissement, de la construction ou encore de l’extraction des ressources naturelles, la Chine crée une nouvelle zone d’influence et transforme l’Asie en une entité géante interconnectée et composée de 60 pays. A date, on dénombre 1 647 projets et 21 initiatives sous le sigle BRI (source : Reconnecting Asia), et le nombre de projets pourrait atteindre 7 000 d’ici 2050. Les montants investis se comptent en trillions. On parlerait de 900 à 4 000 milliards de dollars (selon : Deloitte). Avec de tels investissements, la Chine pourrait avant la fin du XXIe siècle, créer une super-région asiatique qui pourrait largement dépasser l’Union européenne en termes d’étendue, de dimensions et de potentiel économique. On estime déjà à ce que, dans dix ans, le volume du commerce dans le cadre du projet BRI atteigne 2 200 milliards de dollars (vs l’UE avec un niveau de 3 100 milliards de dollars) (source : The Conversation).

La BRI de ce fait pourra permettre à la Chine d’exploiter toutes les vastes ressources naturelles de l’Asie intérieure et de profiter des grandes régions énergétiques autour de la mer Caspienne et du golfe Persique. Ce qu’il faut retenir, c’est que la BRI contient un large volet sur l’énergie.

En effet, la BRI est un élément clé dans la stratégie énergétique de la Chine.

Les enjeux de la transition énergétique chinoise et l’autre route de la soie

L’étonnant paradoxe de la Chine est qu’elle est à la fois le plus gros pollueur de la planète et le premier pays producteur d’énergies renouvelables.

Pour resituer un peu le contexte, la Chine est sans doute le pays qui a connu les mutations les plus extraordinaires depuis le début des années 80 (et plus précisément depuis l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping en 1978). Si l’ère maoïste symbolisait une économie communiste fermée sur elle-même et en panne, le pays s’est ouvert, à l’arrivée de Deng Xiaoping, à la mondialisation. En moins de 30 ans, la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale, juste derrière les États-Unis et devant le Japon (en 2010, la Chine affichait un PIB 6 087 milliards de UDS, contre 5 700 milliards de UDS pour le Japon et 14 990 milliards de USD pour les États-Unis). Si elle est devenue le premier marché automobile, et est connue comme « l’usine du monde », la Chine est bien plus que ça. Elle a aussi rattrapé son retard dans les secteurs à haute valeur technologique comme l’IA, où elle affiche clairement son intention de devenir le leader mondial.

Pour atteindre cet objectif et garder sa croissance économique, la Chine aura besoin de quantités massives d’énergie.

Sa consommation a donc triplé entre 1990 et 2015, passant de 650 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) à 1 900 Mtep (à titre de comparaison, la France consomme 162 Mtep). En 2018, la Chine est le plus gros consommateur d’énergie avec 23,6 % de la consommation d’énergie primaire mondiale (source : Statista).
Ce grand bond économique chinois s’est appuyé sur le charbon, une source énergétique dont le pays dispose en grandes quantités. La Chine est non seulement le premier producteur mondial, mais aussi le premier importateur. La part du charbon dans le mix énergétique primaire était de 62 % en 2017 (contre 74 % au milieu des années 2000). Il assure 65 % de la production de l’électricité (contre 1,8 % en France et 30,1 % aux États-Unis en 2017).

Or, dès 2013, la Chine est confrontée à la question environnementale.

Le gouvernement a dû réagir face à « l’airpocalypse” des mégalopoles du nord du pays. Pékin avait été sévèrement touchée en automne 2013. Cet épais brouillard polluant a plongé toutes les mégalopoles du nord du pays dans le brouillard, obligeant la cessation quasiment de toutes activités pour 11 millions d’habitants. Le gouvernement a dû très rapidement prendre des mesures d’urgence (système de circulation automobile alternée, travaux de construction arrêtés, écoles fermées, etc…). Si la qualité de l’air ne s’améliorera pas de manière visible, l’environnement quant à lui est officiellement reconnu depuis comme un problème majeur.

De ce fait, dans une perspective de développement énergétique durable, si la Chine doit réduire sa consommation de produits pétroliers, ça ne peut pas être le cas pour le gaz naturel. En effet, Pékin doit réduire sa consommation de charbon, et le gaz naturel aide à faire reculer massivement les usages du charbon minéral dans les usages thermiques des industries et des ménages urbains.

Or la Chine n’est pas un grand pays producteur d’hydrocarbures et doit importer l’essentiel de sa consommation. D’après l’AIE (Agence Internationale de l’Énergie), les importations de GNL (Gaz Naturel Liquéfié) pourraient être équivalentes de ceux de l’Union européenne d’ici 2040. Cette situation de dépendance a donc une forte influence sur la géopolitique.

Par la BRI, la Chine peut renforcer sa flotte militaire et installer de nombreuses bases dans le monde. Ses investissements dans les ports du monde vont permettre de protéger les routes maritimes de son approvisionnement, et en même temps, de favoriser les débouchés de ses produits. La BRI permettra aussi d’accroitre ses approvisionnements de gaz avec l’Asie centrale et la Russie et de diversifier son approvisionnement.

La PSR (Polar Silk Road) ou l’autre route de la soie, nouvelle composante à part entière de la BRI, devient alors un élément majeur dans la stratégie énergétique de la Chine.

En effet, la rivalité entre les puissances concerne tout d’abord les hydrocarbures. Si les réserves mondiales de pétrole et de gaz s’épuisent, les réserves de l’Arctique sont estimées à près de 90 milliards de barils de pétrole, soit 15 % des réserves mondiales, et à 47 milliards de mètres cubes de gaz, soit 30 % du volume mondial total. Aujourd’hui, ces ressources restent difficiles à exploiter, mais, à terme, quand les ressources non conventionnelles seront épuisées, l’exploitation de l’Arctique deviendra un enjeu majeur.

Dès l’annonce de la BRI en 2013, il ne faisait guère de doute qu’à mesure que l’Arctique commençait à subir le changement climatique et l’érosion des glaces, le Grand Nord serait ajouté, aux côtés de l’Afrique, l’Europe et l’Eurasie, en tant qu’élément clé du réseau de routes commerciales et de partenariats économiques renforcés que la Chine cherche à développer.

L’enjeu de cette nouvelle voie maritime, le long des côtes polaires devenues de plus en plus navigables grâce au réchauffement climatique et à la fonte des glaces, est de pouvoir réduire de 40 % le trajet entre Rotterdam et Shanghai, et de concurrencer la voie surchargée du canal de Suez.

De ce fait, bien qu’elle n’ait aucune frontière avec l’Arctique, dès 2013, la Chine a réussi à se faire attribuer le statut d’observateur officiel au Conseil de l’Arctique, l’institution principale de cette région, fondée au lendemain de la Guerre froide et qui regroupe huit États : le Canada, le Danemark, les États-Unis, l’Islande, la Norvège et la Russie, la Finlande et la Suède.

En juin 2017, le document, intitulé “Vision pour la coopération maritime dans le cadre de l’initiative “Belt and Road”, a noté trois “passages économiques bleus” spécifiques essentiels pour le futur commerce maritime chinois BRI : la route Océan Indien-Méditerranée, de la route Océanie-Pacifique Sud et de l’Océan Arctique.

La Russie a été de loin le principal bénéficiaire des politiques de PSR, en raison de sa géographie, puisque la route maritime arctique la plus courte entre la Chine et l’Europe se trouve au nord de la Sibérie, et de divers types de coopération économico-politique. L’Arctique peut donc devenir un nœud majeur de la coopération sino-russe.

La plupart des accords économiques relatifs au PSR entre la Chine et la Russie ont été conclus dans le secteur de l’énergie, le projet GNL de Yamal, supervisé par la société russe Novatek (НОВАТЭК), en Sibérie occidentale étant le fleuron de cette coopération. La China National Petroleum Corp. (CNPC) détient une participation de 20% dans le projet, avec l’acquisition par le Fonds chinois de la route de la soie.

Dès mars 2011, Total s’engage en Arctique en coopérant avec Novatek (numéro deux du gaz russe). Et avec une participation de 20%, Total devient le partenaire de référence du projet Yamal LNG, et par là un acteur majeur du projet énergétique chinois.

Total dans l’enjeu énergétique chinois

Si l’histoire de Total en Chine commence dans les années 80 dès l’ouverture du marché chinois, la naissance de Total elle, date des années 20.

Groupe pétrolier Total a été fondé en mars 1924 par René Perrin sous la présidence d’Ernest Mercier. Elle est née sous le nom “Compagnie française des pétroles (CFP)”, le nom Total n’est apparu qu’en 1953. A l’origine, c’était une société mixte associant des capitaux d’État et des capitaux privés.

Ses activités couvrent l’ensemble de la chaîne de production, de l’extraction du pétrole brut et du gaz naturel à la distribution en passant par le raffinage.

Avec plusieurs fusions-acquisitions successives (Elf, Pétrofina) et sa privatisation en 1991, Total est devenu un groupe d’envergure internationale. Elle fait partie des six plus grands groupes pétroliers mondiaux ou “super majors”, aux côtés d’Exxon Mobil, Chevron, Royal Dutch Shell, ConocoPhillips ou BP.

Son aventure chinoise commençant dès les années 80, Total est donc présent en Chine depuis près de 40 ans. Le groupe a été la première société internationale d’énergie à s’implanter dans le secteur de l’exploration et du raffinage du pétrole et du gaz offshore en Chine. Total compte aujourd’hui 3 788 employés en Chine et est présent sur toute la chaîne de valeur de l’industrie énergétique chinoise.

Malgré tout, Total n’a pour autant pas « réussi » à pénétrer le marché chinois

L’Etat chinois contrôle ses marchés stratégiques, et particulièrement celui de l’énergie. Dans le marché du lubrifiant, les étrangers n’assurent que 15 % des ventes. Dans celui de la production de pétrole et de gaz, ils en assurent à peine 1,5 % et ne possèdent pas plus de 1 % des stations-service. A titre comparatif, Total compte 3 550 stations-service sur le marché français pour 310 stations-service sur le marché chinois.

Total entend donc pénétrer le marché chinois. L’environnement devenant une priorité nationale et exacerbé par « l’Airpocalypse » dès 2013, la Chine est devenue très active dans sa mutation énergétique. Elle devient en 2016 le premier producteur mondial d’énergie renouvelable (selon l’AIE). La France est très présente sur ce sujet avec notamment la création en 2018 de l’année franco-chinoise de l’environnement et Total veut participer à la mutation chinoise.

1er importateur mondial d’énergie, la Chine importe du pétrole et du gaz en provenance d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie du Sud-Est. 80 % de ces ressources passent par le détroit de Malacca. Ce taux illustre sa dépendance envers le détroit. Le risque persistant de piraterie dans la région, l’instabilité politique et les fréquents incidents terroristes mettent en péril la sécurité du transport du pétrole et du gaz chinois. Avec la mise en œuvre des Nouvelles Routes de la soie, la Chine accélérera non seulement son ouverture vers l’Ouest, mais améliorera aussi sa sécurité énergétique.

La Russie devient un partenaire stratégique pour Pékin et la participation dans la PSR et le choix sino-russe de Total n’est donc pas neutre.

Dès 2016, Total est très fortement appuyé par le gouvernement français dans le projet Arctic LNG (ou Yamal LNG 2, suite au projet Yamal LNG de 2011). Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, et son homologue russe, Alexeï Oulioukaïev, avaient à l’époque évoqué la possibilité d’inclure les banques françaises pour participer au financement du projet Arctic LNG de gaz naturel liquéfié.

Ce projet d’un peu plus de 21 milliards de dollars (environ 17,6 milliards d’euros) est l’un des plus grands projets de gaz naturel liquéfié (GNL) au monde.

Arctic LNG est porté par le groupe russe Novatek, Total et … des groupes chinois dont CNPC (China National Petroleum Corporation). L’entreprise française participe au projet à hauteur de 21 %. L’idée est de reproduire ce que les deux partenaires ont déjà accompli dans le Grand Nord russe, sur le site voisin de Yamal : bâtir une immense usine de liquéfaction qui permette d’exporter du gaz naturel vers l’Europe et l’Asie. Après extraction, ce gaz est refroidi sur place à – 163 °C et transporté par bateau à travers la PSR.

Cette méga-usine de gaz naturel liquéfié à Yamal est l’un des cœurs de cette nouvelle route. Arctic LNG a été lancée en décembre 2017 et le démarrage est attendu pour 2023. Les méthaniers passeront par la nouvelle PSR. D’après les estimations des spécialistes, lors des mois sans glace, le fret maritime vers l’est, en empruntant la PSR de l’Europe vers la Chine serait 40 % plus rapide que celui qui passe par le canal de Suez, ce qui permet de réduire de plusieurs centaines de milliers de dollars les coûts en carburant et de diminuer potentiellement les émissions de dioxyde de carbone de 52 %. Cette route est environ 10 à 15 jours plus rapide que la route traditionnelle qui passe par le canal de Suez. En fonction de la météo et de la période, la route est navigable sans navire brise-glace pendant une durée allant de 2 à 4 mois (source : Courrier International).

Le secteur parapétrolier hexagonal réalise plus de 90 % de son chiffre d’affaires à l’export ; dans le même temps, la Chine doit importer l’essentiel de sa consommation. Car la Chine a un taux de dépendance record en matière de pétrole qui a atteint 70,5% en 2018 (source : encyclopédie énergie); le pays est devenu le plus grand importateur de pétrole du monde. Et même si le gaz ne représente qu’un peu plus de 5 % de la consommation totale d’énergie primaire du pays, les importations ont fait un bond de 33 % en 2017. Le gaz étant nécessaire à sa transition énergétique, la Chine devrait devenir dans les prochaines années un acteur décisif sur le marché mondial du GNL.

Total est donc prêt et les dés sont jetés. Les enjeux sont énormes. Total est la seule référence sur le titanesque projet Arctic LNG. Ses méthaniers sont prêts à emprunter la PSR qui serait 40% plus rapide que le passage par le canal de Suez pour desservir les axes Europe, Amérique et Asie.

La volonté d’une économie chinoise plus verte, et surtout le choix de la PSR et de l’Arctique, pourraient être la clé pour Total pour pénétrer le marché de l’énergie chinois.

Par Thao Noet, promotion 2020-2021 du M2 IESCI

Sources

Jean-François Huchet « La crise environnementale en Chine », 2016

François Roche, La danse de l’ours et du dragon, édition François Bourin 2018

Total :  https://www.total.com

Novatek : http://www.novatek.ru/en/

CNPC :  https://www.cnpc.com.cn/en/

Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle_route_de_la_soie/

The Conversation

https://theconversation.com/la-nouvelle-route-de-la-soie-une-strategie-dinfluence-mondiale-de-la-chine-75084

https://theconversation.com/la-chine-a-la-conquete-des-poles-142342

Reconnecting Asia

https://reconnectingasia.csis.org/search/?q=nomber+of+projects

Courrier International

https://www.courrierinternational.com/article/geopolitique-la-russie-reve-dune-route-polaire-de-la-soie

Les Échos

https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/gnl-total-prend-10-dans-le-nouveau-projet-du-russe-novatek-995829

https://www.lesechos.fr/monde/europe/la-voie-polaire-la-route-de-la-soie-russe-1025873

Le Figaro

https://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/decryptage/les-nouvelles-routes-de-la-soie-le-projet-au-service-de-l-hegemonie-chinoise-20190326

All news

https://www.allnews.ch/content/points-de-vue/la-nouvelle-route-de-la-soie-un-rêve-hors-de-prix

Planète énergies

https://www.planete-energies.com/fr/medias/decryptages/chine-les-grands-equilibres-energetiques

Encyclopédie énergie

https://www.encyclopedie-energie.org/energie-chine-xi-jinping/

French China Org

http://french.china.org.cn/china/txt/2016-10/10/content_39457488.htm

In Finance

https://www.infinance.fr/articles/entreprise/societe-cotee-en-bourse/article-total-presentation-et-histoire-408.htm#histoire-du-groupe

Encyclopédie énergie

https://www.encyclopedie-energie.org/energie-chine-xi-jinping/

Usine nouvelle

https://www.usinenouvelle.com/article/total-se-place-dans-la-transition-energetique-chinoise.N1009684

Cercle finance.com

https://www.tradingsat.com/total-FR0000120271/actualites/total-total-accord-pour-une-coentreprise-en-chine-884367.html

L’antenne

https://www.lantenne.com/La-Chine-veut-une-route-de-la-soie-polaire-dans-l-Arctique_a41089.html

L’EnerGEEK :

https://lenergeek.com/2017/03/22/chine-pekin-gaz-naturel-production-delectricite/

https://lenergeek.com/2019/05/16/transition-energetique-gaz/

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Le soft power japonais : le « Cool Japan » sur sa dernière jambe ? https://master-iesc-angers.com/le-soft-power-japonais-le-cool-japan-sur-sa-derniere-jambe/ Thu, 26 Nov 2020 14:01:41 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3299 Le soft power est d’après Joseph Nye[1] un moyen pour un acteur politique, ici l’Etat, d’influencer le comportement d’un autre acteur sans avoir à passer par la coercition (hard power).  La plus grosse part du soft power ne vient pas… Continuer la lecture

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Le soft power est d’après Joseph Nye[1] un moyen pour un acteur politique, ici l’Etat, d’influencer le comportement d’un autre acteur sans avoir à passer par la coercition (hard power).  La plus grosse part du soft power ne vient pas directement de l’Etat mais de la culture ancrée dans la société du pays. Par exemple, Hollywood est un produit des films américains, la culture manga et animé s’est développée au Japon, et il en va de même pour la pop culture Coréenne. A cela on ajoute le prestige des universités et les différents systèmes éducatifs. Ce sont ce genre d’éléments qui permettent réellement la transmission de la culture d’un pays. Sur ce point, la Chine, avec son soft power basé sur les pandas et centré sur l’initiative du gouvernement, n’a selon Joseph Nye pas complétement saisie l’essence même du soft power.

En revanche, le pays du soleil levant, le Japon, est devenu ces dernières années une véritable puissance culturelle. Son utilisation du soft power afin de transmettre sa culture, lui a permis de prendre une part plus importante sur la scène internationale et dans l’esprit des citoyens du monde entier, comme un pays captivant. C’est un cas d’école sur l’utilisation du soft power et un exemple qui ne peut être omis quand ce concept est évoqué. Son application de l’idée se fait à partir d’une politique que le gouvernement appelle « Cool Japan ». Cette politique leur a permis d’accueillir la coupe du monde de rugby en 2019 et les jeux olympiques de 2020 (reportés à 2021).

Qu’est-ce que le « Cool Japan » ?

« Cool Japan » est une initiative qui a été mise en place par le gouvernement japonais afin de promouvoir sa culture dans le monde entier, c’est son application de la notion de soft power. Elle fait suite à l’article de Douglas McGray en 2002 « Japan’s Gross National Cool ». Cet article, très flatteur, a fait beaucoup de bruit à l’époque car il a mis en évidence la part grandissante de l’influence et du succès de la culture japonaise dans le reste du monde. Assez ironiquement, ce succès n’avait pas été remarqué par les premiers concernés. Dans l’article, McGray montre comment le japon est devenu depuis les années 80, une superpuissance culturelle. Il cite plusieurs exemples, comme le film d’animation « le voyage de Chihiro », premier film d’animation à gagner un oscar, ou alors Hello Kitty, qui réalise un chiffre d’affaire de plus d’un Milliard par an, ou encore Pokémon, diffusé dans 65 pays et traduit dans plus de 30 langues. Tout cela dans un contexte de crise économique japonaise, avec moins de 1% de croissance annuelle du PIB.

C’est grâce à cet article que le japon prend conscience de ses forces et met en place une politique de soft power. L’article a joué un rôle tellement important que le gouvernement a même décidé de réutiliser les termes employés dans celui-ci, d’où le nom « Cool Japan ».

A travers cette politique, l’Etat japonais « engage » des acteurs du secteur privé afin de promouvoir la culture japonaise au monde entier à travers divers moyens. La culture japonaise ne se limite pas uniquement à la pop culture, il faut également y inclure la culture traditionnelle, la gastronomie, etc. De larges sommes d’argent sont versées à ces acteurs afin d’entretenir la politique. On assiste alors à une vraie collaboration du secteur public et privé afin de suivre une stratégie nationale

Quels en sont les enjeux ?

La stratégie du « Cool Japan » se déroule en 3 étapes. Il s’agit premièrement de créer un boom japonais dans un maximum de pays, c’est-à-dire, susciter chez les résidents des pays un intérêt pour la culture japonaise, que ce soit au niveau traditionnel, gastronomique, sociétal etc… via la distribution et/ou la diffusion de média de tout genre. Deuxièmement, il s’agit de faire en sorte que cet intérêt, qui a été éveillé, se transforme en comportement de consommation de produits culturels afin de soutenir l’économie japonaise. C’est d’ailleurs à cause de cette partie de leur stratégie que les règles de droit d’auteur sont si strictes au japon, le contenu de leur média étant facilement piratable. Par exemple, les plateformes légales de diffusion d’animés font face à la compétition d’un bon nombre de sites pirates. Cette consommation sera soutenue et alimentée par la présence de commerces, d’évènements, et bien d’autres initiatives à travers le monde. Ce n’est pas la France, avec son statut de deuxième consommateur de manga, (derrière le japon), et sa Japan expo annuelle, qui réfutera l’efficacité de ces initiatives. Enfin, il s’agit d’attirer les individus sur le sol Japonais. Après leur avoir fait consommer les produits culturels, on les fait consommer localement. Cette dernière étape se réalise à travers le tourisme, par exemple avant la crise de la Covid-19, le Japon s’attendait à 30 millions de visiteurs, les partenariats de mobilité inter-fac. Tout cela dans l’objectif de stimuler l’économie.

Cette stratégie a aussi pour but d’améliorer la perception du Japon dans le monde, et de lui faire oublier son passé de pays impérialiste et totalitaire. En effet, même si le Japon est vu comme un pays pacifiste, qui aujourd’hui prône des idées telles que la paix et le dépassement de soi, il y a moins de 100 ans ce pays était l’un des trois partenaires principaux de l’Axe, avec l’Allemagne d’Hitler et l’Italie de Mussolini. Même si cette partie de l’histoire est vite oubliée en Occident, en Asie elle est encore bien présente dans les esprits, certaines victimes étant encore en vie. C’est là que le Japon rencontre l’une des premières difficultés auxquelles elle doit faire face, son histoire peu glorieuse.

Les défis du « Cool Japan »

Dualité entre concept et réalité historique

Malgré son rayonnement majoritairement positif en Occident, la situation n’est pas la même en Asie. L’histoire du pays du soleil levant est semée de guerre et d’atrocité que l’archipel a livré à ses voisins. L’idée que le concept de « Cool Japan » tente de renvoyer et la vérité de l’histoire, crée une dualité qui la rende difficile à accepter par plusieurs pays asiatiques. En effet, ce n’est que récemment par exemple, que la Chine a autorisé la diffusion de dessins animés japonais (animé) sur leurs chaînes télévisées. De plus, afin de correspondre à l’image renvoyée par le concept de « Cool Japan », certains artistes japonais, notamment des auteurs, vont jusqu’à nier et réécrire des faits historiques dans leurs œuvres, ce qui pour les victimes et les descendants des victimes est inacceptable.

Une sincérité remise en question

Au sein même du pays, l’initiative est de plus en plus critiquée, et la sincérité du gouvernement est remise en question. La corruption est décriée et soupçonnée au sein des agents impliqués dans la politique. En effet, de grosses sommes d’argent sont injectées dans la politique, argent donné par l’Etat à des acteurs privés dans le but de promouvoir la culture. Toutefois, des voix s’élèvent et crient à la corruption. Ils expliquent qu’au vu de l’écart entre les salaires médiocres que les travailleurs impliqués perçoivent par rapport à leur travail, (pour certain moins de 20 000 €/ an pour plus de 40h de travail), et ce qu’ils sont censés percevoir (par rapport aux sommes supposées être investies dans les projets), il est fort probable que l’argent entre directement dans les poches de leurs supérieurs. De plus, les artistes sont souvent écartés de leurs œuvres et n’ont pas leur mot à dire dans la réalisation de celle-ci, ni dans le partage des profits qu’elles rapportent.

Autre difficulté, plusieurs japonais déplorent l’hypocrisie du gouvernement. Aujourd’hui, dans la stratégie du pays, une communauté, nommément « otaku », est placée sous les feux des projecteurs. Toutefois, cette communauté avait depuis 1988 été mis au placard par l’Etat japonais et classifié comme des déviants suite à une série de meurtre de jeunes filles effectués par Tsutomu Miyazaki. Ce groupe accuse l’Etat de ne pas vraiment s’intéresser aux citoyens et de simplement profiter d’eux pour s’enrichir. On en revient donc à l’hypocrisie et la corruption de l’Etat.

La montée du soft power Coréen : « Cool Japan » face à l’« Hallyu Wave »

Le plus grand des défis et celui avec le plus gros risque pour le Japon, est la montée en soft power fulgurante de la Corée du Sud.

En effet, le Japon a jusque-là, c’est-à-dire pendant à peu près 30 ans, été la seule superpuissance culturelle en Asie. Cependant, ce monopole vient de prendre fin. Ces dernières années, la pop culture coréenne a saisi le monde entier par surprise et se propage à un rythme effréné. Même avec plus de 20 ans de longueur d’avance, les groupes de J-pop (Japanese pop) se sont vite fait dépasser par les groupes de K-pop (Korean pop), le plus connu étant BTS.

Cette comparaison, effectuée grâce à google trends, nous montre l’intérêt pour la pop culture japonaise (en rouge) face à l’intérêt pour la pop culture coréenne (en bleu) dans le monde. On voit non seulement un inversement en 2009, mais aussi que l’intérêt pour la pop culture coréenne a pris des ampleurs que le Japon n’a jamais connu.

Ce phénomène s’explique facilement par les approches très différentes des deux pays. Le Japon, avec son concept de « Cool Japan », est resté très nationaliste et ne se tourne pas vers le monde. Les produits sont faits par les japonais pour les japonais, prioritairement. Les moyens mis en place pour partager leur culture sont limités, et cet esprit se retrouve dans la définition donnée à leurs produits. Par exemple, les animés sont « des dessins animés fait par les japonais pour les japonais ». Malgré un intérêt grandissant de la population mondiale pour le style, cette définition et les moyens mis en place pour leurs diffusions n’ont pas évolué. Le Japon est malheureusement victime de son succès. Etant donné que « Cool Japan » rapporte de l’argent, le gouvernement ne voit pas pourquoi il faudrait le réformer.

La Corée du sud a elle aussi créé sa politique dérivée du « Cool Japan » qu’elle appelle « Hallyu Wave ». Contrairement à son homonyme, celui-ci est tourné vers le monde et tente de faciliter l’accès à la diffusion, et même à la création/participation des fans du monde entier. Par exemple, il est facile de trouver des titres de K-pop sur iTunes contrairement à des titres de J-pop. Il est aussi possible de publier sa propre histoire sur Webtoon[2] même si on n’est pas coréen. Ce sont ce genre de détails qui rendent la propagation du soft power coréen plus rapide et plus efficace.

Ce phénomène, (la Corée du sud dépassant le Japon), est potentiellement en train de se réitérer avec l’affrontement Webtoon manga. En effet, depuis 2014 on voit une progression stable et constante de l’intérêt pour les Webtoon. Cependant, l’intérêt porté sur les mangas est lui vacillant. La perte de cette position de leader dans ce secteur serait un coup dur pour l’économie japonaise et le concept de « Cool Japan ».

Cette comparaison, effectuée grâce à google trends, nous montre l’intérêt pour les Mangas japonais (en rouge) face à l’intérêt pour les Webtoons coréen (en bleu) dans le monde.

Conclusion

Grâce à la politique de « Cool Japan », le Japon était, et reste toujours la superpuissance culturelle d’Asie. Cependant, cette politique est de plus en plus décriée et fait face à de nouveaux challenges qui pourront déterminer sa pérennité. C’est dans cette optique qu’elle doit constamment se réinventer et ne pas se reposer sur ses lauriers, notamment la longueur d’avance qu’elle a pu prendre ces 30 dernières années.

Néanmoins, depuis la fin de l’ère Heisei[3], selon des bruits qui courent dans le monde politique, le Japon voudrait se défaire de son image de pays capable uniquement de manier du soft power, mais voudrait ajouter à son arsenal le hard power. Il chercherait, d’après eux, à redevenir un pays normal qui ne serait plus contraint par la constitution de 1947. Dans ce cas, les inquiétudes à peine calmées des pays avoisinant l’archipel ne feront que resurgir, et ce serait potentiellement la fin du « Cool Japan ».

Par Oluwafisayomi Agunbiade, promotion 2020-2021 du M2 IESCI

Sources:

Douglas McGray, 2002. Japan’s Gross National Cool https://foreignpolicy.com/2009/11/11/japans-gross-national-cool/

Etienne Dhuit, 2019. Le Japon veut en finir avec le « Soft Power » https://www.revue-internationale.com/2019/05/le-japon-veut-en-finir-avec-le-soft-power/

Joseph Nye 2016 Joseph Nye on soft power https://www.youtube.com/watch?v=_58v19OtIIg

METI, 2012.  Cool Japan Strategy https://www.meti.go.jp/english/policy/mono_info_service/creative_industries/pdf/121016_01a.pdf

Philippe Pons et Philippe Mesmer, 4 mai 2019.  Après trente ans de « soft power », le Japon veut devenir un « pays normal » https://www.lemonde.fr/international/article/2019/05/04/apres-trente-ans-de-soft-power-le-japon-veut-devenir-un-pays-normal_5458171_3210.html#:~:text=Japon-,Apr%C3%A8s%20trente%20ans%20de%20%C2%AB%20soft%20power%20%C2%BB%2C%20le%20Japon%20veut,ne%20soit%20plus%20uniquement%20d%C3%A9fensive.

Wikipédia Cool Japan https://fr.wikipedia.org/wiki/Cool_Japan

15 Avril 2019 Event Report: Japan as a Normal Country? Retrospect and Prospect  https://utsynergyjournal.org/2019/04/15/event-report-japan-as-a-normal-country-retrospect-and-prospect/

[1] Il s’agit de l’ère du précédent empereur du Japon, elle a pris fin le 30 avril 2019. Il s’agit du premier empereur de l’histoire à abdiquer avant sa mort

[2] Une plateforme sur laquelle de nombreuses histoires type manga sont publiées. Le terme peut aussi être utilisé pour décrire la version coréenne des mangas.

[3] Dans la vidéo du 22 février 2016 “Joseph Nye on soft power”

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Doing Development Differently https://master-iesc-angers.com/doing-development-differently/ Thu, 22 Mar 2018 16:42:09 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=2783 En 2016, d’après une étude d’ONG tech report, on estimait déjà le nombre d’ONG à plus de 10 millions. Au Canada, 84% de la population donne à des organisations non-gouvernementales par don individuel pour environ 446 dollars par an. Au… Continuer la lecture

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En 2016, d’après une étude d’ONG tech report, on estimait déjà le nombre d’ONG à plus de 10 millions. Au Canada, 84% de la population donne à des organisations non-gouvernementales par don individuel pour environ 446 dollars par an. Au total, on pouvait compter 10,6 milliards de dollars versés à des ONG chaque année par les canadiens. Si les ONG étaient un pays, elles auraient la 5ème plus grande économie au monde. Leur poids économique semble indéniable mais qu’en est-il de leur impact socio-économique ? D’un avis général, l’impact de l’aide publique et des acteurs de l’humanitaire n’est pas assez significatif comparé aux montants collectés pour leur action. Fort de ce constat, on assiste à une prise de conscience massive des différents acteurs, cela a mené à la conception d’un nouveau mode de fonctionnement des organisations humanitaires. Cet ensemble méthodologique vise à établir des actions plus flexibles et pratiques qui aboutiront à des résultats plus pertinents. Le mouvement, appelé « Do Development Differently » (pratiquer le développement autrement) est né de la volonté et de l’association de grandes OING (organisation internationale non gouvernementale) et d’institutions internationales telles que la Banque Mondiale ou le FMI (Fonds Monétaire International).

La naissance du mouvement

« La force du don humanitaire ne demeure pas que dans le montant, mais bien dans le bon emploi du montant. ». La question de l’efficacité des aides publiques et de l’action des ONG a toujours été au cœur des débats dans l’humanitaire et l’économie du développement. En août 2014, quelques cadres influents ont décidé lors d’un meeting d’organiser un atelier sur les questions de développement. Celui-ci sera tenu en octobre 2014. Des témoignages et contributions des différents acteurs sont ressortis les réels problèmes auquels font face les organisations non gouvernementales. En s’inspirant des programmes qui ont eu le plus d’impact, les participants ont rédigé un manifeste destiné à l’ensemble des secteurs concernés par les problématiques d’aide au développement.

De leur étude ressort 3 axes fondamentaux de changement qui mèneraient aussi bien sur le court terme que le long terme à un impact significatif des actions en matière de développement. Ces 3 ingrédients sont :

  • Travailler en fonction des problèmes locaux tout en étant informé du paysage politique en place
  • Etre entreprenant et plus adaptatif
  • Soutenir le changement qui reflète les réalités locales et dans l’intérêt uniquement local

La nouvelle méthodologie proposée par le mouvement DDD

L’une des principales causes d’échec des actions des INGOs est le manque de considération des réels problèmes auxquels font face les populations dans leur zone d’intervention. En effet, cela peut sembler évident mais c’est rarement la norme. La solution serait une approche qui identifierait les problèmes et serait pertinente dans son évaluation des remèdes possibles. Cela permettrait de s’éloigner des stratégies prêtes à l’emploi utilisées à tort et qui ne sont pas adaptées aux variations socio-économiques d’une zone. Trop souvent, le diagnostic révèle un sérieux défi sous-jacent à un problème humanitaire souvent lié au caractère de la politique locale. Par exemple, une étude de rupture de stock de médicaments au Malawi et en Tanzanie et des ressources pour la santé au Népal révèlent comment le pouvoir, les incitations et les institutions mènent à des lacunes chroniques dans l’offre. Il est difficile d’identifier des solutions réalisables à de tels problèmes, et ceux qui tentent de le faire se concentrent souvent sur les mauvais problèmes. Faire les choses différemment signifie comprendre ce qui est politiquement faisable et découvrir des moyens intelligents pour avancer sur des problèmes spécifiques.

  • Une approche « politically smart » des projets de développement

Aider n’est pas une chose simple. Pour ce faire il faut l’agencement de plusieurs facteurs ; le financement, la volonté de tous les protagonistes à réussir la mission, la conduite du projet et le suivi entre autres. De ce fait, un programme ou un projet ne saurait réussir sans que l’environnement cible ne soit correctement préparé et que tous les facteurs soient réunis.

Ainsi, faire le développement différemment implique une préparation préalable et une prise en compte globale d’un environnement. Les diverses études ayant montré qu’une grande partie de la réussite des missions dépend des institutions publiques locales, il faudrait améliorer le processus opérationnel des projets d’aide afin de rallier toutes les parties prenantes avant l’initiation effective. Par exemple, dans le cas des programmes de développement urbain, une étude réalisée par le cabinet Palladium montre les inconvénients de l’approche traditionnelle de l’aide au développement urbain et propose une nouvelle approche plus dynamique et pertinente. En effet, l’approche traditionnelle est trop rigide et technocrate, elle se base sur des institutions au niveau local qui sont fragmentées, ou dont la capacité de mise en œuvre et d’application est limitée par des pratiques informelles. De ce fait, Les processus de planification ont une faible crédibilité, et la consultation est symbolique, évitant les représentants élus, ce qui conduit à des résultats moindres de ces programmes. Le soutien des bailleurs de fonds contribue à cette mauvaise situation en créant des incitations perverses avec de grandes quantités d’«argent gratuit» fournies du haut vers le bas.

Palladium propose une nouvelle approche proactive déjà mise en pratique au Népal et au Nigéria qui consiste à supporter l’émergence d’un leadership local et la capacité de coordination. Ainsi, l’identification, la planification et la gestion des initiatives est pilotée par les acteurs locaux, avec leurs propres budgets. Ils doivent être prêts à investir leurs propres ressources ou en mesure de persuader les autres de le faire. C’est en quelque sorte soutenir l’émergence de la collaboration et des coalitions qui peuvent conduire le développement local. Faire cela aide à trouver des leaders avec suffisamment de volonté et de coordonner le pouvoir, et identifier les problèmes qui peuvent mobiliser une population suffisante dans différentes circonscriptions. C’est un processus beaucoup plus long et complexe que l’approche traditionnelle mais il a le mérite d’avoir beaucoup plus d’impact sur le moyen et long terme. Le processus est basé sur les grandes dynamiques de « faire le développement différemment ».

Un exemple de l’utilisation de cette stratégie est donné par le Département du Développement International (DFID) du gouvernement britannique à travers son programme State Accountability and Voice Initiative (SAVI) au Nigéria. L’objectif global consistait à améliorer l’engagement des médias dans la politique en jouant leur rôle de représentant des intérêts citoyens et en aidant les gouvernants à être plus réactifs et responsable envers les citoyens. Le programme doit sa réussite à son approche progressive et son partenariat avec les médias locaux existants. Le programme a ainsi identifié et s’est appuyé sur l’élan déjà existant des médias locaux, aider les médias à prendre conscience de leur rôle constitutionnel, les laisser diriger eux même certains aspects du programme et conclure des engagements aussi bien formels qu’informels.

  • Une approche étape par étape et proactive

Un certain nombre de programmes de développement échouent parce qu’ayant identifié un problème, ils n’ont pas de méthode pour générer une solution viable. Car les problèmes de développement sont généralement complexes et les processus de changement sont très incertains, il est essentiel d’engager des cycles pour faire, échouer, adapter, apprendre et (éventuellement) obtenir de meilleurs résultats. Cela nécessite des boucles d’actions solides qui testent les hypothèses initiales et permettent des changements à la lumière du résultat de ces tests. Quelques-unes des plus grandes réussites internationales en développement comme la politique industrielle sud-coréenne sont le résultat d’une volonté de prendre des risques et d’apprendre de l’échec. Alors que l’incertitude et l’imprévisibilité signifie que nous devrions prendre un certain nombre de « petits paris » et l’apprentissage par la pratique, l’approche traditionnelle fait exactement le contraire. En effet, des plans ambitieux et complets sont produits, fixant les détails d’une intervention à l’avance afin d’obtenir des prêts importants alors qu’intervenir dans certains des écosystèmes les plus complexes de la planète et sur les dynamiques humaines ne saurait être fait sans une flexibilité suffisante. Avec l’approche traditionnelle, les contraintes imprévues ne peuvent être surmontées, et des opportunités inattendues sont manquées.

  • L’apprentissage via la pratique étape par étape

En faisant toutes les analyses avant l’engagement local, on se retrouve toujours avec quelque chose qui semble idéal sur le papier, mais qui est en réalité impossible dans la pratique. L’analyse des priorités économiques devri donc se poursuivre à mesure que le programme avance. Ainsi, il faut chercher des problèmes communs qui nuisent à la croissance des affaires, et qui touchent la vie des résidents locaux, afin de travailler sur un certain nombre de petits projets à impact immédiat avec les acteurs locaux. Ceci aura des effets bénéfiques et contribuera à la réussite finale du programme. Certaines des initiatives réussiront et d’autres échoueront et c’est dans la pratique que l’on tirera des leçons importantes sur la façon de promouvoir l’action dans des endroits différents. Ce processus permet de faire de nombreux petits paris qui, en cas d’échec, ne nuiront pas fondamentalement au programme global, tout en assurant plus tard de plus gros paris sur la base de la faisabilité démontrée. Dans une culture où les désaccords directs sont rares, ce n’est souvent que lorsque les actions sont déjà menées que l’on comprend où se trouvent l’intérêt réel et la propriété des choses. De plus, s’il existait au préalable des initiatives locales réussies, celles-ci peuvent également créer de nouveaux modèles qui peuvent être repris ailleurs.

  • « L’adaptive management »

L’adaptive management est un concept utilisé originellement pour le management scientifique, celui-ci a ensuite été utilisé dans le management des ressources naturelles et écosystèmes. Récemment, la terminologie est utilisée dans les programmes internationaux d’aide au développement. C’est le résultat de la reconnaissance de la nature « vicieuse » de nombreux défis de développement et les limites des processus de planification traditionnels. L’un des principaux changements auxquels sont confrontées les organisations internationales de développement est la nécessité d’être plus flexibles, adaptables et axées sur l’apprentissage. Un exemple récent de l’utilisation de l’adaptive management par les bailleurs de fonds internationaux est le programme planifié d’apprentissage global pour l’adaptative management (GLAM) pour soutenir cette dernière dans le DFID et l’USAID. Le programme établit un centre d’apprentissage sur l’adaptive management pour soutenir l’utilisation et l’accessibilité de celle-ci. En outre, les donateurs se sont attachés à modifier leurs propres directives programmatiques pour refléter l’importance de l’apprentissage au sein des programmes : par exemple, l’orientation récente de l’USAID dans leurs directives ADS (forme de règlement intérieur) sur l’importance de la collaboration, de l’apprentissage et de l’adaptation. Le DFID a aussi vulgarisé les « Smart Rules » qui fournissent le cadre de fonctionnement de leurs programmes, y compris l’utilisation de preuves pour informer leurs décisions. Il existe une variété d’outils utilisés pour opérationnaliser l’adaptive management dans les programmes. Pour le moment le 1er défi est l’incorporation de ces nouvelles méthodologies à l’ensemble de l’organigramme des OING et grandes institutions internationales.

Collaborer, apprendre et adapter (CLA) est un concept lié à l’opérationnalisation de l’adaptive management dans le développement international qui décrit une manière spécifique de concevoir, mettre en œuvre, adapter et évaluer les programmes. CLA implique trois concepts :

  • Collaborer intentionnellement avec les parties prenantes pour partager les connaissances et réduire la duplication des efforts,
  • Apprendre de façon systématique en s’appuyant sur des données provenant de diverses sources et en prenant le temps de réfléchir à la mise en œuvre, et
  • Adapter stratégiquement en fonction de l’apprentissage appliqué.

Les pratiques du CLA ont montré des résultats tangibles ; par exemple, une étude de l’université de Bristol a récemment constaté que les entreprises «qui appliquent davantage de pratiques de leadership axées sur les données et adaptatives fonctionnent mieux» lorsqu’elles sont examinées par rapport à celles qui se concentrent moins sur ces pratiques.

De plus, il existe des preuves des avantages de la collaboration interne au sein d’une organisation et à l’extérieur avec les organisations. Une grande partie de la production et de la transmission des connaissances se produit par la collaboration. L’importance de la collaboration entre les individus et les groupes est aussi indéniable pour l’innovation, la production de connaissances et sa diffusion. L’importance de la collaboration est étroitement liée à la capacité des organisations à apprendre collectivement les unes des autres, un concept noté dans la littérature sur les organisations apprenantes, raison pour laquelle il est intégré dans les objectifs clés du « Doing Development Differently ».

En effet, en améliorant les interactions entre les différents acteurs du développement, on serait plus à même de déterminer les méthodes et les programmes qui ont le plus d’impact. L’adaptive management est ainsi basé sur l’apprentissage, la collaboration et la répétition de ce qui marche. Il est au cœur de la participation à la création de nouvelles routines organisationnelles au sein des organisations de développement.

  • « Faire le développement différemment » un mouvement qui gagne en ampleur

Le mouvement lancé par quelques acteurs à ses débuts en 2014 gagne de plus en plus en ampleur et pourrait bientôt être utilisé dans toutes les grandes organisations internationales pour le développement. Le manifeste du Doing Development Differently compte aujourd’hui plus de 400 signatures de représentants de 60 pays. Les concepts mis en œuvre deviennent la règle à respecter au sein des organisations. Cependant, ces réformes posent la question délicate du financement dans la mesure où pour l’obtenir il faut présenter un projet rigide qui ne colle pas avec la flexibilité et les techniques du DDD. Dès lors, la prochaine étape des réformes concerne les modalités de l’octroi des financements des grandes organisations de développement.

Par BA Abdoul, promotion 2017-2018 du Master 2 IESCI

Sources

http://foreignpolicy.com/2014/11/25/its-time-to-rethink-how-we-do-development/

http://doingdevelopmentdifferently.com

https://www.odi.org/sites/odi.org.uk/files/odi-assets/events-documents/5149.pdf

http://oxfamblogs.org/fp2p/ditching-the-masterplan-how-can-urban-development-become-politically-smart-locally-led/

http://savi-nigeria.org/wp-content/uploads/2015/12/SAVI_ApproachPaper8_2015_FINAL.pdf

https://www.odi.org/sites/odi.org.uk/files/odi-assets/publications-opinion-files/9168.pdf

https://www.rescue.org/sites/default/files/document/688/adaptmyanmarcasestudy.pdf

https://www.odi.org/sites/odi.org.uk/files/resource-documents/10867.pdf

http://doingdevelopmentdifferently.com/where-has-the-doing-development-differently-movement-got-to-two-years-on/

http://www.interpeace.org/wp-content/uploads/2015/10/2015_10_12_Effective_Advising_How Doing_Development_Differently.pdf

http://ifp-fip.org/fr/english-25-facts-and-stats-about-ngos-worldwide/

https://www.odi.org/sites/odi.org.uk/files/odi-assets/publications-opinion-files/6811.pdf

https://www.odi.org/sites/odi.org.uk/files/odi-assets/publications-opinion-files/9203.pdf

https://www.odi.org/sites/odi.org.uk/files/odi-assets/publications-opinion-files/9437.pdf

https://www.wvi.org/sites/default/files/How%20INGOs%20are%20DDD.pdf

https://www.usaid.gov/sites/default/files/documents/1870/201.pdf

http://eprints.uwe.ac.uk/27723/

Matt ANDREWS/Lant PRITCHETT/Michael WOOLCOCK. Building state capability, evidence, analysis, action. Oxford University press, 2017. 257 pages. ISBN : 978–0–19–880718–6

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Enjeux et conséquences d’un rapprochement entre les deux Corées https://master-iesc-angers.com/enjeux-et-consequences-dun-rapprochement-entre-les-deux-corees/ Wed, 21 Feb 2018 13:48:25 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2667 Quelle est la situation dans la péninsule coréenne ? Au vu des nombreux évènements observés depuis plusieurs mois déjà au niveau de la péninsule coréenne, notamment avec les rapports de force entre la Corée du Nord et les États-Unis, il est… Continuer la lecture

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Quelle est la situation dans la péninsule coréenne ?

Au vu des nombreux évènements observés depuis plusieurs mois déjà au niveau de la péninsule coréenne, notamment avec les rapports de force entre la Corée du Nord et les États-Unis, il est fort probable que l’on se dirige vers un affrontement entre puissances disposant d’armes nucléaires. On observe une mobilisation des troupes militaires par les États-Unis accompagnés par la Corée du Sud et des essais de missiles balistiques par la Corée du Nord dans la région, ce qui met tous les pays limitrophes en alerte. Pour cause, les États-Unis demanderaient à la Corée du Nord de stopper son programme de développement nucléaire, chose que cette dernière ne compte pas faire malgré les nombreuses sanctions qui lui sont infligées, car elle estime que c’est le seul moyen de garantir une certaine sécurité pour son peuple.

Pourquoi les États-Unis refusent de vivre avec une Corée armée comme ils le font avec les autres pays ?

Contrairement à la Russie ou à la Chine avec qui les États-Unis ont réussi à vivre pendant la guerre froide, les États-Unis s’opposent drastiquement à une Corée du Nord armée parce que celle-ci a menacé d’attaquer et de détruire les États-Unis à plusieurs reprises. Et la meilleure approche pour faire face aux menaces des dictateurs est de les prendre au mot[1].

Adolph Hitler a dit au monde dans les années 1920 qu’il allait unir l’Allemagne, conquérir l’Europe et tuer les Juifs. Il l’a fait dans les années 1930 et 1940.

Oussama Ben Laden a déclaré la guerre aux États-Unis en 1996 et à nouveau en 1998. En 2001, il a attaqué New York et Washington et a fait des milliers morts à Manhattan, en Virginie et en Pennsylvanie.

Quand Kim Jong Un dit qu’il va attaquer les États-Unis avec des armes nucléaires, il est imprudent de croire le contraire.

Quelles sont les puissances en jeu au niveau de la péninsule coréenne ?

La péninsule de Corée ou péninsule coréenne est une péninsule d’Asie s’avançant dans l’océan pacifique. Bien avant la Seconde Guerre mondiale, la péninsule de Corée a été une propriété partagée par le Japon et la Chine. Par la suite, la péninsule a été partagée en deux pays, la Corée du Sud occupée par les États-Unis, et la Corée du Nord, occupée par les Russes soviétiques. Cette situation débouche sur une guerre entre les deux pays et leurs alliés respectifs ; un cessez-le-feu est signé en 1953. Deux États indépendants sont alors créés : la Corée du Sud encore appelé République de Corée (État capitaliste) et la Corée du Nord ou République populaire démocratique de Corée (État communiste). Depuis lors, une rivalité et un conflit opposent les deux États qui réclament le contrôle de la péninsule. Chacun d’eux soutenus par son souverain d’antan[2]. La Corée du Nord (Capitale : Pyongyang) est dirigée par la dynastie Kim, dictateurs de père en fils tandis que la Corée du Sud (Capitale : Seoul) est dirigée par Moon Jae-in depuis le 10 mai 2017 après la destitution de Park Geun-hye par le parlement puis par la constitution[3].

Un récent changement à la tête du gouvernement Sud-Coréen

Le changement de gouvernement à travers la destitution officielle de la présidente PARK Geun-hye et l’élection du nouveau président Moon Jae-In présente probablement outre un impact national des conséquences stratégiques très importantes pour la Corée du Sud et la péninsule coréenne. Il est important de faire une brève analyse des différentes aspirations du nouveau président.

Moon Jae-in est le premier président progressiste en Corée du Sud depuis dix ans, il s’inspire largement de la sunshine policy (politique du rayon de soleil), mise en place par le président Kim Dae-jung en 1998 et poursuivie par ROH Moo-hyun jusqu’en 2008. Cette politique, légèrement inspirée de l’Ostpolitik allemand, prône un rapprochement entre les deux Corées. Il apparaissait préférable au président de l’époque de traiter avec son voisin nord-coréen, quel que soit son régime, afin d’éviter les menaces d’une politique d’ostracisation. N’ayant aucune illusion sur le régime de Pyongyang, les démocrates sud-coréens estiment que, à l’image de l’ouverture des relations entre Allemagne de l’Ouest et Allemagne de l’Est qui avait conduit à la réunification et au démantèlement de cette dernière, un rapprochement, y compris économique permettrait un atterrissage en douceur du régime nord-coréen[4].

Moon dans ses ambitions entrevoit que Séoul puisse apprendre à dire « non » à Washington et plaiderait pour des relations « plus justes et plus équilibrées » avec les États-Unis[5].

Moon espère à la fois éviter de susciter des tensions avec la Chine et essayer d’entamer un rapprochement avec la Corée du Nord. Bien sûr, il n’y a pas d’illusions excessives à se faire : la Corée du Nord ne renoncera pas à ses armes nucléaires, car la survie de son régime en dépend. Même entre 1998 et 2008, malgré de nombreuses promesses, la Corée du Nord a toujours suivi cette politique. Cependant, son caractère nucléaire n’empêche pas la possibilité pour la Corée du Nord d’adopter un comportement moins erratique. Moon estime que la Corée du Sud nécessite une alliance avec les États-Unis et non un alignement.

Moon estime surtout que la politique antagoniste avec la Corée du Nord n’a abouti à rien, notamment pas à un apaisement des tensions. Il s’agit donc d’une autre forme de réalisme de sa part : conscient que la Corée du Nord ne renoncera pas à ses armes nucléaires, il pense que la multiplication des contacts, la réouverture des usines en zone franche et une approche plus économique, peuvent éventuellement conduire Pyongyang, si ce n’est à dénucléariser ou à devenir une démocratie, à être moins rigide et plus coopérative[6].

Malgré les accusations qui vont être portées contre lui, il semble que la politique que Moon souhaiterait mettre en place est au contraire une forme bien plus opérationnelle et réaliste que celle du précédent gouvernement. Le réalisme n’amène pas obligatoirement à suivre une politique de faucon.

Enjeux et conséquences d’un rapprochement entre les deux Corées

La péninsule coréenne a fait une entrée fracassante dans l’année 2018 : lors de ses vœux du Nouvel An, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a tendu la main à Séoul, en disant souhaiter une amélioration des relations et l’ouverture d’un dialogue entre les deux Corées. Puis, Pyongyang s’est prononcé pour une participation aux JO de Pyeongchang (Corée du Sud) et même sur une éventuelle réunification avec le Sud[7].

  • Quel enjeu pour la Corée du Sud ?

L’idée d’un rapprochement entre les deux Corées avec pour point de départ précis les JO en Corée du Sud se trouve partagée par Moon Jae-in, car pour lui, il serait extrêmement important pour les Sud-Coréens d’organiser avec succès les JO. C’est la raison pour laquelle ils ont répondu immédiatement et avec enthousiasme à l’initiative de Kim Jong-un[8].

  • Quelle conséquence au sein de la population sud-coréenne ?

En Corée du Sud, l’idée d’un rapprochement avec le nord à partir des JO ne pose pas réellement de problème en lui même, cependant ce qui entraine une division de la population est la décision de présenter une équipe conjointe en hockey sur glace féminin et de faire défiler les athlètes des deux Corées sous le même drapeau, péninsule bleu clair sur fond blanc, lors de la cérémonie d’ouverture. 50 % y sont opposés. On écoute des avis comme ce qui suit : « Il y a seulement trois semaines, le Nord nous abreuvait de menaces, on craignait une guerre… et maintenant on défile côte à côte ! C’est excessif », déplore Yu-jin, 39 ans, mère de famille. Le drapeau unifié, « ce n’est PAS mon p*** de drapeau », s’emporte sur Twitter John Lee, un ancien conscrit. « Je n’ai pas salué ce chiffon quand j’ai fait mon service militaire. Ce n’est pas ce chiffon qui a recouvert les cercueils des 46 marins du Cheonan assassinés [par le nord] ». « C’est nous qui paierons les frais de la délégation de 500 Nord-Coréens », regrette aussi Yeong-chun, 25 ans, étudiant. « La Corée du Nord nous tirait dessus et développe l’arme nucléaire… et d’un seul coup, ils ont le droit de marcher avec nous ? »[9].

Toutes fois, on relève à contrario des avis qui partagent cette idée. Par exemple, Mme Kim, 65 ans, retraitée, soutient de tout cœur ce rapprochement olympique : « Cela peut contribuer à la future réunification. Utiliser un drapeau commun n’est pas un problème, puisque nous sommes le même peuple. » Quant au quotidien conservateur JoongAng Ilbo, peu susceptible de sympathie envers le gouvernement progressiste, il reconnaît que l’équipe et le défilé conjoints sont « un pas significatif en avant, au milieu de l’aggravation des tensions autour du programme d’armement du Nord »[10].

  • Quels enjeux pour la Corée du Nord

En jetant un œil dans le passé, c’était un geste attendu de Kim Jong-un. C’est déjà arrivé plusieurs fois dans l’histoire : lorsque la situation nord-coréenne atteignait un point dangereux, la Corée du Nord jouait la carte sud-coréenne, affaiblissant ainsi le front uni de ses adversaires, explique le chercheur. D’autant que le gouvernement de Moon Jae-in est exactement celui qui s’y prête. Cette mesure a non seulement aidé à desserrer la pression de la communauté internationale sur la Corée du Nord, mais a aussi permis à ses voisins de souffler en montrant qu’il existe une solution alternative afin de dénouer cette situation[11].

  • Conséquences au niveau international

Peu après que la Corée du Nord ait amorcé une détente en engageant des discussions avec son voisin du Sud, les États-Unis et leurs alliés ont organisé au Canada un sommet pour discuter de la situation intercoréenne. Le 16 janvier, ce sommet s’est tenu à Vancouver. Les participants étaient principalement des pays ayant combattu pendant la guerre de Corée ainsi que des pays ayant contribué au conflit à l’époque[12].

La rencontre s’est notamment tenue en l’absence de la Russie et la Chine, deux pays membres des « pourparlers à six » (avec également les deux Corées, les États-Unis et le Japon).

Le but du sommet ne consistait pas seulement à durcir le régime des sanctions et à confirmer la fidélité des alliés, mais il était aussi question de tester la détermination des participants de la guerre de Corée à envoyer leurs troupes sur la péninsule coréenne dans le cas d’un conflit armé.

Par Marco Takam, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

REFERENCES

Anna, Dedkova. 2018. “Rapprochement Des Deux Corées:Les Réponses À Tous Les “Pourquoi” Que Vous Vous Posez,” SPUTNIK.

Conscience du peuple. 2017. “Guerre Mondiale Dés Les Trois Premiers Mois De 2018; Une Intervention Militaire Américaine Serait Inévitable Au Cours Des Prochains Mois,” LE NOUVEL ORDRE MONDIAL.

Frédéric, Ojardias. 2018. “Le Rapprochement Alympique Avec Le Nord Divise Les Sud-Coréens,” LACROIX.

L’Obs. 2017. “Moon Jae-in, Le Sud-Coréen Qui Croit Pouvoir Dire “Non” À Washington,” L’OBS.

Pascal, BONIFACE. 2017. “Élections En Corée Du Sud: Quels Enjeux Stratégiques?,” MEDIAPART.

Wikipédia, L’encyclopédie libre. 2018. “Liste Des Présidents De La Corée Du Sud.”

Wikipédia, L’encyclopédie libre. 2017. “Péninsule De Corée,”

[1] Conscience du peuple. 2017. “Guerre Mondiale Dés Les Trois Premiers Mois De 2018; Une Intervention Militaire Américaine Serait Inévitable Au Cours Des Prochains Mois,” LE NOUVEL ORDRE MONDIAL.

[2] Wikipédia, L’encyclopédie libre. 2017. “Péninsule De Corée,”

[3] Wikipédia, L’encyclopédie libre. 2018. “Liste Des Présidents De La Corée Du Sud.”

[4] Pascal, BONIFACE. 2017. “Élections En Corée Du Sud: Quels Enjeux Stratégiques?,” MEDIAPART.

[5] L’Obs. 2017. “Moon Jae-in, Le Sud-Coréen Qui Croit Pouvoir Dire “Non” À Washington,” L’OBS.

[6] Pascal, BONIFACE. 2017. “Élections En Corée Du Sud: Quels Enjeux Stratégiques?,” MEDIAPART.

[7] Anna, Dedkova. 2018. “Rapprochement Des Deux Corées:Les Réponses À Tous Les “Pourquoi” Que Vous Vous Posez,” SPUTNIK.

[8] Ibid.

[9] Frédéric, Ojardias. 2018. “Le Rapprochement Alympique Avec Le Nord Divise Les Sud-Coréens,” LACROIX.

[10] Ibid.

[11] Anna, Dedkova. 2018. “Rapprochement Des Deux Corées:Les Réponses À Tous Les “Pourquoi” Que Vous Vous Posez,” SPUTNIK.

[12] Ibid.

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