agroalimentaire Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Wed, 28 Apr 2021 08:53:51 +0000 fr-FR hourly 1 L’impact croissant de la fluctuation des matières premières sur l’économie mondiale https://master-iesc-angers.com/limpact-croissant-de-la-fluctuation-des-matieres-premieres-sur-leconomie-mondiale/ Wed, 28 Apr 2021 08:53:51 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3459 « Avec la mondialisation, nous sommes tous interdépendants. On disait autrefois : lorsque les États-Unis éternuent, le Mexique s’enrhume. ». Cette citation de Joseph Stiglitz illustre parfaitement l’idée, qu’en économie, chaque action a des conséquences. Ethiquement parlant, on ne peut donc pas… Continuer la lecture

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« Avec la mondialisation, nous sommes tous interdépendants. On disait autrefois : lorsque les États-Unis éternuent, le Mexique s’enrhume. ». Cette citation de Joseph Stiglitz illustre parfaitement l’idée, qu’en économie, chaque action a des conséquences. Ethiquement parlant, on ne peut donc pas agir de manière individualiste. Pourtant, aujourd’hui, notre économie, grâce ou à cause de la financiarisation massive, est centrée autour des marchés financiers. Tout se vend et s’achète, chaque élément a donc un prix.

C’est notamment le cas des matières premières, qui peuvent se définir selon Philipe Chalmin, économiste et spécialiste des marchés des matières premières, de la manière suivante : « des produits à l’état brut ou ayant subi une première transformation sur le lieu de production pour les rendre propres à l’échange international ». Elles peuvent appartenir à différentes catégories telles que l’énergie (pétrole, gaz naturel, charbon…), les minerais et métaux (cuivre, aluminium…), les produits agricoles destinés à l’alimentation (blé, maïs, riz…) ou à l’industrie (coton, bois, laine…). Ces produits représentent près d’un tiers des échanges du commerce mondial.

Elles peuvent être aussi désignées par d’autres termes, pour les Nations unies comme « produits de basses » ou au sens plus large « commodité » lorsqu’elles subissent plus de modifications. Ces denrées sont soumises à une intense fluctuation des cours de la bourse et à de fortes incertitudes liées à leurs environnements naturels. Souvent, moins prises en considération, elles sont pourtant à la base de l’alimentation, pour les produits agricoles ou bien de la production, pour les énergies. De plus, peu considérées, l’actualité ne les évoque souvent que lorsque leurs prix flambent.

Depuis les années 30, le marché des matières premières était strictement réglementé. Dans, les années 2000, c’est un véritable tournant, le président des États-Unis, Bill Clinton, et le président de la réserve fédérale des États-Unis, Alan Greenspan, font passer un projet de loi supprimant la limitation du nombre de tradeurs pouvant spéculer sur les produits dits « de basses ». Le marché se libéralise, est déréglementé et les spéculateurs peuvent alors spéculer sans limites. Toutefois, en 2008, on constate que les prix augmentent fortement alors que la demande, à cause de la crise, diminue. Cette conséquence résulte du nombre important de capitaux spéculatif émis. Des 20% de spéculateurs intéressés par le marché dans les années 2000, ce taux est passé à 80% en 2008, d’où l’achat de masse et l’augmentation importante des prix.

L’investissement de masse dans les cours des matières premières s’explique par plusieurs facteurs sociétaux. Depuis une vingtaine d’années, on assiste à l’émergence des pays en développement, qui représentent aujourd’hui, sur la scène internationale, une force économique non négligeable, notamment celle des BRICS. Ils ne sont plus seulement des lieux de production mais bien des acteurs qui influent et agissent sur les processus de croissances mondiales. La Chine, par exemple, possède de nombreuses entreprises influentes, surtout dans le domaine de l’électronique. De plus, la question environnementale n’est plus à prendre à la légère. Les matières premières sont directement influencées par la météo. Si elle est déréglée, les denrées peuvent se faire plus rares et les stocks se déséquilibrer. Les prix vont alors augmenter. Enfin, il y a les risques imprévisibles, comme la pandémie mondiale de la Covid-19, rencontrée depuis janvier 2020 et qui influe directement sur la demande. Ces nombreux facteurs vont donc peser sur les cours de manière positive ou négative.

Le rôle d’un négociant dans ce jeu de l’offre et de la demande est donc de jouer avec les différents risques : les contextes sociétaux, les partenaires, les produits, les concurrents et les transports. Son objectif est d’acheter un produit au prix le plus bas en le revendant le plus cher possible en fonction du marché. Toutefois, le producteur doit être assez rémunéré pour être incité à continuer sa production, pourtant ce n’est pas toujours le cas. Mais alors, face à cette volonté d’obtenir toujours le meilleur prix, est-ce que la libéralisation du marché des matières premières est une bonne chose ?

L’effet papillon

Le scientifique américain, Edward Lorenz, se posait la question suivante : « le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? », cette théorie appelée « effet papillon » ou aussi « théorie du chaos » consiste à montrer qu’un  évènement futile peut provoquer des réactions en chaîne et avoir de lourdes conséquences. Pour le docteur en mathématiques Yaneer Bar-Yam, cette théorie s’applique parfaitement aux marchés financiers. Les prix des matières premières fixés par les spéculateurs en bourse d’Atlanta, de Chicago et de Londres influent donc directement sur les prix d’achat des denrées alimentaires achetées par les consommateurs. Lorsque ces prix augmentent trop, des situations extrêmes peuvent naitre et provoquer des révolutions, des migrations, des guerres ou des conflits.

La guerre de l’eau en Australie

Dans le cadre de la libéralisation du marché des matières premières impulsée par Margaret Thatcher à la fin des années 80, l’Australie a fait le choix de privatiser son eau et de l’intégrer aux marchés financiers, afin qu’elle devienne une matière spéculative. Ce choix résulte essentiellement d’un phénomène : la raréfaction de l’eau. L’Australie présente de nombreuses zones arides et de grandes étendues de terres de plus en plus touchées par la sécheresse.

Ce pays utilise donc un système de distribution spécifique. Au début de chaque saison, tous les ans, un quota d’eau est attribué en fonction : de la taille de l’exploitation agricole ou de l’importance de la population pour une ville, des réserves d’eau et des prévisions climatiques. On peut alors exploiter ces quotas comme on le souhaite, de n’importe quelle manière. Par la suite, si on dispose de trop ou pas assez d’eau, celle-ci peut être revendue ou achetée sur des marchés privés, ce qui a pour conséquence une forte spéculation.

On constate que ce système est soutenu par les ONG écologistes car ce fonctionnement permet d’éviter le gaspillage de l’eau et de mieux gérer cette ressource rare. Toutefois, il existe aussi de nombreux désavantages, tels que le fait d’exclure les petits producteurs du système, ne pouvant plus se permettre de payer cette ressource de base. Seules les grandes exploitations, pouvant se payer un « water manager » et qui peuvent donc acheter au meilleur prix, ont accès à cette ressource. On exclut alors du système un grand nombre de travailleurs qui ont besoin de cette ressource essentielle pour travailler.  De plus, on remarque, ces dernières années, que le nombre de ménages a qui on a coupé l’eau, n’a cessé d’augmenter, un bien qui au contraire de l’électricité, est une source vitale.

La question qui se pose donc est « est-ce que la meilleure solution pour préserver l’eau est de passer par les marchés ? ». Ce modèle s’est peu à peu exporté en Californie. Pourtant, ce système résiste encore en Europe, qui voit l’eau, pour l’instant, comme un bien public et non comme une marchandise. Toutefois, en raison de la pression qui s’accroît d’année en année, en ce qui concerne la gestion des matières premières, ce système pourrait s’étendre à d’autres pays. Il n’est pourtant pas à prendre à la légère en raison des conséquences importantes sur la population et la production en général.

L’éclosion du « Printemps arabe »

En 2010, la Russie, pays parmi les plus grands producteurs de blé au monde, perd près de 30% de sa récolte à la suite d’incendies. La bourse s’affole et les cours bondissent de près de 60%. Le prix du boisseau de blé double et atteint des records, jusqu’à 6,75 dollars. Cette flambée des prix a de lourdes conséquences sur la population pour qui cette matière première est un produit de base, notamment pour les populations les plus pauvres.

Le 17 décembre 2010, en Tunisie, Mohamed Bouazizi, un marchand de fruits et légumes s’immole par le feu. Cet évènement est de trop pour une population qui ne supporte plus la montée des prix des produits de première nécessité (le blé), l’absence d’aide aux populations pauvres et les régimes autoritaires. C’est l’avènement du « Printemps arabe », qui amène avec lui les émeutes, les protestations et les guerres civiles, jusqu’à la destitution du gouvernement de Bachar el-Assad en Syrie. Ce mouvement d’ampleur va s’étendre à la Jordanie, l’Egypte, la Libye, le Maroc et la Syrie et donner à la population la force de s’exprimer et contester les pouvoirs en place.

L’effet papillon prend ici tout son sens. D’un simple évènement climatique aboutit un considérable changement politique et sociétal. La spéculation, qui provoque cet état de transition a donc des conséquences indirectes non négligeables sur les populations.

L’or noir et ses conséquences

Ces dernières années, avec les bouleversements sociétaux qu’ont rencontrés certains pays, on constate que les cours du pétrole ont énormément fluctué. Tout d’abord, en 2011, débute le « Printemps arabe », puis l’Irak rentre en conflit avec l’État Islamique. La même année, à la suite de ces évènements, les prix grimpent, passant de 4 à 100 dollars le baril. Pourtant, les quantités n’ont quant à elles pas diminué. Cela nous montre que les spéculateurs ont anticipé les prix. Les spéculations se sont donc essentiellement reposées sur des convictions plutôt que sur la réalité.

Les pays producteurs de pétrole s’enrichissent. Toutefois, certains de ces pays sont victimes de la « malédiction des ressources naturelles », c’est-à-dire que cette ressource, qu’est le pétrole, est source d’argent rapide et facile. Les produits fabriqués dans le pays deviennent trop chers pour être exportés. On doit alors importer des produits de l’extérieur car ils deviennent moins chers que la production nationale. L’économie intérieure se réduit. Le pays devient alors dépendant de sa seule ressource produite. C’est notamment le cas pour le Venezuela, durement touché par la baisse des cours en 2014, qui a vu son taux de chômage grimper en flèche. Aujourd’hui, le pays est victime d’un fort taux de chômage, d’un PIB qui ne cesse de diminuer et d’une dette qui s’accroît de jour en jour, la crise du Covid n’ayant pas amélioré la situation.

Les denrées alimentaires se font donc de plus en plus rares en raison de la forte inflation des produits et de la petite quantité importée, contraignant les habitants à acheter des produits sur le marché noir. De plus, le contexte social est très instable à cause de la « dictature » mise en place depuis de nombreuses années. Face à cette crise, afin de fuir la pauvreté, certaines femmes choisissent de se faire stériliser et de nombreuses personnes migrent vers d’autres pays afin de trouver de meilleures situations. On assiste donc depuis plusieurs années à une diminution de la population.

Une situation entre enrichissement et inégalités

La libéralisation des marchés a de nombreux avantages car cela permet : la concurrence entre différents acteurs, la diminution des prix et la diversification des produits et des services. Toutefois, en ce qui concerne le domaine des matières premières, le contexte est plus sensible, que ce soit pour l’alimentaire ou l’énergie. Malheureusement, on constate que ce sont souvent les populations les plus précaires qui sont les plus touchées par les fluctuations de ces prix. La notion éthique est bien souvent mise de côté, voire oubliée. Mais alors, peut-on avancer l’argument que la mise en place de ces produits sur le marché contribue à une meilleure gestion de ces ressources qui se font de plus en plus rares ? Pourrait-on trouver d’autres systèmes qui garantissent un juste revenu au producteur et un prix acceptable pour le consommateur ? Est-ce que la mise en place de règles, plus souples qu’avant les années 2000 est possible ? Depuis leurs libéralisations sur le marché, ces ressources n’ont cessé de prendre de l’importance, elles s’imposent souvent, comme bien plus rentables pour les investisseurs.

Nous sommes forcés de constater qu’elles rapportent bien trop d’argent pour être encadrées ou limitées. De plus, depuis plusieurs années, on assiste à l’essor de la génération algorithme, ces machines capables de spéculer dans des délais de l’ordre de la nanoseconde, qui anticipent et gèrent les risques. Cette nouvelle forme de spéculation s’éloigne encore plus de la réalité néanmoins elle a pourtant de réelles conséquences physiques sur les hommes. Mais alors, dans un monde sur lequel nous avons trop peu de contrôle, est-il possible de concevoir un juste équilibre entre producteur et consommateur ?

Par Aude LEMONNIER, étudiante en master 2 intelligence économique et stratégies compétitives

Webographie :

  • (2010, 8 août). INCENDIES EN RUSSIE – Le prix du blé s’envole. Le Point. https://www.lepoint.fr/economie/incendies-en-russie-le-prix-du-ble-s-envole-07-08-2010-1223018_28.php#
  • (2019a, décembre 17). « Le mariage entre la finance et l’eau a déjà commencé » – Interview de Jérôme Fritel | ARTE [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=4V5jH6ue_WU
  • (2019b, décembre 18). Main basse sur l’eau : la bataille de l’or bleu | ARTE [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=LsanRHMTS2g&t=77s
  • (2021, février). Venezuela. Coface. https://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Venezuela
  • Desjardins études économiques. (2016, 15 février). Dans les circonstances, les prix des matières premières s’en tirent assez bien. Desjardins études économiques. https://www.desjardins.com/ressources/pdf/tmp1602-f.pdf?resVer=1455552159000
  • Guillaume Allier. (2019, 21 septembre). La situation économique du pays s’aggrave depuis l’arrivée au pouvoir de Maduro en 2013. https://www.challenges.fr/economie/venezuela-les-chiffres-de-la-crise-economique_638922
  • Laetitia Clavreul. (2008, 10 décembre). La chute des prix des matières premières agricoles s’accélère. Le Monde. https://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2008/10/09/la-chute-des-prix-des-matieres-premieres-agricoles-s-accelere_1104971_1101386.html
  • Nora Bouazzouni. (2013, 17 décembre). Mohamed Bouazizi, l’immolation qui a déclenché le printemps arabe. France Info. https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/mohamed-bouazizi-l-immolation-qui-a-declenche-le-printemps-arabe_459202.html
  • Prod Production. (2014, 5 septembre). Traders – Le marché secret des matières premières [Vidéo]. https://www.youtube.com/watch?v=2cyNEoGGGpU
  • (s. d.). Vénézuéla. Statistica. https://fr.statista.com/statistiques/794694/taux-de-chomage-venezuela/
  • Sylvain Kahn. (2013, 6 novembre). Y-a-t-il main basse sur les matières premières ? France Culture. https://www.franceculture.fr/emissions/planete-terre/y-t-il-main-basse-sur-les-matieres-premieres
  • THE DOCUMENTARY. (2021, 7 février). Richesse inédit – enquête sur les spéculateurs de la crise et du chaos [Vidéo]. https://www.youtube.com/watch?v=r4Z8e_6BO_k
  • (s. d.). Effet papillon. Wikipedia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_papillon
  • Wikipédia. (s. d.). Printemps arabe. Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Printemps_arabe

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Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es ! https://master-iesc-angers.com/dis-moi-ce-que-tu-manges-et-je-te-dirai-qui-tu-es/ Mon, 08 Mar 2021 13:06:56 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3386 “La rhétorique correspond pour l’âme à ce qu’est la cuisine pour le corps”. C’est à travers ces quelques mots du philosophe Platon que la définition même de l’alimentation prend tout son sens. Depuis la nuit des temps, elle est notre… Continuer la lecture

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“La rhétorique correspond pour l’âme à ce qu’est la cuisine pour le corps”. C’est à travers ces quelques mots du philosophe Platon que la définition même de l’alimentation prend tout son sens. Depuis la nuit des temps, elle est notre principal centre de préoccupation : pour vivre, se développer, évoluer et s’enrichir. A la fois vitale et source de plaisir, elle a au fil du temps façonné les rapports entre les Hommes et les Hommes avec la nature. Autour d’elle, se sont édifiés des villes, des cités, des empires. Elle a construit la société que l’on connaît aujourd’hui. Son importance n’est pas à négliger car nos cultures, notre géopolitique, notre ordre social et notre diversité reposent sur son évolution. Les hommes ont petit à petit appris à modeler la nature à leur avantage. De nouveaux défis, au fur et à mesure des années, ont vu le jour : nourrir toujours plus de personnes, inciter les populations à s’étendre, conquérir de nouvelles terres, planter, cultiver et innover, que ce soit en termes de techniques ou de matériels. Mais alors, comment sommes-nous arrivés à notre société de consommation actuelle ? Quelle place, aujourd’hui, la nourriture a-t-elle prise dans nos vies ? Accordons-nous autant d’importance à la « bonne cuisine » ou bien est-ce un temps révolu ? A l’heure actuelle, de nombreuses questions se posent sur notre manière de consommer et d’utiliser nos ressources.

  • L’alimentation source d’évolution

Le commencement de tout

Cette évolution ne date pas d’hier. Dès la préhistoire[1], l’alimentation a été source d’évolution. La découverte du feu reste incontestablement une source de développement inouïe pour cet homme qui mange encore sa nourriture crue. Cette domestication et la possibilité de cuire ses aliments lui permettent de digérer plus facilement. Cette énergie gagnée lui donne alors le pouvoir de développer son cerveau et ses capacités. C’est aussi grâce à de nouvelles techniques de chasse et l’apprivoisement de certaines espèces comme les chiens et les chevaux que l’homme a pu conquérir de nouveaux territoires, faciliter ses déplacements et produire de nouvelles ressources. Toutefois, afin de répondre à ces défis, les hommes ont avant tout appris à domestiquer la nature et ont dû inévitablement s’intéresser aux sciences telles que : la météorologie, l’astrologie ou bien l’agronomie. Au fil des siècles, les humains, grâce à l’alimentation, on fait évoluer leurs corps et leurs esprits afin de construire peu à peu une société plus sophistiquée.

La place centrale du repas, le temps du partage et du repos

L’avènement de ces normes instaure alors de nouvelles hiérarchies et de nouveaux rituels entre les individus. Les repas deviennent de moins en moins nomades et se prennent désormais à des heures précises dans la journée. Les hommes se construisent des empires autour des ressources qu’ils ont réussies à maitriser. Le temps du repas n’a plus seulement comme objectif de se nourrir mais de construire un lieu de conversation et de pouvoir. Le banquet en est l’exemple même, les chefs d’Etats, rois ou dirigeants se réunissent, partagent un repas et échangent sur l’avenir ou les décisions des pays dans un contexte plus enclin aux pourparlers, qui délie les langues autour des alcools et séduit par la proposition des repas. Ces nouvelles habitudes permettent de former des alliances ou des oppositions d’une manière plus plaisante. De plus, une hiérarchie se met en place au sein même des repas, la disposition des invités dépend de leurs statuts. Cette différence de traitement touche l’ensemble de la société. Ainsi, l’alimentation sera différente entre les classes sociales. Les plus favorisés disposeront d’ingrédients plus chers ou rares tandis que les plus pauvres utiliseront des produits alimentaires moins variés, en plus grande quantité et faciles à cultiver. L’avènement de ces multiples pratiques autour du repas compose en majorité les rites que l’on connaît aujourd’hui.

Entre échange et invention : les débuts de la mondialisation

A partir de 632 après Jésus-Christ, le monde Arabe s’ouvre aux échanges, on voit alors apparaitre au fil des siècles de nouveaux produits que l’Occident ne connaît pas et des inventions qui vont révolutionner la manière de cultiver. Affluent alors dans le secteur agricole[2], des techniques d’irrigation telles que des puits, des barrages, des roues, des canalisations et de nouveaux ingrédients comme l’orange, l’abricot, la canne à sucre … qui vont peu à peu s’étendre dans toute l’Europe, puis dans le monde entier. Le développement des transports de marchandises et des auberges ou lieux de repos facilitent grandement cette expansion. La création des chariots de marchandises et des lettres de change, permettent le paiement à distance, les échanges deviennent alors plus rapides et plus sûrs. Puis, à partir du 15ème siècle et la découverte des Amériques, de nouveaux territoires et produits sont conquis comme la pomme de terre qui deviendra l’élément de base des populations, notamment pauvres. De cette conquête, va naitre une immense migration des populations, avec leurs cultures, leur rîtes et leur nourriture, source de diversité, d’échanges et de commerce.

Un brin de paille peut faire basculer la monarchie

La nourriture étant l’élément essentiel à la vie, si elle vient à manquer, elle peut devenir source de révolte et de mouvement sociétaux. Ces évènements, fondateurs de notre société, reposent donc, au départ, sur le même problème que rencontrent les populations depuis toujours, l’accès et la rareté des produits. Le 18ème siècle est marqué par de nombreuses famines. Le prix des produits essentiels augmente, ne permettant plus aux individus les plus pauvres de se payer de quoi manger. De nombreuses révoltes ponctuent alors cette période déjà tumultueuse. En juin 1789, le prix du blé atteint son niveau le plus élevé, survient alors la révolution et les changements politiques qui ont fondé notre démocratie. On peut aussi citer la grande famine de 1845, en Irlande, obligeant près de 2 millions d’Irlandais à fuir le pays vers les Etats-Unis, la cause étant due à un champignon rendant les pommes de terre non comestibles. Ce désastre humain a pourtant permis de créer une diversification des cultures et de l’alimentation. Avec l’amélioration des conditions de vie, les individus ne souhaitent donc plus seulement disposer du minimum pour vivre mais bien améliorer leurs conditions.

L’industrialisation, un pas vers la modernisation

Au 20ème siècle, le nombre d’habitants augmente considérablement. D’un milliard en 1800, un siècle plus tard, ce chiffre est d’1, 6 milliard, jusqu’à atteindre 6 milliards à la fin du 20ème siècle.  Dès les années 1900, les populations migrent peu à peu dans les villes où se trouve le travail. Les grandes usines fleurissent, créant un nouveau phénomène, l’industrialisation. À la suite des différentes révolutions industrielles, les innovations ne cessent de se développer et d’apporter à notre société des produits ou services dotés de plus en plus de technologies. La première révolution industrielle au 19ème siècle, grâce à l’invention de la machine à vapeur révolutionne les transports de marchandises. Puis, fin 19ème, début 20ème, lors de la deuxième révolution industrielle, l’invention et l’utilisation de l’électricité font naitre un nouvel élan de la production alimentaire. On peut alors produire en plus grande quantité, plus rapidement et la conservation des aliments s’améliore. Toutefois, en parallèle de cette modernisation, s’accompagne la dégradation de l’alimentation. Le temps des repas diminue, notamment pour les ouvriers qui ont peu de temps pour manger et qui doivent se contenter de leur gamelle. Ils mangent de manière nomade, comme ils le peuvent. De plus, pour s’adapter à cette nouvelle catégorie de travailleurs, les industriels font en sorte de diminuer leurs coûts de production et donc le prix de la nourriture. Le goût n’est plus la priorité. L’objectif est de maximiser son temps, on empiète alors sur les repas, de plus en plus négligés. Les codes culturels se transforment.

Après les années 50, aux Etats-Unis, on assiste peu à peu à l’avènement des fast-foods[3] : 1952 KFC, 1954 Burger King, 1955 McDonald’s, 1958 Pizza Hut. Leurs modèles économiques s’adaptent au nouveau mode de vie urbain et il est simple : mettre en place une franchise, avec des produits standardisés, peu coûteux, faciliter la vente avec le drive, commander et être servis en voiture. Très rapidement, ces nouvelles techniques de commercialisation se développent à l’international. De plus, la population augmente, il faut donc accroitre les rendements pour produire en plus grande quantité. En 1972, Paul Berg élabore les premiers OMG (Organisme génétiquement modifié) permettant de fournir des plantes plus résistantes aux bactéries. Les pesticides ou médicaments sont eux aussi de plus en plus utilisés pour éviter le maximum de perte de plantes et d’animaux.

Ces créations ont toutefois de graves conséquences biologiques. Les produits chimiques impactent la santé, appauvrissent les terres et engendrent de la pollution. Peu à peu, les petits agriculteurs disparaissent pour laisser place aux grosses exploitations. La révolution verte en Inde, à partir des années 60, en est un exemple. Des semences génétiquement modifiées ont été vendues aux agriculteurs indiens. Toutefois, ces pratiques réclamaient beaucoup d’eau, empêchaient la réutilisation des semences, provoquaient la pollution des nappes phréatique en raison des fortes teneurs en pesticides et par conséquent généraient des maladies.

Cette situation a aussi provoqué le surendettement de milliers d’agriculteurs indiens, engendrant entre 1992 et 2010 environ 270 000 suicides[4]. La deuxième partie du 20ème siècle a donc été un tournant dans notre manière de consommer et d’utiliser nos ressources. Aujourd’hui, au 21ème siècle, de nombreuses conséquences néfastes sur les Hommes et notre environnement en sont le résultat.

  • Le contexte alimentaire du 21ème siècle

L’histoire nous prouve donc que Rome ainsi que le développement de l’alimentation ne se sont pas faits en un jour. La société de consommation que l’on connaît aujourd’hui est donc bel et bien issue de l’héritage que les Hommes ont construit au fil des siècles, pour aujourd’hui nourrir toujours plus de personnes, en plus grande quantité, à moindre coûts.

La puissance du secteur agroalimentaire

Aujourd’hui, selon la Banque Mondiale, le secteur de l’agroalimentaire et de l’alimentation pèseraient environ 5 000 milliards de dollars[5], représentant le troisième secteur le plus important au monde, derrière le secteur du textile (2ème) et de l’aéronautique, l’aérospatiale et de la défense (1er).  Pour pouvoir nourrir une population de plus 7 milliards de personnes, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) dénombre actuellement une utilisation de 13 millions de kilomètres carrés[6] dédiés à la culture des terres agricoles utilisées par environ 600 millions d’exploitations agricoles où sont majoritairement cultivés 3 types de végétaux : le riz, le blé et le maïs qui constituent la base de notre alimentation.

En France, l’agroalimentaire est le 1er secteur industriel. En 2017[7], son chiffre d’affaire s’élevait à 185 milliards d’euros pour un marché de 67 millions de consommateurs. On comptait en 2015 près de 61 000 entreprises pour 570 000 salariés. En ce qui concerne l’Union Européenne, la France est deuxième en termes de chiffre d’affaire hors taxe dans ce secteur, derrière l’Allemagne. De plus, le pays se situe en première position en termes de production de sucre (5,8 millions de tonnes en 2016), de céréales (53,6 millions de tonnes en 2016) et 1er producteur de viandes bovines (1,44 million de tonnes de carcasses en 2017).

Au niveau international, la France est le 6ème exportateur mondial[8] de produits agroalimentaires, cela concerne majoritairement les boissons (15, 9 milliards d’euros), notamment le vin (2ème producteur mondial), les produits laitiers (6,6 milliards d’euros), la viande (4,5 milliards d’euros) puis les céréales (2,7 milliards d’euros).

Le double jeu du lobbying

Dès le début du 19ème siècle, les premières formes de lobbying voient le jour. En 1812, alors que les Anglais possèdent le marché de la canne à sucre aux Antilles, la France établit un embargo. Napoléon trouve une alternative en développant le marché du sucre de betterave et fait construire cinq fabriques impériales. Toutefois, les groupes de pressions font usage de leurs arguments auprès des parlementaires et jouent sur le contexte de méfiance qui règne autour de la betterave. Ce type de sucre disparaît alors peu à peu. On assiste au début du lobbying.

En 2019, Transparency International recensait environ 26 500 lobbyistes présents à la Commission et au Parlement européen et 37 300 personnes liées à l’activité de lobbying. Cette activité de lobbying est encore plus répandue aux Etats-Unis, en particulier à Washington, capitale fédérale. Les objectifs des lobbyistes d’entreprises sont de promouvoir les intérêts des entreprises concernées.

En Europe, comme aux Etats-Unis les lobbyistes font débat. Le fait que des organismes peuvent influer de manière prépondérante sur les décisions politiques incite les consommateurs à être méfiants envers leurs propres institutions, notamment par la révélation de certaines affaires ou documentaires qui mettent en avant ces polémiques.

On peut par exemple citer le documentaire « What the Health » présent sur la plateforme Netflix, qui met en corrélation les associations d’aide aux malades comme celles concernant le cancer du sein, le diabète ou bien l’asthme et les subventions qu’elles reçoivent. Les grandes entreprises effectuent du lobbying auprès de ces types d’associations. Pourtant, certains produits sont fortement déconseillés aux malades par les médecins, notamment la viande de bœuf. De grands lobbyistes de produits bruts tels que le lait « Milk Does a Body Good » ou les œufs « The Incredible, Edible Egg » aux Etats-Unis sont aussi au cœur de nombreuses polémiques. Les « check-off program », programmes de contrôle, promeuvent et fournissent des recherches sur un produit agricole spécifique en valorisant les qualités nutritionnelles, qui se révèlent parfois fausses. Le but est d’agrandir le marché et de valoriser les produits. Toutefois, le bien-être des consommateurs n’est, la plupart du temps, pas ou peu pris en compte.

Parmi les plus importants lobbyistes de l’agroalimentaire, on compte : Monsanto, Nestlé, Unilever, Coca-Cola, Mars, Pepsi Co et Mondelez, qui détiennent d’autres entreprises sous leurs ailes.

Ces entreprises sont notamment connues pour leurs produits transformés et leurs compositions avec des taux de sucres élevés : gâteaux, confiseries, boissons. En 2014, la mise en place du Nutri-score a représenté une véritable bataille entre ces géants industriels et l’Union Européenne. Les entreprises auraient dépensé près d’un milliard d’euros afin de ne pas voir apparaitre ce nouvel indicateur. Ce logo de cinq couleurs informe sur la valeur nutritionnelle. Plus le produit est proche de A et plus il contient une bonne teneur en protéines, fibres, légumes ou fruits. Au contraire, plus cette note est proche de E et plus le produit est composé d’acide gras saturé, de sel ou de sucre.

Cet outil permet aux consommateurs de comparer des produits identiques ex : boissons, produits industriels. Cependant, il ne prend pas en compte la provenance des produits et n’est, pour l’instant, pas encore obligatoire. Le véritable enjeu, aujourd’hui, est donc de garantir davantage de transparence auprès des consommateurs sans que ceux-ci se sentent floués. Les grandes entreprises agroalimentaires ont pris une telle importance de nos jours que certaines politiques en faveur du bien-être des individus ne peuvent se mettre en place à cause de l’influence de ces grandes firmes. Leur emprise est telle que même les décisionnaires politiques ne peuvent parfois rien faire.

L’évolution de nos habitudes, vers l’excès

Au cours du 20ème siècle, notre population mondiale a été multipliée par 6, puis au cours du 21ème siècle, nous avons atteint les 7 milliards d’habitants, soit 7, 8 milliards en 2021. Grâce aux innovations et au développement de notre société, les individus vivent dans de meilleures conditions, avec des revenus supérieurs et dans un système de santé accessible à tous. Nous ne sommes plus en période de guerre, pourtant, un combat portant sur un secteur économique vital pour l’homme se mène bel et bien : l’alimentation.

 Aujourd’hui, par manque de temps, de moyens ou d’envies, les individus ne cuisinent plus autant qu’avant et consomment davantage des produits déjà préparés, qui sont eux-mêmes, réalisés dans une optique d’optimisation des coûts. Pour attirer les consommateurs ou garantir leur conservation, ces produits contiennent des doses très importantes de gras, de sucre et de sel. En 1970, aux Etats-Unis, la consommation était évaluée à environ 0,23 kg d’HFCS (sirop de maïs à haute teneur en fructose) par an et par habitant. En 1997, cette consommation est passée à 28, 4 kg[9].

De plus, selon l’OMS, la quantité maximale de consommation de sucre par jour ne doit pas excéder plus de 50 g pour la femme et 60 g pour l’homme. Pourtant, aujourd’hui, un Américain consomme, en moyenne, par jour, 126,4 g de sucre[10], un Allemand 103 g et un Néerlandais 102,5 g soit le double de ce qui est préconisé. Ces nouveaux modes de consommation entrainent de lourdes conséquences sur la santé.

Selon Worldometer, en 2021, on compterait, environ : 1,7 milliard de personnes en situation de surpoids et 777 millions de personnes obèses. Sur une année, les dépenses liées à l’obésité aux Etats-Unis atteignent jusqu’à 31 milliards de dollars. A l’opposé, d’autres pays rencontrent des problèmes d’accès à l’alimentation : on compte environ 850 millions de personnes sous-alimentées dans le monde et presque 1,6 million de personnes qui meurent de faim chaque année. Notre société est confrontée à de fortes disparités, d’un côté, l’abus et de l’autre le manque. Malgré les innovations, ce constat est toujours présent.

  • Les conséquences de l’omniprésence de l’industrie agroalimentaire

Trop transformé, trop malade

De nos jours, les produits transformés font partie de notre quotidien. Dans ces types de produits, de nombreux éléments chimiques sont rajoutés pour plaire aux consommateurs ou diminuer les coûts. La présence de colorants, conservateurs, additifs, sel, sucre, gras et matières hydrogénées pose aujourd’hui un véritable problème de santé publique. Ces dernières années, de nombreuses maladies liées à la malnutrition ont fortement augmenté. En 1980, on comptait 4,5% de la population atteinte de diabète, contre 8,5% en 2017, principalement en raison de l’obésité[11]. La maladie du soda ou aussi appelée NASH, fait elle aussi partie du mal de ce siècle. Elle concernerait en France près de 200 000 personnes et serait due à une alimentation trop riche en sucre et en graisse ayant un lourd impact sur le foie. On peut aussi citer d’autres pathologies comme les maladies cardio-vasculaires, les troubles musculosquelettiques ou les maladies dégénératives. De plus, grâce à de nombreuses recherches, on peut désormais effectuer la corrélation entre l’alimentation et les cancers. Les produits ultras transformés, contenant des produits chimiques et la viande en seraient les principales causes. En 2015, selon l’OMS, la viande rouge a été classée comme cancérigène pour l’homme, au même titre que le tabac.

Malheureusement, on constate que la population la plus touchée par ces maladies fait aussi partie, le plus souvent, de la catégorie la plus pauvre, contrainte d’acheter des produits peu coûteux, faits pour être le plus rentable possible.

Les mauvais réflexes

Dans le sillage de cette société hyperconsommatrice, on assiste à une triste conséquence, le gaspillage alimentaire. En 2018, on comptait environ 1,3 milliard[12] de tonnes de nourriture perdue, surtout en raison de l’insuffisance des structures de stockage et du dépassement de la date de péremption des denrées dans les magasins. Une date souvent trop courte par rapport à la réelle durée de vie d’un produit. Un Français jette, par an, en moyenne, environ 20 kilos de nourriture, dont 7 kilos de produits déjà emballés.

L’eau douce, cette ressource pourtant rare, est elle aussi victime du gaspillage. On estime, selon WWF, que 300 000 milliards de litres d’eau sont utilisés pour produire des aliments gaspillés par la suite. Afin de prendre conscience de la dépense d’eau produite pour un produit, le site Water footprint network analyse son utilisation : une banane représente une douche de 10 minutes, une pomme, 7 chasses d’eau, un hamburger équivaut à une douche de 90 minutes et un kilo de bœuf à la consommation d’environ 15 400 litres d’eau.  Des chiffres effrayants dont peu de personnes ont conscience.

La nature, victime de l’homme

La pollution est aujourd’hui l’un des plus gros fléaux que nous connaissons. Aujourd’hui, même si l’utilisation des pesticides est fortement contestée, ils sont pourtant encore utilisés en masse. Le Costa Rica est le pays qui utilise le plus de pesticides par hectare de terre, soit 23 kilos par hectare. En termes de tonnages, la Chine est en 1er place avec 1,7 million de tonnes par an.

L’utilisation de ces insecticides, fongicides, désinfectants et herbicides tels que le Glyphosate a de nombreuses conséquences. Tout d’abord, sur la santé des individus, notamment des agriculteurs, en 1er ligne, et pour les consommateurs qui ingèrent sans le savoir de nombreux produits toxiques. La nature est elle aussi impactée avec la pollution des nappes phréatiques, l’appauvrissement des sols et la destruction de la faune et de la flore sauvage.

De plus, lorsque l’on s’intéresse aux plus grands pollueurs « plastique » du monde, on remarque qu’il s’agit des plus importantes entreprises agroalimentaires.

La déforestation est aussi une conséquence directe de l’industrie agroalimentaire. Selon l’ONU, en 2020, 31,2% des terres étaient recouvertes par les forêts, alors qu’en 2010, ce chiffre était de 31,5%. Cette baisse de 0,3 % représente tout de même la disparition d’environ 100 millions d’hectares de forêt. La raison de cette diminution est essentiellement due à la conversion des forêts en terres agricoles.

Les dangers de la sélection abusive

D’après le Forum économique mondial, sur les 30 000 espèces de végétaux, seulement 170 seraient exploitées à l’échelle commerciale. Cette organisation présente certains dangers. En cas de maladie ou d’infection, c’est alors tout le circuit alimentaire mondial qui est touché et avec lui les travailleurs qui ne possèdent souvent que très peu de revenus. On peut prendre l’exemple des bananes Cavendish qui représentent 95 % du marché mondial alors qu’il y aurait plus de 1000 variétés de bananes. Le Costa Rica fait partie des plus gros exportateurs de ce fruit. Face à la forte demande, le pays doit produire énormément et satisfaire les rendements. Les entreprises emploient donc beaucoup de salariés pauvres, gagnant en moyenne 10 euros pour 10 heures de travail.  En plus d’être soumis à une charge importante de labeur, ils travaillent en présence d’énormes quantités de pesticides, souvent déversées au-dessus de leurs têtes, dans la seule optique de répondre à la demande internationale.

 Un appauvrissement de la faune et de la flore

Enfin, on ne compte plus le nombre d’espèces disparues ou en voie de disparition. Selon le rapport World Wildlife Fund de 2018, la surexploitation agricole serait responsable de la disparition de près de 75 % des espèces animales ou végétales depuis le début du 16ème siècle. Parmi les premières impactées par cette agriculture, les abeilles, essentielles au développement de notre biodiversité et pourtant victimes depuis ces dernières années d’une véritable hécatombe, principalement causée par les pesticides.

  • Pourquoi ne pas repenser notre alimentation

Notre société vit actuellement un tournant. Contrairement aux années 70 durant lesquelles les écologistes étaient considérés comme des extrémistes, aujourd’hui à l’heure où nous vivons directement les conséquences prédites auparavant, l’idée de protéger notre biodiversité n’est plus si loufoque que cela. Les jeunes générations sont aujourd’hui formées pour prendre en compte cet aspect, s’informer et agir. La sonnette d’alarme a été tirée. On ne peut plus consommer comme avant.

Un futur incertain

Pourtant, des réflexes restent encore ancrés. Néanmoins, les pratiques ont peu changé. Lorsqu’on s’attarde à écouter certaines figures publiques, notre avenir s’annonce plutôt sombre. Selon les auteurs de l’article « Existential climate-related security risk : a scenario approach » David Spratt et Ian Dunlop, le compte à rebours est déjà lancé. Les chercheurs prévoient ainsi une hausse de la température moyenne mondiale de 2 degrés, plus que les 1,5 prévus d’ici 2050.

Cette situation aurait alors de nombreuses conséquences telles que de nouvelles pandémies, des guerres, à la suite de famines ou bien à cause de la sécheresse. On peut aussi imaginer que le nombre de réfugiés climatiques s’intensifiera. Les denrées alimentaires auront plus de difficultés à pousser ou connaîtrons des maladies. Cela aura pour conséquence de diminuer les stocks et augmentera les prix, poussant les populations les plus pauvres à manger des produits peu coûteux, très transformés et contenant une grande dose de sucre, de sel, de gras et de produits chimiques. La nourriture en poudre, à mélanger avec de l’eau, rencontrera plus de succès.

Même si ces produits contiennent tous les nutriments d’un repas, le déjeuner et le dîner sont des rites essentiels dans la journée. Les éliminer bouleversera donc les habitudes de sociabilisation ou de conversation. De plus, il faudra utiliser une quantité encore plus importante de pesticides et d’OGM pour combattre les parasites ou accroitre les rendements pauvres. On connaîtra alors une hausse encore plus importante des maladies chez l’homme. Les repas se prendront peut-être encore plus rapidement qu’aujourd’hui, en travaillant, devant un écran, seul ou avec des robots. Un scénario qui s’annonce catastrophique mais qui pourrait être évité.

L’alternative

Aujourd’hui, l’objectif majeur n’est pas de retourner en arrière et d’oublier des siècles d’innovations mais plutôt de freiner les excès des industries de ces 70 dernières années qui ont davantage mis en avant le profit bien plus que le bien-être collectif.

Ces mentalités passent avant tout par l’éducation. Les cours d’alimentation dans les écoles sont de formidables opportunités pour former les futures générations : les fruits et légumes de saison, les chaînes courtes d’approvisionnement qui favorisent les agriculteurs et la nature, l’identification des ingrédients des plats préparés ou bien des cours de cuisine. Cependant, nous avons grandi avec de nombreux préjugés sur les aliments, c’est aussi à nous de les déconstruire comme le fait que le jambon ne soit pas si rosé à cause des nitrites ou bien que les dates de péremption ne soient pas des indicatifs viables. Les produits peuvent souvent encore être consommés quelques jours après. Les industriels, à travers la création d’aliments transformés et normés, ont donc progressivement inciter les consommateurs à adopter leurs règles, leurs pratiques et à délaisser, parfois, des produits plus authentiques, sains et naturels. Pourtant, cette alimentation s’avère parfois discutable en matière nutritionnelle. Ce manque de transparence peut semer le doute chez les consommateurs et entrainer une baisse de confiance.

Pour leur permettre de changer leurs comportements, les dispositifs de subventions ou de pénalisations pourraient être davantage accentués. Les entreprises mettant en place une transparence des ingrédients, de meilleurs canaux d’informations auprès des consommateurs et une utilisation moins importante de produits chimiques pourraient alors se voir obtenir des aides. Au contraire, elles pourraient être pénalisées pour l’utilisation trop importante de plastiques ou substances chimiques. Même si l’industrie agroalimentaire reste un secteur très flou et protégé, on constate que l’Union Européenne a déjà interdit l’emploi de nombreux produits controversés comme le dioxyde de titane (E 171) ou bien l’utilisation excessive du plastique.

Enfin, nous pouvons aussi tout simplement manger mieux en changeant nos habitudes. De nombreuses émissions de télévision permettent de comprendre la manière dont notre corps assimile la nourriture permettant ainsi d’adapter notre alimentation, de calculer nos besoins ou bien de nous apprendre à mieux manger et cuisiner. C’est donc à nous de franchir le pas. On dispose maintenant de nombreuses alternatives pour changer nos repas ou des ingrédients plus favorables à la nature. Les insectes pourraient représenter une alternative à la viande et sont déjà utilisés dans certaines entreprises telles que dans des tacos aux criquets chez Poquitos, dans des barres protéinées chez Exo ou bien dans des steaks avec la start-up française IN. De plus, en diversifiant nos aliments et en adoptant des variétés moins communes, les risques de maladies ou de ruptures de stocks seraient moins importants et nous trouverions d’autres aliments tout autant nutritifs tels que les légumineuses.

 

Pour conclure, il n’est nul besoin d’avoir une idéologie proche de la nature pour se rendre compte que les dérives sont aujourd’hui présentes depuis bien trop longtemps et que les hommes ainsi que la nature subissent de plein fouet ces conséquences. Ces drogues, que sont le sucre, le sel et le gras produits par les agroindustrielles, nous ont peu à peu rendus « accros ». Malgré les avertissements, on constate que les conséquences sont désastreuses pour les hommes, emprunt à de nouvelles addictions, maladies, dans un environnement qui ne cesse de se dégrader. Toutefois, nous avons pour l’instant, la chance de ne pas être des machines et d’avoir notre capacité de réflexion. Même si nous nous rendons compte depuis peu de temps que notre monde se dégrade, les mentalités évoluent et des actions se concrétisent. C’est donc dans l’unité, qu’ensemble, nous parviendrons à valoriser le bien-être de la population plutôt que celui du profit. D’ici 2050, de nombreux défis sont encore à relever, pourra-t-on les réaliser ? Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle ère ?

Par Aude Lemonnier, promotion 2020-2021 du M2 IESCI

[1] Jacques Attali « Histoire de l’Alimentation »

[2] Capital. « L’Empire arabe, de 632 à 1258 : Quand le monde musulman montrait le chemin à l’Occident » 14/09/2014

[3] Documentaire Netflix « Jamais la même histoire – les fast-foods »

[4] Jacques Attali « Histoire de l’Alimentation »

[7] Données BPI Rapport « L’agroalimentaire, un secteur phare »

[8] Données BPI Rapport « L’agroalimentaire, un secteur phare »

[9]   Jacques Attali « Histoire de l’Alimentation »

[10] Agence de presse : Anadolu Agency https://www.aa.com.tr/fr/sante/les-%C3%A9tats-unis-sont-le-premier-pays-consommateur-de-sucre/75800#

[11] Données de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale)

[12] Jacques Attali « Histoire de l’Alimentation »

Bibliographie

  • Banque Mondiale. (s. d.). Banque Mondiale. Banque Mondiale. https://www.banquemondiale.org/fr/home
  • Capital. (2011, 19 septembre). L’Empire arabe, de 632 à 1258 : Quand le monde musulman montrait le chemin à l’Occident. Capital. https://www.capital.fr/economie-politique/l-empire-arabe-de-632-a-1258-quand-le-monde-musulman-montrait-le-chemin-a-l-occident-627126
  • Céline Deluzarche. (2019, 9 février). Pesticides : les pays plus gros consommateurs. Futura sciences. https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/agriculture-pesticides-pays-plus-gros-consommateurs-10757/
  • Constance. (2019, 1 septembre). Une histoire du sucre, de la colonisation à la surconsommation. Food and Com. https://www.foodandcom.fr/histoire-sucre-colonisation-surconsommation/
  • David Spratt & Ian Dunlop. (2019, mai). Existential climate-related security risk : A scenario approach. POLICY PAPER. https://docs.wixstatic.com/ugd/148cb0_90dc2a2637f348edae45943a88da04d4.pdf
  • Espoir Olodo. (2020, 30 octobre). Comprendre le système alimentaire mondial et ses impacts environnementaux en 8 chiffres. Agence Ecofin. https://www.agenceecofin.com/industrie/3010-81917-comprendre-le-systeme-alimentaire-mondial-et-ses-impacts-environnementaux-en-8-chiffres
  • FAO. (s. d.). FAO. FAO. http://www.fao.org/home/fr/
  • Futura Science. (2021, 1 janvier). En animation : 7 milliards d’êtres humains dans le monde ! Futura Science. https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/homme-animation-7-milliards-etres-humains-monde-32936/
  • Guide Irlande. (s. d.). L’ÉMIGRATION IRLANDAISE VERS LES ÉTATS-UNIS. Guide Irlande. https://www.guide-irlande.com/culture/emigration-irlandaise-etats-unis/
  • Inserm. (s. d.). Avec ou sans frites: C’est quoi la maladie du soda ? Inserm. https://www.inserm.fr/information-en-sante/c-est-quoi/avec-ou-sans-frites-c-est-quoi-maladie-soda#:~:text=Certains%20l’appellent%20la%20maladie,une%20inflammation%20de%20l’organe.
  • Jacques Attali. (2019). Histoires de l’alimentation : De quoi manger est-il le nom ? Fayard.
  • Jeune Afrique. (2019, 2 mai). Quels enjeux pour l’agro-industrie en Afrique ? Jeune Afrique. https://www.jeuneafrique.com/768750/economie/infographies-quels-enjeux-pour-lagro-industrie-en-afrique/
  • Laurence Caramel. (2006, 9 mai). Au Costa Rica, les producteurs de bananes rêvent d’Europe. Le Monde. https://www.lemonde.fr/talents-fr/article/2006/05/09/au-costa-rica-les-producteurs-de-bananes-revent-d-europe_769574_3504.html
  • L’Express. (2020, 19 septembre). Les chiffres à retenir du rapport de l’ONU sur la déforestation. L’Express. https://www.lexpress.fr/actualite/societe/environnement/les-chiffres-a-retenir-du-rapport-de-l-onu-sur-la-deforestation_2134684.html#:~:text=4%2C1%20milliards%20d’hectares,qui%20supervise%20aussi%20les%20for%C3%AAts.
  • l’OBS, & l’OBS. (2013, 4 mars). Comment Christophe Colomb a inventé la mondialisation. l’OBS. https://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20130220.OBS9428/comment-christophe-colomb-a-invente-la-mondialisation.html
  • Rentokil. (s. d.). Transformation alimentaire : les tendances mondiales. Rentokil. https://www.rentokil.com/fr/industrie-agroalimentaire/tendances-globales/#:~:text=L’industrie%20agroalimentaire%20est%20un,une%20meilleure%20qualit%C3%A9%20et%20durabilit%C3%A9.
  • Serge Hercberg. (2017, 16 mars). Étiquetage Nutri-Score : L’histoire de notre bataille homérique face aux industriels. Huffpost. https://www.huffingtonpost.fr/serge-hercberg/etiquetage-nutri-score-bataille-industriels-victoire-consommateurs_a_21897443/
  • TCF. (2020, 30 novembre). Banane : les secrets d’un fruit star – Tout compte fait [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=PGjcI2jJOwY
  • Too Good to go. (s. d.). LA CRISE DE L’EAU. Too Good to go. https://toogoodtogo.fr/fr/movement/knowledge/crise-eau
  • Water footprint Network. (s. d.). Product gallery. Water footprint Network. https://waterfootprint.org/en/resources/interactive-tools/product-gallery/
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  • Worldometers. (s. d.). POPULATION MONDIALE. Worldometers. https://www.worldometers.info/fr/
  • Xavier Demeersman. (2019, 19 juin). Notre civilisation pourrait s’effondrer en 2050. Futura Planète. https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/changement-climatique-notre-civilisation-pourrait-effondrer-2050-76535/

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Nous ne devrions jamais oublier, comme le disait l’éminente politicologue et philosophe Hannah Arendt dans son oeuvre La condition de l’homme moderne, que « le pouvoir jaillit parmi les hommes quand ils agissent ensemble ».

Imaginez qu’un matin au réveil, en ouvrant vos volets à une heure habituellement chaotique, vous soyez particulièrement frappé par l’éloquent silence qui règne dans l’avenue bordant votre immeuble. Curieux n’est-ce pas ? A la place de l’incessant balais de voitures et autres engins à moteur, c’est bien le chant limpide de dizaines d’oiseaux que vous percevez. Imaginez que, même après vous être frotté plusieurs fois les yeux pour tenter de le croire, vous constatiez que le bitume a laisse place à une pelouse verdoyante dispersée entre de petits chemins de petit sable et de pierre. Imaginez que les files de voitures ont laissé place à une joyeuse comédie humaine ou piétons et cyclistes vivent en règne.

Légitimement, vous vous demandez ce qu’il s’est donc passé durant cette nuit, si vous ne faites pas l’objet d’une quelconque folie. C’est pourtant bien ce qu’il m’est arrivé, ce que je vais vous conter.

Désorientée par le paysage et la vie qui s’imposaient à moi, je décidais de descendre pour assister à ce spectacle de plus près.  Une curiosité intensément vivifiante s’emparait ainsi de mon être tout entier allant jusqu’à faire crier mon ventre de famine, me rappelant la fragilité de notre condition humaine, tenue par d’innombrables et d’insatiables besoins. Je descendais alors les marches de l’immeuble et ouvrais la porte. C’est ainsi un autre monde que j’observais complètement perdue, désorientée, médusée, émerveillée.

Tout était transformé, d’un autre temps et ma conscience peinait à assimiler ce flot de nouveautés. Mes sens étaient décuplés. J’entendais le chant des oiseaux avec toute l’intensité que le calme environnant autorisait, je sentais l’odeur de l’herbe fraîchement coupée, des magnifiques fleurs qui bordaient les allées, dont les effluves n’étaient nullement entachées par l’odeur des fumées des moteurs. J’observais avec davantage de lumière et de couleurs ce paysage de toute beauté qui n’était plus que végétation et minéralité. C’est alors que, cherchant le supermarché qui dominait l’angle de la rue mais qui visiblement avait été remplacé par un commerce à l’aspect particulier, je m’apercevais qu’un jardin était cultivé juste à côté. Une abondance de légumes d’une variété et d’une beauté indescriptible. De magnifiques salades aux feuilles évasées et aux cœurs généreux, des tomates d’une incroyable diversité, certaines charnues d’autres plus petites et fermes. L’odeur prononcée de leurs feuilles me parvenait et j’imaginais alors leurs délicieuses saveurs. Il y avait également des concombres et je percevais au loin du persil, de la coriandre et enfin un grand champ de pommes de terre. A côté se trouvait aussi d’énormes potimarrons qui me rappelaient les délicieux veloutés hivernaux de maman que nous dégustions dans une silencieuse délectation. C’était un paradis de légumes, une oeuvre d’art végétale dans laquelle la vivacité des couleurs et des formes contrastait avec le calme ambiant. Enfin, alors que je tournais le regard sur ma droite, je constatais la présence d’un magnifique pommier chargé de ses plus beaux attributs.

Ne pouvant résister, je me mettais sur la pointe des pieds et parvenais à saisir l’une d’entre elle. Je la croquais ainsi à pleines dents et c’est un voyage dans le temps que je faisais ainsi en cet instant. Cette pomme, d’un parfum qui n’avait d’égal nul autre pareil, me ramenait à mon enfance dans le verger de mon grand-père dans lequel les fruits avaient un goût de soleil et de nature. Je m’employais à ne pas laisser échapper le jus qui s’en extrayait, c’était un si doux mélange d’acidité et de sucré, d’un croquant et d’une fraîcheur qui me transportait. Je la dégustais avec une frénésie telle que durant ce moment rien d’autre ne comptait, je ne percevais plus rien d’autre du monde, j’étais comme figée, transportée, habitée.

Un picotis douloureux parvenant de mon pied me réveillait alors de ce voyage gustatif, et lorsque que je baissais les yeux pour voir ce qui venait de me piquer, je remarquais une poule à l’oeil vif et impatient. « Elle aime les pommes elle aussi ! Enfin surtout les pelures » me lance une dame que je n’avais jusqu’alors pas aperçu. Elle était assise sur un petit tabouret de bois et s’employait visiblement à la réparation d’un vélo. « Tu sembles perdue petite, ça va ? ». « Oui ! » M’empressais-je répondre. « Tout va bien, je suis juste si désorientée ». Sans me répondre davantage elle me prenait la main et m’entraînait avec elle. Je ne sais ce qu’il s’était passé cette nuit-là, mais mon incompréhension s’effaçait laissant place à une curiosité grandissante, brûlante, de découvrir tout ce que ce nouveau monde comprenait.

« Ici il s’agit de tous nos commerces du quartier d’Angevina. Nous avons le Repair café dont je m’occupe qui répare tout ce qui peut l’être ici, nos deux épiceries, notre maison de santé, notre boulangerie, et enfin là-bas nos animaux.

Tu trouveras également chez Babette de quoi te divertir et t’instruire avec ces nombreux livres. Aussi, au bout de la rue tu rencontreras la fine équipe d’Alban, Robin, Michel, Anne et Lucile, de vrais artistes ceux-là !  Mais avant va donc prendre quelque chose à boire petite, tu as tant à découvrir ici » me dit-elle d’un regard qui semblait comprendre exactement mes interrogations.

Alors que je me dirigeais vers la boulangerie, j’apercevais juste derrière un moulin. Je n’en croyais pas mes yeux. J’avançais alors rapidement et contournais la bâtisse dont l’aspect, bien que curieux, n’en était pour autant pas moins agréable. Je ne sais de quoi étaient faits ses murs et son toit mais ce n’était certainement pas de béton. Derrière, il y a avait donc un magnifique moulin qui fonctionnait avec ses murs de pierres et ses eaux. Je rencontrais Martin et Jacques et tout en dégustant un délicieux petit pain de farine d’épeautre et un délicieux café de racines de pissenlit torréfiées, ces derniers me faisait une visite en expliquant fièrement leurs techniques traditionnelles de travail, leurs cultures de céréales issues de semences ancestrales locales précieusement gardées durant des générations. « Nous sommes fiers de participer à notre autonomie et à notre survie. Après tant d’années de chaos et de reconstruction, nous pouvons admettre que nous avons réussi » dit Martin d’un air songeur. Je le regardais alors interdite et me disais en mon fort intérieur que j’avais dû sommeiller durant une période qui dépassait l’entendement, sommeil qui m’avait visiblement préservé de dures années de difficulté. Je me demandais vraiment ce qu’il s’était passé, combien de temps cela avait-il duré, à quoi ressemblait les alentours. Je voulais comprendre. Ce que je ne savais pas encore c’est que ce que j’apprendrai par la suite dépassait tout ce que j’aurais pu imaginer.

Je continuais mon périple à travers ce quartier dont il me restait tout à comprendre et à découvrir. Je m’avançais en direction de l’une des épiceries lorsque sur ma droite j’apercevais un groupe de 5 enfants qui, chargés de caisse de bois remplis de fruits et légumes s’apprêtaient à entrer dans l’épicerie. « Tu ne comprends rien Maxime ! Madame Petavie nous l’a déjà expliqué une montagne de fois ! Tu dois toujours aligner un oeillet de dinde entre chaque pied de tomate pour les protéger des maladies et ravageurs. Il est aussi nécessaire de mettre des capucines, les fleurs adorées des pucerons. Aussi, à la fin d’une culture nous devons toujours tapisser le sol des feuilles des arbres ainsi que du fumier des poules pour nourrir la terre ! Tu le sais bien pourtant ». J’étais médusée par l’attitude générale de ces enfants qui semblaient dotés d’une maturité, d’une intelligence collective et d’une connaissance de la nature que je n’avais jusqu’alors jamais observé. Ou étaient donc passés ces enfants derrière leurs tablettes et autres appareils électroniques se refusant, pour la plupart, à manger un quelconque légume ?

C’est alors que l’un d’entre eux, sans m’adresser aucune parole me prenait la main et m’emmenait derrière l’épicerie. Ici s’étendaient de magnifiques champs de céréales et d’arbres. A côté il y avait un grand parc dans lequel plein d’animaux cohabitaient, des chèvres, des poules, des vaches. Je reconnaissais alors les cultures de blé, d’avoine, de sarrasin et d’épeautre. Il y avait également de magnifiques chênes, quelques peupliers, des tilleuls et au loin on pouvait apercevoir de nombreux mélèzes. La végétation y était foisonnante et cela me laissait sans voix. Je commençais à comprendre que ce que l’on souhaitait me montrer : une totale symbiose avec la nature et une totale autonomie alimentaire. Ici l’alimentation était le résultat d’un travail collectif et organisé par des êtres humains aux besoins simples et dont l’attitude transpirait la résilience.

J’apprenais ainsi que la majorité des fruits et légumes étaient cultivés au printemps et en été, qu’il s’ensuivait une période de récolte et de conservation en tout genre : les légumes secs et frais étaient mis en bocaux et conservés via des techniques naturelles telles que la lactofermentation. Les céréales étaient, quant à eux, moulus et conservés dans de grands bacs faisant également l’objet d’une transformation locale. Les fruits étaient mangés frais, conservés dans des caves ou transformés en compotes et confitures.  Enfin, ils disposaient même d’une culture de fruits secs, en particulier de noyers et de noisetiers qu’ils transformaient en huile, poudre et autres mets délicieux. Ici l’alimentation était simple puisque locale et autogérée. Les animaux qui y vivaient étaient pour la plupart rescapés d’anciens élevages, incapables de vivre seuls et étaient traités avec toute le respect qu’un être vivant méritait.

Ils disposaient d’un jardin sous serre également avec laquelle ils tentaient une production hivernale de fruits et légumes mais aussi de produits exotiques dont ils tentaient une culture expérimentale à partir de semences du monde d’avant, le cacao en faisait partie. Tout était organisé selon les bases de la permaculture avec la création d’un réel écosystème dans lequel végétations, insectes et animaux étaient tous traités avec une infinie attention, à la hauteur de leur indispensable contribution. L’eau était utilisée avec parcimonie et réutilisée le plus possible ; mais avec leur système de captage des eaux de pluie et une bonne préservation des sols cela n’était plus vraiment un problème. Ici le sol, l’être le plus vivant de notre planète, était riche et remplissait ses fonctions à la perfection. Il nourrissait, hydratait, soignait et habillait.

Carla, une jeune fille enthousiasmante âgée de douze ans me lançait soudainement « nous avons notre serre du monde éloigné ! Oui tu sais ces lointains pays exotiques qu’autrefois vous exploitiez. Et bien moi je vais bientôt goûter le cacao ! Mes parents m’ont expliqué qu’avant vous mangiez cela en quantité, que de grands bateaux et de gros avions vous l’apportaient quotidiennement mais que cela était mal et avait provoqué une catastrophe de notre Terre. Je n’ai pas connu cela mais je trouve l’ancien monde bizarre. Je veux dire je ne comprends pas pourquoi vous aviez cette certitude que tout pouvait se posséder et de façon illimitée ! La nature est si précieuse et si extraordinaire, nos forêts, nos océans et nos sols nous apportent tant. Il faut aussi beaucoup de travail et de temps pour réussir à se nourrir convenablement, cela ne peut être le fruit d’un caprice ou d’un pillage ! Papa et maman m’ont expliqué le système d’avant, la croissance et tout ça mais je ne comprendrai jamais je crois. A mon avis, nous autres êtres humains ne sommes qu’une pièce d’un immense puzzle, tous indispensables et interdépendants. Notre force nous la puisons dans notre intelligence collective et dans notre symbiose avec tous les éléments de notre écosystème.  Vivre, selon moi, consiste donc en l’apprentissage et la compréhension de qui je suis et de l’endroit où je vis, du fonctionnement de notre vaisseau Terre et de la vie qui y règne, mais aussi de ma capacité de subvenir à mes besoins sans éprouver une quelconque dépendance. Vivre c’est aussi s’amuser, créer, partager, collaborer avec les autres. Je ne vois d’autres sens à la vie, tu ne penses pas toi ? Mais pourquoi pleures-tu ? » Me questionne-t-elle alors.

J’étais submergée par le naturel avec lequel cet enfant m’expliquait ce qui me paraissait essentiel dans nos sociétés d’antan, ce que j’avais réalisé, ce que je voulais tenter de créer mais sans véritables possibilités. Elle incarnait des heures d’explorations d’autres possibles, des questionnements en tout genre, une tristesse grandissante face à l’incompatibilité entre mes ambitions et le monde qui m’entourait. Tous ces rêves étaient devenus réalité.

Une autonomie alimentaire, une société basée sur la coopération et l’entraide ou l’argent n’existait tout bonnement plus, dans laquelle les enfants apprenaient tant les mathématiques qu’à devenir empathiques, tant la philosophie et la littérature que la couture et la permaculture. Un monde dans lequel chacun avait vraiment sa place, dans lequel tout le monde développait ses qualités personnelles et interpersonnelles, ou chacun se levait chaque matin avec une soif de vivre et de contribuer à la communauté, en somme où tout le monde faisait ce qui vraiment l’animait. Un monde dans lequel tout le monde était pleinement ancré dans le réel, vivant, un monde sans virtualité, sans volonté d’échapper à la réalité.

Cet émerveillement n’était rien en comparaison avec toutes les découvertes qui m’attendaient encore, faisant à la fois l’objet d’une créativité et d’une simplicité déconcertante. Ici tout avait du sens, de l’utilité, de l’humanité, de la profondeur, de la chaleur et une forme de candeur. Par la suite je découvrais le Repair café où l’on réparait tout ce que l’on trouvait, mais également où l’on dispensait des ateliers de créations, allant du mobilier aux ustensiles en tout genre.

J’apprenais également que le quartier était complètement autonome en énergie, qu’il disposait d’éoliennes fabriquées à partir de matériel abandonné mais aussi de panneaux solaires, de biomasse et de bois qu’ils s’employaient à replanter en grande quantité. Je découvrais par ricochet que les maisons étaient toutes construites en des matériaux écologiques, parfois de bois, de paille, de terre cuite. L’isolation était faite de laine de chanvre ou de la laine des moutons laissés en pâturage. Les sols étaient faits de liège et les murs principalement de bois.

Tous les immeubles avaient laissé place à de petites maisons toutes quasiment similaires et transcrivant cette même idée de simplicité et de respect écologique et sociale. Le confort y était tout autant suffisant que résilient. On se lavait avec l’eau de pluie chauffée grâce à l’énergie solaire et il n’y avait que des toilettes sèches. En hiver, on cuisinait beaucoup grâce au feu de bois, les plats étaient conservés en extérieur faisant office de réfrigérateur naturel. On développait les moindres petites astuces permettant de recourir le moins possible à l’usage de l’électricité produite par les sources d’énergies renouvelables.

L’habitat n’était envisagé ici que comme l’outil de repos et d’intimité nécessaire lorsque la fin de journée pointait le bout de son nez. Le reste du temps, les personnes étaient occupées à contribuer à leur communauté par l’exercice de leurs diverses missions. Le partage était une valeur naturelle et nombreux étaient les ateliers et espace communs.

Concernant l’apprentissage, les enfants suivaient une éducation riche comme décrite précédemment, dans laquelle on mélangeait connaissances et savoir-faire. Ainsi tout le monde suivait, au-delà des matières classiques, un apprentissage du fonctionnement de notre Terre et de ses ressources. Il y avait également de nombreuses pratiques : la pratique du jardin, de l’élevage raisonné des animaux, de la couture car ici on apprenait aussi à s’habiller et se chausser. On apprenait également les bases de la médecine naturelle pour se soigner des petits maux par les plantes et on apprenait à écouter son corps, à méditer, à communiquer. Le sport était une culture, on cultivait l’idée d’un esprit sain dans un corps sain. Enfin, on apprenait comment fonctionnait les outils permettant de bénéficier de l’eau et de l’électricité. Très tôt tout le monde connaissait la valeur de ce confort, ce qu’il en coûtait pour en bénéficier et en faisait ainsi un usage d’une infinie sobriété.

Je rencontrais finalement le groupe que m’avait évoqué la dame qui réparait le vélo, des savants fous, d’une inventivité hors paire qui faisait tout un tas d’objets, de mobiliers à partir de tissus, plastiques, bois, et tout autres matériaux retrouvés. Ils fabriquaient également des vêtements, sacs, objets de décoration tout aussi utiles que déroutants. Ici tout fonctionnait également sur la base de la créativité mais aussi de l’échange et du partage. Les habitants se prêtaient ce qu’ils n’utilisaient qu’occasionnellement, s’échangeaient des choses dans une dynamique d’usages croisés. Le matérialisme et l’individualisme, encouragés par le capitalisme du monde que je connaissais ne semblaient jamais avoir existé. Ici tout n’était que résilience, sobriété, apprentissage et partage. On ne disposait que de ce dont on avait réellement besoin, on se donnait les moyens de vivre par nous-mêmes et on redécouvrait l’humain dans toute sa splendeur. « Ce soir c’est le dîner du quartier d’ailleurs ! On participe tous et ensuite on se diverti devant une pièce de théâtre organisée par le club des lecteurs. Tu vas voir à quel point on s’amuse ! » S’exclamait Lucile d’une vivacité tant communicative qu’enchanteresse.

Enfin, j’apprenais que dans ce quartier il n’y avait nullement de règles, que chacun savait naturellement ce qu’il avait à faire, n’hésitait pas à manifester le besoin d’aide, à exprimer une détresse ou une joie. Ici on favorisait l’informel, la créativité et la complémentarité. Il n’y avait de règles qu’en ce qui s’apparentait aux conflits que l’on résolvait par un mécanisme d’écoute et de médiation. En matière de prise de décision, il existait un système de démocratie participative et en cas de difficulté, les opposants devaient proposer des alternatives.

Mais comment cela était-il possible ? Qu’avait donc subit le monde pour qu’il fasse l’objet d’un tel changement ? Et alors que je laissais libre court au flot de questionnements qui m’assaillait, j’apercevais une maison qui n’était pas comme les autres. Elle était plus petite, ressemblant davantage aux constructions que j’avais l’habitude de voir dans le monde d’avant. Elle n’avait pas d’étage, était de forme carrée et possédait un charmant petit perron. Alors que je m’arrêtais pour l’observer plus longuement, je voyais une vieille dame qui me regardait derrière l’une des fenêtres. J’étais alors prise d’une irrépressible curiosité qui me poussait à l’entrée de la porter de la maison. Sans même prendre la précaution de frapper à la porte je m’introduisais dedans. La vieille dame était assise et me regardait paisiblement, comme si elle m’attendait, comme si j’étais parfaitement au bon endroit au bon moment. Je m’assaillais en face d’elle et elle me saisissait la main. Je fermais instantanément les yeux et je voyais enfin. Je voyais le chaos qui avait régné, je voyais les tsunamis, les tremblements de terre, le fonte des glaces qui avaient fait disparaitre tant de pays. Je voyais les gens hurler, les gens mourir, de faim, de soif, de chaleur, d’intoxication, de désespoir. Je voyais des villes littéralement fondues par un soleil devenu tueur en série. Je voyais des villes abandonnées par l’humanité qui n’étaient plus que méthane et toxicité. J’avais la nausée, la tête me tournait, je ne pouvais soutenir le regard devant tant d’atrocités. Je voulais crier, m’enfuir mais j’étais prisonnière.

Bip bip bip : le réveil sonne, il est 7h15. Je suis en sueur. J’entends le ronronnement des voitures, les klaxons. J’ouvre les volets, c’est bruyant, ça sent mauvais, la vision du ciel est entrecoupée de ces mêmes immeubles laids. Je perçois déjà les ondes négatives d’un monde stressé. Tout cela n’était bien qu’un rêve et pourtant, il semblerait que cette fiction ne soit pas si fictive.

C’est ainsi  au nom de notre humanité qu’il est nécessaire d’expliquer à quel point nous somme liés à la nature dans sa diversité. Dans une société qui nous a fait oublier l’essentiel, nous faisons croire que béton et technologies sont nos seules chances de survie, que la croissance et le progrès sont intimement liés, que l’homme et la nature sont opposés.

Ce récit est une invitation à une après-midi de randonnée troquée contre une journée  shopping un samedi ensoleillé. Une invitation à l’émerveillement de la naissance d’un fruit ou d’un légume que l’on a soi-même planté. Une invitation à la pureté du silence d’un réveil au milieu d’une nature indomptée. Une invitation à la pureté et à la force des éléments, à une randonnée glaciaire, à une nage dans l’océan, à une course dans le vent. En somme, une invitation à retrouver notre modeste place d’homme face à cette biodiversité.

C’est au nom de cet amour profond et indescriptible que je ressens pour la nature que j’ai écris cet article. C’est une ode à l’envahissement de tout mes sens, à un sentiment de plénitude inégalé, à l’odeur de l’herbe fraichement coupée, de la terre récemment retournée, de la pluie tout juste tombée, d’une végétation de toute beauté, au subtile toucher d’une neige immaculée, un émerveillement sans limites qui fascine et inspire mon être tout entier.

Nous devons nous saisir de cette crise pour développer notre conscience à la fois de nous-mêmes et de l’environnement dans lequel nous évoluons. Il est essentiel que nous développions notre sagesse et comment ? En explorant, en étant curieux de tout et en renonçant à l’ignorance. C’est en comprenant le fonctionnement de notre Terre que nous comprenons la fragilité de nos existences et la nécessité de développer des modes de vie plus en adéquation avec nous-mêmes.

Nous devons réinventer nos sociétés dans tous ces aspects, utiliser ce magnifique réveil écologique pour repenser complètement le système tout entier. Repenser à l’échange de savoir-faire, au troc, au partage, au développement du local comme économie viable, humaine et écologique. C’est notamment ce que Serge Latouche résume dans son livre La voie de la décroissance. Vers une société d’abondance frugale lorsqu’il évoque les diverses formes d’actions à implanter au coeur de notre monde : « réévaluer, reconceptualiser, restructurer, relocaliser, redistribuer, réduire, réutiliser, recycler » ; il ne tient qu’à nous de nous en emparer.

Enfin, nous devons réapprendre à devenir maîtres de nos vies pleinement, être acteur de notre alimentation, de notre production d’énergie, de notre démocratie, de notre santé, de notre éducation. Mais avant cela il faut réaliser notre modeste condition. Pourquoi l’acquisition de compétences informatiques est devenue plus normale, utile, valorisant que de savoir planter un plant de tomates ?

Rachel Carson disait «  Mais l’homme est une partie de la nature, et son combat contre cette nature est inévitablement un combat contre lui-même ». Cela semble prendre tout son sens dans notre monde actuel.

Aussi, je souhaiterais m’adresser à toutes ces personnes qui penseraient cela utopique, ou qui tout simplement penseraient ne pas avoir le temps, le luxe ou l’appétence pour notre survie. Je souhaiterais que vous vous posiez 5minutes et que vous vous demandiez : quel sens a votre vie ? Aimez-vous ce que vous faites chaque jour ? Qu’est-ce qui est essentiel pour vous ? Etes-vous heureux ? Et si l’on vous disait qu’en réalité vous aviez tous les outils pour vous affranchir de tous les carcans que nous maintenons par notre docile obéissance ? Et si demain le boss humiliant et stressant n’existait plus, si les préoccupations financières disparaissaient, si vous aviez l’opportunité de faire ce qui vraiment vous animiez, sans nul souci matériel, sans nulle contrainte de temps, ne voudriez-vous pas le tenter ?

Imaginez que ce matin nous refusions tous d’aller travailler, que les messieurs du btp s’emploient à emprunter les machines pour dé-bitumer tous les quartiers, que les jardiniers occupés à dompter une nature qui doit être joliment présentée se mettent à jardiner, que quelques médecins fatigués viennent les aider, que les ingénieurs expriment leur créativité dans de magnifiques frugalités, que nous décidions ensemble d’être maîtres de nos vies, de créer une vraie démocratie, d’abolir le système financier, de réinventer l’humanité. Pourquoi cela est-il si utopique ? Parce que nous ne l’avons pas encore fait. Nous avons perdus le contrôle de ce que nous buvons, de ce que nous mangeons, des matières avec lesquelles nous nous habillons, parfumons, chouchoutons. Nous perdons toujours davantage notre sociabilité, notre capacité à s’écouter, notre possibilité de coopérer.

Enfin je terminerai par l’un des passages les plus éloquents du livre de Cyril Dion, un passage qui devrait à tous nous intimer l’ordre d’arrêter tout de suite toutes nos activités, de descendre dans la rue et de commencer à créer une nouvelle société.

« Imaginez que l’essentiel des activités humaines ne soit pas dédié à gagner de l’argent, augmenter le profit, doper la croissance, inverser la courbe du chômage, relancer la consommation des ménages, gagner des parts de marché, vendre, acheter, contenir la menace terroriste, préserver nos acquis, rembourser nos crédits, se plonger dans des monceaux de divertissements destinés à nous faire oublier le peu de sens que nous trouvons à nos existences et notre peur panique de mourir… mais à comprendre ce que nous fabriquons sur cette planète, à exprimer nos talents, à faire grandir nos capacités physiques et mentales, à coopérer pour résoudre les immenses problèmes que notre espèce a créés, à devenir meilleurs, individuellement et collectivement. Que nous passions la majeure partie de notre temps à faire ce que nous aimons, à être utiles aux autres, à marcher dans la nature, à faire l’amour, à vivre des relations passionnantes, à créer. Impossible, n’est-ce pas ? Utopiste. Bisounours. Simpliste. Et pourtant. Tout ce que je viens de décrire existe déjà en germe dans des écoles en France, dans des écoquartiers aux Pays-Bas, dans des écovillages en Ecosse (…). Imaginez, si l’ensemble de l’énergie productive et créative des personnes qui travaillent chaque jour sur la planète n’était pas concentrée à faire tourner la machine économique, mais à pratiquer des activités qui leur donnent une irrépressible envie de sauter du lit chaque matin, et que cette énergie soit mise au service de projets à forte utilité écologique et sociale… Il y a fort à parier que le monde changerait rapidement (…)”.

Par Alexia de Rechapt, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

Sources :

Un million de révolutions tranquilles – Bénédicte Manier

Petit manuel de résistance contemporaine – Cyril Dion

 

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Une terrienne à d’autres terriens https://master-iesc-angers.com/une-terrienne-a-dautres-terriens/ Wed, 05 Feb 2020 12:56:50 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3123 C’est par une préoccupante, bien qu’agréable, chaude journée du mois de janvier 2020 que j’ai ressentie pour la première fois le réchauffement climatique. Cela vous surprendra peut-être puisque le phénomène n’est certes pas nouveau et loin d’être méconnu. Toutefois, mon… Continuer la lecture

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C’est par une préoccupante, bien qu’agréable, chaude journée du mois de janvier 2020 que j’ai ressentie pour la première fois le réchauffement climatique. Cela vous surprendra peut-être puisque le phénomène n’est certes pas nouveau et loin d’être méconnu. Toutefois, mon expérience personnelle, celle qui éveille davantage ma conscience et qui a instillé l’obsession d’un réveil écologique, ne s’est réalisée qu’en cet instant. Peut-être parce que pour la première fois j’étais en mesure d’être attentive à ce changement, de l’observer, de le comparer, de le quantifier. Peut-être aussi parce qu’avait resurgi un souvenir d’une sortie matinale du mois de décembre durant laquelle je m’étais étrangement sentie au printemps sans vraiment pouvoir l’expliquer. Puis je me suis souvenue du chant des oiseaux, un chant qui n’avait jusqu’à l’heure jamais, ou tout du moins selon mes souvenirs, bercé mes sorties hivernales. C’était donc pour cela que ce vent de nostalgie printanière avait soufflé ce jour-là ; et c’est ainsi lors d’une conversation anodine avec l’un de mes proches que je réalisais l’anormalité de la situation. « Avant, du mois de novembre au mois de mars, il nous était impossible de voir le bitume tant tout était couvert de neige. L’hiver c’était cette période de l’année durant laquelle l’homme, la nature et les animaux ralentissaient leurs activités, se reposaient, hibernaient » me dit alors l’un de mes proches. Que peut-on dire de ce repos lorsqu’un soleil radieux, accompagné d’une des plus douces températures pointent le bout de leur nez, que les oiseaux chantent et que les fleurs bourgeonnent ?

Ainsi, il semblerait qu’après avoir réussi à créer une société en décalage avec notre humanité, nous avons également réussi à faire de notre planète un lieu qui imite cette contradiction, cette hostilité à la nature. Certains considérerons ces changements comme normaux, le résumerons à une histoire de cycle voir à un changement désirable.

D’autres noteront cette anormalité et la nécessité de réagir en ralentissant, et j’en fais partie. Alors je me dis qu’il faut en parler, évoquer mes ressentis, connaissances et engagements personnels pour partager, diffuser, susciter des réactions. Parce que s’engager dans la dynamique du changement, dans la lutte contre le réchauffement climatique, ce n’est pas être utopiste, fou ou surréaliste au contraire ; c’est avoir l’audace de penser les choses différemment, de prendre ses responsabilités et de changer malgré une réalité et un futur compromis ou potentiellement sombre. Mais justement, faisons de cette incertitude la clé d’une ambition sans limite dans la création d’un avenir meilleur, marqué par plus d’humanité et de verdure.

L’écologie, le défi de l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique tant de termes vastes, complexes soulevant d’insolubles questionnements. C’est à mon sens l’une des équations les plus complexes de notre monde actuel, suscitant désaccord, méfiance, désintérêt, peur, une équation tant en contradiction avec nos modes de vie actuel qu’il en devient tentant d’abandonner toute tentative de compréhension ou d’action.

Comment inciter à une baisse de la consommation alors que le monde techno-industriel, maître de nos sociétés modernes, est toujours davantage dans la course à la croissance et à la consommation ?

Comment penser une transition écologique lorsqu’en réalité il s’agit d’une transition énergétique, déplaçant la consommation d’énergies fossiles vers la consommation de matériaux rares ?

Comment penser un changement viable dans un monde qui connaît une croissance démographique exponentielle ?

Comment reprendre le contrôle de nos vies alors même que nous sommes assaillis de contraintes, nécessités, besoins financiers ?

Comment trouver le temps et les ressources pour redonner à nos vies la simplicité et la nature dont elles ont besoin pour s’épanouir ?

Comment agir alors que les dangers semblent si loin et hypothétiques ?

Comment imaginer et créer un autre monde que celui dans lequel nous avons toujours vécu ?

Quelle crédibilité personnelle ai-je sur ces sujets ?

Tant de questions qui soulèvent de nombreux problèmes, mais cela ne signifie pas que les solutions n’existent pas, cela signifie simplement que la réponse doit être collective pour engendrer un impact proportionnel à la cause elle-même : notre planète, notre humanité, notre vie à tous. Questionnons-nous alors : le progrès doit-il nécessairement résider dans l’idée du pas en avant ? N’a-t-on pas atteint les limites d’un système de consommation et de confort néfaste pour notre ensemble ? Ne serait-il pas venu le moment de considérer le pas de côté comme le véritable progrès vers lequel nous devons tous avancer ?

Ce texte a ainsi pour ambition d’évoquer la cause écologique, d’en explorer certains de ses contours. Ce texte est une invitation à une action collective, à l’émergence d’une société qui tente coûte que coûte d’être reconnaissante et digne envers notre planète et envers nous-mêmes.

Réveillons-nous, effrayons-nous, agissons, changeons et vite ! Mais pour cela il faut comprendre et apprendre.

Je ne suis qu’une messagère parmi tant d’autres, une personne avec ses failles et ses contradictions mais qui ne peut persister dans l’inaction. C’est une invitation à ceux qui n’ont pas encore fait de faire et à ceux qui font de faire encore plus.

L’homme dévastateur

Réaliser notre impact est un premier pas essentiel vers l’action car si nous ne réalisons pas le mal que nous faisons, nous persisterons dans cette dynamique.

Prendre conscience des nombreuses inepties du monde actuel afin de s’imaginer un  monde dans lequel, si nous persistons dans l’inaction, tout ne sera que chaos et survie. Nous n’avons pas le temps, nous sommes occupés, nous avons besoin d’argent pour vivre ! Ne vous inquiétez pas, si nous continuons dans le déni, les catastrophes à venir feront de notre quotidien actuel un lointain souvenir, dans lequel nous aurons peut-être un reste de dérision pour rire de la futilité des priorités que l’on pensait nôtres.

C’est l’ensemble de notre système qu’il faut repenser, et jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour sauver notre monde ? Renoncer à manger de la viande, renoncer à voyager en avion, encourager nos déplacements à pied ou à vélo lorsque cela est possible, limiter nos consommations d’internet, résister aux tentations du capitalisme. Certains voient dans tout cela un effort, une contrainte ou même une privation injustifiée pour quelque chose qui n’existe pas pour eux, alors pourquoi ? Si vous êtes dans ce cas, dites vous que votre ignorance ne fait que nuire en réalité à votre propre situation, que ne pas prendre conscience, que persister dans ce modèle actuel de confort apparent ne vous mènerez en réalité qu’à encourager un système de destruction totale. Alors je le répète et je m’inclus dedans : réveillons-nous et prenons nos responsabilités. Soyons ambitieux, courageux, imaginons de nouvelles façons de vivre, soyons ouverts sur ce qu’il se passe dans le monde entier car il se pourrait bien que notre ami lointain du fin fond de l’Inde devienne notre voisin de pallier en bien plus de temps que nous ne l’aurions imaginé. Pourtant lui n’aura jamais consommé, faute de moyens, autant que nous autres occidentaux mais ce sera l’un des premiers à subir les méfaits du réchauffement climatique.

Ainsi, tenter une lutte contre ce réchauffement c’est nous rendre acteurs et héros d’un monde meilleur à la fois pour notre santé mais également pour notre humanité. C’est renouer avec une nature si longtemps bafouée, contrôlée et même ignorée alors que sans elle nous ne pouvons exister. C’est aussi renouer avec l’humain et lutter contre les inégalités que nous avons créées.

Pollution totale

Nous avons construit un monde entièrement toxique, de l’agriculture à l’élevage industriel en passant par l’alimentation ultra-transformée, les pesticides, les matériaux de construction, les perturbateurs endocriniens dans les cosmétiques et les vêtements. Nous avons créé un système basé sur l’intensif et la consommation à outrance. Peut-être pourrions-nous avoir de la compréhension pour les plus vieilles générations qui ont vécu dans le besoin et la difficulté. Peut-être pourrions-nous encore avoir plus de compréhension et même d’inquiétude pour les jeunes générations occidentales qui n’ont connu qu’abondance et confort, car finalement ce sont à celles-ci qu’il faudra inculquer le contentement du strict nécessaire, l’apprentissage de connaissances plus élémentaires, déconstruisant le monde entier dans lequel elles ont grandi. Mais qu’importe, la réalité est telle que l’heure n’est plus à la compréhension, à l’empathie ou au rejet de la faute sur le voisin : nous sommes tous responsables et nous avons tous participé à la création de ce système. Nous pouvons déjà quantifier la destruction à laquelle nous participons chaque jour :

  • en 2030, 1 homme sur 2 sera stérile.
  • en Europe 100 000 enfants meurent chaque année d’une maladie causée par l’environnement.

Peut-être que cela vous fera vous questionner davantage sur l’ensemble des produits que nous utilisons : d’où viennent-ils, de quoi sont-ils composés ? En a-t-on vraiment besoin ?

Passons à une autre des inepties de ce système global, intensif et démesuré : le pétrole.

Or noir ou or toxique ?

A l’heure actuelle, le pétrole est la base de tout, nos transports et échanges reposent sur lui. Il nous approvisionne et maintient le fonctionnement de notre infrastructure toute entière. Nous avons réussi à nous rendre entièrement dépendants d’une énergie qui s’épuise et qui nous tue lentement. Nous en sommes si dépendants qu’une pénurie de pétrole engendrerait en quelques semaines la pénurie alimentaire des villes et l’extinction des réseaux et d’internet.

Mais alors que nous devrions l’éradiquer ou l’utiliser à d’autres fins salvatrices, nous persistons dans la course au bien être économique, à l’idée de croissance.

Le TRE, ou taux de retour énergétique, représente les infrastructures, la main d’oeuvre et l’énergie combustible utilisés pour obtenir le pétrole. Lorsque cette énergie est plus forte que l’énergie extraite, l’extraction même de l’énergie en question n’a pas de sens et c’est justement ce qui est en train d’arriver.

Un exemple frappant peut en faire l’état : aux USA en 1900 le TRE était de 100/1 c’est-à-dire que pour une unité engagée on en recueillait 100. A l’heure actuelle, il est à 11/1 alors que le TRE nécessaire pour soutenir notre mode de vie actuel devrait être de 12/1. En moins de 2 ans, ce TRE pourrait baisser à 5/1 c’est-à-dire que l’on pour 1 unité engagée nous en recueillerons 5.

Ainsi, non seulement l’extraction du pétrole ne pourra plus soutenir nos modes de vie actuels mais en plus son utilisation tue notre humanité et notre planète. La seule solution viable serait d’utiliser ce qu’il reste de cette énergie fossile dans le développement des énergies renouvelables (qui reposent elles-mêmes sur le pétrole pour être mises en place) tout en acceptant de modifier nos façons de vivre et de consommer, car le modèle énergétique à venir ne pourra pas soutenir ce système de consommation.

Évoquons désormais notre système alimentaire, les chiffres devraient être percutants.

Viande à tout prix, gaspillage alimentaire et exotisme farfelu

La production de viande pollue énormément notre planète en ce sens qu’il faut 15 000 litres d’eau pour produire 1 kg de viande. Aujourd’hui, un français mange 89 kg de viande par an, soit deux fois plus que ses grands-parents.

Le secteur de l’élevage est l’un des plus grand producteur de gaz à effet de serre, il est responsable de 14,5% des gaz à effet de serre mondiaux c’est-à-dire plus que le secteur des transports.

L’élevage intensif a engendré une baisse énorme de la qualité de la viande, a même été classé comme cancérigène probable par l’OMS en 2015, au même rang que l’amiante et est à l’origine de l’épidémie d’antibiorésistance qui sévit depuis 15ans. En vous souhaitant un bon appétit devant votre jolie steak frites du jour, peut-être vous rappellerez vous que ce bout de viande que vous ingurgitez avec une frénésie qui n’a d’égal nulle autre pareille contient très probablement tout autant de chimie et de souffrance qu’il est possible d’imaginer.

D’ailleurs, c’est sur ce sujet éminemment sensible que je me confronte à d’énormes résistances parfois aussi infondées qu’ignorantes. La liberté de chacun reste le fondement sur lequel nous devons toujours rester. Pour autant, j’aimerais intimer à toutes ces personnes qui ne peuvent pas réduire au moins un peu leur consommation hebdomadaire de viande sous prétexte d’une nécessité biologique, physique, gustative, qu’un jour viendra ou ils pourraient en être nécessairement contraints par une planète réduite au chaos.

Aussi étais-je ravie de lire, dans le livre « Les chances qu’il nous reste » d’Erwann Menthéour que l’idée que l’homme est, par nature carnivore est fausse. La science le considère plutôt comme omnivore puisqu’il possède des intestins d’herbivores avec des organes digestifs longs (7 m2 contre 1 m2 pour les carnivores), les herbivores ayant besoin que les aliments restent en stagnation pour absorber les nutriments.

Ce constat est d’autant plus vrai qu’en observant les mâchoires et notamment les premières canines des premiers hommes, ces dernières étaient inadaptées à la consommation de viande. La pratique de la chasse était exceptionnelle et l’homme vivait essentiellement de la cueillette. La consommation de viande se serait en fait développée que dans les régions froides avec un climat plus hostile et un environnement pauvre en végétation.

Au-delà de la problématique liée à l’élevage intensif existe la problématique liée à l’intensivité de nos consommations alimentaires. Comme nous avons les yeux plus gros que le ventre, nous produisons et achetons plus que ce que nous sommes capables d’ingérer ou de conserver. Alors nous gaspillons chaque année 10 millions de tonnes de nourriture et cela a un impact carbone estimé à 15,3 millions de tonnes de CO2.

Enfin, comme nous avons des goûts exotiques, nous faisons importer des produits du monde entier. La mondialisation de notre alimentation est un désastre autant pour notre environnement que pour notre santé. Certains argueront que cette économie globalisée fait vivre de nombreux pays. Je les invite alors à regarder les conditions de vie de nombreuses populations d’Afrique. Un récent article de l’OBS évoquait d’ailleurs la famine qui y règne notamment en raison des événements climatiques de plus en plus dévastateurs : le cyclone Idai a causé des inondations au Mozambique, au Zimbabwe, au Malawi et la hausse des températures impactent les récoltes. Peut-être devrions-nous pensez à cela lorsque l’on achète une mangue, une banane ou autre mets exotiques.

Évoquons désormais un autre pollueur de taille et l’un des plus grands défis à venir.

L’insoupçonné Internet

Internet est le 3ème consommateur d’énergie après la Chine et les USA. Cela est d’autant plus préoccupant lorsque nous savons que notre société se dématérialise toujours davantage, que les données enregistrées deviennent de plus en plus importantes. A titre personnel, je peux dire que c’est l’un de mes plus grands défis. Etant née avec internet, c’est un outil tout à fait naturel et quasiment indispensable à mon quotidien, sans évoquer les technologies dans leur ensemble. Toutefois, je me suis dernièrement interrogée sur les effets pervers de ces technologies toujours plus précises, puissantes, « aidantes » et la nécessité de poser des limites.

Opérer le même constat avec internet est nécessaire. Certes c’est un outil de partage et de connaissances qui présentent d’innombrables avantages, mais notre pratique actuel de ce dernier n’est plus vraiment basée sur un simple principe de nécessité. Il est également un outil puissant de divertissement qui nous contrôle toujours davantage, atrophie notre cerveau, diffuse les rumeurs et fausses informations tout en participant à notre perte d’humanité. Alors là aussi, nous parvenons aux limites de ce système qu’il faut questionner et encadrer.

Qu’en est-il de ces fameux Data center, ces regroupements des serveurs informatiques des géants de la tech notamment de Facebook, Apple, Google qui disposent de onze foyers de production de charbon ? Il s’avère que ces deniers produisent 50 fois plus de CO2 que les autres énergies fossiles. Alors finalement, utiliser internet, le web, les applications c’est également être un pollueur de taille et pour cause : visionner une vidéo en streaming représente la consommation annuelle d’électricité d’un réfrigérateur, inspirant n’est-ce pas ?

Continuons dans le principe du divertissement en évoquant un autre pollueur de taille.

Tourisme de masse

Les bateaux de croisières font partie des plus polluants. Le leader mondial, Carnival Corporation, émet plus d’oxyde de soufre que l’ensemble des 260 millions de voitures du continent.

L’aviation est aussi l’un des modes de transport les plus polluants puisque par trajet, un avion émet 125 fois plus de dioxyde de carbone qu’une voiture individuelle. En plus du CO2, l’avion répand d’autres substances accentuant le réchauffement climatique.

Cela est sans évoquer les désastres que provoque la sur-fréquentation de sites touristiques à succès sur l’environnement et la biodiversité.

Monde chamboulé et chamboulant

C’est à ce moment précis que nous devons nous projeter dans un monde jusqu’alors inconnu, un monde digne d’un scénario apocalyptique. Je pense que la seule manière efficace d’activer réellement le changement collectif repose à la fois sur l’imaginaire d’un futur terriblement désastreux mais également sur la magnifique espérance d’un salut. La question est en réalité de savoir si l’homme est assez sage pour prévenir plutôt que guérir.

Ainsi, si nous persistons dans notre quotidien sans le moindre changement, sans le moindre petit sursaut de conscience, c’est un monde ravagé par tout un ensemble de phénomènes dont nous devrons nous accommoder.

Nous européens, seront certainement considérés comme terre d’accueil, puisque nous disposons d’un territoire moins exposé aux dérives du climat. Pour autant, cela ne signifie pas que nous continuerons à vivre normalement car nous serons déjà engagés dans le terrain de la survie. Nous ferons également face l’arrivée grandissante des migrants climatiques du monde entier ou du moins de ce qu’il en restera : entre sécheresse, fontes des glaces, élévation du niveau des mers et dégel du permafrost qui dégagera dans l’atmosphère du méthane, substance 34 fois plus puissante que le CO2, il se pourrait bien que le planisphère trouve sa représentation amputée d’un bon nombre de pays et d’une part importante de ses populations.

Mais avant cela, nous aurons déjà vécu des années de décadence terrible, subi une hostilité de la part de notre planète Terre encore méconnue par notre humanité, et nous ferons la guerre pour boire et manger.

Enfin, si malgré cela certains d’entre vous se complaisent dans l’idée qu’ils ne verront pas l’ensemble de ces catastrophes advenir, alors bien présomptueux et égoïstes vous serez puisque le futur reste par nature imprévisible et que j’ose espérer que vous avez tous une famille et des générations à venir. Celles-ci seront confrontées, sans nul doute, à ce combat. Ne voulez-vous pas tenter de les préserver un minimum ?

Mais alors que faire ?

Erwann Menthéour, auteur du livre intitulé « Les chances qu’il nous reste » nous invite à la désobéissance, et je ne peux qu’y adhérer. Selon ce dernier, tout est fait pour nous faire sentir inutiles alors que nous sommes les héros de cette crise. La société standardisée vers laquelle nous nous orientons toujours davantage rationnalise notre humanité d’une si forte manière que nous oublions que nous sommes capables de grands changements, que nous sommes acteurs de nos sociétés. « Désobéir, c’est renouer avec notre humanité » énonce Erwann Menthéour  et lorsque j’observe le monde actuel, tiraillé entre sa course à l’économie mondiale et à l’intelligence artificielle, creusant le fossé entre riches et pauvres et relayant l’homme à l’état d’automate de la machine, je me dis que cela est vrai.

Qu’implique donc cette désobéissance ? Des choses assez simples finalement, des choses qui auraient dû constituer la base d’un système éthique, transparent, humain.

Tout d’abord, il faut que nous nous obsédions avec la question climatique et notre empreinte carbone. L’ensemble de nos façons de vivre doit désormais s’organiser toujours davantage en fonction du réchauffement climatique.

Aussi, il ne faut évidemment pas penser que les Etats vont être acteurs d’un mouvement écologiste. La déclaration de Stockholm, depuis 1972, énonce que les problèmes liés à l’environnement n’ont plus la possibilité légale d’entraver le développement économique.  La messe est dite, et c’est d’ailleurs ainsi que nous observons que malgré la nécessité actuelle de promouvoir davantage les productions locales et de cesser les importations, notre président a encouragé l’accélération de la mise en place du CETA, dont nous savons qu’il livrera dans nos assiettes cette bonne viande américaine élevée aux OGM, pesticides et antibiotiques et qui est de surcroit 40% moins chère que la viande française !

Nous devons également cesser de perdre du temps à critiquer ou à se plaindre des injustices qui régissent le monde pour justifier nos inactions.

Nous devons agir au travers de notre rôle de consommateur, comme le disait Coluche « quand on pense qu’il suffirait qu’on arrête de l’acheter pour ne plus que ca se vende ». Nous avons un énorme pouvoir dans les choix de nos achats, faisons ainsi des choix conscients et avisés. L’exemple du bio illustre cela en ce sens que les grands groupes industriels ont fini par devoir respecter ces normes, à changer ses productions car le consommateur le voulait. Il en est de même avec le récent développement des produits alimentaires végétariens ou vegan et des produits en vrac. Le consommateur actuel devient de plus en plus conscient de certaines réalités et les industriels s’alignent : nous avons du pouvoir ! Alors imaginez si de surcroît nous arrêtions de consommer les produits ultra-transformés des entreprises les plus polluantes du monde, quel impact nous aurions ! Parmi les firmes les plus polluantes nous trouvons notamment Coca-cola, Univeler ou encore MARS. Cessons donc de donner du pouvoir à ces dernières !

Arrêtons de consommer tant de boeuf et de porc pour nous et pour notre planète.

Limitons notre usage d’internet et des achats technologiques.

Arrêtons ou diminuons drastiquement l’avion : il pollue 45 fois plus qu’un TGV.

Faisons évoluer notre vision sur le nucléaire en comprenant que malgré le problème des déchets radioactifs, il peut fournir une électricité ayant un très faible impact sur le climat, comparable à l’éolien ou au solaire.

Insufflons aux industriels qu’ils ont également tout à gagner à opérer une transition écologique : un rapport de 2006, initié notamment par David Stern ministre du budget au Royaume-Uni en 2006, avait évalué le coût de l’inaction en matière environnementale entre 5% et 20% du PIB mondial contre 1% si nous agissions. L’augmentation de la fréquence des événements météorologiques extrêmes tels que les inondations, sécheresses, la perte des écosystèmes ou encore les réductions des rendements agricoles nuiront nécessairement à leurs activités. Cet argument peut être un moteur d’une mobilisation inattendue.

Aux individus lambda, votre porte-monnaie est un véritable pouvoir, et savoir quels systèmes vous encouragez par le biais de vos achats peut vous rendre acteur, héro de taille dans ce combat.

Aux ingénieurs, scientifiques ou toute personne ayant des connaissances techniques en la matière : faites-nous peur, vulgarisez les concepts, participez à la prise de conscience et aidez-nous à imaginer nos alternatives !

Aux personnes éminemment riches, votre pouvoir est grand, aussi votre devoir de contribution devrait l’être tout autant.

C’est par 6 que nous occidentaux devons diviser notre mode de vie, alors nous avons du pain sur la planche. Je terminerai en citant la figure du changement en matière de climat, celle qui a rassemblé et agit bien plus que d’éminents personnages politiques n’ont été capables de le faire et ne feront jamais: Greta Thunberg. « Nous avons déjà réglé la crise climatique. Nous savons précisément ce qu’il faut faire. Il ne nous reste plus qu’à nous décider. Economie ou écologie ? Nous devons choisir (…). Car quand le dioxyde de carbone de notre inaltérable société macho atteint les couches supérieures de notre atmosphère et tape littéralement le plafond, quand la loi disant que tout doit grossir, aller plus vite, augmenter, s’oppose à notre survie collective, un nouveau monde se profile ; il n’a jamais été aussi près maintenant ».

Article d’Alexia de Rechapt, promotion 2019-2020 du master IESCI

Bibliographie/Webographie

Erwann Menthéour « Les chances qu’il nous reste »

Greta Thunberg, Svante Thunberg, Beata Ernman Malena Ernman « Scènes du coeur »

https://www.breakfreefromplastic.org/wp-content/uploads/2019/10/branded-2019-web-FINAL-v2-1.pdf

https://www.nouvelobs.com/monde/20200116.OBS23569/la-famine-menace-45-millions-de-personnes-dans-les-pays-d-afrique-australe.html

https://youtu.be/f1_qQDwTmBA?fbclid=IwAR24DqQU5Xi-d-MqRDxfKNJXapk1BGt_1qpbdq1cIRXh7Fi1t33QpGTo0-s

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Dear future, what will we be eating in 2050? https://master-iesc-angers.com/dear-future-what-will-we-be-eating-in-2050/ Fri, 17 Jan 2020 10:33:33 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3103 Demographic and climate challenges are going to transform significantly the way we are eating today. In 2050, we will be nine billion of human beings on earth and if we keep going on the same food system as today, it… Continuer la lecture

L’article Dear future, what will we be eating in 2050? est apparu en premier sur Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives.

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Demographic and climate challenges are going to transform significantly the way we are eating today. In 2050, we will be nine billion of human beings on earth and if we keep going on the same food system as today, it will be necessary to increase by 70% the food production. That would mainly imply the use of more chemical products and GMO, the increase of saturated and polluted soils and consequently a loss of productivity, a loss of biodiversity and the inevitable increase of the amount of food waste.

We thereby need to think, from now, about new solutions, but what could it be? Will we be resigned to eat pills, meat from laboratories or insects? Does the concern on the future of food is only based on the products we will be using or is there a bigger issue? Isn’t it a whole part of our lives which is going to be completely transformed? In the end, many values, traditions, ways of living are connected to a food system.

By analyzing the future of our food, we are in fact analyzing the general mutations that will shape the future of our society, mutations which will probably be oriented towards two main tendencies, between innovation and tradition. In other words, it seems that there will be the ones that will trust in the capacity of innovation and technology to improve and solve all the challenges of our consumption and production system while others will want to be real actors of the creation of a more traditional one. Both of these systems will inevitably be submitted to the apparition of new products in their diet that will promote the effectiveness of the vision they will be defending or promoting.

I. The apparition of new products

The apparition of new products will be the direct consequence of climate disruption in the sense that we will have to develop stronger and more resistant plants and cereals, able to handle difficult conditions and that do not require many resources. Indeed, there will be first the use of natural products but also the development of what is called the “smart food”.

A. New natural products

In 2050, our food system will effectively be more plant-based in the sense that today’s intensive farming would not be sustainable enough to survive. Thereby, we will be eating more vegetables, legumes and plants proteins than today. This will also encourage the reappearance of old plants species. For instance, we are now cultivating and eating only 30 plants species over 30.000!

  1. New plant species

Among all these species we will cultivate the ones that have an important nutritional intake and that are quite resistant to climate disruption. For instance, we could use the Fonio which is a cereal cultivated in Western Africa for several millennia. Its nutritional capacity is similar to rice and its culture is really easy because it can grow in very arid conditions without needing many water and in very low fertilized soils.

Other forgotten plants will be more produced for all those advantages. For instance, Teff, a cereal cultivated in Ethiopia, contains more fibers than rice and more iron and proteins than the main three cereals. It grows faster (between two and five months) and can adapt to a large variety of climates.

There could also be more production of Moringa, a tropical tree cultivated in India, Sri Lanka and Arabia. Its roots, leaves, fruits, seeds are eatable. Its leaves are rich in minerals, vitamins A, B and C but also in calcium and potassium and it could become an essential plant in the future.

Finally, the Bambara bean would be another source of food. It is one of the main legumes of Western Africa, mainly cultivated in Burkina Faso for now. It is able to grow in areas where very little others plants can. It contributes to the improvement of the fertility of soils by fixing the azote to the ground and its leaves are perfect for animal food while containing many proteins, about 18%.

  1. Insects

In the same way, we will be consuming more insects in the sense that it is a very interesting source of proteins, fibers and minerals while presenting many advantages: it is easier to grow and to collect that animals and it consumes very little water and food. In comparison, a grasshopper needs 12 times less food than beef to produce the same amount of proteins. However, its consumption in Europe will be at first used in order to feed animals or sportsman-woman. The European NGO International Plateform of Insects for Food and Feed announced that the volume of proteins production from insects is going to increase from 2.000 tones in 2018 to more than 1.2million of tones in 2025.

This tendency is already notable and some companies are also already producing products from insects. For instance, the French company Micronutris is using insect’s powder to make biscuits and chocolate. Similarly, the French start-up InnovaFeed is producing food animal from insects.

However it will be essential to make sure it is raised in strict conditions not to develop diseases. It will also be essential to regulate its consumption because insects are essentials to the ecosystem survival. Their impact is estimated to 23% for the world fruits production, 12% for the world vegetable production and 39% fort the world production of coffee and cacao. They are also a source of food for birds.

  1. Algae

Algae will also become common in our food. It is richer in calcium, iron, proteins, vitamins, fibers and antioxidants.

  1. Plant substitutes

Finally we will be eating more meat substitutes such as soybeans, plants proteins and plant milk, rich sources of many nutrients such as proteins, calcium, iron.

However, there will also be the development of smart and artificial food, which will be an alternative for people that will not be dedicating attention or time to food and cooking.

B. Smart food, artificial food

The development of smart food will also be encouraged in a society where cooking or eating times are more and more reduced. Nowadays, many people consider eating as a secondary thing and need to feed themselves easily, rapidly and in many circumstances. To illustrate this idea, some companies are already proposing food in bars or powder such as the American company Soylent or the French ones Feed and Vitaline. For instance, the company Feed is proposing bar or powder which have the same nutritional intake than a real meal while being gluten-free, vegan and biological. But what about satiety and mastication which are essentials for digestion and teeth’s health? In 2013, an American journalist Brian Merchant tried to feed himself exclusively with Soylent powder products. After fifteen days and even if its physical health remained intact he stopped declaring he was feeling depressed.

The concept of artificial meat is also developed and mainly consists in creating meat from cow cells. This synthetic meat represents some advantages in the sense that it allows to save water and it would be a sustainable way of keeping eating meat or even fish.

For instance in 2015 the start-up Wave Foods has created a plant substitute to shrimps by using the main food of the shrimps, an algae to obtain the same taste and the same color of the shrimp. In the same way in 2018 the Memphis Meat Startup, leader in the development of artificial meat has received 20millions dollars of investments.

The apparition of those products is definitely illustrating these two main visions the future food system will be developing: an innovative one and a traditional one.

II. The apparition of new production systems

It seems the main production systems will be mainly divided in two orientations, which are a technological one, and a more traditional one.

A. A techno-oriented production

The development of technologies and innovations, more precisely artificial intelligence and automatized systems are presented as a solution to handle climate disruption and demographic challenge. Many technologies, already developed, are illustrating this reality.

The agriculture will develop new ways of production based on Big Data and technologies so that it will optimize efficiency while preserving more resources. This evolution can be illustrated through many examples. For instance, Biopic is a company creating connected collars allowing to follow in real time and constantly the activity, the health and the reproduction of the livestock. In case there would be a problem, the breeder would be warned by message. In the same way, there will be more and more artificial intelligence systems that will assist or replace human activities through the creation of robots. For instance the constructor Carre has partnered with the Naio Technologies start up to robotize the weeding and the hoeing instead of using herbicides. Finally, the French constructor Fendt is now proposing to remotely control agricultural machinery.

All these technologies are following the same objective of transforming agriculture to a more productive activity by taking into account two main parameters: demographic and climate issues.

More than this technological agriculture, others objects will be part of our food system, giving once more, a place for artificial intelligence activities. The recent apparition of robots and 3D food printer are two examples. Nowadays, people have less time to cook, houses are dedicating less space to it, people are dedicating less attention to it and an individualization phenomenon of eating time can be noticed.

In 2015 Molet Robotics Company has presented a cooker robot supposedly able to cook more than 100 recipes of starred chefs. In the same way it now exists Foodini, a Spanish 3D food impresser able to print cakes, pizzas and pasta. The contemporizing food center of Rennes has also created a 3D printer for crepes. Even if it will probably take time for robots to be able to develop human senses (the touch, the taste, smell etc) and handle many cooking processes, it will be more and more present in our lives.

Finally, many connected objects will be part of our food consumption system by participating in an individualization phenomenon. Through AI systems there will be personal menus. For instance the company Habit is offering the elaboration of menus according to the needs of each one based on genotype. However this practice is not accepted in many countries especially for the ethical concerns it is rousing.

This innovative food system will not be approved by everybody and some people will develop and are even already encouraging a return to the past, to a more traditional system by giving full meaning to the relation with time, nature and sharing. The emergence of this traditional society is mainly characterized by a plant oriented food system that would be the result of a team and local work.

B. A traditional oriented production

In 2050, 75% of the population will live far from nature and cities will become a new territory for farming activities. Some French start up are already proposing those concepts such as Cols verts or Toit Tout Vert. Cols verts is developing farming activities in cities based on cooperation between people while Toit Tout Vert is developing urban greenhouses on roofs. Those products are pesticides free, gmo free and locals.

There is also the development of permaculture that is consisting in the recreation of a real ecosystem based on natural farming activities, cooperation, resources management and allowing food self-sufficiency. Here goes a video illustrating its principles: https://youtu.be/AOLlfyI8O9Q

This traditional system will also be characterized with the development of communities that will promote an entire ecological way of life especially regarding food by satisfying themselves with only local products and avoiding those that are coming from international trade. This movement will indeed be encouraging local productions but also a whole ecological awareness around consumption. They will promote food education by learning and teaching to eat only what we know, to eat less and slowly, and to handle perfectly the production system so that they will develop a critical mind against the gross practices of food industries.

However, due to the constant increase of our population, even those “natural” systems will be submitted to some kind of intensity due to the necessity of feeding everyone. Urban farms are going to develop especially using vertical production which allows great productivity in a little space.

These two ways of production are indeed illustrating deeply the different visions the society will soon encourage and develop. These new visions are presenting deeper concerns on the general evolutions of our society.

  • The apparition of new society’s visions: between tradition and innovation.

First, the tendency of thinking that technologies will be the solution to all the challenges we will have to face appears as too optimistic. Indeed, this perception will only be a way to encourage overproduction and overconsumption that are already killing our societies.

In the same way, how will we be able to handle the energy costs of these systems? Technologies, connected objects, artificial intelligence, Big Data are all existing thanks to electricity. If we are now orienting our food system towards technologies, we will inevitably increase the electricity and energy needs. Will it be sustainable? In the end those systems are not truly long-termed thoughts but just a way to make sure that we will all be fed even on a planet that will become, because of climate disruption, a more difficult place to live.

In addition, the development of this technological society through smart objects and data will once again encourage the process of dehumanization through artificial intelligence systems.

In this world of innovation, food will also be an excuse to control people a little bit more, especially on the products they be eating depending on their weight and others health parameters. Connected objects such as connected refrigerators, connected watches, clothes, products will be a way to standardize our food habits while giving more and more power to the GAFAM.

This techno-oriented food system, characterized by a loose of sociability and time, will lead to inevitable loneliness and to another form of dehumanization. Everyone will be not eating but snacking at anytime while doing everything (walking, working): it will finally become a side activity, secondary or associated to hobbies.

“ We will be living in silent societies, under surveillance. Societies of monitored silence. Resigned to dictatorship promising us to live longer, with the condition of forgetting that living, truly living, it about talking, listening, exchanging, feeling, loving, enjoying, screaming, suffering and transgressing. All those things that monitored silent will forbid,” said Jacques Attali in his book. Is that what we really want?

There are still solutions. Indeed, by developing food and consumption awareness people should becoming real actors of their food system by controlling and knowing it entirely. This will be the only way to promote an ecological consumption system while protecting our humanity through action and cooperation. It would also be a way to rediscover and promote the collective and sharing role of food.

In order to encourage this system, it will be necessary to imitate the development of international trading or create a system that will guarantee at least fair-trade conditions and the respect of production norms. It will also be made possible by a reorganisation of society that will optimise time better for those activities, especially by redefining the balance between work time and personal time.

In conclusion a society defined by more humanity, more cooperation, more cultural and environmental respect, based on the real human notion of time.

Below you will fine guidelines of good food practices according to Jacques Attali:

  • Eat less meat and more veggies: so many nutriments are already in plant products without the necessity of always using animal products.
  • Eating less refined sugar and more plant based sugar such as agave syrup, stevia or coco flower sugar.
  • Eat local and seasonal: products in a perimeter of 120km.
  • Eat slowly: in order to eat less and to facilitate digestion.
  • Eat what you know: stop eating ultra-transformed products and be aware of the body nutritional needs and of the production system so that you will build a consciousness on intensive farming and a critical mind on multinational food firms.
  • Maintain a physical activity in your daily routine.
  • Preserve the pleasure of eating and speaking together.
  • Try to buy products that are assuring a decent life to farmers (through labels such as FairTrade for instance).

Article by Alexia de Rechapt, student in the Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives d’Angers

Sources

Jacques Attali – Histoire de l’alimentation

https://usbeketrica.com/article/enjeux-2030-episode-1-la-food-revolution

https://usbeketrica.com/article/agritech-le-futur-de-l-agriculture-s-invente-maintenant

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Les terres agricoles, des ressources stratégiques https://master-iesc-angers.com/les-terres-agricoles-des-ressources-strategiques/ Mon, 26 Mar 2018 11:41:31 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=2774 Au salon de l’agriculture, le président Emmanuel Macron s’est retrouvé le 24 février face aux problèmes des agriculteurs. De multiples discussions ont eu lieu sur plusieurs thèmes comme sur le glyphosate, sur la PAC etc …. Son discours du 22… Continuer la lecture

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Au salon de l’agriculture, le président Emmanuel Macron s’est retrouvé le 24 février face aux problèmes des agriculteurs. De multiples discussions ont eu lieu sur plusieurs thèmes comme sur le glyphosate, sur la PAC etc …. Son discours du 22 février à ce sujet est très important. Il estime que les terres agricoles sont “un investissement stratégique dont dépend notre souveraineté”. Et qu’il faut mettre des « verrous ». Cette phrase met en lumière un des enjeux majeurs de ce siècle, comment nourrir la population. La population mondiale actuelle est de 7,5 milliard et l’ONU estime qu’en en 2050 elle serait autour de 9,5 milliard d’habitants. Cela pose un problème vis à vis de l’alimentation. En effet, on a vu une réduction de la  faim dans le monde depuis le 20ème siècle. Cependant, selon le WFP (World Food Program) il reste toujours 795 millions de personnes qui souffrent de la faim soit 1 personne sur 9. De plus, les prévisions sur ce domaine sont très difficiles voire impossibles.

Avec une telle population dans le monde, se pose la question de comment la nourrir. Chaque pays a pour objectif de nourrir sa population et cela devient un élément stratégique. En effet, un pays qui n’arrive pas à nourrir sa population peut être touché par la violence notamment avec des “émeutes de la faim” en 2007 et 2008. Par exemple les émeutes à Abidjan en Côte d’Ivoire, à Haïti, en Indonésie etc …. Ce fut le cas dans des pays d’Afrique et d’Asie. Face à ces risques, de nombreuses solutions sont apportées où certains Etats achètent des terres arables directement ou par le biais d’entreprise. Certains pays comme la Chine achètent directement des terres ou encore la Corée via une holding. Cela devient donc un enjeu stratégique pour les pays qui ont des problèmes d’approvisionnements.

Cependant en plus d’une population mondiale qui croit on a des soucis vis à vis des terres agricoles. Notamment avec les cas de pollution ou des soucis environnementaux que ce soit des inondations, des sécheresses, etc …. Ainsi, on peut prendre l’exemple en Chine de champs pollués par les métaux lourds. La sécheresse, elle, touche de nombreux pays, le Portugal par exemple est touché par une sécheresse très importante. 85 % du pays est touché par une sécheresse sévère dont 9% par une sécheresse extrême. Il y a donc des terres agricoles qui peuvent disparaître à cause de l’environnement.

Enfin cette question de comment nourrir sa population n’est pas nouvelle. Malthus et Ricardo 2 économistes anglais ont théorisé sur cette question. On peut reprendre la théorie de Ricardo qui reste parfaitement d’actualité. Cette théorie suppose qu’il existe différentes rentabilités de récolte sur les terres agricoles. Les paysans vont cultiver sur les terres les plus fertiles et plus la population augmente, plus la demande de nourriture augmente et plus on va cultiver de terres de moins en moins fertiles. Et en réalité toutes les terres ne se valent pas pour cultiver ce qui a une valeur supérieure aux autres.

Partie 1 : Le contrôle de terre arable : un enjeu majeur ?

1. Un phénomène mondial

On  voit sur cette carte que la vente de terres agricoles est un phénomène mondial. On remarque que les pays acheteurs sont des pays ayant une population supérieure à ce que pourrait nourrir leurs productions nationales. Parce que leurs populations sont grandes comme en Chine ou en Inde, mais aussi des pays se trouvant dans des zones désertiques tels que le Qatar ou l’Arabie Saoudite. Cette carte permet de montrer les tendances cependant, elle n’est pas à jour, car elle date d’avant 2010. Il y a eu un accroissement de ce type d’investissement depuis le début des années 2000.

Ce phénomène est très présent en Afrique, surtout en Afrique de l’Est où de nombreux pays ou entreprises essayent de se tailler un morceau pour garantir leurs approvisionnements. Comme vous pouvez le voir sur la carte (une acre est 2,5 fois plus petite qu’un hectare). Ceux qui critiquent cet accaparement de terre dénoncent cela comme un nouveau « scramble for Africa ». Pour rappel, il s’agit du nom donné au partage de l’Afrique au XIX siècle par les puissances européennes de l’époque. A nouveau il s’agit d’un partage mais cette fois entre toutes les puissances du monde mais surtout les pays de l’OPEP et les BRICS qui ont des difficultés d’approvisionnement. Jacques Diouf, ancien directeur du FAO qualifie cela de « néocolonialisme agraire ». On peut ajouter que ce sont en partie des pays ayant des troubles qui subissent ces investissements. Puis si on se réfère à la première carte certains de ces pays ne peuvent déjà pas répondre à la faim dans leurs pays. Selon un rapport de la banque mondial de 2010 2/3 des accaparements de terres entre 2008 et 2009 se font au 2/3 en Afrique subsaharienne.

Ce phénomène ne se passe pas qu’en Afrique cela se passe aussi en Amérique du Sud notamment en Argentine et au Brésil 2 géants dans la production agricole, mais aussi en Amérique du Nord, en Asie, en Océanie et même en Europe. En effet, des pays investissent dans les pays du Sud, car ce sont des terres peu chères cependant elles ne sont pas autant productive que celles des pays utilisant beaucoup plus de produits phytosanitaires ou ayant de meilleures irrigations. C’est pour cela que certains pays en voie de développement achètent des terres dans les pays du Nord. Ce qui peut conduire à des polémiques comme ce qui s’est passé en France dernièrement où une entreprise chinoise a acheté 900 hectares dans l’Allier. Cela pose aussi la question de la qualité de la terre qui est achetée. C’est ce qui explique en parti cet achat chinois. Et c’est en partie la raison de ce type d’investissement en Ukraine. En effet, historiquement, l’Ukraine fut le « grenier » de l’empire russe puis de l’URSS.

Après avoir vu que c’est un phénomène mondial qui touche tous les pays, nous allons nous intéresser à la stratégie d’un pays : la Chine

2. L’exemple de la stratégie chinoise

Nous allons voir maintenant pourquoi la Chine investit dans les terres arables et quelles sont les stratégies qu’elle a mise en place.

Pour commencer, il faut comprendre que la Chine contient 1/5 de la population mondiale pour moins de 9% des terres arables dans le monde. La chine a connu dans son histoire de terribles famines, encore récemment. Sous Mao, elle a subi une grande famine à l’orée des années 60 se soldant par 10 millions de morts ce qui laisse un souvenir dramatique. Ensuite, la politique industrielle chinoise a eu des conséquences sur l’environnement et donc sur les rivières sur les différentes terres arables. De plus, de nombreux scandales sanitaires ont touché la Chine.

Par exemple le scandale du lait en poudre contaminé à la mélamine qui a conduit a plus de 300 000 intoxications dont des centaines de morts. Des intoxications aux métaux lourds dont de la viande. Des choux aux formols un produit pour conserver le produit lors des transports non réfrigéré, or, c’est un produit cancérigène. Et il y a encore beaucoup d’autres cas. Cela a touché la confiance des consommateurs.

En plus de cette optique, la Chine investit afin d’être autosuffisant. Cet objectif d’autosuffisance concerne tous les produits à l’exception du Soja nécessaire à l’alimentation du bétail et dont ils importent 80% de leurs besoins. Dans sa volonté de contrôler ses approvisionnements en nourriture, l’Etat a poussé les acteurs chinois à investir dans les terres arables. Par exemple, le Chongqing Grain Group a investi 2,5 milliard de dollars dans l’acquisition de terres au Brésil dédiées à la culture de soja. Elle a réussi à faire main basse sur des terres agricoles en Australie en 2017. En effet, le consortium chinois, Dakang Australia Holdings a acquis l’équivalent de 1% du territoire australien en terres arables. Et ce n’est là que quelques investissements qu’ils ont fait. Ils ont acheté des terres dans le Missouri aux États-Unis, dans l’Allier en France, en République Démocratique du Congo, etc …. De plus cette stratégie dans une moindre mesure, c’est aussi d’acquérir des produits de qualité afin de redonner confiance aux consommateurs chinois.

Cependant, face à cette stratégie, il y a eu de nombreux levers de bouclier pour critiquer et ou dénoncer le pillage des ressources. Face à cette montée des critiques, la Chine a décidé de favoriser les prises de position dans les entreprises agroalimentaires, mais aussi de développer des partenariats. Ainsi le spécialiste du soja en chine, COFCO, a pris position dans différentes entreprises agroalimentaires comme le suisse Nidera. En termes de partenariat Synutra alliée à la coopérative locale bretonne Sodiaal produit environ 100 000 tonnes de lait en poudre, ce qui fait écho avec le scandale expliqué plus tôt. La Chine a aussi tenté de faire un partenariat avec d’autres pays pour des terres comme en Ukraine auwuel ils ont dû y mettre fin face aux critiques de plus en plus virulente vis à vis de ce partenariat.

On voit donc que la Chine essaye de protéger ses approvisionnements en nourriture de la même façon qu’elle essaye par exemple de protéger son approvisionnement en pétrole. On voit donc l’importance de l’autosuffisance en nourriture. Cela pose aussi la question du futur. En effet, quelle stratégie va mettre en œuvre la chine. Et comment va-t-elle répondre aux critiques, aux réactions violentes et juridiques ?

Partie 2 : Les critiques et les lois misent en place contre l’achat de terre arable

1. Les critiques

De plus en plus de critiques sont émises par des personnalités politiques des ONG, vis à vis de ces investissements. Pour commencer l’ONG GRAIN est une « organisation internationale qui soutient la lutte des paysans et des mouvements sociaux pour renforcer le contrôle des communautés sur des systèmes alimentaires fondés sur la biodiversité ». Cette ONG a tiré la sonnette d’alarme et a voulu créer une base de données recensant ces achats de terres. C’est exactement la même idée que le projet « Land Matrix ». Ces bases de données ont pour but de récupérer toutes les informations sur chaque transaction. La critique principale qui fut résolue en partie est la transparence des projets. En 2010, ce fut le pic de terres agricoles vendues avec plus de 90 millions d’hectares vendus, et c’était une des critiques les plus virulentes émises notamment pour combattre la corruption. Ensuite, une critique émise dans de nombreux cas d’achat est l’appropriation et le « vol » de terre. Il s’agit le plus souvent de critique politique vis à vis d’un certain laisser faire sur ces questions. Pascal Canfin, actuel directeur de WWF France avait écrit un article dessus en 2009 énonçant à peu de chose près les mêmes critiques que l’ONG Grain et montrait le souci d’une financiarisation des terres agricoles.

La question de la financiarisation des terres est de plus en plus forte. En effet, en plus de leurs capacités à produire de la nourriture ces terres sont devenues des biens spéculatifs. Tel des biens immobiliers, ils sont aussi sensibles aux bulles spéculatives. On voit dans le monde une inflation des terres agricoles à des vitesses différentes selon les zones géographiques. En France, le prix de l’hectare en moyenne entre 1997 et 2016 a augmenté de 54% ce qui est très élevé. Cette augmentation du prix a un coût pour les agriculteurs et notamment pour les jeunes qui souhaiteraient s’installer. Cependant, la France ne se laisse pas faire et notamment à travers les SAFER.

2. Une réponse juridique ? Le cas français

Les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) sont un modèle typiquement français. Elles ont été créées en 1960 à l’époque où la France voulait être auto suffisante pour ce qui est de se nourrir. Elles sont reparties sur tout le territoire et sont au nombre de 26. Vous pouvez voir les différentes missions des Safer sur le schéma suivant. « Leur rôle est de réguler le marché des terres agricoles : ayant une vue d’ensemble sur le marché foncier, les Safer ont pour mission d’éviter une flambée des prix et de structurer les nouveaux usages de ces terres en donnant la priorité à l’installation de jeunes agriculteurs ». Elles servent surtout pour intervenir lors de la vente de terre agricole. « Prenons l’exemple d’un agriculteur qui part à la retraite et souhaite vendre sa ferme. Il trouve un acheteur, se met d’accord avec lui sur le prix de vente et passe devant le notaire pour conclure la transaction. Celle-ci doit obligatoirement être signalée à la Safer locale. Si celle-ci considère que le prix est trop élevé ou que l’acheteur n’a pas le bon profil, elle peut casser la vente en usant de son droit de préemption. » On voit qu’elles détiennent une arme pouvant protéger les achats de terre agricole par des étrangers. Cependant, des montages juridiques permettent de passer à travers ce mécanisme. Pour remédier à ce problème le Parlement vient de voter des amendements pour préserver les terres agricoles françaises d’un rachat étranger et de l’inflation des terres.

Conclusion

On peut voir que les terres agricoles sont un enjeu stratégique pour chaque pays comme l’a dit Macron. On voit un exemple de stratégie, face à cet enjeu et comment elle a évolué. En effet, les critiques sont de plus en plus fortes et les pays commencent à se doter de juridictions pour éviter un monopole étranger. Cependant, cela reste une ressource que l’on peut développer pour favoriser la croissance économique.

Par Alexandre Penloup, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Webographie

https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/emmanuel-macron-veut-mettre-des-verrous-reglementaires-sur-les-achats-de-terres-agricoles-par-des-etrangers_2623688.html

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http://www.lepoint.fr/monde/la-chine-a-la-conquete-des-terres-agricoles-23-02-2018-2197309_24.php

https://www.le-cartographe.net/index.php/dossiers-carto/asie/92-chine-politique-dexpansion-agricole-a-letranger

http://geopolis.francetvinfo.fr/la-course-aux-terres-agricoles-en-afrique-6107

https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_alimentaire_mondiale_de_2007-2008

http://www.fao.org/home/fr/

https://landportal.org/news/2015/06/act-it-four-key-steps-stop-land-grabs

https://globalfoodpolitics.wordpress.com/2012/11/26/the-second-scramble-for-africa/

https://fr.wfp.org/faim/faits-et-chiffres

https://www.courrierinternational.com/une/le-portugal-un-pays-sec

http://www.momagri.org/FR/tribunes/Le-monde-manquera-t-il-de-terres-pour-nourrir-les-hommes-du-21eme-siecle-_646.html

https://www.planetoscope.com/sols/1175-disparition-de-surfaces-agricoles-dans-le-monde.html

http://www.rfi.fr/decryptage/20130614-accaparement-terres-etrangeres-achat-pays-riches-agricole-fonds-investissement

https://www.capital.fr/economie-politique/la-chine-acheteuse-vorace-de-terres-agricoles-a-letranger-1273793

https://www.latribune.fr/blogs/pekin-business/20150217trib1d6949dce/agro-alimentaire-la-nouvelle-strategie-chinoise.html

http://geopolis.francetvinfo.fr/l-appetit-des-investisseurs-chinois-pour-les-terres-agricoles-australiennes-100219

https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/terres-agricoles-l-empire-mondial-de-la-chine_1437316.html

http://www.slate.fr/story/82771/speculation-terres-agricoles

http://bfmbusiness.bfmtv.com/france/le-prix-des-terres-agricoles-francaises-n-a-jamais-ete-aussi-eleve-1176074.html

https://reporterre.net/Le-Parlement-limite-l-accaparement-des-terres-agricoles

https://reporterre.net/Les-Safer-gerent-elles-bien-les-terres-agricoles

http://www.safer.fr/missions-safer.asp

http://www.elysee.fr/declarations/article/transcription-du-discours-du-president-de-la-republique-emmanuel-macron-a-la-nouvelle-generation-agricole/

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