Agriculture Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Mon, 08 Mar 2021 15:17:33 +0000 fr-FR hourly 1 Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es ! https://master-iesc-angers.com/dis-moi-ce-que-tu-manges-et-je-te-dirai-qui-tu-es/ Mon, 08 Mar 2021 13:06:56 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3386 “La rhétorique correspond pour l’âme à ce qu’est la cuisine pour le corps”. C’est à travers ces quelques mots du philosophe Platon que la définition même de l’alimentation prend tout son sens. Depuis la nuit des temps, elle est notre… Continuer la lecture

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“La rhétorique correspond pour l’âme à ce qu’est la cuisine pour le corps”. C’est à travers ces quelques mots du philosophe Platon que la définition même de l’alimentation prend tout son sens. Depuis la nuit des temps, elle est notre principal centre de préoccupation : pour vivre, se développer, évoluer et s’enrichir. A la fois vitale et source de plaisir, elle a au fil du temps façonné les rapports entre les Hommes et les Hommes avec la nature. Autour d’elle, se sont édifiés des villes, des cités, des empires. Elle a construit la société que l’on connaît aujourd’hui. Son importance n’est pas à négliger car nos cultures, notre géopolitique, notre ordre social et notre diversité reposent sur son évolution. Les hommes ont petit à petit appris à modeler la nature à leur avantage. De nouveaux défis, au fur et à mesure des années, ont vu le jour : nourrir toujours plus de personnes, inciter les populations à s’étendre, conquérir de nouvelles terres, planter, cultiver et innover, que ce soit en termes de techniques ou de matériels. Mais alors, comment sommes-nous arrivés à notre société de consommation actuelle ? Quelle place, aujourd’hui, la nourriture a-t-elle prise dans nos vies ? Accordons-nous autant d’importance à la « bonne cuisine » ou bien est-ce un temps révolu ? A l’heure actuelle, de nombreuses questions se posent sur notre manière de consommer et d’utiliser nos ressources.

  • L’alimentation source d’évolution

Le commencement de tout

Cette évolution ne date pas d’hier. Dès la préhistoire[1], l’alimentation a été source d’évolution. La découverte du feu reste incontestablement une source de développement inouïe pour cet homme qui mange encore sa nourriture crue. Cette domestication et la possibilité de cuire ses aliments lui permettent de digérer plus facilement. Cette énergie gagnée lui donne alors le pouvoir de développer son cerveau et ses capacités. C’est aussi grâce à de nouvelles techniques de chasse et l’apprivoisement de certaines espèces comme les chiens et les chevaux que l’homme a pu conquérir de nouveaux territoires, faciliter ses déplacements et produire de nouvelles ressources. Toutefois, afin de répondre à ces défis, les hommes ont avant tout appris à domestiquer la nature et ont dû inévitablement s’intéresser aux sciences telles que : la météorologie, l’astrologie ou bien l’agronomie. Au fil des siècles, les humains, grâce à l’alimentation, on fait évoluer leurs corps et leurs esprits afin de construire peu à peu une société plus sophistiquée.

La place centrale du repas, le temps du partage et du repos

L’avènement de ces normes instaure alors de nouvelles hiérarchies et de nouveaux rituels entre les individus. Les repas deviennent de moins en moins nomades et se prennent désormais à des heures précises dans la journée. Les hommes se construisent des empires autour des ressources qu’ils ont réussies à maitriser. Le temps du repas n’a plus seulement comme objectif de se nourrir mais de construire un lieu de conversation et de pouvoir. Le banquet en est l’exemple même, les chefs d’Etats, rois ou dirigeants se réunissent, partagent un repas et échangent sur l’avenir ou les décisions des pays dans un contexte plus enclin aux pourparlers, qui délie les langues autour des alcools et séduit par la proposition des repas. Ces nouvelles habitudes permettent de former des alliances ou des oppositions d’une manière plus plaisante. De plus, une hiérarchie se met en place au sein même des repas, la disposition des invités dépend de leurs statuts. Cette différence de traitement touche l’ensemble de la société. Ainsi, l’alimentation sera différente entre les classes sociales. Les plus favorisés disposeront d’ingrédients plus chers ou rares tandis que les plus pauvres utiliseront des produits alimentaires moins variés, en plus grande quantité et faciles à cultiver. L’avènement de ces multiples pratiques autour du repas compose en majorité les rites que l’on connaît aujourd’hui.

Entre échange et invention : les débuts de la mondialisation

A partir de 632 après Jésus-Christ, le monde Arabe s’ouvre aux échanges, on voit alors apparaitre au fil des siècles de nouveaux produits que l’Occident ne connaît pas et des inventions qui vont révolutionner la manière de cultiver. Affluent alors dans le secteur agricole[2], des techniques d’irrigation telles que des puits, des barrages, des roues, des canalisations et de nouveaux ingrédients comme l’orange, l’abricot, la canne à sucre … qui vont peu à peu s’étendre dans toute l’Europe, puis dans le monde entier. Le développement des transports de marchandises et des auberges ou lieux de repos facilitent grandement cette expansion. La création des chariots de marchandises et des lettres de change, permettent le paiement à distance, les échanges deviennent alors plus rapides et plus sûrs. Puis, à partir du 15ème siècle et la découverte des Amériques, de nouveaux territoires et produits sont conquis comme la pomme de terre qui deviendra l’élément de base des populations, notamment pauvres. De cette conquête, va naitre une immense migration des populations, avec leurs cultures, leur rîtes et leur nourriture, source de diversité, d’échanges et de commerce.

Un brin de paille peut faire basculer la monarchie

La nourriture étant l’élément essentiel à la vie, si elle vient à manquer, elle peut devenir source de révolte et de mouvement sociétaux. Ces évènements, fondateurs de notre société, reposent donc, au départ, sur le même problème que rencontrent les populations depuis toujours, l’accès et la rareté des produits. Le 18ème siècle est marqué par de nombreuses famines. Le prix des produits essentiels augmente, ne permettant plus aux individus les plus pauvres de se payer de quoi manger. De nombreuses révoltes ponctuent alors cette période déjà tumultueuse. En juin 1789, le prix du blé atteint son niveau le plus élevé, survient alors la révolution et les changements politiques qui ont fondé notre démocratie. On peut aussi citer la grande famine de 1845, en Irlande, obligeant près de 2 millions d’Irlandais à fuir le pays vers les Etats-Unis, la cause étant due à un champignon rendant les pommes de terre non comestibles. Ce désastre humain a pourtant permis de créer une diversification des cultures et de l’alimentation. Avec l’amélioration des conditions de vie, les individus ne souhaitent donc plus seulement disposer du minimum pour vivre mais bien améliorer leurs conditions.

L’industrialisation, un pas vers la modernisation

Au 20ème siècle, le nombre d’habitants augmente considérablement. D’un milliard en 1800, un siècle plus tard, ce chiffre est d’1, 6 milliard, jusqu’à atteindre 6 milliards à la fin du 20ème siècle.  Dès les années 1900, les populations migrent peu à peu dans les villes où se trouve le travail. Les grandes usines fleurissent, créant un nouveau phénomène, l’industrialisation. À la suite des différentes révolutions industrielles, les innovations ne cessent de se développer et d’apporter à notre société des produits ou services dotés de plus en plus de technologies. La première révolution industrielle au 19ème siècle, grâce à l’invention de la machine à vapeur révolutionne les transports de marchandises. Puis, fin 19ème, début 20ème, lors de la deuxième révolution industrielle, l’invention et l’utilisation de l’électricité font naitre un nouvel élan de la production alimentaire. On peut alors produire en plus grande quantité, plus rapidement et la conservation des aliments s’améliore. Toutefois, en parallèle de cette modernisation, s’accompagne la dégradation de l’alimentation. Le temps des repas diminue, notamment pour les ouvriers qui ont peu de temps pour manger et qui doivent se contenter de leur gamelle. Ils mangent de manière nomade, comme ils le peuvent. De plus, pour s’adapter à cette nouvelle catégorie de travailleurs, les industriels font en sorte de diminuer leurs coûts de production et donc le prix de la nourriture. Le goût n’est plus la priorité. L’objectif est de maximiser son temps, on empiète alors sur les repas, de plus en plus négligés. Les codes culturels se transforment.

Après les années 50, aux Etats-Unis, on assiste peu à peu à l’avènement des fast-foods[3] : 1952 KFC, 1954 Burger King, 1955 McDonald’s, 1958 Pizza Hut. Leurs modèles économiques s’adaptent au nouveau mode de vie urbain et il est simple : mettre en place une franchise, avec des produits standardisés, peu coûteux, faciliter la vente avec le drive, commander et être servis en voiture. Très rapidement, ces nouvelles techniques de commercialisation se développent à l’international. De plus, la population augmente, il faut donc accroitre les rendements pour produire en plus grande quantité. En 1972, Paul Berg élabore les premiers OMG (Organisme génétiquement modifié) permettant de fournir des plantes plus résistantes aux bactéries. Les pesticides ou médicaments sont eux aussi de plus en plus utilisés pour éviter le maximum de perte de plantes et d’animaux.

Ces créations ont toutefois de graves conséquences biologiques. Les produits chimiques impactent la santé, appauvrissent les terres et engendrent de la pollution. Peu à peu, les petits agriculteurs disparaissent pour laisser place aux grosses exploitations. La révolution verte en Inde, à partir des années 60, en est un exemple. Des semences génétiquement modifiées ont été vendues aux agriculteurs indiens. Toutefois, ces pratiques réclamaient beaucoup d’eau, empêchaient la réutilisation des semences, provoquaient la pollution des nappes phréatique en raison des fortes teneurs en pesticides et par conséquent généraient des maladies.

Cette situation a aussi provoqué le surendettement de milliers d’agriculteurs indiens, engendrant entre 1992 et 2010 environ 270 000 suicides[4]. La deuxième partie du 20ème siècle a donc été un tournant dans notre manière de consommer et d’utiliser nos ressources. Aujourd’hui, au 21ème siècle, de nombreuses conséquences néfastes sur les Hommes et notre environnement en sont le résultat.

  • Le contexte alimentaire du 21ème siècle

L’histoire nous prouve donc que Rome ainsi que le développement de l’alimentation ne se sont pas faits en un jour. La société de consommation que l’on connaît aujourd’hui est donc bel et bien issue de l’héritage que les Hommes ont construit au fil des siècles, pour aujourd’hui nourrir toujours plus de personnes, en plus grande quantité, à moindre coûts.

La puissance du secteur agroalimentaire

Aujourd’hui, selon la Banque Mondiale, le secteur de l’agroalimentaire et de l’alimentation pèseraient environ 5 000 milliards de dollars[5], représentant le troisième secteur le plus important au monde, derrière le secteur du textile (2ème) et de l’aéronautique, l’aérospatiale et de la défense (1er).  Pour pouvoir nourrir une population de plus 7 milliards de personnes, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) dénombre actuellement une utilisation de 13 millions de kilomètres carrés[6] dédiés à la culture des terres agricoles utilisées par environ 600 millions d’exploitations agricoles où sont majoritairement cultivés 3 types de végétaux : le riz, le blé et le maïs qui constituent la base de notre alimentation.

En France, l’agroalimentaire est le 1er secteur industriel. En 2017[7], son chiffre d’affaire s’élevait à 185 milliards d’euros pour un marché de 67 millions de consommateurs. On comptait en 2015 près de 61 000 entreprises pour 570 000 salariés. En ce qui concerne l’Union Européenne, la France est deuxième en termes de chiffre d’affaire hors taxe dans ce secteur, derrière l’Allemagne. De plus, le pays se situe en première position en termes de production de sucre (5,8 millions de tonnes en 2016), de céréales (53,6 millions de tonnes en 2016) et 1er producteur de viandes bovines (1,44 million de tonnes de carcasses en 2017).

Au niveau international, la France est le 6ème exportateur mondial[8] de produits agroalimentaires, cela concerne majoritairement les boissons (15, 9 milliards d’euros), notamment le vin (2ème producteur mondial), les produits laitiers (6,6 milliards d’euros), la viande (4,5 milliards d’euros) puis les céréales (2,7 milliards d’euros).

Le double jeu du lobbying

Dès le début du 19ème siècle, les premières formes de lobbying voient le jour. En 1812, alors que les Anglais possèdent le marché de la canne à sucre aux Antilles, la France établit un embargo. Napoléon trouve une alternative en développant le marché du sucre de betterave et fait construire cinq fabriques impériales. Toutefois, les groupes de pressions font usage de leurs arguments auprès des parlementaires et jouent sur le contexte de méfiance qui règne autour de la betterave. Ce type de sucre disparaît alors peu à peu. On assiste au début du lobbying.

En 2019, Transparency International recensait environ 26 500 lobbyistes présents à la Commission et au Parlement européen et 37 300 personnes liées à l’activité de lobbying. Cette activité de lobbying est encore plus répandue aux Etats-Unis, en particulier à Washington, capitale fédérale. Les objectifs des lobbyistes d’entreprises sont de promouvoir les intérêts des entreprises concernées.

En Europe, comme aux Etats-Unis les lobbyistes font débat. Le fait que des organismes peuvent influer de manière prépondérante sur les décisions politiques incite les consommateurs à être méfiants envers leurs propres institutions, notamment par la révélation de certaines affaires ou documentaires qui mettent en avant ces polémiques.

On peut par exemple citer le documentaire « What the Health » présent sur la plateforme Netflix, qui met en corrélation les associations d’aide aux malades comme celles concernant le cancer du sein, le diabète ou bien l’asthme et les subventions qu’elles reçoivent. Les grandes entreprises effectuent du lobbying auprès de ces types d’associations. Pourtant, certains produits sont fortement déconseillés aux malades par les médecins, notamment la viande de bœuf. De grands lobbyistes de produits bruts tels que le lait « Milk Does a Body Good » ou les œufs « The Incredible, Edible Egg » aux Etats-Unis sont aussi au cœur de nombreuses polémiques. Les « check-off program », programmes de contrôle, promeuvent et fournissent des recherches sur un produit agricole spécifique en valorisant les qualités nutritionnelles, qui se révèlent parfois fausses. Le but est d’agrandir le marché et de valoriser les produits. Toutefois, le bien-être des consommateurs n’est, la plupart du temps, pas ou peu pris en compte.

Parmi les plus importants lobbyistes de l’agroalimentaire, on compte : Monsanto, Nestlé, Unilever, Coca-Cola, Mars, Pepsi Co et Mondelez, qui détiennent d’autres entreprises sous leurs ailes.

Ces entreprises sont notamment connues pour leurs produits transformés et leurs compositions avec des taux de sucres élevés : gâteaux, confiseries, boissons. En 2014, la mise en place du Nutri-score a représenté une véritable bataille entre ces géants industriels et l’Union Européenne. Les entreprises auraient dépensé près d’un milliard d’euros afin de ne pas voir apparaitre ce nouvel indicateur. Ce logo de cinq couleurs informe sur la valeur nutritionnelle. Plus le produit est proche de A et plus il contient une bonne teneur en protéines, fibres, légumes ou fruits. Au contraire, plus cette note est proche de E et plus le produit est composé d’acide gras saturé, de sel ou de sucre.

Cet outil permet aux consommateurs de comparer des produits identiques ex : boissons, produits industriels. Cependant, il ne prend pas en compte la provenance des produits et n’est, pour l’instant, pas encore obligatoire. Le véritable enjeu, aujourd’hui, est donc de garantir davantage de transparence auprès des consommateurs sans que ceux-ci se sentent floués. Les grandes entreprises agroalimentaires ont pris une telle importance de nos jours que certaines politiques en faveur du bien-être des individus ne peuvent se mettre en place à cause de l’influence de ces grandes firmes. Leur emprise est telle que même les décisionnaires politiques ne peuvent parfois rien faire.

L’évolution de nos habitudes, vers l’excès

Au cours du 20ème siècle, notre population mondiale a été multipliée par 6, puis au cours du 21ème siècle, nous avons atteint les 7 milliards d’habitants, soit 7, 8 milliards en 2021. Grâce aux innovations et au développement de notre société, les individus vivent dans de meilleures conditions, avec des revenus supérieurs et dans un système de santé accessible à tous. Nous ne sommes plus en période de guerre, pourtant, un combat portant sur un secteur économique vital pour l’homme se mène bel et bien : l’alimentation.

 Aujourd’hui, par manque de temps, de moyens ou d’envies, les individus ne cuisinent plus autant qu’avant et consomment davantage des produits déjà préparés, qui sont eux-mêmes, réalisés dans une optique d’optimisation des coûts. Pour attirer les consommateurs ou garantir leur conservation, ces produits contiennent des doses très importantes de gras, de sucre et de sel. En 1970, aux Etats-Unis, la consommation était évaluée à environ 0,23 kg d’HFCS (sirop de maïs à haute teneur en fructose) par an et par habitant. En 1997, cette consommation est passée à 28, 4 kg[9].

De plus, selon l’OMS, la quantité maximale de consommation de sucre par jour ne doit pas excéder plus de 50 g pour la femme et 60 g pour l’homme. Pourtant, aujourd’hui, un Américain consomme, en moyenne, par jour, 126,4 g de sucre[10], un Allemand 103 g et un Néerlandais 102,5 g soit le double de ce qui est préconisé. Ces nouveaux modes de consommation entrainent de lourdes conséquences sur la santé.

Selon Worldometer, en 2021, on compterait, environ : 1,7 milliard de personnes en situation de surpoids et 777 millions de personnes obèses. Sur une année, les dépenses liées à l’obésité aux Etats-Unis atteignent jusqu’à 31 milliards de dollars. A l’opposé, d’autres pays rencontrent des problèmes d’accès à l’alimentation : on compte environ 850 millions de personnes sous-alimentées dans le monde et presque 1,6 million de personnes qui meurent de faim chaque année. Notre société est confrontée à de fortes disparités, d’un côté, l’abus et de l’autre le manque. Malgré les innovations, ce constat est toujours présent.

  • Les conséquences de l’omniprésence de l’industrie agroalimentaire

Trop transformé, trop malade

De nos jours, les produits transformés font partie de notre quotidien. Dans ces types de produits, de nombreux éléments chimiques sont rajoutés pour plaire aux consommateurs ou diminuer les coûts. La présence de colorants, conservateurs, additifs, sel, sucre, gras et matières hydrogénées pose aujourd’hui un véritable problème de santé publique. Ces dernières années, de nombreuses maladies liées à la malnutrition ont fortement augmenté. En 1980, on comptait 4,5% de la population atteinte de diabète, contre 8,5% en 2017, principalement en raison de l’obésité[11]. La maladie du soda ou aussi appelée NASH, fait elle aussi partie du mal de ce siècle. Elle concernerait en France près de 200 000 personnes et serait due à une alimentation trop riche en sucre et en graisse ayant un lourd impact sur le foie. On peut aussi citer d’autres pathologies comme les maladies cardio-vasculaires, les troubles musculosquelettiques ou les maladies dégénératives. De plus, grâce à de nombreuses recherches, on peut désormais effectuer la corrélation entre l’alimentation et les cancers. Les produits ultras transformés, contenant des produits chimiques et la viande en seraient les principales causes. En 2015, selon l’OMS, la viande rouge a été classée comme cancérigène pour l’homme, au même titre que le tabac.

Malheureusement, on constate que la population la plus touchée par ces maladies fait aussi partie, le plus souvent, de la catégorie la plus pauvre, contrainte d’acheter des produits peu coûteux, faits pour être le plus rentable possible.

Les mauvais réflexes

Dans le sillage de cette société hyperconsommatrice, on assiste à une triste conséquence, le gaspillage alimentaire. En 2018, on comptait environ 1,3 milliard[12] de tonnes de nourriture perdue, surtout en raison de l’insuffisance des structures de stockage et du dépassement de la date de péremption des denrées dans les magasins. Une date souvent trop courte par rapport à la réelle durée de vie d’un produit. Un Français jette, par an, en moyenne, environ 20 kilos de nourriture, dont 7 kilos de produits déjà emballés.

L’eau douce, cette ressource pourtant rare, est elle aussi victime du gaspillage. On estime, selon WWF, que 300 000 milliards de litres d’eau sont utilisés pour produire des aliments gaspillés par la suite. Afin de prendre conscience de la dépense d’eau produite pour un produit, le site Water footprint network analyse son utilisation : une banane représente une douche de 10 minutes, une pomme, 7 chasses d’eau, un hamburger équivaut à une douche de 90 minutes et un kilo de bœuf à la consommation d’environ 15 400 litres d’eau.  Des chiffres effrayants dont peu de personnes ont conscience.

La nature, victime de l’homme

La pollution est aujourd’hui l’un des plus gros fléaux que nous connaissons. Aujourd’hui, même si l’utilisation des pesticides est fortement contestée, ils sont pourtant encore utilisés en masse. Le Costa Rica est le pays qui utilise le plus de pesticides par hectare de terre, soit 23 kilos par hectare. En termes de tonnages, la Chine est en 1er place avec 1,7 million de tonnes par an.

L’utilisation de ces insecticides, fongicides, désinfectants et herbicides tels que le Glyphosate a de nombreuses conséquences. Tout d’abord, sur la santé des individus, notamment des agriculteurs, en 1er ligne, et pour les consommateurs qui ingèrent sans le savoir de nombreux produits toxiques. La nature est elle aussi impactée avec la pollution des nappes phréatiques, l’appauvrissement des sols et la destruction de la faune et de la flore sauvage.

De plus, lorsque l’on s’intéresse aux plus grands pollueurs « plastique » du monde, on remarque qu’il s’agit des plus importantes entreprises agroalimentaires.

La déforestation est aussi une conséquence directe de l’industrie agroalimentaire. Selon l’ONU, en 2020, 31,2% des terres étaient recouvertes par les forêts, alors qu’en 2010, ce chiffre était de 31,5%. Cette baisse de 0,3 % représente tout de même la disparition d’environ 100 millions d’hectares de forêt. La raison de cette diminution est essentiellement due à la conversion des forêts en terres agricoles.

Les dangers de la sélection abusive

D’après le Forum économique mondial, sur les 30 000 espèces de végétaux, seulement 170 seraient exploitées à l’échelle commerciale. Cette organisation présente certains dangers. En cas de maladie ou d’infection, c’est alors tout le circuit alimentaire mondial qui est touché et avec lui les travailleurs qui ne possèdent souvent que très peu de revenus. On peut prendre l’exemple des bananes Cavendish qui représentent 95 % du marché mondial alors qu’il y aurait plus de 1000 variétés de bananes. Le Costa Rica fait partie des plus gros exportateurs de ce fruit. Face à la forte demande, le pays doit produire énormément et satisfaire les rendements. Les entreprises emploient donc beaucoup de salariés pauvres, gagnant en moyenne 10 euros pour 10 heures de travail.  En plus d’être soumis à une charge importante de labeur, ils travaillent en présence d’énormes quantités de pesticides, souvent déversées au-dessus de leurs têtes, dans la seule optique de répondre à la demande internationale.

 Un appauvrissement de la faune et de la flore

Enfin, on ne compte plus le nombre d’espèces disparues ou en voie de disparition. Selon le rapport World Wildlife Fund de 2018, la surexploitation agricole serait responsable de la disparition de près de 75 % des espèces animales ou végétales depuis le début du 16ème siècle. Parmi les premières impactées par cette agriculture, les abeilles, essentielles au développement de notre biodiversité et pourtant victimes depuis ces dernières années d’une véritable hécatombe, principalement causée par les pesticides.

  • Pourquoi ne pas repenser notre alimentation

Notre société vit actuellement un tournant. Contrairement aux années 70 durant lesquelles les écologistes étaient considérés comme des extrémistes, aujourd’hui à l’heure où nous vivons directement les conséquences prédites auparavant, l’idée de protéger notre biodiversité n’est plus si loufoque que cela. Les jeunes générations sont aujourd’hui formées pour prendre en compte cet aspect, s’informer et agir. La sonnette d’alarme a été tirée. On ne peut plus consommer comme avant.

Un futur incertain

Pourtant, des réflexes restent encore ancrés. Néanmoins, les pratiques ont peu changé. Lorsqu’on s’attarde à écouter certaines figures publiques, notre avenir s’annonce plutôt sombre. Selon les auteurs de l’article « Existential climate-related security risk : a scenario approach » David Spratt et Ian Dunlop, le compte à rebours est déjà lancé. Les chercheurs prévoient ainsi une hausse de la température moyenne mondiale de 2 degrés, plus que les 1,5 prévus d’ici 2050.

Cette situation aurait alors de nombreuses conséquences telles que de nouvelles pandémies, des guerres, à la suite de famines ou bien à cause de la sécheresse. On peut aussi imaginer que le nombre de réfugiés climatiques s’intensifiera. Les denrées alimentaires auront plus de difficultés à pousser ou connaîtrons des maladies. Cela aura pour conséquence de diminuer les stocks et augmentera les prix, poussant les populations les plus pauvres à manger des produits peu coûteux, très transformés et contenant une grande dose de sucre, de sel, de gras et de produits chimiques. La nourriture en poudre, à mélanger avec de l’eau, rencontrera plus de succès.

Même si ces produits contiennent tous les nutriments d’un repas, le déjeuner et le dîner sont des rites essentiels dans la journée. Les éliminer bouleversera donc les habitudes de sociabilisation ou de conversation. De plus, il faudra utiliser une quantité encore plus importante de pesticides et d’OGM pour combattre les parasites ou accroitre les rendements pauvres. On connaîtra alors une hausse encore plus importante des maladies chez l’homme. Les repas se prendront peut-être encore plus rapidement qu’aujourd’hui, en travaillant, devant un écran, seul ou avec des robots. Un scénario qui s’annonce catastrophique mais qui pourrait être évité.

L’alternative

Aujourd’hui, l’objectif majeur n’est pas de retourner en arrière et d’oublier des siècles d’innovations mais plutôt de freiner les excès des industries de ces 70 dernières années qui ont davantage mis en avant le profit bien plus que le bien-être collectif.

Ces mentalités passent avant tout par l’éducation. Les cours d’alimentation dans les écoles sont de formidables opportunités pour former les futures générations : les fruits et légumes de saison, les chaînes courtes d’approvisionnement qui favorisent les agriculteurs et la nature, l’identification des ingrédients des plats préparés ou bien des cours de cuisine. Cependant, nous avons grandi avec de nombreux préjugés sur les aliments, c’est aussi à nous de les déconstruire comme le fait que le jambon ne soit pas si rosé à cause des nitrites ou bien que les dates de péremption ne soient pas des indicatifs viables. Les produits peuvent souvent encore être consommés quelques jours après. Les industriels, à travers la création d’aliments transformés et normés, ont donc progressivement inciter les consommateurs à adopter leurs règles, leurs pratiques et à délaisser, parfois, des produits plus authentiques, sains et naturels. Pourtant, cette alimentation s’avère parfois discutable en matière nutritionnelle. Ce manque de transparence peut semer le doute chez les consommateurs et entrainer une baisse de confiance.

Pour leur permettre de changer leurs comportements, les dispositifs de subventions ou de pénalisations pourraient être davantage accentués. Les entreprises mettant en place une transparence des ingrédients, de meilleurs canaux d’informations auprès des consommateurs et une utilisation moins importante de produits chimiques pourraient alors se voir obtenir des aides. Au contraire, elles pourraient être pénalisées pour l’utilisation trop importante de plastiques ou substances chimiques. Même si l’industrie agroalimentaire reste un secteur très flou et protégé, on constate que l’Union Européenne a déjà interdit l’emploi de nombreux produits controversés comme le dioxyde de titane (E 171) ou bien l’utilisation excessive du plastique.

Enfin, nous pouvons aussi tout simplement manger mieux en changeant nos habitudes. De nombreuses émissions de télévision permettent de comprendre la manière dont notre corps assimile la nourriture permettant ainsi d’adapter notre alimentation, de calculer nos besoins ou bien de nous apprendre à mieux manger et cuisiner. C’est donc à nous de franchir le pas. On dispose maintenant de nombreuses alternatives pour changer nos repas ou des ingrédients plus favorables à la nature. Les insectes pourraient représenter une alternative à la viande et sont déjà utilisés dans certaines entreprises telles que dans des tacos aux criquets chez Poquitos, dans des barres protéinées chez Exo ou bien dans des steaks avec la start-up française IN. De plus, en diversifiant nos aliments et en adoptant des variétés moins communes, les risques de maladies ou de ruptures de stocks seraient moins importants et nous trouverions d’autres aliments tout autant nutritifs tels que les légumineuses.

 

Pour conclure, il n’est nul besoin d’avoir une idéologie proche de la nature pour se rendre compte que les dérives sont aujourd’hui présentes depuis bien trop longtemps et que les hommes ainsi que la nature subissent de plein fouet ces conséquences. Ces drogues, que sont le sucre, le sel et le gras produits par les agroindustrielles, nous ont peu à peu rendus « accros ». Malgré les avertissements, on constate que les conséquences sont désastreuses pour les hommes, emprunt à de nouvelles addictions, maladies, dans un environnement qui ne cesse de se dégrader. Toutefois, nous avons pour l’instant, la chance de ne pas être des machines et d’avoir notre capacité de réflexion. Même si nous nous rendons compte depuis peu de temps que notre monde se dégrade, les mentalités évoluent et des actions se concrétisent. C’est donc dans l’unité, qu’ensemble, nous parviendrons à valoriser le bien-être de la population plutôt que celui du profit. D’ici 2050, de nombreux défis sont encore à relever, pourra-t-on les réaliser ? Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle ère ?

Par Aude Lemonnier, promotion 2020-2021 du M2 IESCI

[1] Jacques Attali « Histoire de l’Alimentation »

[2] Capital. « L’Empire arabe, de 632 à 1258 : Quand le monde musulman montrait le chemin à l’Occident » 14/09/2014

[3] Documentaire Netflix « Jamais la même histoire – les fast-foods »

[4] Jacques Attali « Histoire de l’Alimentation »

[7] Données BPI Rapport « L’agroalimentaire, un secteur phare »

[8] Données BPI Rapport « L’agroalimentaire, un secteur phare »

[9]   Jacques Attali « Histoire de l’Alimentation »

[10] Agence de presse : Anadolu Agency https://www.aa.com.tr/fr/sante/les-%C3%A9tats-unis-sont-le-premier-pays-consommateur-de-sucre/75800#

[11] Données de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale)

[12] Jacques Attali « Histoire de l’Alimentation »

Bibliographie

  • Banque Mondiale. (s. d.). Banque Mondiale. Banque Mondiale. https://www.banquemondiale.org/fr/home
  • Capital. (2011, 19 septembre). L’Empire arabe, de 632 à 1258 : Quand le monde musulman montrait le chemin à l’Occident. Capital. https://www.capital.fr/economie-politique/l-empire-arabe-de-632-a-1258-quand-le-monde-musulman-montrait-le-chemin-a-l-occident-627126
  • Céline Deluzarche. (2019, 9 février). Pesticides : les pays plus gros consommateurs. Futura sciences. https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/agriculture-pesticides-pays-plus-gros-consommateurs-10757/
  • Constance. (2019, 1 septembre). Une histoire du sucre, de la colonisation à la surconsommation. Food and Com. https://www.foodandcom.fr/histoire-sucre-colonisation-surconsommation/
  • David Spratt & Ian Dunlop. (2019, mai). Existential climate-related security risk : A scenario approach. POLICY PAPER. https://docs.wixstatic.com/ugd/148cb0_90dc2a2637f348edae45943a88da04d4.pdf
  • Espoir Olodo. (2020, 30 octobre). Comprendre le système alimentaire mondial et ses impacts environnementaux en 8 chiffres. Agence Ecofin. https://www.agenceecofin.com/industrie/3010-81917-comprendre-le-systeme-alimentaire-mondial-et-ses-impacts-environnementaux-en-8-chiffres
  • FAO. (s. d.). FAO. FAO. http://www.fao.org/home/fr/
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Une terrienne à d’autres terriens https://master-iesc-angers.com/une-terrienne-a-dautres-terriens/ Wed, 05 Feb 2020 12:56:50 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3123 C’est par une préoccupante, bien qu’agréable, chaude journée du mois de janvier 2020 que j’ai ressentie pour la première fois le réchauffement climatique. Cela vous surprendra peut-être puisque le phénomène n’est certes pas nouveau et loin d’être méconnu. Toutefois, mon… Continuer la lecture

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C’est par une préoccupante, bien qu’agréable, chaude journée du mois de janvier 2020 que j’ai ressentie pour la première fois le réchauffement climatique. Cela vous surprendra peut-être puisque le phénomène n’est certes pas nouveau et loin d’être méconnu. Toutefois, mon expérience personnelle, celle qui éveille davantage ma conscience et qui a instillé l’obsession d’un réveil écologique, ne s’est réalisée qu’en cet instant. Peut-être parce que pour la première fois j’étais en mesure d’être attentive à ce changement, de l’observer, de le comparer, de le quantifier. Peut-être aussi parce qu’avait resurgi un souvenir d’une sortie matinale du mois de décembre durant laquelle je m’étais étrangement sentie au printemps sans vraiment pouvoir l’expliquer. Puis je me suis souvenue du chant des oiseaux, un chant qui n’avait jusqu’à l’heure jamais, ou tout du moins selon mes souvenirs, bercé mes sorties hivernales. C’était donc pour cela que ce vent de nostalgie printanière avait soufflé ce jour-là ; et c’est ainsi lors d’une conversation anodine avec l’un de mes proches que je réalisais l’anormalité de la situation. « Avant, du mois de novembre au mois de mars, il nous était impossible de voir le bitume tant tout était couvert de neige. L’hiver c’était cette période de l’année durant laquelle l’homme, la nature et les animaux ralentissaient leurs activités, se reposaient, hibernaient » me dit alors l’un de mes proches. Que peut-on dire de ce repos lorsqu’un soleil radieux, accompagné d’une des plus douces températures pointent le bout de leur nez, que les oiseaux chantent et que les fleurs bourgeonnent ?

Ainsi, il semblerait qu’après avoir réussi à créer une société en décalage avec notre humanité, nous avons également réussi à faire de notre planète un lieu qui imite cette contradiction, cette hostilité à la nature. Certains considérerons ces changements comme normaux, le résumerons à une histoire de cycle voir à un changement désirable.

D’autres noteront cette anormalité et la nécessité de réagir en ralentissant, et j’en fais partie. Alors je me dis qu’il faut en parler, évoquer mes ressentis, connaissances et engagements personnels pour partager, diffuser, susciter des réactions. Parce que s’engager dans la dynamique du changement, dans la lutte contre le réchauffement climatique, ce n’est pas être utopiste, fou ou surréaliste au contraire ; c’est avoir l’audace de penser les choses différemment, de prendre ses responsabilités et de changer malgré une réalité et un futur compromis ou potentiellement sombre. Mais justement, faisons de cette incertitude la clé d’une ambition sans limite dans la création d’un avenir meilleur, marqué par plus d’humanité et de verdure.

L’écologie, le défi de l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique tant de termes vastes, complexes soulevant d’insolubles questionnements. C’est à mon sens l’une des équations les plus complexes de notre monde actuel, suscitant désaccord, méfiance, désintérêt, peur, une équation tant en contradiction avec nos modes de vie actuel qu’il en devient tentant d’abandonner toute tentative de compréhension ou d’action.

Comment inciter à une baisse de la consommation alors que le monde techno-industriel, maître de nos sociétés modernes, est toujours davantage dans la course à la croissance et à la consommation ?

Comment penser une transition écologique lorsqu’en réalité il s’agit d’une transition énergétique, déplaçant la consommation d’énergies fossiles vers la consommation de matériaux rares ?

Comment penser un changement viable dans un monde qui connaît une croissance démographique exponentielle ?

Comment reprendre le contrôle de nos vies alors même que nous sommes assaillis de contraintes, nécessités, besoins financiers ?

Comment trouver le temps et les ressources pour redonner à nos vies la simplicité et la nature dont elles ont besoin pour s’épanouir ?

Comment agir alors que les dangers semblent si loin et hypothétiques ?

Comment imaginer et créer un autre monde que celui dans lequel nous avons toujours vécu ?

Quelle crédibilité personnelle ai-je sur ces sujets ?

Tant de questions qui soulèvent de nombreux problèmes, mais cela ne signifie pas que les solutions n’existent pas, cela signifie simplement que la réponse doit être collective pour engendrer un impact proportionnel à la cause elle-même : notre planète, notre humanité, notre vie à tous. Questionnons-nous alors : le progrès doit-il nécessairement résider dans l’idée du pas en avant ? N’a-t-on pas atteint les limites d’un système de consommation et de confort néfaste pour notre ensemble ? Ne serait-il pas venu le moment de considérer le pas de côté comme le véritable progrès vers lequel nous devons tous avancer ?

Ce texte a ainsi pour ambition d’évoquer la cause écologique, d’en explorer certains de ses contours. Ce texte est une invitation à une action collective, à l’émergence d’une société qui tente coûte que coûte d’être reconnaissante et digne envers notre planète et envers nous-mêmes.

Réveillons-nous, effrayons-nous, agissons, changeons et vite ! Mais pour cela il faut comprendre et apprendre.

Je ne suis qu’une messagère parmi tant d’autres, une personne avec ses failles et ses contradictions mais qui ne peut persister dans l’inaction. C’est une invitation à ceux qui n’ont pas encore fait de faire et à ceux qui font de faire encore plus.

L’homme dévastateur

Réaliser notre impact est un premier pas essentiel vers l’action car si nous ne réalisons pas le mal que nous faisons, nous persisterons dans cette dynamique.

Prendre conscience des nombreuses inepties du monde actuel afin de s’imaginer un  monde dans lequel, si nous persistons dans l’inaction, tout ne sera que chaos et survie. Nous n’avons pas le temps, nous sommes occupés, nous avons besoin d’argent pour vivre ! Ne vous inquiétez pas, si nous continuons dans le déni, les catastrophes à venir feront de notre quotidien actuel un lointain souvenir, dans lequel nous aurons peut-être un reste de dérision pour rire de la futilité des priorités que l’on pensait nôtres.

C’est l’ensemble de notre système qu’il faut repenser, et jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour sauver notre monde ? Renoncer à manger de la viande, renoncer à voyager en avion, encourager nos déplacements à pied ou à vélo lorsque cela est possible, limiter nos consommations d’internet, résister aux tentations du capitalisme. Certains voient dans tout cela un effort, une contrainte ou même une privation injustifiée pour quelque chose qui n’existe pas pour eux, alors pourquoi ? Si vous êtes dans ce cas, dites vous que votre ignorance ne fait que nuire en réalité à votre propre situation, que ne pas prendre conscience, que persister dans ce modèle actuel de confort apparent ne vous mènerez en réalité qu’à encourager un système de destruction totale. Alors je le répète et je m’inclus dedans : réveillons-nous et prenons nos responsabilités. Soyons ambitieux, courageux, imaginons de nouvelles façons de vivre, soyons ouverts sur ce qu’il se passe dans le monde entier car il se pourrait bien que notre ami lointain du fin fond de l’Inde devienne notre voisin de pallier en bien plus de temps que nous ne l’aurions imaginé. Pourtant lui n’aura jamais consommé, faute de moyens, autant que nous autres occidentaux mais ce sera l’un des premiers à subir les méfaits du réchauffement climatique.

Ainsi, tenter une lutte contre ce réchauffement c’est nous rendre acteurs et héros d’un monde meilleur à la fois pour notre santé mais également pour notre humanité. C’est renouer avec une nature si longtemps bafouée, contrôlée et même ignorée alors que sans elle nous ne pouvons exister. C’est aussi renouer avec l’humain et lutter contre les inégalités que nous avons créées.

Pollution totale

Nous avons construit un monde entièrement toxique, de l’agriculture à l’élevage industriel en passant par l’alimentation ultra-transformée, les pesticides, les matériaux de construction, les perturbateurs endocriniens dans les cosmétiques et les vêtements. Nous avons créé un système basé sur l’intensif et la consommation à outrance. Peut-être pourrions-nous avoir de la compréhension pour les plus vieilles générations qui ont vécu dans le besoin et la difficulté. Peut-être pourrions-nous encore avoir plus de compréhension et même d’inquiétude pour les jeunes générations occidentales qui n’ont connu qu’abondance et confort, car finalement ce sont à celles-ci qu’il faudra inculquer le contentement du strict nécessaire, l’apprentissage de connaissances plus élémentaires, déconstruisant le monde entier dans lequel elles ont grandi. Mais qu’importe, la réalité est telle que l’heure n’est plus à la compréhension, à l’empathie ou au rejet de la faute sur le voisin : nous sommes tous responsables et nous avons tous participé à la création de ce système. Nous pouvons déjà quantifier la destruction à laquelle nous participons chaque jour :

  • en 2030, 1 homme sur 2 sera stérile.
  • en Europe 100 000 enfants meurent chaque année d’une maladie causée par l’environnement.

Peut-être que cela vous fera vous questionner davantage sur l’ensemble des produits que nous utilisons : d’où viennent-ils, de quoi sont-ils composés ? En a-t-on vraiment besoin ?

Passons à une autre des inepties de ce système global, intensif et démesuré : le pétrole.

Or noir ou or toxique ?

A l’heure actuelle, le pétrole est la base de tout, nos transports et échanges reposent sur lui. Il nous approvisionne et maintient le fonctionnement de notre infrastructure toute entière. Nous avons réussi à nous rendre entièrement dépendants d’une énergie qui s’épuise et qui nous tue lentement. Nous en sommes si dépendants qu’une pénurie de pétrole engendrerait en quelques semaines la pénurie alimentaire des villes et l’extinction des réseaux et d’internet.

Mais alors que nous devrions l’éradiquer ou l’utiliser à d’autres fins salvatrices, nous persistons dans la course au bien être économique, à l’idée de croissance.

Le TRE, ou taux de retour énergétique, représente les infrastructures, la main d’oeuvre et l’énergie combustible utilisés pour obtenir le pétrole. Lorsque cette énergie est plus forte que l’énergie extraite, l’extraction même de l’énergie en question n’a pas de sens et c’est justement ce qui est en train d’arriver.

Un exemple frappant peut en faire l’état : aux USA en 1900 le TRE était de 100/1 c’est-à-dire que pour une unité engagée on en recueillait 100. A l’heure actuelle, il est à 11/1 alors que le TRE nécessaire pour soutenir notre mode de vie actuel devrait être de 12/1. En moins de 2 ans, ce TRE pourrait baisser à 5/1 c’est-à-dire que l’on pour 1 unité engagée nous en recueillerons 5.

Ainsi, non seulement l’extraction du pétrole ne pourra plus soutenir nos modes de vie actuels mais en plus son utilisation tue notre humanité et notre planète. La seule solution viable serait d’utiliser ce qu’il reste de cette énergie fossile dans le développement des énergies renouvelables (qui reposent elles-mêmes sur le pétrole pour être mises en place) tout en acceptant de modifier nos façons de vivre et de consommer, car le modèle énergétique à venir ne pourra pas soutenir ce système de consommation.

Évoquons désormais notre système alimentaire, les chiffres devraient être percutants.

Viande à tout prix, gaspillage alimentaire et exotisme farfelu

La production de viande pollue énormément notre planète en ce sens qu’il faut 15 000 litres d’eau pour produire 1 kg de viande. Aujourd’hui, un français mange 89 kg de viande par an, soit deux fois plus que ses grands-parents.

Le secteur de l’élevage est l’un des plus grand producteur de gaz à effet de serre, il est responsable de 14,5% des gaz à effet de serre mondiaux c’est-à-dire plus que le secteur des transports.

L’élevage intensif a engendré une baisse énorme de la qualité de la viande, a même été classé comme cancérigène probable par l’OMS en 2015, au même rang que l’amiante et est à l’origine de l’épidémie d’antibiorésistance qui sévit depuis 15ans. En vous souhaitant un bon appétit devant votre jolie steak frites du jour, peut-être vous rappellerez vous que ce bout de viande que vous ingurgitez avec une frénésie qui n’a d’égal nulle autre pareille contient très probablement tout autant de chimie et de souffrance qu’il est possible d’imaginer.

D’ailleurs, c’est sur ce sujet éminemment sensible que je me confronte à d’énormes résistances parfois aussi infondées qu’ignorantes. La liberté de chacun reste le fondement sur lequel nous devons toujours rester. Pour autant, j’aimerais intimer à toutes ces personnes qui ne peuvent pas réduire au moins un peu leur consommation hebdomadaire de viande sous prétexte d’une nécessité biologique, physique, gustative, qu’un jour viendra ou ils pourraient en être nécessairement contraints par une planète réduite au chaos.

Aussi étais-je ravie de lire, dans le livre « Les chances qu’il nous reste » d’Erwann Menthéour que l’idée que l’homme est, par nature carnivore est fausse. La science le considère plutôt comme omnivore puisqu’il possède des intestins d’herbivores avec des organes digestifs longs (7 m2 contre 1 m2 pour les carnivores), les herbivores ayant besoin que les aliments restent en stagnation pour absorber les nutriments.

Ce constat est d’autant plus vrai qu’en observant les mâchoires et notamment les premières canines des premiers hommes, ces dernières étaient inadaptées à la consommation de viande. La pratique de la chasse était exceptionnelle et l’homme vivait essentiellement de la cueillette. La consommation de viande se serait en fait développée que dans les régions froides avec un climat plus hostile et un environnement pauvre en végétation.

Au-delà de la problématique liée à l’élevage intensif existe la problématique liée à l’intensivité de nos consommations alimentaires. Comme nous avons les yeux plus gros que le ventre, nous produisons et achetons plus que ce que nous sommes capables d’ingérer ou de conserver. Alors nous gaspillons chaque année 10 millions de tonnes de nourriture et cela a un impact carbone estimé à 15,3 millions de tonnes de CO2.

Enfin, comme nous avons des goûts exotiques, nous faisons importer des produits du monde entier. La mondialisation de notre alimentation est un désastre autant pour notre environnement que pour notre santé. Certains argueront que cette économie globalisée fait vivre de nombreux pays. Je les invite alors à regarder les conditions de vie de nombreuses populations d’Afrique. Un récent article de l’OBS évoquait d’ailleurs la famine qui y règne notamment en raison des événements climatiques de plus en plus dévastateurs : le cyclone Idai a causé des inondations au Mozambique, au Zimbabwe, au Malawi et la hausse des températures impactent les récoltes. Peut-être devrions-nous pensez à cela lorsque l’on achète une mangue, une banane ou autre mets exotiques.

Évoquons désormais un autre pollueur de taille et l’un des plus grands défis à venir.

L’insoupçonné Internet

Internet est le 3ème consommateur d’énergie après la Chine et les USA. Cela est d’autant plus préoccupant lorsque nous savons que notre société se dématérialise toujours davantage, que les données enregistrées deviennent de plus en plus importantes. A titre personnel, je peux dire que c’est l’un de mes plus grands défis. Etant née avec internet, c’est un outil tout à fait naturel et quasiment indispensable à mon quotidien, sans évoquer les technologies dans leur ensemble. Toutefois, je me suis dernièrement interrogée sur les effets pervers de ces technologies toujours plus précises, puissantes, « aidantes » et la nécessité de poser des limites.

Opérer le même constat avec internet est nécessaire. Certes c’est un outil de partage et de connaissances qui présentent d’innombrables avantages, mais notre pratique actuel de ce dernier n’est plus vraiment basée sur un simple principe de nécessité. Il est également un outil puissant de divertissement qui nous contrôle toujours davantage, atrophie notre cerveau, diffuse les rumeurs et fausses informations tout en participant à notre perte d’humanité. Alors là aussi, nous parvenons aux limites de ce système qu’il faut questionner et encadrer.

Qu’en est-il de ces fameux Data center, ces regroupements des serveurs informatiques des géants de la tech notamment de Facebook, Apple, Google qui disposent de onze foyers de production de charbon ? Il s’avère que ces deniers produisent 50 fois plus de CO2 que les autres énergies fossiles. Alors finalement, utiliser internet, le web, les applications c’est également être un pollueur de taille et pour cause : visionner une vidéo en streaming représente la consommation annuelle d’électricité d’un réfrigérateur, inspirant n’est-ce pas ?

Continuons dans le principe du divertissement en évoquant un autre pollueur de taille.

Tourisme de masse

Les bateaux de croisières font partie des plus polluants. Le leader mondial, Carnival Corporation, émet plus d’oxyde de soufre que l’ensemble des 260 millions de voitures du continent.

L’aviation est aussi l’un des modes de transport les plus polluants puisque par trajet, un avion émet 125 fois plus de dioxyde de carbone qu’une voiture individuelle. En plus du CO2, l’avion répand d’autres substances accentuant le réchauffement climatique.

Cela est sans évoquer les désastres que provoque la sur-fréquentation de sites touristiques à succès sur l’environnement et la biodiversité.

Monde chamboulé et chamboulant

C’est à ce moment précis que nous devons nous projeter dans un monde jusqu’alors inconnu, un monde digne d’un scénario apocalyptique. Je pense que la seule manière efficace d’activer réellement le changement collectif repose à la fois sur l’imaginaire d’un futur terriblement désastreux mais également sur la magnifique espérance d’un salut. La question est en réalité de savoir si l’homme est assez sage pour prévenir plutôt que guérir.

Ainsi, si nous persistons dans notre quotidien sans le moindre changement, sans le moindre petit sursaut de conscience, c’est un monde ravagé par tout un ensemble de phénomènes dont nous devrons nous accommoder.

Nous européens, seront certainement considérés comme terre d’accueil, puisque nous disposons d’un territoire moins exposé aux dérives du climat. Pour autant, cela ne signifie pas que nous continuerons à vivre normalement car nous serons déjà engagés dans le terrain de la survie. Nous ferons également face l’arrivée grandissante des migrants climatiques du monde entier ou du moins de ce qu’il en restera : entre sécheresse, fontes des glaces, élévation du niveau des mers et dégel du permafrost qui dégagera dans l’atmosphère du méthane, substance 34 fois plus puissante que le CO2, il se pourrait bien que le planisphère trouve sa représentation amputée d’un bon nombre de pays et d’une part importante de ses populations.

Mais avant cela, nous aurons déjà vécu des années de décadence terrible, subi une hostilité de la part de notre planète Terre encore méconnue par notre humanité, et nous ferons la guerre pour boire et manger.

Enfin, si malgré cela certains d’entre vous se complaisent dans l’idée qu’ils ne verront pas l’ensemble de ces catastrophes advenir, alors bien présomptueux et égoïstes vous serez puisque le futur reste par nature imprévisible et que j’ose espérer que vous avez tous une famille et des générations à venir. Celles-ci seront confrontées, sans nul doute, à ce combat. Ne voulez-vous pas tenter de les préserver un minimum ?

Mais alors que faire ?

Erwann Menthéour, auteur du livre intitulé « Les chances qu’il nous reste » nous invite à la désobéissance, et je ne peux qu’y adhérer. Selon ce dernier, tout est fait pour nous faire sentir inutiles alors que nous sommes les héros de cette crise. La société standardisée vers laquelle nous nous orientons toujours davantage rationnalise notre humanité d’une si forte manière que nous oublions que nous sommes capables de grands changements, que nous sommes acteurs de nos sociétés. « Désobéir, c’est renouer avec notre humanité » énonce Erwann Menthéour  et lorsque j’observe le monde actuel, tiraillé entre sa course à l’économie mondiale et à l’intelligence artificielle, creusant le fossé entre riches et pauvres et relayant l’homme à l’état d’automate de la machine, je me dis que cela est vrai.

Qu’implique donc cette désobéissance ? Des choses assez simples finalement, des choses qui auraient dû constituer la base d’un système éthique, transparent, humain.

Tout d’abord, il faut que nous nous obsédions avec la question climatique et notre empreinte carbone. L’ensemble de nos façons de vivre doit désormais s’organiser toujours davantage en fonction du réchauffement climatique.

Aussi, il ne faut évidemment pas penser que les Etats vont être acteurs d’un mouvement écologiste. La déclaration de Stockholm, depuis 1972, énonce que les problèmes liés à l’environnement n’ont plus la possibilité légale d’entraver le développement économique.  La messe est dite, et c’est d’ailleurs ainsi que nous observons que malgré la nécessité actuelle de promouvoir davantage les productions locales et de cesser les importations, notre président a encouragé l’accélération de la mise en place du CETA, dont nous savons qu’il livrera dans nos assiettes cette bonne viande américaine élevée aux OGM, pesticides et antibiotiques et qui est de surcroit 40% moins chère que la viande française !

Nous devons également cesser de perdre du temps à critiquer ou à se plaindre des injustices qui régissent le monde pour justifier nos inactions.

Nous devons agir au travers de notre rôle de consommateur, comme le disait Coluche « quand on pense qu’il suffirait qu’on arrête de l’acheter pour ne plus que ca se vende ». Nous avons un énorme pouvoir dans les choix de nos achats, faisons ainsi des choix conscients et avisés. L’exemple du bio illustre cela en ce sens que les grands groupes industriels ont fini par devoir respecter ces normes, à changer ses productions car le consommateur le voulait. Il en est de même avec le récent développement des produits alimentaires végétariens ou vegan et des produits en vrac. Le consommateur actuel devient de plus en plus conscient de certaines réalités et les industriels s’alignent : nous avons du pouvoir ! Alors imaginez si de surcroît nous arrêtions de consommer les produits ultra-transformés des entreprises les plus polluantes du monde, quel impact nous aurions ! Parmi les firmes les plus polluantes nous trouvons notamment Coca-cola, Univeler ou encore MARS. Cessons donc de donner du pouvoir à ces dernières !

Arrêtons de consommer tant de boeuf et de porc pour nous et pour notre planète.

Limitons notre usage d’internet et des achats technologiques.

Arrêtons ou diminuons drastiquement l’avion : il pollue 45 fois plus qu’un TGV.

Faisons évoluer notre vision sur le nucléaire en comprenant que malgré le problème des déchets radioactifs, il peut fournir une électricité ayant un très faible impact sur le climat, comparable à l’éolien ou au solaire.

Insufflons aux industriels qu’ils ont également tout à gagner à opérer une transition écologique : un rapport de 2006, initié notamment par David Stern ministre du budget au Royaume-Uni en 2006, avait évalué le coût de l’inaction en matière environnementale entre 5% et 20% du PIB mondial contre 1% si nous agissions. L’augmentation de la fréquence des événements météorologiques extrêmes tels que les inondations, sécheresses, la perte des écosystèmes ou encore les réductions des rendements agricoles nuiront nécessairement à leurs activités. Cet argument peut être un moteur d’une mobilisation inattendue.

Aux individus lambda, votre porte-monnaie est un véritable pouvoir, et savoir quels systèmes vous encouragez par le biais de vos achats peut vous rendre acteur, héro de taille dans ce combat.

Aux ingénieurs, scientifiques ou toute personne ayant des connaissances techniques en la matière : faites-nous peur, vulgarisez les concepts, participez à la prise de conscience et aidez-nous à imaginer nos alternatives !

Aux personnes éminemment riches, votre pouvoir est grand, aussi votre devoir de contribution devrait l’être tout autant.

C’est par 6 que nous occidentaux devons diviser notre mode de vie, alors nous avons du pain sur la planche. Je terminerai en citant la figure du changement en matière de climat, celle qui a rassemblé et agit bien plus que d’éminents personnages politiques n’ont été capables de le faire et ne feront jamais: Greta Thunberg. « Nous avons déjà réglé la crise climatique. Nous savons précisément ce qu’il faut faire. Il ne nous reste plus qu’à nous décider. Economie ou écologie ? Nous devons choisir (…). Car quand le dioxyde de carbone de notre inaltérable société macho atteint les couches supérieures de notre atmosphère et tape littéralement le plafond, quand la loi disant que tout doit grossir, aller plus vite, augmenter, s’oppose à notre survie collective, un nouveau monde se profile ; il n’a jamais été aussi près maintenant ».

Article d’Alexia de Rechapt, promotion 2019-2020 du master IESCI

Bibliographie/Webographie

Erwann Menthéour « Les chances qu’il nous reste »

Greta Thunberg, Svante Thunberg, Beata Ernman Malena Ernman « Scènes du coeur »

https://www.breakfreefromplastic.org/wp-content/uploads/2019/10/branded-2019-web-FINAL-v2-1.pdf

https://www.nouvelobs.com/monde/20200116.OBS23569/la-famine-menace-45-millions-de-personnes-dans-les-pays-d-afrique-australe.html

https://youtu.be/f1_qQDwTmBA?fbclid=IwAR24DqQU5Xi-d-MqRDxfKNJXapk1BGt_1qpbdq1cIRXh7Fi1t33QpGTo0-s

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Dear future, what will we be eating in 2050? https://master-iesc-angers.com/dear-future-what-will-we-be-eating-in-2050/ Fri, 17 Jan 2020 10:33:33 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3103 Demographic and climate challenges are going to transform significantly the way we are eating today. In 2050, we will be nine billion of human beings on earth and if we keep going on the same food system as today, it… Continuer la lecture

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Demographic and climate challenges are going to transform significantly the way we are eating today. In 2050, we will be nine billion of human beings on earth and if we keep going on the same food system as today, it will be necessary to increase by 70% the food production. That would mainly imply the use of more chemical products and GMO, the increase of saturated and polluted soils and consequently a loss of productivity, a loss of biodiversity and the inevitable increase of the amount of food waste.

We thereby need to think, from now, about new solutions, but what could it be? Will we be resigned to eat pills, meat from laboratories or insects? Does the concern on the future of food is only based on the products we will be using or is there a bigger issue? Isn’t it a whole part of our lives which is going to be completely transformed? In the end, many values, traditions, ways of living are connected to a food system.

By analyzing the future of our food, we are in fact analyzing the general mutations that will shape the future of our society, mutations which will probably be oriented towards two main tendencies, between innovation and tradition. In other words, it seems that there will be the ones that will trust in the capacity of innovation and technology to improve and solve all the challenges of our consumption and production system while others will want to be real actors of the creation of a more traditional one. Both of these systems will inevitably be submitted to the apparition of new products in their diet that will promote the effectiveness of the vision they will be defending or promoting.

I. The apparition of new products

The apparition of new products will be the direct consequence of climate disruption in the sense that we will have to develop stronger and more resistant plants and cereals, able to handle difficult conditions and that do not require many resources. Indeed, there will be first the use of natural products but also the development of what is called the “smart food”.

A. New natural products

In 2050, our food system will effectively be more plant-based in the sense that today’s intensive farming would not be sustainable enough to survive. Thereby, we will be eating more vegetables, legumes and plants proteins than today. This will also encourage the reappearance of old plants species. For instance, we are now cultivating and eating only 30 plants species over 30.000!

  1. New plant species

Among all these species we will cultivate the ones that have an important nutritional intake and that are quite resistant to climate disruption. For instance, we could use the Fonio which is a cereal cultivated in Western Africa for several millennia. Its nutritional capacity is similar to rice and its culture is really easy because it can grow in very arid conditions without needing many water and in very low fertilized soils.

Other forgotten plants will be more produced for all those advantages. For instance, Teff, a cereal cultivated in Ethiopia, contains more fibers than rice and more iron and proteins than the main three cereals. It grows faster (between two and five months) and can adapt to a large variety of climates.

There could also be more production of Moringa, a tropical tree cultivated in India, Sri Lanka and Arabia. Its roots, leaves, fruits, seeds are eatable. Its leaves are rich in minerals, vitamins A, B and C but also in calcium and potassium and it could become an essential plant in the future.

Finally, the Bambara bean would be another source of food. It is one of the main legumes of Western Africa, mainly cultivated in Burkina Faso for now. It is able to grow in areas where very little others plants can. It contributes to the improvement of the fertility of soils by fixing the azote to the ground and its leaves are perfect for animal food while containing many proteins, about 18%.

  1. Insects

In the same way, we will be consuming more insects in the sense that it is a very interesting source of proteins, fibers and minerals while presenting many advantages: it is easier to grow and to collect that animals and it consumes very little water and food. In comparison, a grasshopper needs 12 times less food than beef to produce the same amount of proteins. However, its consumption in Europe will be at first used in order to feed animals or sportsman-woman. The European NGO International Plateform of Insects for Food and Feed announced that the volume of proteins production from insects is going to increase from 2.000 tones in 2018 to more than 1.2million of tones in 2025.

This tendency is already notable and some companies are also already producing products from insects. For instance, the French company Micronutris is using insect’s powder to make biscuits and chocolate. Similarly, the French start-up InnovaFeed is producing food animal from insects.

However it will be essential to make sure it is raised in strict conditions not to develop diseases. It will also be essential to regulate its consumption because insects are essentials to the ecosystem survival. Their impact is estimated to 23% for the world fruits production, 12% for the world vegetable production and 39% fort the world production of coffee and cacao. They are also a source of food for birds.

  1. Algae

Algae will also become common in our food. It is richer in calcium, iron, proteins, vitamins, fibers and antioxidants.

  1. Plant substitutes

Finally we will be eating more meat substitutes such as soybeans, plants proteins and plant milk, rich sources of many nutrients such as proteins, calcium, iron.

However, there will also be the development of smart and artificial food, which will be an alternative for people that will not be dedicating attention or time to food and cooking.

B. Smart food, artificial food

The development of smart food will also be encouraged in a society where cooking or eating times are more and more reduced. Nowadays, many people consider eating as a secondary thing and need to feed themselves easily, rapidly and in many circumstances. To illustrate this idea, some companies are already proposing food in bars or powder such as the American company Soylent or the French ones Feed and Vitaline. For instance, the company Feed is proposing bar or powder which have the same nutritional intake than a real meal while being gluten-free, vegan and biological. But what about satiety and mastication which are essentials for digestion and teeth’s health? In 2013, an American journalist Brian Merchant tried to feed himself exclusively with Soylent powder products. After fifteen days and even if its physical health remained intact he stopped declaring he was feeling depressed.

The concept of artificial meat is also developed and mainly consists in creating meat from cow cells. This synthetic meat represents some advantages in the sense that it allows to save water and it would be a sustainable way of keeping eating meat or even fish.

For instance in 2015 the start-up Wave Foods has created a plant substitute to shrimps by using the main food of the shrimps, an algae to obtain the same taste and the same color of the shrimp. In the same way in 2018 the Memphis Meat Startup, leader in the development of artificial meat has received 20millions dollars of investments.

The apparition of those products is definitely illustrating these two main visions the future food system will be developing: an innovative one and a traditional one.

II. The apparition of new production systems

It seems the main production systems will be mainly divided in two orientations, which are a technological one, and a more traditional one.

A. A techno-oriented production

The development of technologies and innovations, more precisely artificial intelligence and automatized systems are presented as a solution to handle climate disruption and demographic challenge. Many technologies, already developed, are illustrating this reality.

The agriculture will develop new ways of production based on Big Data and technologies so that it will optimize efficiency while preserving more resources. This evolution can be illustrated through many examples. For instance, Biopic is a company creating connected collars allowing to follow in real time and constantly the activity, the health and the reproduction of the livestock. In case there would be a problem, the breeder would be warned by message. In the same way, there will be more and more artificial intelligence systems that will assist or replace human activities through the creation of robots. For instance the constructor Carre has partnered with the Naio Technologies start up to robotize the weeding and the hoeing instead of using herbicides. Finally, the French constructor Fendt is now proposing to remotely control agricultural machinery.

All these technologies are following the same objective of transforming agriculture to a more productive activity by taking into account two main parameters: demographic and climate issues.

More than this technological agriculture, others objects will be part of our food system, giving once more, a place for artificial intelligence activities. The recent apparition of robots and 3D food printer are two examples. Nowadays, people have less time to cook, houses are dedicating less space to it, people are dedicating less attention to it and an individualization phenomenon of eating time can be noticed.

In 2015 Molet Robotics Company has presented a cooker robot supposedly able to cook more than 100 recipes of starred chefs. In the same way it now exists Foodini, a Spanish 3D food impresser able to print cakes, pizzas and pasta. The contemporizing food center of Rennes has also created a 3D printer for crepes. Even if it will probably take time for robots to be able to develop human senses (the touch, the taste, smell etc) and handle many cooking processes, it will be more and more present in our lives.

Finally, many connected objects will be part of our food consumption system by participating in an individualization phenomenon. Through AI systems there will be personal menus. For instance the company Habit is offering the elaboration of menus according to the needs of each one based on genotype. However this practice is not accepted in many countries especially for the ethical concerns it is rousing.

This innovative food system will not be approved by everybody and some people will develop and are even already encouraging a return to the past, to a more traditional system by giving full meaning to the relation with time, nature and sharing. The emergence of this traditional society is mainly characterized by a plant oriented food system that would be the result of a team and local work.

B. A traditional oriented production

In 2050, 75% of the population will live far from nature and cities will become a new territory for farming activities. Some French start up are already proposing those concepts such as Cols verts or Toit Tout Vert. Cols verts is developing farming activities in cities based on cooperation between people while Toit Tout Vert is developing urban greenhouses on roofs. Those products are pesticides free, gmo free and locals.

There is also the development of permaculture that is consisting in the recreation of a real ecosystem based on natural farming activities, cooperation, resources management and allowing food self-sufficiency. Here goes a video illustrating its principles: https://youtu.be/AOLlfyI8O9Q

This traditional system will also be characterized with the development of communities that will promote an entire ecological way of life especially regarding food by satisfying themselves with only local products and avoiding those that are coming from international trade. This movement will indeed be encouraging local productions but also a whole ecological awareness around consumption. They will promote food education by learning and teaching to eat only what we know, to eat less and slowly, and to handle perfectly the production system so that they will develop a critical mind against the gross practices of food industries.

However, due to the constant increase of our population, even those “natural” systems will be submitted to some kind of intensity due to the necessity of feeding everyone. Urban farms are going to develop especially using vertical production which allows great productivity in a little space.

These two ways of production are indeed illustrating deeply the different visions the society will soon encourage and develop. These new visions are presenting deeper concerns on the general evolutions of our society.

  • The apparition of new society’s visions: between tradition and innovation.

First, the tendency of thinking that technologies will be the solution to all the challenges we will have to face appears as too optimistic. Indeed, this perception will only be a way to encourage overproduction and overconsumption that are already killing our societies.

In the same way, how will we be able to handle the energy costs of these systems? Technologies, connected objects, artificial intelligence, Big Data are all existing thanks to electricity. If we are now orienting our food system towards technologies, we will inevitably increase the electricity and energy needs. Will it be sustainable? In the end those systems are not truly long-termed thoughts but just a way to make sure that we will all be fed even on a planet that will become, because of climate disruption, a more difficult place to live.

In addition, the development of this technological society through smart objects and data will once again encourage the process of dehumanization through artificial intelligence systems.

In this world of innovation, food will also be an excuse to control people a little bit more, especially on the products they be eating depending on their weight and others health parameters. Connected objects such as connected refrigerators, connected watches, clothes, products will be a way to standardize our food habits while giving more and more power to the GAFAM.

This techno-oriented food system, characterized by a loose of sociability and time, will lead to inevitable loneliness and to another form of dehumanization. Everyone will be not eating but snacking at anytime while doing everything (walking, working): it will finally become a side activity, secondary or associated to hobbies.

“ We will be living in silent societies, under surveillance. Societies of monitored silence. Resigned to dictatorship promising us to live longer, with the condition of forgetting that living, truly living, it about talking, listening, exchanging, feeling, loving, enjoying, screaming, suffering and transgressing. All those things that monitored silent will forbid,” said Jacques Attali in his book. Is that what we really want?

There are still solutions. Indeed, by developing food and consumption awareness people should becoming real actors of their food system by controlling and knowing it entirely. This will be the only way to promote an ecological consumption system while protecting our humanity through action and cooperation. It would also be a way to rediscover and promote the collective and sharing role of food.

In order to encourage this system, it will be necessary to imitate the development of international trading or create a system that will guarantee at least fair-trade conditions and the respect of production norms. It will also be made possible by a reorganisation of society that will optimise time better for those activities, especially by redefining the balance between work time and personal time.

In conclusion a society defined by more humanity, more cooperation, more cultural and environmental respect, based on the real human notion of time.

Below you will fine guidelines of good food practices according to Jacques Attali:

  • Eat less meat and more veggies: so many nutriments are already in plant products without the necessity of always using animal products.
  • Eating less refined sugar and more plant based sugar such as agave syrup, stevia or coco flower sugar.
  • Eat local and seasonal: products in a perimeter of 120km.
  • Eat slowly: in order to eat less and to facilitate digestion.
  • Eat what you know: stop eating ultra-transformed products and be aware of the body nutritional needs and of the production system so that you will build a consciousness on intensive farming and a critical mind on multinational food firms.
  • Maintain a physical activity in your daily routine.
  • Preserve the pleasure of eating and speaking together.
  • Try to buy products that are assuring a decent life to farmers (through labels such as FairTrade for instance).

Article by Alexia de Rechapt, student in the Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives d’Angers

Sources

Jacques Attali – Histoire de l’alimentation

https://usbeketrica.com/article/enjeux-2030-episode-1-la-food-revolution

https://usbeketrica.com/article/agritech-le-futur-de-l-agriculture-s-invente-maintenant

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Le Big Data agricole https://master-iesc-angers.com/le-big-data-agricole/ Mon, 21 Oct 2019 11:42:55 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3054 L’agriculture fait face à de nombreux défis, que ce soit en France ou à l’international, avec en premier lieu, la nécessité de nourrir 9,7 milliards d’individus à horizon 2050. Mais au niveau global, ces défis s’accompagnent de contraintes non négligeables… Continuer la lecture

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L’agriculture fait face à de nombreux défis, que ce soit en France ou à l’international, avec en premier lieu, la nécessité de nourrir 9,7 milliards d’individus à horizon 2050. Mais au niveau global, ces défis s’accompagnent de contraintes non négligeables telles que la gestion des effets du réchauffement climatique, de la pression sur la ressource en eau ou encore de la diminution des terres disponibles. En France, l’agriculture va également devoir veiller à améliorer sa compétitivité, notamment face à ses voisins européens face à qui elle a perdu du terrain depuis quelques années. Comme partout dans le monde, l’agriculture française va également devoir travailler son attractivité auprès des jeunes générations, en réduisant par exemple la pénibilité du travail agricole ou en offrant la possibilité aux agriculteurs d’avoir plus de temps de loisir. A l’aval, le monde agricole va devoir également s’adapter aux exigences de plus en plus pointues des consommateurs vis à vis de leur alimentation, que ce soit en termes de qualité ou de traçabilité.

Si un grand nombre de problèmes apparaissant dans les exploitations agricoles ont jusqu’à présent été gérés grâce à la propre expertise et l’expérience des agriculteurs, l’émergence de nouvelles technologies telles que l’Internet des objets et l’intelligence artificielle leur permettent dorénavant d’adopter une approche fondée sur les données. Alors que l’intelligence artificielle est apparue au milieu des années 50, ses récents développements, notamment en matière de deep learning, vont permettre d’apporter la pierre qu’il manquait à l’édifice de l’agriculture de précision. En effet, alors que les exploitations agricoles vont produire de plus en plus de données grâce à l’explosion du nombre de capteurs et la numérisation de l’activité agricole, ce big data agricole va pouvoir nourrir de nombreux algorithmes basés sur des techniques de machine learning et de deep learning. Grâce à ces algorithmes, les agriculteurs vont pouvoir bénéficier d’une aide précieuse dans leur activité quotidienne, que ce soit à travers l’autonomisation des robots agricoles, la surveillance en temps réel de leurs animaux ou encore l’analyse de leurs cultures grâce à des drones ou des satellites tout en améliorant leur empreinte écologique, etc.

L’agriculture numérique

La révolution numérique touche tous les secteurs de l’économie, y compris l’agriculture. On parle aujourd’hui « d’agriculture numérique », c’est-à-dire d’une agriculture qui utilise les technologies de l’information et de la communication (TIC) : technologies d’acquisition de données (satellites, capteurs, objets connectés, smartphones…), de transfert et de stockage (couverture 3G/4G, et bientôt 5G, réseaux bas débits terrestres ou satellitaires, clouds) et technologies de traitement embarquées ou déportées (supers calculateurs accessibles par des réseaux de communication très haut débit). Ces technologies peuvent être mises en œuvre à toutes les échelles de la production agricole et de son écosystème, que ce soit au niveau de l’exploitation (optimisation des opérations culturales, de la conduite de troupeau…), dans les services d’accompagnement (nouveaux services de conseil agricole basés sur des données collectées automatiquement), ou à des échelles plus grandes comme dans un territoire (gestion de l’eau) ou dans une chaîne de valeur (amélioration des intrants comme par exemple les semences, meilleure adéquation entre la production et le marché…).

L’agriculture numérique a été initiée il y a plus de quarante ans avec les premiers programmes de satellites civils d’observation de la terre. Son développement s’est poursuivi avec l’explosion des capacités de calcul dans les années 1980 (premiers modèles numériques de cultures, systèmes experts, lancement de l’agriculture de précision) et, plus tard, avec de nouvelles opportunités technologiques comme les smartphones, les communications par satellite, le GPS, de nouveaux satellites équipés de capteurs plus sophistiqués (multi longueurs d’onde, radar…) et, enfin, dernièrement avec les objets connectés. Nous sommes donc aujourd’hui dans une conjoncture très favorable pour l’agriculture numérique, au croisement de processus d’innovation technology push et market pull. Les TIC sont considérées comme des opportunités pour l’agriculture aussi bien pour les pays européens que pour les pays en développement dans lesquels « les contributions des TIC à l’agriculture sont à la fois en évolution rapide et mal comprises, avec des questions en suspens sur la manière de rendre ces innovations réplicables, évolutives et durables pour une population plus nombreuse et plus diversifiée ». Par ailleurs, « l’agriculture et l’alimentation numérique » sont identifiées comme l’un des dix domaines clés des technologies numériques, avec trois domaines d’intérêt : robotique, agriculture de précision et big data. L’agriculture s’empare donc de ces dispositifs qui produisent des masses de données toujours plus grandes à partir desquelles la connaissance peut être extraite grâce à des techniques de fouille de données (data mining).

Quelques exemples de techniques d’utilisation du big data dans l’agriculture

Nous vous présentons quelques projets développés ces dernières années sur le big data agricole. La plupart sont mis en oeuvre par des start-up françaises.

La numérisation du temps du pâturage du troupeau

L’entreprise Applifarm spécialisée dans le secteur d’activité de la programmation informatique, notamment dans le big data agricol, a développé Smart Grazing, un nouveau module de monitoring du temps de pâturage via des colliers connectés développés avec la collaboration de DigitAnimal, l’Institut de l’élevage, Sigfox et Bureau Veritas. Cette nouveauté géolocalise les animaux via le traitement des données GPS pour simplifier la gestion du temps de pâturage pour les éleveurs, les coopératives et les transformateurs. Elle permettra également de connaître en temps réel la position du troupeau.

Le temps de pâturage d’un troupeau entre dans de nombreux cahiers des charges de transformateurs (laiteries, abattoirs, etc.), nécessitant la tenue d’un carnet de pâturage par les éleveurs. Plutôt que de tenir un registre « papier » ou de cocher les dates sur un calendrier, il existe une solution numérique apportant de multiples avantages, tant à l’éleveur qu’aux gestionnaires du cahier des charges.

Un algorithme calcule au fur et à mesure le temps de pâturage du troupeau, pour connaître le nombre effectif de jours de présence en pâture, localiser les prairies ou les paddocks, ou encore calculer les surfaces associées. Grâce à ces données et à l’équipement des colliers, l’éleveur constitue automatiquement un carnet de pâturage numérisé.

Pour les opérateurs de la filière, cette solution offre une garantie du temps de pâturage, pouvant servir à la labellisation du lait (pâturage local, lait de foin, respect de réglementations, zones de collecte).

Avec sa betterave connectée, Tereos se rapproche des exploitants

Grâce à sa betterave connectée, le groupe coopératif Tereos entame une nouvelle phase dans sa relation avec les agriculteurs. Ces derniers peuvent désormais bénéficier de conseils personnalisés pour améliorer leur rendement en sucre, et accroître leurs revenus. Comment ? Grâce aux résultats remontés sous forme de graphiques par la betterave connectée sur les conditions de récolte.

Cet objet est issu de recherches menées depuis une quinzaine d’année sur les phénomènes biologiques de la betterave et la manière de conserver son sucre après la récolte. Le groupe qui rassemble 12 000 coopérateurs, transforme au total 19,8 millions de tonnes de betteraves pour produire plus de 2 millions de tonnes de sucre par an en France.

Pour analyser les causes des chocs pendant le processus de récolte, une dizaine d’ingénieurs agronomiques ont ainsi conçu en 2017 un objet connecté de forme et de poids identique à celui d’une betterave. Celui-ci permet de suivre le parcours de la plante du champ à l’usine. Il est doté d’un accéléromètre fonctionnant en bluethooth pour détecter les chocs et leur intensité.

IOTA est la meilleure option pour valoriser le big data agricole

La start-up française de l’agtech OKP4, fondée en octobre 2018, s’est fixée pour objectif de rassembler, valoriser et partager les données du monde agricole pour permettre au secteur de gagner en efficience. Sa plateforme Smart Farmers vise ainsi à récolter des informations sur des relevés de température, le suivi de l’utilisation de matériel ou encore des rendements grâce aux capteurs déjà déployés par les agriculteurs. Pour faire face aux problèmes d’interopérabilité entre les différents objets connectés sur le marché et assurer son business-modèle, OKP4 mise sur une technologie clé : IOTA.

Avec ce protocole de communication open-source, qui permet d’effectuer des échanges de données, via des unités de calcul décentralisées, et des transactions d’argent virtuel, la start-up entend en effet valoriser le big data agricole sans avoir besoin de partenariat avec les constructeurs d’objets connectés. “IOTA va nous permettre de décupler les connexions à d’autres systèmes et de passer d’une économie de la data à une économie de la connaissance. Grâce aux utility tokens de la cryptomonnaie associée à IOTA, nous pourrons rétribuer les agriculteurs en fonction des informations qu’ils apportent à l’ensemble de la communauté”, se réjouit Fabrice Francioli, cofondateur d’OKP4. Lorsque les données des agriculteurs sont utilisées par d’autres membres, les contributeurs sont rétribués sous forme de tokens au prorata de l’utilisation de leurs données pour leur permettre à leur tour d’utiliser Smart Farmers. L’accès aux datas sera cependant soumis à un abonnement de base.

Par Mohamed MBAPANDZA, promotion 2018-2019 du M2 IESCI

Bibliographie

Bellavance, François, et François Labrie. « Bienvenue à l’ère du gestionnaire décodeur », Gestion, vol. vol. 42, no. 1, 2017, pp. 38-46.

Bellon-Maurel, Véronique, et Christian Huyghe. « L’innovation technologique dans l’agriculture », Géoéconomie, vol. 80, no. 3, 2016, pp. 159-180.

Bellon-Maurel, Véronique, Jean-Marc Bournigal, et Roland Lenain. « L’équation technologique et numérique en agriculture », Sébastien Abis éd., Le Déméter. IRIS éditions, 2019, pp. 125-141.

Ben Henda, Mokhtar. « Adaptation normative des Big Data et du Learning Analytics », Évelyne Broudoux éd., Big Data – Open Data : Quelles valeurs ? Quels enjeux ? Actes du colloque « Document numérique et société », Rabat, 2015. De Boeck Supérieur, 2015, pp. 197-212.

Bies-Péré, Henri. « Une agriculture plus technologique sera-t-elle une agriculture plus respectueuse ? », Le journal de l’école de Paris du management, vol. 136, no. 2, 2019, pp. 31-37.

Durand, Cédric, et Razmig Keucheyan. « Planifier à l’âge des algorithmes », Actuel Marx, vol. 65, no. 1, 2019, pp. 81-102.

Halpern, Sue. « Au centre du débat : le big data », Books, vol. 86, no. 11, 2017, pp. 17-21.

http://www.mon-cultivar-elevage.com/content/numeriser-le-temps-de-paturage-avec-smart-grazing

https://www.journaldunet.com/ebusiness/internet-mobile/1424591-avec-sa-betterave-connectee-tereos-se-rapproche-des-exploitants/

https://www.lesechos-etudes.fr/etudes/agroalimentaire/intelligence-artificielle-dans-agriculture-defis-opportunites-perspectives/

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