numérique Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Mon, 14 Mar 2022 21:49:30 +0000 fr-FR hourly 1 Émergence des NFT : leaders et impacts sur le marché de l’art https://master-iesc-angers.com/emergence-des-nft-leaders-et-impacts-sur-le-marche-de-lart/ Mon, 14 Mar 2022 21:49:30 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3615 Le 11 mars 2021, la vente de l’œuvre de l’artiste américain Beeple, « Everydays : the First 5000 Days », avait défrayé la chronique par son montant record, 69,3 millions de dollars, mais aussi par sa nature. En effet, cette œuvre est numérique… Continuer la lecture

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Le 11 mars 2021, la vente de l’œuvre de l’artiste américain Beeple, « Everydays : the First 5000 Days », avait défrayé la chronique par son montant record, 69,3 millions de dollars, mais aussi par sa nature.

En effet, cette œuvre est numérique et a été vendue sous forme de NFT (non-fungible token). Un NFT est un actif numérique émis principalement par la blockchain Ethereum. Son caractère non-fongible permet de rendre unique des biens numériques et intangibles : œuvres d’art, illustrations, photographies, vidéos ou encore tweets, leur conférant ainsi une valeur sur un marché émergent.

Ce marché a évolué de 13,7 millions de dollars au premier semestre 2020 à 2,5 milliards de dollars au deuxième trimestre 2021 et a atteint 9,2 milliards de dollars en octobre 2021. Une étude de Chainalysis estime à 44,4 milliards de dollars le volume des transactions de NFT en 2021. Un sondage IFOP, pour le compte de Cointribune, indique que 3,5% des Français ont acheté des NFT en 2021.

L’économie numérique se caractérise par une tendance au monopole ou à l’oligopole. En effet, pour une firme, investir rapidement un marché de la sphère numérique lui assure le bénéfice d’effets de réseau liés à la participation des utilisateurs, de faibles coûts marginaux et lui offre l’opportunité d’en devenir leader.

Ainsi, qui sont les actuels leaders du marché des NFT ? Quels impacts sur le marché de l’art ? Identifions les principaux acteurs et analysons les mutations en cours.

Ecosystème des NFT : la domination d’Ethereum, Opensea, Metamask, Discord et DappRadar

L’écosystème des NFT s’appuie sur cinq piliers : la blockchain Ethereum, les plateformes d’échange de NFT, les portefeuilles numériques, les « whitelists » et les outils d’analyse de collections de NFT.

Ethereum : la blockchain la plus utilisée pour la production de NFT

Comme l’indique la mission d’information commune de l’Assemblée nationale sur les usages des chaînes de blocs et autres technologies de certification de registre, une blockchain correspond à « un registre, une grande base de données qui a la particularité d’être partagée simultanément avec tous ses utilisateurs, tous également détenteurs de ce registre, et qui ont également tous la capacité d’y inscrire des données, selon des règles spécifiques fixées par un protocole informatique très bien sécurisé grâce à la cryptographie ». Comme le détaille la Banque de France, ce système permet d’identifier chaque partie, de sécuriser les transactions grâce à un système de nœuds d’historicisation et de validation permettant une décentralisation de la gestion de la sécurité. Ses avantages sont nombreux : rapidité des transactions, sécurité du système, gains de productivité et d’efficacité.

Les principales blockchains sont Bitcoin, Ethereum, Tether, BNB et USD Coin. Parmi celles-ci, les plus utilisées sont Bitcoin qui sert principalement de valeur refuge numérique et Ethereum, particulièrement utilisé pour l’émission de NFT et les levées de fonds.

Si le 23 février 2022, la capitalisation du Bitcoin représentait 2,3 fois celle de l’Ethereum (635 667 450 757€ contre 276 453 419 276€), l’augmentation exponentielle du marché des NFT favorise le développement de l’Ethereum. En effet, selon JPMorgan Chase, début 2022, 80% des créations et des transactions de NFT y sont hébergées. Bien que ce volume soit en baisse par rapport à début 2021 (95%), essentiellement en faveur de la blockchain Solana, Ethereum reste leader.

De plus, depuis 2017, le nombre de transactions en Ethereum connaît une tendance haussière, évoluant d’un volume quasiment nul à 1,134 millions de transactions en date du 21 février 2022. La courbe connaît un pic lors du deuxième trimestre 2021, période particulièrement dynamique sur le marché des NFT. Ainsi, en avril 2021, l’Ethereum a connu une augmentation de 40%, alors que le bitcoin baissait de 2,4%.

Opensea : la plateforme au centre des transactions de NFT

Les plateformes d’échange de NFT permettent de mettre en relation acheteurs et vendeurs. Leur fonctionnement est similaire : d’un part, des créateurs de NFT proposent des œuvres numériques sur une place de marché en ligne, généralement après paiement de frais de transaction appelés « gas fees » revenant au « mineur » ayant validé l’opération dans la blockchain Ethereum ; d’autre part, des collectionneurs ou traders achètent des NFT pour les conserver ou les revendre.

Ces plateformes sont nombreuses. Axie Marketplace permet d’échanger des créatures mythiques et divers objets, afin de les utiliser dans le jeu vidéo Axie Infinity. Larva Labs, célèbre pour la création de la collection de NFT CryptoPunks, propose une plateforme d’échange intégrée consacrée aux opérations portant sur ses créations. NBA Top Shot a créé une plateforme pour échanger les moments forts de matchs de baskets et des plus grands événements sportifs. Pour la plateforme Ethernity, il s’agit de moments de football et de football américain. Rarible, SuperRare, Mintable et Foundation sont des plateformes généralistes qui proposent à la vente, œuvres d’art digitales, vidéos ou encore extraits musicaux. Nifty Gateway se démarque par ses fonctions de curation de contenu artistique digital et de paiement en monnaie fiduciaire. Theta Drop permet de collectionner les actions les plus mémorables du World Poker Tour. En Chine, de grands acteurs du numérique tels qu’Alibaba, Tencent, Baidu et JD.com ont chacun lancé leur plateforme, soutenus par des entreprises publiques telles que China mobile ou China UnionPay.

Leurs modèles économiques sont divers. Ethernity prélève 75% sur chaque transaction. Foundation et SuperRare fonctionnent de manière similaire. Les deux plateformes conservent uniquement 15% du montant de la vente et attribuent 85% au créateur du NFT à la première vente et 10% à chaque revente.

 Si la concurrence est intense, la plateforme OpenSea domine incontestablement le marché des plateformes. En effet, si, en février 2021, sa part de marché était de 30%, elle atteint 90% en août 2021. Selon Dappradar.com, la place de marché new-yorkaise, dépasse les 20 milliards de dollars de volume d’échanges en février 2022, réalisés par 1,2 million d’utilisateurs. Opensea est également leader des plateformes d’échange de NFT en termes de volume de combustion d’Ethereum, qui correspondent aux frais de transaction et témoignent du volume de transaction. Ainsi, en septembre 2021, ils étaient estimés à 30 799, 93 Ethereums.

Entre le 24 janvier 2022 et le 24 février 2022, tous les indicateurs de performance ont connu une augmentation : volume d’utilisateurs (+12,95%), volume de transactions (+8,13%), valeur totale des actifs dans les contrats intelligents des applications décentralisées (+11,85%) et montant total de la valeur reçue par les contrats intelligents des applications décentralisées (+28,63%).

Enfin, les visites sur Opensea.com sont en constante augmentation. Celles-ci ont augmenté de 50,08% entre novembre 2021 et janvier 2022, évoluant de 68,3 millions à 121,7 millions de visiteurs.

Metamask : le portefeuille numérique leader

Afin de réaliser des opérations sur l’ensemble de ces plateformes, il est nécessaire de créer un portefeuille numérique afin d’y stocker, de contrôler et de sécuriser les cryptomonnaies qui permettent de réaliser les transactions. Il peut s’agir de logiciels, de solutions en ligne ou de portefeuilles physiques.

Les acteurs de ce marché sont nombreux. Sur le marché des portefeuilles physiques – similaires à une clé USB ou un disque dur externe – nous pouvons citer la startup française Ledger et ses modèles Nano X et Nano S, le Wallet Bitcoin Safe T Mini de l’entreprise Archos, le Wallet Bitcoin KeepKey, le Trezor Model T ou encore le CoolWallet S qui se présente sous forme de carte de crédit. La Chine a pour sa part déployé un portefeuille physique pour le stockage du Yuan numérique, le 7 février 2021.

Plusieurs solutions en ligne proposent également un service de portefeuille numérique. ZenGo permet de gérer ses cryptomonnaies via une application gratuite, Coinbase et Binance proposent leurs services en ligne, via une application mobile mais aussi via logiciel. Une multitude d’autres acteurs sont également présents sur ce marché : Google Wallet, Due, Paydiant, Neteller, MOX Pay, MasterPass, PaySafe, Mozido, Privaxy ou encore Skrill Digital Wallet.

Metamask domine ce marché à forte intensité concurrentielle. Lancé en 2016, ce portefeuille numérique a su se différencier en permettant à ses utilisateurs d’interagir avec environ 3700 applications décentralisées hébergées sur la blockchain Ethereum ou autres : jeux, métaverses, places de marché NFT ou finance décentralisée. Sa croissance fut particulièrement forte en 2021. En effet, le nombre d’utilisateurs actifs mensuels a évolué de 545 000 en juillet 2020 à 10 millions le 31 août 2021 pour atteindre 21 millions d’utilisateurs actifs mensuels, le 17 novembre 2021. Soit une augmentation de 3753%. D’autres chiffres témoignent du succès de Metamask. En novembre 2021, la société mère de l’extension, ConsenSys, annonçait avoir atteint les 10 milliards de dollars de transactions et avoir levé 200 millions de dollars auprès d’investisseurs tels que HSBC, Marshall Wace et Dragonfly Capital pour atteindre une valorisation à 3,2 milliards de dollars.

Discord : un outil crucial pour promouvoir un projet NFT ou pour intégrer une « whitelist »

Discord est un outil créé en 2015, permettant de communiquer par voix et par écrit. Son fonctionnement repose sur la création de groupes privés appelés « serveurs » auxquels on peut accéder par invitation de la part du créateur, pouvant être organisés en un ou plusieurs salons. Si, à sa création, l’outil était prisé des joueurs en ligne, il semble aujourd’hui être devenu essentiel pour les amateurs de NFT.

En effet, les créateurs de collections de NFT communiquent sur Discord afin de développer une communauté autour de leurs projets. Si pour les créateurs, l’objectif est d’assurer la vente de leurs NFT dès le lancement des collections, participer à la communication de pré-lancement est également intéressant pour les acheteurs ou collectionneurs. Effectivement, les participants les plus actifs des serveurs Discord sont récompensés par les créateurs qui les intègrent à une « whitelist », leur permettant de bénéficier de prix inférieurs à ceux proposés aux autres acheteurs lors du lancement d’une collection.

Ce mécanisme permet aux membres d’une « Whitelist » de favoriser le rendement de leurs investissements. Selon une analyse de Chainalysis portant sur des données d’Opensea, les membres d’une « whitelist » atteignent en moyenne 75,7% de retour sur investissement, 78% de leurs ventes réalisent un bénéfice et 51% un bénéfice au moins égal à 2 fois le montant initialement investi. En revanche, les non-membres n’atteignent en moyenne que 20,8% de retour sur investissement, 78% de leurs ventes entraînent une perte et 59% une perte égale ou inférieure à 0,5 de la mise initiale.

DappRadar : un outil d’analyse des collections de NFT particulièrement utilisé

Afin d’assister les vendeurs, acheteurs, collectionneurs de NFT et faciliter l’analyse des collections de NFT, une myriade d’outils a émergé. Bitdegree permet de suivre la progression et d’analyser des collections de NFT au sein de 58 plateformes différentes. Moby se démarque par une surveillance en temps réel des performances des NFT. Rarity.tools apporte une information cruciale pour les collectionneurs de NFT : une évaluation du niveau de rareté des NFT. Icy.tools présente un classement des collections NFT en tendance, actualisé régulièrement. NFT Drops Calendar permet principalement d’être alerté des tendances baissières et des lancements des collections. Les outils Upcoming NFT, NFT Evening et Coin Rivet proposent d’obtenir de nombreuses informations sur les collections à venir et permettent aux collectionneurs de se positionner rapidement afin d’acquérir les NFT aux meilleurs prix.

DappRadar semble s’imposer sur ce marché. En effet, cette plateforme lituanienne, visitée par 4.5 millions d’utilisateurs mensuels en décembre 2021 (en comparaison, Bitdegree, Rarity.tools et Icy.tools en ont accueilli respectivement 1.1, 3.7 et 2 millions de visiteurs mensuels), permet de surveiller son portefeuille numérique, d’analyser des collections de NFT, d’accéder au classement des NFT les plus échangés et de suivre les ventes en temps réel. Elle référence plus de 8000 applications décentralisées, 20 blockchains et a créé son propre jeton appelé RADAR, afin de permettre à leurs détenteurs d’accéder à des données spécifiques et à des récompenses en contrepartie d’actions sur la plateforme. Enfin, DappRadar produit des rapports annuels afin de dresser un bilan du marché des NFT.

Les collectibles : les nouveaux biens Veblen

Les NFT sont protéiformes. Par exemple, Opensea les catégorisent ainsi : art, collectibles, domain names, music, photography, sports, trading cards, utility et virtual worlds. Le site spécialisé « Le cercle NFT » s’est appuyé sur la transversalité des NFT afin de produire une classification propre : artwork, collectibles, jeux vidéo, métavers, noms de domaine, musique, utilitaires, évènementiel, identité et mèmes.

Parmi ce large panel, les « collectibles » remportent un franc succès et s’échangent à prix d’or. Par ce terme, on entend des collections d’illustrations numériques limitées, générées par un algorithme de manière aléatoire, leur conférant ainsi leur rareté. Le 18 février 2022, Coin Academy évaluait ce marché à une valeur de 35,1 milliards de dollars, pour 16 471 622 ventes portant sur 58 727 collections.

Certains collectibles ont acquis une forte notoriété. Par exemple, les « CryptoPunks ». Cette collection de 10 000 personnages pixellisés, créée par le studio Larva Labs, a connu un important succès auprès des amateurs de NFT et est valorisée à 6,3 milliards de dollars en date du 18 février 2022. Selon le rapport de Chainalysis, les CryptoPunks ont généré 3 milliards de dollars de ventes entre mars et octobre 2021. Certains des propriétaires ont également contribué à accentuer leur attractivité, grâce à leurs célébrités : Snoop Dogg, Jay-Z, Odell Beckham Jr., Serena Williams, Steve Aoki, Gary Vee, Jason Derulo ou Logan Paul.

Autre collection à succès, lancée par Yuga Labs le 23 avril 2021 et valorisée à 3 milliards de dollars le 18 février 2021, le « Bored Ape Yacht Club ». A l’instar des CryptoPunks, la popularité de cette collection de 10 000 illustrations de chimpanzés, provient essentiellement de l’identité de quelques propriétaires célèbres : Eminem, Paris Hilton, Post Malone, Jimmy Fallon, Neymar JR, Gwyneth Paltrow, Justin Bieber ou encore Stephen Curry.

Une initiative originale de la part du blogueur Max Read mérite d’être soulignée. En effet, celui-ci a établi une cartographie des personnalités ayant investi le domaine des NFT ou ayant des liens professionnels ou personnels avec des personnes exerçant dans ce domaine. Au-delà d’une tonalité légèrement « conspirationniste », son analyse a le mérite de montrer l’importance de l’intérêt porté par les collectionneurs à fort pouvoir d’investissement au marché des NFT.

Ce type d’acheteur communique souvent sur sa collection de NFT et n’hésite pas à afficher ses dernières acquisitions sur les réseaux sociaux. Ce marché semble connaître un effet Veblen, essentiellement observé dans le marché du luxe : désirer des biens aux prix élevés afin de se distinguer socialement. Sur Twitter, de nombreuses personnalités y ont succombé : Jimmy Fallon, Stephen Curry, Timbaland, Marshmello, Post Malone ou encore Steve Aoki.

L’émergence d’influenceurs sur les réseaux sociaux mais une fiabilité des informations non garantie

Sur Twitter, les trois influenceurs du marché des NFT dont les audiences sont les plus importantes sont : Gary Veynerchuk (2,9M followers), Naval Ravikant (1,6M followers) et Opensea (1,3M followers). Néanmoins, d’autres acteurs ont des avis, critiques et visions du marché qui comptent pour les amateurs de NFT. En voici une liste non-exhaustive comprenant des influenceurs dont l’audience dépasse les 150K abonnés : Cdixon.eth (809,1K followers), Beeple (591,2K followers), Rarible (410,6K followers), 6529 (266,9K followers), Flurnft (255,9K followers), Farokh is in Denver (230,5K followers), Cozomo de Medici (204,1K followers), Matty (199K followers), DeeZe (186,1K followers), Beanie, (182,2K followers), DCinvestor.eth (181K followers), Loopify (162,3K followers), Gmrender (158,1K followers), Real Miss NFT (156,8K followers), Brett Malinowski (156,4K followers) et XCOPY (150,6K followers).

Sur Instagram, une poignée de comptes se partage le pouvoir d’influence dans le monde des NFT. Ils diffusent informations et tendances ayant trait aux NFT, proposent classements, courtes analyses et actions de promotion aux créateurs intéressés. On peut ainsi citer @Opensea (966K abonnés), @NFT.Promo (450K abonnés), @NFT.Magazine (249K abonnés), @NFT_News (198K abonnés), @Rarible (274K abonnés), @NFTNext (16,2K abonnés).

Les principaux influenceurs francophones abordent de nombreux aspects des domaines de la blockchain, des cryptomonnaies et des NFT : économique, technique, marketing ou encore financier. Les plus célèbres auprès des amateurs de NFT français sont :  Hasheur (505K abonnés sur Youtube), @CryptoMatrix2 (226,3K followers sur Twitter), Journal du Coin (108K abonnés sur Youtube), @crypto_futur (151,5K followers sur Twitter et 117K abonnés sur Youtube), @MiningTfk (57,7K followers sur Twitter), @CryptoRevoltFR (25,2K followers sur Twitter) et The Diggers (15K membres sur Discord).

La fiabilité des informations transmises par ces influenceurs n’est cependant par garantie. En effet, jusqu’au 9 février 2022, le compte de référence sur Instagram était celui créé par l’entrepreneur Mark Cuban, @NFT totalisant 1,7 million d’abonnés. Néanmoins, celui-ci a été suspendu. En effet, celui-ci est accusé de promouvoir du contenu sponsorisé sans le mentionner explicitement. Les collections promues sont également critiquées et les principales allégations dénoncent des similitudes trop fortes entre elles, la falsification des carrières de leurs créateurs – souvent présentés comme issus des plus grands studios d’effets spéciaux ou d’animation hollywoodiens – et l’achat de faux abonnés pour les pages consacrées aux projets NFT.

A l’instar des conclusions de l’enquête menée par le compte @topshotfund du collectionneur NFT TSF | Space Cowboy, j’ai pu constater que @NFT propose bien de promouvoir sur Instagram, Discord et via une newsletter, des collections NFT pour un montant de 100 000 dollars. Mes investigations m’ont également permis d’obtenir des informations supplémentaires à celles recueillies par @topshotfund. En effet, lors de ma prise de contact avec le compte @NFT, celui-ci m’a dirigé vers le compte @clarky_nft pour négocier le prix de la promotion. Ce dernier m’a indiqué deux autres tarifs de promotion plus abordables (ndlr : les conversions en euros sont indiquées pour le cours du 20 février 2022) : 0,35 Ethereum (808,79€) pour un post et 0,1 Ethereum (231,08€) pour une story sur le compte @cryptodiviner ; 0,4 Ethereum (924,33€) pour un post et 0,15 Ethereum (346,62€) pour une story sur le compte @nftdiviner.

Si le compte principal @NFT est suspendu par Instagram, les autres comptes de l’écosystème – @clarky_nft, @cryptodiviner, @nftdiviner – sont toujours actifs et semblent toujours fonctionnels pour la diffusion de promotions.

Le marché de l’art : un exemple de l’impact de l’émergence des NFT

Le marché de l’art correspond à un système d’offre et de demande aux multiples acteurs : artistes, collectionneurs d’art, marchands d’art, commissaires-priseurs, galeries d’art, critiques d’art, conservateurs du patrimoine ou encore mécènes. Les maisons de ventes aux enchères en constituent la pierre angulaire : elles jouent le rôle d’intermédiaire des transactions et apportent leurs expertises à l’estimation des œuvres d’art.

Ce marché est dominé par une poignée de galeries et maisons de ventes aux enchères qui concentrent l’essentiel des artistes les plus cotés. Parmi les galeries, nous comptons MAXXI (Italie), Art Gallery of Ontario (Canada), SFMOMA (Etats-Unis), Palais de Tokyo (France) et Whitechapel Gallery (Grande-Bretagne). Les maisons de ventes aux enchères leaders sont Christie’s, Sotheby’s, Phillips, China Guardian, Heritage Auctions et Beijing Poly International.

Le phénomène de digitalisation de ce marché n’est pas nouveau. En effet, celui-ci a commencé avec le développement d’Internet. Les galeries et les maisons de ventes aux enchères créaient alors leurs sites institutionnels et leurs boutiques en ligne. Toutefois, depuis l’avènement de l’économie des plateformes, apparue durant la crise économique mondiale de 2008, de nombreuses plateformes d’échange ont émergé, supprimant les intermédiaires des transactions. Si les premières plateformes dédiées à l’échange d’œuvres d’art pâtissaient d’un manque de fiabilité du dispositif d’authenticité des œuvres d’art proposées à la vente, la technologie blockchain a rapidement permis d’y pallier. Il devient ainsi possible de certifier des œuvres d’art de manière incontestable et d’accéder à l’historique des transactions.

Si 770 galeries et maisons de ventes aux enchères se partagent le marché mondial de l’art, le rapport Hiscox 2020 sur le marché de l’art en référence seulement 64 comme principales plateformes d’échange d’œuvres d’art. On peut y trouver des plateformes connues telles que Catawiki, Deviantart, Artsper ou encore Saatchi Art. Néanmoins, 10 plateformes concentrent 68% des transactions et trois grandes enseignes concentrent 2/3 du chiffre d’affaires du marché de l’art en ligne : Phillips (10%), Sotheby’s (26%) et Christies’s (32%). Les recettes des ventes en ligne sont également en constante augmentation entre 2015 et 2019 pour Sotheby’s (+92%), Christie’s (+67%) et Heritage Auctions (+41%).

L’émergence des NFT a provoqué de profondes mutations du marché de l’art. Elle a d’abord fait apparaître de nouveaux acteurs : les plateformes d’échanges de NFT. Selon le rapport Hiscox 2020, 48% des professionnels du secteur pensaient, en 2020, qu’un acteur extérieur bouleverserait le marché. Il semble que le processus soit en cours depuis l’apparition d’Opensea.

Ensuite, les NFT accélèrent la digitalisation des acteurs traditionnels du marché de l’art : la part de plateformes proposant un paiement en cryptomonnaie a évolué de 20% à 35% entre 2019 et 2020 et celle des plateformes intégrant la technologie blockchain a évolué de 7% à 11% durant la même période. Par exemple, la maison de ventes aux enchères Christie’s a particulièrement accéléré son processus de digitalisation lors de la vente de l’œuvre de Beeple, « Everydays: The First 5 000 days ». De plus, comme l’indique le rapport Hiscox 2020, 63% des professionnels du marché de l’art pensent que les acteurs existants domineront celui de l’art en ligne s’ils accélèrent leurs mutations digitales.

Les NFT ont également dopé le marché de l’Art Contemporain. Effectivement, lors du 1er semestre 2021, celui-ci a atteint un volume historique de transactions de 1.58 milliard d’euros, soit une augmentation de 2700% par rapport à 2000 et 117% par rapport à 2020.

Aussi, ils attirent un nouveau type de clientèle : parfois issue de la tech et fortunée, mais souvent simplement sensible à l’art digital et souhaitant investir ses cryptomonnaies.

Les NFT créent également de nouvelles sources de revenus pour les galeries, maisons de ventes aux enchères et musées. Par exemple, la Galerie des Offices de Florence, la WitWorth Gallery, le Musée de l’Hermitage et le British Museum proposent des copies numériques d’œuvres d’art physique, certifiées et en nombre limité grâce à la technologie blockchain, appelées « DAW : Digital Art Work ». La maison de ventes aux enchères Rouillac propose un Biometric Art Passport, contenant une copie numérique d’une œuvre d’art physique, permettant d’apporter une garantie supplémentaire de son authenticité et de son historique. En outre, la banque Sygnum et la société d’investissement Artemundi ont créé et vendu 50 NFT correspondant à 50 parts de la toile « Fillette au béret », réalisée en 1964 par Picasso.

Enfin, le fort développement des NFT conduit à une importante spéculation sur le marché de l’Art Contemporain. Cette tendance spéculative n’est pas nouvelle. Effectivement, nombre d’acteurs issus du monde économico-médiatique sont exclusivement animés par la performance financière, au détriment de l’aspect artistique. Les analyses du Art Market Confidence Index produit par Artprice montrent que l’Art Contemporain est sensiblement plus spéculatif que l’art tous genres confondus, sur la période 1998-2018. Néanmoins, le profil des acheteurs de NFT peut accentuer ce phénomène. En effet, souvent spéculateurs sur le marché des cryptomonnaies avant de s’intéresser aux NFT, ils cherchent essentiellement à réaliser des profits par anticipation de l’évolution des prix du marché, favorisant le développement d’une bulle spéculative.

Si de nombreux articles traitent du marché des NFT et de leurs principaux acteurs, aucun n’a réalisé une identification de ses leaders et des mutations en cours.

Ainsi, notre analyse nous permet de mettre en évidence les leaders de l’écosystème NFT :

  • La blockchain Ethereum pour la création et l’hébergement des NFT.
  • La plateforme Opensea pour les échanges de NFT.
  • Le portefeuille numérique Metamask pour le stockage et la sécurité des cryptomonnaies.
  • Discord pour le suivi des projets de NFT et accéder à une « whitelist ».
  • DappRadar afin d’analyser les collections de NFT.

Nous avons également mis en exergue d’autres points saillants :

  • Les NFT connaissent un effet Veblen et sont perçus comme un outil de distinction sociale.
  • L’émergence d’influenceurs aux communautés importantes sur différentes plateformes : Twitter, Instagram et Youtube.
  • La suspension du compte @NFT par Instagram montre l’existence d’un manque de fiabilité de certaines collections et de certains acteurs de cet écosystème.

Enfin, nous avons pu déterminer les principaux impacts des NFT sur le marché de l’art :

  • L’apparition de nouveaux acteurs : les plateformes d’échanges de NFT.
  • Les entreprises du marché de l’art adoptent progressivement la technologie blockchain et les cryptomonnaies.
  • Le marché de l’Art Contemporain a performé depuis l’avènement des NFT.
  • L’apparition d’un nouveau type de clientèle sensible à l’art digital et aux cryptomonnaies.
  • La création de nouvelles sources de revenus pour les galeries, maisons de ventes aux enchères et musées.
  • Le possible développement d’une bulle spéculative.

Si l’émergence des NFT transforme considérablement le marché de l’art, elle impacte également l’ensemble des secteurs de l’économie : immobilier, industrie musicale ou encore industrie du jeux vidéo. Au-delà d’une innovation, il s’agit d’une révolution.

Par Daniel Bosselet, promotion 2021-2022 du M2 IESCI d’Angers

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La multiplication des licornes en France : entre promesses pour le futur et enjeux de souveraineté nationale https://master-iesc-angers.com/la-multiplication-des-licornes-en-france-entre-promesses-pour-le-futur-et-enjeux-de-souverainete-nationale/ Thu, 17 Feb 2022 10:42:33 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3568 L’essor des licornes françaises depuis 2019 Depuis le milieu du mois de janvier 2022, la France a dépassé la barre symbolique des 25 « licornes », avec 3 ans d’avance sur les ambitions affichées par Emmanuel Macron en 2019. Une… Continuer la lecture

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L’essor des licornes françaises depuis 2019

Depuis le milieu du mois de janvier 2022, la France a dépassé la barre symbolique des 25 « licornes », avec 3 ans d’avance sur les ambitions affichées par Emmanuel Macron en 2019.

Une licorne est une start-up valorisée à plus de 1 milliard de dollars, dont le siège social est en France et qui n’est pas cotée en bourse. Le terme valorisation est assez important et peut prêter à confusion. Il ne désigne pas le chiffre d’affaires de l’entreprise en question, mais bien une estimation qui repose sur le montant que des investisseurs ont payé lors de la dernière levée de fonds pour acheter une certaine fraction du capital. Il suffit par exemple qu’un investisseur apporte 100 millions de dollars dans le but de détenir 10% de l’entreprise pour que celle-ci atteigne une valorisation d’un milliard, alors même que ses résultats financiers peuvent, et sont très souvent, d’un ordre bien plus modeste.

Le terme de « licorne » a été évoqué pour la première fois en 2013 par Aileen Lee, une investisseuse américaine spécialisée en capital-risque et fondatrice de Cowboy Ventures. Au travers d’une étude, elle a montré que moins de 0,1 % des entreprises qui recevaient des investissements de capital-risque arrivaient à atteindre des valorisations dépassant le milliard de dollars. Ainsi, à la suite de cette observation, elle a nommé « licornes » ces start-ups uniques qui arrivaient à réaliser cette prouesse. En France, la première à être apparue est l’entreprise de covoiturage BlaBlaCar fondée en 2006, et à qui il a fallu neuf ans pour décrocher ce statut et être valorisée au-dessus d’un milliard de dollars.

La première licorne française n’est donc apparue qu’en 2015, et jusque très récemment, la France se positionnait encore assez en retrait dans ce domaine et peinait à faire émerger des jeunes entreprises innovantes, avec le potentiel de devenir des champions de leurs domaines. Malgré son statut d’économie de premier plan et avec un PIB qui représente près de 20% de celui du continent européen, notre pays ne présentait pas un écosystème d’incubation de start-up des plus dynamiques et peinait à faire honneur à son rang dans ce domaine. À titre d’exemple, durant l’ensemble de l’année 2016, seuls 2 milliards de dollars ont été levés par toutes les start-ups de l’Hexagone, sachant que cette somme a été enregistrée sur les trois premières semaines de cette année 2022. Mais alors comment expliquer la prolifération si spectaculaire de ces licornes, alors même que l’économie du pays est encore très affectée par la crise liée à la pandémie ?

Un des principaux éléments déclencheurs est très probablement l’objectif fixé par Emmanuel Macron en septembre 2019 lors d’une rencontre avec des entrepreneurs et investisseurs. Le président y a fait part de son ambition de voir le nombre de licornes françaises atteindre 25 d’ici à 2025, sachant qu’en 2019 leur nombre était alors de 7. La prise de position du gouvernement et l’objectif officiellement annoncé ont sûrement dû fixer un cap clair à atteindre et concentrer les efforts pour accélérer l’émergence de ces acteurs. Ainsi, à peine deux ans plus tard, ce nombre est déjà atteint grâce aux très nombreuses levées de fonds réalisées par les start-ups françaises, en particulier durant l’année 2021 et en ce début d’année 2022.

La multiplication des levées de fonds trouve quant à elle son origine dans plusieurs facteurs. Tout d’abord, les investisseurs sont aujourd’hui moins « frileux » et sont moins réticents à investir de grosses sommes d’argent, de l’ordre de plusieurs dizaines voire centaines de millions de dollars, dans des projets innovants et à fort potentiel pour ne pas passer à côté du champion de demain. En effet, comme l’explique l’article du site Groupe IGS, plusieurs fonds en capital-risque, c’est-à-dire des fonds spécialisés dans le financement de jeunes entreprises innovantes à haut potentiel de croissance, mais présentant toutefois toujours un risque important de défaillance, ont raté le coche et n’ont pas investi au moment opportun dans de futurs géants comme Facebook ou Uber. Désormais, ces investisseurs ont conscience que les choses évoluent très vite et qu’une entreprise extrêmement rentable peut émerger très rapidement, et c’est fort de ce constat que les levées de fonds se multiplient, et que des pays comme la France voient des licornes émerger de plus en plus vite. De plus, le contexte monétaire consécutif à la pandémie et les nombreuses mesures de relance, dont par exemple des injections de liquidités dans l’économie pour redynamiser l’activité, ont très clairement donné des ressources supplémentaires aux investisseurs.

Par ailleurs, de nombreuses mesures d’accompagnement des start-ups ont vu le jour sur notre territoire et permettent d’aider au lancement de nombreux projets innovants. Par exemple, Bpifrance aide depuis plusieurs années déjà environ 2000 start-ups au travers de différents dispositifs comme des bourses, des prêts ou des prises de participation. Au total, ces diverses aides de la banque publique d’investissement représentent plus d’un milliard d’euros destinés à l’accompagnement et l’émergence de jeunes entreprises innovantes en France. Enfin, Robin Rivaton de L’Express précise également que les entrepreneurs français sont désormais plus expérimentés et ont acquis une mentalité plus ambitieuse et n’hésitent plus à projeter une expansion au-delà des frontières de notre pays lors de la création de leurs projets.

Ainsi, moins de trois ans après la prise de parole du Président de la République, la barre des 25 licornes a été atteinte avec l’émergence d’une quinzaine d’acteurs dans ce laps de temps très réduit. À ce titre, l’année 2021 a été particulièrement prolifique avec l’arrivée de 12 licornes et des levées de fonds record qui ont augmenté de 115% par rapport à 2020 pour atteindre 11,56 milliards d’euros. Par ailleurs, les levées de 2021 ont dépassé la barre des 100 millions d’euros à 22 reprises, ce qui n’est arrivé que neuf fois en 2020.

Cet élan semble également s’accélérer en ce début d’année 2022 et des start-ups comme Payfit, Ankorstore ou Qonto ont rejoint ce club très fermé, avant qu’Exotec ne devienne officiellement la 25ème licorne le 17 janvier dernier après une levée de fonds de 335 millions de dollars. D’ailleurs, le cas d’Exotec est assez intéressant car l’entreprise est spécialisée dans la conception de robots pour faciliter la logistique, ce qui fait d’elle la première licorne française purement industrielle. Bien entendu, Emmanuel Macron a réagi à cette annonce et s’est félicité de la réussite de cet objectif.

De plus, le lendemain de l’annonce concernant Exotec, c’est la start-up Spendesk qui propose une plateforme de centralisation et de gestion des dépenses professionnelles qui est devenue la 26ème licorne, après un tour de table de 100 millions d’euros. Ces trois premières semaines de 2022 auront donc vues cinq levées de fonds dépasser les 100 millions d’euros, et au total près de deux milliards d’euros ont déjà été rassemblés par les start-ups de l’Hexagone. Au regard de ce début d’année particulièrement enthousiasmant, il est fort possible que les chiffres de l’année 2021 soient largement dépassés et que de nouvelles licornes émergent en nombre.

Panorama de l’écosystème actuel

Les 26 licornes de l’écosystème français ont cependant des valorisations assez inégales. Si près de la moitié d’entre elles se voient attribuées une valeur qui dépasse à peine le milliard de dollars, d’autres ont au contraire des valorisations bien plus conséquentes, et à ce titre, les trois plus grosses se détachent assez nettement du reste du peloton. La troisième place est actuellement occupée par Sorare, valorisée à 4.3 milliards de dollars, qui propose de collectionner des cartes de footballeurs sous forme de NFT et de les utiliser dans un jeu de « fantasy football ». Elle est précédée par Qonto, estimée à 4.9 milliards de dollars, qui est une entreprise de services financiers qui ne s’adresse pas aux particuliers mais aux PME et TPE. Enfin, la première licorne française est la marketplace de vente de produits électroniques reconditionnés Back Market, valorisée à 5.7 milliards de dollars.

Les 25 licornes françaises racontées en quatre graphiques

À l’image des valorisations, le montant des levées de fonds qui ont permis à tous ces acteurs de devenir des licornes sont eux aussi très inégaux. Si pour certaines start-ups comme Ivalua ou Lydia, des tours de tables inférieurs à 100 millions d’euros ont suffi, la grande hétérogénéité des entreprises et de leurs secteurs d’activité ont amené d’autres à lever plusieurs centaines de millions d’euros à l’image de Sorare ou Qonto.

Les secteurs dans lesquels les licornes de l’Hexagone évoluent sont donc très divers. L’infographie de Geraldine Russell de Maddyness propose de les répartir en 14 catégories différentes, parmi lesquelles quatre se distinguent particulièrement par leur importance et par le fait qu’elles dépassent les 5 milliards de dollars de valorisation. On constate donc que les licornes françaises sont davantage portées sur les secteurs de l’e commerce (13 milliards), la fintech (8.9 milliards), les divertissements (8 milliards) et le retail (5.48 milliards).

Où se situe la France par rapport à ses voisins ?

Malgré les résultats très positifs et la possible émergence de nombreuses nouvelles licornes sur l’année à venir, la France est encore assez loin d’être la première nation européenne dans ce domaine, et elle est encore nettement devancée par l’Allemagne et le Royaume-Uni. Les start-up des deux nations ont par exemple récolté respectivement 16 et 32 milliards de dollars de levées de fonds en 2021, ce qui correspond à des hausses de 200% et de 130%, encore bien au-delà des 11,56 milliards levés et de la hausse de 115% observée en France. De plus, face aux 12 nouvelles entrées en France sur l’année passée, le Royaume-Uni en a par exemple enregistré 20 et aucun des 10 plus gros investissements en Europe n’a eu lieu dans l’Hexagone.

L’Allemagne compte de son côté 25 licornes, avec des noms très connus comme le courtier Trade Republic ou la banque en ligne N26. Par ailleurs, le pays possède une « décacorne », une start-up valorisée à plus de 10 milliards de dollars baptisée Celonis, qui utilise l’intelligence artificielle pour signaler les problèmes dans les chaînes de traitement. En plus de Celonis, au moins deux autres entreprises allemandes possèdent une valorisation supérieure au leader français Back Market qui se trouve au 15ème rang européen.

Cependant, l’écart avec le Royaume-Uni est encore plus conséquent. Avec ses 37 licornes, il est en effet le leader incontesté de notre continent et détient en outre la fintech Checkout.com spécialisée dans les services de paiement. Cette entreprise possède la deuxième plus haute valorisation européenne avec 40 milliards de dollars, et a récemment levé un milliard de dollars auprès d’investisseurs.

Un autre groupe d’acteurs sans doute plus surprenants, fait néanmoins une vraie concurrence à la France. Les pays scandinaves ne comptent il est vrai pas beaucoup de licornes, mais on y retrouve cependant des acteurs de premier plan. La Suède possède par exemple Klarna, la plus grosse licorne d’Europe, aujourd’hui valorisée à plus de 45 milliards de dollars, ou encore Northvolt, qui fait elle aussi partie du top 10 avec 12 milliards de valorisation.

Les nouveaux objectifs

Ainsi, bien que la situation en France soit très positive, il faut tout de même reconnaître que notre pays est assez largement devancé, notamment par ses voisins Allemands ou Britanniques. L’enjeu est désormais de maintenir cette évolution et de se rapprocher petit à petit du rythme de ces deux autres nations. Bons nombres d’observateurs et de responsables, notamment la directrice de France Digitale Maya Noël, considèrent en effet que cet objectif de 25 licornes n’était qu’une étape, et qu’il faut désormais veiller à conserver cette dynamique pour faire émerger de nouveaux acteurs et faire croître ceux qui se sont déjà affirmés. Dans cette optique, les efforts devront assurément être poursuivis dans la formation aux métiers du numérique et dans le développement de capacités de financement de ces pépites par des fonds français. En effet, les dernières levées de fonds ont été menées par des fonds d’investissements étrangers comme les américains Tiger ou Goldman Sachs, ou encore les asiatiques SoftBank et Tencent. Sur les 22 levées de fonds de plus de 100 millions d’euros de l’année 2021, une seule opération aura vu un acteur français (Bpifrance) être le plus gros investisseur. Conscients de cette faiblesse, les dirigeants de France Digitale ont ainsi déclaré dans une tribune « les startups tricolores ambitieuses ne trouvent pas encore sur notre sol les financements suffisants pour devenir des leaders européens ou mondiaux, et sont trop souvent obligées de se tourner exclusivement vers des investisseurs étrangers. Leurs perspectives d’introduction en Bourse à Paris sont aussi limitées face à l’attractivité de la bourse américaine ».

L’introduction en bourse est un autre point assez sensible qui pousse assez régulièrement un acteur à fort potentiel à quitter le territoire pour aller s’installer à l’étranger. En effet, certains investisseurs restent encore assez dubitatifs quant à la capacité de la Bourse de Paris d’offrir les conditions idéales pour se valoriser et bien souvent les meilleures entreprises préfèrent se rapprocher de Wall Street. Cependant, les acteurs français ne restent pas de marbre face à cette situation et ont déjà affiché leur volonté de créer une réplique européenne du Nasdaq pour éviter l’exil des entreprises les plus prometteuses.

À l’échelle du continent, Emmanuel Macron a également fixé de nouveaux objectifs. Le Président de la République a en effet annoncé vouloir faire émerger 10 géants de la tech européens, c’est-à-dire des entreprises valorisées à plus de 100 milliards de dollars, d’ici 2030. Au vu de la situation actuelle, cela peut sembler ambitieux, et comme le précise la directrice de la Mission French Tech Clara Chappaz à l’Usine Digitale, « sur les dix plus grosses entreprises mondiales cotées, huit sont dans la tech mais pas une seule n’est européenne ». Ainsi, la création de ces géants européens, qui devront être en mesure de rivaliser avec les mastodontes américains et asiatiques, devra très certainement faire face à de nombreux défis. Il faudra sans doute réussir à s’imposer sur ces deux autres continents, une chose peu aisée et sur laquelle bons nombres d’entreprises du vieux continent en quête d’expansion se sont déjà cassé les dents. Par ailleurs, avant même de s’attaquer aux marchés mondiaux, il faut d’abord mieux accompagner le développement des acteurs prometteurs sur le territoire européen. Pour ce faire, il sera très certainement nécessaire de développer une structure et des règles plus harmonisés qui permettront la croissance des entreprises, car bien que l’Union Européenne compte presque 500 millions d’habitants, elle reste morcelée de 27 États membres avec des langues, des lois et des cultures bien différentes, ce qui représente un obstacle de taille.

Licornes et souveraineté

Si l’émergence d’entreprises innovantes et prometteuses sur des secteurs clés comme la tech est un signe très encourageant pour la compétitivité de notre économie, il ne faut pas pour autant occulter les limites de ce développement. À ce titre, même si le Président de la République s’est réjoui de la multiplication des licornes et de leur apport pour la souveraineté française, ce point est remis en question par de nombreux observateurs. Qu’elles appartiennent au secteur bancaire, au retail, à l’e-commerce ou autre, les start-ups européennes, et à fortiori tricolores, sont encore extrêmement dépendantes des GAFAM pour proposer leurs services et assurer leur croissance. Pour ces entreprises de taille encore modeste, les dépenses pour des services numériques sont significatives, et dans ce domaine, des solutions comme AWS d’Amazon ou Google cloud pour l’hébergement, ou encore Facebook/Meta et Google Ads pour les publicités sont encore de très loin les plus utilisées. Dans le dernier baromètre de France Digitale avec le cabinet EY publié en septembre 2021, 73% des 800 start-ups interrogées indiquent une dépendance envers les GAFAM et 43% d’entre elles estiment même qu’elles « ne pourraient pas se développer sans eux ». La dépendance encore très marquée de nos acteurs nationaux vis-à-vis des géants américains va alors dans le sens contraire des ambitions affichées de faire éclore des entreprises capables de devenir des acteurs de premier plan et des concurrents crédibles pour les produits des GAFAM.

La multiplication des pépites de la French Tech qui bien souvent hébergent leurs serveurs et utilisent toutes sortes de services chez les GAFAM et aident donc à leur prospérité, remet ainsi en cause les propos du Président de la République et mettent au contraire en lumière un modèle qui semble affaiblir notre souveraineté. Au-delà de remplir des objectifs chiffrés, la French Tech doit donc également veiller à faire émerger des acteurs qui seront capables de proposer des solutions alternatives sur des secteurs stratégiques, et qui viendront réellement renforcer la souveraineté de notre pays. Dans cette optique, le chercheur Romain Cosson et l’entrepreneur Romain Fouilland ont proposé dans une tribune parue dans Le Monde de « prendre une place centrale dans l’écosystème des fournisseurs en s’attaquant au marché bien plus fractionné des briques élémentaires ». Ces briques élémentaires désignent les modules et addons proposés en complément des services basiques des GAFAM mais qui répondent selon les auteurs de la tribune « à un besoin technique et indivisible pour une start-up ». En effet, vouloir concurrencer directement les géants américains semble être au mieux très ambitieux, tandis que faire émerger des acteurs sérieux sur ces marchés beaucoup plus éclatés mais qui semblent tout aussi stratégiques pourrait être une option intéressante, tant en ce qui concerne la compétitivité économique nationale que les questions de souveraineté numérique.

Une autre alternative à explorer et très plébiscitée concerne le développement des deep tech, des start-ups qui proposent des produits ou des services sur la base d’innovations de rupture. Sur ce sujet, le « Plan Deeptech », porté notamment par Bpifrance, s’est vu doté d’un budget de 2.5 milliards d’euros sur 5 ans pour aider à leur développement. Cela a entre autres permis de fortement accélérer leur croissance si bien que les deeptech françaises sont aujourd’hui plus de 1700 et représentent 10 % de l’ensemble des start-ups françaises et captent plus de 20 % des montants levés, avec 1.1 milliards d’euros en 2020.

Dans un article publié sur le site de l’EGE consacré aux deeptech, Patrick Blancheton précise ainsi « la deeptech positionne les entreprises mais surtout les Etats compétitifs sur la scène internationale » et ajoute « La deeptech est à l’évidence un enjeux de souveraineté nationale (mais aussi pour l’Europe) pour initier entre autres une dynamique soutenue visant au leadership de notre économie numérique aux côtés des GAFAM (enjeux de société, contre-pouvoir, un autre web après les plateformes, un autre modèle économique, …), afin de limiter leur hégémonie et la dépendance absolue de la France, à des technologies étrangères ».

Il faut sans aucun doute se réjouir de la multiplication des licornes, ces acteurs innovants et à fort potentiel, et continuer à œuvrer à leur croissance pour que la France rattrape son retard sur les leaders européens. En revanche, une chose est sûre, si notre pays veut développer un écosystème tech cohérent et réellement compétitif, les questions de souveraineté numérique doivent être réellement prises en compte et les efforts accomplis dans ce sens se doivent d’être renforcés. En ce sens, l’accompagnement de filières stratégiques et à forte compétitivité comme la deeptech semble être une piste très prometteuse.

Par Louis-Mael Jouanno, promotion 2021-2022 du M2 IESCI

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  • Léna Corot, (2022, 18 janvier). « La French Tech se targue d’avoir 25 licornes, et après ? ». L’Usine Digitale
  • Challenges, (2022, 20 janvier). « La France célèbre sa 25ème licorne, et après? ». Challenges
  • Géraldine Russell, (2022, 18 janvier). « Les 25 licornes françaises racontées en quatre graphiques ». Maddyness
  • Guillaume Bregeras, Charlie Perreau, Adrien Lelièvre, (2022, 17 janvier). « Qui sont les 26 licornes de la French Tech ? ». Les Echos
  • Valentin Hamon Beugin, (2022, 17 janvier). « Back Market, Sorare, Qonto… Voici la liste des licornes françaises ». L’Usine Nouvelle
  • Thomas Leroy, (2022, 18 janvier). « En matière de licornes, la France fait-elle mieux que ses voisins européens? ». com
  • Groupe IGS. « Les licornes, ces start-ups de plus d’un milliard de dollars ». groupe-igs.fr
  • Illan Knafou, (2022, 19 janvier). « Qui sont les dix plus grosses licornes européennes ? ». Les Echos Start
  • Boris Manenti, (2022, 17 janvier). « Les start-up sont passées de pigeons à licornes ». L’Obs
  • Robin Rivaton, (2022, 18 janvier). « French Tech : les secrets de la multiplication des licornes, par Robin Rivaton ». L’Express
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  • Sylvain Rolland, (2022, 17 janvier). « Souveraineté, Bourse, Gafam, taille critique, mixité : les cinq faiblesses de la French Tech ». La Tribune
  • Patrick Blancheton, (2022, 17 janvier). « Deeptech, un enjeu de souveraineté nationale ? ». Ecole de Guerre Economique
  • Sylvain Rolland, (2021, 23 septembre). « Souveraineté : le succès de la French Tech profite-t-il vraiment à la France ? », La Tribune
  • Romain Cosson, Romain Fouilland, (2020, 15 décembre). « Le lien entre création de start-up françaises et souveraineté numérique est discutable ». Le Monde
  • Jonathan Grelier, (2022, 26 Janvier). « Pourquoi cette avalanche de licornes dans la tech française début 2022 ? ». L’Usine Nouvelle
  • Bpifrance, (2021, 15 mars). « Plan Deeptech : 3 chiffres, 2 ans, un seul but ». Bpifrance
  • Franck Sebag, (2021, 22 septembre). « Performance économique et sociale des start-ups du numérique en France en 2021 ». EY

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La conquête du métaverse : un enjeu géopolitique https://master-iesc-angers.com/la-conquete-du-metaverse-un-enjeu-geopolitique/ Wed, 09 Feb 2022 22:01:48 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3566 Le 28 octobre 2021, lors de l’événement Facebook Connect, Mark Zuckerberg, annonçait le changement de nom de la maison mère du réseau social Facebook regroupant les messageries WhatsApp et Messenger et les plateformes Facebook et Instagram. Elle s’appellera désormais Meta.… Continuer la lecture

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Le 28 octobre 2021, lors de l’événement Facebook Connect, Mark Zuckerberg, annonçait le changement de nom de la maison mère du réseau social Facebook regroupant les messageries WhatsApp et Messenger et les plateformes Facebook et Instagram. Elle s’appellera désormais Meta.

Meta comme métaverse, cette doublure numérique du monde physique mélangeant réalité virtuelle et réalité augmentée dans un univers persistant et présentée comme l’internet du futur. Incarnés en avatars, nous aurons la possibilité d’y exercer une infinité d’activités de loisirs et professionnelles dans un monde en trois dimensions : jeux, rencontres, shopping, concerts, réunions professionnelles, entretiens de recrutement, démarches administratives.

Pour les entreprises, la concurrence sur ce marché naissant, estimé à 800 milliards de dollars en 2024 selon Bloomberg Intelligence et 1,5 trilliard de dollars en 2030 selon PwC, est déjà intense. Il s’agit de devenir leader le plus rapidement possible. En effet, l’économie numérique est caractérisée par une tendance au monopole ou à l’oligopole. Investir rapidement un marché de la sphère numérique permet de bénéficier d’effets de réseau liés à la participation des utilisateurs et de faibles coûts marginaux offrant à une entreprise l’opportunité d’en devenir leader. Si des droits de propriété intellectuelle (brevets, certificat d’utilité, etc…) sont attribués, la capacité à s’imposer face aux concurrents est alors accentuée.

Si l’apparition de cette technologie attire naturellement les convoitises des acteurs privés, elle semble aussi devenir une question géopolitique. De la même manière que pour les entreprises, plus tôt un Etat investira le métaverse, plus il aura de chances de le dominer.

De nombreux enjeux géopolitiques : étatique, coopétition, influence, protection des données personnelles, souveraineté numérique et équipement

L’émergence du métaverse fait apparaître de nombreux enjeux géopolitiques :

  • D’abord, un enjeu étatique : cette doublure numérique s’affranchirait des frontières et des juridictions nationales pour attribuer la primauté aux codes des acteurs du numérique. Quid des relations internationales ? Quid du Droit international qui les régit ? Qui sera au centre des enjeux mondiaux ? Les Etats auront-ils un pouvoir de contrôle et de régulation sur cet univers virtuel ?
  • Ensuite, un enjeu de coopétition pour développer l’interopérabilité des différents métaverses : en effet, pour assurer la circulation des données entre les différents univers persistants, plusieurs défis techniques sont à relever : interopérabilité des points d’accès, flexibilité créative, intégration d’avatars ou encore dimension spatiale. Ces problématiques sont si complexes qu’il est nécessaire de collaborer entre pays rivaux et entreprises concurrentes pour y répondre.
  • Un enjeu d’influence : l’Etat qui pourra se présenter comme un acteur fort du métaverse, le leader, voire le fondateur pourra intégrer cette qualité à sa stratégie de soft power, c’est-à-dire « l’habileté à séduire et à attirer » (Nye, 1990). S’il en détient le monopole technique, économique ou juridique, il pourra également user de son hard power, c’est-à-dire son pouvoir de coercition, afin d’imposer sa volonté à d’autres Etats.
  • Un enjeu de protection des données personnelles : si dans le cadre de l’Internet actuel, celles-ci bénéficient d’un arsenal juridique important – par exemple, en France, la loi du 6 janvier 1978 dite « Informatique et libertés », le règlement général sur la protection des données (RGPD), la directive (UE) du 27 avril 2016 dite “Directive Police Justice” – qu’en sera-t-il dans le métaverse ? La problématique n’en sera que plus exacerbée, alors qu’actuellement la protection des données personnelles est déjà jugée insuffisante et inadaptée dans certaines situations (Thibaut Douville, 2018).
  • Un enjeu de souveraineté numérique : la domination des GAFAM sur l’économie numérique européenne est déjà très importante. Par exemple, en France, les données de la SNCF, d’Orange et de Doctolib sont hébergées par Amazon Web Services. Le 18 octobre 2021, Facebook annonçait avoir l’intention de recruter 10 000 personnes en Europe pour créer un métaverse… Une façon d’asseoir un peu plus cette domination américaine sur le vieux continent ?
  • Un enjeu d’’équipement : le principal frein au déploiement du métaverse est le retard technologique du matériel nécessaire. Effectivement, si les casques de réalité virtuelle et les lunettes de réalité augmentée existent déjà, ils pâtissent d’un manque de puissance de traitement et sont encore peu ergonomiques. De plus, les technologies d’affichage sont encore à améliorer fortement. Le fossé technologique à combler pour permettre l’utilisation optimale du métaverse est encore immense et verra sûrement « une lente émergence de services et de produits » (Matthew Ball, capital-risqueur, fondateur de l’indice Roundhill Ball Metaverse ETF).

 

Dans ce contexte, quelles stratégies de conquête du métaverse ont développé les Etats-Unis, la Chine et l’Europe ? Quelle place pour la France dans cette compétition mondiale ? Faisons le point sur les mutations en cours.

Etats-Unis : Facebook, fer de lance économique et réglementaire du mouvement d’investissements américains dans le métaverse

A travers le rebranding de Facebook en Meta, les Etats-Unis semble exprimer leur velléité d’accaparer la notion même de « métaverse » et affirmer leur domination sur ce nouvel espace de conquête. A l’instar de la firme de Menlo Park qui a investi 10 milliards de dollars dans le métaverse en 2021, de nombreuses entreprises américaines investissent ce marché émergent. Ainsi, Microsoft s’est lancé dans la création d’un métaverse d’entreprise. En mai 2020, Apple a acquis la start-up californienne NextVR, spécialisée dans la diffusion d’évènements sportifs via des casques de réalité virtuelle. Niantic, spécialisée dans les jeux en réalité augmentée et à l’origine de la création de Pokémon Go, a levé 300 millions de dollars auprès de Coatue et a noué des partenariats avec Universal Pictures et Warner Music Group. Epic Games, entreprise créatrice du célèbre jeu Fortnite, a levé pour sa part un milliard de dollars. Decentraland propose des terrains virtuels à vendre ou des offres d’emploi au sein même du métaverse. Roblox permet d’ores-et-déjà l’organisation de concerts tels que celui de Lil Nas X en novembre 2020, prévoit des événements sportifs en parallèle de la coupe du monde de football 2022 et propose des espaces showroom à des marques telles que Nike, qui a inauguré le « Nikeland ». Reebok a lancé une collection de 200 chaussures virtuelles sur la plateforme d’échanges de NFT (Non-fungible token) Wax Atomic Hub. Jensen Huang, PDG de Nvidia a annoncé la création d’un nouveau métaverse par son entreprise. Enfin, Unity Software a acquis Weta Digital, le studio d’effets spéciaux utilisés dans la trilogie du « Seigneur des anneaux » ou dans le film « Avatar » pour un montant de 1,6 milliards de dollars, en vue de se lancer dans la création de son propre univers virtuel.

Parallèlement à l’émergence de cette multitude d’acteurs de la tech américaine, Facebook travaille à créer un environnement juridique favorable au développement du métaverse et, au passage, éviter des déconvenues telles que les poursuites du régulateur américain, motivées par la lutte antitrust. En effet, les locaux de l’entreprise situés à Washington ont été transformés en bureau de campagne. Nick Clegg, vice-président de Facebook chargé des affaires mondiales et de la communication et Sheryl Sandberg, directrice des opérations de l’entreprise y mène de nombreuses actions de lobbying afin de créer des normes et des protocoles pour le métaverse : groupes de réflexion, conférences telles que celle baptisée « Journey to the Metaverse » organisée lors du festival d’idées « Atlantic Festival », rencontres avec des décideurs politiques, des universitaires, des partenaires et des experts.

Chine : un développement du métaverse encadré par le pouvoir central

Lors de la 34ème étude collective sur la promotion du développement sain de l’économie numérique de la Chine par le Bureau politique du Comité central du Parti Communiste Chinois (PCC), qui s’est déroulée le 18 octobre 2021 ; le dirigeant du pays, Xi Jinping, a affirmé la détermination de son gouvernement à devenir un acteur incontournable des mutations numériques en cours et a souligné l’importance de l’intégration des économies réelle et numérique.

En novembre 2021, la Chine a lancé le Metaverse Industry Committee, sous l’égide de la China Mobile Communications Association (CMCA), premier groupe de l’industrie du métaverse. Lors de cet évènement, Wu Zhongze, l’ancien vice-ministre du ministère des sciences et des technologies a confirmé que la Chine souhaite bénéficier de l’effet de levier de cette nouvelle technologie pour accélérer l’intégration des économies réelle et numérique et dominer les autres Etats. De plus, l’institut chinois des relations internationales contemporaines, think-tank proche du pouvoir, a souligné que l’investissement actuel dans le métaverse conditionne la sécurité nationale de la Chine à trois variables : l’adoption rapide des nouvelles technologies émergentes pour assurer son positionnement dans la compétition mondiale, la gestion de la sécurité technique (cyberattaques, infrastructure critique, vol ou falsification de données) et la maîtrise des impacts politiques, sociaux et économiques.

Dans ce contexte favorable, la tech chinoise semble être prise de frénésie. En effet, Alibaba a déposé plusieurs enregistrements de marques telles que “Ali Metaverse, “Taobao Metaverse” et “DingDing Metaverse sur la plateforme Qichacha. Tencent a déposé une centaine de marques liées au métaverse telles que « Timi Metaverse », « Kings Metaverse », « QQ Metaverse » ou « QQ Music Metaverse » et a investi dans l’organisateur de concerts virtuels Wave. Bytedance, le groupe propriétaire de TikTok a acquis la société de réalité virtuelle Pico pour 772 millions de dollars. Yunfeng capital, crée par Jack Ma, fondateur d’Alibaba, a investi 100 millions de dollars dans la société de réalité augmentée Nreal. Le 21 décembre 2021, Baidu a présenté le premier métaverse chinois, baptisé « Xi Rang » (Terre d’espoir) lors de la conférence « Create 2021 ». D’autres acteurs de la tech chinoise, tels que Kuaishou, iQiyi, Li Auto ou Netfase se sont également lancés dans la conquête de ce nouveau marché.

Néanmoins, la politique de répression réglementaire de Pékin envers les entreprises technologiques peut constituer un frein important au développement des acteurs chinois du métaverse. Déployée à partir d’octobre 2020, après des critiques acerbes du fondateur d’Alibaba, Jack Ma, envers les autorités de régulation financière, son objectif est d’assurer le contrôle de l’autorité centrale sur le secteur numérique dont les entreprises sont accusées de monopolisation du marché et de comportements anticoncurrentiels. Elle répond aussi au projet de « prospérité commune » du pouvoir, dont l’objectif est de lutter contre l’inégalité de la répartition des richesses en Chine.

En effet, des règles anti-monopole sont mises en place et les sanctions se multiplient. Ainsi, le 3 novembre 2021, l’introduction en Bourse d’Ant Group, filiale d’Alibaba, a été suspendue ; en avril 2021, une amende de 2,3 milliards d’euros est infligée à Alibaba pour abus de position dominante ; le « Uber » chinois, Didi, a été retiré des magasins d’applications après une levée de fonds de 4,4 milliards de dollars à Wall Street ; les acteurs de la tech projetant une introduction en bourse doivent désormais se soumettre à un examen de sécurité par l’Administration du cyberespace ; une loi de protection des informations personnelles est promulguée ; une limitation du temps hebdomadaire consacré aux jeux vidéo – qualifiés d’ « opium mental » par le pouvoir – par les mineurs est instaurée ; aucune licence de jeu vidéo n’a été accordée depuis juillet 2021 et une campagne contre l’idolâtrie des influenceurs a été organisée par le gouvernement. Enfin, à la Bourse de Shenzhen, les actions de Hubei Century Network Technology, entreprise de solution informatique et de ZQGame, développeur de jeux, se sont envolées après l’annonce de Meta par Mark Zuckerberg avant de chuter brutalement après la publication d’un article, dans l’Economic Daily – proche du pouvoir – fustigeant la spéculation sur les actions d’entreprises investissant dans le métaverse et soulignant la tolérance zéro des autorités de réglementation des valeurs mobilières.

Europe : devenir une puissance normative du métaverse

Dans cette course effrénée, l’Europe semble vouloir se démarquer en se positionnant comme le régulateur du métaverse et devenir une puissance normative, entendue comme une « puissance qui n’a fondamentalement que la norme comme instrument privilégié, voire exclusif, d’action internationale » (Laïdi, 2008). En effet, face aux colossaux investissements américains et chinois ainsi qu’au constat de l’absence d’un géant de la tech européenne capable de concurrencer les GAFAM et les BATX, l’Europe a choisi de protéger son marché intérieur. L’Europe a ainsi développé une régulation du numérique afin d’encadrer les acteurs de cette industrie. Durant l’année 2022, le Digital Markets Act (DMA) et le Digital Service Act (DSA) entreront en vigueur. Le premier encadrera les activités des plus grandes plateformes qualifiées de contrôleurs d’accès accusés de pratiques anticoncurrentielles et d’abus de position dominante ; le second harmonisera les législations nationales en matière de luttes contre les contenus dangereux, illégaux et illicites. Depuis 2020, les députés européens travaillent également sur une règlementation des usages de l’intelligence artificielle portant sur différents volets dont la responsabilité civile et l’éthique. Enfin, le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) veille à encadrer le traitement des données personnelles sur le territoire européen.

Ce cadre législatif de plus en plus contraignant a participé à la décision de Meta de recruter 10 000 ingénieurs européens en cinq ans afin de créer le métaverse de la firme, s’ajoutant aux 58 000 salariés actuels. A travers la voix de deux hauts responsables, Nick Clegg et Javier Oliver, le groupe déclare même avoir l’intention d’intégrer « les valeurs européennes telles que la liberté d’expression, la vie privée, la transparence et les droits des individus » dans ce projet. Toutefois, l’aspect législatif n’est pas la seule motivation de Meta. Effectivement, l’entreprise souhaite également investir le marché de l’Europe des 28, représentant 500 millions de consommateurs, bénéficier des compétences d’ingénieurs hautement spécialisés et diplômés d’universités parmi les mieux classées du monde, d’un écosystème d’entreprises technologiques de pointe et assurer sa maîtrise des flux de données européens dont la stabilité fut mise à mal par l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), rendu le 16 juillet 2020 et invalidant l’accord de transfert des données entre l’Union européenne et les Etats-Unis, dit « Privacy Shield ».

A l’instar des Etats-Unis, et de la Chine, de nombreuses entreprises ont investi le métaverse. Ainsi, BMW et NVIDIA se sont associées afin de dupliquer une usine du constructeur automobile et simuler virtuellement des opérations avant déploiement physique. L’entreprise allemande Move Digital développe des solutions complète afin d’assister ses clients à se déployer dans les différents univers virtuels. En Autriche, les startups Blackshark.ai (construction d’environnement 3D), Trilite (faisceau laser utilisable dans les lunettes AR) et ViewAR (lunettes AR) ont bénéficié de levées de fonds pour investir le métaverse. La société madrilène Virtual Voyagers participe au développement de la plateforme de concerts utilisée dans le métaverse annoncé par Zuckerberg. Aussi, le secteur européen de la mode semble très enthousiaste et les initiatives se multiplient. Adidas a annoncé son projet d’investir le métaverse « The Sandbox ». Zara a lancé une collection dans l’univers virtuel coréen « Zepeto ». La marque italienne Diesel a créé sa propre plateforme, BVX (Brave Virtual Xperience), qui s’appuie sur le métaverse, les NFT et les jeux numériques. Enfin, Gucci et Burberry ont développé une collection d’accessoires de mode, respectivement pour Roblox et le jeu métaverse Blankos Block Party.

France : une French Tech dynamique, mais des faiblesses en termes de volume d’innovation, de recrutement et de levée de fonds

Qu’en est-il de la France ? Lors de la présentation du plan d’investissement « France 2030 », le 12 octobre 2021, le président de la République française Emmanuel Macron, a déclaré vouloir « placer la France à nouveau en tête de la production de contenus culturels et créatifs ». Le même jour, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot twittait que « 600M€ seront investis dans les technologies immersives, de nouvelles infrastructures de tournage et de production numérique et la formation ».

La French Tech connaît une croissance exponentielle. En effet, le 17 janvier 2022, le chef de l’Etat annonçait la 25ème licorne française, start-up valorisée à plus d’un milliard de dollars. Soit trois ans avant le cap de 2025, annoncé à l’Elysée lors du France Digitale Day, en septembre 2019.

L’écosystème industriel de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle est particulièrement riche dans l’hexagone. En effet, l’annuaire de l’association AFXR, représentant les acteurs français des technologies immersives, recense 420 professionnels. Par exemple, le centre de conseil et d’innovation Clarté propose aux entreprises de développer des projets de technologies immersives et a notamment collaboré avec Renault. La startup Lynx a développé un casque combinant réalités virtuelle et augmentée. Le métaverse The Sandbox a été fondé en 2012, par deux Français, Arthur Madrid et Sébastien Borget et leur entreprise a levé 93 millions de dollars via le Vision Fund 2 de SoftBank. Le groupe Havas a lancé la solution « Metaverse by Havas » afin d’accompagner les marques dans leurs déploiements au sein de différents univers virtuels. La startup rennaise Simango a lancé un hôpital en réalité virtuelle afin de former le personnel soignant. Les institutions culturelles telles que le Museum d’Histoire Naturelle de Paris ou l’Atelier des Lumières développent également des projets d’expériences immersives afin d’enrichir leurs expositions artistiques. L’ensemble de ces acteurs bénéficient de l’accompagnement d’environ 380 incubateurs de startups et du soutien de l’Etat qui, à travers la banque publique d’investissement (Bpifrance) et l’écosystème French Tech, composé de startups, d’investisseurs et de décideurs, a octroyé plusieurs centaines d’allocations à environ 2000 startups ; a mis en place des dispositifs fiscaux tels que le Crédit Impôt Recherche ou le Crédit d’Impôt Innovation et a développé des concours d’innovation tels que les concours i-Lab et i-nov.

 

Néanmoins, la France pâtit d’un certain nombre de freins au développement du secteur industriel dédié au métaverse. D’abord, peu de brevets dans le domaine des technologies immersives sont déposés, ce qui témoigne d’un retard en termes de volume d’innovation par rapport à d’autres Etats. En effet, selon le rapport « Le marché des technologies immersives : enjeux et perspectives » de BearingPoint, publié en février 2021, la France en a déposé 9 depuis début 2020 alors que les Etats-Unis en compte 1000, l’Asie 900, l’Europe 500 et l’Allemagne 100.

Ensuite, les startups françaises rencontrent des difficultés de recrutement importante freinant leurs croissances. Selon Soumia Malinbaum, administratrice de la fédération Numeum, première organisation professionnelle du secteur du numérique, il manque chaque année 10 000 ingénieurs. De plus, une enquête qualitative menée en octobre 2021, par France Stratégie et la Direction générale des entreprises, auprès des acteurs du numérique français, a souligné que les difficultés de recrutement concernaient les profils techniques à 62%, largement devant le deuxième métier sous tension, les profils commerciaux à 17%. Aussi, la même étude montre que l’absence de candidats constitue l’une des principales sources de difficultés de recrutement pour 74% PME en 2019. Par exemple, en 2019, 75% des postes en cybersécurité sont restés vacants. Enfin, le montant des levées de fonds réalisées par les startups françaises est encore trop faible. Si elles ont réussi à lever plus de 10 milliards d’euros en 2021, soit deux fois plus qu’en 2020, ce montant reste deux fois inférieur à celui des startups britanniques qui ont levé 24 milliards d’euros et 28 fois inférieur à celui des startups américaines qui a atteint le record de 289 milliards d’euros.

 

Ainsi, au-delà d’une compétition entre acteurs privés du numérique, la domination du métaverse est devenu pour les Etats, un enjeu géopolitique majeur aux multiples aspects : étatique, coopétition, influence, protection des données personnelles, souveraineté numérique et équipement. Les investissements américains, avec en tête ceux du groupe Facebook, rebaptisé Meta pour mettre en avant son projet de construction d’un métaverse et marquer les esprits, se démarquent par leurs importances et sont accompagnés par un fort lobbying pour assurer un environnement réglementaire favorable. La Chine a démontré, à travers de nombreux événements et déclarations politiques, sa volonté d’intégrer économies réelle et numérique et de développer rapidement une industrie du métaverse. Néanmoins, le pouvoir central, déterminé à encadrer les activités des acteurs du secteur, a développé une politique de répression réglementaire qui peut constituer un frein au développement. Consciente des puissances financières, technologiques et économiques américaine et chinoise, l’Europe a choisi de devenir une puissance normative, en développant une régulation du numérique contraignante, afin de protéger son marché intérieur. Cette position européenne a accéléré les investissements de Meta en Europe afin de bénéficier des avantages économiques du continent, de maîtriser les flux de données et d’influencer la législation. Dans cette compétition mondiale, la France bénéficie d’un écosystème industriel des réalités virtuelles et augmentées dynamique et a atteint un montant record de levées de fonds par ses startups en 2021. Toutefois, ce montant reste faible comparé à ceux d’autres puissances, les difficultés de recrutement dans le secteur du numérique sont importantes et le volume d’innovations dans le domaine des technologies immersives est insuffisant.

Bien que l’unité de l’Occident dans la conquête du métaverse ne soit pas encore explicite, il semble probable que la bipolarisation actuelle du cyberespace formée par le bloc occidental et le bloc sous influence chinoise (Friedman, 2006) se retrouve rapidement de manière exacerbée, dans cette doublure numérique du monde physique.

Par Daniel Bosselet, promotion 2021-2022 du master IESCI d’Angers

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Les impacts économiques de la règlementation d’accès à la pornographie en ligne en France https://master-iesc-angers.com/les-impacts-economiques-de-la-reglementation-dacces-a-la-pornographie-en-ligne-en-france/ Fri, 03 Dec 2021 16:23:16 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3525 La technologie numérique nous a permis d’avoir accès à une quantité incommensurable de ressources et d’informations en ligne. L’ethnologue et anthropologue Marc AUGE affirme que l’accès à internet a gommé les différences entre la fille d’un professeur à Harvard et… Continuer la lecture

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La technologie numérique nous a permis d’avoir accès à une quantité incommensurable de ressources et d’informations en ligne. L’ethnologue et anthropologue Marc AUGE affirme que l’accès à internet a gommé les différences entre la fille d’un professeur à Harvard et un garçon éleveur de chèvres en Afrique. Mais très tôt nous nous sommes tournés vers les offres à caractère pornographique.

La pornographie en ligne a l’avantage d’être anonyme, gratuite, accessible en quelques clics et coups de pouces sur n’importe quel écran, offrant un catalogue qui saura répondre aux fantasmes les plus extravagants. Une recherche sur quatre est liée à la pornographie, et près de 70% de la population française a déjà consulté un site à caractère pornographique. Lors des confinements successifs, un pic de fréquentation a même pu être observé. Mais une statistique inquiète plus que d’autres : c’est l’âge de la première exposition. C’est en moyenne à l’âge de 14 ans et 5 mois que les jeunes français sont confrontés à ces sites dont le contenu peut s’avérer choquant et violent pour un public non averti et surtout non éduqué.

Les associations de protection de l’enfance e-Enfance et La Voix de l’Enfant ont intenté un procès pour bloquer plusieurs sites connus diffusant du contenu pornographique et dont la seule restriction d’entrée est une attestation sur l’honneur de majorité. Malgré qu’elles aient été déboutées de leur demande le 8 octobre 2021, cet énième procès peut interroger sur l’avenir de cette industrie. En effet, l’article 227-24 du Code Pénal dispose que « Le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent, incitant au terrorisme, pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine ou à inciter des mineurs à se livrer à des jeux les mettant physiquement en danger, soit de faire commerce d’un tel message, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un mineur. » et « Les infractions prévues au présent article sont constituées y compris si l’accès d’un mineur aux messages mentionnés au premier alinéa résulte d’une simple déclaration de celui-ci indiquant qu’il est âgé d’au moins dix-huit ans. ». Ce texte, et les procès qui suivront, risquent de rendre l’accès à la pornographie beaucoup plus difficile et freiner les résultats de l’industrie si une vérification efficiente des consommateurs venait à se faire. En sacrifiant ses caractères anonymes et gratuits, la pornographie en ligne risque de perdre bien plus que ses utilisateurs mineurs.

La pornographie en ligne : histoire, business model et succès

La pornographie connait une restructuration de son secteur en 2006 avec l’apparition de YouPorn, premier site gratuit consacré à la diffusion en ligne de vidéo pornographique. Le site croît rapidement avec une explosion du nombre de visionnage quotidien. La naissance de la pornographie numérique fait s’effondrer la production et la vente des supports DVD, et un grand nombre de studios ferment. Le streaming est aujourd’hui le premier média de consommation du porno et 95% de l’offre est gratuite. L’influence des hubs pornographiques est telle qu’elle oblige des entreprises traditionnelles du secteur à se reconvertir. C’est le cas de la maison Dorcel qui, face à cette concurrence insoutenable, fait désormais la plus grande partie de son chiffre d’affaires en produits érotiques.

Ces sites sont des agrégateurs de vidéos. Ils hébergent et accumulent les flux, leur donnent de la visibilité et grâce à de la publicité ciblée réorientent vers d’autres contenus payants. Ces sites n’ont pour seule vocation que de générer de l’audience. Ces sites sont des vitrines. Les revenus sont issus des publicités et des offres premium. C’est un business model élémentaire des hébergeurs vidéo. Mais ces sites sont pionniers de nombreuses innovations qui ont modifié la navigation web. C’est à la pornographie en ligne que l’on doit l’optimisation du trafic (et ce avant Diggs ou Google Adsense) et l’apparition intempestive d’applet et publicité pop-up qui mettent en avant des publicités et lancent d’autre pages quand l’utilisateur tente d’en quitter une, captant au maximum l’attention des visiteurs. L’audience générée par ces sites est si grande que des entreprises non associées au secteur louent des emplacements publicitaires. L’Oréal a pendant un temps utilisé ces emplacements pour vendre leurs cosmétiques pour homme. Avec plus de 70 millions de streaming quotidien, ces sites connaissent un trafic parmi les plus important de la toile.

Les entreprises propriétaire de ces sites sont généralement situées dans des paradis fiscaux, au Luxembourg notamment, afin d’optimiser encore les revenus. Bien que le secteur soit très opaque, on estime que la pornographie en ligne rapporterait jusqu’à une centaine de milliards d’euro par an.

Le succès du divertissement pornographique est lié à une double concomitance entre la gêne sociale et institutionnelle générée par la consommation de la pornographie et la discrétion et l’accessibilité permise par internet et l’ordinateur personnel. Il n’est plus besoin de se présenter chez son libraire ou en magasin spécialisé et décrire à un inconnu l’exotisme de ses désirs. Désormais quiconque possède un accès internet et un écran peut obtenir satisfaction après avoir tapé quelques mots clés. Le consommateur est maintenant invisible, ce qui permet aussi aux mineurs d’y accéder. On estime que les plus grands consommateurs sont les jeunes âgés de 12 à 17 ans, et ce à partir du téléphone portable. Les contenus sont gratuits et les hébergeurs peu regardant sur ceux qui les consultent permettent à ce large public de se rendre sur les sites, et donc d’augmenter l’audience.

La pornographie en ligne, un quasi monopole

Le secteur est majoritairement contrôlé par l’entreprise MindGeek (autrefois Manwin). Elle est propriétaire de nombreux sites de publications (Pornhub, Redtube, Youporn,…) et studios de production (Brazzers, Digital Playground, Mofos, …). Ainsi comme les entreprises de la tech, la pornographie en ligne s’organise en cluster, dans la vallée de San Fernando dit la PornValley, l’un des premiers centres mondiaux de production de film pornographique destinés à internet. Subsistent quelques concurrents, mais le marché n’en est pas moins fortement concentré.

Cette intégration à la fois horizontale et verticale donne à MindGeek un grand pouvoir d’entreprise. Elle rachète ses concurrents et vante ses productions sur ses sites hébergeurs. Cette stratégie déployée est très proche de celle de Monsanto.

Ce pouvoir permet à MindGeek non seulement d’avoir un impact significatif sur la production des contenus pornographiques, en exerçant une pression sur les coûts pour produire plus pour toujours moins, mais aussi un pouvoir de lobbying en déployant des moyens financiers pour faire face aux scandales qui entourent la pornographie (Accusation sur le non-respect des droits d’auteurs, accès des mineurs, hébergement de vidéos aux contenus illégaux, conditions de travail des performeurs, …). L’une des actions de lobbying récente que l’on peut souligner est celle de la Measure B.

La Measure B est une loi du comté de Los Angeles qui vise à exiger un protocole sanitaire pour les studios de productions et l’utilisation du préservatif pour toutes les scènes qui impliquent une pénétration. MindGeek aurait financé une campagne publicitaire contre cette mesure à hauteur de 268 000 $. Cette campagne d’influence est illégale, mais montre la volonté de l’entreprise de garder une certaine maîtrise sur l’aval de la chaîne de production.

Cependant, cette mesure adoptée en 2012 a eu des effets ambivalents. Si elle a amélioré les conditions sanitaire et l’encadrement des tournages, elle a créé un exode des studios de productions vers des territoires moins regardant, désertant Los Angeles où il ne reste que quelques studios. L’impact économique potentiel d’une telle migration a été estimé par les professionnels du secteur à 6 milliards de dollars[1]. Quand on voit l’énergie et les moyens mobilisés pour empêcher l’adoption d’une telle loi, le manque à gagner et l’aisance avec laquelle elle a été contournée, qu’en serait-il d’un texte qui oblige à une vérification efficiente des consommateurs ?

Quels seraient les dangers d’une vérification des usagers ?

Finalement il s’avère qu’a priori ce danger est presque nul ! En effet cela résulte de deux grandes difficultés : la faisabilité technique d’une telle mesure et le confort des utilisateurs.

La principale limite est technique. Comment restreindre l’accès aux sites déconseillés aux mineurs (quelle que soit leur nature) aux digitales natives alors qu’ils sont parfois plus à l’aise avec la technologie que ceux qui les mettent en place ? Depuis longtemps le contrôle parental, déjà trop peu installé, s’est avéré obsolète car aisément déjoué. Toutes forme de restriction de diffusion de ces contenus, voire de leur consultation (la pornographie est illégale dans 91 pays du monde), est non seulement considérée comme contraire à la liberté d’expression car les contenus pornographiques ne sont pas illicites dans tous les pays, mais n’empêche en rien leur accès. Par exemple, le Pakistan est réputé pour avoir le plus de requête de pornographie homosexuelle, alors que les outils juridiques répriment la pornographie et l’homosexualité. Enfin, comment délimiter la pornographie ? S’il est possible de surveiller les sites qui se déclarent comme tels, les contenus pornographiques pullulent sur l’ensemble des internet, même sur les sites et applications qui n’y sont pas consacrés. On ne peut pour l’instant pas maîtriser la diffusion de ces contenus à moins de couper complètement l’accès à internet ce qui est absolument impensable dans un pays démocratique.  Pire, une restriction aussi dure ne ferait que réorienter les consommateurs de tous âges vers des sites toujours moins surveillés, aux contenus illégaux, illicites et violents.

            La seconde limite concerne le confort des usagers. Il est peu probable que les consommateurs souhaitent renseigner leur identité, justificatif en main, et laisser des sites de cette nature recueillir des données qui concernent leur identité et les associeraient à leurs habitudes de consommation. L’anonymat est un caractère bien trop important pour le consommateur. Le Royaume Uni avait annoncé en 2017 obliger une vérification de l’âge pour accéder aux sites pornographiques, à l’aide de recensement de données ou d’un pass porno en vente chez son libraire. En 2019 la mesure est officiellement abandonnée car elle présente trop de limite technique et des dangers sur les informations personnelles.

Qu’en serait-il si ces sites devenaient payants afin de garantir une traçabilité et l’accès à des moyens de paiements en ligne réservé aux mineurs ? C’est un scenario parmi les moins plausibles pour les spécialistes. En effet, les marges issues des contenus payants sont peu viables (cf. Dorcel) et comme le support reste internet, ils trouveront leur équivalent gratuit, toujours sur des sites moins réglementés. De plus le secteur tout entier en serait fragilisé car les banques prélèvent des commissions trois à dix fois plus élevés pour les transactions concernant la pornographie à cause des risques plus grand de fraude ou de rétractation.

Pour le moment aucun moyen viable n’a été proposé pour restreindre efficacement l’accès aux sites pornographiques. L’espace en ligne étant très libre, il est très difficile de maîtriser le sujet. La concentration du marché, la présence de plus en plus grande de supporter de la pornographie et les difficultés de la régulation de l’espace web font que les diffuseurs de contenus pornographiques sont peu inquiétés par l’arsenal réglementaire en ce qui concerne des restrictions à son accès.

Conclusion

En l’absence d’une autorité internationale efficiente et homogène sur les contenus internet, il est très peu probable que la pornographie en ligne soit atteinte par de quelconques restrictions d’accès. Faute de mieux, peut-être même est-il préférable de se satisfaire de MindGeek, le leader du marché, qui loin de montrer patte blanche donne au moins une tête à couper (ou au moins à surveiller). Bien que la pornographie représente un quart des requêtes en ligne, trop peu de politiciens et économistes ne s’intéressent à la question, laissant le secteur en autorégulation sans dégager d’alternatives démocratiques et viables pour une industrie qui multiplie les scandales. D’autant plus que MindGeek, spécialiste de la gestion de donnée voit presque chaque citoyen du monde passer par son réseau. C’est une incroyable ressource que l’entreprise possède sans contrepouvoir.

 En attendant la France a décidé de réorienter les requêtes pornographiques vers le site du CSA où s’affichera un message de prévention sur les risques d’un tel contenu avant d’y laisser l’accès. Cette décision a surement plus inquiété le webmestre du CSA qui va voir l’affluence de son site explosé que les bureaux de MindGeek.

Par Matthieu Gourmelon, promotion 2021-2022 du M2 IESCI

[1] Chiffre à modéré de ce fait

Sources

http://www.slate.fr/story/134117/porno-uberisation  (Consulté le 31/10/21)

https://www.leparisien.fr/high-tech/acces-des-mineurs-a-la-pornographie-5-minutes-pour-comprendre-lassignation-en-justice-des-fournisseurs-internet-09-09-2021-IDCQWP744FA75KZZQAMJV5YUDI.php (Consulté le 31/10/21)

https://www.numerama.com/tech/746049-blocage-de-sites-pornos-les-internautes-seront-rediriges-sur-le-site-du-csa.html (Consulté le 31/10/21)

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044174211(Consulté le 31/10/21)

https://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-86672QE.htm (Consulté le 31/10/21)

https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000043409165/(Consulté le 31/10/21)

https://www.marianne.net/monde/interdire-le-porno-aux-mineurs-beaucoup-de-pays-ont-essaye-sans-y-parvenir (Consulté le 31/10/21)

https://www.arte.tv/fr/videos/105478-002-A/peut-on-vraiment-empecher-les-mineurs-d-acceder-aux-contenus-pornos/ (Consulté le 31/10/21)

Ovidie, 2017, Pornocratie : les nouvelles multinationales du sexe, Magneto-presse

https://boowiki.info/art/pornographie-2/la-pornographie-dans-le-monde.html#In_Oceania (Consulté le 31/10/21)

https://theconversation.com/pornographie-en-ligne-une-consommation-massive-un-risque-pour-les-jeunes-et-une-urgence-a-reguler-163735  (Consulté le 31/10/21)

https://www.psycho-ressources.com/bibli/stats-pornographie.html (Consulté le 31/10/21)

https://fr.slideshare.net/tmintsa/memoire-m1-yelengwetatiana150611 (Consulté le 31/10/21)

https://www.bordeaux.business/pornhub-business-comme-autre/ (Consulté le 31/10/21)

https://www.lesinrocks.com/actu/industrie-du-x-port-de-la-capote-obligatoire-1865-03-08-2013/ (Consulté le 31/10/21)

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Affaire Gamestop : la croisade du peuple ? https://master-iesc-angers.com/affaire-gamestop-la-croisade-du-peuple/ Fri, 19 Mar 2021 13:09:34 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3416 David contre Goliath, Main Street versus Wall Street, un nombre fulgurant d’analogies ont déferlé dans les articles de journaux et autres blogs afin de représenter les principaux partis de cette affaire incroyable, si incroyable que la plateforme Netflix a déjà… Continuer la lecture

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David contre Goliath, Main Street versus Wall Street, un nombre fulgurant d’analogies ont déferlé dans les articles de journaux et autres blogs afin de représenter les principaux partis de cette affaire incroyable, si incroyable que la plateforme Netflix a déjà lancé un projet documentaire dédié.

Il s’agit de l’affaire Gamestop, un cas financier invraisemblable opposant le « peuple », rassemblé en communautés sur internet qui,  face à des loups de la finance New Yorkaise, ont réussi à faire trembler Wall Street.

Les enjeux de ce bigornage peuvent être représenté par ce graphe aux pics saillants du cours de l’action au cœur de toutes les discussions :

Cette dernière, qui était à environ 4 dollars il y a quelques mois a pu atteindre en quelques semaines une valeur maximale de plus de 480 dollars, faisant passer la société émettrice pourtant en grand difficulté, à une pseudo-prospérité déconcertante la plaçant du jour au lendemain dans le top 500 des plus grandes entreprises du monde.

Au moment même où cet article est rédigé, l’action de Gamestop a fluctué entre 40 et 150 dollars. Que signifie alors ces oscillations et l’exaltation sociale et médiatique qui les ont déterminées ? Quel rôle ont joué les réseaux sociaux dans cet épisode ?

L’objectif de cet article est de décrypter de manière chronologique les faits importants qui ont marqué cette affaire par une mise en contexte et une description des partis concernés.

A. Mise en contexte

Gamestop ou l’impact de la progression du dématérialisé.

Gamestop est une entreprise disposant de commerces physiques qui vendent principalement des jeux vidéo en plus de produits dérivés issus de la pop culture. Elle possède plus de 5000 magasins à travers le monde dont les ⅔ se trouvent aux Etats-Unis et se trouve être depuis 2008, la maison mère de la chaîne de magasins Micromania, présente dans la plupart des villes de France.

Compte tenu de la forte progression de l’achat de produits dématérialisés, Gamestop et ses filiales subissent de plein fouet cette transition étant donné leur spécialisation dans la vente physique de biens, dont la dématérialisation aujourd’hui semble déjà de plus en plus convenir à de nombreux consommateurs qui, suite au progrès du digital et à l’accès à des espaces de stockage conséquents et  peu chers, favorisent l’accentuation de ce phénomène tout comme c’est déjà le cas pour l’industrie du film et de la musique.

Sur l’aspect financier, si l’on combine les résultats de l’entreprise pour ces trois dernières années, les pertes s’évaluent à plus d’un milliard de dollars

Gamestop est cotée sur le New York Stock Exchange (NYSE), le premier indice boursier mondial. Selon des experts comptables,  l’ensemble des possessions de l’entreprise est valorisé à 2,8 Milliards de dollars pour des dettes estimées à 2,2 milliards de dollars. Ne laissant donc “que” quelques centaines de millions à se partager entre les actionnaires. Ce qui semble plus ou moins représentatif de la situation difficile de la société.

Descriptions des fonds d’investissement et des opérations financières concernées

La valeur en bourse reflète théoriquement l’opinion des marchés financiers sur le succès futur de l’entreprise, une faible valeur en bourse signifie donc qu’il y a peu de gens prêts à acheter des actions, rendant donc difficile le financement pour l’entreprise émettrice. De ce fait, des pratiques et opérations financières existent, permettant de parier à la hausse ou à la baisse la valeur d’une action.

Pour ce qui est de Gamestop, il y eut donc des Hedges Funds ou fonds d’investissement fortement actifs sur le marché de Wall Street, qui pensent que l’action de l’entreprise va s’effondrer compte tenu du contexte et décident alors de parier dessus. Parmi elles, on retrouve entre autres des fonds tels que Citron Research, Melvin Capital de la maison mère Citadel.

Cette pratique se nomme le short selling, une méthode d’investissement qui permet d’avoir des gains sur la chute de valeur d’une société en empruntant ses actions à une valeur A, de les revendre pour encaisser, puis de profiter d’une chute du cours boursier de cette action, ce qui permet de rembourser la société à un coût bien moindre que prévu par cette dernière. Ainsi, constater du shorting sur les actions d’une entreprise, ne fait que renforcer la défiance des actionnaires sur ses performances, ce qui a tendance à baisser encore davantage la valeur de son action compte tenu de la mauvaise image qu’elle affiche.

Description de la communauté

Face à cette situation, des petits porteurs ou encore “boursicoteurs” qui ont tendance à se rassembler en communauté sur internet, s’intéressent progressivement au cas Gamestop. Parmi ces communautés, on retrouve r/WallStreetBets, un forum hébergé sur le réseau social anglophone Reddit et où échangent des millions d’adhérents qui ont l’habitude d’effectuer des opérations financières depuis chez eux via leurs appareils. Ses membres, à majorité d’une tranche d’âge allant de 28 à 45 ans, sont généralement férus de technologie et de la culture vidéo-ludique depuis leur enfance, ainsi bon nombre d’entre eux, sous un élan de nostalgie, commencent à se mobiliser face à la situation que traverse l’enseigne.

B. Déroulement des faits

Au milieu de l’année 2020 et afin de sauver l’entreprise, il est proposé aux actionnaires de Gamestop de la sortir de la bourse afin d’annuler les shorts, et de prendre le temps de se rétablir. En rachetant massivement ses propres actions et qui a permis un rehaussement de sa valeur (De 3 à 7 dollars entre Mai et Septembre 2020)

En Septembre 2020 entre alors en scène le jeune entrepreneur devenu milliardaire Ryan Cohen qui achète environ 13% des actions de Gamestop et qui semble prendre également à cœur l’état de l’enseigne. Son implication sur cette affaire aura pour incidence de convaincre davantage de personnes parmi les actionnaires et les particuliers sur Reddit à s’intéresser de près à la valeur de l’action de l’entreprise, ce qui rehaussera sa valeur, passant de 7 à près de 20 dollars en Janvier 2021.

A la mi-janvier, les choses s’accélèrent suite à la diffusion d’un rapport (https://www.regcompliancewatch.com/gamestop-raid-prompts-finra-alert/) mettant en exergue le short excessif que subissent les actions Gamestop par des fonds d’investissement. Suite à cela des voix s’élèvent afin de saisir cette (opportunité ?) et de marquer un “grand coup”.

Le short squeeze

C’est l’appellation donnée à cette manœuvre financière qui fera couler beaucoup d’encre de par le monde dans cette affaire ? Suite aux informations certifiées de shorting massif effectués par des fonds, un nombre massif de particuliers sur Reddit se mobilise afin d’inciter et encourager toujours plus de personnes à acheter des actions Gamestop dans le but de rehausser davantage sa valeur. En effet, comme mentionné précédemment, le shorting consiste à emprunter des actions d’une entreprise, de les revendre et de profiter de la chute de son cours pour gagner une marge. Quand on pratique le shorting, le gain est limité par le plancher c’est-à-dire que l’action ne peut pas valoir moins que zéro, Mais la perte elle ne l’est pas. Dès lors, que se passerait-il si la valeur de l’action empruntée ne baissait pas, mais venait plutôt à augmenter ? Qui plus est de manière fulgurante ; dit de façon simple, il s’agira d’une catastrophe pour ces opérateurs.

L’excitation autour de Gamestop prend donc de l’ampleur, le 21 Janvier 2021, la valeur de son action double, passant alors à 40 dollars, ce qui “pressa” le fond Citron Research à abandonner son short établi en début Janvier pour 20 dollars l’action. Quelques jours plus tard, la déclaration sur Twitter du milliardaire Chamath Palihapitiya sur son souhait de parier à la hausse sonne l’explosion des compteurs : l’action terminera la journée à 188 dollars.

Durant la soirée du même jour, Elon Musk, qui a déjà pu montrer par le passé son aigreur pour les fonds d’investissement qui pratique le shorting, se joint la fête en postant un tweet avec un lien renvoyant au groupe r/WallStreetBets sur Reddit :

Le 27 janvier, à l’ouverture, l’action Gamestop vaut 354 dollars.

Plus qu’un mouvement : une croisade

Pour que le short squeeze soit “sévère” envers ces Hedges funds qui ont short, un simple processus d’achat et de vente d’actions n’est pas fructueux. En effet, l’on précise que la mobilisation portait envers et contre tout sur l’achat des actions et non leur revente, la raison est simple : les fluctuations existantes de la valeur de l’action entre achat et vente durant les heures d’ouverture du marché boursier pourraient permettre à ces fonds de combler les pertes voire même de générer du profit. Ce qui n’est en aucun cas l’objectif du mouvement. Ainsi, une fois les efforts pour permettre la réévaluation de l’action ont porté leurs fruits, un slogan se fît alors fortement relayer au sein de la communauté en vue de motiver les membres et les participants à garder leurs actions au maximum ; le slogan “Hold the Line” ou “Patientez, Maintenez”.

Cet élan de solidarité est sans précédent dans ce milieu. D’autant plus qu’il s’agit ici d’argent, de beaucoup d’argent, réputé pour avoir la capacité de détruire la plus forte des relations de confiance entre les individus.

Le grand perdant

Bien qu’il soit très complexe d’apposer le mot victoire à ce mouvement, il n’en demeure pas moins que l’un des objectifs de la communauté voulant marquer un gros coup contre les fonds d’investissement ayant short massivement l’action de Gamestop peut être qualifié de réussi. En effet l’histoire retiendra le nom de Melvin Capital Management comme principal perdant, ce fond spéculatif notamment connu pour ses paris à découvert s’est vu infligé des pertes colossales. Durant les trois premières semaines de l’euphorie, le fond aurait essuyé des pertes de plus 3,5 milliards de dollars. Ces chiffres pourraient être réévalués à la hausse si l’on prend en compte d’autres opérateurs qui auraient short sans pour autant le déclarer.

Conclusion

Les rouages de cette affaire ont donc les caractéristiques adéquates pour la production d’un film sensationnel. L’adage “l’union fait la force” adapté au progrès et aux pratiques interactives actuelles n’aura jamais été plus parlant.

Bien qu’un pavé soit jeté, il n’en demeure pas moins que le secteur de la finance, de par ses moyens s’avère être un océan et non une mare. Impactant donc peu au final les établis en vigueur.

Ainsi,  dire qu’un rassemblement d’individus issus du peuple a réussi à “battre” Wall Street semble aller vite en besogne, car, bien que des milliards aient été plus ou moins “redistribués”, ces quelques acteurs du milieu financier ne représentent pas la globalité du secteur.

Cette expédition punitive par le peuple a non moins révélé au grand jour les contours d’un système dont l’opacité autour des pratiques semble vive malgré les instances de contrôle existantes.

Par Ayman Hilal, promotion 2020-2021 du M2 IESCI

Webographie

 

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La confiance dans les médias à l’heure des NTIC https://master-iesc-angers.com/la-confiance-dans-les-medias-a-lheure-des-ntic/ Tue, 16 Mar 2021 15:26:21 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3402 Avec le développement des NTIC (Nouvelles Technologie d’Information et de Communication), l’information est devenue plus accessible, la vitesse de sa transmission a considérablement augmenté, parallèlement à cela, le volume d’informations consommées augmentes. Internet a joué un rôle important parmi les médias… Continuer la lecture

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Avec le développement des NTIC (Nouvelles Technologie d’Information et de Communication), l’information est devenue plus accessible, la vitesse de sa transmission a considérablement augmenté, parallèlement à cela, le volume d’informations consommées augmentes. Internet a joué un rôle important parmi les médias de masse, ayant depuis longtemps dépassé la radio et la presse écrite en termes de nombre d’utilisateurs. De nombreux médias classiques tels que la presse écrite, la télévision et la radio passent aux formats en ligne. Les réseaux sociaux ont donné lieu à un phénomène tel que les blogs, les blogueurs deviennent des leaders d’opinion dans leur domaine d’intérêt. Désormais, tout le monde peut télécharger des informations au public, raconter des événements économiques et politiques, diffuser sa vision personnelle de ce qui se passe.

Donc, d’une part, nous recevons des informations de la première personne, et d’autre part, une quantité incroyable de bruit d’information. Parallèlement à la croissance des sources d’information, on observe une tendance à une baisse significative du niveau de confiance des citoyens dans les médias. La confiance est un enjeu social important dans le domaine de l’interaction et de la communication des citoyens. Le niveau de confiance, à la fois entre les citoyens et dans l’État, a un impact significatif sur le développement de l’activité économique. Les médias sont des médiateurs dans la communication entre les citoyens et les institutions sociales, ainsi que les représentants des entreprises. Par conséquent, les concepts de fiabilité et d’impartialité des médias sont essentiels dans cette communication. Mais en raison du développement des NTIC, la société est confrontée au problème de la sursaturation de l’information, de l’infobésité, du bruit de l’information et de la désinformation. Donc l’enjeux principal de l’article est:

Comment le développement des NTIC a-t-il influencé la confiance des citoyens dans les médias?

Pour répondre à cette question, nous examinerons les tendances actuelles de la confiance dans les médias dans la première partie; les raisons de l’émergence de la méfiance dans les médias dans la deuxième partie de l’article, et dans la troisième partie nous verrons les indicateurs modernes d’une source d’information fiable.

I. Internet devient le principal canal de diffusion de l’information

En sociologie et en psychologie, la confiance est comprise comme « des relations ouvertes et positives entre les gens, contenant la confiance dans la décence et la bienveillance d’une autre personne avec qui la confiance est dans une relation ou une autre »[1]. Dans des conditions de risque, des situations incertaines et imprévues, le problème de la confiance de la société dans diverses institutions sociales, y compris les médias (mass media), devient important. La mondialisation de l’espace de l’information et les progrès technologiques ont fait des médias un puissant facteur d’influence sur la population. Ils sont capables d’influencer l’opinion publique, d’influencer les attitudes, les valeurs et les attitudes du public. Dans le même temps, les médias sont l’objet principal de la confiance, puisqu’ils font eux-mêmes l’objet de la confiance des publics cibles.

L’une des principales tendances du XXIe siècle est la croissance des sources d’informations numériques, directement liées au développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication. De nombreuses publications papier, radio et télévision passent aux formats en ligne. Ce phénomène peut être clairement illustré par l’exemple du nombre de publications et de magazines sur papier d’information. Après avoir atteint un sommet en 2012, le nombre d’éditions papier a commencé à diminuer progressivement et, par conséquent, en 2016, le nombre d’éditions a diminué de 10%. Nous constatons également une baisse de la consommation de papier pour la presse écrite, de 1,4 million de tonnes en 2005 à 695 milliers de tonnes en 2016.

Alors que les médias de la presse écrite diminuent leur diffusion, l’audience Internet des médias d’information augmente rapidement. Les sites d’Actualités et d’Information Généraliste ont vu leur trafic fortement augmenter, malgré des niveaux déjà élevés de fréquentation, + 45 % de visites au mois d’octobre (vs mois moyen 2019) :

Internet devient le principal canal de diffusion de l’information. NTIC a joué ici un rôle important, l’information est devenue un bien public. Les NTIC réduisent les coûts de production, facilitent le transfert des ressources, contribuent à la diffusion d’informations plus pertinentes. Quels ont été les facteurs du succès de la presse en ligne ? Comment la numérisation des médias imprimés a-t-elle affecté la confiance des lecteurs ?

En 2020, selon la recherche de confiance dans les médias réalisés par Kantar pour “La Croix”, l’intérêt des Français pour l’information atteint son plus bas niveau historique. Au cours des 5 dernières années, le nombre de répondants qui suivent l’actualité avec grand intérêt a baissé de 17%. Depuis l’inclusion de la position «Internet» dans la liste des médias permettant de comparer le niveau de confiance des utilisateurs, Internet a pris la dernière place dans le classement:

Cependant, les gens se tournent de plus en plus vers Internet pour s’informer de l’actualité. Depuis 2015, la part d’Internet augmente, tandis que la part des autres médias diminue :

Lorsqu’ils utilisent Internet comme source d’information, beaucoup se tournent vers les sites de presse. Mais nous voyons un phénomène intéressant  : 22% des répondants perçoivent les réseaux sociaux comme le source principale d’informations :

Ainsi, on assiste à une montée en popularité d’Internet, à savoir les réseaux sociaux comme source d’information, et, en même temps, à une augmentation de la méfiance. NTIC a provoqué l’émergence de nouveaux acteurs, contribuant à la diffusion d’informations plus trompeuses. Il s’avère que les utilisateurs ne sont pas satisfaits de la qualité des informations diffusées sur Internet. Les avantages qui ont déclenché la croissance du format en ligne dans la sphère médiatique, tels que la diffusion rapide de l’information, un large choix de sources, ont également provoqué des inconvénients – la faible qualité de l’information, qui a affecté le niveau de confiance dans les médias en général.

II. Les raisons de la méfiance envers les médias

Avec l’expansion mondiale d’Internet, le secteur des médias est devenu beaucoup plus accessible. Il y a des dizaines d’années, les journalistes avaient le monopole de la collecte et de la diffusion de l’information, alors qu’elle est désormais accessible à presque tout le monde. Nous vivons à une époque de journalisme citoyen où tout le monde peut filmer, photographier, écrire, diffuser des informations et atteindre une grande portée. Si les médias classiques adhèrent à certaines règles et codes professionnels du journalisme, les journalistes citoyens peuvent provoquer la diffusion d’informations inexactes, qui à leur tour peuvent être citées par des sources plus fiables. Alors les  fausses nouvelles (fake news) sont nées[2].

Les fausses nouvelles sont la diffusion délibérée de fausses informations sur les médias sociaux et les médias traditionnels dans le but d’induire en erreur, afin d’obtenir un gain financier ou politique. On peut distinguer trois composantes de la fake news: les réseaux sociaux, les technologies de télécommunication et la motivation spécifique. La motivation pour diffuser de fausses nouvelles est le plus souvent associée à une activité politique, à la publicité ou à la concurrence.

Les caractéristiques des médias et le degré de confiance en eux dépendent largement du système politique dans lequel ils opèrent. Comme on le sait, dans les pays à régime autoritaire, les médias sont soumis à un plus grand contrôle et influence des autorités que dans les pays démocratiques. Par exemple, parmi les principales raisons de la méfiance à l’égard des médias dans la Russie moderne: l’utilisation généralisée des technologies manipulatrices; la commercialisation des médias de masse, l’érosion du concept de «fait»; le faible niveau de culture professionnelle et éthique des journalistes, l’immaturité du système d’autorégulation de la communauté journalistique en Russie; le processus de fusion du journalisme et des relations publiques. Enfin, dans des conditions de risques constants, de menaces, de crises, les médias deviennent l’un des puissants facteurs de formation de la «conscience de crise», caractérisée par des humeurs pessimistes, dépressives, imprégnées de sentiments de peur, d’anxiété, d’inquiétude. Un autre exemple célèbre est la diffusion de fausses nouvelles dans la campagne 2016 de Trump.

L’un des types de fake news est l’utilisation de faux titres lorsqu’un titre fort ne correspond pas au contenu de l’article ou exagère délibérément les actions décrites dans l’article. L’utilisation de faux titres est en grande partie due à la forte concurrence entre les médias. En plus de l’influence politique sur les médias, il y a aussi l’influence des entreprises. Les médias gagnent de l’argent en diffusant des informations publicitaires. Malgré l’indication d’un article publicitaire, il crée un bruit d’information et est sans aucun doute biaisé et non objectif. La publicité est très bien acceptée en presse, car intégrée à ce contrat de lecture, faisant partie du plaisir de lecture. Voici un exemple d’expérience personnelle: en travaillant dans le service publicité d’un grand promoteur, nous avons publié des actualités payantes chaque semaine sur le portail-Web de la ville. Le but de ces publications publicitaires est d’alerter le public sur les produits de l’entreprise, d’attirer l’attention du plus grand nombre de lecteurs possible (l’utilisation des faux titres entre en vigueur ici), ainsi que de lutter pour une plus grande présence dans l’espace médiatique par rapport aux concurrents. De telles actions des annonceurs affectent négativement la qualité de l’information, mais les fonds publicitaires la principale source de revenus pour la publication.

La concurrence entre les médias implique l’utilisation de stratégies de marketing, à savoir le ciblage de tel ou tel public. Ainsi, chaque média, par définition, devient biaisé en évoquant des sujets d’intérêt pour son public. Cela contredit déjà certains des principes de neutralité et d’objectivité. Préoccupés par la baisse du niveau de confiance dans les médias en Amérique en 2017, les groupes de recherche Knight Foundation et Gallup ont lancé un projet pour étudier les préjugés des lecteurs envers les médias. La recherche a montré que les lecteurs qui pouvaient voir une source d’information ont un biais plus prononcé qu’un groupe d’examen aveugle (source d’information non disponible). L’interdépendance des opinions politiques et des préjugés médiatiques a également été étudiée : ceux qui ont des opinions politiques plus extrêmes ont tendance à fournir des évaluations plus biaisées des informations. La recherche confirme également que les sources d’information choisies façonnent les perceptions. Les lecteurs qui consomment des informations très biaisées déforment leur cadre de référence. Une interprétation de ces résultats est que certains points de vente créent un biais, peut-être en offrant un contenu de qualité inférieure, bien qu’il soit tout aussi plausible que des consommateurs plus biaisés se tournent vers les mêmes médias[3].

La concurrence, à la fois entre les entreprises publiant des informations, les organisations politiques, et entre les publications elles-mêmes, a un impact important sur la quantité d’information diffusée et sa qualité. De telles actions des acteurs contribuent à la propagation d’un phénomène tel que l’infobésité et surcharge informationnelle. L’humanité a produit au cours des trente dernières années plus d’informations qu’en deux mille ans d’histoire et ce volume d’informations double tous les quatre ans …[4] Ainsi, une personne se trouve dans un espace d’abondance d’informations, dont le traitement devient extrêmement difficile pour le cerveau humain. L’infobésité peut conduire à une pathologie appelée au Japon « hikikomori du savoir » dans laquelle l’internaute « s’engouffre dans des labyrinthes documentaires toujours plus spécialisés. » [5] Ainsi, l’objectif de la communauté Internet, et en particulier des médias, est d’attirer l’attention de l’utilisateur et de la maintenir sur Internet le plus longtemps possible. La rétention du lecteur devient l’un des principaux objectifs des médias Internet: le lecteur est chargé de liens croisés, de pop-ups, de mailings Internet, des alertes etc. Toutes ces informations génèrent du bruit documentaire et leur traitement va occasionner une perte de temps et une dispersion de l’attention. Ainsi, une personne n’est plus en mesure de percevoir et d’évaluer de manière critique les événements décrits.

L’influence des NTIC a provoqué l’émergence d’un cercle vicieux dans lequel les médias, la société et les institutions sociales sont codépendants. Chacun des participants dispose d’un grand nombre d’outils d’influence. Mais si nous identifions la société comme autorité prioritaire et examinons le problème de la confiance dans les médias à travers les yeux du lecteur, nous pouvons alors tirer des conclusions sur la sursaturation globale de l’information. En conséquence, le lecteur a besoin d’être fournis en informations de meilleure qualité et en moindre quantité. Les consommateurs exigent des informations plus analytiques, une approche plus approfondie et plus professionnelle dans le domaine des medias.

III. Les indicateurs de confiance

La recherche montre que les principales caractéristiques des médias qui peuvent inspirer la crédibilité sont la véracité, l’honnêteté, l’intégrité, l’impartialité et la transparence. Mais toutes ces caractéristiques sont des facteurs plus subjectifs qu’objectifs. Sans une analyse multiforme des faits, de la source d’information, de l’auteur, des commentaires, etc., il est difficile pour le lecteur moyen à première vue de déterminer la fiabilité et l’impartialité d’un article.  Les facteurs subjectifs d’évaluation de la fiabilité des informations comprennent des indicateurs de l’expertise personnelle du lecteur. Les facteurs objectifs pour évaluer la crédibilité sont les classements indépendantes des médias.

On peut distinguer deux niveaux d’expertise personnelle sur la crédibilité des medias – la confiance dans la source de l’information et la confiance dans le message lui-même – par exemple, la qualité, l’exactitude ou la pertinence de l’information. La crédibilité de la source fait référence au niveau de crédibilité perçu que les utilisateurs individuels ont d’un support spécifique. La crédibilité du message fait référence à la crédibilité perçue du message communiqué lui-même, comme la qualité de l’information, son exactitude ou son actualité. Les informations sur différentes plates-formes ont différents critères d’évaluation de crédibilité de la source. Wathen et Burkell ont résumé certaines variables de la crédibilité de la source dans le contexte des médias traditionnels et des sites Web. Les recherches suggèrent que les aspects de surface de la présentation sont pertinents pour l’évaluation de la crédibilité du support, par exemple, les nouvelles fonctionnalités des sites Web, telles que la conception de l’interface des sites Web. Mais si nous parlons de la conception de pages Médias sur les réseaux sociaux, cela passe à l’arrière-plan, car les utilisateurs ont une interface unifiée

La crédibilité de la source comprend des facteurs tels que l’interactivité, la dépendance à la source et la transparence de la source. La transparence des médias peut être comprise comme la capacité de connaître les conditions de production d’informations, par exemple des informations sur l’auteur, des sources d’informations, comment la collecte d’informations pour un article particulier a été organisée, etc. La dépendance à la source suggère que les médias ont des capacités pour satisfaire les besoins du public. Ainsi, le lecteur choisit une source d’informations correspondant à ses intérêts, et, en conséquence, est enclin à une plus grande confiance en cette source[6].

L’interactivité peut jouer une blague cruelle aux internautes. Les algorithmes de médias sociaux sélectionnent les actualités en fonction des intérêts des utilisateurs. Ainsi, au lieu de choisir une source d’information fiable (acheter un magazine, activer une chaîne d’information à la télévision), les utilisateurs accèdent au fil d’actualité et voient des informations sélectionnées algométriquement. Ainsi, nos propres goûts et commentaires augmentent la popularité de l’article, dont la fiabilité n’a pas été déterminée par les professionnels[7].

 La crédibilité du message est déterminée par la force de l’argumentation et la qualité de l’information. La force de l’argument est définie comme la mesure dans laquelle un récepteur de message considère que cet argument est convaincant ou valable pour soutenir sa position. La force de l’argument peut être évaluée par l’exhaustivité et la logique du message. La qualité de l’information concerne l’aptitude à utiliser les informations fournies. La qualité de l’information comprend également l’exactitude, la pertinence, l’objectivité et le style de présentation[8].

Depuis l’années dernières, de nombreux professionnels de l’information se posent des questions sur la crédibilité des médias. Des startups se sont développées, dont le but est d’évaluer la crédibilité des médias pour avoir le jugement objectif. Un de ces projets est le Trust Project. Afin de restaurer le rôle prioritaire de la presse au service du bien public, les participants au projet ont élaboré 8 indicateurs de confiance, qui sont présentés sur des centaines de sites d’information. Il s’agit de « la première norme de transparence mondiale » qui aide les gens à savoir qui et ce qui se cache derrière un reportage: des politiques pour garantir l’honnêteté, la précision et l’équité, des engagements à reconnaître les erreurs, des détails sur la propriété, des informations sur l’expertise d’un journaliste, etc. Les indicateurs de confiance impliquent la fourniture d’informations complètes sur l’article et les incluent tels que des informations sur l’auteur de l’article (son expérience et son professionnalisme, sa formation), des informations ouvertes sur les sources, le but de la rédaction de l’article (revue de presse ou publicité), la prise en compte des opinions de différentes personnes dans l’article, la capacité de commenter l’article, le processus et la méthodologie de rédaction d’un article, etc.[9]

Une autre startup de haut niveau sur la valorisation des médias est NewsGuard. En 2019, la startup NewsGuard a conclu un accord avec Microsoft pour intégrer les cotes de fiabilité des principaux organes de presse en ligne dans le navigateur Edge. Le logiciel NewsGuard montrera le type de source d’informations:

  • Vert – Un site Web est identifié en vert s’il adhère généralement aux normes de base de crédibilité et de transparence ;
  • Rouge – Un site Web est identifié en rouge lorsqu’il n’adhère généralement pas aux normes de base de crédibilité et de transparence ;
  • Satire : Un site humoristique ou satirique reçoit la notation satire, ce qui indique qu’il ne s’agit pas d’un site Web d’information à proprement parler ;
  • Plate-forme :Un site reçoit la notation plate-forme s’il héberge du contenu principalement généré par ses utilisateurs, qui n’est pas vérifié[10].

Contrairement à la notation d’un Trust Project, une startup NewsGuard ajoute un indicateur de la différence entre les informations et les opinions, évaluant la différence entre l’opinion de l’auteur et les informations étayées par des arguments et des faits. Une autre nouveauté est l’analyse des titres trompeur  qui incluent des informations mensongères, qui font du sensationnalisme ou encore, qui ne reflètent pas le contenu réel de l’histoire.

Après avoir considéré les indicateurs de la fiabilité des médias, on observe une tendance à l’émergence d’institutions d’évaluation de la crédibilité des médias. Des géants tels que Microsoft mettent en œuvre des systèmes d’évaluation des source d’informations. Les associations de journalistes professionnels participent également au développement des cotes de crédibilité des médias. La réalisation est la compréhension même du problème et les tentatives d’améliorer la situation. Ainsi, il reste à espérer la création d’un système d’information favorable dans lequel les médias deviendront plus responsables de l’information diffusée, et le lecteur apprendra à choisir des sources d’information fiables, entre différents bruits d’information.

Conclusion

Après avoir examiné le concept de confiance, les tendances modernes de la confiance des médias, les indicateurs et les raisons de la méfiance, on constate que les NTIC ont un impact énorme sur la quantité et la qualité des informations diffusées. Le marché des médias subit de grands changements: le passage à l’internet, la croissance du volume d’information diffusée et l’augmentation de sa disponibilité, l’émergence de nouveaux acteurs comme les journalistes citoyens. Tout cela a un effet contradictoire sur le lecteur.

D’une part, le lecteur a accès à une vaste sélection de sources d’informations et, d’autre part, la quantité de contenu de mauvaise qualité et le bruit des informations augmentent. Le lecteur souffre d’une sursaturation de l’information, il devient de plus en plus difficile d’évaluer l’autorité de la source et la crédibilité du message, ce qui impacte la confiance dans les médias. Une tendance positive est la compréhension par la communauté professionnelle du problème de la confiance des lecteurs. Ainsi, des notations de la crédibilité des médias sont créées, des applications dont le but est d’évaluer la fiabilité de la source d’information. Aujourd’hui, les communautés de journalisme professionnel et les entreprises numériques comme Microsoft jouent un rôle central dans ce processus. Mais avec l’apparition des notations, à son tour, la question de leur compétence et independence se posera, comme ce fut le cas avec la notation médiatique Nuzzel. Ainsi, une nouvelle question se pose concernant la participation de l’Etat à la régulation et au contrôle de la diffusion de l’information. L’État peut-il assurer une régulation équitable de ce domaine, assurer la transparence et l’objectivité des médias, s’il est lui-même l’une des parties intéressées dans le domaine de l’influence sur la conscience des lecteurs?  Jusqu’à présent, l’État peut garantir la liberté de parole et d’expression, qui est activement utilisée par la communauté Internet, générant un volume croissant de bruit d’information, abaissant l’autorité de la profession de journaliste et la fiabilité des médias. Le lecteur, à son tour, exige une approche plus transparente de la production d’information, un contenu plus analytique et une approche responsable, qui ne peuvent être fournies que par des professionnels des médias. Ainsi, accroître la confiance dans les médias devient la tâche principale de la communauté professionnelle des journalistes.

Par Alissa Zhukova, promotion 2020-2021 du M2 IESCI

Bibliographie

  • Enquête « La confiance des Français dans les media », Kantar, 2020 ;
  • Statistique « Séries longues de la presse éditeur de 1985 à 2018 (provisoire) », Ministère de la culture de la France https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Presse/Documentation/Chiffres-Statistiques ;
  • L’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias (ACPM), « Classement ACPM / OJD des Sites Fixes et Mobiles Grand Public Octobre 2020 », 2020 ; https://www.acpm.fr/Actualites/Les-publications/Communiques-des-Sites-et-Applications/ACPM-Classements-Numeriques-OJD-octobre-2020 ;
  • Le baromètre de la confiance politique « En qu(o)i les Français ont-ils confiance aujourd’hui ? » , CEVIPOF, Février 2020 ;
  • Ruohan Lia, Ayoung Suh «Factors Influencing Information credibility on Social Media Platforms: Evidence from Facebook Pages», Procedia Computer Science 72  ( 2015 )  314 – 328
  • Florian Dauphin « Les Fake News au prisme des théories sur les rumeurs et la propagande », Études de communication2019/2 (n° 53), pages 15 à 32 ;
  • Will Oremus «Classer les titres de presse selon leur fiabilité, la nouvelle ruée vers l’or», http://www.slate.fr/story/173091/fake-news-entreprises-business-credibilite-medias
  • Tatiana Rassadina « Confiance de masse médias dans la « société du risque », actes des établissements d’enseignement supérieur, région de la Volga, Sciences sociales. – 2012. – N ° 1 (21). – S. 61–70 ;
  • Karpova M. K., Balabanova U. G., “ The problem of distrust of society to media “, electronic scientific journal «Science. Society. State», 2017, vol. 5, no. 2, available at: http://esj.pnzgu.ru (In Russian) ;
  • Timothy E. Cook, Williams College Paul Gronke, Reed College “ The Dimensions of Institutional Trust: How Distinct is Public Confidence in the Media? ”, Midwest Political Science Association, Chicago, April 2001 ;
  • Marie Reibel, Nadine Desrochers « Société de l’information et infobésité : perceptions et représentations croisées » , Documentation et bibliothèques, volume 60, numéro 1, Janvier–Mars 2014, p. 31–46 https://www.erudit.org/fr/revues/documentation/2014-v60-n1-documentation01194/1022860ar/
  • Caroline Sauvajol-Rialland « La surcharge informationnelle dans l’organisation : les cadres au bord de la « crise de nerf » », Magazine de la communication de crise et sensible, vol. 19,‎ juillet 2010, p. 22.
  • Ariadna Fernandez-Planells “Factors influencing trust in media : exploring the association between media consumption and news about the 15M Movement”, Hipertext.net [Online], 2015, Núm.     13 http://raco.cat/index.php/Hipertext/article/view/294100/389433
  • Learn the 8 Trust Indicators https://thetrustproject.org/trusted-journalism/
  • Jonathan Rothwell “Biased News Media or Biased Readers? An Experiment on Trust” , Page 2 of the New York edition with the headline: Sometimes the News Media Is Biased. Sometimes It’s the Reader, Sept. 27, 2018 ;
  • Aron et C. Petit, « L’info, nerf de la guerre », Le Monde informatique, n° 731, 29 août 1997 ;
  • Caroline Sauvajol-Rialland, « La surcharge informationnelle dans l’organisation : les cadres au bord de la « crise de nerf » », Magazine de la communication de crise et sensible, vol. 19,‎ juillet 2010, p. 22.

[1] Tatiana Rassadina « Confiance de masse médias dans la « société du risque »

[2] Florian Dauphin « Les Fake News au prisme des théories sur les rumeurs et la propagande »

[3] Jonathan Rothwell “Biased News Media or Biased Readers? An Experiment on Trust

[4] P. Aron et C. Petit, « L’info, nerf de la guerre », Le Monde informatique, n° 731, 29 août 1997.

[5] Caroline Sauvajol-Rialland, « La surcharge informationnelle dans l’organisation : les cadres au bord de la « crise de nerf » », Magazine de la communication de crise et sensible, vol. 19,‎ juillet 2010, p. 22.

[6] Ruohan Lia, Ayoung Suh «Factors Influencing Information credibility on Social Media Platforms: Evidence from Facebook Pages»

[7] Will Oremus «Classer les titres de presse selon leur fiabilité, la nouvelle ruée vers l’or»

[9] https://thetrustproject.org/trusted-journalism/

[10] https://www.newsguardtech.com/fr/notations/processus-de-notation-et-criteres/#crit%C3%88re-de-notation

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Le secteur d’activité des industries créatives, de la distribution et de l’exploitation d’œuvres cinématographiques et télévisuelles constitue de nos jours une source importante de création de valeur. En août 1997, Reed Hasting et Marc Rudolph ont procédé à la création d’une entreprise dans ce secteur. Au commencement, cette société a été fournisseuse d’un service de location en ligne et d’achat de vidéos avant de basculer vers un système d’abonnement mensuel et la distribution de contenus cinématographiques à laquelle elle consacre davantage de ressources.

Aujourd’hui, la plateforme Netflix demeure le leader sur le marché SVOD (subscription video on demand) avec un taux de Trafic global sur Internet de 15 % et est présent dans plus de 190 pays. Autour de cette niche, on la retrouve effectivement en tête avec plusieurs de ses concurrents comme : Amazon Prime Video, Canal+, HBO, Disney+, OCS et Apple TV Plus ou encore Salto. Son succès, marqué par son expansion géographique depuis l’année 2010, lui a permis de gagner des parts de marché importantes quoiqu’avec une répartition géographique disproportionnée, mais plutôt en nette augmentation.

De la sorte, la plateforme multiplie ses stratégies en vue d’améliorer son image et sa position notamment via l’attraction d’abonnés à partir de tarifs mensuels relativement faibles (nombre de clients en pleine croissance), l’acquisition des droits d’exploitation auprès de plusieurs producteurs, la création de ses propres contenus, l’adoption de la diffusion en avant-première avant diffusion sur Internet dans l’objectif d’établir une meilleure relation avec ses potentiels et futurs partenaires, les acteurs traditionnels, et surtout dans le développement et l’édition de jeux vidéo.

L’ensemble de sa politique d’attractivité, sa gestion de la concurrence et sa capacité d’innovation lui permettent de détenir un avantage par rapport à ses concurrents qu’il s’agissent des plateformes de streaming ou de ceux du cinéma traditionnel. Elles lui permettent également de bénéficier des grandes opportunités que présente cette filière. Dans ce contexte, nous allons analyser comment cette plateforme a pu s’intégrer et s’imposer sur un marché aussi vaste et hautement concurrentiel.

Netflix et son business model

La gestion de la rentabilité de Netflix est plutôt complexe et dépend fortement de sa régularité, de son réseau de partenaires et du poids de son audience. Dans l’objectif d’engager une opération d’activation promotionnelle, la mise en place de partenariats était indispensable et cette solution lui a permis d’engager sa politique promotionnelle via des alliances dans le but de fournir les meilleures solutions envisageables. Au niveau de ses activités, elle assure une politique d’embauchage dans l’objectif d’étendre ses activités via la production et les acquisitions de licence, ce qui lui permet de développer une politique de prix abordable, mais aussi d’assurer la conservation de sa clientèle. Celle-ci peut être vue comme une politique d’attraction des marchés, ce qui lui ouvre la voie, par la même occasion, à la fidélisation des clients et un pouvoir d’influence sur les réglementations.

Ainsi, à partir des services que Netflix propose, la société génère des avantages en établissant des critères et en évitant les effets négatifs de certaines solutions commerciales comme une rétention dans la diffusion de publicités et la possibilité de rétractation sans condition aux abonnements. Netflix formalise également son offre en privilégiant le développement de ses contenus originaux en plus de ce qu’elle rapporte au regard de l’instauration d’un système algorithmique de recommandation et de la haute qualité des contenus sur sa plateforme. Au niveau des ressources, Netflix participe au développement de logiciels et à la création de système d’algorithmes en vue d’améliorer son offre et sa plateforme.

Malgré cela, Netflix fait face à ses charges de structure qui lui permettent de déterminer sa capacité de production. En ce sens, Netflix engage des dépenses dans l’établissement de droits d’achat, la production des films, les recommandations, la recherche et développement, l’intelligence artificielle, la maintenance des abonnements y inclus les frais d’expédition des DVD et des courriers. Au niveau de sa politique auprès de sa clientèle, Netflix a instauré un système assez malléable, permettant un paramétrage plutôt facile concernant sa plateforme, des expériences clients exceptionnelles, la mise en place de services de communication en direct en ligne, une communication sur les réseaux sociaux et finalement des cartes cadeaux.

Au niveau de sa chaîne de diffusion, Netflix a choisi de se distinguer par l’adoption de plusieurs dispositifs comme le streaming en ligne, celui sur les consoles de jeux et TV Apps et aussi la livraison du courrier pour les DVD.

Ainsi, Netflix a bâti sa clientèle autour de cibles privilégiées, en grande majorité jeune qui représentent une part substantielle de ses consommateurs. La plateforme a structuré sa politique commerciale autour d’une audience qui peut être scindée en trois catégories essentielles : les enfants, les jeunes/étudiants et les familles. Cette dernière est ainsi basée sur des propositions d’abonnements mensuels un peu différents et ceci avec 3 offres dont celle de base, standard et premium. En janvier dernier, la plateforme affichait un chiffre record avec plus de 200 millions d’abonnés. Avec un public cible plutôt jeune et adepte aux outils numériques, ceci lui a permis de maintenir son attrait et de poursuivre sa marche vers la domination de cette industrie.

En 2019, son marché était en pleine expansion. Suivant des informations relatées par la plateforme, elle totalisait un nombre d’abonnés de plus en plus important. En Amérique du Nord, elle avait environ 67,1 millions d’abonnés pour un abonnement moyen de 12,36 dollars par mois, avec un taux de croissance de 6,5 %. En Europe, Moyen-Orient, Afrique, il représentait en moyenne 47,4 millions d’abonnés avec un abonnement moyen autour de 10,26 dollars par mois et un taux de croissance de 40 %. En Amérique latine et en Asie-Pacifique, elle détenait respectivement 29,4 et 14,5 millions d’abonnés avec un abonnement moyen de 8,63 et 9,31 dollars par mois pour un taux d’accroissement de 22 % et 53 %. Ces résultats l’avaient amené au 3e trimestre de cette même année vers une répartition de son réseau d’abonnés payants de 9,2 % en Asie/Pacifique, 18,6 % en Amérique Latine, 29,9 % en Europe/Moyen Orient/Afrique et finalement 42,4 % aux USA et Canada.

Netflix et sa stratégie de partenariat

En effet, la plateforme est relativement basée sur un système non centré sur une compétition par les prix, mais plutôt globale. Ainsi, ce système lui permet de jouer sur les prix via les différents abonnements que Netflix propose, de se différencier de ses concurrents par les innovations et sa structure, mais aussi en interagissant avec son environnement de façon à maintenir sa position.

Au cours de la précédente décennie, Netflix a procédé à l’élargissement de son réseau de partenariats dans l’objectif d’étendre son marché. Ainsi, divers accords ont été conclus avec plusieurs sociétés intervenant dans le numérique et dans l’industrie du cinéma. En procédant de la sorte, elle visait à capter des marchés en s’intéressant aux technologies émergentes qui induisent un effet catalyseur avec les tendances actuelles. Un peu partout, cette société s’est hissée et a obtenu des ententes avec les acteurs majeurs comme LG, Samsung et Sony, ce qui lui garantissait la possibilité d’être disponible sur les lecteurs Blu-ray et également sur les téléviseurs de ces marques. Se préparant à intervenir dans le milieu des jeux vidéo, elle a développé un accord de partenariat avec la Wii, la Playstation et la Xbox, ce qui lui accordait la possibilité d’être disponible sur ces appareils divers, quoique dans les jours à venir son accord de partenariat avec la Wii touchera à sa fin.

Si l’on se réfère aux stratégies relationnelles, on verra effectivement que cette dernière est plutôt basée sur des stratégies de coopération, ce qui lui permet d’établir une relation stable et étroite avec les acteurs du numérique et de la filière cinématographique. Néanmoins, si l’on analyse davantage sa situation par rapport à certains de ces concurrents, il est clair de constater que cette dernière n’est pas tout à fait axée sur une stratégie unique, puisqu’elle agit en fonction de la position de ses concurrents et partenaires sur le marché. Ces divers constats peuvent être évalués à partir des divers accords conclus avec les géants de la Tech comme Microsoft, Android et Apple. Dans une mesure relative, elle a convergé vers les marchés, là où son absence est plutôt pesante et sur ceux qui lui permettent de faire progresser sa performance économique. En ce sens, avec la productrice nigériane Mo Abudu, elle a été signataire d’un accord de partenariat dans le but de travailler sur le développement de plusieurs titres au Nigeria. De la sorte, cet accord lui procure par la même occasion l’opportunité de capter le marché de l’Afrique de l’Ouest.

Ensuite, en se tournant vers un élargissement de ses partenariats avec des créateurs d’anime japonaise comme « CLAMP, The Kindaichi Case Files, Mobile Suit Gundam, Goth, Mardock Scramble, and Thermae Romae », la firme californienne vise à s’approprier davantage de ce marché, une opportunité de fournir de meilleurs contenus, mais aussi de conforter sa place de leader.

Toutefois, ses succès décisifs de ces dernières années restent ses alliances avec Canal+, Comcast et Sky puisque ces dernières représentèrent des anciens concurrents dans le domaine des plateformes de streaming. Ainsi, ils lui permettent d’agrandir son audience en Europe. Ce succès qui prend la forme d’une coopétition représente une forme stratégique très utile dans l’ère de la mondialisation et qui permet à celle-ci d’augmenter sa masse critique, d’élargir son audience, notamment en Europe et en Asie et en lui permettant d’éviter une concurrence trop rigide.

Les enjeux de la crise du Covid et les concurrents traditionnels

La crise du Covid associée au confinement a eu des répercussions négatives sur divers secteurs des économies du monde. Alors que la plupart des entreprises et acteurs du cinéma étaient plutôt confrontés à de problèmes cruciaux liés à la fermeture des activités et la réduction des déplacements, la plateforme a profité de son côté de l’amélioration de ses chiffres quoique son calendrier ait subi une série de modifications. La fermeture des salles de cinéma partout et ailleurs a grandement influencé le marché du VOD. Pour pallier les pertes de revenus, certains producteurs ont accepté de miser sur le streaming. Cette situation a renforcé la position des plateformes de streaming et en particulier Netflix qui a connu un Boom d’abonnés entre le second et le troisième trimestre en 2020.

En bourse, la valeur de Netflix a connu une nette hausse au cours de l’année précédente alors qu’en début de 2021, elle tend plutôt vers une baisse modérée. Dès son accession en bourse depuis 2002, elle continue à afficher une capitalisation boursière impressionnante, ce qui permet de la positionner parmi les meilleures entreprises américaines dans les technologies.

Initialement, le prix d’une action de cette dernière fut de 12 $, ensuite, il atteignait approximativement 350 $ en janvier 2020 et finalement pour clôturer l’année avec une valeur proche des 600 $. De nos jours, le poids de Netflix reste modeste malgré les performances économiques et le poids de son audience. Avec le confinement, les acteurs de la branche streaming ont profité de cette opportunité afin d’étendre et de conforter leur place sur le marché. Toutefois, les enjeux pour l’année 2021 restent considérables étant donné le niveau de concurrence dans le streaming, mais également du fait des futures réglementations européennes dans le numérique.

Par Francy JUSME, Master 2 IESCI, Université d’Angers, Promotion 2020-2021

Sources

 

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La digitalisation du processus de recrutement : Les apports de l’intelligence artificielle https://master-iesc-angers.com/la-digitalisation-du-processus-de-recrutement-les-apports-de-lintelligence-artificielle/ Mon, 20 Jan 2020 12:11:46 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3105 Au cours de ces dernières années, le marché du travail a beaucoup évolué et a fait face à une certaine instabilité. Suite à la crise économique de 2008, les pays de l’Union Européenne et notamment la France ont subi une… Continuer la lecture

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Au cours de ces dernières années, le marché du travail a beaucoup évolué et a fait face à une certaine instabilité. Suite à la crise économique de 2008, les pays de l’Union Européenne et notamment la France ont subi une montée du chômage et ont été contraints d’affronter de nombreuses suppressions d’emplois. De ce fait, des mesures ont été prises pour favoriser la création de postes qui ont petit à petit évolué après la crise, sans pour autant diminuer le taux de chômage en France.

Un constat est fait quant à ces postes puisqu’en 2017, la France est championne d’Europe derrière la Croatie de l’utilisation des emplois précaires. En effet, les chiffres d’Eurostat montrent que nous sommes passés d’un taux de 2.3% d’employés en situation de précarité en 2000, à 5.2% en 2017. Une augmentation qui semble significative. D’après l’INSEE, les emplois précaires sont « les statuts d’emplois qui ne sont pas des contrats à durée indéterminée. Ce sont l’intérim, les contrats à durée déterminée, l’apprentissage et les contrats aidés ». Ces contrats sont appelés précaires car ils sont généralement de courtes durées et ne disposent pas de la sécurité de l’emploi que propose le CDI.

Aujourd’hui une grande partie des actifs sont ou ont été amenés à passer par des contrats précaires. Effectivement, ces emplois n’ont cessé d’augmenter notamment pour faire face au fort taux de chômage.

Ainsi, ces emplois de courte durée ont un impact sur les entreprises qui doivent faire face à un turn-over régulier. Il leur est donc nécessaire de s’adapter et de recruter régulièrement pour adapter les ressources humaines aux besoins de l’entreprise.

Les organisations ont dû réorganiser leur travail pour répondre aux nouvelles exigences du marché et à leurs propres besoins. Dans cette optique, des outils numériques ont été mis en œuvre pour faciliter le travail des recruteurs. Des algorithmes sont même parfois utilisés, et cachés, dans ces outils afin de faciliter notamment le tri des candidatures. Ils sont un véritable enjeu pour le fonctionnement de notre société, mais font l’objet de nombreux débats notamment quant à l’utilisation des données et le remplacement des humains par les machines.

De plus, la présence des algorithmes au cœur des outils d’e-recrutement fait l’objet de discussions au sein de la communauté RH principalement. En effet, les acteurs ont une perception partagée de l’utilisation des algorithmes dans le processus de recrutement ainsi de prendre en compte l’apport que peut mettre en place l’intelligence artificielle dans ce domaine.

A. L’e-recrutement et sa multitude de dispositifs

1. La nécessité du recours aux outils numériques

Dans le monde de recrutement : l’automatisation peut désormais retirer certaines des activités manuelles abondantes des recruteurs humains. Les outils numériques automatisés peuvent maintenant trouver des candidats, administrer des évaluations, organiser des entrevues et fournir des mises à jour régulières aux candidats tout au long du processus de recrutement.

 Nous observons un certain nombre de nouvelles tendances fondamentales dans l’industrie du recrutement. À une époque où les gens sont interconnectés, la plupart des employeurs sont déjà liés à leurs futures recrues sans même le savoir. La vie numérique de plus en plus publique des gens signifie qu’il y a beaucoup de renseignements liés à l’emploi disponibles en ligne – le temps qu’ils ont passé dans leur rôle actuel, leur dernière promotion, trajectoire de carrière, témoignages de travail, et ainsi de suite. Utilisées correctement, ces connaissances peuvent aider un recruteur  à déterminer quels talents sont les plus susceptibles de déplacer des emplois, et le genre de possibilités qu’ils recherchent.

Selon les auteures Sophie Corbillé et al. (2018), la présence en ligne des candidats est un indice d’employabilité et est donc indispensable pour l’étape de sourcing, c’est-à-dire le travail d’identification et de recherche, pour lequel ils utilisent divers outils numériques. Leur présence en ligne peut se faire notamment via des jobboards ou des réseaux sociaux. Les outils numériques induisent donc de nouvelles formes de visibilité, de circulation de données, de production d’inscriptions ou de traces.

Le recours aux outils numériques est un moyen efficace pour optimiser le processus de recrutement ainsi suivre les transformations du monde actuel, pour répondre d’une manière pertinente aux besoins des entreprises.

2. La manipulation des progiciels de gestion au sein du processus de recrutement

Dans le cadre d’une campagne de recrutement, les employeurs doivent être plus attentifs au niveau de la gestion des candidatures,  pour but de recruter les meilleures compétences. De ce fait, des outils dédiés à ces derniers, conçus pour répondre à leurs besoins. Ces outils peuvent les aider à gagner du temps et optimiser le processus de recrutement.

Le logiciel de recrutement permet de réduire le temps d’embauche en accélérant le processus de recrutement. Il permet d’automatiser les tâches répétitives, telles que la création des fiches de poste ou même la présélection des candidats qui font inévitablement partie du processus de recrutement, puisqu’un retard de recrutement peut entrainer un ralentissement de la productivité de l’entreprise.

Aujourd’hui, on peut dire que les progiciels de recrutement sont utilisés dans la plupart des grandes entreprises françaises (Fondeur et al. 2011). Ils sont nés pour répondre à un nouveau besoin, qui est de pouvoir traiter toutes les candidatures numériques venant de jobboards. Toutes ces candidatures sont dirigées vers le progiciel pour en faire un lieu unique de traitement. Les candidats remplissent un formulaire en ligne et leur candidature est rentrée dans une base de données de l’entreprise. Les progiciels de gestion de recrutement permettent même d’automatiser certaines interactions avec les candidats (comme par exemple envoyer des lettres de refus, des convocations à des entretiens ou encore pour informer que la candidature va être conservée). Ces progiciels ont en plus un objectif d’information : ce sont des dispositifs destinés à produire et à échanger des informations à des fins de coordination, de suivi et d’analyse.

3. L’évolution des jobboards et des réseaux sociaux dans le recrutement

Jobbbords est un site internet de recrutement, apparus dans les années 90 aux Etats-Unis. Il propose des offres d’emplois venant de tous les domaines, dans toute la France, voire au niveau mondial.

Les offres d’emploi prennent, depuis l’apparition de ces outils, une nouvelle dimension. Les jobboards permettent en effet à la fois aux candidats de postuler en ligne, et plus par voie postale comme c’était le cas auparavant. Cela permet aussi de recevoir par mail des offres d’emploi ciblées sur des critères précis, qui correspondent à ce que les candidats recherchent. Ils ont en effet, grâce aux jobboards, accès à un grand nombre d’offres en ligne régulièrement actualisées.

Les sites de recrutement en ligne sont l’outil qui apporte le plus satisfaction chez les recruteurs et les candidats parce qu’ils sont simple et accessible à tout moment.

Certes, les outils qui surmontent le plus après les jobboards sont les réseaux sociaux, tels que LinkedIn, Viadeo et Facebook, qui ont commencé à être de plus en plus implanté dans l’esprit des jeunes diplômés. L’intérêt de ces réseaux, est de pouvoir accéder à plus de nombre de profils. Selon le blog du modérateur, le réseau LinkedIn comptait plus de 10 millions d’utilisateurs actifs par mois en France en 2019. Grace à ce réseau, le recruteur peut utiliser l’outil de recherche comme un moyen pour viser les profils souhaités.

Il faut rajouter que tels modes de recrutement peuvent diminuer les coûts de ce dernier en le comparant avec les modes de recrutement classique.

Girard, B. Fallery, et al. (2013) estiment que les médias sociaux offrent l’opportunité aux entreprises d’éviter la problématique des offres qui ne répondent pas aux besoins et d’éviter au candidat de recevoir des offres qui ne lui correspondent pas. On peut appeler ces phénomènes des « bruits ». L’objectif des médias sociaux est donc de limiter cela. Ils peuvent être un moyen pour les organisations ainsi que pour les candidats d’accéder à de nouvelles possibilités de mises en relation et d’avoir les informations pertinentes en matière d’offres.

 Les auteurs concluent que Facebook, Twitter, les blogs et les autres outils de partage de contenu peuvent être mobilisés de différentes manières par les entreprises, mais toujours dans un même but : améliorer l’attractivité et la visibilité de l’organisation et gérer une communauté de candidats potentiels, qui pourraient éventuellement rejoindre l’entreprise.

B. L’intelligence artificielle face au recrutement

L’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique (maching learning) sont sur la bonne voie pour aider à résoudre les problèmes de gestion du capital humain. Aujourd’hui, trouver les bons talents est essentiel à la réussite de l’entreprise, et embaucher la mauvaise personne coûte cher.

Bien que les entreprises disposent de base de données de plus en plus nombreuses et diversifiées qu’elles peuvent utiliser pour essayer de trouver le meilleur candidat pour chaque poste, le processus de recrutement est toujours bloqué dans le passé, en fonction des curriculum vitae normalisés et (potentiellement biaisés). En fait, des études ont montré que les humains sont notoirement mauvais pour choisir le bon candidat et une méta-analyse a montré que les algorithmes peuvent surpasser les experts humains dans l’embauche. Nous pouvons prendre l’exemple de Yatedo qui propose un filtre pour les « soft-skills » dont l’objectif est de détecter les candidats performants. L’IA va, à partir du CV, analyser les diplômes, les tâches exercées et en déduire les compétences de l’individu qu’elles soient en dehors ou non du parcours scolaire. Pour un candidat ayant seulement un diplôme d’histoire sur son CV et qui a fait en parallèle du développement Web, l’IA pourra l’associer à une personne « passionnée ».

Dans le monde actuel, les entreprises ont besoin d’un logiciel qui les aide à établir des relations avec les candidats au lieu de recueillir des curriculum vitae. Dans ce sens, un logiciel d’intelligence artificielle permet non seulement de traiter, mais aussi d’analyser un très grand volume de données. Les logiciels d’intelligence artificielle arrivent ainsi à proposer des modèles prédictifs ou des algorithmes, concernant notamment l’évolution des métiers et des missions et le remplacement des compétences.

D’ailleurs, les algorithmes et le recrutement sont devenus de « bons amis » grâce au rôle important de cet outil numérique et sa place majeure dans le processus de recrutement. Les recruteurs peuvent établir un premier tri des candidats grâce à des filtres appliqués par l’algorithme afin de procéder à une extraction de données (les coordonnées, le nom du candidat, son parcours, ses diplômes, ses compétences). Les algorithmes permettent aux professionnels RH de prendre en compte plus de variables en matière de choix de candidat.

En plus de cela, l’intelligence artificielle peut aider à trouver des candidats mieux qualifiés au bon moment; les outils axés sur l’intelligence artificielle peuvent surveiller continuellement d’énormes bases de données de candidats passifs et repérer les signaux qui prédisent l’état de préparation d’un candidat à une nouvelle possibilité. Cela augmente à la fois la base de talents disponibles pour un poste donné et les taux d’engagement avec ces candidats.

L’IA aide à augmenter le temps de réponse des recruteurs; de nombreuses communications, comme les courriels de confirmation d’entrevue et les textes; peut-être automatisé, laissant aux recruteurs plus de temps pour se concentrer sur les interactions plus personnalisées nécessaires pour  rapprocher les relations avec les candidats. L’IA peut détecter les changements de marché; par exemple, les tendances indiquant certains changements largement par rapport aux talents – peut-être il y a une augmentation imprévue auparavant dans les demandes d’emploi  – peut aider les recruteurs à prévoir les pénuries de compétences et de talents avant le concours.

Il faut rajouter  que l’IA améliore la diversité en réduisant les préjugés humains; les recruteurs les plus bien intentionnés continueront de tomber dans les préjugés inconscients. Cela couvre tout, de la diversité raciale et de genre à l’âge et même à l’emplacement géographique. Grâce à une programmation appropriée, l’IA atténue cet obstacle, ce qui contribue à uniformiser les règles du jeu et à identifier les personnes qualifiées.

Conclusion

Il faut confirmer que la digitalisation du processus de recrutement a aidé, aujourd’hui, les employeurs à optimiser et changer leurs méthodes de recrutement. A travers les outils numériques automatisés, il sera facilement de trouver des candidats et d’administrer des évaluations tout au long du processus. Cela peut être expliqué par les progiciels, les jobboards et les réseaux sociaux qui ont en plus un objectif d’information : ce sont des dispositifs destinés à produire et à échanger des informations à des fins de coordination, de suivi et d’analyse des candidatures.

L’intelligence artificielle a pour objectif de développer le processus de recrutement et lui assurer plus d’efficacité et de précision concernant la prise de décision. Elle permet aux recruteurs de gagner en agilité et en efficacité dans leurs pratiques RH. Par conséquent, l’apparition du numérique a non seulement révolutionné le recrutement, mais il a également permis de l’améliorer.

À mesure que la compréhension de l’IA dans l’industrie du recrutement augmente, l’élaboration et l’adoption d’outils d’IA pour appuyer le processus d’embauche, de l’engagement des candidats aux flux de travail des communications et au-delà. Les professionnels du recrutement doivent être conscients de la façon dont les outils d’IA permettent de réaliser des économies et d’améliorer l’expérience des candidats, ainsi que de la façon dont leurs limites leur permettent de se concentrer davantage sur le travail qui améliore l’expérience des candidats.

Par Zakaria TISSAFI IDRISSI, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

Sources :

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L’eSport un outil stratégique pas si loin des sports « traditionnels » https://master-iesc-angers.com/lesport-un-outil-strategique-pas-si-loin-des-sports-traditionnels/ Fri, 13 Apr 2018 11:39:10 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=2901 Lors d’un précédent article, intitulé « L’eSport c’est quoi et pourquoi ? », nous présentions cette discipline en pleine expansion, certaines des grandes compétitions qui existent, pouvant rassembler des millions de spectateurs de même que des millions de dollars de récompenses mais aussi… Continuer la lecture

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Lors d’un précédent article, intitulé « L’eSport c’est quoi et pourquoi ? », nous présentions cette discipline en pleine expansion, certaines des grandes compétitions qui existent, pouvant rassembler des millions de spectateurs de même que des millions de dollars de récompenses mais aussi l’expansion progressive de l’eSport dans nombre de pays et les enjeux qui peuvent en ressortir.

En effet, s’il existe un pays qui rayonne particulièrement en matière d’eSport c’est bien la Corée du Sud et ce rayonnement est tel qu’il fait office de soft power pour le pays. Ils ont ainsi une vision de l’eSport plus vieille et plus développée que la nôtre, en lien avec une acceptation de celui-ci comme discipline sportive bien plus étendue contrairement aux pays occidentaux où bien qu’une évolution soit en marche (évolution assez récente d’ailleurs), l’acceptation de l’eSport comme discipline sportive fait débat.

Si l’on connait donc une évolution, concernant le développement et l’acceptation de l’eSport, c’est plus que probable qu’elle soit due à l’importance que prend le marché de l’eSport dans le monde. Les recettes sur le marché européen à lui seul devraient atteindre, selon une étude menée par SuperData pour Paypal, en 2018, 345 millions de dollars sachant que dans ce chiffre on laisse de côté les marchés asiatiques et américains qui sont prépondérants. Il nous faut également rajouter à ceci que ce marché est étroitement lié à celui de l’industrie du jeu vidéo qui affichait un chiffre d’affaires mondial de 91,8 milliards de $ en 2015 avec de bonnes perspectives de croissance.

Nous pourrons alors rajouter au fait que si les mœurs évoluent et que l’eSport est de plus en plus répandu et accepté à travers le globe, il est malgré les apparences plus proche des sports, que l’on qualifiera de « traditionnels », qu’on ne pourrait le penser de prime abord et qu’il se révèle être un outil stratégique, présentant surement par la même occasion des enjeux commerciaux plus directs qu’un autre match de sport puisque l’eSport est directement, de par sa nature, relié à un produit.

Nous effectuerons ainsi une comparaison entre le sport traditionnel et l’eSport de manière à le présenter comme pas si éloigné que cela de ces sports et qu’à ce titre, il est tout autant légitime et présente tout comme eux des enjeux de rayonnement pour un pays, une société mais aussi de manière plus globale des enjeux stratégiques pour les différents agents qui peuvent graviter autour de cette sphère.

Dans cette optique, nous pourrons relever notamment deux points, un premier qui fait le parallèle entre des caractéristiques de ces deux types de sports et un deuxième présentant l’eSport comme une continuité du sport traditionnel. Nous ne ferons pas ici de lien de présentation d’arguments qui visent à faire un parallèle entre l’eSport et le sport d’adresse, en dépit des détracteurs de l’eSport le réfutant comme sport car ne requérant pas de dépense énergétique qui serait lié à une activité physique, en vue de le légitimer mais nous présenterons plutôt les similitudes qui existent dans la forme des compétitions et la pratique de ces disciplines.

En effet, à ce titre nous ferons le parallèle entre le système de ligue qu’emploient des sports tels que le Basket avec la NBA (National Basketball Association), le foot avec la Champions League ou encore le football américain avec la NFL (National Football League).

Il s’avère que dorénavant la compétition qui existe dans l’eSport autour de grande licence se fait de plus en plus dans un système de ligue parfois même autour d’équipes franchisées comme l’« Overwatch League ». Dans la même ligne de plus en plus de sports classiques se voient aussi numérisés et avec ces jeux se développent aussi des ligues de championnats tels la « NBA 2K League » (ligue comprenant plus d’une quinzaine de franchise).

Il se trouve en fait qu’au même titre que les sports traditionnels, dans le domaine de l’eSport, les personnes ou les équipes qui participent à des compétitions de haut niveau suivent également un entrainement intensif sous la tutelle d’un coach, de personnes essentiellement destinées à l’analyse de stratégie à adopter ou savoir anticiper et en plus de ceci comme le phénomène prend une ampleur considérable, les sponsors eux aussi prennent une grande importance autant dans le financement des équipes, des événements que dans l’attribution de ceux-ci.

Il existe, donc au même titre que les sports classiques dans le haut niveau, un réel encadrement et organisation de l’équipe ou du joueur pour le pousser à la meilleure performance possible en passant par l’établissement de stratégies, l’analyse des autres comportements et toutes les différentes pratiques qui peuvent exister pour obtenir d’un individu le meilleur résultat possible. Autour des grandes licences amenant de grandes compétitions tout comme les autres sports, ils se forment des communautés de fans et rassemblent de nombreux spectateurs d’où l’importance de fabriquer des événements avec un certain faste pour à la fois garder une certaine fascination pour cet environnement mais aussi pour satisfaire à la fois les performers et les spectateurs.

A partir de ce moment-là, vient la nécessité d’un apport financier en amont et donc l’importance des sponsors et investisseurs. Une chance que le marché soit en forte expansion et permette la création d’événements gigantesques car en effet, les investisseurs de toutes parts veulent s’introduire dans ce marché de l’eSport et capter une partie des recettes. Actuellement, le marché est en pleine ébullition de telle sorte que les chaînes télévisées, les clubs sportifs, de grands groupes et acteurs de toute part s’y intéressent et commencent à investir dans des entreprises organisatrices d’évènement, dans des équipes, en rachètent ou décide de se doter d’un pôle lié à cette discipline (puisqu’en plus d’intérêt financier, il s’agit d’un remarquable outil marketing).

Dans le même temps, alors que l’eSport dans son organisation présente un certain nombre de similitudes avec les autres sports, on peut également voir cette discipline, dans certains cas, comme une continuité de ces sports traditionnels. En effet, ceci prend sens dans la logique où des sports comme le football ou le basket se voient traduits en jeux numériques (à savoir NBA 2K.. et Fifa) qui grâce au succès de ceux-ci amène au développement de compétitions en rapport avec ces jeux. Or, une des premières vocations de l’eSport en plus de répondre à une demande bien particulière, c’est aussi la promotion de ce genre de jeux, la promotion d’un sport. Dans ces situations, sport et eSport se retrouvent étroitement liés, d’autant plus que dorénavant presque tous les clubs de football se sont dotés d’un pôle eSport dans un but à la fois marketing et financier.

Ces éléments font la transition avec le prochain point qui présente donc l’eSport comme un outil stratégique. En effet, enjeu économique pour certain, marketing, promotionnel, ou d’influence pour d’autres, l’eSport se révèle aujourd’hui comme une discipline, certes, sportive mais aussi au cœur de nombreuses stratégies dans notre monde en guerre économique.

Tout d’abord comme nous l’avons soulevé concernant les clubs sportifs, l’eSport est avant tout un outil marketing faisant la promotion, d’un jeu, d’un sport et dans le cas d’entreprise éditrice de jeux vidéo il n’est pas étonnant de les retrouver développer des campagnes publicitaires faisant la promotion de leurs tournois qui font eux même la promotion de produits de l’entreprise, chacun stimulant donc l’autre. L’eSport touchant de plus en plus de strates de la société, désormais d’importants groupes s’y introduisent tel Webedia faisant main basse sur le marché de l’eSport français et s’appropriant à la fois des équipes mais aussi des sociétés organisatrices d’événement de l’eSport, dans l’accompagnement des joueurs et voulant même développer une chaîne télévisée consacrée à l’eSport. Cet outil puissant capable de fédérer des millions de spectateurs est de fait au cœur d’intérêts financiers reliés à des produits, à des sports, à des stratégies promotionnelles que ce soit pour une discipline ou un produit et devient en plus de ceci le point central de l’émergence de nouvelles filières économiques et de soft power en ce qui concerne le rayonnement d’équipes affiliées à un pays. L’enjeu est de taille entre les conglomérats qui investissent dans le secteur, l’apparition d’annonceurs, les stratégies des sponsors et des entreprises avec des intérêts financiers croissants parallèlement à la croissance des montants mis en jeu.

Par Léandre Meier, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Sources

https://www.afjv.com/news/6197_chiffre-d-affaires-mondial-des-jeux-video-2015-2016-2019.htm

https://www.afjv.com/news/7624_etude-sur-le-marche-de-l-esport-revenus-audiences.htm

http://www.e-marketing.fr/Thematique/media-1093/Breves/Comment-integrer-eSport-dans-votre-mix-marketing-320180.htm#gSZObmmbrLJH4TMT.97

http://fr.webedia-group.com/article/webedia-entre-dans-une-nouvelle-dimension-esport-avec-l-eswc-toornament-com-bang-bang-management-et-le-psg_a158/1

https://www.ladepeche.fr/article/2017/10/30/2675533-webedia-lance-1ere-chaine-francaise-consacree-e-sport.html

https://www.lequipe.fr/Esport/Actualites/Esport-17-equipes-participeront-a-la-premiere-nba-2k-league-en-2018/798485

http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/09/01/l-e-sport-une-belle-affaire_5179567_4408996.html

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Amazon à la conquête du monde ? https://master-iesc-angers.com/amazon-a-la-conquete-du-monde/ Wed, 04 Apr 2018 09:15:12 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=2798 Le 6 Mars dernier, le magazine Forbes publiait son populaire classement annuel des plus grandes richesses du monde. Parmi eux, on y retrouve des figures habituelles comme Warren Buffet, ou du côté français Bernard Arnault et la riche héritière Françoise… Continuer la lecture

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Le 6 Mars dernier, le magazine Forbes publiait son populaire classement annuel des plus grandes richesses du monde. Parmi eux, on y retrouve des figures habituelles comme Warren Buffet, ou du côté français Bernard Arnault et la riche héritière Françoise Bettencourt Meyers. Cependant, Bill Gates jusqu’alors quasiment toujours en tête du classement, s’est fait dépasser par Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, grâce à une hausse des actions de l’entreprise de 59% ces 12 derniers mois, doublant ainsi sa fortune estimée à 112 milliards de dollars en 2018.

C’est pour le moins une croissance fulgurante qu’a connu M. Bezos depuis sa première apparition dans le classement Forbes en 1999. A cette époque, l’entreprise connaissait déjà une ascension spectaculaire à WallStreet, 100€ investis dans la société en 1997 aurait pu vous faire gagner plus de 65 000€ aujourd’hui. En gagnant près de 40% en bourse chaque année pendant 20 ans, Amazon voit donc son patron aux commandes d’une des plus grosses multinationales mondiales.

Anciennement spécialisé dans la vente de livres en ligne et l’offre se diversifiant au fur et à mesure, Amazon vend maintenant une large gamme de produits très différents les uns des autres. Le point fort de la société dès le départ : accepter de ne faire aucun bénéfice lors de ses ventes, ce qui lui a permis de créer un réel avantage concurrentiel à l’époque afin de se hisser aujourd’hui à la tête des commerces en ligne, à la grande surprise de tous.

Ainsi, après un tel succès, Amazon a décidé de ne pas s’arrêter là et veut continuer son expansion mondiale. Quelle est donc la stratégie d’Amazon afin de s’ouvrir à d’autres marchés, notamment étrangers ?

Amazon investit dans des start-ups et secteurs diversifiés

Ce mois-ci, Amazon continue de faire croître sa valeur en bourse avec une avancée à +6,86, par exemple, le 8 mars dernier.

Mais Amazon envisage la suite avec encore plus d’optimisme puisque l’entreprise a récemment dévoilé vouloir se diversifier au niveau de ses offres.

Tout d’abord, la société aimerait pouvoir proposer des comptes bancaires à sa clientèle. Amazon étant déjà en pourparlers avec quelques grandes banques américaines pour le lancement de son service bancaire. En effet selon le Wall Street Journal, le géant du e-commerce pourrait signer un accord avec JP Morgan Chase ou Capital One, deux potentiels partenaires qui permettraient d’offrir ce service tout d’abord destiné aux jeunes usagers d’internet. Toutefois, rien n’est encore sûr puisque ses partenariats s’annoncent pour le moins délicats à réaliser.

Dans le secteur de la santé cette fois, Amazon, qui vend déjà des médicaments sans ordonnance en ligne, voudrait pouvoir commercer du matériel médical en raison de l’explosion des coûts aux Etats-Unis. Toujours avec JPMorgan Chase, dont le PDG est un proche ami de Jeff Bezos, Amazon compte créer un système de protection sociale pour les employés de l’entreprise dans un premier temps. Mais le secteur de la santé comme le secteur bancaire sont des marchés très complexes et régulés, il faudra sûrement du temps avant de concrétiser les ambitions de M. Bezos.

De plus, et comme Amazon a l’air de tout pouvoir se permettre, la société rachète une start-up californienne nommée UnityBiotechnology pour une centaine de millions de dollars. Cette petite société qui travaille dans le développement de traitements pour retarder les effets des maladies liées à l’âge, a pour ambition de vouloir ralentir le processus de vieillissement du corps mais aussi prévenir les maladies de l’âge dès l’enfance. Elle garantirait ainsi la longévité de l’être humain et augmenter son espérance de vie ce qui s’avère être un défi de taille à l’avenir.

Enfin, le PDG d’Amazon qui veut continuer son développement dans le secteur des objets connectés a récemment racheté la société RING, qui vend des sonnettes et des caméras de surveillance connectées via Wi-Fi, pour plus d’un milliard de dollars. Ainsi, la société monopolise petit à petit le marché pendant qu’elle développe son activité de distribution avec sa marketplace ou son autre récent achat WholeFoods. On estime également que des concurrents dans le secteur de la livraison comme UPS ou La Poste (Colissimo) vont sûrement se voir détrôner dans les années à venir.

Objets connectés et intelligence artificielle à l’appui

Son expansion accrue, la société aurait récemment décidé de ne plus vendre les produits Nest de Google, les deux géants se livrant à une guerre acharnée depuis quelques mois. Effectivement, Nest créé des objets connectés d’intérieur dont Google avait officialisé le rachat en 2014 et c’est le 6 mars dernier qu’Amazon a annoncé ne plus vouloir référencer ces produits en ligne.

C’est une guerre qui avait démarré notamment avec le refus de Jeff Bezos de commercialiser l’enceinte Google Home, faisant concurrence à l’enceinte Amazon Echo développée par l’entreprise. Ce produit, dont l’assistant vocal s’appelle “Alexa”, réunit de nombreuses fonctionnalités comme l’écoute de musique, les recherches sur Internet, le contrôle de la “smart home” (thermostat ou éclairage par exemple), ou autres…

Amazon Echo arriverait dans l’hexagone en 2018 et serait estimée à 3,5 milliards de dollars de recette en 2021. Carrefour a notamment rejoint Google pour pouvoir contrebalancer l’influence d’Amazon Echo en apportant un appui supplémentaire sur le développement de nouvelles fonctionnalités. A noter qu’Apple entre également dans le commerce d’enceintes connectées avec son Apple Homepod.

Ce n’est pas uniquement dans le secteur des objets connectés qu’Amazon compte miser. La société a déjà investi dans le domaine de l’intelligence artificielle avec l’inauguration de son premier magasin sans personnel et à reconnaissance faciale, le 22 janvier dernier à Seattle (Etats-Unis). En effet, ce principe “just walk out” (ou “juste sortir”), est une technologie de disruption qui fait prendre un large coup d’avance à la société : grâce à des caméras fixées couplées à des algorithmes de vision artificielle (computer vision), plus besoin d’attendre à la caisse, il y a juste à prendre le produit qui nous intéresse et partir.

C’est aussi grâce au deep learning et à la sensor fusion que ce système a pu être mis en place, en reposant principalement sur des reconnaissances d’images ou en utilisant la vision robotique. Ce modèle de supermarché semble avoir de beaux jours devant lui puisqu’on prévoit une augmentation des parts de marché de 20 à 40% d’ici 2020.

Une concurrence chinoise en hausse

Amazon qui, au fil des années, est devenu la référence numéro 1 en Occident, voit un principal concurrent émerger de l’autre côté de la Terre : il s’agit d’Alibaba, dirigé par le célèbre Jack Ma. Le site est, contrairement à Amazon, uniquement une marketplace destinée au commerce de gros pour entreprises, mais aussi pour particuliers notamment via le site AliExpress.com. TaoBao également, est un site chinois appartenant à Alibaba qui est à l’origine de plus de 80% des ventes de la firme.

Les bénéfices d’Alibaba, d’environ un quart de son chiffre d’affaires, ont permis à la société de s’implanter dans 8 pays dans le monde représentant un marché de 3 milliards d’habitants. Alibaba possède également des offres similaires à Amazon comme Alibaba cloud, Alitrip ou Flizy mais encore Alipay qui est un service de paiement.

Le seul point faible du site chinois d’e-commerce : ne pas avoir un poids suffisamment important en Occident pour pouvoir s’imposer face à Amazon. A l’origine M. Bezos avait pour but d’étendre son pouvoir en Chine, en investissant des millions de dollars afin de convertir les Asiatiques à la mode Amazon, mais il échoua à cause de barrières culturelles trop importantes.

C’est ainsi que le patron d’Amazon veut se lancer à la conquête du marché indien qui représente 1,3 milliard d’habitants. Avec un tel marché acquis, Jeff Bezos pourrait se vanter de gagner de plus en plus de parts de marché en Asie, face à son concurrent chinois, qui essaie de suivre à la trace Amazon en se diversifiant et se globalisant tout autant.

Alibaba commence aussi à investir sur la qualité de ses livraisons, en investissant dans SingPost, le système postal de Singapour, et en rachetant Cainiao, un réseau logistique chinois. Il a également lancé une enceinte connectée en réponse à l’Amazon Echo : il s’agit du Tmall Genie X1, avec pour assistant vocal “AllGenie”. Tout comme Amazon, l’intelligence artificielle est au cœur des stratégies de vente de la firme chinoise qui compte investir 15 milliards de dollars en R&D dans ce domaine entre 2018 et 2021, afin d’améliorer les prédictions de comportements des utilisateurs.

A noter que les progrès chinois en matière d’intelligence artificielle sont impressionnants ces derniers temps notamment suite à l’annonce de l’ouverture prochaine d’un site dédié entièrement à l’intelligence artificielle à Pékin dans un pays où les investissements dans le domaine ont augmenté de 141% en une année.

CONCLUSION

Amazon qui a vu son offre se diversifier au fil des années notamment grâce aux investissements sur le “cloud”, le streaming vidéo, les télés ou les enceintes connectées, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

En effet, la société qualifiée de “firme du futur”, dont la stratégie d’expansion est pensée depuis plus d’une décennie, a d’abord commencé par une stratégie de diversification. Offrant aujourd’hui un large choix de produits, Amazon s’assure de récupérer de grandes parts de marché.

La publicité télévisée d’Amazon vantant la technologie au service du client dès 2012, la firme rassure sa clientèle sur le fait qu’elle est en avance technologiquement parlant et qu’elle compte investir dans ce secteur dans les années à venir. C’est récemment, via le développement des objets connectés et l’essor de l’intelligence artificielle, que la société montre son potentiel dans le monde entier, notamment concrétisé par l’ouverture d’un magasin sans caisses aux Etats-Unis.

Jeff Bezos a déclaré vouloir s’ouvrir aux secteurs bancaire et de la santé, deux marchés très stricts et régulés, avec l’aide de JP MorganChase. Il faudra donc de la patience à Mr Bezos pour voir concrétiser ses ambitions. Amazon Bank ne devrait donc pas ouvrir de suite.

Aujourd’hui, l’entreprise représente plus de 60% de l’audience des sites marchands en France, avec pour principaux concurrents la FNAC, Carrefour ou encore Cdiscount, qui ne voient pas leur fréquentation augmenter, eux. En revanche, son plus gros concurrent  Alibaba venu de l’empire du milieu compte livrer une guerre sans merci au géant américain, spécifiquement dans le domaine de l’intelligence artificielle.

La stratégie du PDG d’Amazon est aujourd’hui de rivaliser avec Alibaba en Inde, et, à l’avenir, ces deux entreprises vont continuer à innover et à évoluer, dans plusieurs secteurs différents. C’est notamment grâce à leur avantage structurel de long terme, c’est-à-dire leur faiblesse de coût d’acquisition clients et la capacité à collecter énormément de données clients en très peu de temps qu’un futur profitable s’ouvre à eux. Ainsi, lequel des deux business models fera la différence ?

Par Maëlle Texier, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Sources

https://lentreprise.lexpress.fr/actualites/1/actualites/milliardaires-le-fondateur-d-amazon-ravit-la-1ere-place-a-bill-gates_1990192.html

http://www.europe1.fr/emissions/la-une-de-leco/amazon-histoire-dune-ascension-spectaculaire-3331532

http://www.europe1.fr/technologies/amazon-ne-veut-plus-des-produits-de-nest-et-google-3591611

https://www.usine-digitale.fr/article/amazon-alexa-google-home-la-guerre-des-assistants-vocaux-pour-la-smart-home.N664939

https://www.lesnumeriques.com/vie-du-net/amazon-pourrait-proposer-comptes-bancaires-n72179.htm

https://www.wsj.com/articles/are-you-ready-for-an-amazon-branded-checking-account-1520251200

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/distribution/amazon-l-ogre-de-la-distribution-s-attaque-maintenant-a-la-sante-768961.html

https://siecledigital.fr/2018/02/28/amazon-continue-son-integration-horizontale-en-rachetant-ring/

https://www.thrillist.com/tech/nation/amazon-jeff-bezos-anti-aging-unity-biotechnology

https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/data/le-mystere-amazon-go-quelles-technologies-pour-le-supermarche-du-futur_110932

https://www.bloomberg.com/news/articles/2018-03-05/after-losing-china-jeff-bezos-really-wants-to-win-in-india

https://start.lesechos.fr/actu-entreprises/technologie-digital/amazon-vs-alibaba-le-match-des-geants-9068.php

http://www.cnetfrance.fr/news/l-intelligence-artificielle-arme-fatale-d-alibaba-pour-supplanter-amazon-39864446.htm

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