Médecine Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Wed, 08 Apr 2020 13:36:47 +0000 fr-FR hourly 1 Les modifications du génome humain https://master-iesc-angers.com/les-modifications-du-genome-humain/ Wed, 08 Apr 2020 12:50:33 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3170 Au cours des dernières décennies les progrès scientifiques et les innovations en tout genre n’ont jamais été aussi nombreuses et un secteur particulier a pu évoluer grâce à ces découvertes : la conquête spatiale. Or, nous savons que l’homme n’est… Continuer la lecture

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Au cours des dernières décennies les progrès scientifiques et les innovations en tout genre n’ont jamais été aussi nombreuses et un secteur particulier a pu évoluer grâce à ces découvertes : la conquête spatiale. Or, nous savons que l’homme n’est en aucun cas fait pour vivre dans l’espace, un des écosystèmes les plus dangereux qui puisse exister. Il faut donc sans cesse trouver des solutions plus novatrices les unes que les autres pour aider dans la conquête spatiale. Christopher E. Mason, chercheur reconnu en biologie et en génétique humaine, propose de modifier génétiquement certaines personnes pour les rendre aptes aux voyages spatiaux et ainsi potentiellement se rendre sur Mars.

Ce fait d’actualité plutôt marquant met en évidence deux choses : tout d’abord, les champs d’application de la modification génétique sont immenses et englobent tous les secteurs d’activités. Ensuite, la modification génétique permet d’espérer, et de mettre en place des idées et des hypothèses qui ont toujours appartenu à la science-fiction telles que l’amélioration du QI, ou l’immortalité, par exemple. Ce courant de pensée se nomme le transhumanisme. Le transhumanisme cherche à mettre le progrès technologique au service de l’Homme et plus précisément de son patrimoine génétique. Le but est d’augmenter ses capacités, qu’elles soient cognitives, physiques ou émotionnelles. Le transhumanisme peut donc être mis au service des problèmes de sociétés qui se posent actuellement tels que l’augmentation de l’infertilité, et le traitement des maladies génétiques, par exemple. Tout au long de cet article nous avons cherché à comprendre quel était le soubassement économique et les limites du transhumanisme.

Afin de répondre à cette question, nous allons nous concentrer sur les explications des différents mécanismes utilisés dans la modification génétique. Pour cela, nous présenterons dans un premier temps le contexte biologique, puis nous étudierons la course à l’innovation génétique. Dans un second temps, nous verrons les intérêts de ces méthodes de modifications génétiques. Enfin, dans une dernière partie nous présenterons les dérives possibles liées à la modification génétique.

1         Explications techniques

1.1        Contexte biologique

Le point de départ : la technique CRISPR-Cas9

Le CRISPR Cas9 est une méthode qui a été découverte par deux chercheuses : Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna à l’université de Berkeley, en 2012. Elle permet de modifier le génome des êtres vivants : des végétaux, et des animaux, aussi bien que celui de l’Homme. Bien consciente des enjeux immenses de leur découverte, Emmanuelle Charpentier a révélé ses craintes : ‘‘ Avec l’accès ouvert aux résultats, comme nous le faisons dans les Etats démocratiques, il y a toujours le risque que cette connaissance soit mal utilisée ’’.  L’enzyme Cas9, qui donne son nom à cette méthode, agit comme une sorte de ciseaux moléculaire qui va permettre de découper une séquence d’ADN à un endroit précis, au sein d’une cellule quelconque, dans le but de la modifier l’ADN ou de rendre inactifs les allèles concernés (variantes des gènes). Cette technique est aujourd’hui facile à mettre en place par les chercheurs et peu coûteuse. Elle est déjà utilisée dans de nombreux laboratoires et sert de référence dans la recherche et plus particulièrement dans la recherche sur les modifications génétiques.

Elle présente cependant de nombreuses limites : l’édition du génome entraîne des modifications non maitrisées qui induisent des conséquences imprévisibles sur l’être vivant. Ceci s’explique par la complexité des êtres vivants et par le relatif manque de connaissances dont nous disposons à ce sujet. Or, l’Homme est sans conteste l’être vivant le plus complexe et la biologie humaine rend difficile, voire impossible, de mettre en œuvre toutes les modifications que l’on souhaite, sans impacter d’autres partie du génome et donc créer des mutations non souhaitées. Plusieurs interactions se créent à la suite de l’utilisation du CRISPR Cas9, qui ne sont pas nécessairement observables et encore moins prévisibles. La démocratisation et l’utilisation de cette technique soulève de nombreuses questions. D’autre part, sous couvert d’être utilisée pour traiter les maladies génétiques, elle ouvre clairement la voie au transhumanisme et au concept de l’homme augmenté qui sont des sujets extrêmement sensibles et controversés.

Le CRISPR Cas 9 est une grande avancée qui permet des modifications génétiques simple et peu coûteuse, cependant les implications de ces modifications ne sont pas toutes connues, ce qui peut provoquer des conséquences imprévisibles, et irréversibles.

Les innovations du découpage génétique

La technique CRISPR Cas9 peut servir dans différentes situations que nous allons détailler ci-dessous. A partir d’une microchirurgie réparatrice des gènes, il est possible de corriger et rendre actif des gènes qui ne fonctionnent pas. Cette méthode que l’on nomme la “thérapie génique” a permis de traiter une centaine de patients qui étaient atteints d’un déficit immunitaire. Toutefois, ce travail peut uniquement s’effectuer au cas par cas, car il existe un grand nombre de critères à remplir par les malades, afin qu’ils puissent participer aux différents essais cliniques. De ce fait, un très faible nombre de patients peuvent être soignés avec partir de cette technique. De plus, cette solution reste très coûteuse, en termes d’investissement et de recherche, par conséquent, la pression économique est très forte : le coût de la thérapie génique pour soigner un patient, est actuellement compris entre 1 et 5 millions d’euros.

La technique CRISPR Cas9 peut également permettre la réécriture partielle du génome, avec les modifications héréditaires qui en découlent. Il est donc potentiellement possible de soigner des maladies génétiques, qui concernent l’ensemble des cellules, au niveau de l’embryon. Cette technique se nomme la thérapie génique germinale. Il est donc possible de choisir les traits qui seront transmis à la descendance. Cette innovation a été utilisée chez le macaque, et les modifications du génome semblent avoir été conservées chez les embryons associés, bien que les résultats restent incomplets puisqu’un grand nombre de grossesses n’ont pas pu arriver à leur terme.

Toutes ces possibilités offertes par CRISPR Cas9 permettent d’innover dans la génétique, ce qui intéresse fortement les entreprises du monde entier. Ces innovations sont aujourd’hui au cœur d’une féroce compétition entre les chercheurs de différents pays.

1.2        La course à l’innovation génétique

Le financement de la recherche en France

Les coûts de recherche et de développement sont particulièrement importants dans le domaine de la génétique, et de la thérapie génique. C’est pourquoi, les différentes innovations se construisent avec des besoins de financement importants et croissants. Le financement de la recherche et de l’innovation en France se fait par différentes sources, nous allons voir lesquelles.

Au niveau de l’Union Européenne, la principale source de financement de la recherche et de l’innovation est pilotée par les Programmes Cadre pour la Recherche et le Développement Technologique (PCRDT) qui se succèdent depuis 1984. Le principal but est de créer un Espace Européen de la Recherche (ERR). Pour cela, il faut coordonner les recherches des Etats membres, et organiser une certaine coopération entre les chercheurs pour augmenter les capacités de recherche et développement, notamment dans le domaine de la génétique. Cette coopération semble nécessaire de par la complexité et le coût des recherches.  Aujourd’hui et depuis 2014, le 7ème PCRDT est en place, il se nomme “Horizon 2020”. Son budget est de 79 milliards d’euros. L’objectif premier de ce programme est de créer une plateforme en libre accès de la connaissance, et plus particulièrement à partir des publications des chercheurs européens.

En France, le budget alloué à la recherche publique est géré par la Mission Interministérielle Recherche et Enseignement Supérieur (MIRES). En 2017 il représentait 13,3 milliards d’euros. Ces fonds sont constitués de ressources propres, et pour plus de 65% des dotations budgétaires de l’Etat. L’Agence Nationale de la Recherche (ANR) est également un acteur clé de la recherche française. Elle finance des projets qui sont sélectionnés à partir de critères internationaux, et principalement à l’aide d’appels à projets, qui respectent des priorités établies à l’échelle nationale.

Les dons constituent également une part importante du financement de la recherche dans le domaine de la médecine. Ces dons soutiennent les chercheurs qui publient des articles scientifiques démontrant l’avancement de leurs recherches. L’Etat encourage les dons pour la recherche médicale en défiscalisant une partie de ces derniers à hauteur de 66%, dans la limite d’un don inférieur à 20% du revenu net imposable. Les chercheurs sont restreints par les différents budgets qui leurs sont alloués, mais pas seulement, le cadre législatif, qui varie d’un pays à l’autre, peut également être plus ou moins restrictif.

Un enjeu stratégique international dans un cadre législatif flou

Bien que les coûts en recherche et développement soient très important, une compétition s’est installée entre les Etats, dans une véritable course à l’innovation et aux brevets avec comme acteurs principaux les États-Unis et la Chine.

En ce qui concerne l’aspect législatif, tous les pays ne suivent pas les mêmes règles. Aujourd’hui, l’utilisation simple du CRISPR Cas9 a mis en évidence qu’il n’existe aucun droit international, ou consensus législatif autour de l’édition du génome humain.

Cependant, 5 pays de l’Union Européenne : le Royaume Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie et la Russie ont signé la convention d’Oviedo de 1997. Elle pose des bases sur des questions éthiques liées aux droits de l’Homme, à la dignité humaine et à l’identité des individus dans le cadre de la biomédecine. Elle contribue à la réglementation notamment de la génétique (test et clonage), mais également de la transplantation d’organe pour éviter les trafics.

En France, la modification génétique est réglementée depuis 1994. La modification de l’espèce humaine est interdite, quel que soit l’objectif poursuivi. Par conséquent, le clonage est interdit sous peine de 30 ans de prison et 7,5 millions d’euros d’amende. La thérapie génique, qui s’applique sur les cellules germinales, et donc à la descendance, est également interdite.

La législation aux États-Unis est différente, le cadre est plus libéral bien que les “bébés sur-mesure” aient été interdit à la suite d’une loi de 2016. L’édition du génome humain, et plus précisément des cellules germinales est actuellement jugée comme irresponsable par la justice américaine.

En Chine, la législation tend à se durcir à propos des modifications génétiques. La modification génétique d’un embryon ou d’un Homme est soumise à la responsabilité de celui qui l’effectue, en interdisant la mise en danger de la santé des individus, et en obligeant à respecter l’éthique. Les législations sont distinctes selon les pays et permettent des innovations génétiques plus ou moins rapides, et des débats éthiques différents, qui varient selon les cultures.

2         Les espoirs de la modification génétique

2.1        L’Homme augmenté

Vers une augmentation de nos capacités cognitives ?

Comme nous l’avons vu précédemment, la thérapie génique germinale peut permettre d’envisager un Homme augmenté, en sélectionnant les gènes transmis aux générations suivante. L’eugénisme représente l’ensemble des méthodes auxquelles les scientifiques ont recours afin d’améliorer le patrimoine génétique des êtres humains. Malgré les avancées exceptionnelles faites dans ce domaine, il reste, à l’heure actuelle, impossible de combattre la vieillesse, et encore moins de développer l’immortalité.

Les transhumanistes jugent que l’augmentation de l’Homme grâce aux nouvelles technologies s’inscrit dans l’évolution logique de l’espèce humaine. L’Homme peut être augmenté grâce à la modification génétique, mais pas uniquement, il peut également être augmenté avec les diverses nanotechnologies et l’informatique.

Ces avancées concernent toutes les parties du corps, et permettent de régler un certain nombre de problèmes, pour étayer ce propos, nous allons nous intéresser à plusieurs exemples.

Aujourd’hui, il est déjà possible de redonner la vue à certains aveugles, par le biais d’implants rétiniens électroniques. Toutefois, des espoirs fondés sur le génome d’une algue sensible à la luminosité existent, afin d’améliorer les résultats déjà observables actuellement.

Des prothèses de plus en plus sophistiquées sont utilisées pour remplacer des membres pour des handicapés moteurs. Les membres bioniques sont des vraies innovations, avec des possibilités infinies, qui pourrait permettre aux individus amputés de retrouver les facultés qu’ils avaient perdus et mêmes d’augmenter celles-ci.

Enfin, nous pouvons évoquer les possibilités qui existent grâce à l’imprimante 3D. Tout d’abord, des chercheurs français ont réussi à ‘’imprimer’’ un fragment de peau. C’est une évolution significative qui pourrait permettre de soigner, de greffer mais également d’intégrer de nouveaux outils comme des tatouages électroniques qui évolueraient en fonction de l’état de santé de l’individu. Et les capacités de l’imprimante 3D peuvent s’étendre à la création d’organes vitaux, tels que le cœur ou les poumons par exemple, à partir de cellules souches.

Cependant, des questions éthiques se posent. Au premier abord il peut sembler pertinent de pouvoir faire naître des humains augmentés, ou d’améliorer les capacités des Hommes. Mais alors, comment éviter l’instrumentalisation de l’humain, et le développement de nouvelles inégalités ? Ces inégalités biologiques prendraient leurs sources dans les différences entre les humains modifiés et les humains non modifiés.

Une récente chute du Quotient Intellectuel

Bien que la recherche génétique évolue depuis les années, des chercheurs norvégiens ont démontré, en 2018, que le quotient intellectuel des Hommes baisse depuis le milieu des années 1980. Ce phénomène est appelé la réversion de l’effet Flynn. L’effet Flynn découvert par le psychologue du même nom, décrit une tendance selon laquelle l’intelligence mesurée par le QI n’a cessé d’augmenter depuis le début du siècle dernier et l’apparition des premiers tests de QI. Selon les chercheurs, c’est aujourd’hui en moyenne 3 points de QI que les générations futures perdent à chaque décennie. Les causes de cette inversion ne seraient pas génétiques mais plutôt lié à l’évolution de l’environnement dans lequel nous évoluons.

Les phénomènes d’évolution génétique liés à l’environnement proviennent de l’épigénétique. L’environnement et la nature peuvent en effet modifier la façon dont certaines séquences d’ADN s’expriment. Comme facteurs environnementaux potentiellement responsables de la diminution du QI, nous pouvons citer l’alimentation, les perturbateurs endocriniens (pesticides, retardateur de flammes, polluants organiques) ou la surexposition aux écrans qui ont tous été mis en évidence comme néfastes pour les capacités cognitives.  De plus, ces modifications épigénétiques sont transmises à la descendance de l’individu.

Toutefois, les modifications épigénétiques restent réversibles. Il existe de nombreux exemples au cours de l’évolution : les femmes qui souffrent de malnutrition donnent naissance à des enfants avec de nombreuses carences, qui peuvent entraîner des problèmes de santé tels que l’hypertension ou le diabète, qui sont par la suite transmis aux générations futures. La baisse du QI semble être le résultat de l’adaptation des humains à leur environnement, qui est en constante évolution.

Bien que l’environnement influence l’expression du génome humain, il ne faut pas négliger les possibilités qu’apportent la modification génétique, et les thérapies qui peuvent être mise au point grâce à la méthode CRISPR Cas9.

2.2        Un traitement contre les maladies génétiques

Une détection avancée des dysfonctionnements génétiques

Le diagnostic précoce permet de détecter de plus en plus tôt, sur les embryons en gestation, les problèmes ou dysfonctionnements d’ordres génétiques. Ce type de diagnostic est amené à se développer et à devenir de plus en plus précis. Cela permettra de détecter de plus en plus précisément les maladies génétiques graves pouvant affecter le futur enfant et ainsi les traiter le plus rapidement possible. Le diagnostic préimplantatoire, plus controversé, est actuellement utilisé dans le choix des embryons utilisés pour les PMA. La PMA, bien qu’elle se démocratise, reste tout de même une technique complexe, chère, et qui ne fonctionne pas toujours correctement. Ce type de diagnostic est plus contesté car il peut aisément dévier vers une application à visée eugéniste. La sélection des individus deviendrait alors possible via la sélection en amont des embryons. A la suite d’une fécondation une vitro, l’embryon qui en résulte est analysé pour déterminer s’il présente ou non des anomalies génétiques. Bien que cette méthode soit principalement utilisée pour détecter de potentielles maladies génétiques, il est techniquement possible de sélectionner un embryon en fonction des gènes que l’on souhaite garder. Ainsi, il devient possible de donner vie à un enfant disposant de certaines caractéristiques plutôt que d’autres (couleur des yeux, des cheveux, taille, morphotype, etc…).

Les dysfonctionnements peuvent provenir des différents problèmes notamment liés à la plasticité du génome qui existe chez les êtres vivants. Le génome humain doit s’exprimer correctement, sans mutations ponctuelles, ni remaniements chromosomiques, afin de conserver l’intégrité de l’information génétique au cours de la division cellulaire, qui est indispensable pour la survie des embryons.

Outre le diagnostic précoce et le diagnostic pré-implantatoire, les récents progrès de l’intelligence artificielle associés aux nouvelles découvertes de la recherche génétique, viennent également bouleverser la médecine traditionnelle et notre compréhension de certaines maladies. A l’aide de données génétiques récoltées auprès d’une multitude d’individus, ainsi que d’un algorithme spécifique, plusieurs chercheurs du Canada ont développés de nouveaux tests permettant de déterminer les risques pour une femme de développer un cancer du sein.

Ces tests établissent un risque potentiel sous forme de score que l’on nomme le “score de risque polygénique”. En résumé, cela permet de déterminer les prédispositions génétiques d’un individu à développer une maladie. Il devient dès lors possible de classer les individus selon l’intensité du risque, (allant du risque peu élevé au risque très élevé) et d’adapter ainsi les traitements et les prises en charge.

Ce score est établi en analysant l’ensemble du génome de l’individu. Cela consiste à effectuer plusieurs tests sur un échantillon d’ADN pour déterminer les particularités propres à l’individu qui s’expriment à travers ses différents gènes. Le résultat des tests est ensuite comparé aux différents patrimoines génétiques des personnes atteintes par cette maladie.

Ces tests permettent donc de détecter les variations des gènes (allèles) susceptibles d’exprimer une maladie connue. Principalement utilisé pour dépister les cancers, ce type de scoring a été rendu possible par le big data et la mise en relation de toutes les données génétiques disponibles pour une population ou un groupe de population. Contrairement aux tests génétiques que nous utilisons aujourd’hui, le score de risque polygénique permet de déterminer génétiquement la probabilité de développer une maladie même lorsqu’elle ne s’est jamais ou rarement développée dans la généalogie du patient.

 Il s’agit d’une avancée majeure dans le domaine de la médecine préventive et personnalisée, qui peut ouvrir un débat sur l’utilisation des données personnelles de santé, leurs stockages et leur sécurisation. Une analyse spécifique des caractéristiques génétiques du patient peut ainsi révéler des prédispositions génétiques aux maladies dites connues.

Vers des solutions applicables aux adultes ?

La thérapie génique pourrait donc être l’outil approprié pour traiter certaines maladies orphelines. Les cellules prélevées sont modifiées grâce à la technique du CRISPR Cas9, et réinjectées, par le biais d’un traitement. Cette modification pourra ensuite se diffuser dans l’ensemble de l’organisme grâce au processus de la division cellulaire des cellules souches. Ce procédé permettrait de soigner des organes qui ne fonctionnent pas correctement en les reconstituant à partir de cellules saines. Aujourd’hui, il est possible d’utiliser des “prothèses” de gène, dans le but de remplacer le gène qui fonctionne mal par un gène qui s’exprime correctement.

Les tests de risques polygéniques offrent des perspectives très encourageantes pour le diagnostic des maladies graves. Mais les conséquences potentielles demeurent cependant difficiles à évaluer avec précision. Le risque de développer des maladies telles que la schizophrénie, l’autisme, le diabète, le cancer, les maladies cardio-vasculaire et bien d’autres deviendrait alors probabilisable “simplement” via l’analyse de notre génome. Dans un futur plus ou moins proche il serait également possible d’évaluer les chances d’une personne de développer une addiction à la cigarette, à l’alcool, d’être atteinte d’Alzheimer ou de développer une forme de schizophrénie.

Il s’agit donc d’un nouveau type de données individuelles et personnelles que nous sommes susceptibles d’exploiter. L’exploitation de ces données peut offrir de multiples possibilités. Outre la prise en charge médicale et le traitement des maladies, elles peuvent être utilisées de manière préventive. Par exemple, une personne présentant un risque élevé de maladie cardio-vasculaire pourrait ainsi, adopter un mode de vie plus adapté permettant d’atténuer ces risques comme la pratique sportive ou une alimentation adaptée. Connaître son risque de développer un cancer peut également inciter une personne à moins s’exposer à des agents cancérogènes telles que le tabac, les rayons ultraviolets, les rayons X, etc…

Toutes ces avancées bien que prometteuses soulèvent de nombreuses interrogations et de vifs débats notamment en termes d’éthique et de déontologie. La capacité à décrypter le génome et les spécificités d’un individu peut être utilisée de bien des manières et cela pose naturellement la question de la discrimination génétique. Définir un individu uniquement à travers un ensemble de gènes semble quelque peu réducteur voir dangereux. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’un embryon pour lequel les gènes ne se sont pas encore exprimés. Dans le cas où le diagnostic préimplantatoire venait à se démocratiser, il deviendrait donc possible de sélectionner chaque embryon en fonction des caractéristiques génétiques que l’on souhaite ou non conserver. Cette sélection en amont des individus peut rapidement donner lieu à des dérives que nous allons maintenant présenter.

3         Les dérives de la modification génétique

3.1        Sélection des individus

Vers une faiblesse génétique de la société

La sélection des individus peut aboutir à des dérives de la modification génétique. Afin de le démontrer, nous allons expliquer la faiblesse génétique qui pourrait en découler au sein de la société, mais également les conséquences que cela pourrait engendrer.

La modification génétique, et plus particulièrement la sélection génétique, peut apporter rapidement un manque de diversité au sein de l’Humanité, ainsi que dans l’ensemble de la biodiversité. En effet comme nous l’avons vu précédemment, la technique CRISPR-Cas9 permet la modification de n’importe quelle cellule d’êtres vivants, dont les cellules humaines. Or il y a bien un problème d’éthique et de diversité qui se pose ici, principalement avec ce que l’on peut appeler la « sélection génétique » ou encore les « bébés sur mesure ». Ces manipulations que l’on a pu retrouver dans le film « Bienvenue à Gattaca », ne font aujourd’hui plus parties de la science-fiction : si les gouvernements l’autorisent il sera surement possible de choisir les caractéristiques physiques mais aussi intellectuelles de ses enfants.

Pour bien le comprendre il faut faire la distinction entre deux types de cellules : les cellules somatiques qui constituent en grande majorité la constitution d’un être humain, et les cellules germinales qui sont en fait les gamètes, c’est-à-dire les spermatozoïdes pour l’homme et les ovocytes pour la femme. Or la modification des cellules germinales pourrait entraîner de graves conséquences à long terme, et pour cause : les modifications de ces cellules sont héréditaires.

La sélection des caractéristiques des enfants à naître pose donc un grand risque pour le patrimoine génétique de l’humanité. En effet au vu de la standardisation de notre société actuelle, nous pouvons raisonnablement penser que si le choix des caractéristiques de l’enfant appartenait aux parents, nous tendrons alors inévitablement vers un standard, un “enfant-type”, et donc un monde où tout le monde se ressemble.

Des conséquences non maîtrisées et imprévisibles

Il a été démontré que la réécriture du génome entraîne des modifications génétiques non souhaitées et imprévisibles. Les conséquences d’une réécriture du génome sont également susceptibles de s’exprimer autre part que sur la séquence initialement ciblée. Des mutations peuvent alors se développer sur l’ensemble du génome. Il est donc impossible de prévoir et d’anticiper les mutations qui vont avoir lieu à la suite de l’utilisation de cette technique ainsi que leur ampleur. La fonction et l’expression des gènes issus du processus d’évolution, sont alors modifiées et les conséquences à long-terme ne sont pas mesurables.

Par exemple, le récepteur CCR5 connu pour permettre au virus du SIDA (VIH) de s’implanter et de se développer, semble également avoir une autre utilité puisqu’il a été conservé au fil du temps par le processus d’évolution, sinon il aurait disparu.

En se projetant à moyen et long-terme il est encore impossible à l’heure actuelle de savoir si la technique CRISPR Cas9 peut réellement permettre (dans le cas où elle serait suffisamment maîtrisée) de créer uniquement les modifications souhaitées sur le génome humain. C’est pourquoi de nombreux généticiens mettent en garde la communauté scientifique contre les dérives et les dangers potentiels liés à l’utilisation de cette technique

3.2  Des objectifs en dehors de la réalité

Une recherche de la toute puissance

Certains scientifiques se fixent des objectifs qui ne sont pas réalisable en poursuivant cette quête de la toute-puissance induite notamment par les transhumanistes. L’importance des nouvelles connaissances aboutit à l’émergence de données inexploitables.

Les incitations sont nombreuses dans le domaine de la génétique, et le phénomène de compétition entre les chercheurs pousse ces derniers à expérimenter de nouvelles techniques pour se distinguer, quitte à utiliser des méthodes contestables ou pas encore suffisamment maîtrisées. Nous allons présenter deux exemples en annexe qui illustrent les dérives de la modification du génome humain. Cette partie s’articulera donc plus spécifiquement autour de la recherche de l’immortalité désirée par les transhumanistes pour déterminer en quoi ce défi relève encore de l’utopie ou de la science-fiction.

L’homme qui vivra 1000 ans est déjà né”, à l’origine de ces paroles on retrouve Aubrey de Grey, gérontologue étudiant depuis de nombreuses années le phénomène du vieillissement des cellules. En effet, ces idées toujours perçues comme des idées issues de romans fantaisistes, sont actuellement prisent au sérieux par un certain nombre d’entreprises internationales, financiers et autres milliardaires. A ce titre on peut notamment citer plusieurs entités telles que la fondation SENS (Strategies for Engineered Negligible Senescence) ou Google qui a créé California Life Company en 2013. Il y a également Peter Thiel, fondateur de Paypal qui contribue à cette filiale de Google à auteur de plusieurs centaines de milliers d’euros par an.

Si cette idée de l’immortalité ou d’un prolongement réellement significatif de l’espérance de vie humaine est reprise, c’est parce qu’il y a eu certaines découvertes majeures depuis quelques années. A ce titre on peut notamment citer la découverte étonnante du généticien franco-croate Miroslav Radman : en étudiant une bactérie spécifique il a découvert que celle-ci pouvait constamment “s’auto-ressusciter” grâce à sa capacité à produire ce qu’il appelle une “pile biologique rechargeable et universelle”.

Mais même si les progrès scientifiques font d’étonnants bonds en avant, la quête de l’immortalité reste actuellement dans le domaine du fantastique. En effet avec les recherches actuelles on estime pouvoir améliorer la longévité humaine de seulement quelques années. L’hypothèse de l’homme au 1000 ans reste donc encore peu probable, a moins d’une découverte révolutionnaire en matière de génétique ou d’assemblage moléculaire.

Incapacité relative à exploiter les nouvelles connaissances

La technique CRISPR Cas9 est pleine de promesses pour l’avenir. Facile à mettre en place et peu coûteuse, elle reste cependant utilisée principalement dans la recherche mais très peu pour le soin et le traitement des malades. La raison est simple, aujourd’hui nous ne sommes pas en mesure de l’exploiter sans dangers au vu de nos connaissances. A l’aide de cette technique il est possible de découper une partie de la séquence ADN d’un individu pour la retirer puis la remplacer par une autre comprenant les modifications que l’on souhaite apporter. Néanmoins, CRISPR Cas9 n’est pas utilisé sur l’être humain car nous ne sommes pas en mesure d’anticiper les conséquences d’une telle intervention.

L’ADN est unique et propre à chacun, permettant d’identifier une personne par rapport à une autre. Des interactions se produisent entre les différentes séquences d’ADN ainsi qu’entre les différents gènes associés que nous sommes actuellement incapables de comprendre ou de percevoir. Une édition du génome via CRISPR Cas9 pourrait donc produire des changements et des modifications autre que celles initialement souhaitées. Ces modifications impacteraient alors ce qui exprime et ce qui définit à la fois l’individualité et la singularité d’une personne.

C’est le cas des jumelles chinoises surnommées Lulu et Nana. La vague de contestation qui a suivi l’annonce du scientifique chinois provient du fait que les paramètres et les conséquences de l’intervention n’ont absolument pas été maîtrisés.

La thérapie génique, expérimentée pour la première fois en 1999 démontre aussi ses limites. Le scandale Jesse Gelsinger, prouve qu’une erreur de diagnostic et de prise en charge est très vite arrivé. Cet américain de 19 ans a fait partie des premiers patients traités par thérapie génique. Malheureusement pour lui, son corps n’était pas apte à recevoir un tel traitement, notamment en raison de son foie fragile. Plusieurs défaillances imputables aux professionnels de santé responsables de son traitement ont été identifiées et notamment le diagnostic préalable.  Le décès de ce jeune homme nous rappelle que ce type d’intervention n’est pas anodin et doit s’effectuer avec beaucoup de précaution.

Nous n’avons encore que peu de recul concernant la thérapie génique et les conséquences à long termes. Bien qu’il s’agisse d’une avancée spectaculaire, elle demeure encore aujourd’hui peu exploitable. Le coût d’une telle prise en charge, évalué entre 1 et 5 millions d’euros, est bien trop élevé pour être utilisé massivement. Mais ce n’est pas qu’une question de moyens. Dans ce type de thérapie, l’organisme du patient peut produire une réponse immunitaire qui est un mécanisme de défense de l’organisme, et qui va alors rejeter le traitement. Il devient parfois impossible de réinjecter le traitement ce qui oblige les médecins à se tourner vers d’autres solutions.

Conclusion

Le courant transhumaniste est fortement influencé par les récentes découvertes en génétique. Ce sont ces découvertes qui portent le mouvement transhumaniste et lui donnent le crédit dont il bénéficie aujourd’hui.  Mais bien que ces innovations soient cruciales pour l’avenir de l’Homme, elles n’en demeurent pas moins une source d’inquiétudes et de controverses.

Les nouvelles avancées telles que CRISPR Cas9, le diagnostic pré-implantatoire ou le score de risque polygénique sont des innovations pleines de promesses et porteuses d’espoir pour un grand nombre de personnes atteintes de maladies graves ou présentant des risques élevés de développer de telles maladies. Néanmoins, il est encore trop tôt pour les considérer comme des solutions à part entière. La compréhension de la génétique n’en est encore qu’à ses prémices et la complexité des informations que renferme le patrimoine génétique rend la démarche très délicate. La découverte de la technique CRISPR Cas9 est une révolution dans le domaine de la génétique car elle rend possible les modifications du patrimoine génétique d’une personne ainsi que la transmission de ce patrimoine via les cellules germinales. La sélection génétique devient dès lors possible, ainsi que toutes les dérives qu’elle peut supposer.

Ces innovations majeures nourrissent l’idéologie et les fantasmes des transhumanistes qui considèrent que l’Homme est imparfait et doit être amélioré pour ainsi repousser ses limites biologiques. Les transhumanistes, convaincus que l’avenir de l’Homme passe par la modification génétique sont très enthousiastes quant aux avancées de la médecine et de la génétique, n’hésitant pas à déclarer que bientôt nous serons en mesure de stopper le vieillissement. En éludant la question du souhait de voir un tel futur se dessiner, la “vie éternelle” promise par les transhumanistes est pour l’instant bien loin de devenir une réalité comme le confirme le discours des généticiens.

Plus que le transhumanisme, ce sont les visions eugénistes de la société qui retrouvent un nouvel élan au travers de ces innovations. La possibilité de pouvoir choisir les caractéristiques de son futur enfant à l’aide de manipulations et de sélections génétiques est d’autant plus préoccupante que la législation en la matière varie fortement d’un pays à un autre. Les règles d’éthique de la Chine, des Etats-Unis ou de la France ne sont absolument pas les mêmes et rendent difficile, voire impossible, une harmonisation au niveau mondial. Aucune législation internationale n’encadre aujourd’hui la recherche et les expériences génétiques et chaque pays agit comme il le souhaite en fonction de sa légalité. La sélection génétique est d’autant plus dangereuse qu’elle peut rapidement conduire à la discrimination génétique et donc à l’eugénisme. Les “bébés sur mesure” et la standardisation des individus sont des exemples de ce à quoi l’avenir pourrait ressembler si l’utilisation de ces nouvelles techniques vient à se démocratiser et à se banaliser.

Mais bien qu’elles soient prometteuses, ces recherches nécessitent des financements et des investissements colossaux pour des résultat plutôt incertains. Ce climat de course à l’innovation et donc aux financements, crée un phénomène de concurrence entre les pays qui souhaitent devenir leaders dans ce domaine et ne surtout pas se faire distancer par les autres. Cela provoque également une forme de compétition entre les différents chercheurs qui ont tous pour ambition de découvrir la dernière innovation majeure. Cette concurrence peut alors inciter les chercheurs à expérimenter des nouvelles techniques sans pour autant maîtriser l’ensemble des paramètres et des conséquences que les modifications génétiques peuvent engendrer. Les exemples des jumelles chinoises et de Jesse Gelsinger prouvent qu’il faut redoubler de prudence avant d’entreprendre des traitements expérimentaux ou d’utiliser de nouvelles techniques. Il y a toujours des risques car chaque patrimoine génétique est unique et chaque gène peut s’exprimer de différentes manières provoquant des conséquences imprévisibles.

Comme nous l’avons expliqué, la thérapie génique, les diagnostics préimplantatoires et le score de risque polygénique sont susceptibles de traiter ou de prévenir de nombreux dysfonctionnements physiologiques ainsi que de nombreuses pathologies. Mais le coût que représente ce type de thérapie ou de diagnostic est encore trop élevé pour être utilisée à grande échelle, même au sein des pays développés dotés d’un système de santé performant. Si l’utilisation de tels traitements pourraient être possible à moyen ou long terme dans ces pays, il est évident que les pays en développement sont très loin de pouvoir bénéficier de ces innovations. Par ailleurs, la thérapie génique ne peut aujourd’hui être réellement envisagé que pour un certain type de patients, concernés par des maladies liées à certains gènes bien connus et identifiés. Avant d’envisager l’utilisation des modifications du génome comme thérapie, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir et de nombreuses connaissances à développer. Il reste également de nombreuses questions à éclaircir, tant au niveau de la bioéthique et de l’encadrement de l’utilisation de ces nouvelles découvertes, que de leur réels impacts et conséquences sur le vivant.

Par Paul Bruneau et Victor Munter, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

Bibliographie

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Boutin, Bedel, Cullot et Moreau-Gaudry « CRISPR Cas9 : Vers un outil plus sûr pour éditer les génomes » URL : https://www.inserm.fr/actualites-et-evenements/actualites/crispr-cas9-vers-outil-plus-sur-pour-editer-genomes

Combis, « Comment fonctionnent les ciseaux CRISPR-Cas9, capables de couper l’ADN à volonté, France Culture, 3 août 2017, URL : https://www.franceculture.fr/sciences/comment-fonctionnent-les-ciseaux-crispr-cas9-capables-de-couper-ladn-volonte

Cyranoski et Ledford, « Des bébés CRISPR chinois ? », Pour la science, 29 novembre 2018, URL :  https://www.pourlascience.fr/sd/genetique/des-bebes-crispr-chinois-15344.php

Edin, Mao, « Le transhumanisme n’est qu’un eugénisme relooké », Usbek & Rica, 8 avril 2018, URL : https://usbeketrica.com/article/le-transhumanisme-est-un-eugenisme-relooke

Futura avec l’AFP-Relaxnews « Bébés chinois OGM : des modifications imprévues sont apparues dans leur génome » URL : https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/crispr-cas9-bebes-chinois-ogm-mutations-imprevues-sont-apparues-leur-genome-73919/

Galanopoulo, « CRISPR-Cas9 : des ciseaux génétiques pour le cerveau », CNRS Le journal, 3 mai 2016, URL : https://lejournal.cnrs.fr/articles/crispr-cas9-des-ciseaux-genetiques-pour-le-cerveau

Gaubert, « Le QI de la population baisse-t-il depuis les années 70 ? », Sciences et Avenir, 13 juin 2018, URL :  https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2015/07/medsci2015316-7p691/medsci2015316-7p691.html

Gaubert, « Le QI de la population baisse-t-il depuis les années 70 ? », Sciences et Avenir, 13 juin 2018, URL : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/intelligence-le-qi-de-la-population-baisse-t-il-depuis-les-annees-70_124942

Houdebine, « Les différentes techniques de sélection génétique », Afis science, 3 décembre 2017, URL : https://www.pseudo-sciences.org/Les-differentes-techniques-de-selection-genetique

Jalinière, « Première Mondiale. Des chinois modifient le génome d’embryons humains », Sciences et Avenir, 23 avril 2015, URL : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/premiere-mondiale-des-chinois-modifient-le-genome-d-embryons-humains_28900

Mandel, « Améliorer l’homme par la génétique ? », Revue d’éthique et de théologie morale, 2015, n°286, p.25-34, URL :  https://www.cairn.info/revue-d-ethique-et-de-theologie-morale-2015-4-page-25.htm:

Scotto, “Transhumanisme : A quoi ressemblera l’homme ‘’augmenté’’ de 2050 ? », 20 minutes, 3 juin 2016, URL : https://www.20minutes.fr/sante/1831643-20160603-transhumanisme-quoi-ressemblera-homme-augmente-2050

Sender, « Emmanuelle Charpentier : ‘’Il y a toujours un risque que CRISPR-Cas9 soit mal utilisé’’ », Sciences et avenir, 5 octobre 2016, URL : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/emmanuelle-charpentier-il-y-a-toujours-un-risque-que-crispr-cas9-soit-mal-utilise_105292

Speranta Dumitru, « Liberté de procréation et manipulation génétique, pour une critique d’Habermas », Presses de Sciences Po, 2003, n°12 – p. 31 à 54

Vos, « La mort d’un patient aux Etats-Unis freine l’essor des thérapies géniques », Le temps, 13 décembre 2019, URL : https://www.letemps.ch/societe/mort-dun-patient-aux-etatsunis-freine-lessor-therapies-geniques

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La marchandisation des organes https://master-iesc-angers.com/la-marchandisation-des-organes/ Wed, 15 Jan 2020 13:03:20 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3099 Aujourd’hui, le capitalisme et la mondialisation sont présents dans tous les domaines, que ce soit matériel, immatériels ou même dans les domaines touchant la vie et le vivant avec la marchandisation de l’humain. Trois temps de cette marchandisation se distinguent… Continuer la lecture

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Aujourd’hui, le capitalisme et la mondialisation sont présents dans tous les domaines, que ce soit matériel, immatériels ou même dans les domaines touchant la vie et le vivant avec la marchandisation de l’humain. Trois temps de cette marchandisation se distinguent à travers les âges. Durant la période Néolithique puis, plus particulièrement durant l’Antiquité, la première forme marchande de l’humain apparaît avec l’esclavagisme avant de prendre fin seulement au XIXème siècle. Le deuxième temps s’est accentué au XXème siècle avec la mondialisation et la recherche croissance de profit. Pour ce faire, la production était externalisée dans des pays moins développés, les coûts de production étaient minimisés et les salaires des employés très faibles : pour garder leurs emplois, ces derniers acceptaient leurs conditions de travail. La précarité de ces travailleurs pousse certains d’entre eux sur le marché des organes, où la rémunération de leur organe leur permet d’améliorer au moins temporairement, leurs conditions de vie, même si c’est contraire à l’éthique. Ce qui nous conduit donc à la troisième forme de marchandisation, celle des organes. Les prouesses médicales et le développement des nouvelles technologies, notamment des biotechnologies, repoussent toujours plus les limites de la médecine. Le médecin peut aujourd’hui s’appuyer sur les machines pour lui venir en aide et / ou lui servir de support durant l’opération. On peut alors se demander quels sont les enjeux liés à la marchandisation des organes dans le contexte actuel d’innovation technologique ?

I. Le don d’organe comme bien marchand

Au sens le plus strict du terme, la marchandisation représente le fait de recevoir des profits à partir d’une activité, d’un bien ou service non – marchand. Ce terme reste ambigu car il s’agit de savoir si on peut tirer des bénéfices à partir de n’importe quelle source, ou s’il existe encore des sources qui font polémique dans nos sociétés actuelles ? Aujourd’hui dans certaines cultures, il y a certains biens qui sont exclus des marchés, de par la morale et les coutumes, comme les services sexuels ou tous les produits issus du corps humain (sang, organes, tissus, …). C’est notamment le cas du Japon qui n’approuve en aucun cas la marchandisation des organes et qui préfère, pour faire face à la demande, développer les organes artificiels. Même si les médecins japonais possèdent les connaissances, les compétences et les savoirs faire en matière de greffe, ils préfèrent développer les organes artificiels. Cela s’explique par les us et coutumes : les japonais se tiennent à l’idée qu’il n’est pas possible que l’on puisse vivre après la greffe du cœur d’un mort, et pendant très longtemps, ils pensaient que la mort cérébrale ne pouvait pas être considérée comme un critère de mort à part entière.

A. De la sacralisation du corps humain à sa marchandisation

Cette polémique autour de la marchandisation des organes se pose principalement, selon Ruwen Ogien, en raison des « préjugés liés à notre culture » et de sortes de conventions sociétales. Dans certaines cultures, le corps humain est « sacralisé », c’est – à – dire qu’il n’a pas de prix et que vendre une partie de son corps serai perçu comme une transgression des normes morales et sociales. C’est le cas de la France qui figure parmi les premiers pays à voter des lois « bioéthiques » en 1994. Ces lois garantissaient la gratuité du don d’organe qui devait toujours être effectué avec le consentement du donneur tout en préservant son anonymat. Toujours selon lui, avec le progrès de la médecine et également le changement progressif des mentalités et des normes sociales, « on pourrait être amenés à considérer les parties et les produits de notre corps non plus comme des objets quasiment sacrés, mais comme des choses aussi remplaçables qu’une table de cuisine ou une machine à laver ». En effet, d’autres pays au modèle économique semblable à celui de la France (pays démocratique et développé) comme les Etats-Unis restent ouverts à la marchandisation du corps humain. Les lois de bioéthiques françaises sont de plus en plus jugées paternaliste et désuètes car elles n’incluent qu’un modèle familial celui du couple hétérosexuel. De nombreux débats divisent alors notre société comme celui de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour toutes. Aux Etats-Unis la PMA n’est pas régulée. Il est possible de congeler ses ovocytes, d’avoir un enfant après 50 ans ou encore de choisir le sexe de son futur bébé et cela pour toutes les femmes, qu’elles soient hétérosexuelles, lesbiennes, mariées, célibataires ou mères porteuses. En 2015, 72 913 enfants sont nés par PMA soit environ 2% du nombre total des naissances aux Etats Unis

Outre les raisons sociales qui expliquent en partie la complexité qui touche au don et la vente d’organe, il y a aussi des raisons éthiques. Encore aujourd’hui, même si les mœurs évoluent progressivement, le corps est sacralisé et sa valeur est inestimable, éternelle et universelle. Kant différencie une personne physique et morale d’un objet. En effet, pour lui « une personne possède une valeur intrinsèque, inaltérable. On ne peut pas lui donner un prix ». Cette notion d’inestimable est reprise dans l’idée de dignité d’une personne humaine, qui possède une valeur mais pas de prix. Pour les Kantiens, la marchandisation du corps porte atteinte à cette dignité humaine ainsi qu’au principe de dignité et d’universalité du corps humain.

Pour d’autres auteurs comme Hervé Kempf, le développement des marchés internationaux et la recherche croissante de profits ont entrainé la création progressive de marchés du corps (sexe, organe, bébé), qui se fait plus souvent au détriment des plus pauvres : pour essayer de survivre, les personnes les plus dans le besoin peuvent marchander leur propres enfants, leurs organes ou même se vendre à des personnes parfois peu scrupuleuses ni regardantes en matière de dignité humaine et de respect d’autrui. Le marché des organes crée alors une situation de dominant – dominé puisqu’il va chercher des groupes de personnes considérées comme vulnérable et participe à ce marquage en développant un mécanisme incitatif. Cependant, même hors du système de marché, la relation dominant – dominé se pose puisque les personnes les plus pauvres seront perdantes car elles seront dans l’incapacité de se payer les soins médicaux. En effet la précarité de certaines populations les poussent sur ce marché des organes. En Chine, alors que le commerce d’ovocyte est interdit par la loi, des étudiantes n’ont pas d’autres choix que de vendre leurs ovules pour payer leurs études. Peu d’entre elles connaissent les risques. Pourtant, si l’opération ne se déroule pas comme prévu, en plus de mettre en danger leur santé elles peuvent être poursuivies par la justice.

Dans son chapitre « Tout s’achète et tout se vend », Kempf utilise des expressions à la signification très forte comme « location de ventre », « commerce de la chair et de trafic d’organes ». Les termes qu’il utilise ici montrent encore une fois cette idée que le corps humain est intouchable, inviolable et que vendre une partie est un acte condamnable. Cependant, tout est une question de perception. Pourquoi dit – on qu’une femme, qui reçoit une compensation financière pour porter un enfant d’autrui, qu’elle « loue son ventre » ? Un kinésithérapeute, qui utilise ses mains pour masser en échange d’argent, ne louerai – t – il pas ses mains ? La mère porteuse n’est donc pas considérée pareil que le kinésithérapeute ? Pourquoi estime – t – on qu’une mère porteuse met en « location » son ventre alors qu’on estime que ce dernier propose un service médical ?

B. Les différentes théories et modèles du marché des organes

Comme on a pu le voir, différents penseurs se sont interrogés sur le sujet, mais il existe de nombreuses théories qui ont été développées.

Kaserman et Barnett se sont tournés vers une approche du don d’organe post mortem, mais qui peut également être réalisé entre des personnes en vie. Pour ce faire, ils se sont appuyés sur la méthode standard de la théorie des marchés : l’offre augmente avec le prix tandis que la demande diminue en fonction du prix. Dans une logique de don, la demande est supérieure à l’offre, il faut donc inclure un prix de marché pour ajuster l’offre à la demande. Ce mécanisme mène alors à une hausse du surplus des offreurs et la hausse de la quantité offerte va entraîner une hausse du bien-être collectif. Les deux auteurs ne prenant pas en compte la spécificité qu’ici, les biens échangés sont des organes, peut – on vraiment considérer que la mise en place d’un prix de marché permettrait d’augmenter le bien – être global ? Pour eux, comme le prix d’équilibre permettrait de mettre en adéquation l’offre et la demande, alors la solution marchande serait une solution acceptable pour réguler ce marché.

D’autres chercheurs vont plus loin et cherchent à inclure dans ce premier modèle certaines contraintes liées à la transplantation des organes. C’est le cas de Becker et Elias. Ils incluent dans cette théorie des marchés, l’aspect monopolistique : selon la demande, le système de santé proposerait aux offreurs possibles d’acheter leur(s) organe(s). Dans un cas de don, l’offre est totalement inélastique au coût. Or, si on rajoute progressivement une incitation financière, l’offre sera plus volatile. Mais ce marché est également spécifique au niveau de la demande : ce sont les médecins qui placent les personnes ayant besoin d’une greffe sur une liste d’attente, la demande est donc fluctuante. Or aujourd’hui, avec le progrès médical et la baisse des coûts de transplantations, la demande ne cesse d’augmenter, il faut donc accroître l’incitation financière. Même si la demande augmente, on observe un changement des comportements : restant malgré tout un coût pour les demandeurs, ces derniers vont plus facilement suivre les traitements post – opératoires pour favoriser la réussite de leur transplantation.

Hansmann lui va plus loin encore et applique la notion de marché à terme pour les organes. Ce type de marché représente l’engagement pris par un donneur d’ordre qui aura lieu à une certaine échéance, qui est ici la mort. Dans ce type d’engagement, la rémunération peut être financière ou peut prendre la forme d’une place prioritaire sur liste d’attente en cas de transplantation future, sur un membre de la famille par exemple. Il développe aussi l’idée d’un accord sur un prélèvement post – mortem : le défunt peut donner droit à une compagnie d’assurance sur ses organes en contrepartie d’une réduction de prime d’assurance maladie de son vivant.

II. Dysfonctionnements du marché et creusement des inégalités

Les différentes théories expliquées ci – dessus amènent à se poser des questions sur la marchandisation des organes. En effet, inclure des incitations financières ou des avantages en cas de prélèvement post – mortem peuvent conduire à un ensemble de risques. De plus, les législations différentes entre les pays et le business que peut représenter le marché des organes ont favorisé le développement d’un vrai trafic international. Selon l’OMS, 10% des transplantations annuelles dans le monde proviennent de ce trafic.

A. De l’altruisme vers la vénalité : anomalies du marché des organes

Le marché des organes est un marché spécifique qui ne peut pas se comporter comme les autres marchés de biens et de services de notre économie. On observe donc différentes anomalies dans le fonctionnement de ce marché.

Tout d’abord, la mise en place d’une rémunération financière mettrait de côté la volonté d’aide, un sentiment de devoir envers autrui. C’est ce que Cooper et Culyer appellent le « risque de monopole de l’altruisme ». Cette question en entraîne directement une autre, qui est de savoir si, en acceptant une rémunération, le donneur annule le caractère altruiste de son don ? On pourrait alors observer un effet d’éviction en fonction du prix fixé des organes. Deux motivations rentrent en compte chez l’individu souhaitant vendre ses organes : une motivation extrinsèque (le donneur attend une récompense extérieure pour son geste) et une motivation intrinsèque (le donneur réalise ce geste pour des raisons personnelles, qui lui sont propres, par altruisme par exemple). Dans le cas du don du sang, une enquête réalisée en 1970 par Richard M. Titmuss montre que mettre en place une rémunération des donneurs n’est efficace que si le prix est assez élevé afin de compenser la perte de motivation intrinsèque. 59 des 213 individus interrogés sont prêts à donner leur sang gratuitement, en les rémunérant d’1€ ils ne sont plus que 41 donneurs. A partir d’une rémunération à 5€ le nombre de donneurs augmente avec le prix. C’est ce qu’on appelle l’effet d’éviction.  La mise en place d’une compensation financière peut donc avoir un effet négatif. Un système marchand appliqué aux organes risque donc d’entraîner une diminution des dons altruistes et une augmentation de l’offre contre rémunération sans être sûre que les deux effets ne se compensent. En effet, la motivation intrinsèque s’explique par le fait que les agents adhérent à certaines normes et valeurs, qui leur rendent impensable l’idée d’être payé pour être prélevé d’un organe. Pour eux, le faire par altruisme serait plus acceptable moralement.

Un marché des organes peut aussi donner lieu à de nombreuses asymétries d’information qui affectent le fonctionnement du marché. En effet, en Iran, de nombreuses personnes ayant vendu leur rein regrettent cette décision et pensent avoir été mal informées des conséquences. Les hôpitaux aussi peuvent souffrir d’une asymétrie d’information : le donneur peut posséder plus d’informations, notamment sur sa santé. Prenons par exemple, le cas d’un don du sang rémunéré. En 1960, il n’y avait aucun moyen de détecter si un donneur avait contracté l’hépatite, les médecins s’informaient donc auprès du donneur sur son état de santé. Lorsqu’une rémunération était offerte, une majorité des donneurs était une population à risque qui cachait certaines informations. Se développe alors sur le marché du sang, une sélection adverse.

Enfin, l’anthropologue Lawrence Cohen pointe du doigt le marché des reins dans certains pays, créant d’importantes externalités négatives qui peuvent mener à une division plus forte entre les classes sociales : « la généralisation du marché aux reins dans un pays où la population est fortement endettée transforme le rein en collatéral généralisé au crédit. Il existe ainsi une externalité négative forte au commerce des reins : soit il force les individus à gager un rein pour accéder au crédit, soit il créé un différentiel de taux d’intérêt entre les personnes disposées au gage et celles n’y étant pas disposées Les personnes dans le besoin vont plus facilement vendre ou mettre en gage un de leur organe, contre rémunération, afin d’améliorer leurs conditions de vie. Tandis que les personnes plus aisées peuvent facilement avoir recours à une transplantation. Ils se tournent alors vers le marché des organes des pays émergents comme celui de la Chine, où la législation opaque sur les transplantations permet le développement d’un marché illégal.

B. Le développement d’un marché illégal

Les organes deviennent aujourd’hui des biens marchands rares accessibles uniquement à une certaine catégorie de population : la classe aisée. Un nouveau phénomène se développe, le tourisme de transplantation. En passant par des réseaux illégaux, de plus en plus de personnes se font opérer en Chine. Ils payent des dizaines voire des centaines de milliers de dollars s’assurant ainsi une greffe immédiate dans les jours qui suivent et passent devant les locaux sur listes d’attente. Pour certaines greffes les malades n’ont même pas besoin de se déplacer. Ils commandent sur Internet la marchandise et se font livrer en très peu de temps. Ce marché très opaque ne fournira pas d’informations sur la provenance des organes. Mais aujourd’hui de nombreux scandales éclatent en Chine et les langues se délient petit à petit.

Le China Daily dénonce les pratiques du gouvernement chinois qui ferme les yeux sur le prélèvement forcé d’organes de prisonniers politiques dans les hôpitaux militaires. Selon le quotidien, 90% des organes prélevés post mortem en 2009 appartenaient aux prisonniers condamnés à la peine capitale et aux individus « volontaires ». Ces pratiques font énormément polémiques en Chine où le don d’organe est réprimandé par la culture du pays. Dans la tradition chinoise, les morts doivent être enterrés sans mutilation. Il est donc quasiment impossible d’obtenir des informations sur l’identité des donneurs qu’ils soient « volontaires » ou non. En 2015, le gouvernement chinois s’était engagé à ne plus prélever d’organes sur les prisonniers voués à l’exécution. Pourtant, en juin 2019, une organisation indépendante nommé China Tribunal prouve que ces pratiques ont toujours lieux. Des minorités religieuses gênantes pour le gouvernement comme les Tibétains ou encore les Ouïgours sont envoyés en prison où ils sont torturés. Leurs organes sont prélevés contre leur gré parfois même de leur vivant…

Aujourd’hui, le trafic d’organes humains est un marché plus que lucratif. D’après un rapport du Global Financial Integrity, il serait classé dans les dix premières activités économiques illégales rapportant le plus dans le monde avec des bénéfices pouvant aller de 6OO millions à 1,2 milliard de dollars par an. De nombreux pays cherchent à démanteler ce trafic. En mai 2008, 150 représentants gouvernementaux et responsables médicaux et scientifiques créent la Déclaration d’Istanbul. Ce texte met en évidence que les greffes « doivent provenir de dons et ne faire l’objet d’aucune transaction financière, qu’elles doivent faire preuve de critères cliniques et éthiques » et que « le commerce de transplantation devrait être interdit parce qu’il mène inexorablement à l’inégalité et à l’injustice ». Ainsi, cette déclaration a incité de nombreux pays comme Israël, les Philippines ou encore le Pakistan de renforcer leurs lois contre le trafic illégal d’organes.

III. La bio-impression pour créer des organes artificiels

Aujourd’hui, avec le développement des nouvelles technologies et des méthodes médicales, on assiste à une modification de l’offre. En 2012, Shinya Yamanaka gagne le prix Nobel pour son projet de cellules souches reproductibles grâce à des modifications cellulaires. Cette avancée médicale permet de produire en quantité illimitée des cellules qui ainsi, pourraient permettre de régénérer des organes entiers. Nous assistons aussi au développement de nouvelles technologies comme les impressions en trois dimensions, les nanotechnologies ou encore l’intelligence artificielle qui permettront, peut – être, à terme de compenser ou de remplacer le don d’organe. Cependant, leur développement inquiète sur la scène internationale, car de nombreuses voix s’élèvent pour montrer les limites et les risques liés au développement croissant des nouvelles technologies pour l’humain.

A. Un marché prometteur …

La bio – impression se base sur les techniques d’impression en trois dimensions et consiste à imprimer, couche par couche, des tissus vivants à partir d’assemblage de cellules vivantes. Sa complexité s’explique par le fait qu’il prend en compte une notion temporelle : il faut du temps pour que les cellules interagissent, s’organisent de manière autonome pour former finalement des tissus fonctionnels. Les premiers travaux de bio-impression date de 1988, le Dr Robert J. Klebe de l’Université du Texas, initie la méthode de « Cytoscribing ». Elle consiste à super positionner des cellules grâce à une imprimante inkjet classique. Aujourd’hui, la bio – impression se limite à la production de tissus organique simple. En effet, la complexité des organes tels que les reins, le foie ou le cœur nécessite une viabilité à long terme et donc de résoudre le problème des structures vasculaires, à l’origine des échanges du corps.

Les Etats-Unis sont pionnières dans le domaine de la bio-impression, cette technique se développe notamment dans les laboratoires et universités américaines. Aujourd’hui, ce nouveau marché s’étend au reste du monde. Les leaders restent tout de même les Etats-Unis suivis par le Canada. On peut citer le start up californienne Organovo qui imprime des tissus de rein, de foie, mais aussi de poumons. En Europe, ce sont l’Angleterre et l’Allemagne qui se démarquent sur le marché de la bio-impression. En France la législation est jugée très contraignante par les entreprises qui comme Carmat envisage d’aller sur le marché américain pour lancer sa prothèse de cœur.

Ce marché est en effet très lucratif, il est évalué à 100 milliards de dollars et est très prometteur dans le futur (on estime une croissance de 35,9% entre 2017 et 2022).

B. … qui suscite des débats

Le 15 avril 2019, des chercheurs présentent une nouvelle prouesse technologique : une équipe israélienne a réussi à imprimer en 3D un cœur humain, de la taille de celui d’un lapin, à partir de cellules souches. Ils sont parvenus à reconstituer l’anatomie du cœur, dans son ensemble, comprenant ses cellules et des vaisseaux sanguins et ils l’ont fait à partir de différents types de cellules provenant d’un seul patient. Cette avancée nécessite encore plusieurs années de recherche mais sa portée est très importante au vu du manque de donneurs pour les greffes cardiaques.

Cependant, cette innovation crée d’ores et déjà des débats sur le plan international. Tout d’abord puisqu’elle repose sur l’utilisation de cellules souches embryonnaires, ce qui pourrait influer sur le choix ou non de l’utilisation de la bio – impression dans certains pays. Ensuite, son coût suscite également des débats puisque seulement la faible fraction de la population la plus riche pourrait en avoir recours. Cela pose de réels problèmes du point de vu de la question de l’accès au soin car cette évolution risque d’entraîner une division de la population : les plus riches seront alors dans la capacité de se soigner et ainsi vivre plus longtemps en bonne santé. De plus, les interrogations se renforcent sur les questions de bioéthiques : repoussant toujours les limites de la technologie et de leur utilisation, certains acteurs parlent d’ « évolution artificielle de l’homme » et se demandent si, dans un futur lointain, la bio – impression pourrait mener à un clonage intégral, voir la création d’un humain amélioré avec des os plus résistants ou alors des poumons oxygénés différemment.

Conclusion

Aujourd’hui tout s’achète et tout se vend. Tout ce qui est rare est précieux et tout ce qui est précieux coûte cher. Mais à l’heure où une pénurie de dons d’organes se fait ressentir, peut-on d’un point de vue moral, mettre un prix sur une partie d’un être humain ? A travers le temps le corps humain a toujours été vu comme une chose sacrée qui ne peut être marchandé comme n’importe quel bien. Mais aujourd’hui, à l’heure où chacun prône sa liberté individuelle, chaque personne est propriétaire de son corps et libre d’en faire ce qu’elle veut. Cependant, notre société capitaliste nous permet-elle vraiment d’être libre ? Des étudiantes chinoises contraintes de vendre leurs ovules pour payer leurs études ou d’autres encore mettant en gage leur rein pour accéder au crédit. Un marché des organes ne peut fonctionner comme n’importe quel marché. Il créé des effets d’évictions, des asymétries d’informations, des externalités négatives, mais surtout, des inégalités entre les plus riches et les plus pauvres. La rareté des organes profite à certains qui n’hésitent pas à créer un véritable business sur un marché parallèle complètement opaque et illégal. En Chine, le trafic s’est énormément développé et la provenance des organes fait froid dans le dos. Des alternatives commencent à se développer aujourd’hui, la bio-impression permet déjà de créer des organes artificiels. Cette solution divise tout de même la société, les questions de bio éthique sont dans toutes les têtes. Reste à savoir quelle part voulons-nous accorder à la nouvelle technologie dans nos vies. Déjà omniprésente dans notre quotidien, sommes-nous prêts à aller plus loin et à l’intégrer aussi dans notre corps ?

Par Céline Métais et Clarisse Bouet, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

Sources

  • La « marchandisation du corps humain » : les incohérences et les usages réactionnaires d’une dénonciation ; Ruwen Ogien ; publié le 15/05/2012

https://www.raison-publique.fr/article534.html

  • Un marché des organes ? ; Brice Couturier ; publié le 09/05/2014

https://www.franceculture.fr/emissions/les-idees-claires/un-marche-des-organes

  • Un marché sans marchandise ? Répugnance et matching market ; Nicolas Brisset ; 2016

https://www-cairn-info.buadistant.univ-angers.fr/revue-d-economie-politique-2016-2-page-317.htm

  • La marchandisation de l’humain ; Cités ; 2016

https://www-cairn-info.buadistant.univ-angers.fr/revue-cites-2016-1.htm

  • Chine: un rapport dénonce la poursuite de prélèvements forcés d’organes ; AFP ; publié le 18/06/2019

https://www.lepoint.fr/monde/chine-un-rapport-denonce-la-poursuite-de-prelevements-forces-d-organes-18-06-2019-2319560_24.php

  • Chine: des étudiantes vendent leurs ovocytes pour financer leurs études ; RFI ; publié le 13/05/2019

http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20190513-chine-trafic-ovocytes-jeunes-femmes-etudiantes

  • Etats-Unis. Des ovules qui rapportent gros ; LOS ANGELES TIMES ; publié le 25/05/2012

https://www.courrierinternational.com/article/2012/05/16/des-ovules-qui-rapportent-gros

https://www.franceculture.fr/emissions/le-journal-des-sciences/le-journal-des-sciences-du-vendredi-19-avril-2019

  • Bio-impression et médecine régénérative : où en est-on ? ; Pascal Bally · Vincent Weber ; publié le 26/10/2018

https://www.inneance.fr/bio-impression-et-medecine-regenerative-ou-en-est-on/

  • Nanotechnologies, Un nouveau pan de la médecine ; Inserm, publié le 01.06.15

https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/nanotechnologies

  • Aux Etats-Unis, la PMA est libre: “c’est mon corps, mes ovocytes” ; l’Obs ; publié le 27/06/2019

https://www.nouvelobs.com/societe/20190627.AFP9291/aux-etats-unis-la-pma-est-libre-c-est-mon-corps-mes-ovocytes.html

  • Qui a peur des marchés d’organes ? ; Ruwen Ogien ; 2009

https://www.cairn.info/revue-critique-2009-12-page-1025.htm#s1n2

[1] Chiffres du Center for Disease Control

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Commodification and transformation of the human body https://master-iesc-angers.com/commodification-and-transformation-of-the-human-body/ Tue, 20 Feb 2018 13:25:50 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2669 The commercialization of the human body is an eminently controversial issue since it still exists a sacred vision of our body, which perhaps comes from our Christian legacy, and it is therefore difficult to touch it in a commercial context.… Continuer la lecture

L’article Commodification and transformation of the human body est apparu en premier sur Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives.

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The commercialization of the human body is an eminently controversial issue since it still exists a sacred vision of our body, which perhaps comes from our Christian legacy, and it is therefore difficult to touch it in a commercial context. Beyond the questioning of the commercial consideration that one can have of the human body, there are some consequences that the commodification can generate especially in terms of inequality and moral or ethical problems that can be observed. We will see that the commodification of the human body is an historical fact and that it has particularly increased in our time and raised other problems. To go further, we may also be interested in the modifications of the human; of past, present and future humanity. Thus, beyond the sacred body the modification of the human body has been visible for a long time in the history of man, but this idea of ​​modifying the body becomes particularly visible towards the 16th 17th century. Throughout the centuries, what can be seen, in particular with the progress of science and the passing of a certain ethic at present, is the fact that one wants to free oneself from chance, from finitude. The human body is no longer a fatality, no more finite but an improvable object, definable beforehand and while man has taken ascendancy over nature he now takes the ascendancy on his own nature.

An historical haggling of the human body…

Faced with this question and with what the history of our civilizations presents, we start from an observation: that of an actual commodification of the human body.

Indeed, taking the case of prostitution deemed to be “the oldest profession in the world”, this practice is indeed a commodification of the human body since a non-market state is transformed into a market possession that can be praised. There was even a public body management institutionalized of the prostitution in the Middle Ages even if there is also a so-called illicit, that is repressed, made outside “public brothels” or “municipal brothels”. Municipalities owned these public brothels but couldn’t assure the daily management this is why they delegated management to a tenant, with rights that were yearly put to auction. The “public” prostitutes were forbidden to leave the brothel, they ate, slept and were well regarded as a commodity bringing a remuneration.

Then, the sale of slave and the possession of individual (relation master servant), the slave definition of the Larousse is: “Person of condition not free, considered as an economic instrument which can be sold or bought, and which was under the dependence of a master”. The slave is a private property, the existence of it is proven since antiquity and the most known period is perhaps the triangular trade beginning in the 17th century where there was a French code called “Code Noir” wrtittent in 1685 which states rights and duties of masters and slaves in the colonies of the Americas. This one stipulated “We declare the slaves to be furniture”. This represents well an extreme level of commodification.

Even with the development of capitalism and Taylorism, the labour force sold by workers to perform simplified, repetitive tasks is also a commodification of their being. This is another form of slavery, the worker is reduced as “a mere machine to produce wealth for others” (Marx), and this overexploitation still exists. Still further is the appearance that is commodified through standards, through surgery and besides there is a saying in a Latin American country which says “There are no more ugly women, there are only poor women”.

This commodification is often linked to a balance of power between individuals, social groups, etc.

Indeed, concerning prostitution it is an activity most often practiced by women for reasons that are essentially related to male domination, slaves exist to the benefit of rich merchant, bourgeois families and come from war, raid, warrior relationship in general and the worker in his side has no choice but to sell his labour force because he has nothing else. We can also see commodification as a vector of inequality. Indeed, through these examples it creates groups of individuals who have nothing but their body to survive and are totally dependent on a person who is in a position of force. Although banned and condemned by the international community, slavery still exists. According to estimates made by the International Labour Organization (ILO), nearly 25 million people were victims of forced labour in 2016.

Factually, it is clear here that the human body has been relegated to the status of commodity for a long time and this process of commodification tends to increase with science and knowledge of the human body. Indeed, if previously it was the body of an individual in its entirety that was sold now the organs, reproductive gametes can be sold (among others).

Which intensifies with the knowledge of the human body…

Through the increase in the commodification of the human body, a part of the bioeconomy is developing. The living becomes a new source of productivity, the improvement of life sciences and knowledge of the human body allow us to enter into a commodification at a micro level of the human body where the macro level would be the individual himself. It is based on important scientific context, including knowledge of genes. Namely the evolution of technology and science has led to the creation of new services to meet existing needs, including the need to have a child for infertile or homosexual people. It is partly on this ground that the bioeconomy will strongly develop through the sperm and egg banks. Thanks to the current technologies we can now market the human reproductive cells.

Thus, there exists now the rental of a surrogate mother, which egg extraction can relocate to lower costs this is for example the case of an Indian surrogate mother with an American egg.

The increase, the rise of the market share in the human body can generally tend to a harmful sociological effect. Indeed, where moral pressure can be exerted in society because of good conduct, decency and standards-based education, the introduction of a market value may lead to the overcoming of behavioral standard that societal pressures dictated. This is well illustrated by Sandel’s study, which tells us that fear of disapproval and acting in a “bad-eyed” way by society are based on non-monetary values, which were stronger than mere currency. But the example of the daycare introducing a fine system to penalize late parents to pick up their children in the evening did not reduce this tendency to delays and even accentuated it, giving late parents an excuse. Backtracking is no longer possible because the introduction of market values ​​has destroyed old ideas of collective responsibility.

The techniques of artificial procreation consist of being met gametes and reimplantation. The first case of success took place in 1978 in England and was born Louise Brown the first baby said test tube, then came in 1982 Amandine in France, directed by Renée Freyman. We therefore dissociate sexuality and fertilization. Although the first date is in 1978, many tests have been done before, and for example the first in vitro fertilization success in animals is dated 1934. The first attempt in humans dates back to 1944 and failed to be implemented. This evolution really consists in freeing oneself from nature; moreover, in 1993, an Italian doctor allowed a post-menopausal woman over 60 to have a child of her husband who had been dead for 10 years (consider the surrealism of the situation). Yet this is only the beginning of an era since americans can now buy gametes. More than the existing markets, these are the incentives of some companies that are sometimes astonishing and lead to the commodification of the human body. Indeed, we can note for example the case of Facebook which offers its employees to freeze their ovocytes so that they can give birth in thirty years since currently, well, they work body and soul. It will also be necessary to specify that if there is currently no 100% artificial child manufacturing it is because science does not completely master the entire pregnancy process. There is indeed a part that scientists do not master but when they will, then the artificial uterus will be possible as well as an absolute eugenics and the presence of a market with high profitability. There is, moreover, a certain hypocrisy in our world about these practices under which hides a eugenics unconfessed in the light of criticism that was made of the eugenics practiced during the 3rd Reich. If the method is different it is indeed a practice whose ethics are doubtful and revealing many ills of our societies.

Transplantation is also part of these new technologies and is subject to debate. Indeed, in terms of health it is a definite progress since it can radically extend the life expectancy of people whose organs are no longer functional. The problem is that demand far exceeds supply. It should be noted that from 1995 to 2005 the number of patients on the waiting list increased by 4% per year.

This progression of the commodification of the body also tries to extend to the human genome by appropriating it notably via the patent. This is the case of the American company Myriad Genetics, which wanted to patent human DNA. However, the United States Supreme Court decided that there were two types of DNA manufactured. On the one hand, there is “natural DNA”, which does the same thing as what happens inside a person. This one is not patentable. On the other hand, “synthetic DNA”, significantly different, modified, and on which companies can file patents.

With its intensification, the profits also increase. It will be said that there is an extension of the sphere of the market to objects that traditionally has nothing to do with it: the elements and products of the human body become goods.

What only ethics and morals can mitigate

It is through ethics and morality that we can consider limiting this tendency to the commodification of the body but which they too must be discussed.

If the question of merchandising is currently raised it is also because there is a real lack of organ to offer to the people who need it, the demand increases and is much higher than the supply.

So, there is an interest of an incentive to organ removal but once this steps over the temptation it can quickly become too big towards a system or profits and perverse effects can become great.

Here inequalities can be seen in access to these technologies and the need for money, such as advertisements in US universities encouraging women to pay for their studies via egg donation (via financial compensation). With such merchandising we can consider a risk for society to push individuals to sell the product of their body to meet their needs

Patenting itself also presents risks here. Indeed, with it, it is very often only the ethics of researchers who oppose the financial logic that can create a blockage towards research since a company may abuse a dominant position in the matter of strong patenting of the living in addition to all the disputes that may exist of this patentability of life.

The appearance of biobanks that appeal to the gift is also subject to debate. The gift economy feeds on the body of the population and privatizes the fallout. Thus, we should not fall into what calls Céline Lafontaine a “technoscientific cannibalism” in the sense that the body of the poor feeds that of the rich, so a commercialization of the human body in this context may need a particular attention to not create too much inequality and keep an access to the transplant for anyone whose vital diagnosis is engaged.

As we’ve already seen if the question of commodification is currently raised it is also because there is in particular a real lack of organ to offer to the people who need it, the demand increases and is well superior to the supply.

Gary Becker and Julio Elias reminds us that moral considerations about the sale of organs have a price, which amounts to human lives because many individuals die for lack of organ donor, hence the need to introduce a market remunerating the offer to stimulate it. If such questions arise is that the organ market is actually not provided enough, there is not enough death in developed countries compared to the evolution of transplantation and from there emerges medical tourism, the development of other types of medicine such as the regenerative one but also an attribution of market value of the human body.

For the philosopher Ruwen Ogien, this is our culture that generates this difficulty to act on the body elsewhere, this is in China and India where there is the biggest amount of innovation in the bioeconomy applied to the human body as indicated by Céline Lafontaine because these countries do not worry about the precautionary principle that we can have in our countries and that they can more easily experiment directly on humans. For Ogien it would be relevant to have “a market of organs, regulated by the State”, which would have the merit, as in the case of drugs, to “break the existing black market”. Allow what we cannot prevented, but frame it. Also limit medical tourism, keep the hands on these markets to allow a control of the commodification that takes place.

The human body can, indeed, be considered as a commodity, but to the question of how it should be, I think it is necessary to pay attention to the degree of commodification of it because it is a vector of inequality, can slow down the research and can create negative trends in society. Another problem raised by Céline Lafontaine is that of finiteness, because the bioeconomy tends to make the finiteness of the living disappear with possibilities to have individual with life expectancy considerably lengthened, so if one does not manage to conceive of the finiteness of life is also difficult to think of that of our planet, especially through climatic issues.

Par Léandre Meier, 2017-2018 year group of M2 IESCI at the University of Angers

Sources

  • David H. Howard, « Producing Organ Donors », Journal of Economic Perspectives, été 2007
  • Entretien avec Céline Lafontaine du 22 juin 2014 sur RFI
  • Gary S. Becker [Nobel 1992] et Julio Jorge Elías, « Introducing Incentives in the Market for Live and Cadaveric Organ Donations », Journal of Economic Perspectives, été 2007
  • Interview de Jean Salem « la marchandisation du corps par le système capitaliste », 2014
  • « Sperme, ovules et compagnies », Le Monde, 12 septembre 2005
  • Larousse dictionnaire
  • Site de LesEchos
  • Site de l’ONU
  • Site de France Culture

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Google dans la lutte contre le diabète https://master-iesc-angers.com/google-dans-la-lutte-contre-le-diabete/ Thu, 03 Dec 2015 17:26:58 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=1160 Google continue sa lutte contre la maladie chronique du diabète. Cette entreprise a commencé ce combat en juillet 2014 lors de l’alliance avec Novartis, le principal concurrent de Sanofi dans le but de développer un « lentille connectée » qui fut annoncée… Continuer la lecture

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Google continue sa lutte contre la maladie chronique du diabète. Cette entreprise a commencé ce combat en juillet 2014 lors de l’alliance avec Novartis, le principal concurrent de Sanofi dans le but de développer un « lentille connectée » qui fut annoncée en 2012 et qui doit notamment permettre de mesurer le taux de glycémie instantanément grâce à un micro-capteur intégré.

Google a poursuivi son but par une alliance avec DexCom seulement deux jours après la réorganisation massive de Google en août 2015 regroupé dans Alphabet, une structure qui chapeaute toutes les nouvelles activités stratégiques du groupe. DexCom est un groupe spécialisé dans les systèmes de surveillance du diabète que s’est allié le géant américain. Cette association aura pour but de miniaturiser un outil de contrôle de la glycémie.

Et enfin, dernier épisode en date, l’alliance avec le groupe français Sanofi. L’objectif est de trouver des moyens d’améliorer la prise en charge du diabète en développant de nouveaux outils qui devront rassembler un grand nombre d’aspects, auparavant cloisonnés. Nous pouvons y inclure les indicateurs de santé comme : les niveaux d’hémoglobine A1c, la glycémie sanguine, les informations rapportées par les patients, les dispositifs de détection et les régimes médicamenteux.

Toutes ces alliances peuvent nous paraître étranges dans un premiers temps, mais en s’y penchant de plus près, l’union de géants pharmaceutiques et de la branche Life Sciences de Google (le premier moteur de recherche sur Internet) va permettre de combiner les savoirs de la branche pharmaceutique dans le domaine des traitements et des dispositifs médicaux dans le diabète à l’expertise de Google en matière d’analyse de données, d’électronique miniaturisée et de puces de faible puissance.

Des lentilles de contact « intelligentes »

Comme le confirme Andy Conrad, directeur général de la division Sciences de la vie de Google : « Avec l’arrivée de nouvelles technologies permettant de suivre en continu et en temps réel l’état de santé des patients, nous pouvons envisager des méthodes plus proactives et efficaces de contrôle du diabète. » En ce moment, Google développe des lentilles de contact « intelligentes », qui sont munies de capteurs miniaturisés pour mesurer en permanence le taux de glucose (en partenariat avec le grand rival de Sanofi, les laboratoires Novartis !).

Google s’est lancé dans le marché du diabète car il est très convoité au niveau mondial. C’est logique : évalué entre 26,4 et 27,3 milliards d’euros par an en termes de chiffre d’affaires, il ne cesse de progresser, selon IMS Health. Dans les cinq prochaines années, IMS Health prévoit une croissance d’environ 15 %. Selon la dernière édition de l’Atlas du diabète de la Fédération internationale du diabète, le nombre de personnes atteintes de cette maladie passera de 382 millions à 592 millions à l’horizon 2035. Il s’agit donc d’un véritable problème de santé publique, voire d’une « pandémie mondiale », qu’il est impératif de combattre avec les technologies les plus modernes.

Le dernier partenariat en date est avec le groupe pharmaceutique français : Sanofi

Présentation des deux groupes :

            Sanofi :

Sanofi est un leader mondial de la santé centré sur les besoins des patients, engagé dans la recherche, le développement, la fabrication et la commercialisation de produits de santé, avec une offre diversifiée de médicaments, de vaccins et de solutions thérapeutiques innovantes. Ses activités principales sont :

  • la pharmacie, elle représente un chiffre d’affaires de 27 720 000€ soit 82 % du chiffre d’affaires totale.
  • l’activité de vaccins, 4 millions d’euros de chiffre d’affaires soit 12 % du total.
  • La santé animale avec 2 millions d’euros de chiffes d’affaires soit 6 % du total.

Elle représente un chiffre d’affaires total de 33 770 millions d’euros en 2014, ce qui en fait le quatrième groupe pharmaceutique mondial en termes de ventes.

Plus particulièrement sur le secteur du diabète, Sanofi s’engage à aider les patients à prendre en charge cette maladie complexe, en leur proposant des solutions innovantes, intégrées et personnalisées. Grâce à une écoute attentive des patients diabétiques et à son engagement à leurs côtés, le Groupe a formé plusieurs partenariats dans le but de développer des outils diagnostiques, des traitements, des services et des dispositifs médicaux, notamment des lecteurs de glycémie innovants. Sanofi commercialise des médicaments injectables et oraux pour le traitement du diabète de type 1 et de type 2.

            Google :       

Google est une entreprise fondée le 4 septembre 1998 dans le garage Google dans la Silicon Valley, en Californie, par Larry Page et Sergueï Brin, créateurs du moteur de recherche Google. L’entreprise s’est principalement fait connaître à travers la situation monopolistique de son moteur de recherche, concurrencé historiquement par AltaVista puis par Yahoo! et Bing. Elle a ensuite procédé à de nombreuses acquisitions et développements et détient aujourd’hui de nombreux logiciels et sites web notables parmi lesquels YouTube, le système d’exploitation pour téléphones mobiles Android, ainsi que d’autres services tels que Google Earth, Google Maps ou Google Play.

En ce qui concerne la division Science de Google, elle se propose de délaisser le modèle de soins réactifs pour un modèle proactif. Combinant les savoirs faires dans le domaine de la biologie, de la chimie, de la physique, de la médecine, de l’ingénierie électrique et de l’informatique, elle développe de nouveaux outils technologiques pour les médecins qui peuvent s’intégrer facilement à la vie quotidienne des patients et transformer la détection, la prévention et la prise en charge des maladies. Au nombre des projets actuellement en développement figurent des lentilles cornéennes « intelligentes » munies de capteurs miniaturisés du glucose, et une plateforme de nanodiagnostic pour la détection précoce des maladies et des ustensiles adaptés (Liftware) pour les personnes présentant des tremblements.

Il y aurait une logique dans la stratégie de Google : le moteur de recherche, Android, Youtube sont des produits que l’on utilise en continu, a priori tant qu’ils existeront. La prévention et le suivi du diabète se font a priori de la même façon : le traitement se fait à vie, les patients/clients deviennent captifs, comme pour Youtube, Android qui sont leaders sur leur marché.

            Le diabète :

Le diabète se caractérise par une inefficacité de l’organisme à réguler sa glycémie, c’est-à-dire sa concentration de sucre dans le sang. Chez une personne saine, les cellules du pancréas peuvent détecter l’augmentation du taux sanguin de glucose lors des repas et fabriquent en retour une hormone peptidique appelée insuline. Celle-ci permet au glucose de pénétrer dans les différents organes et d’être stocké ou converti en énergie. Chez les diabétiques en revanche, l’insuline n’est pas suffisamment produite et la glycémie reste élevée. À long terme, ces hyperglycémies peuvent altérer les nerfs et les vaisseaux sanguins. Il existe deux sortes de diabète, le diabète de type 1 et le diabète de type 2 présentés ci-dessous :

Le diabète de type 1 est une forme immédiatement diagnostiquée

 Elle se manifeste souvent dès le plus jeune âge. Le pancréas est dans l’impossibilité totale de fournir l’insuline, l’hormone qui régule l’utilisation du sucre par le corps. L’injection d’insuline est nécessaire à la vie des malades.

Le diabète de type 2, un diabète qui vit caché

Le diabète de type 2 est la forme la plus répandue et la plus insidieuse de la maladie. L’insuline produite par le pancréas agit mal (insulinorésistance) et au fil du temps le pancréas s’épuise et n’arrive plus à produire une quantité d’insuline suffisante (carence en insuline). Le taux de sucre dans le sang (glycémie) est irrégulier. Les conséquences de ce dysfonctionnement peuvent passer inaperçues. En France, 700 000 personnes ignoreraient leur diabète. Il apparaît à l’âge mûr, généralement à partir de 40 ans et lors de la vieillesse.

Son origine est souvent génétique. La présence de personnes diabétiques dans le cercle familial proche prédispose à la maladie et doit inciter à effectuer des dépistages réguliers. Le diabète a également des causes environnementales et culturelles. Des habitudes alimentaires trop riches ou déséquilibrées accentuent le risque. Le surpoids et l’obésité sont des facteurs aggravants de la maladie, car ils sont responsables de l’insulinorésistance, à plus forte raison si toute activité physique est absente.

L’objectif de la collaboration sur une nouvelle technologie numériques et des outils pour le diabète

Le 31 août 2015 a eu lieu la conférence de presse à Paris et Mountain View en Californie de la division Sciences de la vie de Google et Sanofi. Ils y ont annoncé la mise en place d’une collaboration dans le but d’améliorer la prise en charge ainsi que les résultats cliniques des personnes atteintes du diabète de type 1 et 2.

« En tant que leader mondial dans le traitement du diabète, nous avons à la fois le devoir et l’engagement de proposer des solutions intégrées aux personnes atteintes de cette maladie », a expliqué le Dr Olivier Brandicourt, Directeur Général de Sanofi.

Sanofi et la Division Sciences de la vie de Google combineront leurs savoirs faires en sciences et en technologie, pour travailler sur de meilleures façons d’analyser, de collecter et comprendre les multiples sources d’information impactant le diabète. Les patients voient dans cette collaboration l’espoir de faciliter la gestion de leur diabète avec une réduction des risques de complication et à long terme une baisse des coûts des soins.

« Avec Sanofi, nous pensons que la prise en charge du diabète peut être plus simple et plus pratique, ce qui peut aider les patients à atteindre une meilleure qualité de vie.» a expliqué Andy Conrad, Directeur Général de la Division Sciences de la vie de Google.

« Nous avons développé un savoir-faire en matière de solutions intégrées et holistiques associant médicaments, dispositifs médicaux, technologies et services », a précisé Pascale Witz, Vice-Président Exécutif de Sanofi, qui dirigera l’entité mondiale Diabète et Cardiovasculaire dans le cadre de la nouvelle structure organisationnelle du Groupe.

Pour Google, la lutte contre cette maladie n’est pas forcément un enjeu financier. Le but de cette mobilisation est de venir au secours de centaines de millions de malades impatients de voir évoluer et soulager leur quotidien. La firme californienne détient un atout considérable dans le Big Data, la gestion de données de masse, c’est pourquoi elle est plus à même de parvenir à la gestion des données dans le domaine pharmaceutique. Dans la lutte contre cette maladie, “il faut une approche plus individuelle, pas statistique et moyenne”, plaide dans Les Echos Andrew Conrad. Lorsque le patient doit autant s’impliquer dans sa guérison, les smartphones et autres outils connectés sont une aubaine pour lui donner de meilleures indications sur son taux de glycémie. Google (avec ses partenariats) devient alors le parfait candidat pour leur simplifier la vie.

Jérémy Le Roy, étudiant du M2 IESC promotion 2015-2016

Sources :

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/anne-jeanblanc/diabete-qu-apportera-le-mariage-entre-sanofi-et-google-01-09-2015-1960970_57.php

http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/08/31/sanofi-s-allie-avec-google-dans-la-lutte-contre-le-diabete_4741692_3234.html

http://www.futura-sciences.com/magazines/high-tech/infos/actu/d/high-tech-diabete-google-invente-lentilles-mesurent-glycemie-51705/

www.sanofi.com/

http://www.contrelediabete.fr/quest-ce-que-le-diabete.html

http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/diabete/niv2/diabete-definition.htm

http://www.sanofi.com/NasdaQ_OMX/local/press_releases/sanofi_noue_une_collaboration__1948643_31-08-2015!15_06_00.aspx

https://googleblog.blogspot.fr/2014/01/introducing-our-smart-contact-lens.html

http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/pourquoi-le-diabete-est-devenu-une-marotte-chez-google_1711567.html

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Google : La Neuro Révolution est en marche https://master-iesc-angers.com/google-la-neuro-revolution-est-en-marche/ Sat, 29 Nov 2014 12:20:26 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=807 Depuis quelques années, on voit apparaître de nouvelles technologies de plus en plus perfectionnées, dotées de fonctionnalités toujours plus novatrices. Les firmes américaines comme Google, Apple, Facebook, Microsoft, etc se sont lancées dans cette course à la technologie.  En réalité, cette… Continuer la lecture

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Depuis quelques années, on voit apparaître de nouvelles technologies de plus en plus perfectionnées, dotées de fonctionnalités toujours plus novatrices. Les firmes américaines comme Google, Apple, Facebook, Microsoft, etc se sont lancées dans cette course à la technologie.  En réalité, cette compétition effrénée à l’innovation dissimule une stratégie de long terme qui est la conquête, l’augmentation, l’amélioration de l’humain via le transhumanisme et l’investissement massif dans les NBIC (Nanotechnologies, Biologie, Informatique, Sciences Cognitives). Le 21ème siècle s’annonce comme le siècle de la neuro-révolution.  L’homme machine des films de science fiction n’est plus utopie mais devient bien réel. Entre espoir et apeurement, comment une firme comme Google arrive-t-elle à se placer comme l’un des acteurs principaux de cette révolution ? Et à quelles limites cette entreprise va-t-elle être confrontée ?

Qu’est-ce que le transhumanisme ?

Le transhumansime est un mouvement de pensée qui a vu le jour dans les années 1950. Ce mouvement connaît sa véritable expansion à partir des années 1990 avec la recherche scientifique qui s’oriente vers les NBIC. La définition originelle de ce terme nous vient de J. Huxley, biologiste qui a défini en 1957 ce mouvement comme : “Un homme qui reste homme, mais qui se transcende en utilisant de nouvelles possibilités de et pour sa nature humaine“. En d’autres termes, on peut dire qu’il s’agit d’un mouvement intellectuel et culturel prônant l’usage des sciences et des techniques, ainsi que les croyances spirituelles afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Le transhumanisme considère certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort comme inutiles et indésirables.

A terme, ce courant de pensée veut créer “l’homme 2.0“. Il est symbolisé par un “H+“ pour souligner l’idée de l’homme amélioré. D’ailleurs,  B.F Skinner dit : « De ce que l’Homme peut faire de l’Homme, nous n’avons encore rien vu ». Le développement de cette pensée s’est fait sous l’impulsion de la théorie de l’évolution de Darwin qui sous-entend pour les transhumanistes, que l’homme n’a pas atteint son stade d’évolution finale. Et que la technologie peut l’y conduire. Ce mouvement, très peu connu en France est en pleine expansion, et les firmes multinationales comme Google s’y intéressent fortement. On voit d’ores et déjà chez Google le développement de certains produits qui laissent présager l’idée que la création de “l’homme machine“ ou “l’homme 2.0“ via le développement de l’intelligence artificielle est proche.

Quelles actions mises en place par Google vont dans le sens de l’homme machine ?

D’un simple moteur de recherche à une neuroprothèse : voici l’objectif de google

Ceux qui voient Google comme un géant de l’internet, un moteur de recherche ultra puissant se trompent. Certes, Google permet cela mais il s’agit également d’un panel d’outils, d’applications qui permettent de faciliter notre quotidien et ceux qui utilisent Google tous les jours en sont particulièrement conscients. Des outils comme : Gmail, Drive, Analytics, Adwords, … . Mais la société investit aujourd’hui de façon massive dans les NBIC par le rachat ou la création d’entreprises.

L’intérêt que porte Google au mouvement transhumanisme n’est pas récent. L’ancien PDG de Google, Eric Schmidt disait : “Ce que nous essayons de faire, c’est de construire une humanité augmentée, nous construisons des machines pour aider les gens à faire mieux les choses qu’ils n’arrivent pas à faire bien“. D’ailleurs, les derniers travaux développés par Google dans le domaine des NBIC témoignent de cet intérêt : réalité augmentée, santé, intelligence artificielle, séquençage ADN, la robotique. L’objectif est de faire de google : “ le troisième hémisphère de notre cerveau“ selon Eric Schmidt. À court terme, c’est de réussir à implanter des neuroprothèses qui auront pour but de vous donner la réponse à une question avant même que vous ne l’ayez formulée.

Comment se traduit cette volonté chez Google ?

Comment fonctionne le cerveau ? Cet outil si complexe qui nous rend si unique fait l’objet de nombreuses recherches pour tenter de comprendre comment cette machine fonctionne. Comme pour la quête du graal, celui qui découvrira les secrets du cerveau humain disposera d’un avantage considérable. Et c’est pour cela que des géants qui sont nés de la révolution des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) se sont lancés dans cette course. L’enjeu stratégique du 21ème est donc le cerveau et l’on risque d’assister à une neuro-révolution entamée par des acteurs tels que : Google, Apple, Facebook.  Google à décider de créer le Google X Lab  pour développer en toute confidentialité tous les projets portants sur les NBIC. La localisation de ce laboratoire est secrète, on sait seulement qu’il se situe au alentour de la baie de San Francisco. Au sein de ce labo, plus d’une centaine de projets sont menés pour conduire à l’éclosion d’une nouvelle génération d’individu : l’homme machine.

Ainsi, Google a adopté un processus en 8 étapes pour créer l’homme du futur :

  1. L’orientation : La société Google fournit des moyens de nous orienter dans l’espace ou sur le web (Via Google Search, Google Map, Google Earth).
  2. La mémoire : Google Drive, Gmail, ou encore Picassa nous offrent la possibilité de stocker des informations, des données et ainsi de les mémoriser. Google nous offre une mémoire de substitution qui va conduire à la création de notre mémoire virtuelle
  3. La réalité augmentée : Cette réalité se traduit par l’apparition des Google Glass qui envoient directement des informations au cerveau par le biais de la rétine.
  4. L’intelligence artificielle : Cela traduit la croyance partagée par les dirigeants de Google pour le transhumanisme.
  5. La robotique :
Le fleuron de la robotique pour Google est représenté par la Google Car, cette voiture qui vous emmène d’un point A à un point B sans le besoin d’un conducteur. Google a également racheté les 8 plus puissantes sociétés de robotiques de la planète et ce en seulement un mois :

– le 2 décembre 2013 Schaft.inc Robot humanoïde

– le 3 décembre 2013 Industrial Perception

– le 4 décembre 2013 Redwood Robotics

– le 5 décembre 2013 Meka Robotics

– le 6 décembre 2013 Holomni

– le 7 décembre 2013 Bot & Dolly

– le 8 décembre 2013 Autofuss

– le 13 décembre 2013 Boston Dynamics

Google ne cesse de racheter des entreprises spécialisées dans le secteur de l’intelligence artificielle ou de la robotique. Tous ces rachats vont dans le sens du  transhumanisme et l’homme machine risque de voir le jour très rapidement même si la firme se heurte à quelques barrières éthiques pour le moment.

  1. La biotechnologie : Construire “l’homme 2.0“, tel est l’objectif de ce domaine. Il s’agit au travers de la sélection des embryons, de la neurogénétique, des neuroprothèses d’améliorer les capacités physiques et cérébrales d’un individu. La société “23andme“ filiale de Google, dispose du monopole dans la sélection embryonnaire. L’objectif via cette sélection génétique est de créer “des enfants plus beaux et plus intelligents“ ce qui relève de l’eugénisme. Et donc, de tous les problèmes éthiques qui en découle mais nous verrons cela dans les limites. Mais Google est également sur le point de développer des prothèses intra cérébrale qui permettent la fusion de l’artificiel et du biologique et ainsi de tendre vers l’objectif de Google qui est d’améliorer les capacités humaines.
  2. Faire reculer la mort :
L’objectif de Google dans ce domaine est clair. L’entreprise veut augmenter l’espérance de vie dès le 21ème siècle de 20 ans. Pour ce faire, Google a créé l’entreprise Calico dont l’objectif est de se concentrer sur le défi de la lutte contre le vieillissement et les maladies associées avec pour projet de “Tuer la mort“.
  3. Assurer une conscience éternelle : Dans ce domaine, on touche à l’immortalité, ce dont rêve tout bon transhumaniste. L’idée selon laquelle on pourrait transférer l’âme d’un individu sur des circuits intégrés afin de permettre un transfert en cas d’accident. On peut comparer cela à une sauvegarde de disque pour pallier à une éventuelle perte de données.

Toutes ces étapes font parties d’un processus qui met à jour la stratégie de long terme de Google de créer l’homme machine capable de vivre 200 ans. La quête de l’homme 2.0 soulève certaines problématiques en termes d’éthique. On pourrait facilement conclure que Google cherche à se prendre pour Dieu. De plus, certains mouvements tels que le nazisme ont été fort critiqué pour avoir tenté de créer une race supérieure. Donc Google va devoir surmonter un certain nombre de barrière pour pouvoir implanter sa vision stratégique dans l’inconscient collectif afin d’atteindre ses objectifs.

Quelles limites les entreprises qui se lancent dans cette quête vont-elles rencontrer ?

Il est clair que ce que nous fait miroiter Google peut paraître attrayant voir même excitant mais toute cette évolution en termes de technologie doit être encadrée. En effet, dans un article publié en Mai 2014 dans The Independant, le physicien Stephen Hawking, le nobel de physique Frank Wilczek, l’informaticien Stuart Russell et le physicien Max Tegmark ont dit que “la réussite dans la création de l’intelligence artificielle serait le plus grand évènement dans l’histoire humaine. Malheureusement ajoutent-ils, ce pourrait aussi être le dernier, sauf si nous apprenons comment éviter les risques engendrés par cette création“.

Selon une enquête Crédoc, les français se montrent plutôt désireux de repousser les limites du corps humain. Cependant, ils sont 85 % à être réfractaire à la greffe de composants électroniques sur le cerveau. La raison de ce refus concerne le risque de perdre son identité en agissant sur le cerveau humain. En revanche, les greffes physiques reçoivent un fort succès dans cette enquête. Seule l’action sur le cerveau fait peur.

Quels sont ces risques ? Si notre cerveau devient un ordinateur surpuissant connecté, nous prenons le risque de nous le faire pirater. C’est ce que nous dit le fondateur de Deep Mind, rachetée par Google, leader dans le domaine de l’intelligence artificielle : “l’intelligence artificielle peut menacer l’humanité dès le 21ème siècle. A l’ère des prothèses cérébrales, le risque de neuro-manipulation, de neuro-hacking et donc de neuro-dictature est immense“. D’ou la nécessité d’encadrer les entreprises qui travaillent sur ce secteur d’activité.

L’autre risque inhérent à une telle révolution est de se prendre pour Dieu. De quel droit pouvons-nous modifier les capacités d’un homme pour le rendre plus performant ? Est-ce éthiquement ou moralement acceptable de rééquilibrer les capacités de chaque individu ?  Avons-nous le droit de modifier les capacités d’un individu même si la technologie nous le permet ? L’intention qui en découle est louable mais on va à l’encontre de l’ordre établi. On ne laisse plus place à la nature pour définir les capacités qui nous sont données dès la naissance vu que l’on va pouvoir modifier nos aptitudes par la suite. N’est-ce pas se prendre pour un dieu que d’agir de la sorte ?

L‘autre limite d’une telle révolution est de conduire à une indifférenciation des individus. En effet, le fait de doter tout le monde des mêmes capacités va conduire à l’émergence d’un individu unique semi robot, semi homme. Ceci pourrait conduire à la perte de l’humanité car si l’on atteint ce stade tant convoité par les transhumanistes, comment pourront-nous innover et faire face au problème auxquels nous pourront être confrontés ? En effet, aujourd’hui, l’innovation nait de notre différence, des débats que cela peut occasionner ; c’est de la confrontation, de l’échec, etc que naissent les évolutions de demain. Or, si nous arrivons avec cette neuro-révolution à créer un être unique (l’homme 2.0), comment pourront-nous mettre en place de tels processus ? Ne risquons-nous pas de rentrer dans un cercle destructeur ?

Enfin, que devient la part de la culture et de l’éducation dans un tel système ? De nombreuses études montrent que le fait d’être initié à l’art et à différentes cultures durant la formation d’un individu lors de son cursus scolaire augmente les connections neuronales de son cerveau car il apprend à penser autrement, à se forcer à réfléchir, à émettre des hypothèses, etc. Mais la neuro révolution va nous rendre omniscient dès la naissance. N’y a t’il pas un risque de devenir des robots incapable de penser de manière autonome ? Au lieu d’augmenter nos capacités en venant relayer le cerveau pour certaines taches, l’homme 2.0 ne va-t-il pas déconnecter son cerveau au dépend de la machine et devenir un robot ?

Voilà toutes les nombreuses questions qui découlent de la neuro-révolution qui est en marche. Le 21ème siècle s’annonce comme un siècle révolutionnaire où l’on risque de voir s’affronter les neuro révolutionnaires et les bio conservateurs. Malheureusement, on ne peut émettre que des hypothèses et des interrogations sur ce sujet car nous sommes seulement aux prémisses de cette révolution. Mais le sujet fait débat auprès de la communauté scientifique.

Conclusion :

La Google Car, les Google Glass ne représentent que le commencement d’une révolution qui a été initié par Google. Avec le Google X Lab, la société se lance pleinement dans les NBIC. La volonté des dirigeants de participer à la création de l’homme 2.0 est stimulée par le courant de pensée appelé le transhumanisme. L’idée selon laquelle on va pouvoir améliorer les conditions physiques et cognitives de l’être humain. Cette évolution vers laquelle tend Google est la conséquence de l’apparition des NTIC qui ont conduit à l’émergence d’une nouvelle économie : l’économie de la connaissance. Par conséquent, l’acquisition de nouvelles connaissances devient l’un des éléments clé de la compétitivité d’un individu. Le cerveau devient l’un des enjeux stratégique clé du 21ème siècle. Et c’est pour cela que Google veut développer des produits qui vont permettre d’améliorer les capacités d’une personne. Un tel projet est louable et peut susciter une certaine excitation chez l’ensemble des individus. Cependant, cela provoque également de nombreuses réactions. Les Bio conservateurs ne voient pas d’un très bon œil un tel projet, la perte d’identité représente la principale limite avec le manque d’encadrement qui pourrait conduire au piratage du cerveau et à la neuro dictature. Cette révolution peut conduire à la plus grande découverte de l’humanité à condition que des organismes de surveillance pour encadrer de tels projets soient mis en place. C’est d’ailleurs ce qu’a fait Google en créant un comité d’éthique au sein de sa société.

Les autres géants ne restent pas sans rien faire notamment avec Facebook et l’Occulus Rift a franchi également un pas vers cette dimension.
Apple est lui aussi entré dans le domaine de la santé et a de grandes ambitions sur le domaine.

L’objectif caché de tels projets est néanmoins la quête de l’immortalité. Mais peut-être vaut-il mieux vivre 90 ans normalement que 300 ans modifié physiquement et cognitivement ?

Guillaume VIGOUROUX, étudiant promotion 2014-2015 du M2 IESC

http://www.doyoubuzz.com/guillaume-vigouroux

Références bibliographiques :

  • Articles :

http://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/0203895516022-google-fait-le-pari-des-nanotechnologies-pour-la-sante-1058424.php

http://www.ouest-france.fr/google-le-geant-du-web-veut-traquer-le-cancer-dans-nos-cellules-2941270

http://www.notretemps.com/internet/google-mise-sur-la-realite-augmentee,i70490

http://www.numerama.com/magazine/31047-google-conforte-ses-positions-dans-l-intelligence-artificielle.html

http://www.egaliteetreconciliation.fr/Qu-est-ce-que-le-transhumanisme-24397.html

http://www.theoria.fr/le-transhumanisme-un-etat-contre-nature-i-les-origines-du-transhumanisme-une-humanite-decevante-3658/

http://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/05/05/les-neuro-revolutionnaires_4411828_1650684.html

http://www.la-croix.com/Ethique/Sciences-Ethique/Sciences/La-tentation-transhumaniste-2014-10-13-1248286

http://www.webmarketing-com.com/2014/10/28/33078-google-en-route-vers-neuro-revolution

  • Dossier

http://www.lincoste.com/ebooks/pdf/sciences_sociales_et_humaines/philosophie/transhumanisme.pdf

https://hal.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/779615/filename/20686_ACHOUCHE_2011_archivage.pdf

http://www.philosophie.ens.fr/IMG/Bateman%20Gayon%20Médecine%20Sciences.pdf

http://www.ec-lyon.fr/sites/default/files/cr_transhumanisme.pdf

http://sniadecki.files.wordpress.com/2013/12/dossier-transhumanisme.pdf

http://enault.christian.free.fr/sti2d/scth/2-externalisation/google.pdf

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Le cœur artificiel made in France https://master-iesc-angers.com/le-coeur-artificiel-made-in-france/ Tue, 24 Dec 2013 11:00:54 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=522 Le 20 Décembre, la jeune société innovante CARMAT a annoncé son premier succès d’implantation le cœur artificiel aux hommes que ce projet a été posé le premier brevet depuis 25 années par le professeur Alain Carpentier. Avec la première implantation… Continuer la lecture

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Le 20 Décembre, la jeune société innovante CARMAT a annoncé son premier succès d’implantation le cœur artificiel aux hommes que ce projet a été posé le premier brevet depuis 25 années par le professeur Alain Carpentier. Avec la première implantation du cœur artificiel par une équipe de l’hôpital parisien George Pompidou le mercredi 18 décembre. C’était la première fois du monde.

Le commencement du projet du cœur artificiel

CARMAT est une entreprise du secteur biomédical qui a conçu le premier cœur artificiel ortho topique et biocompatible. Cette société a été fondé par le groupe EADS (European Aeronautic Deence and Space Company) et Truffle capital. En 1988, un premier brevet sur le cœur artificiel est déposé par le professeur Carpentier. En 2010, la société est entrée en Bourse sur le marché Alternext de Nyse-Euronext Paris dans le but de financer son développement et réaliser des expérimentations du cœur CARMAT sur l’homme, afin d’obtenir le marquage CE pour sa commercialisation. Au cours de son développement du cœur artificiel, CARMAT a déposé plus de 10 brevets à l’Office européen des brevets sur la création de matériaux hémocompatibles et leurs utilisations dans un cœur artificiel.

Comment le cœur artificiel fonctionne-t-il  ?

Cette prothèse pèse 860 grammes et est composé d’éléments présents au sein de l’organe naturel : deux ventricules, quatre valves et un système de régulation. Elle nécessite de différents capteurs de pression, un accéléromètre mis en jeu lors des changements de position, enfin un détecteur à ultrason pour contrôler le déplacement des parois. Le cœur artificiel est connecté aux oreillettes cardiaques naturelles du patient. Le cœur est un mélange de matériaux plastiques et biologiques. « Les plastiques nous ont causé bien des soucis, l’acrylate, choisi pour fabriquer le corps de la prothèse, se fissurait et, par miracle, on est tombé sur un nouveau matériau plastique »a expliqué le professeur Alain Carpentier, cité dans le journal « Libération ».

Cette réussite indique aussi au sens économique, car elle associe la recherche scientifique et innovation industrielle et financière. Après l’introduction du cœur artificiel, l’action est passée au-dessus des100 euro (21.12.2013) contre 18. Le cœur artificiel CARMAT sera commercialisé et implanté sur plusieurs patients en Europe et dans le monde entier. Le problème de cœur est la première maladie cardiaque des européens et des américains qui sont touchés par cette crise chaque année. Pour le prix, il pourrait coûter environ 150 000 euros ou 20 000 euros par ans en moyenne pour un patient. CARTMA a aussi prévu de commercialiser cette prothèse au marché des organes. Les investisseurs seront récompensés avec un marché potentiel de plusieurs milliard d’euros. En plus, la Bourse de CARTMA a pour l’objectif de rester indépendant aux nouveaux investisseurs.

Sources : Le monde, BFM TV, Libération, Ouest-France, www.cartmasa.com

Auteur : Bouasavanh PHOMMAVONGSA

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