Energie Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Wed, 15 Dec 2021 13:22:43 +0000 fr-FR hourly 1 Le repositionnement stratégique de la France sur le nucléaire pour produire une énergie décarbonée https://master-iesc-angers.com/le-repositionnement-strategique-de-la-france-sur-le-nucleaire-pour-produire-une-energie-decarbonee/ Wed, 15 Dec 2021 13:22:43 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3536 Les enjeux de souveraineté énergétique sont au cœur des stratégies de développement, voire de survie économique des nations depuis les diverses révolutions industrielles et les avancées technologiques qu’elles ont entraînées. Relativement dépourvue en ressources naturelles susceptibles de subvenir à ses… Continuer la lecture

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Les enjeux de souveraineté énergétique sont au cœur des stratégies de développement, voire de survie économique des nations depuis les diverses révolutions industrielles et les avancées technologiques qu’elles ont entraînées. Relativement dépourvue en ressources naturelles susceptibles de subvenir à ses besoins en la matière, telles que le pétrole ou le gaz, la France a décidé dans les années 1960 de se tourner vers une technologie alors très en vogue : le nucléaire. Le recours à l’uranium permettait en effet de faire face aux fluctuations des marchés de l’énergie et aux aléas géopolitiques survenant au niveau des pays producteurs de ressources fossiles, tout en développant un système d’approvisionnement énergétique aux coûts davantage prévisibles. Après les réussites des projets expérimentaux de la fin des années 1950, les trois décennies suivantes ont vu l’expansion fulgurante du parc nucléaire français qui comptait près de 60 réacteurs à l’aube des années 1990.

Cependant, cet élan a connu un net ralentissement à la suite notamment de la catastrophe de Tchernobyl de 1986 et au ralentissement de la croissance économique du pays. La décennie 1990 et le début des années 2000 n’ont ainsi vu que l’achèvement de projets en cours et aucun nouveau chantier n’a été entamé. Par la suite, la popularité du nucléaire en France a continué à se détériorer, suite au fiasco de la construction de la centrale nucléaire d’Olkiluoto en Finlande, débutée en 2003 et confiée à Areva (aujourd’hui Orano), qui a vu son échéance être sans cesse repoussée (la mise en service du réacteur EPR est prévue pour 2022) et ses coûts exploser ; ou encore au terrible accident survenu en mars 2011 à Fukushima. À l’instar de Tchernobyl, cet incident au Japon a suscité un émoi mondial et a fait ressurgir de vives inquiétudes sur les questions de sûreté liées à cette technologie.

Représentant plus de 75% de sa production énergétique, le recours au nucléaire a toutefois été confirmé en France avec des mesures de surveillance sensiblement renforcées. Mais la conjoncture de l’époque, couplée à l’opposition de plus en plus véhémente de l’opinion publique a dessiné une tendance générale se dirigeant vers une réduction significative de l’usage de l’atome. Dans le courant des années 2010, le gouvernement a annoncé vouloir réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % d’ici 2025, mais en 2017, cette échéance a été repoussée de dix ans. Par ailleurs, en 2020, la centrale de Fessenheim, qui était alors la plus ancienne encore en activité, a été définitivement arrêtée. En parallèle, il a été décidé que 14 des désormais 56 réacteurs actuellement en service devaient subir le même sort avec la même date butoir de 2035.

Ainsi, le parc nucléaire français compte aujourd’hui 56 réacteurs fonctionnant tous sur la même technologie à eau pressurisée, et un réacteur de troisième génération (EPR) est en construction à Flamanville depuis 2007 et sera mis en service en 2023. Ce parc est néanmoins assez ancien, la plupart des réacteurs ont plus de 30 ans et les derniers mis en service sont ceux de Civaux en 2002 (fig 1 & 2).

À l’aube de l’année 2021 le sort du nucléaire en France et dans de nombreux autres pays semblait alors scellé, mais contre toute attente, cette année aura vu la tendance s’inverser et un certain retour en force de l’énergie atomique à l’échelle mondiale.

En réponse à l’urgence climatique, le retour en force du nucléaire

La remontée en flèche de la cote de popularité du nucléaire vient pour beaucoup des mesures prises par divers pays pour réduire leur recours aux énergies fossiles. Face à l’urgence climatique, la France a par exemple affiché sa volonté de produire une énergie la plus décarbonée possible. Or dans cette optique, le nucléaire a l’avantage de proposer une solution, certes loin d’être parfaite, mais qui a l’avantage d’être pilotable, efficace et non émettrice de CO2. Par ailleurs, ce regain d’intérêt se retrouve dans les chiffres, d’après le sondage Odoxa « Retour de flamme des Français en faveur du nucléaire » de 2021, 59 % d’entre eux sont aujourd’hui favorables au nucléaire alors qu’ils n’étaient que 47% en 2018.

En France, le Président de la République a annoncé le 12 octobre 2021 un ambitieux plan de relance baptisé « France 2030 » qui se voit doté d’une enveloppe de 30 milliards d’euros répartis sur 5 ans afin de poursuivre les efforts dans la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir et à ce titre, huit milliards sont accordés au secteur de l’énergie. L’un des objectifs fixés à cette filière est notamment de faire émerger en France des réacteurs nucléaires de petite taille, innovants et avec une meilleure gestion des déchets.

Par ailleurs, Emmanuel Macron a annoncé le 9 novembre 2021 lors d’une allocution télévisée la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Il n’a cependant pas précisé leur nombre ou leur localisation mais tout porte à croire que ces chantiers concernent des EPR, à l’instar du réacteur de Flamanville qui sera le premier de ce type en France au terme de sa complétion prévue pour 2023.

L’acronyme EPR signifie « European Pressurized Reactor ». Ce type de réacteur d’une puissance d’environ 1 600 MW est né d’un accord de coopération signé entre Framatome et Siemens datant de 1989. Celui-ci devait développer une nouvelle technologie de réacteur pour les marchés français et allemands, mais aussi pour l’export. Toutefois l’Allemagne se retire en 1998 après l’arrivée des verts au gouvernement, et laisse le projet aux mains des français EDF et Areva (né en 2001 de la fusion de Framatome, Cogema et CEA Industrie). La conception de l’EPR permet en théorie une exploitation d’au moins 60 ans. Aujourd’hui il n’existe que ? réacteurs de ce type en service et ceux-ci se situent sur la centrale chinoise de Taishan, dans le sud-est de la Chine. Construits pendant neuf ans avec la participation d’EDF, leurs mises en service datent respectivement de 2018 et 2019. L’un de ces deux EPR a d’ailleurs rencontré des problèmes en juin dernier, forçant sa mise à l’arrêt et créant de premiers doutes sur l’usage de cette nouvelle technologie. La cause de cet incident n’a été identifiée que très récemment et il semblerait qu’un défaut de conception de la cuve soit en cause, ce qui a poussé la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) à mettre en garde contre de potentiels problèmes similaires sur d’autres EPR.

Malgré ce premier « accroc » pour ce nouveau procédé, le regain d’intérêt pour l’atome de la part de l’exécutif français et de l’opinion public reste une réalité. Dans ce nouveau contexte, on peut notamment mettre en exergue les incessantes actions d’influence et de lobbying menées par les défenseurs du secteur. Les grands acteurs du nucléaire (EDF, Orano, Framatome,…) ont par exemple créé en juin 2018 le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (GIFEN), qui a pour but de donner plus de visibilité aux acteurs de la filière, en France et à l’international.

Par ailleurs, les militants pro-nucléaires commencent aussi à se faire entendre. À ce titre, le collectif « les Voix du nucléaire » s’est fait connaître en 2020 en manifestant contre la fermeture de la centrale de Fessenheim devant les locaux de Greenpeace. Nombre de personnalités politiques de tous bords ont aussi changé leur fusil d’épaule et affichent désormais leur soutien au nucléaire, comme François de Rugy ou Pascal Canfin. Certaines d’entre elles ont même créé des associations visant à faire du lobby pour l’atome, à l’image de Patrimoine Nucléaire et Climat (PNC) fondé par l’ancien président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer. Cet organisme prône le nucléaire auprès des élus locaux et à Bruxelles et est très présent dans la presse. Il bénéficie en outre du soutien de nombreuses personnalités influentes comme les anciens ministres Arnaud Montebourg et Jean-Pierre Chevènement, les parlementaires André Chassaigne du Parti communiste et Julien Aubert des Républicains, ou encore du climatologue François-Marie Bréon pour ne citer qu’eux. Ce changement d’avis ne concerne pas que des personnages publics et le même constat peut aussi être fait du côté des industriels de l’éolien et du solaire qui, d’après l’article de L’Obs, concèdent que le nucléaire devra faire partie du futur mix énergétique français.

Enfin, les ressorts d’influence passent désormais aussi par les NTIC où des outils comme Twitter et YouTube sont de formidables relais des idées. À ce titre, l’expert du climat et défenseur du nucléaire Jean-Marc Jancovici rassemble désormais une audience significative sur ces nouveaux médias et ses diverses interventions sont très suivies.

Ce retour en force se retrouve également à l’échelle mondiale, même si après l’accident de Fukushima d’il y a dix ans la filière semblait condamnée. À la suite de cet événement, plusieurs pays ont alors renoncé au nucléaire et bon nombre de projets de construction de centrales ont été arrêtés ou retardés. Mais la COP 26 de novembre 2021 a vu le retour en grâce de l’uranium. En effet, face aux grandes interrogations posées par le réchauffement climatique et au retard sur les objectifs climatiques et la transition énergétique, les arguments d’énergie propre, relativement peu coûteuse et permanente fournis par le nucléaire finissent par convaincre. Comme le déclare Rafael Mariano Grossi, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à l’AFP « Cette COP est peut-être la première où l’énergie nucléaire a une chaise à la table, où elle a été considérée et a pu échanger sans le fardeau idéologique qui existait avant ».

De plus, à l’occasion de cet événement, 12 syndicats de plusieurs pays ont exprimé dans une tribune que cette énergie est « propre, fiable et abordable » et qu’elle est source de nombreux emplois. Pour appuyer leur propos, ces derniers ont déclaré que « sans nouvel investissement, plus de 100 gigawatts de capacité nucléaire, qui permettent d’alimenter 200 millions de foyers, seront perdues d’ici 2040. Cela nous coûterait probablement un demi-million d’emplois et représenterait la plus grande perte d’énergie propre de l’histoire du monde ». D’après les informations du Figaro, ces syndicats représentent les organisations GMB, Prospect et Unite the Union (Royaume-Uni), CFE-CGC Energies et CFE-CGC Métallurgie (France), IBEW (Etats-Unis et Canada), CNWC (Canada), Fédération Energie (Belgique), Odborovy svaz ECHO (République tchèque), EVDNZ (Hongrie), SCNE (Roumanie), ZOES (Slovaquie), et proviennent donc sans surprise de pays ayant un fort attrait pour l’atome.

Néanmoins, les ambitions de retour au nucléaire de plusieurs acteurs majeurs dont la France ne plaîsent pas à tous et les tensions s’intensifient, notamment entre pays européens. En effet, suite aux pressions exercées par l’hexagone pour relancer l’énergie atomique en Europe, une coalition de cinq États membres de l’UE dirigée par l’Allemagne s’est formée pour demander à la Commission européenne d’exclure le nucléaire de la taxonomie européenne pour une finance durable. Cela représente un réel enjeu pour le secteur car cette taxonomie est une sorte de classification qui facilite l’accès à des financements à taux avantageux aux activités économiques considérées comme durables. Cette alliance dont font aussi partie l’Autriche, le Danemark, le Luxembourg et le Portugal estime que « l’énergie nucléaire est incompatible avec le principe consistant à « ne pas causer de préjudice important » (Do no significant harm) du règlement sur la taxonomie de l’UE ». Ces pays, qui pour la plupart ont déjà mené des actions sur leurs territoires pour sortir du nucléaire, semblent par ailleurs résolus à obtenir gain de cause et n’hésiteront sûrement pas à contester devant les tribunaux de l’UE l’adoption de cette technologie dans la taxonomie européenne sur la finance durable.

Le positionnement stratégique de la France sur la filière prometteuse des SMR, ou comment rester un leader du nucléaire

Malgré la réticence de ses voisins européens, la France est donc bien décidée à compter sur le nucléaire pour son approvisionnement énergétique futur et à rester une puissance de premier ordre dans ce domaine. Mais l’ambition française ne s’arrête pas là, et notre pays a même accéléré ses efforts dans un sous-secteur qui fait maintenant beaucoup parler de lui, celui des petits réacteurs modulaires appelés SMR.

Après avoir bâti des réacteurs toujours plus puissants, l’industrie souhaite se diversifier et une grande attention est désormais accordée aux nouveaux réacteurs SMR. Les Small modular reactors sont d’une puissance plus faible, les plus petits peuvent produire dix mégawatts (MW), les plus gros jusqu’à 300 MW quand, à titre de comparaison, les centrales françaises produisent entre 900 et 1 450 MW. Ces entités répondent à divers usages : les plus petites pourraient être utilisées dans le domaine militaire ou spatial, celles de taille intermédiaire pour les industries très gourmandes en électricité (pétrochimie, bitumineux, gros ports…), et les plus puissantes pour alimenter des réseaux électriques plus petits et moins bien desservis que celui de la France.

L’avantage principal de ces SMR réside dans le fait qu’ils sont conçus pour être fabriqués en usine de façon modulaire et standardisée, et qu’ils peuvent rapidement être mis en opération sur site. Par ailleurs, la plupart des projets de SMR se base sur le procédé du nucléaire civil actuel de troisième génération à eau pressurisée, qui équipe tout le parc français. Mais certains pays comme la Chine, la Corée du Sud, le Japon ou encore le Canada, développent des SMR de quatrième génération utilisant de nouvelles technologies comme les sels fondus, le gaz à haute température ou les neutrons rapides.

Néanmoins, il n’existe à ce jour aucune usine dans le monde capable de produire ces réacteurs à la chaîne. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) précise par ailleurs que « les économies d’échelle obtenues par la production en série de ces modules ne seront pas atteintes avant d’atteindre un certain nombre de réacteurs ». Cette technologie est en effet très récente et il n’y a pour le moment pas de marché réellement établi. Le principal enjeu sera donc d’arriver à uniformiser les normes internationales de sûreté afin de proposer un modèle standardisé, qui n’a pas besoin d’être adapté à chaque pays, et qui doit permettre d’abaisser les coûts de fabrication. On estime que ces derniers pourraient avoisiner un à deux milliards d’euros contre 7 à 8 milliards pour un EPR grâce à la production en série. À leurs débuts, ces SMR risquent donc de produire une électricité plus chère que les réacteurs traditionnels, mais ils constituent toutefois un atout certain pour répondre aux problématiques de pays isolés, avec un réseau électrique encore peu développé ou fortement dépendants d’une production énergétique fossile.

La France s’est d’ores et déjà intéressé à cette technologie de rupture. En 2017, l’État a en effet lancé le projet « Nuward » (pour NUclear forWARD), un SMR de 170 MW à eau pressurisée. Les grands spécialistes du domaine, à savoir le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), EDF, le groupe naval militaire Naval Group et le spécialiste des réacteurs compacts TechnicAtome se sont alors alliés pour produire ce petit réacteur modulaire français. Si les trois premiers acteurs sont des noms bien connus du nucléaire en France, TechnicAtome est, assez injustement, bien moins connu.

Cette PME qui emploie un peu moins de 2000 personnes est détenue par l’Etat (50,32 %), EDF (9,03 %), le CEA et Naval Group (20,3 % chacun). Elle est par ailleurs le champion européen de la conception des réacteurs nucléaires compacts et constitue une pièce maîtresse du projet Nuward, dont l’expertise sera utilisée pour le développement de la chaudière nucléaire du SMR. Le savoir-faire unique de TechnicAtome date de plus de 50 ans et lui permet d’encapsuler des quantités d’énergie et de puissance très supérieures à ce qui se fait traditionnellement dans le nucléaire civil. Selon son PDG Loïc Rocard, cela est « susceptible de donner un avantage concurrentiel décisif dans le monde des SMR ». Cette compétence a été utilisée auparavant au profit de la marine nationale pour la propulsion navale nucléaire militaire des sous-marins SNA et SNLE ainsi que du porte-avions Charles de Gaulle. Bien que le premier SMR français ne devrait voir le jour au mieux qu’en 2035, ce projet est suivi avec beaucoup d’intérêt par le gouvernement. Un milliard d’euros a déjà été octroyé dans le cadre du plan 2030 pour accélérer les travaux sur Nuward, et avant cela en décembre 2020, le chef de l’Etat avait déjà apporté un soutien de 50 millions d’euros à cette technologie.

Le projet Nuward est en premier lieu prévu pour l’export, car avec des réacteurs déjà très puissants, dont un EPR sur le point d’être terminé à Flamanville, la France n’aurait pas forcément besoin de ces petits réacteurs. L’utilisation des centrales actuelles et de potentiels futurs EPR additionnés au développement massif des énergies renouvelables rendent l’usage des SMR peu pertinent pour les pays déjà nucléarisés. EDF a donc pour ambition d’exporter un produit performant et compétitif, en plus de son offre de réacteur de forte puissance de type EPR. À ce titre, le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy a étendu en septembre dernier sa coopération aux SMR avec la compagnie tchèque CEZ (fig 3). La République tchèque reste le troisième consommateur de charbon après l’Allemagne et la Pologne en Europe, et souhaite poursuivre ses efforts pour réduire son empreinte carbone en agrandissant son parc constitué actuellement de six réacteurs nucléaires.

Néanmoins, malgré la mobilisation d’acteurs de pointe en la matière et le soutien de l’État, le projet Nuward accuse un réel retard par rapport à ses concurrents américain, chinois ou russe. En juillet dernier, la Chine annonçait par exemple le début du chantier d’un SMR sur l’île de Hainan, qui devra à terme alimenter 526 000 foyers. La seule centrale à SMR aujourd’hui opérationnelle est construite sur une barge en Russie et a été mise en service en mai 2020 par l’agence nucléaire russe Rosatom. Elle est équipée de deux réacteurs de 35 MW qui alimentent Pevek, une ville isolée de Sibérie orientale. Mais au total, ce ne sont pas moins de 70 projets qui sont à l’étude partout dans le monde, et la plupart sont en avance sur Nuward (fig 4). Les Russes espèrent par exemple finaliser leur RITM-200N en 2028, tandis que les Chinois, les Américains et les Coréens sont aussi très avancés dans leurs projets respectifs.

Aux États-Unis, la start-up NuScale Power, financée par des investisseurs privés et par le Département de l’énergie des États-Unis, a notamment déjà reçu l’approbation de son design par l’Autorité de sûreté américaine (NRC) en 2020. Malgré l’état d’avancement impressionnant des concurrents internationaux, le PDG de TechnicAtome se veut rassurant et déclare que  « cet écart ne sera pas problématique dès lors que la solution française sera bonne, compacte, compétitive et s’inscrira dans l’environnement des réseaux de transport d’électricité de façon harmonieuse » et ajoute que « si nous avons un bon produit, il a des chances de trouver un marché. Son marché est le remplacement des tranches d’électricité à base de charbon, qui est notoirement un marché mondial en devenir ».

Le nucléaire semble définitivement revenu sur le devant de la scène en France et plus globalement dans le monde. Face aux menaces climatiques de plus en plus insistantes qui poussent les pays à viser une décarbonation de leur production électrique, et aux pressions des citoyens qui exigent des actions concrètes de la part de leurs dirigeants, cette tendance n’est au final pas si surprenante. Bien que loin d’être parfaite, cette source d’énergie à néanmoins l’avantage d’être plus constante et plus abordable que beaucoup d’autres. Mais malgré la volonté du chef de l’Etat français de bâtir de nouvelles centrales et de conserver une part significative pour le nucléaire dans le mix énergétique, le temps où l’atome était le fer de lance de notre approvisionnement énergétique est révolu. D’ici 2035, sa part doit chuter à 50% et la dynamique actuelle est clairement en faveur des énergies renouvelables et de l’hydrogène.

Néanmoins, pour rester un pays de pointe en la matière, car rappelons-le, la France est le pays le plus nucléarisé au monde lorsque les chiffres sont rapportés au nombre d’habitants, notre pays compte bien innover. Malgré une entrée tardive sur le secteur des SMR, le projet Nuward, porté par des acteurs disposant de compétences qui n’ont certainement rien à envier aux meilleurs mondiaux et pleinement soutenu par l’État, semble très prometteur. Par ailleurs, la présence d’un acteur français ne sera pas de trop dans la compétition mondiale, pour des raisons géopolitiques mais aussi économiques, afin de préserver la compétitivité nationale dans un secteur encore primordial pour notre pays.

L’année 2021 a donc marqué un tournant dans l’histoire du nucléaire, et ce malgré l’opposition encore très présente et la pertinence des arguments avancés par divers organismes anti-nucléaires. À titre d’exemple, Yves Marignac, porte-parole de négawatt déclare que « le paravent climatique permet aux partisans du nucléaire d’occulter tous les autres enjeux, lourds, que soulève pourtant le recours à l’atome ».

Mais malgré ces légitimes inquiétudes liées entre autres à la sûreté et au traitement des déchets radioactifs, le nucléaire a, semble-t-il, encore un rôle à jouer. Il n’est certes plus la source d’énergie dominante, mais doit désormais servir de relais vers une production qui à l’avenir reposera, espérons-le, le plus possible sur des énergies renouvelables.

Par Louis-Maël Jouanno, promotion 2021-2022 du M2 IESCI

Sources web

  • Nikolaus J. Kurmayer, traduit par Anne-Sophie Gayet. (2021, 12 novembre). « COP26 : cinq États membres de l’UE s’allient contre le nucléaire ». Euractiv

 

  • Le Figaro avec AFP. (2021, 5 novembre). « Climat: pendant la COP26, le nucléaire défendu par un groupement de syndicats ». Le Figaro

 

  • (2021). « Le nucléaire d’EDF ». EDF

 

  • (2021, 11 mars). « Retour de flamme des Français en faveur du nucléaire ». Odoxa

 

  • Le Point. (2021, 7 novembre). « COP26 : le retour en grâce du nucléaire ». Le Point

 

  • (2021, 5 octobre). « Nucléaire : que sont les SMR, ces “mini réacteurs” dans lesquels la France veut à son tour investir ? » franceinfo

 

  • Thomas Leroy. (2021, 27 octobre). « Avec l’arrivée de nouveaux EPR, à quoi vont servir les mini-réacteurs nucléaires? ». BFM Business

 

  • (2021, 12 octobre). « France 2030 : un plan d’investissement pour la France de demain » gouvernement.fr

 

  • Fabien Magnenou. (2021, 13 octobre). « France 2030 : quel avenir industriel pour les SMR, ces “petits” réacteurs nucléaires vantés par Emmanuel Macron ? » franceinfo

 

  • Enrique Moreira. (2021, 12 octobre). « Nucléaire : la France parie sur les mini-réacteurs ». Les Echos

 

  • Céline Deluzarche. (2021, 12 octobre). « Les mini-réacteurs nucléaires SMR vont-ils conquérir le monde ? ». Futura Sciences

 

  • Aurélie Barbaux. (2021, 7 octobre). « [Repères] Tout comprendre aux SMR, ces petits réacteurs nucléaires modulaires prisés par Emmanuel Macron ». L’usine nouvelle

 

  • La Tribune. (2021, 10 avril). « Pourquoi Nuward, le petit réacteur modulaire (SMR) à la française, reste très prometteur ». La Tribune

 

  • L’Obs. (2021, 18 novembre). « Comment le lobby du nucléaire tente de gagner la bataille des idées ». L’Obs

 

  • (2021, 9 novembre). « Nucléaire : Emmanuel Macron annonce la construction de nouveaux réacteurs ». franceinfo

 

  • Florian Maussion. (2021, 26 octobre). « Le nucléaire français en 5 graphiques ». Les Echos

 

  • Florian Maussion. (2021, 10 novembre). « Nucléaire : cinq choses à savoir sur les EPR ». Les Echos

 

  • Emmanuel Grasland. (2021, 12 octobre). « TechnicAtome, l’atout français dans la course aux petits réacteurs nucléaires ». Les Echos

 

  • « Industrie nucléaire en France ». Wikipédia

 

  • « Liste des réacteurs nucléaires en France ». Wikipédia

 

  • Le Parisien avec AFP. (2021, 28 novembre). « Incident nucléaire sur l’EPR de Taishan en Chine : la cause identifiée ». Le Parisien

 

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Les Datacenters : entre impératifs économiques et responsabilités sociétales https://master-iesc-angers.com/les-datacenters-entre-imperatifs-economiques-et-responsabilites-societales/ Tue, 02 Mar 2021 10:19:23 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3370 « Au royaume de la reine rouge, tous les sujets doivent courir le plus vite possible pour rester sur place. Comme le fait remarquer Alice, perplexe et abasourdie, c’est là un moyen bien fatiguant de n’aller nulle part !  » Lewis… Continuer la lecture

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« Au royaume de la reine rouge, tous les sujets doivent courir le plus vite possible pour rester sur place. Comme le fait remarquer Alice, perplexe et abasourdie, c’est là un moyen bien fatiguant de n’aller nulle part !  » Lewis Carroll.

Si Georges Orwell avait 1984, nous avons 1989. Cette date est retenue par la plupart d’entre nous comme la chute du mur de Berlin, marquant l’effondrement du bloc soviétique et l’avènement du modèle capitaliste, mais c’est aussi une date que certains économistes qualifient comme marquant le début de la troisième révolution industrielle.

En effet, dès les années 1990[1], les ordinateurs et internet se massifient sur le continent américain. Dès les années 2000, ce phénomène se répand en Europe. On parle alors de  nouvelle économie ou de l’économie numérique.

Les progrès des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) et le développement d’Internet ont engendré un tel engouement que les investisseurs finançaient pratiquement les yeux fermés le «e-business » ou les « start up ». L’économie mondiale pense alors avoir trouvé son Graal. Le chiffre d’affaires mondial directement généré par Internet était estimé à 4 milliards de dollars en 1994, atteint les 301 milliards de dollars en 1998, pour afficher 2 000 milliards de dollars en 2019[2].

« Le siècle Internet va tout changer », a déclaré John Chambers, patron de Cisco Systems.

Ce que l’on dit moins, c’est que ce nouveau modèle économique repose sur les datacenters. Infrastructures essentielles et vitales pour cette nouvelle économie, de par leur constitution, ils vont engendrer à la fois l’effervescence d’une nouvelle croissance avec un impact environnemental majeur, une inégalité exacerbée entre les pays développés et le reste du monde, ainsi qu’une facture informatique de plus en plus conséquente, que les DSI [3]doivent absolument réduire sous peine de ne plus pouvoir assurer d’autres besoins.

Quand on parle de Datacenter, de quoi parle-t-on ?

Si nous devions retenir une définition synthétique mais suffisamment complète d’un datacenter, celle de Cisco semble la plus à propos : “Dans sa forme la plus simple, le datacenter est une installation physique utilisée par les entreprises pour héberger des applications et des données stratégiques. La conception d’un datacenter repose sur un réseau de ressources de traitement et de stockage capable de distribuer des applications et des données partagées. Les composants clés d’une conception de datacenter sont les routeurs, les commutateurs, les pare-feu, les systèmes de stockage, les serveurs et les contrôleurs de distribution d’applications.”

De par sa composition, le datacenter a donc besoin à la fois d’électricité, en grande quantité, et de refroidissement : le matériel actif dans un datacenter chauffant énormément, il se doit d’être refroidi sous peine de se voir détruit par une surchauffe de ses composants.

Même si les constructeurs informatiques ont fait des efforts considérables dans la réduction de la consommation électrique, tout en progressant sur les performances, les usages en IT sont devenus gargantuesques, avec l’avènement des smartphones, du cloud, de l’IA et de fait du réseau. Aujourd’hui, il n’est pas rare qu’une simple application sur un smartphone ou sur un ordinateur, via une simple page web, consomme chacun de ces items en grande quantité. A chaque fois que nous ouvrons notre application mail, par exemple, nous consommons, sans nous en rendre compte, du temps processeur, du disque dur et du réseau pour afficher notre email.

De plus, avec l’avènement de l’ère du nouvel or noir[4], la facture économique et énergétique est doublée ; nos moindres faits et gestes sont analysés par les grandes sociétés informatiques. Ces analyses indirectes à notre volonté (affinage de nos profils et analyse de nos comportements) entraînent alors à nouveau une consommation en processeurs, disques et réseaux.

Nous avons donc des machines qui coûtent de plus en plus chères, qui consomment de l’énergie, et qui dégagent une chaleur que l’on doit éliminer. Les opérateurs de datacenters ont donc dû mettre en place différentes stratégies.

  • La stratégie du refroidissement par air ventilé/refroidi, avec des optimisations pour réduire le besoin (couloir chaud/froid et haute densité).

C’est cette stratégie qui est la plus utilisée dans le monde.

  • Le refroidissement par simple air ventilé, voire auto-ventilé, en utilisant un principe de cheminées. L’air froid est aspiré de l’extérieur par un effet d’aspiration et il est rejeté au centre. Cette stratégie ne peut être utilisée que dans des pays où les températures ne montent que très peu, et où l’humidité n’excède pas un certain seuil, pour être probante vis à vis du modèle précédent

  • Le refroidissement par eau permet de refroidir certains composants par un circuit d’eau fermé. L’eau est ensuite refroidie par air ou par un système de refroidissement propre. Ce système est assez efficace mais comporte des risques et il demande beaucoup d’entretien.

Ces stratégies sont responsables de, et expliquent la fracture numérique indirecte vis à vis d’une partie de la population mondiale.

La fracture numérique par les datacenters

 

La 1ère image recense les grappes de datacenters dans le monde. Leur nombre est en constante évolution, car jamais dans l’histoire humaine nous n’avons autant consommé de produits numériques. En transposant l’image numéro 2, qui recense les câbles sous-marins et terrestres de l’opérateur China Telecom, qu’il possède en propre ou en partage avec les plus gros opérateurs télécom mondiaux, nous voyons immédiatement l’hyper concentration des nœuds d’information au niveau mondial : Asie, Europe et États-Unis.

 Les États-Unis, berceau d’internet, possèdent de ce fait un des réseaux les plus maillés, qui leur permet de fournir un maximum de services, comme le montre cette image des opérateurs présents aux US.

Chaque point représente un datacenter, ou du moins un point de présence. Ce maillage fort permet donc une grande résilience à travers le pays, mais aussi une rapidité d’accès à l’information.

L’emplacement des datacenters est donc stratégique pour le développement de l’économie numérique.

La vitesse d’accès aux informations reste le nerf de la guerre, et la plupart des utilisateurs de plateformes web ou d’applications sur smartphone sont peu tolérants aux applications qui mettent une minute à se charger. Une page web doit voir son Time to first byte (TTFB)[5] être le plus bas possible, au risque de voir ses utilisateurs fermer l’onglet ou switcher sur une autre application.

Si une vidéo est trop longue à charger, le consommateur est déjà passé à la suivante. Si un site e-commerce voit ses images de  produits se charger lentement, ou une lenteur sur le paiement, alors la confiance du consommateur vis-à-vis du site s’écroule.

Le privilège des pays développés

Les pays développés bénéficient de moyens économiques importants pour permettre le financement de la construction de datacenters, même dans des régions nécessitant une forte consommation d’énergie pour le refroidissement. Ainsi, ils peuvent avoir des datacenters qui sont à l’origine de la donnée au plus proche de leurs utilisateurs. Cela réduit drastiquement les temps d’attente pour les utilisateurs, et fluidifie leur expérience. Pour les entreprises, avoir à disposition des machines de calculs et de stockage de données, sans avoir un upfront important, permet à de petites structures, et même à de plus larges organisations, de se lancer dans des projets qui auraient été difficilement finançables il y a encore quelques années. Cet atout est primordial dans la stratégie de développement d’une économie numérique.

Aujourd’hui, les infrastructures européennes réussissent à être mutualisées pour permettre ainsi une diminution des coûts, avec des bases de données qui peuvent être mises dans un pays, les middlewares[6] dans un autre, et les frontaux[7] exposés dans les points de présence. Il n’est pas rare de voir des types d’instances réservées à la donnée dans certains pays et celles réservées aux calculs dans d’autres. Cette rentabilité des Clouds providers leur permet ainsi de proposer des rabais substantiels, permettant ainsi la diminution de la facture IT.

Un déséquilibre dans les pays en voie de développement

Les cartes ne sont pas les mêmes pour les pays en voie de développement.  D’un point de vue technique, même s’il n’est pas impossible de mettre en place des datacenters dans des pays avec un climat de type saharien, ou proches de l’équateur, les coûts engendrés pour garantir le refroidissement et l’assèchement de l’air seront économiquement pharamineux et de ce fait non rentables pour les acteurs économiques locaux. Le niveau de vie des habitants ne permettra pas une démocratisation massive.

Si un pays comme les Émirats Arabes Unis peut disposer des plus grands opérateurs télécom et de datacenters, malgré sa géographie entourée de désert et une température moyenne en journée oscillant entre 19.5 °c et 36.5°c au plus fort, un pays comme le Pakistan ne pourrait pas avoir une même infrastructure. Le salaire moyen annuel aux Émirats Arabe Unis en 2018 était de 155 000 dollars (source HSBC Expat Explorer 2018), alors que le Pakistan (Dubaï – Karachi 1,181.11 km) n’affiche qu’un revenu moyen de 1530 $ par habitant en 2019 (source : Banque mondiale), et une géopolitique peu favorable.

Lorsque l’implantation locale est difficile, la stratégie la plus pertinente est donc de se connecter à ces acteurs via les réseaux et câbles qui serpentent le monde. Mais d’autres difficultés entrent en jeux, comme la sécurisation des câbles ou encore la physique.

Entre souveraineté, stratégie économique et impératifs environnementaux

La sécurisation des moyens de transport physique de l’information est un enjeu stratégique.

Dans les pays en voie de développement, aussi incroyable que cela puisse paraître, la redondance des connexions par les opérateurs n’est pas toujours garantie. Les câbles sous-marins sont parfois mis à mal par la pêche industrielle, ou encore par le prix d’une pose longue et coûteuse, sans parler de leur entretien.

Les opérateurs se partagent le câble, et eux-mêmes sous-louent leur propre bande passante à prix d’or. Au sein des pays en voie de développement, il est possible de voir dans certains pays, comme le Vietnam, des situations ubuesques où, aux heures de pointe, les accès à Facebook rappellent l’internet de la fin des années 90. Les opérateurs locaux et étatiques vendent à prix d’or de la bande passante aux entreprises vers les data centers les plus proches dans la logique informatique à Taïwan ou Hong Kong. De plus, la mise en œuvre de data center en local reste compliquée à cause des inondations fréquentes lors des moussons.

En réseau, c’est la physique et la vitesse de la lumière qui interviennent dans l’inertie de l’expansion numérique pour ces pays. Pour rappel, la vitesse maximale de la lumière est de 300 000 km/s. Dans les fibres actuelles, la célérité de la lumière est d’environ 200 000 km/s. Donc en théorie, une liaison directe entre Paris et Nouméa serait de 90 ms mais, en pratique, le signal passe par plusieurs répéteurs, et on obtient une latence de 280 ms. Les routes empruntées par les réseaux ne sont pas forcément les plus directes ; cela entraine des latences importantes qui impactent énormément les performances des applications.

Un autre exemple :

Au-delà de la limite physique, on voit que les infrastructures jouent un rôle primordial dans la vitesse et la qualité de l’information. A cela, ajoutons la perte de paquets qui, selon le protocole, engendrera, ou non, une réémission de l’information. Par exemple, une vidéo qui subira une perte de paquets importante sera hachurée et inaudible (un mot sur deux)

La transmission des flux se conçoit au niveau international, et des gros nœuds se dessinent en Asie, en Europe, et aux États-Unis. Pour l’Europe, les plus gros nœuds de concentration sont sur Francfort, Amsterdam et Dublin, où l’on retrouve les plus gros opérateurs télécom mais aussi Cloud Service Providers.

Leur disposition géographique n’est pas anodine. En dehors des contraintes météorologiques, les enjeux économiques et stratégiques sont importants.

L’Irlande, avec une politique fiscale avantageuse (12,5% d’impôt pour les entreprises), est devenue un lieu emblématique de l’installation des datacenters dans l’Union Européenne, malgré la menace énergétique. En France, lors de l’inauguration du 8ème datacenter d’Equinix février 2019 à Pantin, Bruno Le Maire, Ministre de l’économie et des Finances affirme : ”Il n’y a pas, au 21ème siècle, de souveraineté́ politique sans souveraineté́ technologique. L’un va avec l’autre. (…) Notre ambition c’est que la France soit la première terre d’accueil de datacenters en Europe.”

La nouvelle route de la soie numérique a fait son apparition dans le cadre de la BRI[8]. Elle empruntera un long parcours terrien, ce qui est assez rare, et verra un de ses nœuds arriver sur Francfort avant d’avoir parcouru plusieurs milliers de kilomètres, en passant par plusieurs pays. Quant aux nœuds transatlantiques, ils arrivent sur l’ouest du Royaume Unis et sur l’Irlande, là où sont les datacenters.

Pour la partie ouest Afrique, plusieurs nœuds existent sur Gibraltar, tandis que pour la partie Asie et Est Afrique, c’est en sous-marin,  avec pour destination Marseille, qui distribue sur l’ensemble de l’Europe.

Les implantations sont donc stratégiques, car elles répondent non seulement à un besoin économique pour les sociétés, mais aussi une très forte volonté de préserver la souveraineté technologique par l’hébergement des données en proximité immédiate.

La souveraineté par la proximité immédiate des données

L’émergence de nouvelles demandes comme l’industrie 4.0 (avec ses usines connectées), la e-Santé, la smart city, les enjeux de l’IA ou encore du big data, provoque l’apparition de nouveaux services, qui obligent les hébergeurs à s’agrandir et se diversifier dans le respect de la sécurité de l’alimentation électrique.

Même si  la position géographique importe peu, les datacenters répondent à des critères de facilité d’accès exigés par les acteurs du territoire. Dit autrement, la demande engendrant l’offre, et l’offre engendrant la demande, l’installation d’un data center à un emplacement donné modifie l’écosystème et va permettre d’ouvrir de nouvelles opportunités, tandis que l’optimisation de cette connectivité par ces nouveaux usages va permettre ainsi la transformation profonde de la société.

Toujours du côté de Pékin, entre souveraineté et exigence économique, un immense datacenter (investissement total estimé de près de 12 milliards de yuan, soit 1,69 milliard de dollars, avec un revenu estimé à 10 milliards de yuan par an) verra donc le jour au Tibet vers 2025, pour connecter la Chine et l’Asie du Sud. Si le climat du Tibet présente un avantage technique considérable, les basses températures en altitude permettent de réaliser aussi des économies considérables en énergie, les serveurs nécessitant moins de climatisation.

Mais surtout, cette installation va permettre à la Chine de faire de la région le point de contact vers les pays d’Asie du Sud tels que l’Inde, le Népal, le Bangladesh. Comme affirme Hu Xiao, directeur général de Ningsuan Technologies interrogé par le Global Times, « Un datacenter pour le cloud est comme une ambassade de données offshore pour les entreprises chinoises et leurs homologues en Asie du Sud ».

Les datacenters sont de ce fait  interconnectés aux opérateurs internationaux de premier rang, ainsi qu’aux opérateurs nationaux et régionaux. Ce sont donc des nœuds de communication à très haut débit, qui nécessitent énormément d’électricité.

Le premier défi devient donc celui de l’adéquation avec la transition écologique.  Internet est en effet devenu un des plus gros pollueurs de la planète

Si Internet était un pays, il serait le 3ème plus gros consommateur d’électricité au monde avec 1500 TWH par an, derrière la Chine et les États-Unis. Au total, le numérique consomme 10 à 15 % de l’électricité mondiale, soit l’équivalent de 100 réacteurs nucléaires, tandis qu’un data center consomme autant d’électricité que 30 000 habitants européens.

La conscience écologique qui émerge de plus en plus au sein des sociétés occidentales met en exergue un dilemme difficile à résoudre pour les Cloud Providers. La construction des datacenters et leur fonctionnement ont un impact non négligeable sur les empreintes carbone. Même si les plus grands, comme Microsoft, s’engagent à être négatifs sur leur dette carbone d’ici 2030, cela passe par des astuces de consommation d’un côté, pour rembourser sa dette sur un autre secteur d’activité qui, lui, ne crée pas de carbone, voire en consomme. Les besoins en ressource de calculs, de stockage ne cessent de croître, et l’augmentation du potentiel client ne fera qu’accentuer la consommation directe ou indirecte de produit chez les Cloud providers.

Il faut garder en tête que sur l’empreinte carbone d’un datacenter, au-delà du bâtiment et de sa consommation électrique pour faire fonctionner les climatisations ou systèmes de refroidissement alternatifs, il y a aussi la construction des machines, leurs transports jusqu’au data center et enfin leur recyclage si c’est possible.

Quid de l’origine de l’électricité.

La France, par exemple, est principalement nucléaire. Si son électricité est assez faible en carbone, il en est tout autrement pour son voisin allemand, dont les centrales à charbon tournent à plein régime. Il y a quelques années, Facebook avait été durement critiqué, car l’installation de l’un de ses plus gros data center était proche d’une centrale à charbon au États-Unis.

Les pays en voie de développement seront aussi pénalisés sur leur empreinte carbone, car, dans ces pays, le nucléaire est assez rare, et une transition vers le solaire ou l’éolien n’est que plus rarement envisagée ou possible.

Le deuxième défi se situe du côté des DSI.  L’enjeu de demain sera la maîtrise des coûts de l’IT

Le marché de l’hébergement est en plein essor. L’économie mondiale du cloud aujourd’hui se monte  à plusieurs milliards de dollars. Les données de Gartner montrent un marché mondial de l’infrastructure en tant que service (IaaS), avec un chiffre d’affaires 2018 de 32,4 milliards de dollars, soit une croissance de 31,3% par rapport aux 24,7 milliards de dollars de 2017. Parmi les cinq plus gros fournisseurs (soit 80% de la part de marché mondiale du cloud IaaS en 2018), se trouvent Amazon (47,8%), Microsoft (15,5%), Alibaba (7,7%), Google (4,0%) et IBM (1,8%).

En 2019, le marché du « platform as a service (PaaS) », a généré plus de 20 milliards de chiffre d’affaires. Ce chiffre devrait doubler d’ici 2022. Le marché continue de croître, avec plus de 360 fournisseurs et 550 services de plateformes de cloud computing dans 22 catégories.

Les dépenses informatiques à travers le monde devraient atteindre 3870 milliards de dollars en 2021, soit une augmentation de 3,7 % par rapport à 2019, selon Gartner. Pour l’an prochain, le secteur du logiciel augmentera de +7,2 %, tandis que les systèmes de data centers vont enregistrer + 5,2 %. Gartner confirme l’expansion des grands fournisseurs d’infrastructures, qui vont accélérer la construction de centres de données à l’échelle mondiale.

L’augmentation des dépenses IT est de ce fait très liée au développement du cloud. Les Américains sont loin devant le reste du monde, puisqu’ils représenteraient à eux seuls plus de la moitié des dépenses mondiales. Le Royaume-Uni et  la Chine suivent.

Les entreprises qui vont se détacher et réussir sont celles qui investiront le plus dans le cloud. L’investissement en IT, et surtout dans l’infrastructure n’est pas neutre. Pour autant, si les besoins en informatique des entreprises augmentent, elles ont moins d’argent à y consacrer. Pour rester dans une politique de maîtrise des coûts, elles vont devoir réduire les budgets alloués à d’autres domaines, comme changer les téléphones portables ou les imprimantes. Les DSI vont donc dépenser davantage dans des domaines qui vont accélérer leur activité numérique, comme l’IaaS ou des logiciels de gestion de la relation client, mais au détriment d’autres investissements .

Au final, la place des datacenters traduit à elle seule tous les paradoxes de l’économie numérique, entre un développement sous ecstasy et l’impossibilité environnementale. D’un point de vue géopolitique, on s’aperçoit que les pays en voie de développement ne sont pas du tout favorisés pour l’accès au numérique, que cela soit par l’implantation stratégique des data centers par les grands acteurs du numérique, mais aussi par la connexion à internet ou aux opérateurs télécom. Même si les dits acteurs s’implantent de plus en plus dans les régions à ce jour non couvertes, les travaux sur les aménagements des infrastructures réseaux restent longs, coûteux et difficiles. Les inégalités se creusent donc de plus en plus entre les pays développés et le reste du monde. La facture numérique existe. Ces sociétés ne font pas dans l’altruisme, il faut qu’il y ait un enjeu économique pour eux.

Même si plusieurs projets sont en cours pour résoudre ce problème d’accès à internet avec une latence plus basse et un coût mutualisé afin de le rendre accessible au plus grand nombre (le plus connu étant Starlink de Elon Musk),  le développement de l’économie numérique est non seulement loin de répondre à la prospérité de tous, mais crée aussi un impact écologique peut-être irréversible.

La viabilité des datacenters pourrait être remise en question. Le modèle économique reste à repenser, peut être, pour un monde plus juste, plus égalitaire, et peut être plus vivable.

Robert CODRON-CTO Auchan International Technology

Ngoc-Thao NOET M2-IESCI UA

20 février 2021

[1] Le paradoxe de Solow  (1987) : « On voit des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques de productivité »

[2] source : https://www.economie.gouv.fr/facileco/nouvelle-economie# et https://blog.lengow.com/fr/ecommerce-monde-2019.

[3] DSI : Direction des Systèmes d’Information

[4] Nouvel or noir : la data comme « carburant » de l’économie numérique

[5] TTFB : temps pour le premier octet. C’est le temps que le navigateur doit attendre avant de recevoir son premier octet de données du serveur. Plus il faut du temps pour obtenir ces données, plus il faut du temps pour afficher votre page.

[6] Un middleware est une interface qui permet la mise en relation de plusieurs applications hétérogènes. C’est une sorte de passerelle pour faciliter l’échange de données entre deux systèmes distincts.

[7] Un frontal désigne une interface de communication entre plusieurs applications hétérogènes, une sorte de point d’entrée uniformisé pour des services différents.

[8] BRI : Road and Belt Initiative. Cette route de la soie numérique va permettre à la Chine d’établir et de sécuriser une connectivité continue, et développer des normes communes et la progression de sa politique en matière de nouvelles technologies.

Sources : 

(Les sites ont été consultés entre le 10 et 20 février 2020)

YouTube : 

-Un Data Centre, qu’est-ce que c’est ?   https://www.youtube.com/watch?v=1vEnHDEcswo

-Faut-il limiter le nombre des data centers ? – Vox Pop – ARTE :   https://www.youtube.com/watch?v=y923bPwAot0

-Datacenter : comprendre l’essentiel en 9 minutes : https://www.youtube.com/watch?v=rO6bXt7d2L8

 

Les Horizons : 

https://leshorizons.net/datacenter/

 

écoconso : du conseil à l’action

https://www.ecoconso.be/fr/content/diminuer-limpact-du-numerique-sur-le-climat

 

Think Tank : The Shift Project

Lean ICT – Les impacts environnementaux du Numérique

 

Le Monde : 

Impacts environnementaux du numérique : de quoi parle-t-on ?

 

France DataCenter :

Lexique Datacenter

 

Ministère de l’économie, des finances et de la relance :

https://www.economie.gouv.fr/facileco/nouvelle-economie#

 

Ministère de l’économie et des finances

https://minefi.hosting.augure.com/Augure_Minefi/r/ContenuEnLigne/Download?id=175AEC89-F63E-4731-BDE6-58EC566929AB&filename=1045%20-%20Discours%20Bruno%20LE%20MAIRE%20-%20Inauguration%20Datacenter%20Equinix.pdf

 

Data center magazine :

Jaguar Network lance la construction d’un troisième datacenter à Lyon

Xerfi :

https://www.xerfi.com/etudes/20SAE39.pdf?103536

Kinsta :

Part de Marché du Cloud – un Regard sur L’écosystème du Cloud en 2021

Le siècle digital :
https://siecledigital.fr/2020/03/26/le-trafic-internet-mondial-en-hausse-de-70-en-raison-du-confinement/

Gartner :
https://www.gartner.com/en/newsroom/press-releases/2019-07-29-gartner-says-worldwide-iaas-public-cloud-services-market-grew-31point3-percent-in-2018

Zdnet :

https://www.zdnet.fr/actualites/chiffres-cles-les-depenses-it-dans-le-monde-39790261.htm

Le Mag IT :

https://www.lemagit.fr/actualites/252467561/Cloud-IaaS-les-entreprises-preferent-les-geants-AWS-Azure-et-Google

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The Space Race in the 21st Century https://master-iesc-angers.com/the-space-race-in-the-21st-century/ Fri, 11 Dec 2020 13:10:43 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3325 With the ongoing pandemic that took the world by surprise and the US election results causing discord, it is easy for other major events to be buried underneath. After years of setting Mars and other celestial stars as the next… Continuer la lecture

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With the ongoing pandemic that took the world by surprise and the US election results causing discord, it is easy for other major events to be buried underneath.

After years of setting Mars and other celestial stars as the next stop for spatial expansion, the world has started to set its eyes on the Moon once more. Last year (2019) marked the 50th anniversary of Neil Armstrong landing on the Moon. During that year, we had multiple announcements and events in relation to spatial expansion were launched. For instance, former US Vice President Mike Pence gave in March 2019 a speech in which he declared that the US intends on sending more Americans to the Moon.

Before that, in 2015 Europe has shown the ambition of setting up an international Moon village in the future. India and China have also shown interest in the Moon, and China is also the first to set up a spacecraft on the far side of the Moon.

The Moon, being the only celestial body orbiting our planet, has quite normally been coveted by world leaders for military uses and the threat it could pose to other countries. That is why on the 27th of January 1967, the Outer Space Treaty was signed. It specifies that no country can become the owner of the Moon, and also prohibits the launch of weapons of mass destruction from the Moon. Other treaties and acts have been created on the subject, such as the Treaty of 1979, which stipulates that States are allowed to exploit the resources present on the Moon only for the common cause. This treaty was signed by only 15 countries (France and India being two of those).

The Space Act of 2015 by former US President Barack Obama says that the citizens of the United States of America are allowed to explore and commercially exploit the resources of the Moon. However, it also stipulates that it is by no means a claim of sovereignty of the Moon. The most recent Act to date comes from the Trump administration in April 2020. President Donald Trump signed a decree (without any international recognition, or juridic weight) that allows anyone to claim ownership of lunar resources. At the same time, Trump created what he calls the Space Force to ensure and defend the USA’s interests. We can see through all of these events and treaties, that the world has slowly moved from a stance of exploration and appropriation of the Moon to a stance of exploitation of the Moon’s resources and space expansion. However, the sudden shift in stance begs the question: why has this shift occurred? Why is there a second race to the Moon, and how is it different from the first? What have we found there, and how is this revolutionary for the world economy?

New resources and possibilities

One of the ways this race to the Moon is different from the previous ones is that this time, we are looking to stay long-term. As of today, the longest mission on the Moon lasted 3 days, which is a far cry from a long-term or even permanent stay. The previous race to space happened during the Cold War, and it was all about prestige and proving that one’s technology was superior to the others. This time, it is more about resources and the vision for the future. One of the main points of interest in the Moon is the amount of water that is present on it. It is mostly present in the form of ice that is dispersed all over the Moon. Water particles have also been discovered in Regolith (Moon dust). Altogether the amount of water in ice form averages in billions of tones, it’s a non-negligible amount. However, Regolith covers the surface of the Moon and has multiple uses that are key for most of the Moon projects. The reason why these two resources are so important is simple. Water could be used as fuel for rockets, to be precise, we could extract the hydrogen from the water molecules and use it as fuel. It could be collected and treated directly on the Moon, which would allow for rockets to refill their tanks directly on site. That would then translate into great energy savings. It should be noted that more than ¾ of the fuel used to reach the Moon is used to leave the gravitational pull of Earth. Being able to replenish fuel directly on the Moon, (which has ⅙ of earth’s gravity pull) would considerably reduce fuel consumption.

Apart from supplying us with water, Regolith could also be used to build the facilities that would be used on the Moon. Through the process of 3D printing, Regolith can achieve a solid form that we can build with. Being able to use materials directly from the Moon would solve a lot of logistical issues.

The discovery of helium 3 is also a component to the immense attractive power the Moon has seen in recent years. Helium 3 is an isotope of helium, which is plentiful on the Moon. Scientists have deemed it important and necessary as a source of energy in the future. It can be used in nuclear fusion, a process on which scientists are currently working and looks very promising for the energy industries. However, helium 3 is very rare on Earth, making it extremely precious. It could also be used as an alternative fuel that would power outer space travels to far off lands like Mars for example.

There are also multiple rare minerals and metals present on the Moon. Their presence brings in the possibility of opening mines on the Moon, from which we could extract those resources for use on the site itself, or to be brought back to Earth for use here. It also implies setting up a sustainable way of mining and transporting those resources, as the trip back becomes more complicated. In this sense the Moon could be used as an experimental area. If it proves successful it will open a pathway for space expansion.  It could also help lessen the environmental burden on our earth.

The Moon: the newest geostrategic zone

Another way this second-generation race to the Moon is different is that it is no longer just a way to prove one’s technological superiority, but also a way to gain an advantage over the other countries. It is not an exaggeration to say that the first to find a solution to the logistical issues that come with a long-term stay and exploitation in outer space will have a considerable head start compared to others, which could grant them a long term advantage if they play their cards right. That is why different countries and regions have different plans concerning its exploitation and possible advantages it can offer them. This power struggle explains why the newest Moon Treaty of 1979 was only signed by 15 countries unlike the previous one which was approved by all the countries. The only projects that seem to require international cooperation are first, setting up a permanent base, or one that can last in time, and second, the Europeans plan for a Moon village. The first one comes from a necessity of creating an alternative to the International Space Station (ISS) that has been in service since 1999 and is soon reaching its limit. After multiple extensions of service, it is said to shut down in 2025. That is why there are plans for a Moon base as an alternative to the ISS. As one of the top priorities for states involved in it right now, by its nature as an essential international structure, they are looking for ways to make this possible. However, the cost of such a project is not easy to cover for them and would require international coordination and cooperation, which is not easy to achieve. The second one is in a similar vein, it’s the European Moon village project. The plan to create a space village, in which scientists from all over the world could work from, while also occasionally receiving their family members or people close to them as guests. Out of all the ambitions, these are the only two working for international cooperation, with the addition of developing space tourism with the European project.

This is where private companies come into play. In recent years we have seen an increase in private companies in the space industry. A lot of companies are eager to invest or take part in these projects as they see the potential in it. Most of those companies are owned by some of the richest people in the world, meaning they have a lot of money they can invest in their projects. Most notably, Blue Origins and SpaceX owned respectively by Jeff Bezos and Elon Musk. Both of their companies have more or less the same objective, which is reducing the cost of space travel while improving the performances of the rockets and the means that enable said space travel. Blue Origins’ ultimate goal is to make space travel more accessible in the hopes of developing tourism. Elon Musk also plans to develop tourism, but his ultimate goal is sending people to Mars, a dream that seems everyday more achievable. There is a possibility to use the Moon as a launch area. As the gravitational pull is lower and fuel consumption reduced, together with the energy produced by a fusion with helium 3 to fuel it, scientists hope that they will be able to reach Mars and other celestial stars, and expand human territory through space. It would allow for constant supply of rare resources via the implementations of mines on those celestial bodies.

Some countries have their own plans for the Moon such as the US. NASA released a “solicitation for commercial companies to provide proposals for the collection of space resources”. In other words, they have decided to outsource a part of resource collection to companies all around the world. This comes as a result of Donald Trump’s executive order signed in April 2020 in which he allows space exploitation and inaugurated the creation of a Space Force.

China also has its eyes on the Moon. As the first country to ever attempt and succeed in landing a spacecraft on the far side of the Moon, it is clear as day that they have plans of their own. The Chinese have laid bare their ambition for all to see. For them it is no more a matter of how, it is a matter of when, as they are fully dedicated to reaching the Moon. They are the first country in 40 years to attempt to retrieve lunar samples, with the ongoing mission of Chang’e 5 that was launched on the 23rd of November 2020. The Chinese space dream is under way as we speak, as they are one of the most active countries in that area. In their plan, they wish to send the first Chinese man to the Moon by 2027 on the first lunar mission, and ultimately being able to stay permanently on the Moon, essentially establishing a colony on the Moon, from which they could exploit its resources and more.

All in all, the Moon has now become a very essential point of interest for the world, and what will be done with it might shape the world economy in the years to come. However, it should not go unnoticed that there are very few jurisdictions surrounding the subject. This type of status quo is extremely dangerous, as it gives free reign to the different parties involved. But we have seen through history that such freedom is not sustainable. It is then important to establish clear rules on the subject to guarantee a sustainable exploitation of the Moon and beyond, so as to learn from our history and not rely only on the goodwill of the parties involved. That being said, should a new Treaty on space exploitation be made? Is it even possible at this time to have all the countries sign one? These are the questions we should ask before advancing further.

Par OLUWAFISAYOMI AGUNBIADE, promotion 202-2021 du M2 IESCI

Sources

Agreement Governing the Activities of States on the Moon and Other Celestial Bodies of 1979

http://disarmament.un.org/treaties/t/moon/text

Business insider France « La Nasa a découvert de la glace d’eau sur la Lune qui pourrait être exploitée pour un voyage vers Mars »

https://www.businessinsider.fr/la-nasa-a-decouvert-de-la-glace-deau-sur-la-lune-qui-pourrait-etre-exploitee-pour-un-voyage-vers-mars-185697#:~:text=L’une%20des%20%C3%A9tudes%20a,confortablement%20install%C3%A9e%20%C3%A0%20la%20surface.

Claudie Haigneré interview « Va-t-on vraiment construire un village sur la Lune » https://www.youtube.com/watch?v=AFZIJ_T4YA0

France 24 “China’s ‘space dream’: A Long March to the Moon”

https://www.france24.com/en/live-news/20201124-china-s-space-dream-a-long-march-to-the-moon

LCI « La Nasa souhaite faire appel à des entreprises privées pour exploiter le sol lunaire : que dit le droit spatial ? »

https://www.lci.fr/sciences/la-nasa-souhaite-faire-appel-a-des-entreprises-privees-pour-exploiter-le-sol-lunaire-que-dit-le-droit-spatial-2073157.html

Mike Pence’s speech

https://www.youtube.com/watch?v=rQ8FyF7Rgfg

Pour la science « La ruée vers la Lune »

https://www.pourlascience.fr/sd/spatial/la-ruee-vers-la-lune-17256.php

United nations treaties and principles on outer space of 1967

https://www.unoosa.org/pdf/publications/STSPACE11E.pdf

U.S. Commercial Space Launch Competitiveness Act

https://www.congress.gov/bill/114th-congress/house-bill/2262

3D Natives « L’impression 3D de régolithe lunaire, un moyen de conquérir la Lune? »

https://www.3dnatives.com/limpression-3d-de-regolithe-lunaire-261120183/#!

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La stratégie de Total pour la Polar Silk Road https://master-iesc-angers.com/la-strategie-de-total-pour-la-polar-silk-road/ Sun, 06 Dec 2020 21:16:30 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3315 En septembre 2013, lors de sa visite au Kazakhstan, le président chinois Xi Jinping annonça la renaissance de « la route de la soie ». Il s’agit d’un titanesque projet de construction d’infrastructures reliant l’Asie, l’Europe et l’Afrique à tous les continents. … Continuer la lecture

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En septembre 2013, lors de sa visite au Kazakhstan, le président chinois Xi Jinping annonça la renaissance de « la route de la soie ». Il s’agit d’un titanesque projet de construction d’infrastructures reliant l’Asie, l’Europe et l’Afrique à tous les continents.  Ce projet touche absolument tous les secteurs.

Quand on évoque « la route de la soie », on pense à des infrastructures routières tels que des axes d’autoroutes, des voies maritimes, des voies ferrées, des ponts ou encore des aéroports. Mais cette nouvelle « route de la soie » est bien plus que ça. Ce nouveau projet intègre aussi le numérique, les zones industrielles, les infrastructures, des zones portuaires, ainsi que la construction de gazoducs, oléoducs, réseaux de fibres optiques et la production des énergies propres.

Cette nouvelle route de la soie est bien plus qu’une route. Elle est rebaptisée « One Belt, one Road Initiative », soit « Belt and Road Initiative-BRI ». Et comme son nom l’indique, son ambition est bien de faire un cercle tout autour de la terre.

Derrière la BRI se cachent donc les ambitions chinoises. Par le biais de la présence économique, de l’investissement, de la construction ou encore de l’extraction des ressources naturelles, la Chine crée une nouvelle zone d’influence et transforme l’Asie en une entité géante interconnectée et composée de 60 pays. A date, on dénombre 1 647 projets et 21 initiatives sous le sigle BRI (source : Reconnecting Asia), et le nombre de projets pourrait atteindre 7 000 d’ici 2050. Les montants investis se comptent en trillions. On parlerait de 900 à 4 000 milliards de dollars (selon : Deloitte). Avec de tels investissements, la Chine pourrait avant la fin du XXIe siècle, créer une super-région asiatique qui pourrait largement dépasser l’Union européenne en termes d’étendue, de dimensions et de potentiel économique. On estime déjà à ce que, dans dix ans, le volume du commerce dans le cadre du projet BRI atteigne 2 200 milliards de dollars (vs l’UE avec un niveau de 3 100 milliards de dollars) (source : The Conversation).

La BRI de ce fait pourra permettre à la Chine d’exploiter toutes les vastes ressources naturelles de l’Asie intérieure et de profiter des grandes régions énergétiques autour de la mer Caspienne et du golfe Persique. Ce qu’il faut retenir, c’est que la BRI contient un large volet sur l’énergie.

En effet, la BRI est un élément clé dans la stratégie énergétique de la Chine.

Les enjeux de la transition énergétique chinoise et l’autre route de la soie

L’étonnant paradoxe de la Chine est qu’elle est à la fois le plus gros pollueur de la planète et le premier pays producteur d’énergies renouvelables.

Pour resituer un peu le contexte, la Chine est sans doute le pays qui a connu les mutations les plus extraordinaires depuis le début des années 80 (et plus précisément depuis l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping en 1978). Si l’ère maoïste symbolisait une économie communiste fermée sur elle-même et en panne, le pays s’est ouvert, à l’arrivée de Deng Xiaoping, à la mondialisation. En moins de 30 ans, la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale, juste derrière les États-Unis et devant le Japon (en 2010, la Chine affichait un PIB 6 087 milliards de UDS, contre 5 700 milliards de UDS pour le Japon et 14 990 milliards de USD pour les États-Unis). Si elle est devenue le premier marché automobile, et est connue comme « l’usine du monde », la Chine est bien plus que ça. Elle a aussi rattrapé son retard dans les secteurs à haute valeur technologique comme l’IA, où elle affiche clairement son intention de devenir le leader mondial.

Pour atteindre cet objectif et garder sa croissance économique, la Chine aura besoin de quantités massives d’énergie.

Sa consommation a donc triplé entre 1990 et 2015, passant de 650 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) à 1 900 Mtep (à titre de comparaison, la France consomme 162 Mtep). En 2018, la Chine est le plus gros consommateur d’énergie avec 23,6 % de la consommation d’énergie primaire mondiale (source : Statista).
Ce grand bond économique chinois s’est appuyé sur le charbon, une source énergétique dont le pays dispose en grandes quantités. La Chine est non seulement le premier producteur mondial, mais aussi le premier importateur. La part du charbon dans le mix énergétique primaire était de 62 % en 2017 (contre 74 % au milieu des années 2000). Il assure 65 % de la production de l’électricité (contre 1,8 % en France et 30,1 % aux États-Unis en 2017).

Or, dès 2013, la Chine est confrontée à la question environnementale.

Le gouvernement a dû réagir face à « l’airpocalypse” des mégalopoles du nord du pays. Pékin avait été sévèrement touchée en automne 2013. Cet épais brouillard polluant a plongé toutes les mégalopoles du nord du pays dans le brouillard, obligeant la cessation quasiment de toutes activités pour 11 millions d’habitants. Le gouvernement a dû très rapidement prendre des mesures d’urgence (système de circulation automobile alternée, travaux de construction arrêtés, écoles fermées, etc…). Si la qualité de l’air ne s’améliorera pas de manière visible, l’environnement quant à lui est officiellement reconnu depuis comme un problème majeur.

De ce fait, dans une perspective de développement énergétique durable, si la Chine doit réduire sa consommation de produits pétroliers, ça ne peut pas être le cas pour le gaz naturel. En effet, Pékin doit réduire sa consommation de charbon, et le gaz naturel aide à faire reculer massivement les usages du charbon minéral dans les usages thermiques des industries et des ménages urbains.

Or la Chine n’est pas un grand pays producteur d’hydrocarbures et doit importer l’essentiel de sa consommation. D’après l’AIE (Agence Internationale de l’Énergie), les importations de GNL (Gaz Naturel Liquéfié) pourraient être équivalentes de ceux de l’Union européenne d’ici 2040. Cette situation de dépendance a donc une forte influence sur la géopolitique.

Par la BRI, la Chine peut renforcer sa flotte militaire et installer de nombreuses bases dans le monde. Ses investissements dans les ports du monde vont permettre de protéger les routes maritimes de son approvisionnement, et en même temps, de favoriser les débouchés de ses produits. La BRI permettra aussi d’accroitre ses approvisionnements de gaz avec l’Asie centrale et la Russie et de diversifier son approvisionnement.

La PSR (Polar Silk Road) ou l’autre route de la soie, nouvelle composante à part entière de la BRI, devient alors un élément majeur dans la stratégie énergétique de la Chine.

En effet, la rivalité entre les puissances concerne tout d’abord les hydrocarbures. Si les réserves mondiales de pétrole et de gaz s’épuisent, les réserves de l’Arctique sont estimées à près de 90 milliards de barils de pétrole, soit 15 % des réserves mondiales, et à 47 milliards de mètres cubes de gaz, soit 30 % du volume mondial total. Aujourd’hui, ces ressources restent difficiles à exploiter, mais, à terme, quand les ressources non conventionnelles seront épuisées, l’exploitation de l’Arctique deviendra un enjeu majeur.

Dès l’annonce de la BRI en 2013, il ne faisait guère de doute qu’à mesure que l’Arctique commençait à subir le changement climatique et l’érosion des glaces, le Grand Nord serait ajouté, aux côtés de l’Afrique, l’Europe et l’Eurasie, en tant qu’élément clé du réseau de routes commerciales et de partenariats économiques renforcés que la Chine cherche à développer.

L’enjeu de cette nouvelle voie maritime, le long des côtes polaires devenues de plus en plus navigables grâce au réchauffement climatique et à la fonte des glaces, est de pouvoir réduire de 40 % le trajet entre Rotterdam et Shanghai, et de concurrencer la voie surchargée du canal de Suez.

De ce fait, bien qu’elle n’ait aucune frontière avec l’Arctique, dès 2013, la Chine a réussi à se faire attribuer le statut d’observateur officiel au Conseil de l’Arctique, l’institution principale de cette région, fondée au lendemain de la Guerre froide et qui regroupe huit États : le Canada, le Danemark, les États-Unis, l’Islande, la Norvège et la Russie, la Finlande et la Suède.

En juin 2017, le document, intitulé “Vision pour la coopération maritime dans le cadre de l’initiative “Belt and Road”, a noté trois “passages économiques bleus” spécifiques essentiels pour le futur commerce maritime chinois BRI : la route Océan Indien-Méditerranée, de la route Océanie-Pacifique Sud et de l’Océan Arctique.

La Russie a été de loin le principal bénéficiaire des politiques de PSR, en raison de sa géographie, puisque la route maritime arctique la plus courte entre la Chine et l’Europe se trouve au nord de la Sibérie, et de divers types de coopération économico-politique. L’Arctique peut donc devenir un nœud majeur de la coopération sino-russe.

La plupart des accords économiques relatifs au PSR entre la Chine et la Russie ont été conclus dans le secteur de l’énergie, le projet GNL de Yamal, supervisé par la société russe Novatek (НОВАТЭК), en Sibérie occidentale étant le fleuron de cette coopération. La China National Petroleum Corp. (CNPC) détient une participation de 20% dans le projet, avec l’acquisition par le Fonds chinois de la route de la soie.

Dès mars 2011, Total s’engage en Arctique en coopérant avec Novatek (numéro deux du gaz russe). Et avec une participation de 20%, Total devient le partenaire de référence du projet Yamal LNG, et par là un acteur majeur du projet énergétique chinois.

Total dans l’enjeu énergétique chinois

Si l’histoire de Total en Chine commence dans les années 80 dès l’ouverture du marché chinois, la naissance de Total elle, date des années 20.

Groupe pétrolier Total a été fondé en mars 1924 par René Perrin sous la présidence d’Ernest Mercier. Elle est née sous le nom “Compagnie française des pétroles (CFP)”, le nom Total n’est apparu qu’en 1953. A l’origine, c’était une société mixte associant des capitaux d’État et des capitaux privés.

Ses activités couvrent l’ensemble de la chaîne de production, de l’extraction du pétrole brut et du gaz naturel à la distribution en passant par le raffinage.

Avec plusieurs fusions-acquisitions successives (Elf, Pétrofina) et sa privatisation en 1991, Total est devenu un groupe d’envergure internationale. Elle fait partie des six plus grands groupes pétroliers mondiaux ou “super majors”, aux côtés d’Exxon Mobil, Chevron, Royal Dutch Shell, ConocoPhillips ou BP.

Son aventure chinoise commençant dès les années 80, Total est donc présent en Chine depuis près de 40 ans. Le groupe a été la première société internationale d’énergie à s’implanter dans le secteur de l’exploration et du raffinage du pétrole et du gaz offshore en Chine. Total compte aujourd’hui 3 788 employés en Chine et est présent sur toute la chaîne de valeur de l’industrie énergétique chinoise.

Malgré tout, Total n’a pour autant pas « réussi » à pénétrer le marché chinois

L’Etat chinois contrôle ses marchés stratégiques, et particulièrement celui de l’énergie. Dans le marché du lubrifiant, les étrangers n’assurent que 15 % des ventes. Dans celui de la production de pétrole et de gaz, ils en assurent à peine 1,5 % et ne possèdent pas plus de 1 % des stations-service. A titre comparatif, Total compte 3 550 stations-service sur le marché français pour 310 stations-service sur le marché chinois.

Total entend donc pénétrer le marché chinois. L’environnement devenant une priorité nationale et exacerbé par « l’Airpocalypse » dès 2013, la Chine est devenue très active dans sa mutation énergétique. Elle devient en 2016 le premier producteur mondial d’énergie renouvelable (selon l’AIE). La France est très présente sur ce sujet avec notamment la création en 2018 de l’année franco-chinoise de l’environnement et Total veut participer à la mutation chinoise.

1er importateur mondial d’énergie, la Chine importe du pétrole et du gaz en provenance d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie du Sud-Est. 80 % de ces ressources passent par le détroit de Malacca. Ce taux illustre sa dépendance envers le détroit. Le risque persistant de piraterie dans la région, l’instabilité politique et les fréquents incidents terroristes mettent en péril la sécurité du transport du pétrole et du gaz chinois. Avec la mise en œuvre des Nouvelles Routes de la soie, la Chine accélérera non seulement son ouverture vers l’Ouest, mais améliorera aussi sa sécurité énergétique.

La Russie devient un partenaire stratégique pour Pékin et la participation dans la PSR et le choix sino-russe de Total n’est donc pas neutre.

Dès 2016, Total est très fortement appuyé par le gouvernement français dans le projet Arctic LNG (ou Yamal LNG 2, suite au projet Yamal LNG de 2011). Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, et son homologue russe, Alexeï Oulioukaïev, avaient à l’époque évoqué la possibilité d’inclure les banques françaises pour participer au financement du projet Arctic LNG de gaz naturel liquéfié.

Ce projet d’un peu plus de 21 milliards de dollars (environ 17,6 milliards d’euros) est l’un des plus grands projets de gaz naturel liquéfié (GNL) au monde.

Arctic LNG est porté par le groupe russe Novatek, Total et … des groupes chinois dont CNPC (China National Petroleum Corporation). L’entreprise française participe au projet à hauteur de 21 %. L’idée est de reproduire ce que les deux partenaires ont déjà accompli dans le Grand Nord russe, sur le site voisin de Yamal : bâtir une immense usine de liquéfaction qui permette d’exporter du gaz naturel vers l’Europe et l’Asie. Après extraction, ce gaz est refroidi sur place à – 163 °C et transporté par bateau à travers la PSR.

Cette méga-usine de gaz naturel liquéfié à Yamal est l’un des cœurs de cette nouvelle route. Arctic LNG a été lancée en décembre 2017 et le démarrage est attendu pour 2023. Les méthaniers passeront par la nouvelle PSR. D’après les estimations des spécialistes, lors des mois sans glace, le fret maritime vers l’est, en empruntant la PSR de l’Europe vers la Chine serait 40 % plus rapide que celui qui passe par le canal de Suez, ce qui permet de réduire de plusieurs centaines de milliers de dollars les coûts en carburant et de diminuer potentiellement les émissions de dioxyde de carbone de 52 %. Cette route est environ 10 à 15 jours plus rapide que la route traditionnelle qui passe par le canal de Suez. En fonction de la météo et de la période, la route est navigable sans navire brise-glace pendant une durée allant de 2 à 4 mois (source : Courrier International).

Le secteur parapétrolier hexagonal réalise plus de 90 % de son chiffre d’affaires à l’export ; dans le même temps, la Chine doit importer l’essentiel de sa consommation. Car la Chine a un taux de dépendance record en matière de pétrole qui a atteint 70,5% en 2018 (source : encyclopédie énergie); le pays est devenu le plus grand importateur de pétrole du monde. Et même si le gaz ne représente qu’un peu plus de 5 % de la consommation totale d’énergie primaire du pays, les importations ont fait un bond de 33 % en 2017. Le gaz étant nécessaire à sa transition énergétique, la Chine devrait devenir dans les prochaines années un acteur décisif sur le marché mondial du GNL.

Total est donc prêt et les dés sont jetés. Les enjeux sont énormes. Total est la seule référence sur le titanesque projet Arctic LNG. Ses méthaniers sont prêts à emprunter la PSR qui serait 40% plus rapide que le passage par le canal de Suez pour desservir les axes Europe, Amérique et Asie.

La volonté d’une économie chinoise plus verte, et surtout le choix de la PSR et de l’Arctique, pourraient être la clé pour Total pour pénétrer le marché de l’énergie chinois.

Par Thao Noet, promotion 2020-2021 du M2 IESCI

Sources

Jean-François Huchet « La crise environnementale en Chine », 2016

François Roche, La danse de l’ours et du dragon, édition François Bourin 2018

Total :  https://www.total.com

Novatek : http://www.novatek.ru/en/

CNPC :  https://www.cnpc.com.cn/en/

Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle_route_de_la_soie/

The Conversation

https://theconversation.com/la-nouvelle-route-de-la-soie-une-strategie-dinfluence-mondiale-de-la-chine-75084

https://theconversation.com/la-chine-a-la-conquete-des-poles-142342

Reconnecting Asia

https://reconnectingasia.csis.org/search/?q=nomber+of+projects

Courrier International

https://www.courrierinternational.com/article/geopolitique-la-russie-reve-dune-route-polaire-de-la-soie

Les Échos

https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/gnl-total-prend-10-dans-le-nouveau-projet-du-russe-novatek-995829

https://www.lesechos.fr/monde/europe/la-voie-polaire-la-route-de-la-soie-russe-1025873

Le Figaro

https://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/decryptage/les-nouvelles-routes-de-la-soie-le-projet-au-service-de-l-hegemonie-chinoise-20190326

All news

https://www.allnews.ch/content/points-de-vue/la-nouvelle-route-de-la-soie-un-rêve-hors-de-prix

Planète énergies

https://www.planete-energies.com/fr/medias/decryptages/chine-les-grands-equilibres-energetiques

Encyclopédie énergie

https://www.encyclopedie-energie.org/energie-chine-xi-jinping/

French China Org

http://french.china.org.cn/china/txt/2016-10/10/content_39457488.htm

In Finance

https://www.infinance.fr/articles/entreprise/societe-cotee-en-bourse/article-total-presentation-et-histoire-408.htm#histoire-du-groupe

Encyclopédie énergie

https://www.encyclopedie-energie.org/energie-chine-xi-jinping/

Usine nouvelle

https://www.usinenouvelle.com/article/total-se-place-dans-la-transition-energetique-chinoise.N1009684

Cercle finance.com

https://www.tradingsat.com/total-FR0000120271/actualites/total-total-accord-pour-une-coentreprise-en-chine-884367.html

L’antenne

https://www.lantenne.com/La-Chine-veut-une-route-de-la-soie-polaire-dans-l-Arctique_a41089.html

L’EnerGEEK :

https://lenergeek.com/2017/03/22/chine-pekin-gaz-naturel-production-delectricite/

https://lenergeek.com/2019/05/16/transition-energetique-gaz/

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Entre réchauffement climatique et nouvelles routes polaires : vers quelle géostratégie mondiale nous tourner ? https://master-iesc-angers.com/entre-rechauffement-climatique-et-nouvelles-routes-polaires-vers-quelle-geostrategie-mondiale-nous-tourner/ Mon, 04 May 2020 13:21:14 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3201 Depuis plusieurs années maintenant, nous avons connaissance du réchauffement climatique engendré par l’activité humaine, qui se traduit par la fonte des glaces, notamment en Arctique. A cet endroit du monde, le réchauffement climatique se fait deux fois plus rapidement que… Continuer la lecture

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Depuis plusieurs années maintenant, nous avons connaissance du réchauffement climatique engendré par l’activité humaine, qui se traduit par la fonte des glaces, notamment en Arctique. A cet endroit du monde, le réchauffement climatique se fait deux fois plus rapidement que partout ailleurs sur la planète : ces 25 dernières années, la surface de l’arctique a diminué de 40%. La banquise se réduisant progressivement, cela permet l’exploitation économique de ce territoire. Catastrophe écologique pour certains et opportunité pour d’autres avec les fonds marins riches en biodiversité et l’ouverture de nouvelles routes maritimes plus rentables pour certaines entreprises. Situation gagnante pour certains pays comme le Nord de l’Europe et l’Asie, ces nouvelles routes vont entraîner des pertes pour les régions proches du Tropique du Cancer, comme celles se trouvant proche du Canal de Suez. Ces nouvelles routes polaires (NRP) sont au nombre de trois : tout d’abord, on retrouve le passage du Nord – Est, qui longe la Russie entre le détroit de Béring jusqu’en Europe, route qui est aujourd’hui déjà accessible à certaines périodes. Ensuite, il y a le passage du Nord – Ouest qui passe près des côtes canadiennes entre le détroit de Béring et le Groenland. Enfin, si le réchauffement climatique continu sur cette voie, on risque de voir s’ouvrir la route transpolaire, passant par le pôle Nord, qui rallie également le détroit de Béring au Nord de l’Europe.

Les nouvelles routes polaires : des territoires riches à divers niveaux

L’ouverture des nouvelles routes polaires va entraîner une modification du paysage commercial : déjà fréquenté l’été par certains navires précédés d’un brise – glace, l’utilisation des NRP pourrai avoir lieu en toute saison d’ici quelques années s’il n’y a pas de politiques efficaces pour lutter contre le réchauffement climatique.

Celles – ci permettront de réduire la distance que les navires peuvent parcourir face aux routes dites « traditionnelles » selon le port de départ et celui d’arrivée : en effet, si on prend la route entre Le Havre et Dakar, elle restera inchangée et passera toujours par le Canal de Suez ; or entre Alger et Tokyo, l’utilisation de la route Nord – Est ou Transpolaire sera plus courte que la route actuelle d’environ 1 000 km. Pour les bateaux qui doivent relier l’Asie et l’Europe, qui passent aujourd’hui par le canal de Panama, ces NRP vont réduire la distance de près de 6 000 km. De manière plus générale, c’est ce que met en évidence le tableau ci – contre : dans l’échantillon de 99 pays ici pris en compte, on peut voir que la part des trajets commerciaux affectée par l’ouverture des NRP serait de l’ordre de 1,8% et 2,8%, avec une distance réduite en moyenne de 12,4% à 16,5%.  Certes comme ces chiffres l’indiquent, seule une faible part des trajets commerciaux sont touchés mais ceux qui le sont ont, de prime abord, une réduction de coûts notamment avec la baisse du temps de transports et la baisse de la consommation de pétrole. Ces pourcentages varient en fonction de la nouvelle route utilisée : le passage Nord – Est longeant la Russie et celui Nord – Ouest le Canada pourront être ouverts tout au long de l’année d’ici 2050, en prenant en compte les conditions climatiques actuelles. En ce qui concerne la route Transpolaire, celle – ci ouvrira plus tardivement vu qu’elle passe au plus près du pôle Nord.

Les effets sur le commerce de l’ouverture des NRP peuvent être anticipés en évaluant les effets de réallocation de commerce : s’il devient moins coûteux et plus rapide de faire passer les marchandises entre l’Asie et l’Europe du Nord en passant par la route Nord – Est, alors certains marchands vont choisir de réallouer leur activités vers les zones portuaires du Nord de l’Europe, comme Rotterdam. Les ports situés dans le Nord vont donc gagner en accessibilité : selon l’analyse du CEPII de 2018, le Japon, la Chine, La Corée du Sud ou encore le Royaume – Uni, la Norvège et l’Allemagne pourront voir augmenter leurs exportations entre 0,04% et 1,11%, en prenant en compte la route empruntée et l’élasticité du commerce.

En plus de ces nouvelles routes maritimes, le territoire polaire est source de richesses. On y retrouve notamment du pétrole et du gaz, ressources naturelles qui restent encore aujourd’hui difficiles à évaluer. Selon les estimations d’IFP Energies Nouvelles, ce territoire posséderait entre 13% et 30% des réserves mondiales.

Il ne faut pas oublier que l’ensemble de ces avantages sont à mettre en parallèle avec le coût d’exploitation de ces nouvelles routes. Les investissements, les équipements pour naviguer dans ce territoire, le coût des assurances, le droit de passage, … sont autant d’éléments coûteux à prendre en compte dans les calculs pour les entreprises. Ces avantages sont encore aujourd’hui incertains.

Un territoire fragile source de conflits naissants

Même si les impacts peuvent être positifs pour certains, les pays proches du Tropique du Cancer comme c’est le cas pour les Caraïbes, l’océan Indien ou la Méditerranée vont être désavantagés. Ces régions bénéficient du commerce de par leur proximité avec les marchés européens et américains or si prochainement le commerce passe par les routes polaires, l’avantage de ses zones sera amoindri. Selon une étude réalisée par le CEPII en 2018, la Jamaïque serait le pays qui souffrira le plus avec une baisse de son commerce de 0,02% à 0,21%. Malgré tout, ces NRP auront un faible impact sur le commerce mondial, notamment au regard des dommages environnementaux que cela implique. Aussi, le coût de navigation sera plus élevé que par les voies traditionnelles : même avec la fonte des glaces, les icebergs seront toujours fréquents en Arctique ; le ravitaillement ou le sauvetage des navires en périls seront plus coûteux vu que la zone est plus difficile d’accès.

De plus, encore aujourd’hui, l’Arctique n’est protégé par aucun traité international, entrainant des tensions géopolitiques. C’est ce que développe Pierre Michel, conseiller scientifique à l’ambassade de France à Washington, qui explique que “Ça crée aussi des contentieux puisqu’aujourd’hui le Canada revendique la souveraineté sur toutes les îles au nord du Canada, mais cette revendication du Canada est remise en cause par les Américains qui veulent que justement ça devienne une route commerciale ouverte à tous. Donc tout ça n’est pas du tout réglé à ce jour. Ce qui se passe en Arctique a des influence sur le monde entier, donc je ne pense pas qu’on va en arriver à une zone de non-droit où tout et n’importe quoi se passera.” Or le Canada n’est pas le seul à avoir des vues sur cette région du globe.

La Russie commence à déployer ses militaires, environ 6 000 hommes, dans son cercle Arctique pour protéger ces nouvelles ressources. Dans cette optique, la Russie a débuté la construction de brises – glace nucléaires, pour favoriser le commerce par la route Nord – Est et ce le plus tôt possible et peu importe la saison. Aussi, le pays lorgne sur les eaux proches de ses côtes. Comme on peut le remarquer dans la carte ci – contre, la Russie, comme tout autre pays, est en droit de revendiquer sa souveraineté, en vertu de la Convention de l’ONU, sur ce que l’on appelle les zones économiques exclusives et les eaux territoriales. Or ce n’est pas le seul pays à vouloir prendre dès aujourd’hui des mesures concernant ces nouvelles zones. Les Etats – Unis sous la présidence de Barack Obama, se sont positionné sur la protection de cette zone, à l’inverse de la Russie. L’ancien président a décrété l’interdiction permanente de forages dans les régions polaires sous souveraineté américaine comme c’est le cas de l’Alaska, de la mer de Beaufort ou des Tchoukes.

De plus, l’exploitation des ressources naturelles posent de véritables problèmes écologiques. Selon les chercheurs de l’université de Laval au Québec, « la question de l’extraction en Arctique soulève le risque de marées noires, dans un environnement dont la vulnérabilité face à un déversement de ce type est élevé ». Dans ce sens, le Conseil de l’Arctique pointe du doigt le fait qu’aucun pays n’est capable, avec ses moyens actuels, de réagir efficacement et rapidement en cas de marée noire dans cette zone.

 

Pour conclure, et au travers de ce que cet article a pu mettre en évidence, ces nouvelles routes polaires, même si elles sont sources d’avantages pour certaines régions et certaines entreprises, n’augmenteront que de peu le commerce mondial : entre 0,04% et 0,32%, au profit des zones telles que le nord de l’Europe et de l’Asie, et au dépit de la zone proche du tropique du Cancer. De plus, l’utilisation des ressources locales comme le gaz ou le pétrole accentuera encore plus le réchauffement climatique. A noter également que ces eaux et les ressources naturelles présentes en ces lieux sont sources de conflits entre certains Etats comme la Russie, le Canada et encore les Etats – Unis qui vont chercher à revendiquer leur souveraineté sur les eaux territoriales et sur les zones économiques exclusives. Même si l’exploitation économique de cette zone engendre des bénéfices, ils resteront minimes face à la perte et à la destruction massive de l’environnement et de l’écosystème de l’Arctique. Une exploitation économique oui, mais à quel prix environnemental.

Par Clarisse Bouet, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

Sources

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Les nouveaux secteurs stratégiques de la Russie https://master-iesc-angers.com/les-nouveaux-secteurs-strategiques-de-la-russie/ Thu, 05 Mar 2020 13:58:32 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3146 Avec ses 17 075 400 km², la Russie est le pays possédant le territoire le plus vaste au monde. Il est source de richesses naturelles comme le pétrole, le gaz ou encore le minerais d’uranium. La Russie a aussi un positionnement stratégique.… Continuer la lecture

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Avec ses 17 075 400 km², la Russie est le pays possédant le territoire le plus vaste au monde. Il est source de richesses naturelles comme le pétrole, le gaz ou encore le minerais d’uranium. La Russie a aussi un positionnement stratégique. Entre Europe et Asie, elle est limitrophe de nombreux pays comme la Finlande, l’Estonie, l’Ukraine, le Kazakhstan ou encore la Chine qui est l’un de ses principaux partenaires commerciaux. On peut donc dire que naturellement la Russie a toutes les cartes en main pour être une puissance mondiale. Elle souhaite aujourd’hui étendre ses secteurs stratégiques aux nouvelles technologies et se lance dans la course de l’Intelligence Artificielle. La Russie souhaite que son leadership soit indéniable et indiscutable. Elle s’impose parfois même par la force au Moyen-Orient et devient plus influente que les Etats-Unis ou l’Europe dans les conflits qui sévissent dans ces régions. Comment protège-t-elle aujourd’hui ses secteurs stratégiques ? Mais aussi, pionnière dans les domaines militaires et de la sécurité, peut-elle étendre son leadership aux autres secteurs d’activité de son économie ?

A l’origine, un secteur stratégique : les hydrocarbures

Le développement économique de la Russie est essentiellement dû à ses ressources naturelles. Le pays compte de nombreux gisements d’énergie fossile comme le pétrole, le gaz, le charbon ou encore le minerais d’uranium. La Russie possède aussi des métaux rares, en 2005, elle détenait la première place au niveau mondial de stock d’or. Pour ce pays l’enjeu a donc toujours été d’exploiter ses ressources naturelles qui comptent à hauteur de 95,7% de la richesse de la Russie.

Vladimir Poutine va alors définir les hydrocarbures comme secteur stratégique. Ces ressources sont sous l’emprise d’oligarques et donc profitent à des riches industriels puissants, au lieu de servir l’économie du pays. En devenant secteurs stratégiques les hydrocarbures et surtout les profits qu’ils peuvent générer sont plus facilement contrôlés par le gouvernement. La Russie est aujourd’hui le troisième producteur d’énergie au niveau mondial, elle est la première exportatrice de gaz, se situe à la deuxième place en ce qui concerne le pétrole et à la troisième pour ses exportations de charbon.

Mais la Russie ne compte pas s’arrêter là. A l’horizon 2035 elle souhaite augmenter sa production d’énergie primaire et ses exportations énergétiques. Elle se fixe l’objectif d’une hausse de sa production entre 8,6% et 21,2% en 2035 par rapport à son niveau de 2018 et une hausse de ses exportations entre 16,1% et 32,4% sur la même période. Le pays envisage aussi de substituer petit à petit sa consommation nationale de pétrole par le gaz naturel et ainsi, que sa part dans la consommation énergétique passe de 41% (2018) à 46-47% (2035). Parallèlement, la part du pétrole devrait diminuer de 39% à 31,2% sur la même période et engendrer une baisse de sa production nationale. La Russie s’est enrichie grâce au pétrole mais elle ne peut pas uniquement compter sur ses ressources naturelles pour développer son économie. D’autant plus que d’autres pays sont mieux pourvus qu’elle en ressources rares …

La Russie est devenue un acteur incontournable du Moyen-Orient qui reste aujourd’hui le premier exportateur de pétrole au monde. Pourtant rien ne laissait entendre qu’elle prendrait une telle position. Elle devient plus influente que l’Europe et les Etats-Unis alors que ses moyens économiques et militaires sont nettement inférieurs. La Russie s’engage dans les combats sévissant dans ces régions et conclut de nombreux accords avec les différents acteurs impliqués. Ses objectifs stratégiques sont multiples. En premier lieu, elle souhaite faire reculer l’hégémonie américaine au Moyen-Orient. Ce territoire représente donc pour la Russie un moyen de s’opposer aux décisions américaines quant à sa gestion des différents conflits. Il est aussi primordial pour la Russie de combattre le terrorisme dans ces régions avant qu’il ne puisse arriver jusqu’aux frontières russes. Enfin, par sa présence au Moyen-Orient, le pays contrôle le secteur économique du pétrole. Ces intérêts ne sont pas les mêmes que les Américains qui souhaitent avant tout garantir leurs approvisionnements afin que le prix du baril n’augmente pas. Pour la Russie l’objectif est inverse. Lorsque les conflits mènent à l’instabilité du pays et font s’envoler les prix du baril, le rouble connaît une inflation qui profite à la Russie. En effet, comme vu précédemment la Russie s’enrichit de plus en plus grâce à ses ressources en gaz et envisage de diminuer sa consommation nationale de pétrole.

L’ambition de la Russie est aujourd’hui d’étendre ses secteurs stratégiques à d’autres pans de son économie. Vladimir Poutine annonce en février 2008 sa « stratégie de développement à l’horizon 2020 ». Il met en avant cinq secteurs d’activité : l’aviation, la construction navale, l’énergie, l’information et la médecine. Dans ces secteurs stratégiques les nouvelles technologies et l’Intelligence Artificielle sont des leviers indispensables de croissance.

Un développement de l’Intelligence Artificielle dans le secteur militaire bientôt répandu dans toute l’économie russe ?

Depuis l’époque soviétique et la dictature qui sévissait en URSS entre 1922 et 1991, une culture du renseignement gouvernemental s’est fortement développée et est restée ancré dans les racines du pays. Durant cette période le KGB était chargé de la sécurité du pays, cela passait par de l’espionnage, mais aussi par l’exécution des opposants politiques et des organisations attaquant le parti. Aujourd’hui la Russie met toujours au cœur de sa politique le contrôle des informations. Le KGB a été remplacé par le FSB, créé en 1995, le service fédéral de sécurité de la fédération de Russie est le service secret du pays chargé des affaires de sécurité intérieure. Le secteur militaire possède un rôle majeur dans cette course à l’information stratégique. En 1992 le GRU est créé, c’est la direction générale des renseignements de l’Etat major des forces armées de Russie.

Vladimir Poutine a très vite compris que pour réaliser son ambition, tous les secteurs stratégiques de l’économie russe devaient être protégés des concurrents internationaux et de l’espionnage industriel. Le 25 décembre 2008 une liste de 295 entreprises russes jugées stratégiques pour le pays, est publiée. Les principaux acteurs de l’énergie comme Gazprom, Rosneft ou encore Loukoïl y figurent. Des géants de la métallurgie sont aussi présents : Norilsk, Nickel, Rusal, mais aussi des médias comme Première Chaîne et Russia Today. La Russie souhaite aujourd’hui développer et protéger un tout nouveau secteur qui pourrait lui permettre d’assoir son leadership au niveau mondial, celui de l’Intelligence Artificielle.

Pour Vladimir Poutine, « l’intelligence artificielle est l’avenir, non seulement pour la Russie, mais pour toute l’humanité. Cela présente des opportunités colossales, mais aussi des menaces difficiles à prévoir aujourd’hui. Quiconque deviendra le leader dans ce domaine deviendra le dirigeant du monde. ». Ce discours du chef du gouvernement russe prononcé le 1er septembre 2017, montre que depuis maintenant plusieurs années la Russie s’intéresse à l’IA et qu’il est indispensable de maîtriser ces nouvelles technologies pour être influent. Une première loi voit ensuite le jour le 10 octobre 2019 afin de définir quels sont les objectifs et les moyens que possèdent le pays dans sa course à l’IA. Cet oukaze est la « : « Stratégie nationale du développement de l’intelligence artificielle pour la période s’étendant jusqu’à 2030 », on y retrouve un état des lieux du développement de l’IA. Dans ce texte juridique figurent aussi les ressources tant techniques qu’humaines dont dispose la Russie pour mettre en place son ambition. Le gouvernement russe met l’accent sur un principal frein au développement de l’IA : le manque de coordination des différents acteurs du pays. L’objectif est de soutenir la recherche scientifique dans ces nouvelles technologies, notamment en rendant plus accessible les données. Les produits et services développés en Russie utilisant de l’IA doivent aussi être commercialisés plus facilement à l’international afin de devenir un acteur conséquent du marché mondial. Le gouvernement russe souhaite que la population prenne conscience des enjeux de l’IA et que la jeune génération puisse se former sur ses nouveaux métiers indispensables à l’économie de demain.

La Russie a commencé à s’intéresser à l’IA avant tout dans un but militaire et sécuritaire. En 2018, Vladimir Poutine annonçait que 33% des matériels et systèmes d’armes russes étaient robotisés. Afin d’aller plus loin la Russie travaille sur un système de régulation des relations sociales par le biais d’une IA utilisant des algorithmes complexes. En effet, la Russie se penche aujourd’hui sur ce que l’IA ne peut pas encore capter aussi finement que le cerveau humain, les relations sociales. Elle entame donc de nombreuses recherches scientifiques sur l’intelligence neuromorphique qui vise à modéliser et imiter les fonctions du cerveau humain.

Les ambitions de la Russie sont nombreuses aujourd’hui, mais le pays doit encore faire face à beaucoup de défis. Son économie s’est développé grâce à ses ressources en énergie, il faut maintenant diversifier ses activités afin que les autres secteurs puissent bénéficier de retombées positives. La Russie cherche à sortir de cette dépendance envers ses hydrocarbures. Elle diminue sa consommation de pétrole et garde le contrôle sur les pays du Moyen-Orient, principaux exportateurs de l’or noir. Sa culture du renseignement et de la gestion de l’information stratégique notamment dans le domaine militaire est propice au développement de l’IA, enjeu majeur afin d’assoir son leadership international.

Par Céline Métais, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

Sources

  • « Les ressources naturelles, l’économie de la Russie »; Advantour

https://www.advantour.com/fr/russia/economy/natural-resources.htm

  • « La stratégie énergie 2035 de la Russie »; Source : Ifri ; Publié le 11 décembre 2019

https://www.connaissancedesenergies.org/la-strategie-energie-2035-de-la-russie-191211

  • « Cette stratégie secrète de la Russie qui lui a assuré le leadership au Proche-Orient »; Publié le 30 octobre 2019

https://www.huffingtonpost.fr/entry/cette-strategie-secrete-de-la-russie-qui-lui-a-assure-le-leadership-au-proche-orient_fr_5db70806e4b05df62ec2ffdf

  • « La stratégie russe de développement de l’intelligence artificielle »; Publié le 26 novembre 2019

https://theconversation.com/la-strategie-russe-de-developpement-de-lintelligence-artificielle-127457

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Présentation et analyse contextuelle de la théorie de Jeremy Rifkin https://master-iesc-angers.com/presentation-et-analyse-contextuelle-de-la-theorie-de-jeremy-rifkin/ Tue, 18 Feb 2020 15:29:22 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3135 L’humanité a connu jusqu’à maintenant deux grandes révolutions industrielles, la première fût celle du charbon et de la machine à vapeur en 1765. Un an plus tard la seconde révolution industrielle eu lieu : 1870 marque le début de l’ère… Continuer la lecture

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L’humanité a connu jusqu’à maintenant deux grandes révolutions industrielles, la première fût celle du charbon et de la machine à vapeur en 1765. Un an plus tard la seconde révolution industrielle eu lieu : 1870 marque le début de l’ère du pétrole et du moteur à explosion. Aujourd’hui de nombreuses théories se bousculent pour savoir si le début d’internet et des NTIC a marqué le début d’une troisième révolution industrielle. Un auteur s’est d’ailleurs largement intéressé à la question : Jeremy Rifkin. Selon lui l’humanité ne serait pas encore passée dans la troisième révolution industrielle mais cela ne saurait tarder. En effet il y a deux éléments indispensables et caractérisant les révolutions industrielles.

Le premier élément dont il est question est une innovation dans les méthodes de communication. La première révolution eu la machine à vapeur et donc l’imprimerie, la seconde le moteur à explosion et donc l’automobile. Avec internet et les NTIC on peut clairement dire que l’on a atteint ce premier objectif de révolutionner nos méthodes de communication.

A contrario le second objectif que nous n’avons pas encore atteint, et qui constitue la seconde caractéristique d’une révolution industrielle, est un nouveau moyen de produire de l’énergie. En effet la production d’électricité par le biais du charbon, puis du pétrole, avait constitué un élément majeur dans les créations d’innovation inhérentes à ces révolutions.

C’est ici qui Jeremy Rifkin propose de changer notre méthode de production en passant aux énergies vertes, aux énergies renouvelables et c’est tout l’objet de sa théorie de « La Troisième Révolution Industrielle ».

Il s’agira donc de présenter et d’analyser quatre des cinq idées fondamentales de Jeremy Rifkin, les cinq piliers de la troisième révolution industrielle. Le cinquième pilier étant le passage à des transports uniquement électriques et donc découlant des quatre premiers piliers il ne sera pas traité. Le but est de faire un rappel de l’idéologie de Mr Rifkin tout en y apportant un premier regard critique. En effet ces cinq piliers qu’il décrit dans son livre La troisième révolution industrielle, œuvre parût en 2012, commencent à pouvoir se vérifier, 6 ans après. Il s’agira donc de faire une analyse non pas uniquement théorique mais aussi pratique au vu de l’évolution du monde depuis 2012.

1) Le choix de l’énergie verte

L’utilisation des énergies renouvelables comme principal moteur de la production d’énergie est le premier pilier que propose Jeremy Rifkin. Il propose notamment de fonder la production d’énergie mondiale sur cinq types d’énergies en particulier : le solaire, l’éolien, l’hydraulique, le géothermique et la biomasse. En effet, les énergies fossiles étant vouées à disparaître, il paraît plutôt logique de se tourner vers ce type d’énergie qui ne produit pas de déchets, contrairement à l’énergie nucléaire. De plus, et à l’aide de nombreuses études ayant été menées auparavant, Mr Rifkin développe l’idée selon laquelle les énergies renouvelables citées précédemment peuvent fournir assez d’électricité pour répondre aux besoins mondiaux voir plus et cela dans un avenir proche. Mais il y a un point sur lequel nous pouvons remettre en cause l’analyse de Mr Rifkin : se donne-t-on vraiment les moyens pour que les énergies vertes répondent à l’ensemble des besoins énergétique de l’humanité ?

Cette question fondamentale remet en cause l’ensemble du premier pilier de Jeremy Rifkin, il semble donc important d’y répondre. En premier lieu il serait intéressant de connaître à l’heure actuelle l’évolution du mix énergétique européen, six ans après la présentation de cette théorie. J’ai choisi de prendre l’exemple de l’Europe car c’était, selon l’auteur, la région la plus prometteuse en termes de développement de l’énergie verte. On peut déjà avoir un début de réponse, et ce grâce au graphique qui suit. En effet on observe bien une augmentation de la part des énergies renouvelables au sein de l’Union Européenne, mais un passage de 14,4 % à 17 % en 4 ans paraît tout de même assez limité pour que 30 % de notre énergie proviennent d’énergies vertes d’ici 2030.

On peut alors se poser la question de savoir pourquoi, en 4 ans, la part des énergies renouvelables n’a-t-elle pas plus augmentée ?

L’un des éléments de la réponse pourrait éventuellement venir de la réglementation européenne. Pour bien comprendre l’idée selon laquelle la réglementation européenne rend les énergies non renouvelables nécessaires à l’autonomie énergétique de l’Europe, il faut d’abord savoir que la production d’énergie éolienne et solaire (éléments phares de la théorie de Rifkin) a des coûts de production directs extrêmement élevés. La conséquence de cela est que ce type d’énergie se développe uniquement sous l’impulsion de subventions publiques. Or l’Europe est dans un système de marché de l’électricité ultra libéralisé, ces subventions sur le marché électrique font alors office d’exception ce qui induit un double problème : d’un côté le prix de l’électricité augmente, de par le fait que la plupart des subventions soient financées par une hausse de l’impôt sur l’électricité, et d’un autre coté les centrales de non-renouvelables sont toujours nécessaires, filet de sécurité indispensable au vu de l’intermittence de la production d’énergies renouvelable.

Finalement, et au vu de la situation européenne actuelle, on peut penser que produire de l’énergie par le biais de grandes centrales à énergie renouvelable telles que les grands parcs

Éoliens ou solaires ne pourra en aucun cas répondre à la demande énergétique actuelle, du moins aujourd’hui et dans un futur proche.

2) 190 millions de centrales électriques

Le deuxième pilier de Jeremy Rifkin est une suite assez logique du premier. En effet il s’agit ici de donner une autre fonction aux maisons et immeubles qui abritent les européens : les transformer en mini-centrale électrique. L’auteur soulève l’idée selon laquelle nous avons gardé les vieilles habitudes de tout centraliser comme nous le faisions avec les énergies fossiles, or « le soleil brille tous les jours sur toute la terre, même si son intensité varie. Le vent souffle dans le monde entier, même si sa fréquence est intermittente. Partout où nous posons les pieds, il y a sous la surface du sol un noyau géothermique extrêmement chaud. Nous produisons tous des ordures. ».

Ce deuxième pilier semble tout de suite plus réaliste à mon sens, et ce pour deux raisons majeures : la première est le fait que l’intérêt des populations des pays développés pour le réchauffement climatique ainsi que la production d’énergie propre ne fait qu’augmenter au fil du temps. La seconde raison est l’amélioration technique des équipements mit en vente pour que les particuliers puissent produire leur propre électricité et en baisse le coût.

Il paraît tout d’abord essentiel de préciser la corrélation qu’il y a selon moi entre intérêt des populations et production d’électricité au niveau individuel : au jour d’aujourd’hui si certains ménages produisent eux-mêmes leur électricité cela vient en grande partie de leur initiative et des aides potentielles que l’État peut leur apporter pour leur installation, et non d’une campagne publique promouvant l’autoproduction d’électricité. L’intérêt que porte la population pour les problématiques d’énergies renouvelables est donc au cœur du débat ici.

Or on remarque bien aujourd’hui l’intérêt grandissant des populations pour le réchauffement climatique. Pour le souligner on peut reprendre une enquête IFOP dont les résultats ont été publiés l’année dernière. Un point intéressant de cette étude est un tableau qui recense « les risques jugés les plus préoccupants » en France, on remarque alors qu’en 2002 seulement 20% de la population voyaient les risques liés aux changements climatiques comme les risques jugés les plus préoccupants contre 52% en 2017 (voir le tableau en annexe).

Cette opinion évolutive des populations a d’ailleurs bien des conséquences, notamment sur les politiques publiques elles-mêmes. En effet pareillement à l’opinion publique, l’intérêt des gouvernements pour le réchauffement climatique n’a cessé d’augmenter au fil du temps et cela se remarque notamment par le nombre d’initiatives prisent au niveau mondial depuis 2008 et le « paquet énergie climat » adopté par l’Union Européenne : en 2009 la conférence de Copenhague, en 2010 la création du Fonds vert (suite à la COP16 de Cancun), en 2015 la COP21 à Paris, etc..

Ensuite, les équipements permettant une autoproduction de l’électricité à un niveau individuel sont moins chers et plus performants : c’est la seconde raison pour laquelle je pense ce pilier réaliste.

Tout d’abord pour les prix de ces équipements on prendra en exemple ici le prix des panneaux photovoltaïques, moyen principal qu’utilisent les particuliers pour produire leur propre énergie. Au fil des dernières années le prix du photovoltaïque s’est littéralement effondré et c’est l’une des raisons pour laquelle, à mon avis, l’autoproduction d’énergie va rentrer dans les mœurs de notre société.

Mais la baisse des prix n’est pas le seul paramètre faisant de l’autoproduction d’électricité la nouvelle mode du consommateur depuis quelques années. En effet le progrès technique dans le domaine du photovoltaïque a également un impact important. Encore aujourd’hui de nombreuses nouvelles innovations sont à venir. Par exemple les nouvelles cellules solaires dites thermos photovoltaïques.

Ces cellules permettraient de convertir jusqu’à 80% de l’énergie solaire en électricité contre 30% actuellement ce qui rendrait les panneaux photovoltaïques encore plus prisés qu’ils ne le sont actuellement. Autre exemple avec la mini éolienne mise au point par les frères George en 2016 : pour un investissement de 50 000 roupies, soit 675 euros cette mini-éolienne peut répondre aux demandes énergétiques d’un ménage se trouvant dans un pays en voie de développement.

Pour conclure sur ce second pilier je pense que la mise en place de « 190 millions de centrales électriques » est possible et se fera sans aucun doute dans un futur plus ou moins proche, selon l’évolution des technologies permettant la production d’électricité à un niveau individuel, les prix étant aujourd’hui déjà assez bas.

3) Le soleil ne brille pas tout le temps, le vent ne souffle pas toujours

Dans ce troisième pilier Jeremy Rifkin pose le problème de l’intermittence des énergies renouvelables. En effet que peut faire un continent qui dépend à hauteur de 40% des énergies vertes, si sur la même période le vent arrête de souffler et qu’une dépression passe sur la région, empêchant ainsi les rayons du soleil d’atteindre les panneaux solaires ? Pour répondre à cette question l’auteur nous explique que le seul moyen qu’à l’humanité pour intégrer véritablement les énergies renouvelables à la société est de développer une nouvelle forme de stockage de l’énergie. Pour ce faire, et après avoir étudié les différentes possibilités qu’il y avait en 2012, il nous conseil de nous concentrer sur le stockage de l’énergie grâce à l’hydrogène et notamment par le biais de l’électrolyse.

Pour ce qui est de ce troisième pilier de la théorie de Jeremy Rifkin on peut avoir une double vision : d’un côté on pourrait dire qu’on ne peut pas, aujourd’hui, faire une réelle critique de ce troisième pilier qu’expose Jeremy Rifkin mais plutôt un état d’avancement des recherches. En effet la solution hydrogène pour le stockage de l’énergie est encore aujourd’hui la solution qui semble la plus prometteuse, de par ses coûts moindres par rapport aux batteries, de par son aspect pratique par rapport aux stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) et de par le fait que l’hydrogène soit présent partout sur Terre.

D’un autre coté apparaît une idée selon laquelle ce troisième pilier ne serait tout simplement pas utile. En effet on entre au jour d’aujourd’hui de plus en plus dans une économie collaborative et ce depuis plusieurs années. On peut alors se poser la question : et si on partageait directement l’énergie que nous produisons de façon efficiente au lieu de la stocker en grande quantité ? On aurait alors seulement besoin de stocker l’énergie en petite quantité et ce pour pallier aux différences entre production et consommation dans certains cas. Avec le développement des technologies liées aux énergies renouvelables un partage direct entre auto-producteurs et consommateurs permettrait de rayer le problème du stockage d’énergie de la liste des piliers qu’il faudrait mettre en place selon Mr Rifkin.

Pour ce qui est de l’actuel état des lieux concernant la solution hydrogène on peut souligner l’initiative d’une startup française Sylfen. En effet, et c’est une première mondiale, le système de stockage d’énergie « Smart Energy Hub » est un système hybride alliant stockage par batteries et hydrogène. Ce système a été développé dans l’optique du second pilier de Jeremy Rifkin : permettre aux bâtiments une autoconsommation de leur énergie. Avec un rendement électrique plus haut que la moyenne l’installation pourrait ainsi permettre à de grands bâtiments alimentés à partir d’énergies renouvelables de prétendre à une autonomie « électrique supérieure à 95% » selon Sylfen.

Au final le troisième pilier de Jeremy Rifkin est pour moi un semi-pilier. En fait l’utilité de ce pilier dépend à mon sens entièrement du quatrième pilier de sa théorie. En effet si le quatrième pilier est mis en place de façon générale et efficiente sur l’ensemble d’un territoire, voire d’un continent, l’utilité du troisième serait négligeable.

4) L’internet de l’énergie

La création d’un réseau électrique intelligent est le quatrième pilier de la théorie de Jeremy Rifkin sur la troisième révolution industrielle. En effet l’un des aspects de sa théorie est aussi de passer dans une économie beaucoup plus coopérative, et ce notamment par le biais d’un partage équitable de l’énergie entre les producteurs autonomes et les consommateurs.

Ce réseau pourrait, selon Rifkin, permettre plusieurs choses : tout d’abord une meilleure gestion des variations de production et de consommation ainsi qu’une meilleure fiabilité puisqu’une meilleure gestion des variations s’accompagnera naturellement par une baisse du nombre de pannes ou de coupures.

Enfin ce réseau intelligent permettrait de faire des économies, au sens monétaire du terme. En effet dans l’idée de Rifkin on pourrait par exemple avoir des compteurs numériques indiquant le prix de l’électricité en temps réel et ainsi pouvoir ajuster ses consommations d’énergie en fonction de l’heure à laquelle le prix est au plus bas. La réalisation de ce pilier me semble aujourd’hui tout à fait possible mais souffre tout de même d’un obstacle assez grand : la coopération internationale.

En effet pour qu’un tel réseau électrique soit suffisamment efficient il faut qu’il soit mis en place de façon internationale notamment en Europe. Or lorsque l’on voit aujourd’hui l’état des relations internationales, et ce partout dans le monde, on se doit de douter qu’un tel réseau puisse être mis en place dans un futur proche. En effet on peut prendre ici toujours l’exemple de l’Europe, qui subit une constante montée des parties populistes depuis quelques années : comment pourrait-on mettre en place un tel réseau après le vote décisif des italiens pour un gouvernement populiste, après un Royaume Uni qui a choisi l’option du Brexit et après une montée constante des partis populistes dans divers pays européens comme la France et l’Allemagne. Si les dirigeants européens ne peuvent s’entendre sur des questions telles que l’immigration et les règles budgétaires européennes comment pourraient-ils se mettre en accord sur une question aussi importante que l’énergie ?

Finalement je pense que la théorie de la troisième révolution industrielle de Jeremy Rifkin n’est pas applicable aujourd’hui ni dans un futur proche pour des raisons technologiques mais aussi de politiques nationales et international. Mais a contrario il y a bien des aspects de sa théorie applicable aujourd’hui même aussi demain, je parle notamment du deuxième et quatrième pilier que l’on mettra sûrement en place.

Par Victor Munter, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

Bibliographie / webographie

RIFKIN, J. (2013). La 3ème révolution industrielle. Comment le pouvoir latéral va transformer

l’énergie, l’économie et le monde (Babel).

GADREY, J. (2010). Adieu à la croissance, bien vivre dans un monde solidaire. (Alternative

économiques/ Les petits matins)

JAGLIN, S., VERDEIL, E. (2013) Énergie et villes des pays émergents : des transitions en

question. Flux, N°93-94, p 7 à 18.

https://ec.europa.eu/eurostat/fr/home

http://microgridmedia.com/its-like-the-early-days-of-the-internet-blockchain-based-brooklyn-microgrid-tests-p2p-energy-trading/

http://sylfen.com/fr/accueil/

https://www.alternatives-economiques.fr/lavenir-radieux-photovoltaique/00082495

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Les enjeux de la transition énergétique sur les réseaux électriques : les Smart Grids https://master-iesc-angers.com/les-enjeux-de-la-transition-energetique-sur-les-reseaux-electriques-les-smart-grids/ Wed, 30 Jan 2019 14:47:49 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3004 L’électricité est un vecteur énergétique très important, en dépit du manque de capacité de stockage en grande quantité. Le réseau électrique est vu comme une bonne solution pour atténuer ce déficit de stockage de l’électricité. Des enjeux énormes résident sur… Continuer la lecture

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L’électricité est un vecteur énergétique très important, en dépit du manque de capacité de stockage en grande quantité. Le réseau électrique est vu comme une bonne solution pour atténuer ce déficit de stockage de l’électricité. Des enjeux énormes résident sur le développement des réseaux électriques, notamment avec la montée en puissance des énergies renouvelables partout dans le monde. En Europe par exemple, une cible de 33% à l’horizon 2020 a été fixée en termes de proportion d’électricité d’origine renouvelable. Il faudra donc dans l’avenir innover et développer des réseaux intelligents, capables de faire face à cette transition énergétique.

Pour répondre à ces enjeux, l’auteur va présenter dans un premier temps le fonctionnement des réseaux électriques actuels en Europe et en France notamment, ensuite son évolution actuelle et enfin, un accent particulier sera mis les Smart Grids, que sont les réseaux intelligents.

I. Infrastructures du réseau

L’infrastructure du réseau électrique est celle qui achemine l’énergie électrique depuis les générateurs, jusqu’à la consommation finale. Le réseau est composé de plusieurs segments qui dépendent de la tension utilisée. On distingue entre autres la très haute tension, la haute tension, la moyenne tension et la basse tension. Selon ces distinctions, la nature du réseau change. En effet, le réseau de transport a une structure maillée, si bien que l’électricité peut emprunter plusieurs voies entre deux points donnés du réseau, ces points sont appelés des nœuds. En revanche, le réseau de distribution en moyenne tension a spécifiquement une structure bouclée et le réseau de basse tension a une typologie radiale.

A chaque nœud du réseau, on trouve ce qu’on appelle un poste électrique. Ce dernier est composé d’un ou plusieurs transformateurs, d’équipements de coupure, d’aiguillage et de protection. Le rôle d’un poste électrique est le raccordement d’un tiers au réseau électrique, l’interconnexion et la transformation de l’énergie d’un niveau de tension à un autre. On trouve aussi d’autres infrastructures du réseau, comme les pylônes, les lignes, les câbles, etc.

II. Les acteurs du système électrique en France

Après la libéralisation du secteur de l’électricité en France en 2000, plusieurs acteurs du système électrique français ont vu le jour. Ils interviennent dans tous les segments du système électrique, de la production à la commercialisation. On en distingue 4 principales catégories. Une première catégorie d’acteurs intervient dans des activités purement concurrentielles, au niveau de la production, la fourniture et la commercialisation. On trouve dans cette catégorie quelques acteurs qui interviennent dans toutes les activités, comme EDF ou ENGIE. D’autres se spécialisent dans un segment particulier, comme dans la fourniture d’électricité 100% renouvelables, c’est le cas d’Enercoop.

Une deuxième catégorie d’acteurs intervient dans des activités régulées relevant du transport de la très haute-tension et de la haute tension, c’est le cas de RTE, de la distribution de la moyenne et de la basse tension, c’est le cas principalement de ENEDIS qui couvre presque 95% du territoire français. On trouve également quelques régies ou entreprises locales de distribution. Et enfin les deux autres catégories d’acteurs du système électrique français sont composées de la Commission de Régulation qui veille au bon fonctionnement du marché de l’électricité et des consommateurs finaux de l’électricité.

III. Source de production décentralisée

Des enjeux énormes existent dans la production décentralisée avec le développement des énergies renouvelables. Ces sources de production décentralisées concernent en particulier les réseaux de moyenne et basse tension. Deux grandes différences distinguent la production décentralisée et la production classique. La première réside au niveau des installations. La production décentralisée possède plusieurs installations.

En France par exemple, on dénombre plus de 340 000 installations, dont 95% de la production sont injectées dans le réseau de distribution. Le deuxième avantage de la production décentralisée est lié à la faiblesse de la puissance de raccordement. On observe entre autres avantages de la production décentralisée, la diversité de ressources, leur disponibilité qui parfois varie en fonction de la nature de la ressource, c’est le cas par exemple des parcs éoliens et du salaire photovoltaïque.

 À côté de ces sources d’énergies renouvelables de productions décentralisées, on trouve également, d’autres sources comme la biomasse, l’hydraulique, la géothermie, etc.

Le développement de ces sources d’énergies renouvelables, avec en ligne de mire la production décentralisée d’énergies électriques, nécessiterait une innovation de la part du système de réseau électrique, mais aussi une bonne adaptation au développement spectaculaire de ces énergies. La transition énergétique, que nous venons de connaitre va devoir pousser les entreprises gestionnaires de réseau électrique à développer des réseaux intelligents capable de faire face à ces enjeux. D’où l’importance de développer les Smart Grids ; objet de notre article.

IV. Les Smart Grids

Le compteur communicant est un des premiers maillons de la chaine des réseaux électriques intelligents. En France par exemple, le développement du compteur Linky par ENEDIS est vécu comme une révolution dans le système de réseaux électriques. Ce compteur permet de visualiser de façon plus fine la consommation énergétique. Il permet également de réaliser un certain nombre d’opérations à distance de manière automatique sans dérangement en utilisant les nouvelles technologies de communication. L’intelligence artificielle est donc une des technologies développées dans ce compteur. Linky permet aussi une facturation réelle de la consommation ; il n’y aura plus d’estimation comme le cas actuel pour les autres types de compteurs. Avec ces compteurs communicants, la performance des réseaux électriques sera au rendez-vous. Ils auront donc un grand rôle à jouer pour l’utilisation de la production décentralisée à base d’énergies renouvelables.

Partant des informations sur le compteur communicant, nous allons essayer de vous présenter comment sera le réseau électrique de demain. Les Smart Grids joueront un rôle important à cet effet. On vous présente donc quelques généralités de Smart Grids et ensuite quelques technologies déjà développées sur les Smart Grids.

Quelques généralités sur les Smart Grids

L’idée de développer des réseaux intelligents est apparue au début des années 2000, surtout avec la libéralisation du secteur d’électricité en France notamment, mais aussi avec l’ambition des autorités de développer les énergies renouvelables dans le mix de production énergétique. La France a élaboré une feuille de route pour mettre en place ces technologies de l’information.

Quelques technologies développées sur les Smart Grids

En France, la CRE dénombre en 2018, plus de 100 démonstrateurs de Smart Grids. On identifie quelques régions pionniers dans ce domaine, comme la région Auvergne, PACA et Rhône-Alpes.

On appelle un démonstrateur Smart Grids un projet qui a comme objectif principal d’expérimenter « une ou plusieurs technologies ou fonctionnalités destinées à fournir un ensemble de service au réseau électrique et à ses utilisateurs ».

En effet, ces démonstrateurs peuvent être réalisés pour les usagers d’électricité, ils peuvent être testés par les gestionnaires de réseau électrique ou pour tout l’ensemble.

Pour les usagers, nous avons identifié deux grands projets phares développés en 2012 et en 2014 pour la maîtrise de la demande énergétique. Le premier appelé Watt et Moi qui s’est basé sur des données de consommation recueillies sur l’internet issu du compteur Linky. Ce projet a abouti à faire une étude sociologique sur le changement de consommation qui dépendait de l’information des consommateurs liée à des actions d’animation.

Le deuxième projet Smart Grids que nous avons identifié pour les usagers, est appelé SOLENN, développé en 2014 qui utilise des outils numériques et d’animation. Ce projet a permis de donner à certaines collectivités des très bonnes informations sur les spécificités énergétiques de leurs territoires.  Certaines fonctionnalités testées par ce projet ont donné des résultats très importants pour l’avenir des réseaux intelligents.

Du côté des gestionnaires de réseau électrique, on a identifié un projet nommé « poste intelligent » qui utilise les technologies de numérisation pour le contrôle commande et son raccordement à un réseau de communication de haut débit à l’intermédiaire de la fibre optique.

Et enfin au niveau de l’ensemble, nous avons identifié un projet phare développé dans la région PACA appelé NICE GRID. Il s’agit d’un démonstrateur de quartier solaire intelligent.

Conclusion

Nous avons vu que la transition énergétique va au-delà de la conservation de l’environnement par l’utilisation des énergies propres à faible emprunt carbone. Mais des innovations vont accompagner cette transition, notamment au niveau des réseaux électriques. Les Smart Grids seront au cœur de cette révolution dans les années à venir. Ces réseaux intelligents peuvent intéresser surtout des Etats insulaires, où la production énergétique est beaucoup plus décentralisée et où un potentiel énergétique des énergies renouvelables existe. C’est le cas par exemple des îles Comores dans l’océan indien. Dans d’autres études antérieures menées par l’auteur sur l’état actuel du réseau électrique dans ces îles, il est dans un état désastreux avec une perte de plus de 60%, ce qui ne permet pas de développer les énergies renouvelables malgré le potentiel existant. Le recours des Smart Grids dans un tel système, est donc vivement recommandé.

Par Mohamed Mbapandza, promotion 2018-2019 du M2 IESCI

Bibliographie

  • ADEME, « Smart Grids, le savoir-faire français », 2017
  • BERGAENTZLE Claire, « Smart Grids et efficacité des systèmes électriques : instruments de régulation et impacts de la gestion de la demande », thèse de doctorat, université Grenoble Alpes, 2015.
  • DGME Comores, « Etat des lieux du réseau électrique des îles Comores », 2018
  • ENEDIS, « valorisation économique des Smart Grids, contribution des gestionnaires de réseau public de distribution », 2017
  • La loi relative à la Transition Énergétique et pour la croissance verte (LTECV), août 2015.
  • SGFC, « recommandations pour les collectivités SMART GRIDS READY », 2017

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Etude sur l’usage de la voiture électrique au Maroc https://master-iesc-angers.com/etude-sur-lusage-de-la-voiture-electrique-au-maroc/ Mon, 12 Mar 2018 09:59:57 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=2733 La voiture électrique n’est hélas pas une invention nouvelle ou encore moins une innovation dont pourraient s’emparer des partis écologistes. Le fameux moyen de transport vert dont les origines se situeraient autour des années 1800 serait presque bicentenaire. L’étude ci-dessous… Continuer la lecture

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La voiture électrique n’est hélas pas une invention nouvelle ou encore moins une innovation dont pourraient s’emparer des partis écologistes. Le fameux moyen de transport vert dont les origines se situeraient autour des années 1800 serait presque bicentenaire.

L’étude ci-dessous a été réalisée afin d’étudier la faisabilité d’un usage massif dudit engin au Maroc et de modifier le comportement des consommateurs locaux. Notre étude se basera surtout sur une étude économique de l’implantation des voitures 100% électriques au Maroc, en s’inspirant du leader mondial des consommateurs de véhicules électriques : la France.

Rappelons que le véhicule électrique a été développé dans un souci purement écologique, afin d’apporter des alternatives énergétiques face à l’usage intempestif des ressources fossiles, dont l’usage et l’impact sur l’environnement étaient non négligeable. Toutefois le véhicule électrique, s’il est avantageux pour l’environnement, présente le risque d’être financièrement désavantageux.

Le véhicule électrique se vend en moyenne à 35000€, en raison de sa batterie qui représente quasiment la moitié de son coût total à l’achat. Etant donné un coût représentant le double de celui d’un véhicule thermique, des solutions ont été étudiées et mise en place afin de pallier au prix élevé du VE. En effet pour réduire les coûts à l’achat, il est proposé un système de location-vente des batteries proposé par Renault, qui a pour principe la vente nue (sans batterie) du VE contre un supplément reversé de 100 euros par mois, ce qui contribuerait à réduire les coûts d’acquisition du VE

Le principe de fonctionnement de la batterie du VE est presque identique aux batteries que nous connaissons (éclairages, démarrage, etc…). Le point de divergence principal est sa technologie de fabrication et la gestion de charge et de décharge, ce qui rend son usage différent des autres batteries.

La batterie est l’entité clé de la voiture électrique, elle influe directement sur les performances et l’autonomie de cette dernière. Ce qui en fait une unité de stockage d’énergie faisant fonction de réservoir et récupérateur d’énergie. Il existe plusieurs types de batteries à traction :

-Batteries en plomb acide,

-Batteries en cadmium nickel,

-Batteries Nickel metal hybride,

-Batteries lithium.

Cette dernière est la plus utilisée pour les véhicules électriques

Le lithium permet de stocker énormément de charge électrique sous forme d’ions sur les électrodes de manière très compacte. Le critère de sélection d’une batterie à traction varie selon l’importance des critères tels que : l’énergie, la durée, le poids, le prix, sa capacité de recyclage, etc…

Pour l’heure le recyclage des batteries est encore assez difficile. Les constructeurs font état de 60% de batteries recyclées. Raison pour laquelle l’option d’un usage de métaux moins lourds est sérieusement envisagée et pourquoi pas un remplacement du lithium qui est rare, chère et nocif pour l’environnement.

L’exonération des frais d’immatriculations et l’instauration des bonus-malus écologiques seraient un avantage pour les propriétaires de VE.Outre le gain via la batterie, un autre avantage du VE réside dans les coûts destinés à l’entretien dudit véhicule. Etant entièrement électrique les coûts d’entretien du VE sont inférieurs de 30 à 40% par rapport au véhicule thermique. Ce qui nous permet de mentionner que la durée de vie d’un VE est beaucoup plus importante, jusqu’à  1.000.000 km.

Il faut noter que l’entretien d’un véhicule thermique coûte en moyenne 3300€ par an aux automobilistes contre 2000 € (déduction faite des coûts de carburants de 1350 euros, vidange inexistante, exonération d’immatriculation et coût de l’assurance 360 euros et frais mensuels de batterie 86 euros, le reste pour diverses charges) en moyenne pour un véhicule électrique. L’entretien comprend la consommation énergétique annuelle, entretien et charges administratives.

Le tableau ci-dessous fait une comparaison schématique de l’usage de l’énergie par différents véhicules : électriques, essence et diesel.

D’un point de vue macroéconomique la coalition zéro émission Québec a réalisé une étude démontrant les retombées économiques d’un parc de voitures électriques au Québec, représentées par le tableau ci-dessous.

L’Etat ne fait pas que des bénéfices au travers du VE, opter pour ce type de mobilité entraînerait un coup d’opportunité important. La contrepartie serait le renoncement aux taxes liées directement aux carburants d’origine fossile, comme l’indique le tableau ci-dessous :

Hormis son prix encore exorbitant, la voiture électrique pourrait présenter plus d’avantages que d’inconvénients tant pour le consommateur, avec sa durée de vie et les avantages à l’entretien, que pour l’Etat avec les bénéfices à l’import d’énergies fossiles et les nouvelles taxes d’exploitation des énergies renouvelables. Le véhicule électrique n’a pas été développé uniquement pour les avantages économiques qu’il pourrait procurer, mais surtout pour sa capacité à répondre aux défis climatiques actuels.

Comme l’indique déjà son nom, le véhicule électrique a pour seule source de fonctionnement l’électricité. Elle apporte donc une solution efficace pour la transition énergétique dans le secteur des transports.

L’impact le plus direct sera bien évidemment une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Car, durant tout son cycle de vie, le VE émet en moyenne 9tCO2-eqcontre 22t CO2-eq (t= tonnes ; CO2= dioxyde de carbone ; eq=équivalent : Agence de l’environnement et le maîtrise de l’énergie, les potentiels du véhicule électrique, avril 2016) pour un véhicule thermique dans les mêmes conditions. Ce résultat ne peut être obtenu que si l’électricité utilisée lors de la recharge de la batterie du VE est faiblement carbonée.

La VE ne contribue pas uniquement à la réduction des GES, sa venue dans notre quotidien permettrait de diminuer l’émission des polluants responsables de la dégradation de l’air atmosphérique. Il émet moins de particules dans l’air telles que les composés organiques volatiles (COV) et les Oxydes d’Azote (NOx). Agence de l’environnement et le maîtrise de l’énergie, les potentiels du véhicule électrique, avril 2016

La VE pourrait avoir un rôle important à jouer dans la gestion du réseau électrique. Le VE use un peu moins de 80% de sa capacité électrique par jour (d’après une étude réalisée par SMART GRIDS – CRE, sur l’utilisation de la voiture électrique comme moyen de stockage).

On utilisera donc le système appelé Vehicle-to-Grid dont le but sera de se servir de la batterie de la VE comme d’une capacité de stockage mobile. Cela sous-entend le réapprovisionnement du réseau électrique pendant les saisons de forte demande en énergie ou pour pallier un manque ponctuel de production, lorsque les véhicules sont branchés.

La VE est certes respectueuse  de l’environnement, mais ceci n’est valable que lors de sa mise en circulation. D’après des recherches effectuées sur le montage dudit véhicule, on se rend compte que la dame verte n’est pas aussi verte qu’elle le prétend. Ce qui représente malheureusement l’envers de la médaille.

La VE est beaucoup plus polluante au cours de sa fabrication qu’un véhicule thermique diésel. Cette variable est l’une des principales remises en cause de ce modèle dit respectueux de l’environnement, tout en relançant le débat déjà houleux chez les consommateurs.

Cet impact négatif se mesure par :

  • L’acidification des milieux qui est supérieur de 25 % (statistique de l’ADEME) par rapport à celle d’un véhicule diesel durant la phase de fabrication,
  • L’eutrophisation des milieux aquatiques non négligeable mais quand même inférieure de 45 % (statistique de l’ADEME) par rapport à un véhicule diesel.

N.B : L’Eutrophisation de l’eau est le processus par lequel les nutriments s’accumulent dans un milieu, ici aquatique, ou terrestre.

LA VOITURE ELECTRIQUE A L’ASSAUT DU MAROC

L’automobile reste le moyen de transport favori des marocains. Des études réalisées par l’observatoire wafasalaf, nous ont permis de mettre en lumière les comportements de consommation dans le secteur automobile au Maroc.

Le sondage (avril 2013 – Aujourd’hui le Maroc) effectué a révélé que 31% des ménages au Maroc possèdent un véhicule, contre 69% non équipés. Chaque année ce n’est pas moins de 12% des foyers non équipés qui expriment le besoin d’acquérir un véhicule, et de cette minorité en ressort 53% des ménages souhaitant s’équiper d’un véhicule neuf.

Les Marocains dépensent en moyenne à l’achat d’un véhicule :

-50 à 100 000 DH pour une automobile d’occasion, et

-100 à 200 000 DH pour un véhicule neuf.

Cependant les automobilistes marocains ne jurent que par le diésel, raison pour laquelle le parc automobile chérifien est constitué à près de 70% de véhicules à gasoil. Ce choix s’explique notamment par :

-Le prix à la pompe du diésel, qui est relativement bas par rapport à celui de l’essence. Si le plein d’un véhicule diesel de type Dacia Logan 2017 coûte environ 392 DH, celui d’un véhicule essence du même modèle se situe à 499 DH soit une différence de 107 DH. (Chiffres fournis par le concessionnaire Dacia dans son site officiel).

-La durée de vie du moteur et du rapport performance/ consommation. Toujours sur la base du même modèle de voiture que précédemment, la consommation au 100 km du moteur diésel coutera 27,44 DH (3,5L/100Km) contre 58,882 DH (5,9L/100Km). (La consommation d’un véhicule est évaluée sur un parcours de 100 km. Les valeurs données un peu plus haut sont déduites des prix à la pompe effectués par Total à savoir 7,84 dh pour le diésel et 9,98 dh pour le super).

Au vu des tendances explicitées ci-dessus, quelle serait donc la place du véhicule électrique dans le parc automobile marocain ? Saurait-on le faire adopter par les automobilistes ?

Le véhicule électrique au Maroc, n’a pas encore fait l’objet d’expériences pouvant nous en dire plus sur un usage domestique. En effet, puisqu’il est électrique des questions sur la tarification électrique et l’installation des bornes de recharges restent sans réponses. Les avantages écologiques et environnementaux de ce type de locomotion seront sans appel. Mais encore faut-il que le problème de son klaxon, assez silencieux, soit résolu. En y adaptant un autre beaucoup plus sonore et moins nocif que ceux utilisés pour le véhicule classique.

Le VE consomme en moyenne 10KwH/100km. (Consommation moyenne donnée par tous les constructeurs). En partant sur la base de bornes de recharges domestiques, nous opteront pour une tarification du même ordre (hypothèse). Les tarifs de l’électricité domestique sont fixés par l’ONEE selon les tableaux ci-dessous :

Selon l’état observé, la consommation de la voiture électrique sera de 12.467 DH/100km ; 1,2467*10 kw consommation électrique sur 100 km parcourus (nous avons choisi la tarification normale, sur la base d’une recharge effectuée dans la nuit). Pour une batterie dont l’autonomie est de 500km, il faudra donc compter environ (12,467*5=) 62,365 DH ; si pour 100 km on dépense 12,467 dh, pour 500 km, ce sera le produit de 12,467*5 pour une recharge pleine.

En dressant un tableau récapitulatif de la consommation des différents types de véhicules, nous obtenons :

Le véhicule électrique sera très avantageux pour le consommateur marocain. Mais encore faudra-t-il des installations électriques adéquates et une culture de la patience parce que, contrairement à un plein à la pompe réaliser en quelques minutes, la recharge d’un véhicule électrique ne s’effectue pas en moins de 20 minutes (pour les batteries les plus performantes).

En conclusion, nous pouvons considérer que l’adoption du véhicule électrique dans le paysage marocain, n’est pas chose impossible. Il s’agira de :

  • Prendre en considération les infrastructures électriques, les adapter aux normes internationales qui régissent le fonctionnement de l’automobile électrique,
  • Prévoir des bornes de recharge publique et domestique tout en proposant les tarifications les meilleures,
  • Instaurer les systèmes de bonus-malus et avantages fiscaux afin d’encourager et accompagner les consommateurs dans l’acquisition du VE,
  • Revoir la variable prix, qui est de loin le plus grand obstacle,
  • Amener les populations à un éventuel changement de mode de comportement (qui sera l’étape la plus difficile à réaliser).

Par Lissouk Awal, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE

  • Agence de l’environnement et le maîtrise de l’énergie, les potentiels du véhicule électrique, avril 2016
  • Coalition zéro émission Québec, études d’impacts économiques et fiscaux sur les effets d’un parc de voiture électrique, mars 2015
  • Essai, quelle place pour le véhicule électrique au Québec, Christophe Ménigault, avril 2014
  • Conclusions de l’atelier de la Plateforme Belge sur les Véhicules électriques, octobre 2010
  • HAL, l’industrie de l’automobile à l’épreuve des voitures électriques : entre changement et continuité, Axel Villeréal, novembre 2015
  • Xerfi research, le marché français des véhicules électriques à l’horizon 2020
  • TPE : la voiture électrique, le véritable coût d’une voiture électrique, 2014
  • Challenges, 3300 euros, budget moyen de l’automobile, janvier 2014
  • Etude Breezcar, un véhicule électrique est-il plus polluant qu’un Diésel ?, avril 2016
  • Etude Breezcar, le vrai coût à l’usage comparatif, janvier 2016
  • Consoglobe, voiture électrique ou thermique : le bilan environnemental complet, février 2014
  • Aujourd’hui le Maroc, conseil d’achat : diésel ou essence, que choisir ?, septembre 2012
  • Aujourd’hui le Maroc, déplacement : la voiture reste le moyen de locomotion préféré des marocains, Avril 2013
  • SMART GRIDS – CRE, l’utilisation de la voiture électrique comme moyen de stockage
  • Etude d’industrialisation de véhicules électriques en Tunisie, Yassine KCHAOUI, juillet 2013.

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Etudes SWOT et Pestel de la mobilité électrique au Maroc : cas du véhicule électrique https://master-iesc-angers.com/etudes-swot-et-pestel-de-la-mobilite-electrique-au-maroc-cas-du-vehicule-electrique/ Thu, 15 Feb 2018 10:43:50 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2650 La mobilité électrique au Maroc bien qu’ayant de beaux jours devant elle, n’est que dans sa phase de lancement. En effet la documentation relative à son implantation et à son développement reste encore pauvre. Mais toutefois les études réalisées dans… Continuer la lecture

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La mobilité électrique au Maroc bien qu’ayant de beaux jours devant elle, n’est que dans sa phase de lancement. En effet la documentation relative à son implantation et à son développement reste encore pauvre. Mais toutefois les études réalisées dans plusieurs pays occidentaux révèlent des normes techniques, légales politiques et environnementales quasiment standard quant à l’usage de véhicules électriques. L’étude ci-dessous est susceptible de servir de référence pour le développement du travail marocain déjà en cours, en ce qui concerne la mobilité électrique.

ANALYSE SWOT

FORCES

Economique

Le véhicule électrique permettrait à son utilisateur d’effectuer des économies en termes de carburant. Son usage reviendrait beaucoup moins cher en raison de sa faible consommation électrique aux 100 km (25Kwh/100km sur VE contre 5l/100km sur véhicule conventionnel), pour un coût de l’électricité peu élevé par rapport à celui du litre d’essence à la pompe.

Outre sa consommation, la gazelle verte l’emporterait sur les cœurs en matière d’entretien. Car en étant entièrement électrique, elle éviterait à ses utilisateurs les frais à prévoir pour l’entretien moteur et toutes autres charges généralement liées aux véhicules conventionnels. Une réduction des frais d’entretien est envisageable.

Respectueux de l’environnement

Il est peut être l’élément le plus marquant de ce type de technologie. Le véhicule électrique n’émettrait pas de CO2. Non polluant, il n’alimenterait pas le réchauffement climatique en nourrissant davantage l’effet de serre.

Le VE électrique contribuerait donc à la diminution des émissions polluantes. A la seule condition d’user de ressources électriques renouvelables et de faire adopter le mode de déplacement vert à tous.

Fiabilité

La fiabilité du VE est marquée par la caractéristique qu’a son moteur à s’user difficilement (élément de différenciation chez les moteurs électriques en général).

Hormis son moteur, le silence du VE est un véritable atout. Les personnes résidents sur des axes routiers à flux important seraient les plus aptes à témoigner de cet atout, qui serait une source de quiétude dans les agglomérations.

FAIBLESSES

Temps de charge/autonomie

En effet les temps de recharge domestiques restent relativement longs. Il faut compter 8h de charge pour une autonomie atteignant difficilement les 200km. Cette autonomie qui reste relativement faible, ne permet pas pour l’heure au véhicule vert de parcourir les 900 km.

Pour y remédier, des bornes de recharge rapide tendent vers une normalisation à l’échelle européenne dans un premier temps. Mais cela sous entendra un usage à forte puissance du réseau électrique.

Coût d’achat

Rouler vert a un coût, certainement pas à la portée de tous. Le véhicule électrique qui a été désigné comme notre référence dans ce travail, ne coûte pas moins de 35000 euros en raison d’une production encore limitée ce qui ne permettrait pas des économies d’échelle et du coût encore élevé de sa batterie.

Envisager une production de masse de la composante la plus chère, à savoir la batterie, permettrait de réduire l’écart des coûts entre le véhicule électrique et conventionnel.

Silence

Le véhicule électrique présente la capacité de ne faire aucun bruit moteur. Si ce silence va à l’avantage du conducteur, il n’en est pas de même pour les autres usagers de la voie publique surtout en agglomération. On remarque en effet que seul le son des pneus est audible à une certaine vitesse, ce qui désavantage les malentendants ou les malvoyants.

Présence limitée des bornes de recharges

Cela pourrait être l’un des plus gros inconvénients. Pour l’heure, les bornes de recharges publics ne pullulent pas sur les territoires ayant fait confiance au véhicule vert. On remarque leur absence dans certaines régions, surtout assez reculées.

Pollution

Si il reste assez vert, le véhicule électrique se révélerait être extrêmement polluant au cours de sa production, surtout durant la fabrication de sa batterie.

OPPORTUNITÉS

La croissance de la vente des véhicules verts est prévue dans plusieurs pays. Selon les objectifs écologiques, on table sur 10% de véhicule 100% électrique d’ici à l’horizon 2020 dans plusieurs pays occidentaux, incluant l’Amérique du nord (Les voitures électriques décollent enfin, CHALLENGES Septembre 2016). Ce qui aura pour impact direct la révision des réseaux électriques afin de permettre le support en cas de recharge simultanée.

Cet accroissement facilitera et parlera en faveur de l’installation massive des bornes de recharges, ce même dans les zones les plus reculées.

Comme un engrenage, cela permettra à l’inverse de réutiliser les batteries de véhicule comme stockage, afin de faire face aux fortes demandes en énergie durant la saison hivernale.

La prévision d’un cadre juridique et fiscal en faveur des usagers dudit véhicule.

MENACES

La production limitée et le coût encore élevé des véhicules électriques pourraient avoir un impact considérable sur les choix du consommateur, à savoir :

Le choix du consommateur de se tourner vers des véhicules classiques à faible consommation en carburant,

Opter pour des solutions de substitution telles que les véhicules hybrides ou moins polluants comme les petits engins (scooteurs, bicyclettes, moto, …)

L’instabilité de la fiscalité et les avantages sur la consommation verte seraient dissuasifs.

La hausse du prix des matières premières tel que le lithium (pour les batteries) et la hausse du coût de l’électricité ne seraient pas avantageux quant à l’acquisition et à l’usage du VE.

REPRESENTATION SCHÉMATIQUE DE NOTRE ANALYSE SWOT

ANALYSE PESTEL

POLITIQUE

De manière générale, les pays ayant déjà actés l’usage des moyens de transports électriques, prévoient aussi une série de mesures visant à booster la consommation de ces moyens de locomotion.

Ces mesures vont généralement des exonérations partielles ou totales, à la création de nouvelles dispositions fiscales et administratives.

Parmi cet ensemble de mesure, nous avons noté :

La mise sur pied d’une prime à la casse pouvant aller jusqu’à 5000 euros (Ségolène Royal annonce de nouvelles mesures pour le véhicule électrique, Automobile Propre Décembre 2016) (Le marché français des véhicules électriques, Xerfi Research) dans certains pays pour tous ceux désireux d’abandonner leurs véhicules ordinaires pour un VE,

La gratuité des autoroutes pour les véhicules 100% et une exonération partielle des charges administratives (vignette, assurance, …).

L’adoption par les organisations gouvernementales des automobiles électriques par pur devoir d’exemplarité.

ECONOMIQUE

Hormis le pack d’avantages réservé lors de l’achat des VE, le véhicule vert contribuera à réduire les factures énergiques des Etats. Car, notons-le, les pays qui voient l’expansion dudit moyen de transports sont également comptés parmi les plus énergivores de la planète (Amérique du nord, Europe de l’ouest).

Ou encore, l’usage des batteries comme unité de stockage d’énergie pour faire face aux fortes demandes en hiver.

SOCIAL

L’impact social des VE est à prévoir sur le long terme. Dans un premier temps, l’accroissement du parc automobile vert impactera directement les pays fournisseurs de lithium (nécessaire à la production des batteries de VE). Ensuite, une adoption des moyens de locomotion verte n’ira pas en faveur des pays dont l’économie repose sur les énergies fossiles (qui représentent 80% d’approvisionnement en énergie dans le monde/source Réseau Canopé 2014).

L’expansion des VE est aussi freinée par une tendance chez les consommateurs à marquer leur rang social par l’acquisition de biens matériels, entre autre des voitures. La voiture donc devient à ce moment, non pas seulement un moyen de locomotion mais aussi une manière d’affirmer son rang social.

Les contraintes budgétaires des ménages les poussent peu à peu à l’abandon des moyens de locomotions individuels en tout genre, pour recourir aux moyens de transport public beaucoup moins coûteux.

TECHNOLOGIQUE

La solution électrique n’a pas laissé de choix au développement du bio carburant. Dans la mesure où ils ne présentent pas de solutions à gros volume. Mais cette solution est sans doute ralentie mais pas abandonnée pour autant.

Les avancées technologiques dans la matière sont extrêmement coûteuses. Cette donnée intervient dans un contexte où les constructeurs, qui visent l’accroissement de la production en VE, restent freinés par le prix assez élevé de ces derniers. Dès lors les véritables questions sont concentrées autour de : Comment produire afin de rendre le VE accessible à tous ? Tout en améliorant des aspects tels que : l’autonomie, le temps de recharge …

ÉCOLOGIQUE

La mobilité électrique est pour l’heure la solution la plus adéquate, face aux défis écologiques qui visent à limiter l’émission des gaz à effet de serre, faire face au réchauffement  climatique et altérer l’usage des ressources énergétiques fossiles.

Elle permettra également la réutilisation de l’énergie stockée dans les batteries dans des réseaux électriques intelligents.

LEGAL

Les Etats prévoient de nombreuses mesures en matière de législation pour la locomotion verte. Parmi ces mesures nous avons pu recenser :

Les lois relatives aux systèmes de recharges publics des véhicules, imposant aux pays de l’union européenne l’installation de bornes de recharges à accès facile dans les plus grandes agglomérations.

S’assurer de la compatibilité de tous les véhicules avec le réseau de recharge de l’ensemble du territoire européen.

L’autorisation pour les ménages à disposer d’un système électrique permettant la recharge d’une VE.

Les dispositions légales qui renforcent le système de bonus-malus servant à encourager la consommation des VE et soutenir les constructeurs quant à leur production et leur développement …

Par Lissouk Awal, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE

  • Cadre législatif et règlementaire, Smart Grids
  • Les impacts sociaux et écologiques de la voiture électrique, Je carbure au futur
  • Le marché français des véhicules électriques, Xerfi Research
  • Tableau PESTEL, ENSGSI
  • Dossiers- Véhicules électriques, AVEM
  • La voiture électrique, avantages et inconvénients, ENGIE
  • Services et infrastructures pour la mobilité électrique, IRESEN
  • Quels leviers de développement pour la mobilité électrique, AVERE France Novembre 2015
  • Renault ZOE : Analyse SWOT et PESTEL, La Dissertation
  • Marché de la voiture électrique aux USA, Anonyme
  • Véhicules électriques : opportunités ou menaces pour le réseau électrique ?, CCFA février 2017
  • Véhicules électriques : menaces ou opportunités pour le réseau électrique ?, La Tribune novembre 2015
  • Ségolène Royal annonce de nouvelles mesures pour le véhicule électrique, Automobile Propre Décembre 2016
  • Avantages et inconvénients de la voiture électrique, Ecoconso Janvier 2017
  • La voiture électrique, est-ce vraiment sérieux ?, Curiosités-Strat septembre 2009
  • Les voitures électriques décollent enfin, CHALLENGES Septembre 2016

L’article Etudes SWOT et Pestel de la mobilité électrique au Maroc : cas du véhicule électrique est apparu en premier sur Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives.

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