Les prix des matières premières ont diminué depuis 2010, tout cela est dû à un déséquilibre entre l’offre et la demande qui tirent les prix vers le bas. En ce qui concerne le pétrole, depuis janvier 2015, le prix du baril de pétrole est passé de 41,6 € en moyenne par prix du baril de pétrole Brent à 32,3 € aux 06/01/2016 donc une baisse de plus de 23 % en seulement 1 an. Cette chute du baril de pétrole Brent s’explique par une baisse de la demande et une hausse de l’offre, ce qui implique une modification de l’équilibre du marché.
Le prix du pétrole est donc à la baisse, tout d’abord en raison d’un ralentissent de la croissance chinoise qui réduit donc sa demande. En effet la croissance de l’industrie chinoise a baissé de 7 % sur l’année 2014 dans de nombreuses branches de l’industrie : acier, auto, électricité, textile… Cela explique la baisse constante de la consommation du pétrole en Chine. Rien qu’avec la Chine, la demande mondiale de pétrole s’est réduit de près d’un million de barils par jour.
Du côté de l’offre, les États unis produisent et exportent de plus en plus de pétrole, ajouté au refus de l’Arabie Saoudite de baisser sa production, la production mondiale de pétrole augmente. La production américaine de pétrole est devenue leader dans ce marché et rafle alors la première place à l’Arabie saoudite, une première depuis 2015. Dans le même temps, les pays de l’Opep ne veulent pas réduire leur production et souhaitent continuer à concurrencer les États-Unis.
Quels sont ses impacts sur l’économie mondiale ?
Une baisse aussi forte du pétrole a des effets sur l’économie mondiale, positifs pour certain mais négatifs pour d’autres.
Les impacts positifs sont en général en faveur des pays consommateurs de pétrole car le prix du baril de pétrole baisse donc cela induit une dépense moindre et la possibilité d’économiser ou de dépenser plus dans d’autre secteurs. Ces pays importateurs voient alors leur facture pétrolière s’alléger.
France
Pour la France, la baisse de la facture pétrolière est estimée à 16 % en 2014. Et si ces prix bas continuent, cela pourrait donner un coup de pouce non négligeable à l’économie française. La baisse du pétrole a un impact sur le pouvoir d’achat des Français, sur la facture énergétique du pays, et permet des marges plus importantes pour les entreprises françaises.
Entre le 1er avril 2014 et le 1er avril 2015, le taux de marge des entreprises a progressé d’environ 1,8 point. Et, selon les économistes, une partie de cette amélioration provient de la baisse du prix du pétrole. Cela représente une économie totale d’environ 13 milliards d’euros pour les entreprises françaises.
En ce qui concerne les entreprises Françaises, ce sont surtout les secteurs qui sont des gros consommateurs de pétrole qui verront leur facture à la baisse. Il en est de même pour les entreprises de transport aérien avec des prix pour le carburant moindre. Mais cet impact sur les marges des entreprises qui utilisent énormément cette matière première comme les transports routiers, l’industrie de la chimie, est à relativiser car les clients demandent une répercussion sur leur prix à la baisse comme l’explique Didier VELY, le directeur des affaires économiques à l’Union des industries chimiques (UIC) : « Cette baisse est aussitôt répercutée sur nos clients industriels, comme l’automobile et les fabricants de plastique ». Donc les prestations sont par exemple moins chères pour les clients qui utilisent le transport routier ou encore les clients de l’industrie de la chimie. Dans le secteur de la chimie, la baisse de 1,4 milliard d’euros a donc profité aux clients.
Les prix de nos matières premières sont quasiment au même niveau qu’en juin 2014, avant la chute du baril », affirme Jean Martin, délégué général de la Fédération de la plasturgie et des composites. « Or nos clients réclament eux aussi les effets de la baisse du pétrole. »
Chez les transporteurs routiers, qui font face à une rude concurrence, cette baisse n’exonère pas des efforts de productivité et cette baisse doit donc se répercuter sur leur prix de vente.
Les personnes qui sont donc les premières touchées positivement par cette baisse du prix du pétrole ne sont pas celles qui en retirent le plus de bénéfice mais bien les clients de ceux-ci. Mais les ventes à l’étranger des entreprises qui utilisent le pétrole comme matière première ne risquent pas de repartir à la hausse car des pays comme l’Allemagne et le Japon profitent aussi de cette manne.
Pour la France, cette baisse est une très bonne nouvelle pour les caisses de l’État.
En moyenne les ventes de carburant représentent 30 milliards d’euros par an pour l’Etat, ce qui en fait la quatrième ressource fiscale. Pour Jean-pierre FAVENNEC, économiste du pétrole, sur un litre d’essence, l’État français va gagner environ 60 centimes et cette recette est presque fixe quel que soit le prix de l’essence à la pompe. C’est-à-dire qu’avec la variation d’un litre de gasoil qui perd 30 centimes, la perte pour l’État est de 3 ou 4 centimes donc très marginale. Donc à ce niveau-là, les recettes de l’État restent pratiquement intactes mais la grande différence se fait au niveau du pouvoir d’achat des Français, car en réalisant des économies sur l’achat de pétrole transformé à la pompe, ils vont pouvoir dépenser plus dans d’autres secteurs de consommation.
Il a été estimé que grâce à cette baisse, pendant l’été 2015, la consommation des Français a augmenté de 5 %. Et de ce fait les recettes liées à la TVA ont aussi augmenté. Il s’agit donc d’un coup de pouce au pouvoir d’achat des Français grâce aux économies réalisées sur les dépenses liées à l’achat de carburant. En seulement un an le prix du gazole à la pompe est passé en moyenne de 1.34 € au 3 janvier 2014 à moins d’1 euro au 1er janvier 2016 selon france-inflation.com soit une baisse de 26 %. Cette différence n’est pas négligeable pour les Français qui peuvent donc réinjecter cette différence dans la consommation ou dans l’épargne.
Selon l’institut Coe-Rexecode, le recul des prix des carburants a pesé à hauteur de 0.5 points sur l’inflation, ce qui a permis une économie pour les Français estimée à 7 milliards d’euros. Cette augmentation de la part liée à la consommation des ménages explique en partie la croissance du PIB de 2015 estimée à 1,1 % en 2015.
L’autre point positif pour la France est le recul de son déficit commercial. En effet, la France est un très grand importateur de cette matière première, la baisse fulgurante du prix du baril de pétrole va donc faire baisser le déficit commercial d’environ 20 milliards d’euros pour l’année 2015 pour s’établir à peu près à 42 milliards contrairement à 2014 ou le déficit commercial était de l’ordre de 58 milliards d’euros.
États Unis
Auparavant, les États Unis n’exportaient pas leur pétrole, en raison de la pénurie d’essence qu’a connu ce pays dans les années 70 suite à l’embargo des pays de l’OPEP. Mais un accord de principe a été trouvé entre les leaders du congrès qui rend désormais possible aujourd’hui les exportations de pétrole. Même si le président américain et de nombreux démocrates étaient contre ces levées d’interdiction, l’industrie américaine était quant à elle impatiente de trouver des débouchés pour sa production car pour eux, ils ont la meilleure technologie, le meilleur pétrole et il est donc possible à long terme de supplanter le pétrole saoudien, Russe, Iranien… De plus, les stocks de produits bruts américains n’ont jamais été aussi élevés car avec la technique de la fracturation hydraulique horizontale, les États unis ont plus que doublé leur production. Entre 2004 et 2014, la production américaine de pétrole a bondi de 60%, passant de 7,25 à 11,64 millions de barils par jour. La conséquence a été telle qu’elle a énormément perdu de sa valeur sur le cours du West Texas Intermediate ou WTI coté à New York, par rapport au cours mondial de celui du Brent de la mer du Nord coté à Londres. Face à ce constat, Washington n’a pas eu d’autre choix que d’exporter à nouveau son pétrole. La levée de toutes les restrictions ne bouleverserait a priori par le marché mondial dans l’immédiat, car la surproduction continue de déprimer les cours. Tout simplement car il leur faudra plusieurs mois de travail pour que les terminaux du Golfe du Mexique, conçus essentiellement au départ pour l’importation, soient équipés de manière à faciliter des exportations. Cette décision n’a donc pas un impact très important sur la chute du prix mondial du pétrole. Et pourtant, les pays de l’OPEP ne semblent pas prêts à laisser fuir leurs parts de marché à leur concurrent américain à l’avenir et continuent donc leur forte production, qui entraîne une baisse des prix très importante.
En ce qui concerne les effets négatifs, ils se font surtout ressentir dans les pays exportateurs de pétrole qui vendent leur pétrole moins cher et donc obtiennent moins de recettes. Les pays producteurs sont touchés sur le plan économique, en moyenne, pour un pétrole d’environ 60 dollars, leur perte de revenu se situe aux alentours de 2,7 % du PIB. Et cela peut aller jusqu’à 10 points de PIB pour les pays du Moyen-Orient.
Les pays producteurs de l’OPEP
Mais ces pays peuvent encore vivre sur leur réserve engrangée tout au long des dernières années.
En 2013, les six pays du conseil de coopération du Golfe qui sont le Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite, et les Émirats arabes unis ont eu un excédent en 2013 de 183 milliards de dollars alors que pour l’année 2015, c’est un déficit qui devrait atteindre les 180 milliards de dollars. Et pourtant, malgré cette perte liée à un surplus de production, ces derniers refusent de baisser la production de pétrole.
Comme on peut le voir sur le graphique, l’Arabie Saoudite est le plus gros producteur des pays de l’OPEP, c’est donc lui qui souffre le plus de cette baisse de l’or noir. Le principal exportateur de pétrole a présenté un budget déficitaire pour l’année 2015 en raison d’une division par 3 du prix du brut sur une période de 18 mois. Ce déficit est estimé à 19 % de leur PIB soit 87 milliards de dollars. Selon le ministère saoudien, les revenus devraient être en baisse de 14 % pour 2016 par rapport à 2015 pour atteindre 513,8 milliards d’euros. Pour cela, il estime que la vente du baril de pétrole sera en moyenne sur l’année 2016 à 26 dollars. Ils devront donc procéder à un ajustement en matière de dépenses publiques car le pétrole représente 90 % de leur recette donc si celui-ci baisse, ils auront l’obligation de réduire leurs dépenses.
En ce qui concerne son déficit pour l’année 2015, l’Arabie saoudite a puisé un montant de 80 milliards de dollars dans ses réserves ce qui en fait un des montant le plus élevé de la planète. Mais dans le même temps elle a aussi levé sur le marché local environ 20 milliards de dollars en bons du trésor. L’Arabie Saoudite pourrait baisser sa production de pétrole pour que le cours de celui-ci reparte à la hausse, ce qui leur permettrait de gagner plus d’argent en produisant moins, mais les pays membres de l’organisation devraient persister dans leur stratégie de défense des parts de marché.
Russie
Pour la Russie, avec une estimation du prix moyen du baril à 60 dollars, les pertes sur les exportations de produits bruts (produit pétrolier et gaz naturel) sont évaluées à 150 milliards de dollars, soit une baisse équivalente à 7 % de leur PIB national. La situation devient donc critique. Alors que sur l’année 2015, la production n’a jamais été aussi élevée pour atteindre 10,7 millions barils par jour, les recettes sont une nouvelle fois en baisse. Ceci est très inquiétant pour la Russie qui tire 50 % de ses recettes budgétaires de la vente de pétrole. Pour l’année 2015, le président POUTINE a évalué à 3 % la chute du PIB, et si le prix du pétrole continue à baisser, le PIB pourrait à nouveau chuter pour l’année 2016 selon la banque centrale russe. Le rouble a décroché de plus de 2 %, et s’échangeait à plus de 76 roubles pour 1 dollar au 1 er janvier 2016. Cela conduit Vladimir OSAKOVSKIY, chef économiste pour la Russie, au pessimisme : “ nous estimons que si le prix du pétrole reste son leur niveau actuel ou tombe autour de 30 dollars le baril, l’économie russe accusera une récession considérable pour la deuxième année consécutive. “ L’État russe a prévenu que faute de rebond des cours du brut du pétrole, il devrait imposer des mesures d’austérité, comme une hausse des impôts et la prolongation pour une troisième année du gel des salaires des fonctionnaires. De plus, ce pays et d’autres connaissent en général une baisse rapide et importante de leur taux de change face au dollar, en seulement 1 an, le rouble a perdu presque 20% face au dollar.
En conclusion, pour les pays importateurs comme la France, la baisse du prix du brut du pétrole est une très bonne nouvelle que ce soit pour les entreprises qui vont pouvoir améliorer leurs marges, ou pour les ménages car en profitant d’un prix à la pompe plus faible, ils pourront consommer cette différence dans d’autres produits ou bien la placer en épargne. Il s’agit aussi d’une bonne nouvelle pour l’Etat car cela va permettre de relancer les entreprises et donc de recevoir plus d’impôts, mais aussi de recevoir plus d’impôts sur la consommation supplémentaire des Français. Pour les États Unis, la possibilité d’exporter va leur permettre d’améliorer leur balance commeciale et d’avoir moins de stock de pétrole qui au fur et à mesure va pouvoir faire remonter sa valeur. Mais cette baisse du baril du pétrole a d’importants effets négatifs sur les pays exportateurs. Pour l’Arabie saoudite, premier producteur de l’OPEP, devra procéder à un ajustement des dépenses publiques car le pétrole représente 90 % de ses recettes. Pour la Russie, le constat et le même, cette baisse va entraîner une deuxième année de récession et si cela continue, des mesures draconiennes d’austérité devront être mise en place.
Par Jérémy Le Roy, étudiant du M2 IESC promotion 2015-2016
Sources :
http://www.alternatives-economiques.fr/pourquoi-le-prix-du-petrole-baisse_fr_art_1327_70108.html
http://www.libreafrique.org/HichamElMoussaoui-petrole-maroc-040215
http://fr.euronews.com/2016/01/11/russie-le-petrole-entraine-le-rouble-et-la-bourse-dans-sa-chute/
https://www.rt.com/usa/328711-oil-prices-plummet-layoffs-bankruptcies/
http://www.wfaa.com/story/news/2015/12/31/usa-oil-exporter-first-time-40-years/78161166/