Cet article allait porter sur le rôle de la confiance dans l’intelligence économique, en tant que vertu fondamentale dans la coopération entre les différents agents économiques. En essayant de chercher un exemple concret du rôle de ce pilier dans les événements d’actualités, j’ai décidé de prendre comme exemple la rupture de la confiance et ses implications économiques et politiques. Le meilleur exemple aujourd’hui est celui du conflit diplomatique Turco-Russe. Ce conflit surprise, improbable au départ, a des effets explosifs sur la région. Qu’est ce qui a déclenché ce conflit ? Quels sont les acteurs impliqués ? Quels seront ses effets économiques ?
Un conflit surprise turco-russe :
Depuis 2008, la relation entre Ankara et Moscou a connu une proximité politique et économique remarquable. A travers le soutien turc de la Russie dans son conflit avec la Géorgie en Août 2008, Erdogan (alors premier ministre) affirma fortement la position de son pays à côté de la Russie, en agissant contre la position de l’OTAN, l’Organisation du Traité de l’Atlantique du Nord, et des bloc-BAO notamment les états unis.
Néanmoins, cette alliance était à la fois forte et délicate. Il y avait des intérêts communs entre les deux pays, mais également de nombreuses divergences comme leurs relations avec la Syrie. Ce rapprochement se manifestait également entre les deux personnages majeurs : Erdogan et Poutine.
http://www.dedefensa.org/article/russie-turquie-ou-le-potentiel-explosif-du-jour
Depuis l’éclatement de la crise syrienne, il y a un désaccord politique radical entre la Russie, soutien du régime syrien, et la Turquie, qui souhaite abattre ce régime. Malgré cela, il y avaitun maintien voire un affermissement des relations économiques. A chaque fois que les deux chefs d’états se rendaient visite, ils évitaient les sujets qui fâchent pour se concentrer sur des projets communs et approfondir leur coopération.
« Le 24 novembre, Sous le ciel encombré de la Syrie, un chasseur F-16 de l’armée de l’air turque a abattu un bombardier russe Su-24 impliqué dans la campagne de frappes aériennes contre les positions du groupe terroriste Etat islamique (EI, Daech) en Syrie. Selon Ankara, l’avion russe a violé l’espace aérien turc. Moscou dément ces rapports tout en soulignant que son bombardier ne présentait aucune menace pour la Turquie et se trouvait en territoire syrien. » Le navigateur du Su-24 sauvé après la chute de l’avion a fait savoir que la Turquie n’avait lancé aucun avertissement, “ni visuel ni radio”, et que l’équipage russe “n’avait eu aucun contact” avec les autorités aériennes turques. Selon les russes, la Turquie a abattu un bombardier russe Su-24 pour montrer sa contrariété face à l’opération antiterroriste de Moscou en Syrie.
De ce fait, les relations entre Moscou et Ankara traversent une crise profonde depuis cet incident. Le président russe Vladimir Poutine a qualifié ce dernier de “coup de poignard porté dans le dos” par les « complices » des terroristes.
Quel rôle joué par les USA ?
Contrairement aux USA, la Russie est connue pour son pseudo-égoïsme dans ses relations internationales. Depuis la chute de l’URSS, le pays s’est totalement concentré sur ses propres intérêts économiques sans essayer d’étendre son pouvoir sur d’autres territoires.
Par ailleurs, les états unis essaient, comme d’habitude, de garder leur image en tant que « leader du combat contre le terrorisme », surtout quand ceci ne fait que servir leurs intérêts. Dans cette optique, le gouvernement américain a pris la décision de combattre ISIS, en partenariat avec leurs alliés, à savoir l’OTAN.
Quoique, lorsque la concrétisation de cette décision n’a pas eu lieu, le gouvernement russe a pris l’initiative de combattre Daech, dans la mesure de son alliance avec la Syrie au niveau de la défense de la sécurité régionale, et a donc commencé le bombardement aérien. Cette initiative laissa l’OTAN et les USA mécontents, qui considéraient cette intervention déplacée.
Conformément au mémorandum de sécurité des vols, la Russie transmet des informations sur les actions de l’aviation russe. Selon un ministre russe, les américains ont informé la Turquie des données sur les actions de l’aviation russe en Syrie, ce qui lui a permis d’abattre l’avion, et d’exprimer le désaccord des Etats unis et de l’Otan.
Implications économiques de la colère russe
D’après le vice-premier ministre russe Arkadi Dvorkovitch, face à l’action turque, la Russie n’a pas l’intention de suspendre sa coopération avec Ankara, mais il faut donner une “réponse adéquate aux actions hostiles. Cette réponse s’est manifestée par des sanctions contre Ankara.
Même s’il a précisé que le gouvernement n’avait pas pour but l’abandon de la coopération avec la Turquie, le président russe Vladimir Poutine a déclaré lors de sa conférence de presse qu’il ne voyait pas de perspectives de rétablissement des relations avec Ankara.
D’un autre côté, le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a déclaré qu’Ankara faisait de gros efforts pour rétablir les relations bilatérales avec Moscou.
Ces sanctions ont frappé quatre secteurs de l’économie turque: le secteur de la construction, de l’énergie, de l’agriculture et du tourisme.
Le coup porté au secteur touristique a été le plus dur à supporter pour la Turquie. Elle a déjà perdu 4,4% des revenus provenant du tourisme, soit près de 12 milliards de dollars (10,9 milliards d’euros) à la fin du troisième trimestre de 2015, selon des journalistes de France TV.
D’après certains analystes, les sanctions russes n’auront au début qu’un effet réduit sur l’économie turque, mais si le boycott des voyagistes russes dure plus de trois mois, Ankara essuiera des pertes importantes.
http://fr.sputniknews.com/international/20151227/1020590268/turquie-russie-tourisme-pertes.html
Au niveau des exportations, on a annoncé un embargo sur les importations de fruits et légumes turcs, à travers des procédures douanières désormais plus lourdes.
Les effets de la crise ont également impacté l’aspect géopolitique de la région, ainsi que d’autres pays comme l’Allemagne, qui a subit les conséquences indirectes de cette crise. Les sanctions économiques russes ont eu des effets sur les entreprises allemandes actives en Russie. Selon la chambre de commerce germano-russe, les effets des sanctions à l’égard de la Turquie sont considérables pour les entreprises allemandes qui mènent leurs activités en Russie, notamment dans le secteur de l’énergie, comme le groupe énergétique autrichien OMV, l’un des actionnaires du gazoduc Nord Stream, qui relie la Russie à l’Allemagne.
Dans l’industrie automobile allemande, on trouve des usines touchées, dû au fait qu’elles produisent en Russie et s’approvisionnent en Turquie. En addition, conséquence des annonces de Moscou, certaines firmes ne sont même plus autorisées à recruter des salariés turcs.
Dans les prochains mois, nous prévoyons de témoigner de plusieurs nouveaux partenariats économiques que la Russie nouera avec d’autres pays, notamment le Maroc, afin de répondre à ses besoins en termes de commerce international.
En évitant de répondre par voie militaire au crash de leur avion, Moscou eut une réaction stratégique plutôt qu’offensive, en jouant sur le plan économique. Premier fournisseur de gaz de la Turquie, et constructeur de la première centrale nucléaire turque cette année, Moscou tira la balance du pouvoir de son côté, sachant que 60 % du gaz et 12 % du pétrole consommés en Turquie sont provenance russe. En conséquence, les turcs ont plus à perdre que les russes dans ce conflit, du fait de leurs besoins en énergies.
De par ceci nous dégageons l’importance de la confiance dans la nouvelle économie d’aujourd’hui. Cette vertu représente le pilier fondamental de tout échange, toute coopération et tout relation entre différents acteurs économiques, qu’ils soient deux chefs d’entreprises ou deux chefs d’états.
Par Sofia BARIM, étudiante promotion 2015-2016 du M2 IESC d’Angers
Références :
http://www.dedefensa.org/article/russie-turquie-ou-le-potentiel-explosif-du-jour
http://fr.sputniknews.com/international/20151227/1020590268/turquie-russie-tourisme-pertes.html
https://www.youtube.com/watch?v=8LLs91q2l88 Inside Story – Why did Turkey shoot down a Russian plane?
http://www.dedefensa.org/article/russie-turquie-ou-le-potentiel-explosif-du-jour