L’intelligence économique au service de la compétitivité des entreprises

Dans un contexte de globalisation financière et de mondialisation des échanges, on assiste à une explosion du volume d’information et à une concurrence exacerbée. Afin de faire face à cette concurrence tout acteur économique doit mettre en application les méthodes de l’intelligence économique qui lui permettront d’appréhender le marché, d’acquérir des informations avant les autres qui lui permettront de prendre des décisions stratégiques et de sécuriser ces informations.

L’intelligence économique est une stratégie de l’Etat qui a pour objet d’accroitre la croissance économique et de promouvoir le développement durable du pays. En collaboration avec les entreprises, l’Etat leur transmet des informations nécessaires à leur développement en garantissant la sécurisation et la compétitivité des secteurs stratégiques préalablement définis. Elle représente « un outil de collecte d’informations, de son analyse, et de sa transformation en connaissance qui sera diffusée aux bons acteurs sans omettre de la sécuriser »[1]

L’intelligence économique est non seulement utilisée dans la veille technologique, réglementaire, commerciale… mais elle implique aussi la sécurisation et l’influence. Elle est un facteur de compétitivité de l’économie nationale et régionale. Guillaume Chevrollier stipule que « l’intelligence économique est une source incontestable de compétitivité des entreprises »[2]. Et que les pays doivent se rapprocher des organisations économiques et financières internationales (OMC, OCDE, FMI…) afin de collecter l’information utile et pertinente sur les concurrents internationaux et sur l’environnement et que les représentants du pays fassent de l’influence au profit de ce dernier.

 L’obtention, la maitrise de l’information et la sécurisation des systèmes d’information des entreprises sont en effet essentiels à l’exploitation stratégique de l’information par les entreprises. Quelle que soit sa taille ou son secteur d’activité, l’entreprise doit intégrer l’intelligence économique au côté des autres fonctions (finance, production, marketing…) car sa maitrise est déterminante pour la viabilité et la stratégie de l’entreprise. Il s’agit pour l’entreprise d’influencer son environnement et son écosystème.

a rapidité de transmission et de manipulation de l’information à l’ère de la mondialisation confronte l’entreprise à plusieurs risques liés aux variations du marché, aux comportements des clients et aux innovations technologiques. Afin de pallier ces incertitudes, il est nécessaire que l’entreprise effectue une gestion stratégique et professionnelle de l’information.

L’intelligence économique permet de préserver la compétitivité de l’entreprise et de créer des opportunités à partir de cela. Dans ce sens, la commission MARTRE, commission Intelligence Economique et Stratégie des Entreprises du Commissariat Général du Plan, sous la présidence d’Henri Martre, lancé pour comprendre les facteurs immatériels de la compétitivité en 1993, stipule dans son rapport que l’intelligence économique permet de créer des avantages compétitifs et des opportunités à partir de l’anticipation, l’appréhension des stratégies de concurrents ainsi que la diffusion structurée et correcte d’informations en interne.

Selon le rapport Martre, « Dans le monde d’aujourd’hui la compétitivité des entreprises repose largement sur leur capacité à accéder aux informations qui leur sont nécessaires et à traiter celles-ci de façon efficace en interne. Il leur faut en effet anticiper sur les marchés à venir, appréhender les stratégies de leurs concurrents, diffuser correctement les informations en interne et être ainsi à même de préserver leurs avantages compétitifs. C’est l’ensemble de cette activité des entreprises que l’on peut désigner par le terme intelligence économique. »[3]. Le traitement et la diffusion de l’information en vue de son exploitation par les acteurs économiques passent par quatre actions, à savoir :

  1. Diffuser la pratique de l’intelligence économique dans l’entreprise ;
  2. Optimiser les flux d’informations entre le secteur public et le secteur privé ;
  3. Concevoir les banques de données en fonction des besoins de l’utilisateur ;
  4. Mobiliser le monde de l’éducation et de la formation.

La fonction d’intelligence économique permet en outre :

-La compréhension de l’environnement par tous ses acteurs et ses compartiments, du fait de la mondialisation et de l’ouverture des marchés.

-Le renseignement sur les marchés nouveaux, afin de permettre une entrée réussie et d’éviter toute pression éventuelle, politique réglementaire ou économique que ses nouveaux entrants puissent subir.

-La prévoyance correcte des secteurs à horizons technologiques longs, nécessitant une innovation et une veille en continue.

Il existe deux stratégies en intelligence économique. L’entreprise doit en choisir une selon sa position dans le marché : la stratégie défensive et la stratégie offensive.

La stratégie défensive permet à l’entreprise de protéger ses informations et ses produits et de faire face au détournement de son image car le risque de fuite d’information est fatal à l’entreprise, par cette stratégie cette dernière met en place un système de contrôle et de surveillance interne et externe. Appelée aussi stratégie de défense numérique, cette méthode consiste à instaurer des techniques de protection informatiques, de cryptages de données, de limitations d’accès, d’identifiants, d’enregistrements et d’installation de pare-feu. Autant de pratiques qui permettront à l’entreprise de sécuriser ses informations stratégiques.

La stratégie défensive inclue également pour l’entreprise la protection de son produit contre la contrefaçon ou la copie car dans un environnement mondialisé, le risque d’être copié est omniprésent. Prenons pour exemple le marché des Smartphone et plus exactement la guerre entre Apple et Samsung avec plus de 2.5 milliards de dollars réclamés par le géant américain, et des plaintes concernant une éventuelle violation de brevets qui pourrait interdire l’accès au marché américain pour les principaux produits Samsung. Il est nécessaire que l’entreprise réserve un budget afin de protéger son produit car en cas de risque de copie du produit, les actions en justice ou la traduction des brevets peuvent s’avérer coûteuses pour des petites entreprises.

La solution stratégique qui permettra de pallier ce risque est la mise en place de brevets, des juristes affirment que les brevets sont désormais « l’arme première permettant de bloquer la concurrence en obtenant des condamnations pécuniaires considérables et des injonctions à l’encontre de produits avant même leur mise sur le marché ».

Cette stratégie de brevetage permet aux entreprises de garder leurs parts de marché, cependant, elle crée un secteur autour de l’entreprise sans concurrence contrairement au droit des grands marchés notamment européen et américain.

La stratégie offensive quant à elle constitue un point essentiel en intelligence économique qu’est l’influence. Communément appelée le Lobbying, cette stratégie d’imposer ses normes et de faciliter la commercialisation de ses produits et services.

La stratégie offensive met en place un système qui permet d’anticiper les faiblesses et défaillances des concurrents avant qu’ils aient écoulé leurs produits. Ce qui pousse les firmes désavantagées à disparaitre.

Cette pratique offensive consiste également à initier des attaques touchant la réputation des groupes et des noms de produits dans le but de les distraire et en principe les entreprises en question doivent les traiter afin d’éviter qu’elles ne soient trop coûteuses.

Conclusion

Le concept de l’intelligence économique qui fait suite aux pratiques ancestrales du renseignement commercial a donc fait l’objet de plusieurs définitions et applications, toutes ces définitions privilégient la maitrise de l’information stratégique, cette dernière est devenue une matière première essentielle au bon fonctionnement des entreprises, en vue de la compétitivité et s’appuie sur la force et la densité des réseaux d’information.

La compétitivité est aujourd’hui toujours plus fragile car la mondialisation signifie une concurrence acharnée entre les entreprises et les nations, ce contexte a favorisé la conception de politiques publiques d’intelligence économique et territoriale. La création de pôles de compétitivité s’inscrit également dans cette logique.

Par Mouloud Guenfoud, promotion 2016-2017 du M2 IESC

Bibliographie

  • Rapport du groupe « Intelligence économique et stratégie des entreprises » : Travail présidé par Henri Martre
  • Agnès BRICARD, « L’intelligence économique au service des entreprises », Mars 2008.
  • Guillaume Chevrollier, Génération Entreprises-Entrepreneurs Associés, Avril 2014.

[1] Agnès BRICARD, « L’intelligence économique au service des entreprises », Mars 2008.

[2] Guillaume Chevrollier, Génération Entreprises-Entrepreneurs Associés, Avril 2014.

[3] Rapport du groupe « Intelligence économique et stratégie des entreprises » : Travail présidé par Henri Martre

 

Admin M2 IESC