L’influence d’internet dans le secteur musical français

Introduction

Depuis ses débuts dans les années 50 et 60, l’industrie musicale a toujours été au format physique (CD, vinyles). Cependant, la mondialisation initiée dans les années 1990 avec l’arrivée des TIC comme internet et les ordinateurs personnels dans les entreprises par exemple a obligé l’industrie musicale à repenser son mode de diffusion de la musique.

Pourquoi l’industrie musicale française a-t-elle dû se réinventer pour correspondre aux nouveaux standards de diffusion musicale ?

I. Histoire de l’industrie musicale : d’Hier à Aujourd’hui

L’industrie de la musique apparaît au XXième siècle avec l’invention du phonographe par Thomas Edison en 1877. Le phonographe est une invention permettant de restituer des sons grâce à des cylindres autour desquels étaient insérés des bobines d’acier. Le déplacement de ce cylindre produit un son calibré comme celui que l’on peut entendre dans une boîte à musique par exemple.

Le gramophone est inventé par l’ingénieur allemand Emile Berliner et succède au phonographe d’Edison. Son invention repose sur l’utilisation d’un disque sur lequel est gravée en profondeur une musique. Le gramophone est le précurseur d’un autre appareil que l’on nommera tourne disque.

Le gramophone est composé de 3 parties : la caisse de résonnance reproduisant le son amplifié grâce à de la tôle décorée, le plateau où est installé un disque sur lequel est inscrite la partition et la tête de lecture elle-même composée d’un bras auquel est fixé une aiguille qui permet de lire la partition sur le disque. La régulation de la vitesse de lecture est assurée par un ressort que l’on détend progressivement avec une manivelle.

Dans les années 60 et 70, on assiste à l’arrivée du tourne disque qui restitue la musique avec une meilleure qualité. A partir de cette période on parle d’industrie du disque. Cette période marque l’apparition de la cassette audio servant à l’origine pour la copie privée de contenu musical.  Avec la démocratisation du tourne disque et les cassettes audio, les acteurs de l’industrie musicale se regroupent pour former les premières maisons de disques Major. Le Major est un type de label musical désignant les styles de musiques conventionnels tels que le rock ou la disco par exemple.

Le consommateur consommait donc de la musique sous forme de disque vinyle et de cassettes audio.

A partir des années 1980, le disque vinyle connait un déclin au profit du support CD (Compact Disque) mis pour la première fois sur le marché au Japon en 1982 et arrivé l’année suivante sur le marché européen.

Les années 1990 ont été marquées par l’explosion des acteurs de l’édition musicale (publishing ou Maison de disque).  Cette période a également été marquée par l’explosion de la vente de CD audio en France.

A la fin des années 1990 et début 2000, internet se démocratise et permet le téléchargement en Peer to Peer causant le début du déclin du CD audio.

II. Internet et son impact sur l’industrie musicale

a. Les ventes au format physique baissent : pourquoi ?

La fin  des années 1990 et le début des années 2000 marquent le début du déclin du CD. Cela peut s’expliquer par divers facteurs :

  • Le CD est en fin de vie car le consommateur qui achète un CD va surtout s’en servir pour constituer ou reconstituer une discothèque au format numérique. Ce processus ne se reproduira pas après puisque la conversion peut être effectuée par le consommateur lui-même.
  • L’obtention de titres ou d’album par téléchargement en peer to peer qui est bien moins coûteux que l’achat du support physique (prix moyen d’un CD : 15 €). Le peer to peer utilise des logiciels spécialisés ainsi que des fichiers adaptés appelés torrents. Ceux-ci dépendent du nombre de personnes qui partagent et du débit de connexion internet.
  • Les disquaires et les magasins spécialisés utilisent un mode de diffusion bien connu et courant : la distribution en libre-service de contenu musical pour promouvoir de nouveaux albums ou de nouveaux artistes.
  • L’émergence du format MP3 permet le passage du physique au numérique. Ce format consiste en une conversion par destruction de données. Il est utilisé pour numériser les pistes audio d’un CD par exemple. Le format MP3 permet de retirer les fréquences acoustiques inaudibles pour l’auditeur moyen. Cela implique donc de développer de nouveaux appareils pour écouter la musique (lecteur MP3, ipod, smartphones)
  • L’émergence de plateformes de partage type Myspace ou Youtube permet une diffusion plus large et une plus grande facilité d’accès. Il s’agit ici de mettre le contenu musical à la portée du grand public pour augmenter les audiences.

b. Comment les artistes arrivent-ils à compenser le manque à gagner lié à la baisse des ventes au format physique ?

Voyant que les maisons de disque sont réticentes à l’utilisation des plateformes numériques, les artistes ont profité de l’opportunité du numérique pour les court-circuiter et publier eux même leur réalisation en utilisant les réseaux de partages et compenser ainsi une partie des pertes avec des royalties sur la diffusion. En effet, les maisons de disque perdront le monopole de la diffusion avec l’arrivée du numérique. Voici deux exemples d’artistes ayant pris ce parti prix : Radiohead de nationalité britannique, Prince de nationalité américaine.

La deuxième manière de compenser les pertes est la représentation en public lors de concerts. La fréquentation des concerts n’a pas faibli en 10 ans. Au contraire elle continue de croitre ce qui permet aux artiste de toucher des parts sur les spectacles en salle.

c. L’émergence du numérique implique de nouveaux acteurs et donc un nouveau modèle économique

Avec l’émergence du numérique, de nouveaux acteurs apparaissent et redéfinissent le schéma économique de l’industrie. Nous avons d’une part, le contenu payant et d’autre part le contenu gratuit.

Les premiers acteurs à proposer du contenu musical furent les fournisseurs d’accès internet. Ceux-ci proposent des offres musicale sous forme de bouquets ce qui leur a permis une différentiation vis-à-vis des concurrents. Des plateformes payantes comme iTunes de chez Apple ou Fnacmusic qui est la plateforme développée par la Fnac proposent des milliers de titres à l’unité ou d’albums. D’autres plateformes type Napster proposent du contenu musical en téléchargement par abonnement.

Les opérateurs mobiles quant à eux ont misé sur une différentiation par la création d’une offre de bouquets dans lesquels ils proposent une offre de milliers de titres. Des entreprises de téléphonie mobile ont choisi de mettre en place des partenariats avec des maisons de disque pour inclure un catalogue de contenu musical au service du consommateur. C’est le cas de Nokia qui avait conclu un partenariat avec Universal music pour proposer un catalogue de milliers de titres pendant un an. Cette offre permettait à Nokia de différentier son offre et de proposer de nouveaux produits sur le marché.

Plusieurs offrent se dessinent sur le plan du contenu gratuit avec le streaming financé par la publicité. Il s’agit de l’utilisation de plateformes de partage du type Youtube ou Dailymotion par exemple. Plus les consommateurs consultent ces plateformes et plus cela génère de royalties pour les artistes qui publient leurs réalisations. Il existe aussi des plateformes indépendantes financées par la publicité. C’est le cas de Deezer et de Spotify. Pour que ce modèle soit rentable, il est nécessaire d’avoir une très large audience.

Cependant, du fait que les nouveaux acteurs se multiplient, dégager un modèle économique clair s’annonce difficile.

L’image ci-dessous récapitule les différents schémas économiques qui se dessinent.

d. L’avenir de la musique numérique

Le développement du web 2.0 a rendu la musique numérique virtuellement gratuite et facile d’accès. Les plateformes de partage permettent aux artistes moins connus de saisir l’opportunité d’être repérés. Pour les artistes connus comme Rihanna ou Louane, ces plateformes sont un moyen de rentabiliser les billetteries pour les concerts en publiant leurs réalisations afin de promouvoir une tournée par exemple.

Pour dominer ce marché, un acteur devra jouer sur deux tableaux : celui de la monétisation des audiences en ligne et celui de l’efficacité de la visibilité à l’international afin d’attirer les artistes connus et de signer des contrats attractifs.

Pour lutter contre le phénomène de copies illégales sur internet, la France a opté pour une approche institutionnelle : la loi Hadopi votée en 2009. Cette loi a pour objectif de freiner le téléchargement illégal de contenus sur internet.

Depuis 2009, la loi Hadopi, n’a pas ou peu dissuadé les pirates. Cela est dû au fait que le consommateur ne veut pas payer pour un contenu qu’il peut obtenir à faible coût.

Une étude annuelle effectuée par l’agence SNEP (Syndicat National de l’Edition Phonographique) montre que l’industrie musicale au format physique perd de son ampleur au profit des supports numériques.

Ce graphique montre que le marché de la musique pré enregistrée est en chute libre du fait que le support physique n’attire plus et que les supports numériques commencent à prendre de l’ampleur. Cela est également dû à la proximité d’obtention des titres souhaités par le téléchargement massif.

L’objectif de la loi Hadopi est de limiter le téléchargement illégal pour protéger le droit d’auteur sur  Internet. Cette loi oblige le consommateur soit à se tourner vers le contenu téléchargeable légalement ou à se tourner vers l’achat de musique au format physique.

Si cette loi fonctionne à long terme, le marché sera inondé par les réalisations des artistes de renommée internationale. Cela ne laissera donc plus de place pour les artistes émergents sur le marché.

De nouveaux acteurs apparaissent pour faire émerger de nouveaux artistes. Il s’agit des émissions télévisées du type « Star Academy » en France ou « X Factor » au Royaume Uni. Toute la promotion de l’artiste gagnant de l’émission est assurée par la chaîne de télévision.

Des entreprises du numérique se lance dans l’aventure de l’industrie musicale en utilisant les projections hologrammes. C’est le cas de l’entreprise française Voxwave qui développe des personnages virtuels qui apparaissent sous forme d’hologramme sur scène. Cette entreprise s’appuie sur la vente du logiciel, des concerts organisés à travers la France et le Maghreb ainsi que sur les produits dérivés pour se développer. Ce modèle pourrait grandir dans les années à venir.

Conclusion :

Le web 2.0 a apporté la mondialisation dans le domaine de l’industrie de la musique. Cela implique un nouvel ordre économique incluant de nouveaux acteurs comme les plateformes de partage et les émissions télévisées type « Star Academy ». Ces nouveaux acteurs permettent de faire émerger de nouveaux artistes qui jusqu’alors étaient méconnus. Avec ce phénomène de mondialisation vient la problématique du droit d’auteur sur internet et de la visibilité à l’international.

Par Mounir Lehiani, promotion 2017-2018 du master 2 IESCI

Bibliographie :

L’industrie musicale face au téléchargement : article datant de 2010

 http://www.laviedesidees.fr/L-industrie-musicale-face-au.html

SNEP (Syndicat National de l’édition phonographique : rapport annuels de 2013 à 2017 traitant des performances entre les années 2012 à 2016. Documents PDF

Commentcamarche.net : article traitant du format MP3

http://www.commentcamarche.net/contents/78-mp3-format-mp3-comment-ca-marche

Admin M2 IESC