L’immigration, un phénomène aux conséquences incertaines

L’immigration est perçue comme une menace par certains pays d’Europe et une opportunité par d’autres. Il est important dans un premier temps de voir par où passent les migrants avant de voir les foyers de migrations et les causes de leurs départs.

Tout d’abord, on voit sur la carte de Frontex, l’agence qui s’occupe des frontières européennes, les principales routes migratoires. On peut diviser celle-ci en 3 catégories : les routes migratoires à l’Ouest qui touchent l’Espagne et principalement les Canaries et les enclaves espagnoles en Afrique Ceuta et Melilla. La route migratoire de l’Est qui comprend la Grèce et la route des Balkans. Enfin la dernière se situe au milieu de l’Europe notamment avec l’île de Lampedusa. Suite aux différentes guerres le nombre d’immigrants à énormément augmenter en effet il y a de plus en plus de migrants notamment à cause de la guerre en Syrie et en Irak qui a amené des millions de migrants vers l’Europe.

Les principales routes sont Lampedusa pour les migrants passant par la Libye et la route des Balkans pour les migrants venus d’Irak, de Syrie, et même d’Afghanistan fuyant la guerre. Il y a de multiples causes à cette émigration massive, on peut les diviser en 3 catégories : les guerres, les crises économiques, les crises environnementales. Cependant, il ne faut pas minimiser les influences entre ces différentes causes. Ainsi par exemple une sécheresse qui dure plusieurs années peut avoir des conséquences géopolitiques et amener une guerre civile ou un conflit avec un autre pays pour s’approvisionner en eau.

Tout d’abord pour ce qui est du contexte géopolitique, on peut voir sur la carte ci-dessus les zones de tensions et les zones de guerre. On a donc en orange les zones de tension, en rouge les zones de conflit et en pourpre les zones de guerres. Pour cette dernière catégorie, on remarque 5 zones : l’Afghanistan, le Yémen, le Soudan, la Libye et enfin les conflits liés à Daesh en Irak et en Syrie. Ces 5 zones sont émettrices de migrant fuyant la guerre et la désolation dans l’espoir d’une vie meilleur. Ils vont, pour la majorité, fuir vers l’Europe et ils vont passer plus particulièrement par 2 routes : celle des Balkans et celle de la traversée de la Méditerranée pour arriver à Lampedusa.

Ensuite, au niveau économique, les foyers d’émission de migrants ne sont pas les mêmes. On va donc avoir majoritairement les pays d’Afrique de l’Ouest où la pauvreté est très forte qui sont attirés par l’espoir d’une vie meilleure. On peut faire une analogie avec l’idée d’ « American Dream » qui pousse des latino-américains sur les routes afin d’aller aux États-Unis pour une vie meilleure. On aurait donc un « European Dream » qui serait un havre de paix, où il n’y aurait pas de misère sociale et économique. Ce sont les pays pauvres autour de l’Europe qui sont attirés, comme les pays du Maghreb, certains pays des Balkans et les pays du Caucase. On peut le voir sur la carte dessous qui correspond aux renvois des migrants. Ils sont majoritairement économiques, car on ne peut pas renvoyer des migrants qui demandent l’asile politique.

Enfin, la partie sur les migrants environnementaux qui nous allons le voir est très complexe. Les termes pour qualifier les migrants quittant leur lieu de vie en raison d’une dégradation de l’environnement ne manquent pas. Cela reflète les différents enjeux autour de ces notions. C’est une notion plutôt récente et c’est actuellement très compliqué de reconnaître ce genre de migrants et quelle législation amener face à ce problème. Avec 26 millions de personnes touchées par la pauvreté suite aux événements climatiques, cela peut favoriser les migrations.

Pour conclure, il y a de multiples causes de migrations actuellement qui vont apporter pléthore de personnes sur les routes cherchant une meilleure situation que ce soit politique, économique ou environnementale. Nous allons donc voir les conséquences de ces migrants sur les pays européens.

1. Le phénomène migratoire, un phénomène inscrit dans la durée

Après avoir fait ce constat nous allons voir comment cela peut se passer dans le futur. Nous allons faire une projection pour avoir une idée d’où viendront ces migrants et quelles seront les causes de ces migrations. On va reprendre les grandes catégories et voir à travers quelques cartes quels peuvent être les prochains foyers de migrations.

Tout d’abord sur le court terme les évolutions risquent d’être limitées. À part un événement catastrophique qui provoquerait une forte augmentation du nombre de migrants sur les routes tout va dépendre du contexte géopolitique, car c’est ce qui peut influencer le nombre de migrants sur le court terme. En effet, la guerre en Syrie par exemple n’est pas encore finie et les conséquences peuvent être importantes, on peut ainsi prendre comme exemple la Turquie qui a décidé d’attaquer les Kurdes Syrien notamment autour de la poche d’Afrin. Ensuite, il est difficile de voir les tensions géopolitiques futures, car tout va très vite, on peut prendre comme exemple la rencontre en mai entre Trump et Kim Jong Un alors qu’il y a 6 mois, on était plus proche d’une intervention américaine. On peut aussi parler de la tension entre l’Iran et l’Arabie Saoudite qui se battent pour être la plus grande puissance de la région du Moyen-Orient. De plus, il y a un conflit religieux entre les chiites menés par l’Iran et les sunnites menés par l’Arabie Saoudite. Enfin, la situation en Afrique reste complexe et il est difficile de faire des estimations de ce type de migrations. Une partie de ces tensions et conflit va être liée à des contextes de crise économique ou à une crise environnementale comme une sécheresse importante.

Au niveau économique, les perspectives des zones d’émission sont plutôt bonnes. En effet, on peut voir une croissance économique pour les prochaines années dans l’Afrique Subsaharienne comme le montre le graphique ci-dessous. Cependant, cette croissance économique est modeste et risque de ne pas être suffisante pour tarir cette source de migrant. De plus, le FMI pointe du doigt certains pays d’Afrique comme le Mozambique qui ont des problèmes dettes qui pourraient amener à une crise des dettes en Afrique qui aurait des conséquences sur l’émigration des populations locales. D’un autre côté, l’Afrique tente de favoriser l’économie du continent en favorisant le libre-échange. La zone de libre-échange continentale (ZLEC) est un projet en cours de création sur la grande partie de l’Afrique. Qui vise à regrouper au total 54 États dans une zone de libre-échange. Ensuite une des grandes interrogations va être sur le prix des matières premières qui est très important. En effet une grande partie des pays qui ont économie basée sur les matières premières vont avoir plus de migrants. Les prix sont très volatiles et dépendent des marchés financiers avec un équilibrage entre l’offre et la demande. Cela va donc aussi dépendre de leur politique de différenciation de production de richesses. Enfin là aussi, on ne peut faire qu’une projection assez récente, car plus on essaye de faire une projection sur le long terme plus l’incertitude est élevée. Il y a typiquement 2 scénarios pour résumer, un scénario qu’on peut qualifier de positif avec une baisse de l’émigration de ces pays grâce à une forte croissance économique et un autre à l’inverse qui serait plutôt négatif avec une stagnation ou une augmentation de l’émigration.

Les conséquences du changement climatique suivent différents scénarios allant du positif au négatif. Si les pays limitent leurs émissions de gaz à effet de serre et réussissent à remplir leurs objectifs définis lors de la COP 21 à Paris, les migrations liées à l’environnement seraient alors « limitées ». Cet objectif de maximum 2 degrés de plus est ambitieux et dans leurs pires prévisions le voit une augmentation de 6°C d’ici 2100, qui serait alors le pire des scénarios. Les Etats ont pris des décisions mais on ne connaît pas encore la réussite de leurs actions. Donc on peut juste avoir des tendances des futures migrations lié à l’environnement, « l’ampleur de ces migrations va excéder ce que nous connaissons actuellement », prévient Monique Barbut, secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD). Enfin, il ne faut pas oublier que les problèmes climatiques peuvent être la cause des crises économiques ou des guerres. On peut ainsi prendre l’exemple de l’eau et des guerres de l’eau qui vont être une des causes les plus importantes d’instabilité. On le voit sur la carte ci-dessous que les tensions et les possibles guerres dans ces pays, ce qui est une des causes d’émigration des populations locales.

Pour conclure, on peut voir que les migrations vers l’Europe vont continuer, mais la raison risque de changer pour devenir essentiellement environnementale et le nombre de migrants risque d’augmenter dans le temps. Nous allons donc voir les différents scénarios des pays européens.

2. Les conséquences économiques et politiques

Il suffit de s’intéresser aux enquêtes qui ont été menées auprès des résidents des pays européens pour comprendre que le mal est assez profond. À l’Est de l’Europe, la Hongrie et la Pologne sont particulièrement touchées par la vague nationaliste. Il y a une tendance xénophobe dans ces pays et ils refusent l’accord de l’Union européenne pour accueillir des migrants. La construction de murs anti-migrants sur les routes migratoires et notamment la route de Balkans en est la parfaite illustration. Les autorités de certains pays de l’Est n’ont pas hésité à dépenser des sommes exorbitantes pour s’offrir des digues anti-migrants. Certains murs ont déjà vu le jour, ou sont en cours de construction alors que d’autres sont planifiés ou envisagés. Un des cas les plus parlants est probablement le mur accompagné de détecteurs de mouvements, de barbelés de miradors qui s’est construit entre la Hongrie et la Serbie. Cette forteresse longe les frontières sur plus de 175 km a coûté pas moins de 880 millions d’euros.

Le groupe de Visegrád est composé de la Pologne, de la Hongrie, de la République Tchèque et la Slovaquie, leur groupe est là pour s’opposer à la politique migratoire européenne et notamment le règlement Dublin III. Il « permet en effet à un État de refuser d’instruire une demande d’asile déposée sur son sol au motif que la personne a déjà effectué une demande dans un autre pays, ou bien que ses empreintes figurent dans le fichier Eurodac à la suite d’un contrôle après le franchissement irrégulier d’une frontière. En conséquence, cette procédure fait peser un poids considérable sur les pays situés aux frontières de l’UE, comme la Grèce et l’Italie, qui enregistrent le plus grand nombre de demandes d’asile. »1

Au niveau économique, l’impact de cette immigration est encore incertain. Selon Gérard-François DUMONT, cela aura un impact négatif sur le court terme avant d’avoir un impact positif sur le long terme. Les migrants avec un capital humain élevé, c’est-à-dire qu’ils ont fait des études, s’en sortiront mieux que ceux qui n’en ont pas fait, car ces dernières seront payées au salaire minimum pour les pays qui en ont un, ce qui va entrer en conflit avec les populations locales. On peut prendre l’exemple de l’exode de Mariel en 1980 où Fidel Castro laisse partir 125 000 Cubains vers la Floride. En Floride et notamment à Miami, la population active a cru de 7%. Après 5 ans, la situation économique de cette ville était meilleure que celle d’autres villes américaines comparables. Cependant même avec cet exemple la stratégie des Etats est différente car ils ont tous des objectifs différents. Par exemple l’Allemagne est le pays ayant accueilli le plus de migrant, car son solde naturel est d’environ 1,5, soit inférieur à 2 qui constituent le renouvellement de la population. La compensation de ce solde par l’immigration doit non seulement favoriser l’économie allemande mais aussi aider à payer la retraite des Allemands.

Conclusion

Pour conclure, on voit que la situation risque de perdurer, et ce, pour différentes raisons et cela va impacter non seulement les pays européens, mais aussi leurs économies et l’Union Européenne. C’est là que les accords avec la Turquie et la Libye sont important pour limiter cette vague qui pourrait faire chavirer l’Europe. Il y a aussi la suite de la construction européenne qui sera influencée par ces événements.

Par Alexandre Penloup, promotion 2017-2018 du M2 IESCI d’Angers

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