Dans un monde de plus en plus complexe et connecté, l’enjeu du Big Data se retrouve dans toutes les bouches, mais aussi dans toutes les entreprises. C’est en ce sens que les objets connectés commencent à voir leur émergence. L’internet des Objets peut se définir comme la connexion des objets à un réseau plus large, que ce soit avec le Wi-Fi ou plus récemment, développé avec des technologies tel que SigFox et LoRa, par l’intermédiaire d’un smartphone ou tablette ou encore grâce à des protocoles de communication qui leurs sont propres, permettant aux objets de pouvoir communiquer entre eux. C’est pourquoi aujourd’hui nous appelons cela les « objets connectés ».
Afin de dresser un état de l’art sur cette révolution, nous nous intéresserons aux secteurs touchés, en montrant tout simplement que les objets connectés affectent aujourd’hui principalement le secteur de la santé, mais aussi plus récemment celui de l’industrie. Nous mettrons en évidence les limites de l’Internet of Things (IoT) aujourd’hui, principalement dans le domaine économique et social et enfin nous mettrons l’accent sur les limites juridiques liées à l’internet des objets. Pour terminer, sur le fait que les objets connectés restent encore aujourd’hui trop peu sécurisés et qu’ils peuvent-être vecteurs d’une nouvelle forme de criminalité liée aux cyberattaques.
Les secteurs touchés par cette révolution
Le marché des objets connectés en France se segmente en deux grands secteurs, celui de la santé et celui de la domotique. L’entreprise Xerfi estimait à 150 millions d’Euros le marché des objets connectés pour l’année 2013, ce qui laisse à penser qu’une possible révolution est en marche, mais que cette dernière ne touchera pas dans l’avenir uniquement ces deux secteurs.
Actuellement, quatre catégories de produits jouent un rôle crucial dans le développement de l’Internet of Things. Pour le domaine de la santé, les balances connectées dont le premier objet fut développé par la société Withings. Les montres connectées, divers acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) se sont mis à commercialiser également ces bracelets tel que le premier acteur français de la santé (Harmonie Mutuelle). L’adhérent devient acteur de sa santé, tout en sachant qu’en 2014 les montres connectées représentaient près de 46% de part de marché des objets connectés. Il y a également les traqueurs d’activités, deuxième catégorie de produits représentant 33% du marché avec l’implantation de traqueurs d’activités par exemple dans les chaussures. Enfin les tensiomètres connectés qui occupaient 16% de part de marché.
Le secteur de la santé est réellement le secteur le plus concerné par cette révolution liée aux objets connectés, cependant il est inévitable que l’industrie et les processus de production soient eux aussi touchés dans l’avenir, à court terme mais aussi à long terme. C’est dans ce sens que l’on parle aujourd’hui de l’industrie 4.0, car le secteur industriel connaît aujourd’hui de fortes turbulences et souhaite intégrer de nouveaux modes et processus de production, afin de répondre d’une manière efficiente aux attentes du marché. C’est dans cette logique que l’intelligence artificielle ou l’émergence des robots connectés s’imposent pour la logique industrielle, afin d’augmenter la productivité. Il est envisageable que la logique de la robotique dans le domaine de l’industrie, soit également liée aux enjeux de la santé, tout simplement car si la robotique s’applique à l’industrie elle pourra également générer une réduction des coûts. Pour un hôpital par exemple, c’est dans cette logique que l’entreprise GFI Informatique réfléchit actuellement avec les Smart Cities. C’est aussi sur le long terme, un processus qui améliorera les services liés aux patients et la qualité des soins qui leur seront prodigués, grâce à une collecte plus objective des données des patients. Le secteur de la santé reste aujourd’hui un secteur en pleine mutation.
Un cadre encore instable ?
Divers problèmes ou limites peuvent ainsi freiner le développement exponentiel de l’Internet of Things, malgré les perspectives et utilisations croissantes des objets connectés, car pour qu’une technologie puisse envahir le marché cela doit d’être clair et cadré.
Les premières limites restent sociétales, en effet les objets connectés ne sont pas encore connus parfaitement du grand public, cela reste encore flou pour les futurs utilisateurs.
L’objet connecté ne se fond pas encore totalement dans le quotient de l’utilisateur, Il faut dépasser cette vision de « gadget » que les utilisateurs perçoivent encore actuellement. Sur le plan économique, le pouvoir d’achat des français a véritablement diminué et les prix sont encore trop élevés et les technologies évoluent très vites. Les consommateurs souhaitent des articles fiables et durables, surtout que la gamme des objets connectés reste encore assez restreinte.
Afin de répondre au mieux aux consommateurs, les objets connectés doivent prouver la fiabilité de leur mesure, autrement dit que les mesures réalisées par ces objets ne soient pas erronées, mais aussi qu’il n’y ait pas d’utilisation malsaine des données afin de générer uniquement du profit.
Ce problème est l’un des plus importants soulignés par la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). Il faut que les données générées par l’objet connecté respectent la vie privée de l’utilisateur, car aujourd’hui la sécurité juridique est encore assez floue sur ce marché. L’usage des données personnelles permettrait aux entreprises de réaliser diverses statistiques objectives, permettant de générer du profit. En ce sens, le point de vue éthique doit-être travaillé car les entreprises commerciales mettent en place des actions stratégiques, grâce à la localisation des objets connectés sans que le consommateur soit réellement averti. Il reste à s’assurer que les entreprises collectant des données de leur clientèle, ne vendent pas les données afin de réaliser du profit.
Cependant, le côté éthique n’est toujours pas assez mis en évidence aujourd’hui, malgré des discussions au niveau international. Les juridictions souhaitent mettre en place un Comité National d’Éthique pour responsabiliser les personnes, et instaurer la confiance dans l’usage des données. Si l’objet doit se fondre dans nos paysages futurs avec une utilisation quotidienne, il va de soit que le modèle doit être sans faille.
Une nouvelle forme de criminalité liée aux objets connectés ?
Les objets connectés, mis à part l’usurpation des données qui est bien sûr possible, posent un réel enjeu de sécurité. Les objets connectés dans le domaine de la santé, avec les bracelets, balances et montres connectées se doivent dans le futur d’être sécurisés, surtout si ces derniers collectent des données.
Selon Proofpoint une entreprise spécialisée dans la sécurité, une cyberattaque se serait déroulée entre le 23 décembre 2013 et le 6 janvier 2014, où 750 000 courriers électroniques malveillants furent envoyés via divers objets connectés. La question de la sécurisation reste également un facteur à prendre en compte, si l’on veut que les objets connectés s’intègrent dans nos vies de tous les jours. C’est en cela que ce principe soulève des questionnements sensibles, mais demeurant essentiels afin que l’extension de l’internet des objets voit réellement le jour. Dans un proche avenir, il va y avoir une omniprésence des objets connectés, mais aussi de diverses captures en entreprise telles que les caméras de surveillance ou encore dans le domaine de la santé, un pacemaker connecté. Ces objets sont exposés à tous les risques d’internet. Mais l’on dispose d’un niveau de sécurité encore beaucoup trop faible, ce sont des cibles potentielles pour les hackers et autres pirates informatiques qui peuvent mettre à mal une entreprise ou encore jouer sur la vie des utilisateurs.
C’est dans cette logique, qu’il faut être vigilant et que la vision « gadget » des objets connectés ne sera pas durable dans le temps. Aux États-Unis, le cardiologue de Dick Cheney a désactivé la liaison Wi-Fi du pacemaker connecté de son patient, par peur d’une éventuelle cyberattaque. L’expert en sécurité informatique de chez IO Activite en 2012 lors du congrès Breakpoint, a démontré qu’il était possible de pirater un stimulateur cardiaque à distance. Cette démonstration avait pour but de sensibiliser les entreprises face aux menaces de cybercriminalité et aux « assassinats anonymes ». D’autre part il semble qu’il y aurait des failles importantes, qui permettraient de modifier à distance la dose des médicaments administrés aux patients à distance.
Précédemment, les utilisateurs qui étaient victimes d’une cyberattaque, pouvaient débrancher l’objet alors qu’aujourd’hui avec le prolongement d’internet dans le monde physique, il est à prendre en considération que l’objet et la collecte des données viennent générer de réelles répercussions sur le monde physique.
Conclusion
Pour que cette révolution puisse voir le jour, tant au niveau du domaine de la santé, que de l’industrie, il faut que les limites juridiques soient soulevées, et les questionnements au niveau éthique soient résolus. La demande du marché ne se limite pas seulement à l’objet considéré comme gadget, il doit se fonder dans le mode de vie de l’utilisateur, afin que ce que dernier puisse percevoir un intérêt et lui faire partager une réelle expérience. Les nouveaux risques de criminalité ne sont pas assez prises en considération. L’enjeu sécuritaire des objets connectés au niveau de l’aspect juridique, doit être au plus vite résolu si l’on veut que les objets connectés puissent continuer à se développer, pour ainsi limiter les répercussions dans le monde physique.
Par Julian Rioche, promotion 2016-2017 du M2 IESC d’Angers
Références
Cybercriminalité: Des PME (presque) comme les autres
http://www.20minutes.fr/societe/1824379-20160412-cybercriminalite-economie-presque-comme-autres
La déferlante des objets connectés dans l’entreprise : le paradis des hackers
Le Guide de la Santé Connectée
Objets connectés : histoire et définitions
http://www.objetconnecte.net/histoire-definitions-objet-connecte/
Objets connectés : opportunités et limites
http://www.objetconnecte.net/objets-connectes-opportunites-limites/
Objets connectés : quels sont les enjeux éthiques ?
https://master-iesc-angers.com/objets-connectes-quels-sont-les-enjeux-ethiques/