Les enjeux des monnaies virtuelles

    I.            DÉFINITION

Le monde aujourd’hui connait une transformation et une évolution très rapide. Les progrès technologiques, couplés avec le développement du numérique ont apporté de nombreux changements à la vie économique, et plus précisément au monde de la finance. C’est ainsi que depuis quelques années, les monnaies virtuelles qui font l’objet de nombreuses attentions quotidiennes ont vu le jour.

Le terme monnaie virtuelle de son autre nom crypto monnaie, renvoie de façon simple à une représentation numérique de valeur qui n’est ni émise par une banque centrale ou une autorité publique, ni nécessairement rattachée à une monnaie fiat, mais qui est utilisée par des personnes physiques ou morales comme moyen d’échange et peut être transférée, stockée ou échangée électroniquement.(BNP Paribas et al., 2017)

Cependant, il est important de ne pas confondre le terme monnaie virtuelle avec celui de monnaie numérique, qui elle, est définie comme une représentation numérique de valeur ayant typiquement certaines caractéristiques d’une monnaie, et pouvant avoir les caractéristiques d’une marchandise ou d’un autre bien. En d’autres termes, la monnaie virtuelle est une monnaie numérique et non l’inverse.(BNP Paribas, Citi, Disneyland Paris, DLA Piper, Estée Lauder, Ipsos, Mega International, Moet Hennessy, Theory Global, Sisso, SMG and AmCham’s Communications Committee, 2017)

Le monde de la monnaie virtuelle dispose aujourd’hui de multiples avatars dont les plus importants sont les suivants et listés ci-après en fonction de leur capitalisation boursière au 30/10/2017 (aWebAnalysis, 2017). Ainsi on retrouve Bitcoin, Ethereum, Ripple, Bitcoin Cash, Litecoin, Dash, NEO, NEM, BitConnect, et Monero.

Afin de souligner l’ampleur prise par les monnaies virtuelles sur les marchés financiers, un État comme l’Estonie entrevoit de mettre sur pied sa propre monnaie virtuelle. Dans le même ordre, le tableau ci-dessous laisse paraître une capitalisation boursière de plus de 100 milliards de dollars de la part du bitcoin, qui devance ainsi la banque Goldman Sachs (93 milliards[1]) dans le classement mondial.

       II.            GENÈSE DES CRYPTOS MONNAIES OU MONNAIES VIRTUELLES

Avant de comprendre le fonctionnement et les enjeux qui se cachent derrière les monnaies virtuelles, il serait important de relater les différents faits qui ont concouru à la création en 2009 par Satoshi Nakamoto et dont l’identité exacte reste encore inconnue, de la première monnaie virtuelle à savoir le bitcoin, considérée comme la mère de toutes les autres monnaies (Chris Campbell, 2017).

Il faut remonter vers les années 1970 pour observer la création de la cryptographie par l’armée américaine. Deux décennies plus tard, un groupe de hackers nommés les cypherpunk venant des quatre coins du monde a vu le jour, émettant l’idée d’une monnaie anonyme et décentralisée.

Dans les années 1980, on commence à voir apparaitre les premiers articles ayant trait à la monnaie numérique. L’un des principaux articles, « Security without Identification : Transaction Systems to Make Big Brother Obsolete », de son principal auteur le cryptographe Dr David Chaum (père des cypherpunk). En d’autres termes « La sécurité sans identification : des systèmes de transaction pour reléguer Big Brother au musée ».

En 1983, une monnaie numérique, l’ecash est créée. Elle sera utilisée dans un premier temps par la banque Mark Twain Bank, avant d’être abandonnée lorsque cette dernière fut rachetée par la Mercantile banque. Toutefois, un léger bémol existait en ce qui concerne l’ecash. Il était dépendant des banques, des entités centrales et n’était pas particulier. La problématique à cet instant était celle-ci : comment ne pas dépendre d’institutions déjà bien établies ? Mieux encore, comment s’assurer qu’aucun acteur unique ne puisse contrôler l’offre monétaire ?

Des années plus tard, les cypherpunk sortent du silence et dévoilent leur objectif dans un ouvrage intitulé « Un manifeste cypherpunk », celui de garantir la protection de la vie privée des individus par tous les moyens possibles, notamment, si possible, par le biais des transactions financières, car la vie privée serait érodée petit à petit par les gouvernants et les grandes entreprises jusqu’à disparaitre, d’après eux.

Les années 1990 marquent ce que les cypherpunk appellent la guerre des cryptos. Les gouvernements interdisent et se déclarent être les seuls à utiliser la cryptographie, par crainte qu’elle ne profite au terrorisme. Dans une moindre mesure, les citoyens privés peuvent utiliser un cryptage, toutefois faible et facilement décryptable par les gouvernements.

Le dénouement de la crypto guerre a eu lieu à l’issue du jugement de Bernstein contre le département américain de la justice. Au terme de cette affaire, la neuvième cour d’appel a décidé que le code cryptographique était protégé par le premier amendement de la constitution des États-Unis. Le code logiciel, en d’autres termes, est considéré comme une forme d’expression. Cette décision clé pour les cypherpunk marquera la chute du mur numérique, la vie privée des individus, pensaient-ils, était désormais protégée. C’est ainsi que les travaux et recherches en cryptographie se multiplièrent.

Il a fallu attendre jusqu’en 2009, pour que Satoshi Nakamoto, un cypherpunk anonyme annonce la création du bitcoin, une monnaie numérique totalement indépendante de toutes autorités dans son fonctionnement.

    III.            FONCTIONNEMENT DES MONNAIES VIRTUELLES

L’ensemble des monnaies virtuelles qui ont vu le jour à la suite du bitcoin n’ont fait que s’inspirer du fonctionnement de cette dernière (crypto encyclopedie). Le bitcoin est un système de paiement en pair-à-pair (décentralisé) dont l’unité de compte est le bitcoin (BTC). Il s’agit d’une monnaie électronique cryptographique.

Le système bitcoin présente une particularité qui fait son originalité. Il repose sur un grand registre où sont notées toutes transactions en bitcoin depuis sa création. Ce registre est appelé blockchain (chaine de blocs). Celui-ci n’est pas tenu par une banque centrale et n’est pas l’incarnation d’un pouvoir par un État : la vérification des transactions est réalisée par les “mineurs”[2] du réseau qui acceptent de donner de leur puissance de calcul (ordinateur). Chaque mineur peut posséder une copie de ce grand registre réputé infalsifiable. Les mineurs sont récompensés en bitcoin, c’est ainsi que la monnaie est émise.

Le bitcoin est une monnaie cryptographique, c’est-à-dire que son fonctionnement repose sur des procédés de chiffrement cryptographiques. Elle peut être utilisée pour échanger des biens et des services.

La possession de bitcoin est matérialisée par la conservation d’une clef de chiffrement privée permettant de signer une transaction pour s’authentifier. Elle prend la forme d’une suite de chiffres et de lettres générée aléatoirement lors de la création d’un portefeuille électronique. Elle peut être stockée sur une clef USB, un ordinateur, un smartphone, etc.

       IY.            ENJEUX DES MONNAIES VIRTUELLES

Comme toutes les autres monnaies, les crypto monnaies assurent les mêmes fonctions à l’instar d’acquérir des biens et services dans les marchés où elles sont considérées. Plus encore, l’on observe que les monnaies virtuelles permettent de lever d’importants financements et dans de brefs délais à travers les ICO (Initial Coin Offering) à l’exemple d’Ethereum. Cependant, elles présentent certains enjeux (Jean-Luc, 2014).

Premièrement, du fait notamment de l’absence d’intermédiaires ou « tiers de confiance », elles présentent des coûts de transaction très faibles. Elles sont ainsi susceptibles de faciliter les échanges et révolutionnent les moyens de paiement sur Internet. Elles sont porteuses d’une dynamique d’avenir. On se souvient d’ailleurs que, par le passé, les moyens de paiement innovants ont toujours été accueillis avec scepticisme, comme ce fut le cas avec l’arrivée des cartes bancaires.

Deuxièmement, l’anonymat des détenteurs de bitcoins réduit les moyens de contrôle et peut malheureusement favoriser le blanchiment d’argent et le financement d’activités illégales. Compte tenu de la progression limitée et déterminée à l’avance du nombre de bitcoin en circulation, la valeur du bitcoin augmente de manière importante et avec une forte volatilité, ce qui en fait un support spéculatif potentiellement risqué.

En somme, il serait nécessaire de prendre en compte et de mieux contrôler ce phénomène émergent, non pas en l’interdisant, mais en instaurant une régulation, qui contribuerait à la fois à sa sécurité juridique et à une prise en compte fiscale de cet objet encore mal identifié.

Par Marco Takam, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

REFERENCES

aWebAnalysis. 2017.

BOURSORAMA. 2017.

Campbell, Chris. 2017. “Histoire Des Cryptomonnaies:Le Bitcoin En Une Lecon (Partie 1),” LA BOURSE AU QUOTIDIEN.

crypto encyclopedie. “Le Bitcoin Expliqué Simplement.,”

Jean-Luc. 2014. “Bitcoin: Problème Ou Opportunité?,” Bitcoin,

Paribas, BNP; Citi; Disneyland Paris; DLA Piper; Estée Lauder; Ipsos; Mega International; Moet Hennessy; Theory Global; Sisso, et al. 2017. “Lexique Du Digital,” LEXIQUE DU DIGITAL.

xtb online trading. “Bitcoin Et Autres Crypto-Monnaies,”

 

[1] BOURSORAMA. 2017.

[2] Personnes anonymes du réseau capable de valider des opérations en ligne au moyen de puissantes machines

Admin M2 IESC