Le Télétravail qui est apparu dans les années 50 aux états Unis ne s’est réellement développé que dans les années 70-80 avec l’évolution des nouvelles technologies comme internet ou bien les téléphones mobiles. Le télétravail est une des évolutions majeures du travail. A partir de 2013 le travail en mobilité s’intensifie. Il représente aujourd’hui 23% du temps de travail contre 20% en 2012. Le télétravail a longtemps été une notion très vague et ce n’est qu’en 2012 qu’il trouve vraiment sa définition juridique. Sa mise en place apporte beaucoup d’avantages tant aux employeurs qu’aux employés mais elle connaît aussi ses limites.
Le contexte du télétravail
Le télétravail n’a obtenu une définition juridique que très récemment, le 22 mars 2002. Selon la loi de Warsmann il est défini comme « toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon régulière et volontaire en utilisant les technologies de l’information et de la communication dans le cadre d’un contrat de travail ou d’un avenant à celui-ci ». Il nécessite une certaine régularité et doit comprendre au minimum une demi-journée par semaine.
En outre, le télétravailleur est un salarié utilisant régulièrement les TIC (Techniques d’Information et de Communication), mais pas obligatoirement à temps plein. Le télétravail exclut donc par le biais du salariat les agents publics et les travailleurs indépendants qui travaillent pourtant beaucoup chez eux.
On retrouve également le télétravail sous différentes formes :
- le travail à domicile qui s’effectue sur le lieu de résidence du travailleur.
- Le travail en nomade qui lui, concerne les salariés qui n’ont pas de lieu de travail fixe mais qui utilisent les NTIC lors des déplacements professionnels. Ce type d’emplois existe depuis bien longtemps, l’exemple le plus connu étant celui des commerciaux dont le nombre est estimé à plus de 800 000 salariés en France.
- En télécentre: ce sont des espaces de travail hors entreprises qui permettent d’accueillir des employés de différentes structures. Il en existe peu en France (moins d’une centaine) mais ces centres se développent considérablement depuis 2007, leur principal intérêt étant de garder le contact humain et ainsi d’éviter l’isolement.
Cependant, beaucoup de salariés alternent les différentes formes de travail. Pour le permettre, la loi ne prévoit aucune distinction entre les différents télétravailleurs, qu’ils exercent à domicile, en tant que nomades ou en télécentre.
Le travail à distance est rarement à temps plein, pour éviter l’isolement ou la perte de repère de la personne.
Le rôle joué par la technologie
Les NTIC ont leur rôle à jouer dans le développement du télétravail.
Les NTIC sont de plus en plus utilisées dans les entreprises et par les salariés comme le montre le rapport d’IDC qui affirme que 63% des salariés utilisent un ordinateur portable et 55% leur smartphone dans le cadre de leur emploi. Les entreprises ont donc pris conscience de cet état de fait et réorganisent leurs systèmes d’information en conséquence. Elles investissent de plus en plus dans la gestion de l’information que ce soit dans les outils de travail ou le débit de wifi pour ainsi gagner en productivité. Une autre question se pose alors, celle de la protection de réseaux et de l’information (+ 26% des investissements en 2014) qui est un enjeu majeur dans le système accru de concurrence dans lequel nous nous trouvons.
Un des facteurs clés dans ce type d’organisation du travail pour les postes à responsabilités est l’accès direct aux informations utiles et donc le recours aux nouveaux outils qui permettent de rester sans cesse connecté et ainsi de pouvoir être informé en temps réel.
Comme nous le savons, un des facteurs de réussite d’une entreprise est sa compétitivité sur le marché. Mais, il ne faut pas rester figé sur cette idée car en se posant la question de l’évolution et surtout celle du contenu du travail on peut parvenir à une réelle augmentation de la productivité de nos entreprises. C’est une nouvelle façon pour les entreprises d’être plus productives et présentes sur le marché.
Les apports du télétravail
Les apports du télétravail pour l’employeur et pour le salarié :
Tout d’abord, le télétravail contribue à une croissance interne de l’entreprise. En effet, l’entreprise peut continuer à embaucher du personnel sans pour autant augmenter ou développer ses locaux.
Par ce fait, la productivité de la structure se voit augmentée de 25% en moyenne. Ce développement hors entreprise impacte également la fidélité de ses employés. En effet, cette nouvelle organisation du travail constitue un argument majeur à l’embauche et contribue à diminuer le turnover assez répandu en entreprise. Le travail en dehors de la structure d’accueil permet la diminution des temps de transports et donc une réduction de la fatigue et du stress. Ainsi les télétravailleurs ont une meilleure efficacité et une meilleure concentration durant leur temps de travail. En effet 85% des employés sont favorables à la mise en place du télétravail car cela améliore leur qualité de vie. Cela représenterait pour eux 40 min de temps gagné au profit de leur vie familiale et 45 minutes de temps supplémentaire de sommeil. Ces salariés plus réactifs sont plus aptes à gérer les problèmes et à répondre aux sollicitations des clients. Cela va donc également accroitre la satisfaction client.
La France en retard
Le télétravailleur est suivi par un management par objectifs. C’est une organisation particulière du travail car le management opéré par le télétravail repose essentiellement sur la confiance accordée au salarié.
De ce fait, des objectifs à atteindre sont fixés et doivent être réalisés dans un temps imparti. Or, il est très difficile de mesurer la quantité et les degrés de travail de chacun. Avant de créer un tel type de poste, il est donc essentiel de faire une analyse en amont et en aval du travail que le télétravailleur devra réaliser.
De plus, en France, nous sommes plus dans une logique de contrôle. En effet, le management à la française repose principalement sur le contrôle de ses équipes. C’est la raison pour laquelle le télétravail a du mal à se développer considérablement alors que dans les pays scandinaves, en Belgique ou aux Etats-Unis, le télétravail concerne aujourd’hui plus de 30% des salariés. En effet 75% des grands groupes français sont encore en phase d’expérimentation de cette nouvelle organisation du travail qui touche seulement 30 à 200 salariés en moyenne par entreprise.
Il faudrait donc repenser le système de management en France. C’est un processus long à entreprendre qui conduira à une plus grande autonomie et à une plus grande confiance vis-à-vis des collaborateurs.
Pour l’employeur se posent cependant les questions suivantes : Comment évaluer et contrôler le temps de travail effectif ? Ou bien encore, comment manager le télétravailleur ?
En effet, la mise en place du télétravail rend difficile le contrôle du temps de travail de chaque salarié par son employeur qui peut de surcroît se voir condamné pour non-respect du temps de repos ou du paiement des heures supplémentaires. C’est pourquoi le droit du travail prévoit des moyens de contrôle en corrélation avec les accords collectifs de l’entreprise ou par différentes clauses apposées dans le contrat de travail : auto-déclaration du salarié, logiciel de pointage ou système de surveillance du temps de connexion … Cependant, ces mesures ne doivent pas être abusives. Des moyens de gratification intrinsèque (reconnaissance au travail) ou extrinsèque (rémunération) peuvent également être envisagés pour inciter le salarié à s’impliquer d’avantage.
Par ailleurs, un des freins rencontrés à la mise en place du télétravail réside dans son coût qui est relativement important car il est estimé à environ 1400€ par télétravailleur.
Malgré ces contraintes, certaines entreprises ont parfaitement intégré ce système comme Alcatel, Renault ou France Télécom.
Le télétravail connaît aussi ses limites car il ne peut être instauré pour tous les postes et toutes les entreprises. En effet, il faut que la culture de l’entreprise corresponde à ce mode de fonctionnement et que le poste soit également en corrélation. Le télétravail n’est adapté qu’à des postes qui ont une certaines relation client, des métiers aux contacts de l’informatique, développeur ou chef de projet. Ainsi, ce sont surtout les sociétés d’information-communication, les activités scientifiques et techniques ou en lien avec l’informatique qui ont recours au télétravail.
Le télétravail représente-il un danger pour la sécurisation des données de l’entreprise ?
Le télétravailleur possède son propre matériel informatique dont la gestion ne peut être explicitement définie par l’entreprise. De ce fait, les périphériques ou bien les logiciels ne sont pas bloqués comme l’est habituellement le matériel de bureau.
Hors du bureau, la couverture réseau représente un risque et favorise l’intrusion car l’ordinateur ou la tablette ne sont pas protégés par un hôte. L’enquête menée par PricewaterhouseCoopers en 2015 « Information Security Breaches Survey » montre que 15% des grandes entreprises ont subi une intrusion via les smartphones ou les tablettes.
La connexion au réseau par un matériel extérieur à l’entreprise, comme c’est le cas avec les ordinateurs dédiés au télétravail, crée un « tunnel » ouvert sur les données de l’entreprise si le matériel à l’origine n’est pas protégé. Les transactions entre les deux doivent donc se faire de manière sécurisée en utilisant des VPN (Virtual Private Networks) par exemple ou des RPV (Réseaux Privés Virtuels) afin de réduire grandement les risques d’intrusions.
Le matériel informatique du télétravailleur est souvent également utilisé dans la sphère privée, c’est pourquoi il faut sensibiliser l’ensemble des collaborateurs aux bonnes pratiques du numérique ainsi que sur les règles de sécurité afférentes afin de diminuer les risques. Il peut être envisagé de restreindre l’accès au matériel et de le réserver exclusivement à la réalisation de missions pour l’entreprise.
De plus, le système de sécurité informatique installé dans les entreprises est souvent obsolète et n’est pas adaptée à l’usage actuel d’internet, à celui des nouvelles fonctions du numérique et aux nouveaux supports. Les entreprises doivent maintenant gérer et surveiller plutôt que de bloquer les accès. Le cloud leur offre de nouvelles perspectives de collaboration à distance car il autorise le transfert de fichiers tout en garantissant un accès sécurisé à celles-ci.
Par Cédric Kernoa, étudiant du M2 IESC promotion 2015-2016
Bibliographie :
« Télétravail et ultra-mobilité : un nouvel environnement de travail pour les salariés, de nouvelles problématiques pour les entreprises » Karim Bahloul Florent Brindavoine, IDC janvier 2014
« Le télétravail dans les grandes entreprises françaises : Comment la distance transforme nos modes de travail » A L’INITIATIVE DU MINISTRE CHARGÉ DE L’INDUSTRIE, DE L’ÉNERGIE ET DE L’ÉCONOMIE NUMERIQUE Mai 2012
« Enquête sur les technologies de l’information et de la communication et le commerce électronique 2011 » Insee mars 2012
« Guide du télétravail salarié », Yves Lasfargue, Sylvie Fauconnier, Obergo, 2014
« Repenser le travail en soi : un préalable nécessaire au télétravail ? », Techtoc :http://techtoc.tv/event/741/l-entreprise-collaborative/management-2.0/repenser-le-travail-prealable-necessaire-teletravail