La crise politique au Zimbabwe et le renversement de l’une des plus vieilles dictatures de la planète ont réveillé le débat autour du prix que coûtera la paix durable sur le continent. Notons que le continent africain est en proie aux violences en tout genre depuis l’accession à la souveraineté de la majeure partie de ses Etats. Les raisons étant diverses, nous avons décidé d’orienter cette étude, autour de la problématique que serait : les facteurs à tenir en compte pour la paix sur l’étendue du territoire africain? Dénuée de toutes émotions, cette analyse se fera à la lumière de faits parlants, chiffrés et consignés.
1. LA REDISTRIBUTION
Comme annoncé plus haut, de nombreux facteurs rentrent dans ce long processus qui mène à la paix. Le plus marquant est d’ailleurs celui de la redistribution des richesses que nous aurons l’occasion d’analyser de manière globale ci-après.
L’Afrique porte bon nombre de sobriquets : continent au sol et au sous-sol riche, grenier du monde, etc… cependant plus de la moitié de sa population vit encore sous le seuil de pauvreté (seuil fixé à moins d’un dollars américain par jour selon la banque mondiale depuis 1996). Où se distille donc la richesse engrangée par l’exploitation de son sous-sol ?
Les éléments de réponse, j’insiste sur le terme, se trouveraient dans la corruption et les prédations.
Hormis ce facteur important, une analyse du magazine jeune Afrique faisait état de la nécessité de transparence en ce qui concerne la rédaction des contrats internationaux, les procédures administratives ou les études d’impact sur l’environnement.
Cette mauvaise redistribution est à l’origine des disparités, creusant davantage le fossé entre classes aisées, généralement proche du pouvoir, et pauvres dont le nombre est de plus en plus croissant malgré les résultats positif de la croissance depuis près de 10 ans.
Un mal en appelant un autre, la mauvaise redistribution a pour effet pervers la désuétude des infrastructures de base, parfois obsolètes et datant d’un autre âge.
L’Afrique possède près de 60% des terres arables dans le monde, mais l’absence d’infrastructures tels que, les routes, les moyens de transport adéquats, l’accès à l’électricité ou les industries de transformation ne permettent pas une circulation fluide des denrées de première nécessité au sein des états. Ce qui crée dans ce cas une envolée des prix sur les marchés locaux. Cela suffit amplement à occasionner des révoltes au sein du peuple à l’image de la révolution du pain en Tunisie (fin 1983).
Les infrastructures sanitaires et éducatives ne sont pas en restes. Le constat est quasi semblable, on note le manque de matériel médical et de personnel dans les hôpitaux publics ; tout comme dans le secteur de l’éducation. Comme toutes les autres fois, seuls les riches ont accès aux soins et à une éducation de qualité. Situation étonnante au vue de l’aide attribuée par les plus grandes institutions mondiales, pour la réalisation des objectifs du millénaire, à savoir l’éradication de la pauvreté dans le monde. Des études du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), ont permis de démontrer que la santé et l’éducation contribuaient majoritairement à la croissance d’un pays. En effet les arguments avancés font état d’une meilleure santé du citoyen qui le rendra certainement plus productif et d’une éducation beaucoup plus encadrée et suivie des plus jeunes qui aura comme résultat une formation dont la probité morale ne saura faire l’objet de remise en cause. Une année d’éducation supplémentaire contribue à améliorer la croissance de 1,2% par an. C’est cet investissement dans le capital humain qui permettra aux pays africains de tirer profit de l’avantage démographique offert par sa population relativement jeune.
2. L’ALTERNANCE
La mondialisation n’a pas seulement apporté le concept d’uniformité et d’unicité des échanges de biens, de services et d’informations entre nations, elle a également apporté avec elle des courants idéologiques et politiques tels que la démocratie.
Bien qu’étant âgé, le concept de démocratie a été entravé tout au long de l’histoire, la plupart du temps par la pensée économique. Le début des années 90 a donc marqué une consécration de cette dernière à l’hémicycle des nations africaines ou plutôt une transition de nouvelle vague démocratique. Le nouveau coup politique qu’a vécu le Zimbabwe ces dernières semaines en dit long sur l’état dans lequel se retrouvent encore nombre de pays africains. Le déroulement des processus électoraux ne se passe quasiment jamais en toute quiétude.
Entre 2015 et 2016 près de 27 pays d’Afrique sur 54 réélisaient leur dirigeant. Si certains se plaisent au jeu démocratique, bon nombre, dont nous garderons le nom pour le moment, transgressent encore des règles de conduite démocratique, comme le mentionnait le journal le point au lendemain des échéances électorales. Nous assistons parfois à des désillusions électorales, qui entrainent des violences et une répression inhumaine généralement liée aux contestations des différentes parties prenantes dudit processus. Les revendications sources de ces conflits, sont toujours de l’ordre de la distribution équitable des richesses et du droit pour chaque individu de choisir son dirigeant.
3. CULTURE & RELIGION
L’idée d’union ou de pensée commune n’est certes pas inaccessible, mais impossible à réaliser pour le moment. L’Afrique là encore l’emporte sur le fil.
Evalde MUTABAZI, sociologue d’entreprises, fait allusion au caractère multi culturaliste de l’africain et à sa double appartenance en même temps au modèle importé ainsi qu’à celui hérité de ses ancêtres. Ce qui a pour effet la désuétude, le rejet du savoir-faire africain hérité des ascendants au profit de cultures importées trop souvent contradictoires. Il est question dès lors de ressortir de l’ambigüité des modèles de référence et multiculturelle pour mieux valorisées les ressources du continent.
Outre l’aspect économique, les guerres tribales à l’image du génocide au Rwanda entre hutu et tutsi en 1994, marquent là le fait que les différences culturelles ne font pas l’unanimité même au sein du même territoire. Ce tribalisme crée jusqu’à aujourd’hui de nouvelles guerres civiles sous fond ethniques notamment en Afrique centrale et de l’Ouest.
Le religieux est un aspect non négligeable pour la paix sur le continent. L’africain est étroitement attaché aux valeurs religieuses. L’apparition de plusieurs courants religieux a entrainé la naissance de plusieurs conflits à caractères religieux. Tout récemment encore, la république centrafricaine en faisait les frais, par l’élimination systématique des fidèles musulmans du pays à la machette ou encore un peu plus au nord avec les violences injustifiées perpétrées par les sectes islamiques dans les régions du Sahel et de l’Afrique centrale.
CONCLUSION
L’allocution du Roi du Maroc, en marge du sommet UE-UA qui se tient présentement à Abidjan en Côte d’Ivoire, met le point sur l’une des conséquences majeures des différentes crises et mauvaise gestion des Etats, j’ai cité l’immigration. Nous ne parlons ici pas seulement de l’immigration clandestine, qui ne constitue d’ailleurs que 20% de l’immigration africaine, mais de toutes ces personnes dont la réalité du vécu en terre africaine a poussé à l’expatriation en quête d’un avenir meilleur. Il advient dès lors aux différents dirigeant d’assumer l’entière responsabilité en garantissant les droits et la dignité de leurs citoyens. Ce respect des droits du citoyen passe par une meilleure redistribution de la croissance à l’ensemble des citoyens, au respect des principes démocratiques pour un meilleur respect des valeurs légales de la nation que représente la constitution. La paix n’est pas impossible, mais elle a un coût.
La liberté d’expression qui faisait l’objet de nombreuse répression jadis, est de plus en plus respectée même dans les régimes autoritaires. On assiste de moins en moins à des arrestations arbitraires et fermetures de médias mentionne un rapport récent des Nations Unies. Autant avouer que le rôle des réseaux sociaux avec l’expansion de l’internet y contribue amplement. L’information n’est donc plus exclusive, mais désormais à la portée de tous. Ce qui nous emmène à nous poser la question de savoir si le 5ème pouvoir (les médias) à lui seul pourra façonner le nouveau visage du continent ?
Par LISSOUK AWAL Junior, promotion 2017-2018 du M2 IESCI