L’Afrique prend son avenir économique en main

« Le continent africain est désormais regardé par les économies occidentales comme l’économie d’avenir pour le monde ». (Ministre Marocain de l’Industrie et du Commerce Moulay Hafid Elalamy, au dernier sommet Franco-Africain décembre 2013)
Un article de « Jeune Afrique » s’est emparé du sujet pour expliquer les raisons et les conditions de ce changement. Quatre lacunes du passé doivent être relevées pour y parvenir : un encadrement législatif organisé, des moyens financiers dirigés, un secteur privé dynamique et des jeunes formés à tous les niveaux.


Une stabilité politique pour une hausse des investissements

Plusieurs pays Africains se sont lancés depuis près de deux décennies dans une stabilité politique organisée. Beaucoup de gouvernements Africains ont adopté des procédures  démocratiques d’élection. Cela facilite l’organisation de gouvernances plus respectueuses des lois. La stabilité permet alors la confiance et attire les investissements de l’extérieur, comme à l’intérieur, car les règles économiques sont mieux encadrées. Par exemple, en Guinée la croissance estimée pour 2014 par le FMI devrait atteindre 5,2%. Un tel taux de croissance ferait rêver n’importe quel pays Européen, dans l’économie actuelle. Cela ne peut ou pourra se faire que si une meilleure stabilité politique revient. Or les élections législatives ont eu lieu le 28  septembre 2013 dernier.
Une meilleure stabilité est donc acquise, mais est-ce suffisant ?

Il faut aussi une certaine volonté de la part des gouvernements dans la redistribution des richesses des pays. Les ressources naturelles en matières premières de la Guinée (bauxite, or, diamant, fer…) lui apportent des devises étrangères ; elles devraient être dirigées de façon volontariste vers l’économie locale du pays. Cette politique stabilisée volontariste servira alors au développement d’un secteur privé qui ne  demande qu’à prendre son essor. Au-delà de ces investissements économiques directs, les devises  serviront aussi  à la formation notamment des jeunes (le taux d’alphabétisation est actuellement de 41,05%).

Des modes d’organisations et de la formation pour stimuler des ressources humaines

Ces deux premières conditions absolument nécessaires à la prise en main de son économie par l’Afrique devraient être complétées par deux autres dispositions déjà partiellement en mouvement. Ce sont, d’une part, l’aide à l’organisation des entrepreneurs locaux et, d’autre part, la formation des jeunes tant au niveau supérieur qu’au niveau technique et professionnel.

Les entrepreneurs privés (petits et moyens) ont des idées, prennent des initiatives, mais manquent d’organisation : une organisation en réseaux pour faciliter la circulation des informations, une organisation sous forme de coopératives pour mutualiser les moyens par exemple.
Ils manquent aussi de financement ; il serait donc nécessaire de développer un système bancaire adapté à l’échelle de leurs besoins : mutuelles, micro crédit pour les petites initiatives (la fabrication du savon noir par les femmes en Guinée, la production de sel dans les anciennes mangroves).

Ce développement sera encouragé par la formation. Cette dernière comporte deux types :

– Les futurs dirigeants (ingénieurs, universitaires), souvent, sont déjà formés, mais ils n’exercent pas toujours dans le pays. Il faut mettre en place des politiques d’incitation au niveau des revenus et des responsabilités, à des postes qui valorisent leurs compétences.

– Il s’agit aussi que des jeunes aient une volonté de s’engager dans la vie professionnelle avec des connaissances acquises à l’école. Elles seront mises en valeur dans leur travail, et leur permettront d’avoir des initiatives pour créer leur propre petites entreprises, tant chez les femmes que chez les hommes.

L’Afrique a un grand potentiel de développement économique. Avant, elle subissait les politiques de l’extérieur.  Désormais l’Afrique prend son avenir économique en main grâce à une législation volontaire qui accroit les investissements à l’intérieur et attire les IDE. Le secteur privé a une volonté de créer, les gouvernements doivent investir dans la formation et dans l’intégration des compétences de chacun dans l’économie des pays.
L’Afrique est entrain de sortir du néocolonialisme économique.

Quels sera ou quels seront les pays leaders qui feront de l’Africanisation une réussite ?

Ibrahima DIALLO

Source :
JEUNE AFRIQUE HORS SERIE N°35

Etudiant