La stratégie traditionnelle chinoise : L’art de la guerre

« L’Art de la Guerre » écrit par Sun Tzu (Sun Zi) entre le VIe et le Ve siècle av. J.-C. explique les grandes expériences militaires de la Chine. Sun Tzu, originaire de l’Etat de Qi, est un général chinois de l’époque des Printemps et des Automnes (544-470 av. J.-C.). Il immigre à l’Etat de Wu pour éviter la guerre. Sun Tzu sert le roi de Wu dans la gestion de l’Etat et l’appui surtout dans le développement du pouvoir militaire. Il était considéré comme le plus fameux stratège de son époque. Grâce à ses compétences il élabora plusieurs stratégies militaires sous le nom générique de « Stratégie de Sun Tzu » ce qui permit à l’état de Wu de gagner la guerre contre l’Etat de Chu dans l’année 506 av. J.-C. L’Etat de Wu à la suite se classa parmi les cinq plus grands Etats féodaux de cette époque des Printemps et des Automnes.
Cet ouvrage a été traduit en plusieurs langues et R.P. Amiot l’introduit pour la première fois en Europe en 1772. Nous étudierons dans cet article la pensée de Sun Tzu en démontrant que cette pensée peut être de nos jours utilisée dans l’élaboration de stratégies compétitives par les entreprises. Nous étudierons la stratégie de Sun Tzu dans un contexte de compétitivité économique. Cette étude se fera par une comparaison entre l’art de la guerre, l’avantage concurrentiel et un cycle de Sun Tzu.
Le tableau ci-dessous montre les idées principales de Sun et de Porter :

Sun Tzu

Porter

Les cinq forces

  • La politique

  • Le temps

  • Le terrain

  • Le général en chef

  • La règle

  • L’intensité de la concurrence

  • Le pouvoir de négociation des clients

  • Le pouvoir de négociation des fournisseurs

  • Les produits de substitution

  • Nouveaux entrants

La logique de l’avantage

  • Souverain
  • Général en chef
  • Temps et Terrain
  • Discipline
  • Equipement
  • Soldat
  • Punition et gratification

  • La chaine de valeur
  • Activités principales
  • Activités de soutien

La stratégie

  • La reddition de l’ennemi sans livrer bataille

  • Agir par surprise

  • La stratégie de coût

  • La stratégie de différenciation

Dans le premier chapitre de l’art de la guerre, Sun Tzu considère cinq facteurs permettant d’évaluer une situation : la politique, le temps, le terrain, le général en chef et la règle. Son idée est appliquée au domaine de la stratégie d’entreprise. Ce sont les objectifs d’entreprise en comparaison avec la politique. Ici l’idée est de savoir si les entreprises ont des stratégies claires bien définies et si elles disposent des moyens nécessaires à leurs accomplissements. Pour le contexte économique en rapport avec le temps, il s’agit de déterminer si l’on est en période de crise, de croissance économique forte, faible, afin de trouver le bon moment pour agir. La concurrence industrielle et le marché cible – Terrain : Bonne connaissance du marché et des forces concurrentielles en présences. Le patron (CEO) – Général en chef : se penche sur les compétences du dirigeant, sa capacité à être proactif ou non.
Les règles de Sun s’apparentent aux différentes règles générales ou spécifiques existantes dans toutes entreprises. La pensée de Sun combine les facteurs extérieurs et intérieurs. Une prise en compte de tous les facteurs existants dans le processus d’élaboration de la stratégie. Les cinq forces de Sun permettent une évaluation externe et interne comparativement à celles de Porter qui sont exclusivement externes à l’entreprise.
Porter précise les activités d’entreprise dans la chaîne de valeur : 5 activités principales et 4 activités de soutien pour évaluer les points forts de l’entreprise. Selon Sun Tzu il est important de se connaitre et de connaître son ennemi pour élaborer des stratégies qui permettront de gagner la guerre cent fois. Selon cinq facteurs, Sun Tzu propose sept éléments pour bien connaitre l’avantage de l’un et de l’autre. Ici, on les explique dans le sens de l’entreprise. Sun Tzu concentre la culture d’entreprise et le rôle de digérant.

Souverain : La culture nationale.

Général en chef : Les qualités du dirigeant : intelligent, honnête, bienveillant, brave et sérieux.

Temps et Terrain : L’entreprise entre le bon marché au bon moment.

Discipline : L’entreprise respecte les standards de production. Les règles d’entreprise sont mises en œuvre efficacement.

Équipement : L’entreprise a du capital social et une croissance de chiffre d’affaire.

Soldat : Le système de formation professionnelle.

Punition et gratification : L’entreprise doit avoir un système transparent de la gestion de RH.

La meilleure stratégie de Sun Tsu est la reddition de l’ennemi sans livrer bataille et la gestion de surprise pour gagner la guerre. Pour l’entreprise, cela correspond à gagne les parts de marché via la différenciation de ses produits ou services plutôt que par une guerre des prix. C’est la même logique de Porte où l’entreprise maintient son avantage concurrentiel. Pour ce faire, il faut mettre en place soit une stratégie de coût soit une stratégie de différenciation dans tous les niveaux de la chaîne de valeur.
La pensée de Sun souligne l’importance de maîtriser l’information avant la guerre, le rôle de digérant, la croyance, la discipline de l’équipe. La stratégie de Porter est plus précise et plus opérationnelle par rapport à la pensée de Sun. Comme nous intégrons l’entreprise à la pense de Sun, notre prochaine problématique est comment maintenir les avantages à long terme et à court terme. La logique de l’art de la guerre en termes d’intelligence économique est également un cycle avec quatre étapes :

1) Déterminer la position : Tout à bord, on doit évaluer le point fort et le point faible intérieur de l’équipe et l’allocation de ressource. C’est la connaissance de soi.

2) La collecte d’information : Sun Tzu considère aussi que l’information peut être collectée via le réseau formel et le réseau informel. L’information préalable est l’un des éléments clé pour réussir des actions.

3) L’analyse d’information : 5 facteurs et 7 éléments sont utilisés dans cette étape.

4) L’action : Sun Tzu pense que l’objectif de l’action est de gagner. Il dit « Ils avançaient quand ils y voyaient un intérêt ; Ils ne bougeaient pas quand ils ne voyaient aucun intérêt à avancer ». L’action doit correspondre à la capacité de réussir.

Sources :
Phélizon, Jean-François (1999) : Relire l’art de la guerre de Sun Tzu, Paris,Economica
Porter, Michael E (2003) : L’avantage concurrentiel, Paris : Dunod

Guanwei Fang

Etudiant