De la création de la monnaie aux bitcoins : investissez seulement et uniquement ce que vous êtes prêt à perdre

L’argent est le maitre du monde. Notre quotidien, nos projets, notre futur dépendent de l’argent qui circule dans l’économie. Pourtant rares sont les citoyens, les politiciens et les décideurs sachant vraiment ce qu’est l’argent. D’où vient-il ? Et qui le fabrique ?

Beaucoup croient que l’argent est fabriqué par l’Etat, qu’ils ont réellement de l’argent sur leurs comptes bancaires et que les banques prêtent l’argent de leurs déposants quand elles font crédit. Or, ces trois croyances sont totalement fausses ! La confusion règne au profit d’une finance mondialisée. En partant de ce que tout le monde connait, pas à pas, en employant des termes techniques et en illustrant chaque principe par des exemples simple cet article vous donne les bases indispensables à la compréhension du système monétaire depuis la naissance de la première monnaie jusqu’aux monnaies numériques comme le bitcoin.

I. La double monnaie

La monnaie est au cœur de nos économies, elle en est le fluide qui permet les échanges des biens et des services.

Pour savoir comment le monde fonctionne, il est indispensable de savoir doù vient cette monnaie

La monnaie prend plusieurs formes qu’il faut bien distinguer : il y a la monnaie sous forme de billets et de pièces, on l’appelle la monnaie centrale corporelle, ou encore monnaie manuelle, liquide ou espèces. Et il y a une autre forme de monnaie, la monnaie qui se trouve sur chaque compte en banque, on l’appelle la monnaie scripturale, ou la monnaie secondaire.

II. Histoire de la monnaie

L’histoire de la monnaie s’étale sur des milliers d’années. Et la plupart des gens croient que la monnaie est venue pour remplacer le troc : le fait d’échanger un bien contre un autre.

Les historiens ne cessent de le répéter et les faits ne font que le prouver : ce n’est pas le troc qui est apparu en premier mais le crédit : la comptabilité des dettes bien avant l’apparition de la monnaie.

Pour mieux comprendre : imaginons deux paysans, l’un produit des salades qu’il récolte au printemps et l’autre produit des pommes de terre qu’il récolte en automne. Au printemps l’un doit à l’autre une quantité bien déterminée de salade qu’il ne pourra rembourser qu’en automne par des pommes de terre.

C’est la confiance qui permettait ces échanges différés, tout le monde partageait le même principe moral : « une dette doit être remboursée ». Mais au-delà d’un volume d’échange, la parole ne suffisait plus il faut donc consigner par écrit. Les communautés prenaient une unité de compte virtuelle ou un étalon pour donner un prix aux biens et aux services qu’ils échangeaient.

Durant plusieurs milliers d’années il n’y avait pas de monnaie, juste la comptabilité des dettes des communautés entre elles. Ce n’est que vers 700 Avant J.C, que des souverains ont imposé l’usage d’une monnaie comme moyen d’échange sous la forme d’un objet dont ils s’attribuaient l’exclusivité de la production.

Les métaux précieux comme l’or ou l’argent étaient devenus une monnaie internationale, il était risqué de déplacer ses métaux précieux et donc à partir du 17ème siècle les marchands confiaient la garde de leurs métaux aux orfèvres en échange d’un certificat de dépôt nominatif.

Les marchands se mirent à se payer non pas avec les métaux précieux mais avec ces certificats, la monnaie papier était née. Remarquant que les commerçants laissaient leurs métaux précieux dans leurs coffres, les orfèvres ont eu l’idée de les prêter à d’autres marchands contre des intérêts.

Tant que les emprunteurs et déposants ne venaient pas en même temps pour récupérer leurs métaux précieux, les orfèvres pouvaient imprimer plus de certificats que de métaux disponibles dans leurs coffres.

Aujourd’hui les métaux précieux sont remplacés par la monnaie centrale, cette monnaie propre à chaque Etat et fabriquée par la banque centrale est dite une monnaie fiduciaire, du latin fiducia qui veut dire confiance. Et la monnaie secondaire est l’équivalent des certificats de dépôt.  Les banques accordent des crédits en créant de la monnaie scripturale et elle en crée beaucoup plus que de monnaie centrale qu’elles déposent dans ses coffres.

III. Bitcoin : la fameuse monnaie numérique

Tout comme l’euro et le dollar, le bitcoin est une monnaie, sauf que cette dernière est numérique c’est-à-dire qu’on ne peut l’utiliser que sur internet, elle n’existe pas en vrai (en pièces ou en billets).Le premier bitcoin a été créé en 2009, par satoshi nakamoto.

Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, il est important de faire le tour de quatre points:

  1. Une question de confiance

Trois dispositifs de confiance fondent en définitive le crédit de la monnaie :

  • confiance sociale résultant d’une longue pratique au sein d’une communauté ;
  • confiance « matérielle » accordée à la valeur en quelque sorte embarquée dans l’instrument monétaire, comme on vient de le voir à propos des métaux précieux ;
  • confiance institutionnelle et politique qui attache une autorité souveraine, un « tiers de confiance », à un support, billet de banque et autres monnaies fiduciaires ;
  1. La domination de la monnaie scripturale

Aujourd’hui, la monnaie scripturale, qui n’est rien d’autre qu’une écriture sur un compte en banque, représente plus de 90% de la masse monétaire en circulation, devant les billets et les pièces qui représentent la monnaie centrale. Il est donc impossible que tous les gens qui disposent d’un compte bancaire puissent retirer tout leur argent en même temps.

  1. Les systèmes bancaires pour surveiller toute transaction

Les états essayent le plus possible d’imposer des lois qui interdisent ou qui rendent plus difficile les échanges avec du liquide. En France il est interdit d’acheter un bien d’une valeur dépassant les 3000 euros en cash, il est nécessaire de passer à travers la banques, c’est-à-dire par chèque ou virement bancaire. Mais pourquoi tout cela ? Tout simplement parce que quand les transactions passent par le système bancaire, il est plus facile de les contrôler.

  1. Les transferts intra-bancaires : les intérêts

De nos jours, tout le monde payent des sommes de petites ou de grandes tailles sans jamais employer des billets de banque. Quand un client d’une banque veut transférer de l’argent à un client de la même banque, cette dernière ne réalise qu’une manipulation de chiffres. En revanche, quand un transfert doit se faire entre deux banques distinctes et concurrentes la monnaie centrale intervient et donc la banque centrale. Ce transfert qui fait intervenir un intermédiaire est payant.

Ces quatre points nous seront très utiles pour la compréhension du nouveau système du bitcoin et pourquoi les gens préfèrent l’utiliser. Mais avant, comment peut-on avoir du bitcoin ?

Le bitcoin est ce qu’on appelle une crypto-monnaie, une monnaie virtuelle contrairement à toute autre monnaie classique. Il existe plusieurs manières d’avoir un porte-monnaie virtuel pour le bitcoin et la plus simple est de se rendre sur le site du bitcoin : www.bitcoin.org et de suivre les étapes.

Une fois le portefeuille créé, une adresse lui est automatiquement associée. Et c’est à travers cette adresse qu’il est possible de recevoir ou envoyer des bitcoins. Une opération simple rapide qui ne nécessite aucune carte d’identité ou de frais. Maintenant la question qui se pose est la suivante :

 Comment une monnaie aussi simple dans son utilisation a pu avoir la confiance de toute une population ?

          Au moment où cet article a été rédigé, la valeur totale du bitcoin qui circule dans le monde entier dépasse les 300 milliards de dollars et cela est dû à plusieurs raisons dont la première est le fait qu’il n’existe pas d’intermédiaire et donc pas de frais de transfert pour les transactions entre les utilisateurs du bitcoin.

Le bitcoin ne dépend pas d’un Etat, d’un gouvernement ou d’une banque, les transactions se font directement, c’est ce qu’on appelle en informatique le peer to peer (P2P). De plus, pour le bitcoin il n’existe pas de frontières, il unifie tout le monde et permet les transactions avec une seule monnaie.

Il est à noter aussi que la production et la gestion de cette crypto monnaie n’est gérée par aucun organisme mais ce n’est pas pour autant que ce n’est pas un système régulé. Comme toute transaction bancaire, les transactions en bitcoin doivent être vérifiées. Et dans ce cas-là, ce n’est pas une banque qui vérifie ces transactions mais toutes les personnes ayant un portefeuille de bitcoin. Ce qui fait du bitcoin et de toute autre crypto monnaie, une monnaie décentralisée.

Maintenant, s’il n’existe aucun organisme qui s’occupe de la production et de la gestion de cette monnaie virtuelle, alors d’où vient-elle ?

En effectuant des transactions, chaque personne fait désormais partie de ce qu’on appelle la blockchain : une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création en 2009. Cette base de données est sécurisée et distribuée : elle est partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne.  Les transactions effectuées entre les utilisateurs du réseau sont regroupées par blocs. Chaque bloc est validé par les nœuds du réseau, selon une technique appelée le “Proof-of-Work”, preuve de travail, et consiste en la résolution de problèmes algorithmiques. Une fois le bloc validé, il est horodaté et ajouté à la chaîne de blocs. La transaction est alors visible pour le récepteur ainsi que l’ensemble du réseau.

Un block dans la blockchain du bitcoin contient 2400 transactions, l’équivalent de 1MB, et comme mentionné précédemment chaque block constitué doit être validé par le nœud du réseau appelés « les mineurs » : Toutes ces personnes avec leurs ordinateurs qui ont choisi d’utiliser leur puissance de calcul pour participer à la vérification de toutes les transactions du bitcoin. On dit qu’ils minent du bitcoin. Et en récompense de leur travail, ils vont recevoir une petite commission des transactions effectuées en plus des bitcoins crées spécialement pour eux.

Cest donc comme ça que le bitcoin est créé !

Pour une moyenne de dix minutes, des bitcoins sont créés et tous les quatre ans le nombre de bitcoins créés pour un bloc inscrit dans la blockchain est divisé par deux. Au début, et plus précisément en 2009 on gagnait 50 bitcoins, aujourd’hui en 2018, on gagne 12.25 bitcoins et l’opération se répète jusqu’à tendre vers zéro en 2141. Et dans ce cas plus aucun bitcoin ne sera créé et les mineurs ne seront payés que par la commission des transactions effectuées.

IV. Le plus d’un veilleur stratégique

Sur ce présent graphique, on notera la présence de cinq pics principaux, en date des 15, 18, 19, 20 et 22 décembre 2017. Et cette période a été marquée principalement par :

V. Conseil du jour :

« Investissez seulement et uniquement ce que vous êtes prêt à perdre. »

Aujourd’hui le bitcoin peut valoir 10 000 dollars mais dans un mois il peut valoir moitié moins et dans un an plus rien du tout. Je n’en sais rien, vous n’en savez rien, personne n’en sait rien et tous ceux qui vous disent l’inverse sont des menteurs ou des arnaqueurs. On ne peut guère prévoir avec certitude l’avenir du bitcoin.

Par Ghita Tagnaouti, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Références

Bitcoin project. 2009. Débuter avec Bitcoin. Bitcoin.org. [En ligne] 2009. https://bitcoin.org/fr/debuter.

blockchain france. Qu’est-ce que la blockchain ? blockchainfrance.net. [En ligne] https://blockchainfrance.net/decouvrir-la-blockchain/c-est-quoi-la-blockchain/.

Hugo. 2017. LE BITCOIN, C’EST QUOI ? COMMENT EN OBTENIR ? Explication ! Youtube . [En ligne] 24 Sep 2017. https://www.youtube.com/watch?v=89L22vEl74Q.

La Monnaie Scripturale. piecedemonnaie.fr. [En ligne] http://www.piecedemonnaie.fr/lexique/monnaie-scripturale/.

Soriano, Paul. 2011. La monnaie : une question de confiance. paulsoriano.fr. [En ligne] 23 Mars 2011. http://www.paulsoriano.fr/La-monnaie-une-question-de-confiance,230.

STEVEN. 2017. BITCOIN : Comment ça marche et où en acheter ? Youtube. [En ligne] 29 Nov 2017. https://www.youtube.com/watch?v=gMRW46y1Ka4.

Admin M2 IESC