Internet Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Wed, 28 Feb 2018 10:08:55 +0000 fr-FR hourly 1 Neutralité du net : guerre idéologique, guerre économique ? https://master-iesc-angers.com/neutralite-du-net-guerre-ideologique-guerre-economique/ Wed, 28 Feb 2018 10:08:55 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2679 Nul doute qu’en nommant Aijit Pai comme président de la Federal Communications Commission, l’équivalent de l’ARCEP aux Etats-Unis, Donald Trump savait qu’il ajouterait une controverse de plus à un début de mandat déjà bien chargé. En effet, l’ancien juriste de… Continuer la lecture

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Nul doute qu’en nommant Aijit Pai comme président de la Federal Communications Commission, l’équivalent de l’ARCEP aux Etats-Unis, Donald Trump savait qu’il ajouterait une controverse de plus à un début de mandat déjà bien chargé.

En effet, l’ancien juriste de Verizon a très rapidement fait de la fin de la neutralité du net son cheval de bataille, rouvrant un feuilleton trouvant son origine au début des années 2000 et que l’on pensait fermé en 2015 sous l’impulsion de l’administration Obama avec la reconnaissance d’Internet comme « bien commun », garantissant de facto la neutralité du réseau.

Principe fondateur dans le développement d’Internet, la neutralité du réseau suppose qu’il n’existe pas de hiérarchie dans le transit des données : aucun internaute, aucun producteur de contenu ne bénéficie d’une quelconque priorité dans l’accès ou la diffusion des données dans le réseau, mettant sur un pied d’égalité toutes les parties prenantes.

Pour cela, les Fournisseurs d’Accès à Internet doivent s’en tenir à un simple rôle de transmetteurs d’informations. C’est ce que l’abrogation de la neutralité du net renverse en mettant les opérateurs de télécoms en position de filtrer l’accès à certaines données, à en ralentir l’accès à d’autres ou de permettre à certains de s’offrir un accès prioritaire moyennant une contrepartie financière.

La perspective d’un Internet perdant une de ses caractéristiques fondamentales provoqua cet été aux Etats-Unis une vague d’émotion menant à l’organisation de campagnes d’éducation et de sensibilisation à la fin de la neutralité du net et à ses périls. S’unissant dans un intérêt commun, GAFA et mastodontes des nouvelles technologies tels que Twitter, Snapchat, Netflix, Reddit ou encore Youtube organisèrent le 13 juillet 2017 une journée d’action qui, en ralentissant volontairement l’accès à leurs services et empêchant l’accès à certains contenus, permettait à tout internaute d’avoir un aperçu concret de l’Internet post-neutralité.

La sphère politique resta sourde à ce travail initié par les acteurs d’Internet et, malgré un fort écho populaire, la neutralité de net aux Etats-Unis fut abrogée le 13 décembre dernier.

Au-delà des enjeux idéologiques associés à un Internet qui aurait perdu sa neutralité, les implications économiques et politiques d’un Internet à plusieurs vitesses ne sont pas en reste. Le but de cet article sera alors de voir les implications d’un net qui ne serait plus neutre en exposant les différents intérêts qui rentrent en jeu aux Etats-Unis.

L’utopie technologique d’Internet

Similaire en bien des points à des infrastructures telles que les routes, le chemin de fer ou le réseau électrique, Internet a acquis durant son développement et de par son étroite relation avec le World Wide Web une essence particulière qui est à l’origine de l’ampleur des réactions suscitées par l’abrogation de la neutralité du net.

Aujourd’hui, il s’agit d’un élément incontournable de nos sociétés tant par sa dimension sociale que par l’assise qu’il confère aux systèmes économiques : gestion administrative, gestion des infrastructures, marché de l’emploi, consommation, éducation ou loisirs, Internet est présent directement ou indirectement dans chacun des aspects de nos vies.

La manifestation la plus évidente d’Internet se fait à travers le World Wide Web, un réseau décentralisé fait de renvois de pages en pages grâce aux liens hypertextes, permettant à chacun de créer, d’accéder à ou de diffuser du contenu.

L’apparition et la démocratisation du web n’est pas le fruit d’une logique commerciale mais avant tout éducative. Les pionniers du web étaient majoritairement des universitaires qui voyaient dans le web un moyen de travailler, de coopérer et de faire avancer la recherche scientifique en passant outre les contraintes du monde physique grâce à la possibilité de travailler collectivement et en temps réel sans se trouver dans le même espace. Cette dimension éducative a vite conféré au web une dimension libératrice et progressiste offrant l’idée d’un monde alternatif, vierge de l’impact des logiques marchandes pour se concentrer sur l’idée d’un progrès humain auquel chacun peut contribuer, comme en témoigne la Déclaration d’Indépendance du Cyberespace publiée en 1996 par John Perry Barlow.

C’est dans la lignée de cette idéologie que va ensuite se développer le web 2.0, terme utilisé pour décrire le développement de la dimension sociale du web avec l’émergence des premiers réseaux sociaux tels que MySpace, les possibilités d’expressions personnelles offertes par les blogs, le développement de la première encyclopédie collaborative qu’est Wikipédia ou la possibilité de se former en communautés virtuelles autour de forums.

Le web va progressivement devenir une extension de la personnalité de ses utilisateurs, un lieu où il est possible de mener une nouvelle existence détachée de son existence physique, d’appartenir à une communauté unie autours d’intérêts commun, un lieu sans discriminations et axé sur la création et la diffusion d’un savoir collectif.

L’apogée de ce sentiment créé par le web se trouve peut-être en 2011 où Internet a été le socle de l’émergence de mouvements contestataires à travers le monde : les révolutions du Printemps Arabe avec le rôle de Facebook dans l’appel à la contestation du pouvoir politique place Tahrir en Egypte, ou dans la coordination de manifestations et l’expérimentation de nouvelles formes d’expression du pouvoir aux Etats-Unis lors du mouvement « Occupy Wall Street ».

C’est cette histoire du net, présente dans l’inconscient collectif qui vient expliquer l’ampleur des réactions suscitées par les débats autour de la neutralité du net ; l’idée d’un Internet bridé, censuré et dont l’expérience retirée n’étant que le résultat de l’investissement financier concédé par son utilisateur étant en opposition radicale avec l’idée qui a mené le net à connaitre la popularité dont il jouit aujourd’hui.

Mais sous ces considérations se trouvent aussi des enjeux bien plus réalistes ; Internet représente un formidable marché où chacun veut avoir sa part du gâteau. Pour les FAI, rejeter la neutralité du net revient à s’en octroyer une large part.

Winner takes it all

Le développement des technologies numériques a mené à l’émergence de nouveaux services encore inexistants il y a quelques années : services de streaming musical avec des entreprises telles que Deezer, Spotify ou Apple Music ; services de streaming vidéo avec Netflix ou Youtube ; services de Cloud qu’offrent Amazon, Apple ou Google ; services de VTC avec Uber ou Lyft ; services VOIP avec Skype, Facetime ou WhatsApp …

Si les applications de ces services sont diverses et variées, elles partagent toutes comme point commun de se servir d’Internet comme infrastructure de base dont la continuité est assurée pour les Fournisseurs d’Accès à Internet par le biais de leurs « tuyaux ».

A ces nouveaux services s’ajoutent des nouveaux usages : le développement du piratage informatique a profondément modifié notre relation à la consommation de biens culturels, de loisirs ou nos manières de nous informer en introduisant le principe de la gratuité. Il suffit aujourd’hui d’une connexion à Internet pour avoir droit d’entrée dans la plus grande bibliothèque et vidéothèque mondiale permettant de consommer films, musiques, articles de presse, articles de recherche scientifique sans avoir à effectuer le moindre paiement.

Cette généralisation de la gratuité sur Internet ne s’est pas faite sans perdants : incapables de vendre des biens maintenant accessibles gratuitement sur net, les grandes industries culturelles, médiatiques et acteurs historiques de l’Entertainment virent leur rentabilité s’effondrer et furent contraintes de se restructurer pour survivre dans ce nouveau paradigme.

Cette lutte pour la neutralité du net aux Etats-Unis s’explique largement par les liens qui existent entre Fournisseurs d’Accès à Internet et industries médiatiques, et la manière dont les nouveaux acteurs d’Internet viennent s’insérer sur le marché d’Internet.

Des opérateurs tels qu’AT&T, Comcast, Verizon ou Time-Warner sont d’énormes conglomérats qui sont propriétaires des acteurs qui ont été directement impactés par la généralisation du gratuit sur Internet : les studios Universal, Dreamworks, la Warner Brothers Company pour ne citer que les plus connus …

Sans neutralité du net, ces opérateurs sont en mesure de prendre des mesures visant à limiter l’impact du téléchargement illégal en bloquant certains protocoles tels que Bittorent, une pratique que l’opérateur Comcast avait déjà mise en pratique en 2007 avant d’être condamné.

Ces entreprises étant aussi productrices de contenu, elles ont la possibilité par la mise en place de « péages » sur Internet de décourager les consommateurs qui souhaiteraient accéder à des services qui ne sont pas produits par leurs fournisseur d’accès : un client d’AT&T pourrait librement accéder à des chaines telles que HBO ou CNN, profiter de services de VOD proposant des films de la Warner Bros, mais se voir demander le paiement d’une option s’il souhaite accéder à certains services de Google ou d’un autre opérateur.

Pour accentuer ce phénomène, les opérateurs auraient aussi la possibilité de demander aux plateformes faisant une utilisation intensive de bande passante le paiement d’une redevance pour accéder au réseau : c’est le cas de services tels que Youtube, Netflix, Spotify qui se retrouveraient désavantagés face aux services propriétaires des opérateurs car supportant des coûts structurellement plus élevés que leurs concurrents liés aux FAI.

Pourquoi de telles pratiques pourraient être appliquées ? Après des années de récession, les chiffres d’affaires des industries du divertissement trouvent un nouveau souffle dans ces nouveaux services apparus sur le net avec notamment la prépondérance du streaming. En innovant et en substituant au droit de propriété un droit d’accès à un catalogue, des entreprises comme Apple, Spotify ou Netflix ont été en mesure en créer un nouveau marché qui connait aujourd’hui une forte croissance. En revanche, la qualité de ces services est tributaire de la qualité de la connexion Internet qui doit offrir un débit suffisant pour que le service puisse être utilisé sans ralentissements, et de la qualité du catalogue proposé sur ces services qui est obtenu auprès des majors et sociétés de production qui sont elles aussi propriétés des conglomérats d’opérateurs télécoms.

En rejetant la neutralité du net, ces conglomérats auraient alors la possibilité de se réapproprier progressivement la valeur générée par ces nouveaux services qui utilisent le réseau Internet et de réaffirmer leurs positions dominantes sur ces marchés.

Néanmoins, le marché du divertissement n’est pas le seul à être lucratif sur Internet, comme en témoigne la domination des GAFA, empires numériques qui se sont bâtis sur les revenus de la publicité ciblée.

Pour être en capacité de proposer cette publicité ciblée aux gouts des consommateurs, les GAFA reposent sur un modèle de collecte des données personnelles générées par les internautes qui sont ensuite analysées par l’intermédiaires de solution Big Data et d’algorithmes d’Intelligence Artificielle pour déterminer des profils de consommateurs qui seront revendus aux annonceurs. On parle alors de « marchés bifaces ».

La mise en place de telles solutions nécessite d’avoir accès à un important volume de données, un volume de données qui se constitue grâce au trafic des internautes. Pour Google, Apple ou Facebook dont les services sont chaque jour utilisés par des centaines de millions d’internautes, il s’agit d’une véritable mine d’or qui attise les convoitises de ceux qui permettent à ces entreprises d’exister : les Fournisseurs d’Accès à Internet.

Pour Roger Kamena, Daniel Lemire et Nicolas Scott, le rejet de la neutralité du net est une des stratégies mises en place afin que les Fournisseurs d’Accès à Internet puissent s’approprier une partie de ces données personnelles.

En 2015, l’opérateur Verizon rachetait AOL, un de ses concurrents mais surtout propriétaire d’une des technologies les plus efficaces en ce qui concerne la collecte et la valorisation des données personnelles des internautes par le biais du machine-learning et du deep-learning.

Peu de temps après, Verizon rachetait Yahoo!, principal concurrent de Google dans le domaine des moteurs de recherches.

Grâce à ces acquisitions et la possibilité d’impacter les flux d’internautes en priorisant ses services et défavorisant ses concurrents, Verizon possède maintenant la capacité de venir concurrencer Google, avec comme avantage supplémentaire de pouvoir rediriger et garder captive sa « matière première ».

La neutralité du net, une panacée ?

Nous sommes témoins d’une guerre économique entre les acteurs d’Internet cherchant à se créer une situation de monopole, et où l’idéologie originelle d’Internet est directement utilisée comme moyen de mobilisation pour défendre l’architecture du net et maintenir les forces déjà présentes en place.

Si cette stratégie semble pour l’instant pencher en faveur des GAFA et nouvelles entreprises du net, il faut tout de même souligner que cette lutte pour un net neutre arrive à une période sensible pour ces acteurs.

Avec la médiatisation des fake news et la révélation de campagnes d’astro-turfing sur les réseaux sociaux, Facebook a récemment annoncé sa volonté de revoir le fonctionnement de son algorithme au prix de sa rentabilité financière pour recentrer les publications du fil d’actualités sur les publications des amis et des proches. Si le but officiel est de restaurer une confiance érodée envers le réseau, il s’agit aussi de redynamiser un engagement en déclin sur la plateforme.

De la même manière, le slogan « Don’t be evil » de Google commence à apparaitre pour beaucoup comme étant cyniquement prémonitoire. De par la taille du groupe, le volume de données collectées et ses investissements dans des technologies innovantes telles que l’Intelligence Artificielle, l’entreprise semble se diriger vers un niveau d’omniscience comparé ad nauseam avec le roman 1984 de George Orwell et sa figure Big Brother.

Si la firme de Cupertino n’est pas encore en proie à ces problèmes reputationnels, elle semble en revanche consciente de la problématique grandissante de l’éthique de la collecte des données personnelles et intègre depuis peu sur son navigateur Safari des solutions protégeant l’anonymat des internautes, rendant au passage les données personnelles de ses clients plus difficilement exploitables par ses concurrents.

Des entreprises comme Uber qui étaient il y a encore quelques années vues comme à la pointe du progrès sont maintenant décrédibilisées face à la révélation de pratiques douteuses. Des entreprises telles que Twitter, Spotify ou Netflix peinent toujours à trouver un équilibre financier et un modèle de développement viable à long terme.

Derrière un front commun présenté contre les opposants à la neutralité du net apparaissent des fêlures qui pourraient à terme mener à un désintérêt pour la cause : est-il nécessaire de se battre pour un système qui a permis l’émergence d’une entreprise qui en sait plus sur nous que les Etats ? Ou qui a permis d’affaiblir la démocratie par la désinformation ?

Si cette vision est probablement trop radicale pour être crédible énoncée comme telle, le rapport que nous entretenons avec le net et sa neutralité est forcément lié aux bénéfices que nous en tirons et aux valeurs que nous y associons. Ces bénéfices viendrait-il à changer et l’idéologie dominante sur le net viendrait-elle à dévier que l’enjeu de la neutralité du net ne pourrait plus sembler être une cause aussi valable qu’elle ne l’apparait aujourd’hui.

Par Benoit Fournier, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Bibliographie

Economides, N. (2017, Mai 1). DON’T GUT NET NEUTRALITY. IT’S GOOD FOR PEOPLE AND BUSINESS. Récupéré sur Wired: https://www.wired.com/2017/01/dont-gut-net-neutrality-good-people-business/

Ellis, D. (2017, Décembre 14). Net Neutrality Isn’t the Endgame. Récupéré sur DavidEllis: http://www.davidellis.ca/net-neutrality-isnt-the-endgame/

Roger Kamena, D. L. (2018, Janvier 19). The Data War Behind Net Neutrality. Récupéré sur The Conversation: http://theconversation.com/the-data-war-behind-net-neutrality-89644

Selyukh, A. (2016, Octobre 28). Big Media Companies And Their Many Brands — In One Chart. Récupéré sur NPR: https://www.npr.org/sections/alltechconsidered/2016/10/28/499495517/big-media-companies-and-their-many-brands-in-one-chart

Timmons, H. (2017, Novembre 22). Who is Ajit Pai, the “Trump soldier” remaking America’s internet? Récupéré sur Quartz: https://qz.com/1133973/net-neutrality-who-is-ajit-pai-the-trump-soldier-coming-for-your-internet/

Wu, T. (2003). Network Neutrality, Broadband Discrimination. Journal of Telecommunications and High Technology Law, 39.

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L’influence d’internet dans le secteur musical français https://master-iesc-angers.com/linfluence-dinternet-dans-le-secteur-musical-francais/ Wed, 22 Nov 2017 12:22:02 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2421 Introduction Depuis ses débuts dans les années 50 et 60, l’industrie musicale a toujours été au format physique (CD, vinyles). Cependant, la mondialisation initiée dans les années 1990 avec l’arrivée des TIC comme internet et les ordinateurs personnels dans les… Continuer la lecture

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Introduction

Depuis ses débuts dans les années 50 et 60, l’industrie musicale a toujours été au format physique (CD, vinyles). Cependant, la mondialisation initiée dans les années 1990 avec l’arrivée des TIC comme internet et les ordinateurs personnels dans les entreprises par exemple a obligé l’industrie musicale à repenser son mode de diffusion de la musique.

Pourquoi l’industrie musicale française a-t-elle dû se réinventer pour correspondre aux nouveaux standards de diffusion musicale ?

I. Histoire de l’industrie musicale : d’Hier à Aujourd’hui

L’industrie de la musique apparaît au XXième siècle avec l’invention du phonographe par Thomas Edison en 1877. Le phonographe est une invention permettant de restituer des sons grâce à des cylindres autour desquels étaient insérés des bobines d’acier. Le déplacement de ce cylindre produit un son calibré comme celui que l’on peut entendre dans une boîte à musique par exemple.

Le gramophone est inventé par l’ingénieur allemand Emile Berliner et succède au phonographe d’Edison. Son invention repose sur l’utilisation d’un disque sur lequel est gravée en profondeur une musique. Le gramophone est le précurseur d’un autre appareil que l’on nommera tourne disque.

Le gramophone est composé de 3 parties : la caisse de résonnance reproduisant le son amplifié grâce à de la tôle décorée, le plateau où est installé un disque sur lequel est inscrite la partition et la tête de lecture elle-même composée d’un bras auquel est fixé une aiguille qui permet de lire la partition sur le disque. La régulation de la vitesse de lecture est assurée par un ressort que l’on détend progressivement avec une manivelle.

Dans les années 60 et 70, on assiste à l’arrivée du tourne disque qui restitue la musique avec une meilleure qualité. A partir de cette période on parle d’industrie du disque. Cette période marque l’apparition de la cassette audio servant à l’origine pour la copie privée de contenu musical.  Avec la démocratisation du tourne disque et les cassettes audio, les acteurs de l’industrie musicale se regroupent pour former les premières maisons de disques Major. Le Major est un type de label musical désignant les styles de musiques conventionnels tels que le rock ou la disco par exemple.

Le consommateur consommait donc de la musique sous forme de disque vinyle et de cassettes audio.

A partir des années 1980, le disque vinyle connait un déclin au profit du support CD (Compact Disque) mis pour la première fois sur le marché au Japon en 1982 et arrivé l’année suivante sur le marché européen.

Les années 1990 ont été marquées par l’explosion des acteurs de l’édition musicale (publishing ou Maison de disque).  Cette période a également été marquée par l’explosion de la vente de CD audio en France.

A la fin des années 1990 et début 2000, internet se démocratise et permet le téléchargement en Peer to Peer causant le début du déclin du CD audio.

II. Internet et son impact sur l’industrie musicale

a. Les ventes au format physique baissent : pourquoi ?

La fin  des années 1990 et le début des années 2000 marquent le début du déclin du CD. Cela peut s’expliquer par divers facteurs :

  • Le CD est en fin de vie car le consommateur qui achète un CD va surtout s’en servir pour constituer ou reconstituer une discothèque au format numérique. Ce processus ne se reproduira pas après puisque la conversion peut être effectuée par le consommateur lui-même.
  • L’obtention de titres ou d’album par téléchargement en peer to peer qui est bien moins coûteux que l’achat du support physique (prix moyen d’un CD : 15 €). Le peer to peer utilise des logiciels spécialisés ainsi que des fichiers adaptés appelés torrents. Ceux-ci dépendent du nombre de personnes qui partagent et du débit de connexion internet.
  • Les disquaires et les magasins spécialisés utilisent un mode de diffusion bien connu et courant : la distribution en libre-service de contenu musical pour promouvoir de nouveaux albums ou de nouveaux artistes.
  • L’émergence du format MP3 permet le passage du physique au numérique. Ce format consiste en une conversion par destruction de données. Il est utilisé pour numériser les pistes audio d’un CD par exemple. Le format MP3 permet de retirer les fréquences acoustiques inaudibles pour l’auditeur moyen. Cela implique donc de développer de nouveaux appareils pour écouter la musique (lecteur MP3, ipod, smartphones)
  • L’émergence de plateformes de partage type Myspace ou Youtube permet une diffusion plus large et une plus grande facilité d’accès. Il s’agit ici de mettre le contenu musical à la portée du grand public pour augmenter les audiences.

b. Comment les artistes arrivent-ils à compenser le manque à gagner lié à la baisse des ventes au format physique ?

Voyant que les maisons de disque sont réticentes à l’utilisation des plateformes numériques, les artistes ont profité de l’opportunité du numérique pour les court-circuiter et publier eux même leur réalisation en utilisant les réseaux de partages et compenser ainsi une partie des pertes avec des royalties sur la diffusion. En effet, les maisons de disque perdront le monopole de la diffusion avec l’arrivée du numérique. Voici deux exemples d’artistes ayant pris ce parti prix : Radiohead de nationalité britannique, Prince de nationalité américaine.

La deuxième manière de compenser les pertes est la représentation en public lors de concerts. La fréquentation des concerts n’a pas faibli en 10 ans. Au contraire elle continue de croitre ce qui permet aux artiste de toucher des parts sur les spectacles en salle.

c. L’émergence du numérique implique de nouveaux acteurs et donc un nouveau modèle économique

Avec l’émergence du numérique, de nouveaux acteurs apparaissent et redéfinissent le schéma économique de l’industrie. Nous avons d’une part, le contenu payant et d’autre part le contenu gratuit.

Les premiers acteurs à proposer du contenu musical furent les fournisseurs d’accès internet. Ceux-ci proposent des offres musicale sous forme de bouquets ce qui leur a permis une différentiation vis-à-vis des concurrents. Des plateformes payantes comme iTunes de chez Apple ou Fnacmusic qui est la plateforme développée par la Fnac proposent des milliers de titres à l’unité ou d’albums. D’autres plateformes type Napster proposent du contenu musical en téléchargement par abonnement.

Les opérateurs mobiles quant à eux ont misé sur une différentiation par la création d’une offre de bouquets dans lesquels ils proposent une offre de milliers de titres. Des entreprises de téléphonie mobile ont choisi de mettre en place des partenariats avec des maisons de disque pour inclure un catalogue de contenu musical au service du consommateur. C’est le cas de Nokia qui avait conclu un partenariat avec Universal music pour proposer un catalogue de milliers de titres pendant un an. Cette offre permettait à Nokia de différentier son offre et de proposer de nouveaux produits sur le marché.

Plusieurs offrent se dessinent sur le plan du contenu gratuit avec le streaming financé par la publicité. Il s’agit de l’utilisation de plateformes de partage du type Youtube ou Dailymotion par exemple. Plus les consommateurs consultent ces plateformes et plus cela génère de royalties pour les artistes qui publient leurs réalisations. Il existe aussi des plateformes indépendantes financées par la publicité. C’est le cas de Deezer et de Spotify. Pour que ce modèle soit rentable, il est nécessaire d’avoir une très large audience.

Cependant, du fait que les nouveaux acteurs se multiplient, dégager un modèle économique clair s’annonce difficile.

L’image ci-dessous récapitule les différents schémas économiques qui se dessinent.

d. L’avenir de la musique numérique

Le développement du web 2.0 a rendu la musique numérique virtuellement gratuite et facile d’accès. Les plateformes de partage permettent aux artistes moins connus de saisir l’opportunité d’être repérés. Pour les artistes connus comme Rihanna ou Louane, ces plateformes sont un moyen de rentabiliser les billetteries pour les concerts en publiant leurs réalisations afin de promouvoir une tournée par exemple.

Pour dominer ce marché, un acteur devra jouer sur deux tableaux : celui de la monétisation des audiences en ligne et celui de l’efficacité de la visibilité à l’international afin d’attirer les artistes connus et de signer des contrats attractifs.

Pour lutter contre le phénomène de copies illégales sur internet, la France a opté pour une approche institutionnelle : la loi Hadopi votée en 2009. Cette loi a pour objectif de freiner le téléchargement illégal de contenus sur internet.

Depuis 2009, la loi Hadopi, n’a pas ou peu dissuadé les pirates. Cela est dû au fait que le consommateur ne veut pas payer pour un contenu qu’il peut obtenir à faible coût.

Une étude annuelle effectuée par l’agence SNEP (Syndicat National de l’Edition Phonographique) montre que l’industrie musicale au format physique perd de son ampleur au profit des supports numériques.

Ce graphique montre que le marché de la musique pré enregistrée est en chute libre du fait que le support physique n’attire plus et que les supports numériques commencent à prendre de l’ampleur. Cela est également dû à la proximité d’obtention des titres souhaités par le téléchargement massif.

L’objectif de la loi Hadopi est de limiter le téléchargement illégal pour protéger le droit d’auteur sur  Internet. Cette loi oblige le consommateur soit à se tourner vers le contenu téléchargeable légalement ou à se tourner vers l’achat de musique au format physique.

Si cette loi fonctionne à long terme, le marché sera inondé par les réalisations des artistes de renommée internationale. Cela ne laissera donc plus de place pour les artistes émergents sur le marché.

De nouveaux acteurs apparaissent pour faire émerger de nouveaux artistes. Il s’agit des émissions télévisées du type « Star Academy » en France ou « X Factor » au Royaume Uni. Toute la promotion de l’artiste gagnant de l’émission est assurée par la chaîne de télévision.

Des entreprises du numérique se lance dans l’aventure de l’industrie musicale en utilisant les projections hologrammes. C’est le cas de l’entreprise française Voxwave qui développe des personnages virtuels qui apparaissent sous forme d’hologramme sur scène. Cette entreprise s’appuie sur la vente du logiciel, des concerts organisés à travers la France et le Maghreb ainsi que sur les produits dérivés pour se développer. Ce modèle pourrait grandir dans les années à venir.

Conclusion :

Le web 2.0 a apporté la mondialisation dans le domaine de l’industrie de la musique. Cela implique un nouvel ordre économique incluant de nouveaux acteurs comme les plateformes de partage et les émissions télévisées type « Star Academy ». Ces nouveaux acteurs permettent de faire émerger de nouveaux artistes qui jusqu’alors étaient méconnus. Avec ce phénomène de mondialisation vient la problématique du droit d’auteur sur internet et de la visibilité à l’international.

Par Mounir Lehiani, promotion 2017-2018 du master 2 IESCI

Bibliographie :

L’industrie musicale face au téléchargement : article datant de 2010

 http://www.laviedesidees.fr/L-industrie-musicale-face-au.html

SNEP (Syndicat National de l’édition phonographique : rapport annuels de 2013 à 2017 traitant des performances entre les années 2012 à 2016. Documents PDF

Commentcamarche.net : article traitant du format MP3

http://www.commentcamarche.net/contents/78-mp3-format-mp3-comment-ca-marche

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Information sur Internet : de l’utopie vers la dystopie ? https://master-iesc-angers.com/information-sur-internet-de-lutopie-vers-la-dystopie/ Tue, 21 Nov 2017 13:20:06 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2419 Alors qu’il était vice-président des Etats-Unis, Al Gore déclarait lors d’un discours à Minneapolis à propos d’Internet qu’il s’agirait d’un « moyen d’approfondir et d’enrichir nos valeurs universelles les plus anciennes et les plus prisées : relèvement du niveau de… Continuer la lecture

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Alors qu’il était vice-président des Etats-Unis, Al Gore déclarait lors d’un discours à Minneapolis à propos d’Internet qu’il s’agirait d’un « moyen d’approfondir et d’enrichir nos valeurs universelles les plus anciennes et les plus prisées : relèvement du niveau de vie et du taux d’alphabétisation, progrès de la démocratie, de la liberté et de l’épanouissement personnel ».

Si cette déclaration peut aujourd’hui, en 2017, prêter à un certain cynisme, il faut la replacer dans son contexte. Nous sommes en 1998, l’Internet grand public que nous connaissons aujourd’hui n’en est encore qu’à un stade embryonnaire et porte en lui les espoirs de la création d’une « société du savoir », où informations et connaissances peuvent se diffuser librement aux quatre coins du globe.

Cette vision optimiste n’est pas étonnante : le progrès technologique a toujours été à la base de l’évolution des sociétés. La mécanisation apparue avec la machine à vapeur lors de la première révolution industrielle au XVIIIème siècle puis la découverte de nouvelles sources d’énergie ont permis la transition vers les sociétés dans lesquelles nous vivons aujourd’hui, profitant d’un niveau de vie sans précédent.

Mais cette vision optimiste s’explique d’autant plus par le fait que le progrès technologique s’appuie sur la recherche scientifique. La recherche scientifique a pour objectif l’explication et la compréhension de phénomènes réels à travers une méthodologie précise et objective : démarche hypothético-déductive, principe de réfutabilité, existence de communautés scientifiques autours de grands paradigmes. Les fondements même de la science sont démocratiques puisque la démarche scientifique repose sur le partage et la discussion des résultats obtenus à travers cette méthodologie, ainsi que l’ouverture à la critique de ces résultats s’ils venaient à ne pas être le produit de la méthodologie scientifique ou à être en contradiction avec le réel … Selon Al Gore, Internet devait alors être le fruit de la science qui allait servir de catalyseur vers une société plus scientifique et donc mieux éduquée, plus ouverte au progrès et plus innovante.

Pourtant, vingt ans après cette déclaration, le constat est amer et ce pour deux raisons.

La première vient de la science et de sa place dans la société aujourd’hui. On observe une défiance grandissante envers la science et les scientifiques. Cela se traduit par la remise en question de vérités scientifiques clairement établies et qui semblaient acquises : l’existence du réchauffement climatique, ou l’importance des vaccins dans l’éradication de certaines maladies qui étaient encore source d’une mortalité élevée au sein des populations il y a quelques décennies.

Il suffit de voir la position des Etats-Unis concernant les Accords de Paris, ou les réactions en France qui ont suivies l’annonce par la Ministre de la Santé Agnès Buzyn concernant les 11 vaccins obligatoires à partir de 2018 pour s’en convaincre.

Mais il est intéressant de constater que ces contestations ne proviennent pas de la sphère scientifique ! Elles trouvent leurs origines dans de petites communautés qui jouent sur la peur (comme c’est le cas des opposants aux vaccins, les AntiVax, qui trouvent un lien de causalité entre vaccin et autisme) ou sur la complexité d’une situation pour en générer de la confusion (les climato-sceptiques jouant sur l’existence de cycles climatiques ou l’origine humaine du réchauffement climatique pour remettre en question une littérature scientifique qui s’accorde à 97% sur l’existence du phénomène).

La seconde raison vient des évolutions que l’on peut observer au niveau du paysage politique mondial. On assiste aujourd’hui à la libération d’opinions « populistes » qui semblent rencontrer une adhésion de plus en plus forte : victoire de l’extrême droite en Allemagne, Autriche et République tchèque, présence du Front National au second tour des élections présidentielle française de 2017, victoire du « leave » au scrutin concernant la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, développement de l’« alt-right » aux Etats-Unis … Le point commun qu’ont toutes ces victoires est qu’elles ont été le terrain de diffusions massives d’informations fausses, notamment sur les réseaux sociaux, dans le but de créer un mouvement d’adhésion populaire.

Peut-être que le meilleur exemple faisant le lien entre ces deux tendances vient des Etats-Unis avec l’accession au pouvoir de Donald Trump comme 45ème du pays.

Après une campagne électorale où selon les fact-checkers 73% des informations étaient erronées, après un discrédit constamment porté sur les médias traditionnels par le biais de l’accusation « fake news », après une investiture marquée par le terme d’ « alternative facts », Donald Trump semble être la parfaite illustration de ce que certains appellent l’ère de « post-vérité » dans laquelle nous serions en train de vivre ; une ère où les faits et la vérité ne sont plus acceptés par tous, mais malléables à loisir des opinions de chacun.

Comment expliquer qu’alors qu’il devait être le vecteur de la diffusion de l’information et de la connaissance, Internet est devenu le véhicule principal du mensonge ?  

I – La transformation du paysage numérique.

Si les fausses informations ont toujours existé, il semble que le numérique ait transformé la manière qu’elles ont de se créer et de se diffuser. Pour expliquer cela, il convient de revenir dix ans en arrière.

Deux transformations de notre manière d’utiliser le numérique ont eu lieu en 2007, et la première vient des réseaux sociaux. 2007 est l’année qui voit Facebook devenir réellement populaire grâce à un fonctionnement différent des autres réseaux sociaux alors existants à l’époque.

Si des lieux de discussions existaient sur Internet sous la forme de blogs ou de forums spécialisés, Facebook est le premier réseau à réellement créer une connexion et une capacité d’interaction entre tous les utilisateurs du réseau : chaque utilisateur peut partager une opinion, un article ou une photographie et chaque utilisateur à la possibilité de réagir ou de relayer les publications de chacun. Ces réseaux sociaux créent une conscience sociale à Internet qui n’existait pas auparavant, et permettent à chacun de se créer une identité virtuelle qui va être le prolongement de l’identité réelle des utilisateurs.

2007 est aussi l’année qui voit la sortie du smartphone d’Apple ; l’iPhone. Si les fabricants de téléphones mobiles proposaient déjà des téléphones tactiles et pouvant se connecter à Internet, Apple est le premier fabricant à développer l’ergonomie de ce type d’utilisation et à le mettre en avant de manière marketing. C’est une réussite puisque l’iPhone va être le premier smartphone à rencontrer un succès commercial d’une telle ampleur, et va ouvrir la voie d’un nouveau marché aux constructeurs de téléphones mobiles.

En se popularisant, l’utilisation du smartphone va promouvoir un usage nomade d’Internet qui n’existait pas auparavant. Là où il fallait auparavant un ordinateur portable et une connexion Internet accessible, le smartphone permet de consulter ses mails à tout moment, d’avoir accès aux dernières actualités … et de se rendre ou publier sur les réseaux sociaux.

Ces deux innovations vont profondément transformer notre manière de concevoir et d’approcher le net en créant un réseau où les utilisateurs sont tous interconnectés et ont la possibilité de s’influencer en partageant du contenu : dernières sortie culturelles, opinions politiques, articles d’actualités, photos d’évènements … Tous ces éléments transitent maintenant sur une seule et même plateforme, permettant aux contenus et aux idées de circuler librement d’utilisateurs à utilisateurs, sans intermédiaire. Ce nouveau lieu d’expression dans le cyberespace va d’ailleurs permettre l’émergence de mouvements de contestation politique tels que les révolutions du printemps arabe, ou le mouvement Occupy Wall Street, d’initiative populaire et coordonnés grâce aux réseaux sociaux et en particulier Facebook.

De plus, le smartphone va rendre Internet et ces réseaux sociaux omniprésents et instantanés. Il est possible de publier, de consommer ou de réagir à du contenu en tout lieu et tout temps.

II – Algorithme et bulle de filtre.

Mais d’un monde où tout est connecté et immédiat en résulte de la complexité.

Gérer cette complexité est devenu une priorité pour les grands acteurs d’Internet, les GAFA (pour Google, Amazon, Facebook et Apple). L’explication est simple : le cœur de l’activité de ces grandes entreprises repose en grande partie sur un service en lien avec la gestion de l’information.

Google a pour but de vous proposer les résultats les plus pertinents selon vos mots-clés. Amazon a pour but de vous proposer le produit plus proche de vos attentes, le moins cher, avec les meilleurs avis et livré le plus rapidement possible chez vous. Facebook doit vous proposer le contenu le plus à même de vous intéresser et provoquer vos clics. Et la philosophie d’Apple est de vous permettre grâce à ses produits de communiquer de la manière la plus simple et efficace possible.

Pour arriver à ces résultats, les acteurs d’Internet utilisent la mise en relation de données pour produire des algorithmes qui vont filtrer les informations indésirables. Chaque utilisateur présent sur le web laisse des « traces » sur Internet, génère des données qui peuvent ensuite être récupérées et exploitées : selon les articles que vous avez lus, la musique que vous avez écoutée, les vidéos que vous avez regardées, les photos que vous avez consultées, un profil type de vos intérêts et aspirations peut être dressé. C’est ensuite ce profil type qui est utilisé pour vous proposer le contenu le plus à même de correspondre à vos attentes.

L’exploitation de ces données est un point critique pour ces entreprises du web car elles ne sont pas directement créatrices des produits qu’elles vendent ou des contenus qu’elles proposent. Elles tirent leur valeur de la collecte puis revente des informations personnelles à des tiers, ou à des annonceurs en proposant une publicité ciblée mettant en avant les produits ou contenus les plus pertinents pour chaque utilisateur et donc les plus susceptibles d’entrainer une rémunération.

Cette exploitation des données personnelles à travers des algorithmes est de plus en plus critiquée car accusée de distordre la perception qu’ont les individus de la réalité en favorisant certains biais cognitifs :

  • Le biais de disponibilité qui se définit par le fait que « les individus privilégient la recherche d’exemples facilement récupérables, ou disponibles en mémoire, pour juger de la probabilité d’un événement ou d’un objet». (Frédéric Martinez, 2010).
  • Le biais de confirmation qui se définit comme « les manières utilisées par des personnes pour éviter le rejet d’une croyance, que ce soit dans la recherche de preuves, l’interprétation, ou l’appel à la mémoire». (Jane Risen et Thomas Gilovich, 2007).

Ainsi apparait la « bulle de filtre », expression utilisée et décrite par Eli Parisier comme l’enfermement cognitif généré par l’utilisation d’algorithmes par les grands groupes d’Internet. Plutôt que de favoriser le débat ou de générer une émulation par la confrontation des points de vue, chaque utilisateur se voit proposer le contenu le plus à même de lui plaire car le plus à même d’apporter une rémunération aux annonceurs et à la plateforme. De cette manière par exemple, le contenu qui s’affiche pour un individu méfiant à l’égard des vaccins le confortera dans cette idée, tandis que le contenu qui pourrait l’amener à revoir ses positions sera filtré car n’allant dans les intérêts ni de l’utilisateur, ni de la plateforme, ni des annonceurs.

III – L’émotion comme générateur de réaction.

Mais on observe aujourd’hui de nouvelles stratégies élaborées par les créateurs et diffuseurs de contenus pour provoquer de l’intérêt et de l’engagement sur Internet.

Les manifestations les plus évidentes de ces stratégies viennent des médias dits « satiriques » tels que The Onion, ClickHole ou Le Gorafi et Nordpresse dans leurs versions francophones. Le but de ces médias est de publier des informations humoristiques et suffisamment trompeuses pour provoquer réactions et partages sur les réseaux sociaux, avec parfois des dommages collatéraux lorsque certaines institutions relaient ces informations sans en avoir saisi la portée satirique.

Sous leurs intentions humoristiques, ces médias proposent une critique d’un phénomène bien présent sur Internet et qui repose sur l’utilisation des émotions pour provoquer une réaction : un clic ou un partage, bien souvent générateur d’une rémunération.

Certaines techniques sont bien connues comme le principe du piège-à-clic popularisé par le site BuzzFeed qui joue sur la curiosité de l’internaute pour le pousser à cliquer sur un lien qui contient la réponse à une question contenue dans le titre d’un article. Cette technique est devenue si populaire qu’en 2014, Facebook a décidé à travers son algorithme de diminuer la fréquence d’apparition de ce type d’article dans le fil d’actualités de ses utilisateurs.

De manière générale, les émotions sont maintenant omniprésentes sur Internet et en particulier les réseaux sociaux. Les buzz sur Internet sont souvent le résultat de la provocation d’une émotion forte : colère et indignation lorsqu’il s’agit d’un « bad buzz », empathie et espoir lorsqu’il s’agit d’un « good buzz ».

Le problème est que l’émotion est devenu le mode de gestion et de diffusion de l’information qui guide la popularité de certains courants d’opinion, et c’est également le moyen le plus efficace de générer des revenus :  plus vous êtes émotif et plus vous êtes engagé, plus vous êtes engagé et plus vous cliquez, plus vous cliquez et plus vous générez des revenus pour les annonceurs.

En 2012, Daniel Kahneman, psychologue et prix Nobel d’économie publiait « Système 1 – Système 2 : Les deux vitesses de la pensée » dans lequel il décrit l’existence dans nos modes de pensée de deux systèmes gérant l’information de manières différentes :

  • Le premier système est basé sur l’émotion. Il est intuitif, rapide, efficace mais également à l’origine des nombreux biais cognitifs qu’il expose dans ce livre : biais de la représentativité, biais de confirmation, biais de la disponibilité, effet de récence ou d’ancrage …
  • Le second système correspond à notre esprit critique, notre capacité d’analyse et à prendre du recul pour considérer les choses sous un angle différent et à se remettre en question. Ce mode de pensée requiert un effort conscient, demande du temps et de l’énergie.

Internet et les réseaux sociaux sont aujourd’hui modelés pour parler au système 1 : un système ou l’information est directement accessible, filtrée pour directement plaire et pré-calculée pour directement faire réagir. Dans ce modèle sans nuance, l’instantané est la norme et le recul est complètement évacué.

Cela a bien été compris par certains utilisateurs et groupes sur Internet qui jouent volontairement sur certaines émotions fortes pour porter leur cause sur le devant de la scène à travers des comportements et points de vue stéréotypés : peur, méfiance, colère, haine, misogynie ou complotisme.

Conclusion :

Le monde dans lequel nous vivons doit faire face à des problèmes de plus en plus complexes : crise des réfugiés, menace terroriste, hausse de la compétition mondiale avec la mondialisation, perte de confiance envers la classe politique … Des problèmes qui demandent réflexion et débat démocratique au sein de la société en prenant en compte la variété de points de vue existants. Alors qu’Internet apparaissait comme un moyen qui allait aider à répondre à ces défis, la direction qu’il fait prendre à nos sociétés semblent être aux antipodes de ce qui avait été anticipé et on assiste aujourd’hui à une véritable prise de conscience de ce phénomène.

Ces interrogations ne sont pas seulement de l’ordre éthique ou moral :  avec les révélations d’une possible influence russe sur les élections présidentielles américaine et sur l’opinion en Europe, de l’existence d’une industrie des « fake news » en Macédoine ou de l’existence de campagnes d’ « astroturfing » servant à maquiller les intérêts des lobbies, la manière dont est créée et se diffuse l’information sur Internet et les réseaux sociaux revêt de forts enjeux en termes financiers, politiques et d’influence.

Il est donc important pour les citoyens autant que pour le monde des affaires de prendre conscience de l’existence de ces bulles de filtres et de l’impact de la charge émotionnelle afin de pouvoir créer une grille de lecture de l’information qui prend en compte ces facteurs, mais aussi de pouvoir créer des stratégies qui contrent efficacement ces mécanismes largement employés sur la toile.

Par Benoit Fournier, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Sources :

Coulon G., Lafitte C., (2016) De l’intelligence économique à l’intelligence émotionnelle dans l’entreprise : Une nouvelle méthode d’aide à la décision. France : Editions Maxima.

Grech, V., (2017) Early Human Development, Fake news and post-truth pronouncements in general and in early human development.

How a handful of tech companies control billions of minds every day | Tristan Harris : https://www.youtube.com/watch?v=C74amJRp730

http://www.courrierinternational.com/article/vu-des-etats-unis-les-alarmants-faits-alternatifs-du-president-trump

http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2017/06/08/32001-20170608ARTFIG00282-de-reseau-social-a-menace-pour-la-democratie-facebook-sous-le-feu-des-critiques-en-europe.php

http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2016/11/01/facebook-faux-ami-de-la-democratie_5023701_3236.html

http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/03/02/la-post-verite-a-une-histoire_5088375_823448.html

Huyghe, F-B., (2017) « Le front du faux », Médium, vol. 52-53, no. 3, pp. 186-198.

Kahneman D., (2012), Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée, Flammarion.

Levet J-L., (2001), Intelligence Economique, mode de pensée, mode d’action, Paris, Economica, collection l’IE.

Lewandowsky, S., et al. (2017) Beyond Misinformation: Understanding and Coping with the “Post-Truth” Era. Journal of Applied Research in Memory and Cognition.

Martinez, F., (2010) « L’individu face au risque : l’apport de Kahneman et Tversky », Idées économiques et sociales, vol. 161, no. 3, pp. 15-23

Patino, B., (2017) Pouvoirs de l’algorithme, Médium, vol. 52-53, no. 3, pp. 173-185.

S.K. Lee et al., (2017) Computers in Human Behavior 75, The effects of news consumption via social media and news information overload on perceptions of journalistic norms and practices.

Schmelk, C., Huyghe, F-B, de Biaisi, P-M., (2017) Globish Glossaire, Médium, vol. 52-53, no. 3, pp. 217-257.

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L’E-commerce au Maroc https://master-iesc-angers.com/le-commerce-au-maroc/ Fri, 03 Mar 2017 10:06:03 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=1602 Nous sommes dans un monde de plus en plus globalisé et informatisé, où l’on assiste de plus en plus à l’émergence d’une société qui fait de l’information une priorité. Un phénomène qui a déjà commencé à prendre de l’ampleur, tout… Continuer la lecture

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Nous sommes dans un monde de plus en plus globalisé et informatisé, où l’on assiste de plus en plus à l’émergence d’une société qui fait de l’information une priorité. Un phénomène qui a déjà commencé à prendre de l’ampleur, tout en changeant les comportements humains à tel point qu’il serait pratiquement impossible d’imaginer un monde sans messageries électroniques. D’autant plus, que la notion de ’’cliquer’’ est devenue l’une des pratiques informatiques propres aux technologies de l’information et de la communication de pointe qui ont toujours accompagnés et faits de ce secteur spécifique du commerce électronique un choix de prédilection, aussi bien pour son développement que pour les différentes et grandes mutations que ce secteur est appelé à connaitre. Ainsi qu’on constate un changement radical des consommateurs en ce qui concerne leurs habitudes et modes de vie, et ce à travers les transactions commerciales réalisées par le biais d’un système électronique incontournable appelé ‘’Internet’’.

Aussi, ce développement fulgurant des technologies de l’information et de la communication a donné lieu à une nouvelle structure de commerce, ne cessant de se diriger d’une manière inéluctable vers un échange essentiellement  axé sur des normes dites immatérielles à travers des réseaux purement numériques qui ne connaissant guère de frontières. D’où également cette notion de e-commerce qui devient de plus en plus ces derniers temps monnaie courante en Occident, à un moment où le Maroc, pays émergent sur la scène internationale, connait une certaine expansion dans le e-commerce malgré les limites des transactions.

Par ailleurs, et à travers une bonne planification découlant d’une stratégie e-Maroc, l’ensemble des acteurs socio-économiques ont tendance à suivre à bon escient l’évolution des TIC qui leur sont compatibles, mais également d’opérer une adhésion totale d’une culture du Net.

Situation du e-commerce au Maroc ces dernières années

Si on veut évaluer d’une façon analogue aux chiffres officiels avancés, il serait plus judicieux de revenir à l’année 2007 qui concrétisait le début tardif du Maroc dans le secteur clé de l’e-commerce qui a réalisé en 2008 31 millions de dirhams de chiffre d’affaires. Ce qui n’était pas censé être négligeable du fait que le Royaume allait connaitre par la suite des taux de croissance exceptionnels et un volume d’affaires en 2011, évalué à plus d’un milliard de dirhams de paiements via la toile. Toutefois, les chiffres devant apporter une évolution exacte de cette activité dans le cadre global du commerce national se sont pas disponibles pour autant, mais le secteur s’est trouvé inéluctablement au centre de certaines contraintes spécifiques à la nature de la société marocaine d’une façon générale, et ce, en dépit du plein essor dont elle a fait preuve ces derniers temps.

En effet, l’offre en ligne s’est accrue d’une façon progressive, il en est de même des sites actifs ayant dépassé pour le compte de l’année 2012, un nombre de 300 sites juste en faveur de Maroc Telecom. Aussi, dans ce contexte, si on se les transactions de Maroc Telecom ont dépassé les 308 000 transactions seulement pour le 2eme trimestre en 2012,  soit une progression de 75% par rapport au trimestre de l’année précédente et de 17% par rapport au trimestre qui le précède.

Quant à la part des secteurs d’activités en fonction du nombre des transactions réalisées, elle peut être répartie en: Shopping (38%), Paiement des créances (45%), Voyages et évènements (11%) et E-Gouv (7%), ce qui entraine un total estimé à plus de 187 millions de DH au 2eme trimestre 2012 et une progression évaluée à plus de 36% par rapport au même trimestre de l’année précédente (2011) et de 15% par rapport à (2010).

2016 présente de bons chiffres en ce qui concerne  le volume du e-commerce au Maroc. 10,3 millions de transactions par carte bancaire marocaine ont été enregistrées entre janvier et avril 2016, générant ainsi un volume global de plus de 5,2 milliards de dirhams.

Acteurs et Intermédiaires du e-commerce au Maroc

Acteurs de l’e-commerce

le Maroc n’a jamais cessé de s’imposer ces dernières années comme un des leaders de sa région dans l’émergence du e-commerce, en raison de l’efficacité de ses acteurs à la fois traditionnels de la Banque et de la monétique mais aussi des nouveaux acteurs comme des e-commerçants et du e-paiement qui profitent largement de ce développement. Des acteurs, on distingue :

 Les sites Marchands :

Selon un dossier  publié par l’institut d’enquête et de sondages « AVERTY », en collaboration avec « THE NEXTIES », les marocains sont de fervents acheteurs des deals et des voyages, ensuite, dans une proportion moindre, des produits informatiques et enfin des vêtements, et ce pour payer des services WEB et régler des factures.

Les acteurs locaux :

  1. « Jumia » le clone d’Amazon lancé en fanfare par « Rocket Internet »
  2. « Hmizate », le site des deals qui a levé 1.6 millions de dollars.
  3. « Hmall » le market place créé par l’équipe de Hmizate
  4. « Shoppeos », le site de e-commerce du groupe Azran, spécialiste du textile.

Intermédiaires.

On distingue deux principaux intermédiaires potentiels, en l’occurrence :

Les prestataires de service de paiement.

Si l’on tient compte du 1er PSP marocain nationalement connu, il ne peut s’agit que de Maroc Télécommerce (MTC) qui a vu son lancement sur le marché depuis 2007 sur l’instigation de plusieurs langues qui avaient tenu à faire de cette initiative une sorte de pionnier en la matière.

Aussi, durant les derniers mois de cette année précitée, on a vu l’émergence de plusieurs concurrents dont les plus médiatisés seraient AMAN PAY qui tenait à se positionner en tant que solution alternative en créant un nouveau système de paiement électronique. Toutefois, cette ouverture à de nouveaux acteurs a posé plusieurs problèmes.

Le centre monétique interbancaire.

Fondé par neuf banques marocaines, le CMI est un organisme qui gère la relation monétique avec les commerces et permet ainsi de traiter les retraits interbancaires. En acquérant MTC, le CMI a créé un monopole de fait vivement critiqué par certains acteurs du marché.

En ce qui concerne les banques, la volonté des banques marocaines est claire, promouvoir au maximum l’utilisation d’internet autant pour les transactions courantes que pour les achats et la gestion des comptes. Pour ce faire, une panoplie d’applications iOS et Android a été mise en ligne, et l’offre des cartes de paiement s’est étoffée avec un coût annuel fixé aux alentours des 6 dollars pour celles dédiées aux sites marocains et des 13 dollars pour celles dédiées aux sites internationaux.

Conclusion

En définitive, il y a lieu d’affirmer que le Maroc s’est lancé réellement dans une culture du e-commerce, au point qu’elle a pu changer non seulement la société marocaine mais également les comportements des individus.  En effet, une nouvelle donne vient d’être réalisée pour le renforcement du partenariat économique avec certains pays du continent qui ne peut se faire sans un développement accru du secteur e-commerce, actuellement en plein essor dans plusieurs régions du monde, l’Afrique connait aussi un développement Digital depuis ces dernières décennies. Et en présence de nombreuses multinationales sur le sol marocain, la question qui se pose est de savoir si l’Etat marocain peut apporter une assistance suffisante à certains pays d’Afrique qui peinent à décoller dans ce secteur ?

KHALI Yassine, Promotion 2016/2017 du M2 IESC

Webographie

http://telquel.ma/2016/03/17/e-commerce-chiffres-gonfles-e-paiement_1487818

http://www.entreprendre.ma/Evolution-de-l-e-Commerce-au-Maroc-en-2011_a4874.html

http://emaroc.info/2011/10/e-commerce-au-maroc-en-2011-une-enquete-averty-illustree-par-moroccangeeks/

http://www.dimabladna.ma/index.php?option=com_flexicontent&view=items&id=4746

http://www.iris.ma/blog/category/e-commerce-maroc

http://www.maroctelecommerce.com/cp-janvier-2013.php

https://fintech.ma/qui-sont-les-acteurs-du-e-commerce-au-maroc-6a6d8dff2027#.lfgdnke3x

http://forums.france2.fr/france2/Vous-aurez-le-dernier-mot/shoppeos-site-marocain-sujet_436_1.htm

http://www.memoireonline.com/10/12/6330/E-commerce-au-Maroc-realites-et-perspectives.html

 

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