Informatique Archives - Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives Le Master Intelligence Economique qui combine analyse économique, outils de veille, e-réputation, gestion de crise et big data via une formation sur deux ans. Fri, 20 Dec 2019 13:00:11 +0000 fr-FR hourly 1 Microsoft à la conquête des écoles https://master-iesc-angers.com/microsoft-a-la-conquete-des-ecoles/ Fri, 20 Dec 2019 13:00:11 +0000 https://master-iesc-angers.com/?p=3092 Dans son livre blanc « Guide de survie de l’Intelligence Artificielle » réalisé en 2018, le géant industriel Microsoft nous montre comment s’adapter à l’évolution de notre société et suivre le mouvement de l’Intelligence Artificielle. Dans un monde toujours plus technologique et… Continuer la lecture

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Dans son livre blanc « Guide de survie de l’Intelligence Artificielle » réalisé en 2018, le géant industriel Microsoft nous montre comment s’adapter à l’évolution de notre société et suivre le mouvement de l’Intelligence Artificielle. Dans un monde toujours plus technologique et numérique les puissantes entreprises innovantes comme les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) imposent leur leadership depuis plusieurs années et ne comptent pas le perdre.

La multinationale d’informatique américaine Microsoft développe chaque année de nombreux logiciels toujours plus performants et intégrant aussi de l’IA. La technologie est partout, et son évolution exponentielle nous oblige à nous adapter constamment pour ne pas perdre le fil. Quoi de mieux alors que d’apprendre et de se familiariser avec cette technologie dès le plus jeune âge ? Dans son livre blanc l’entreprise Microsoft démontre l’intérêt d’utiliser ses logiciels dans les écoles. Pour elle, l’IA ne va pas juste changer nos modes de vie, elle peut aussi optimiser tout notre système éducatif. Pourtant, à l’ère des écoles numériques, une surexposition aux nouvelles technologies dès le plus jeune âge peut aussi avoir des conséquences désastreuses…

Les apports de l’IA et de l’utilisation des logiciels Microsoft dans les écoles

Grâce aux nouvelles technologies et à l’IA les enseignants peuvent aujourd’hui automatiser leur travail et ainsi, passer plus de temps avec leurs élèves. L’IA peut désormais réaliser des tâches qui demandent énormément de temps aux instituteurs comme la correction des différents travaux. En moyenne, un professeur passerait plus de 6 heures par semaine à s’atteler à cet exercice. Automatiser ce type de tâche représenterait donc un gain de temps très important, qui pourrait s’élever jusqu’à 30% selon les recherches de Microsoft. Il est donc largement considérable notamment dans un contexte éducatif où les salles de classe accueillent de plus en plus d’élèves et que le temps consacré à chacun d’eux baisse constamment. L’instituteur peut donc répondre plus facilement aux besoins personnels mais aussi collectifs des enfants par le biais d’un accompagnement personnalisé. L’IA est aussi capable de responsabiliser les élèves, par des outils conçus dans le but de faciliter la lecture et l’écriture tout en s’adaptant aux spécificités de chaque enfants (leur âge, leur niveau, leurs capacités ou encore leur handicap). Par exemple, Immersive Reader permet de mettre en confiance les enfants dyslexiques lors d’exercices de lecture.

L’étude de Microsoft met en évidence le fait que les écoles où les nouvelles technologies sont très présentes sont celles où les élèves obtiennent les meilleurs résultats scolaires. En effet, grâce à l’IA les enseignants peuvent mieux comprendre la progression de leurs élèves et donc des difficultés qu’ils peuvent rencontrer.  Des outils comme le logiciel Azure « Machine Learning software » analysent les données des élèves (progression du cours, notes obtenues, assiduité, etc) et donne une prédiction quant à la probabilité de réussite. Ces nouvelles technologies permettent donc aux enseignants d’adopter une démarche proactive et de ne pas laisser les lacunes s’accumuler.

Aujourd’hui le travail en équipe est une compétence indispensable sur le marché du travail. Là encore, les outils proposés par Microsoft facilitent l’interactivité apprenant aux enfants comment travailler et communiquer ensemble, ainsi qu’interagir avec leur instituteur. Au Liban, où l’accès à l’éducation est très difficile, des applications comme OneNote ou encore Microsoft Teams ont permis aux enfants d’interagir beaucoup plus facilement avec leurs enseignants. Mais la communication ne doit pas s’arrêter aux murs de l’école. Des chatbots permettent d’entrer en relation avec des professeurs particuliers pour favoriser l’accompagnement des enfants dans leurs devoirs. Ainsi, ces derniers bénéficient d’une aide que certains ne pourraient pas obtenir auprès de leurs parents. Microsoft met aussi en place le programme Microsoft Innovative Educator permettant aux enseignants d’échanger entre eux sur leurs méthodes éducatives et la place de la technologie dans l’éducation.

Dans un monde en constante évolution, les compétences demandées sur le marché du travail ne sont pas les mêmes qu’il y a quelques années. Avec la mondialisation, il devenait primordial de faire apprendre aux enfants des langues étrangères dès le plus jeune âge. A l’ère du numérique, les programmes éducatifs doivent rendre accessible le codage et la programmation. En sensibilisant le plut tôt possible les enfants à ces nouvelles disciplines, ils pourront s’adapter aux évolutions technologiques à venir et à la massification de l’IA. Dans cet objectif, Microsoft présentait sa plateforme Microsoft MakeCode lors du salon Microsoft Education Exchange (E²) qui s’est déroulé à Paris le 3 et 4 avril 2019. L’IA et notamment les jeux vidéo sont déjà utilisés par certaines écoles afin de développer ces nouvelles compétences. Dans une école, des élèves utilisent Minecraft afin de créer la ville du futur, à la fois durable et écologique. Ce type d’initiative permet à la fois de familiariser les élèves avec les nouvelles technologies mais aussi de les sensibiliser à l’environnement en développant leur créativité. Une autre démarche lancée par Microsoft en collaboration avec le collectif Class’Code vise à sensibiliser les enfants de primaire et de collège aux enjeux de l’IA grâce à un tutoriel en ligne. Il sera accessible à partir de mars 2020 sur classcode.fr. Grâce à des contenus ludiques comme des vidéos ou encore des exercices pratiques où l’enfant entraînera une IA à reconnaître des images, il sera en mesure de comprendre l’enjeu de ces nouvelles technologies.

Microsoft veut casser les préjugés de l’IA comme une nouvelle technologie hors de prix et complexe d’utilisation. Son logiciel Microsoft Office 365 est un outil abordable pour les enseignants qui peuvent optimiser et moderniser leurs méthodes éducatives grâce à des programmes comme Word, OneNote ou encore Powerpoint qui peuvent amener plus d’interactions.

Les limites de l’IA dans les écoles

En 2015, le gouvernement français met en place « un grand plan pour le numérique à l’école », le but est de rendre accessible les nouvelles technologies dans les écoles afin d’optimiser le système éducatif français. La promesse était ambitieuse avec des PC ou des tablettes pour au moins 70% des élèves de primaire et de collège et 100% des enseignants. Mais aujourd’hui qu’en est-il ? Cette transition numérique s’est-elle démocratisée dans les écoles ? Il semble que l’accès aux nouvelles technologies reste encore très hétérogène en fonction des écoles et en particulier pour celles situées en zone rurale. Le budget d’un milliard d’euros alloué à ce plan a été défini sans objectif clair et a permis aux écoles déjà bien équipées de l’être encore plus, tandis que celles qui étaient en retard le sont restées. On aperçoit encore aujourd’hui une faille dans cette transition technologique que ce soit au niveau du matériel informatique ou encore des logiciels mis à disposition, qui peuvent dans le futur, poser un vrai problème de sécurité pour les données des élèves. En effet, certaines écoles possèdent encore des systèmes informatiques fonctionnant sous Windows 7 ou encore Windows XP. Ces supports n’étant plus corrigés ils peuvent présenter des failles de sécurité (pour Windows 7 les mises à jour se termineront en janvier 2020). Un risque de piratage des données personnelles des enfants est par la suite envisageable.

La question des données personnelles est forcément dans les esprits lorsqu’on parle d’IA. Avec l’arrivée des algorithmes pouvant prédire la réussite d’un élève à une évaluation, on pourrait imaginer un futur où les enfants n’auraient même plus besoin de passer des examens. L’idée aujourd’hui d’une IA déterminant le futur et la carrière professionnelle des élèves semble relever de la science-fiction pourtant des logiciels effectuant des prédictions sur l’évolution scolaire des enfants existent et sont déjà utilisés par des enseignants. On pourrait voir dans le futur une démocratisation de l’utilisation de ce type de logiciel qui amènerait à terme, à discriminer encore plus les « moins bons » élèves par rapport aux « bons » élèves. L’utilisation des données personnelles des enfants par les développeurs de ces logiciels est aussi un problème majeur aujourd’hui. Microsoft tient à rassurer ses utilisateurs sur ce point en leur rappelant que les données des établissements scolaires sont soumises à la loi « Informatique et Libertés » et au règlement européen de protection des données personnelles. Pourtant, certains jugent que l’entreprise manque de transparence quant à la collecte des données. C’est le cas du bureau fédéral de Hesse, en Allemagne, qui a jugé le 9 juillet 2019 que l’utilisation d’Office 365 en milieu scolaire serait désormais « illégale ». Il soupçonne les autorités américaines d’avoir un accès aux informations personnelles des élèves mais aussi des enseignants.

Le développement du numérique et des nouvelles technologies est tout de même en marche et la multiplication des écrans que ce soit à la maison ou encore à l’école, représente un risque pour l’enfant. Des études ont en effet démontré que les écrans abîmaient les yeux et ont des effets sur le moral et le sommeil. Cette surexposition pourrait entraîner énormément de stress chez les enfants. En mettant entre leurs mains des nouvelles technologies dès le plus jeune âge, on crée une vraie dépendance au numérique, on parle même d’addiction dans certains cas.

Finalement, le plus grand risque d’une digitalisation massive des écoles est d’intégrer les géants industriels des nouvelles technologies encore plus profondément dans le quotidien des enfants. Philippe Bihouix et Karine Mauvilly expliquent dans « Le désastre de l’école numérique » que « l’école est le lieu où les enfants sont soustraits à la télé, au marketing, et où ils apprennent des choses qui leur serviront sur le long terme. Vouloir faire tomber ses murs est un projet politique et économique consistant à vouloir l’utiliser comme un vaste marché. Ce n’est pas dans l’intérêt des enfants”. Pour eux, une école numérique sert surtout les intérêts des GAFAM qui ainsi participent à l’éducation des enfants en leur inculquant les valeurs de notre société de consommation, en d’autres termes, en les rendant encore plus accros aux nouvelles technologies.

Par Céline Métais, promotion 2019-2020 du M2 IESCI

Sources

  • L’IA pourrait être le moteur de l’éducation en Afrique et au Moyen-Orient ; Rachid Amaoui ; publié 14/11/2019

https://innovationesante.fr/la-robotique-chirurgicale-la-revanche-de-la-main-pensante/

  • Intelligence artificielle : guide de survie, Comprendre, raisonner et interagir autrement avec l’IA; Microsoft ; publié en 2018

https://info.microsoft.com/rs/157-GQE-382/images/FR-CNTNT-eBook-MicrosoftLivreblancGuidedesurviedelIntelligenceArtificielle.pdf

  • Allemagne: L’utilisation de Microsoft Office interdite dans certaines écoles ; publié le 16/07/19

https://www.20minutes.fr/monde/2565203-20190716-allemagne-utilisation-microsoft-office-interdite-certaines-ecoles

  • En coulisses – E² : la fabrique de l’éducation de demain; Juliette Francaix ; publié le 10/04/2019

https://news.microsoft.com/fr-fr/features/e2-microsoft/

  • Microsoft et le collectif Class’Code lancent un tutoriel de sensibilisation à l’intelligence artificielle pour les enfants de primaire et collège ; Pierre-Yves Gerlat; publié le 15/11/2019

https://www.actuia.com/actualite/microsoft-et-le-collectif-classcode-lancent-un-tutoriel-de-sensibilisation-a-lintelligence-artificielle-pour-les-enfants-de-primaire-et-college/

  • Un ordinateur par classe, logiciels obsolètes : l’école est-elle à la traîne en matière de numérique ?; Perrine Signoret ; publié le 23/10/2019

  • Cours à distance et écrans omniprésents : à quoi ressemblera l’école en 2050 ?; Fabien Soyez ; 18/10/2019

https://www.cnetfrance.fr/news/cours-a-distance-et-ecrans-omnipresents-a-quoi-ressemblera-l-ecole-en-2050-39892409.htm

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L’impact de la digitalisation économique dans le management des ressources humaines : L’Analytique RH https://master-iesc-angers.com/limpact-de-la-digitalisation-economique-dans-le-management-des-ressources-humaines-lanalytique-rh/ Mon, 22 Jan 2018 10:15:56 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2606 L’évolution du système économique a transformé de manière significative le rôle de plusieurs acteurs du marché des consommateurs et même du marché du travail. Ces changements ont été rendus nécessaires par l’avènement des nouvelles technologies de l’information et la dématérialisation… Continuer la lecture

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L’évolution du système économique a transformé de manière significative le rôle de plusieurs acteurs du marché des consommateurs et même du marché du travail. Ces changements ont été rendus nécessaires par l’avènement des nouvelles technologies de l’information et la dématérialisation des pratiques mercantiles. Les changements sur les facteurs de productions sur lesquelles se concentrent les entreprises pour assurer leur compétitivité dans le système mondialisé sont aussi radicaux. Les facteurs de productions ne sont plus exogènes à l’entreprise mais plutôt créés par elle-même, la compétitivité est maintenant le fruit de facteurs de productions tels que : la compétence, la connaissance et les investissements en recherche et développement. C’est l’économie de la connaissance rendue nécessaire par les avancées technologiques de communication et d’information. Les changements touchent aussi la relation avec le client, l’offre et la demande se complexifient, et la personnalisation des offres aux aspirations des clients est maintenant une nécessité pour pouvoir vendre. Le client est maintenant l’empereur des relations marchande, il recherche une offre modulable et personnalisée. Les nouvelles technologies permettent heureusement aux services marketing de pouvoir récupérer des données sur ces clients, une taille de données incommensurable (qui sont récupérées partout dans les mails, sur internet, sur les vues sur les réseaux sociaux…) mais précieuse pour comprendre et satisfaire les consommateurs. Ces données sont analysées et fournissent des tendances et des prédictions précieuses pour maintenir une entreprise en pole position dans son domaine d’activité.

La concentration de la nouvelle économie, sur la production, la protection et la diffusion de connaissances, a aussi changé profondément le marché du travail. Il est désormais nécessaire d’un point de vue stratégique d’avoir un personnel détenant des compétences poussées pour produire de la connaissance, pour pouvoir utiliser les nouveaux outils et produire de la plus-value. Les structures des organisations changent. On assiste à la disparition de certains métiers intermédiaires, et l’augmentation de postes de cadres parce que les nouvelles technologies permettent à travers l’informatisation de supprimer certains postes. Les entreprises recherchent donc une main d’œuvre possédant des compétences pointues et expérimentées, ou alors des profils à fort potentiel. Le personnel de l’entreprise est le facteur de production de la nouvelle économie. On parle à raison du capital humain. Les managers des ressources humaines ont donc dans cette nouvelle économie un rôle central. Celui de l’acquisition de talents pour alimenter la production de connaissances, améliorer la productivité de l’entreprise et rester compétitif.

En ressources humaines on apprend très tôt avec la pyramide de Maslow que chaque employé est unique et à des aspirations différentes mais que l’on peut classer en cinq classes. De ces classements on a pu standardiser les pratiques en ressources humaines, ce qui a permis aux entreprises de réaliser des objectifs importants en ce qui concerne l’homogénéité des pratiques de motivations du personnel, pour assurer une constance, une efficience et une équité dans le management global d’une entreprise. Toutefois le changement de la relation avec le client qui est survenu progressivement avec le changement de paradigme de la nouvelle économie (le client roi, habitué à des offres personnalisées et modulables) a changé aussi le comportement des talents de l’entreprise.

La nouvelle population du personnel des entreprises ne correspond plus à une standardisation, elle est habituée à la personnalisation, à la conformité de l’offre à ses attentes sur le marché de la consommation et s’attend à la même chose sur le marché du travail, dans le cas échéant elle s’en va vers l’entreprise dont l’offre de travail lui correspond le mieux. Les gestionnaires des ressources humaines doivent donc faire face non seulement à la pénurie des talents mais aussi à leur fidélisation. Un autre défi des managers des ressources humaines est le changement démographique de la force de travail au sein d’une entreprise. Les critères d’âges, de culture, d’ethnicité, de genres et d’aspirations ne sont plus du tout homogènes et sont très diversifié au sein de la population d’une entreprise donnée. Enfin la production de connaissance étant maintenant au centre de l’attention des entreprises, les postes ont donc besoin de compétences poussées et deviennent difficiles à standardiser.

Les ressources humaines ont l’occasion avec les nouvelles technologies mise à disposition par le phénomène des Big Data de pouvoir transformer leur métier, de se placer en tant que partenaire stratégique de l’entreprise en utilisant des outils jusque là utilisés uniquement par les services marketing. Des outils d’analyses qui permettent de segmenter la population de l’entreprise, d’utiliser la quantité énorme d’informations disponibles sur le personnel pour pouvoir mesurer et chiffrer l’impact des politiques ressources humaines mise en place au sein de l’organisation. Les données sont devenues une ressource clé pour les DRH.

Ceci a toujours été le cas auparavant, on nous fera observer que les acteurs des ressources humaines ont toujours utilisé des données pour effectuer leurs analyses, le reporting et le bilan social de l’entreprise sont souvent cités pour rappeler que l’analyse RH existaient bien avant le boum du big data et de ce fait l’analytique RH n’apporte pas de nouvelles garanties à la fonction.

Il est donc nécessaire de comprendre ce qu’est l’analytique RH par rapport au pilotage RH, la différence entre l’ancienne méthode et la nouvelle méthode. Jean Marie Peretti disait : « l’émergence de l’analytique RH s’inscrit dans le prolongement des efforts plus anciens pour développer la mesure en GRH, construire des indicateurs valides et fidèles, identifier des référentiels pertinents, recueillir et traiter un nombre croissant de données objectives et subjectives, internes et externes, collectives et individuelles ». L’analytique RH est donc une suite logique de travaux posés par les précurseurs de l’insertion des mesures dans la gestion des ressources humaines, on peut citer entre autres l’étude réalisée à Hauthorne qui faisait la relation entre le changement de l’environnement de travail et la motivation du personnel, l’utilisation d’instrument comme le FIRO, le Belbin test, et les grands tests de personnalités validés statistiquement pour obtenir des résultats fiables.

Toutes les étapes de la vie du contrat de l’employé sont enregistrées et stockées, ces données précieuses ne sont utilisées que pour le pilotage opérationnel et dans une finalité informative pour renseigner sur l’état des lieux. La majorité des données ne sont pas exploitable par l’informatique car non numérisées. Les outils utilisés sont le plus souvent le bilan social et les tableaux de bord RH qui répondent à des questions précises (où en sommes-nous ? quelle est la situation ?). La pyramide des âges est très importante dans l’analyse des effectifs et fournie par l’utilisation de statistique simple des informations importantes sur le risque de pertes de compétences, de vieillissement de la population, et l’état du renouvellement des effectifs. Le pilotage des RH permet donc d’obtenir une photo de la situation actuelle de l’entreprise. On peut en tirer par le croisement des données RH entre elles des réponses qui serviront à résoudre les problèmes constatés. Le taux d’absentéisme par exemple ne permettra pas d’expliquer pourquoi les employés partent de l’entreprises ni d’identifier si l’absentéisme est dû aux manques de formations, ou au temps de travail ou même à la nature du travail.

Actuellement on assiste à une digitalisation croissante des services de ressources humaines. L’adoption des systèmes d’information RH permetde centraliser, hiérarchiser et classer les informations relatives à leur service. Le pilotage RH seul ne peut pas justifier l’impact des politiques RH sur les résultats de l’entreprise. Les nouveaux outils issus des Big Data permettent aux services marketing d’avoir des mesures concrètes de leurs actions, d’affiner au mieux leur stratégie et d’améliorer leur connaissance des clients. Dans le même sens l’usage de ces outils proposent un nouveau discours aux services ressources humaines. L’analytique RH prolonge la démarche du pilotage.

L’analytique RH engage les ressources humaines dans de véritable politiques RH anticipant le court terme, le moyen terme et le long terme. L’analytique RH vise une finalité décisionnelle, elle répond aux questions sur le pourquoi et le comment, en ressortant les déterminants de situations constatées par le pilotage. L’analytique RH par ces outils avancés permet d’exploiter la masse de données collectées à dominante RH par les différents SIRH. La première différence est l’usage de statistique décisionnelle et inférentielle par les algorithmes qui traitent les données. Les analyses résultant de l’analytique sont donc plus poussées car elles mettent en relation les données issues des SIRH avec des données d’autres services et mêmes des données externes à l’entreprise. Elle permet donc d’identifier des tendances et de proposer l’explication de certains phénomènes, d’anticiper les besoins de l’entreprise et les comportements des employés pour mettre en place une véritable stratégie. L’analytique RH permet donc de passer de l’attitude de constatation à une attitude anticipative et même prédictive.

Les avantages sont perceptibles sur la qualité des recrutements, car les algorithmes permettent d’analyser les critères et les résultats des initiatives de recrutement, de cibler les sources pour les meilleures candidatures, de cibler les salariés les plus impliqués. Elle permet entre autres d’apporter des chiffres dans les discours des acteurs des ressources humaines qui peuvent justifier avec des mesures la portée de leurs actions. Le gain de temps est aussi un avantage de l’analytique RH, car les recherches et les corrélations se font plus rapidement.

La prédictibilité que confère l’analytique permet de répondre aux besoins de compétitivité des entreprises en permettant d’anticiper le turn over et retenir les talents dans l’entreprise. Le souci de personnalisation des offres aux personnels trouve aussi une solution dans l’analyse des données récupérées sur le personnel. L’accroissement continue des données sur le personnel par le biais des réseaux sociaux et même plus loin par le biais des objets connectés permet de créer un cadre de travail propice pour la rétention du personnel à fort potentiel. Assurant ainsi le maintien de la compétitivité des entreprises.

Quelques étapes sont nécessaires pour l’instauration de l’analytique RH. Les responsables des ressources humaines doivent assumer leur place de partenaires de l’entreprise :

  • En définissant des priorités. Ils doivent comprendre les enjeux business de l’entreprise, définir avec les dirigeants des attentes claires sur comment l’équipe en charge des analytiques va soutenir le business et quel support sera nécessaire. L’identification des types de données nécessaire pour réussir la stratégie RH au service de l’entreprise est aussi importante, et enfin faire l’état des lieux de l’ensemble des données isolées qui nécessitent d’être numérisées.
  • Il faut ensuite mettre en avant le ROI d’un investissement en analytique RH qui est peu coûteux mais permet un gain de temps énorme dans les processus de prises de décision et d’analyse des indicateurs.
  • Repenser le service RH en y intégrant les chefs de projet informatique qui pourront exploiter aux mieux les données utiles aux analytiques RH qui auront été préalablement formalisées par un membre de l’équipe RH

L’adoption de l’analytique des ressources humaines est inévitable, mais il existe encore quelques freins qui ralentissent son établissement, il s’agit :

Du manque de compétences analytiques dans les ressources humaines actuellement, qui s’explique par la sous-évaluation de la valeur de l’analytique. Le sujet est perçu comme complexe et non nécessaire car les motivations humaines ne peuvent pas être quantifiées et mesurées efficacement par des outils informatiques, cette perception est principalement due à un manque de formations statistiques et analytiques des leaders RH actuels. Il n’est pas nécessaire pour les acteurs RH de comprendre tout l’algorithme mais les bases qu’il utilise les logiciels pour pouvoir expliquer ensuite les prédictions ou la valeur attribuée à tel ou tel employé, pour pouvoir assurer une bonne saisie des données nécessaires aux fonctionnement de l’algorithme.

  • La lenteur et la complexité des traitements statistiques. En statistique les hypothèses de départs ne sont pas facilement validables, car il manque des données de qualités, et quand bien même les données existent il faut les nettoyer avant d’en extraire des informations pertinentes. Les analyses et interprétations et même la présentation des résultats nécessitent un peu de temps.

L’analytique RH va certainement révolutionner les pratiques RH dans l’avenir, en posant le spécialiste RH comme un partenaire valable de l’entreprise autant que les finances et le marketing, en leur procurant des mesures et des arguments chiffrés de leurs interventions, mais cela passera inévitablement par une métamorphose de la fonction dans le but d’acquérir des compétences analytiques et statistiques qui manquent actuellement aux ressources humaines. L’avantage des nouvelles technologies permet d’automatiser ces calculs statistiques ce qui fait qu’il sera plus facile de faire la transition.

Par Kevin Kowu, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

WEBOGRAPHIE

http://www.jobsferic.fr/Le-poste-de-HR-Data-analyst-requiert-une-double-competence.html

https://www.rhinfo.com/thematiques/approche-globale-de-lentreprise/lanalytique-rh-nouveau-graal-des-drh

https://blog.deloitte.fr/hr-analytics-le-prochain-graal-des-ressources-humaines/

http://www.lesaffaires.com/blogues/evenements-les-affaires/analytique-rh-l-art-de-se-poser-des-questions/594909

https://futurstalents.com/transformation-digitale/bigdata-rh/accomplir_miracles_analytique_rh/?utm_source=kurator.fr

https://www.entreprendre.ma/L-analytique-RH-formidable-outil-de-dialogue-social_a7269.html

http://www.comparatif-logiciel.com/l-analytique-prescriptif-quand-la-donnee-devient-force-de-proposition,201974.php#.WkOyF9_iaM8

http://blog.markess.com/2016/06/analytique-rh-realites-besoins-et-perspectives-2018-france/

https://blog.monkey-tie.com/big-data-disrupte-rh/

http://archives.lesechos.fr/archives/cercle/2014/03/24/cercle_92916.htm

https://mesurerlecapitalhumain.wordpress.com/category/analytique-rh-2/

https://www.soprahr.com/fr/analytique-rh

http://blog.markess.com/2016/06/analytique-rh-realites-besoins-et-perspectives-2018-france/

http://exclusiverh.com/articles/logiciel-gestion-talents/5-bonnes-raisons-de-succomber-a-l-analytique-rh.htm

http://rh.sia-partners.com/les-rh-analytics-nouvel-oracle-des-drh

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La cybersécurité, un secteur d’avenir dans lequel Israël a su se positionner et devenir leader https://master-iesc-angers.com/la-cybersecurite-un-secteur-davenir-dans-lequel-israel-a-su-se-positionner-et-devenir-leader/ Mon, 18 Dec 2017 13:26:11 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2541 Rappelons la situation d’Israël, il s’agit d’un petit pays avec une superficie d’environ 22 000 km² (148ème mondial) pour moins de 9 millions d’habitant (96ème au 30 septembre 2017), récent (fondé en 1948) et qui pourtant occupe la 25ème place du… Continuer la lecture

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Rappelons la situation d’Israël, il s’agit d’un petit pays avec une superficie d’environ 22 000 km² (148ème mondial) pour moins de 9 millions d’habitant (96ème au 30 septembre 2017), récent (fondé en 1948) et qui pourtant occupe la 25ème place du classement mondial en termes de PIB nominal par habitant en 2014, 10ème pays le plus innovant d’après l’indice d’innovation Bloomberg publié début 2017 juste derrière les Etats-Unis (occupant la 9ème place) et devant la France ou le Royaume-Uni et 7ème exportateur mondial en 2016 d’armement. Comment lutter et s’imposer face à une concurrence internationale où dominent les géants (à eux deux la Chine et les Etats-Unis représentent 23% des exportations mondiales) ? Depuis sa création et notamment en raison de sa géopolitique Israël a essentiellement misé sur la recherche et son capital humain. Le pays s’est, en effet, au fil des années doté d’une force innovatrice qui, à la vue des résultats précédent, lui a permis de faire sa place sur les marchés internationaux, lui permettant de se spécialiser dans les hautes technologies, d’exporter sur des secteurs stratégiques et de produire de nombreuses start-ups à forte valeur ajoutée. Le classement 2017 Cleantech 100 qui recense les 100 entreprises mondiales les plus innovantes dans le secteur des technologies propres a même intégré quatre sociétés israéliennes. De fait l’économie israélienne est dynamique et possède un taux de croissance pour 2016 de 4% surpassant même les estimations, son taux de chômage est également faible en particulier en comparaison à celui que l’on connait en Europe avec 4,8% de la population active.

Contre les prévisions des grandes entreprises de l’industrie militaire d’Israël, les exportations pour l’année 2015 ont connu une légère augmentation, totalisant un chiffre d’affaire de 5,7 milliards de dollars américain et le mercredi 29 mars 2017 le Ministère de la Défense a annoncé une forte progression des ventes de matériel militaire puisque les contrats obtenus par les entreprises d’armement israélienne atteindraient 6,5 milliards de dollars pour l’année 2016 soit une hausse de 14% et de 70% pour le marché Africain, preuve de la performance de ce secteur en Israël qui fait désormais partie des dix premiers exportateurs mondiaux d’armement. Si l’on regarde de plus près la composition de ces exportations, on peut notamment voir la spécialisation d’Israël dans la technologie de pointe. Effectivement, celles-ci se composent à 20% d’amélioration des avions et systèmes aériens, à 18% par les systèmes de défense anti-aérien, 15% par les systèmes de défense anti-missiles, 13% par les munitions et 8% par les renseignements. Une des forces d’Israël est de savoir mettre en valeur son savoir-faire pour remporter des parts de marché et notamment dans l’expertise et la lutte contre le terrorisme.

La combinaison d’une politique industrielle basée sur l’innovation technologique en se spécialisant sur les secteurs hautement spécialisés, l’utilisation de l’armée en vue de forger une population, les technologies développées au sein de Tsahal induit par le climat d’hostilité dans lequel se situe Israël et les transferts de technologies que permet l’armée, a permis à Israël de se doter d’une économie forte, innovante et d’exporter son savoir-faire.

“En 2016, nous détenions environ 20% de l’investissement mondial de la cybersécurité privée,” déclarait Netanyahou. En 2016 4,8 milliards de dollars ont été investis dans des start-ups israéliennes, soit 11% de plus qu’en 2015, avec une start-up pour 1800 habitants, Israël est le pays possédant le ratio de start-up par habitant le plus important au monde, ce n’est pas sans raison qu’Israël est surnommée la nation Start-up. En effet, en plus de ce ratio, le pays dispose du plus grand nombre de scientifiques et techniciens au sein de sa population active (145 pour 10 000 alors que les Etats-Unis en ont 85 pour 10 000), Israël engage aussi 4,11% de son PIB dans la R&D et fait preuve d’un réel soutien à l’innovation et à l’accompagnement des start-ups. Ainsi le poids dont dispose Israël sur la scène économique internationale est en grande partie dû à son positionnement industriel, ses politiques actives, sa population et en particulier la place de premier choix qu’occupe le domaine de la cybersécurité dans la société israélienne.

Alors que l’innovation est un point central de la réussite de l’économie israélienne, en lien avec les évolutions de la société, lorsque B. Netanyahou a été élu en 2009 premier ministre d’Israël, son gouvernement a entrepris de développer et de renforcer l’industrie de la cybersécurité. Comme souvent, l’Etat israélien va jouer là aussi un rôle moteur dans ce secteur afin de le dynamiser. De fait, si la cybersécurité présente un intérêt certain dans la protection du territoire ou des individus en général ce domaine va aussi être identifié comme stratégique pour l’économie du pays notamment parce qu’Israël détient un avantage en la matière et est à même d’être un leader de ce secteur. En effet, la situation particulière d’Israël d’être en conflit permanent et situé eau milieu d’Etats contre qui il est ou a été en guerre fait que le pays a développé une pratique et un savoir-faire fort en matière de cybersécurité et de cyberdéfense ce qui est bien en accord avec le discours de David Ben Gourion, qui dès l’indépendance d’Israël (1948) disait que le pays devra trouver sa force dans la recherche.

Alors que le pays bénéficie d’une croissance forte (4% pour 2016), son économie est fortement soutenue par l’industrie des nouvelles technologies (plus d’un tiers du PIB israélien). Depuis maintenant de nombreuses années la stratégie du pays a été de se spécialiser dans la haute technologie autant pour se doter d’un arsenal défensif performant et maintenir l’intégrité du pays que par la suite de développer une économie de pointe qui puisse s’exporter. Ainsi, dans cette industrie de pointe 20% des entreprises se consacrent à la cybersécurité, nouvelle priorité de l’Etat d’Israël depuis quelques années. Précisons que la cybersécurité n’est pas uniquement liée à la défense intérieure mais plus largement à la société dans son ensemble comme le montre aussi l’intérêt que porte le secteur de l’automobile dans l’intelligence artificielle et la cybersécurité via notamment l’exemple de MobilEye. Il s’agit d’une entreprise israélienne, fondée en 1999, qui a développé une technologie dans le domaine des transports afin de réduire le risque de collision de véhicules et qui a été rachetée par Intel pour un montant de 15 milliards de dollars. Là aussi dans le secteur automobile Continental a racheté récemment pour environ (l’exactitude de la transaction n’est pas encore connue) 400 millions de dollars la start-up israélienne Argus Cyber Security en développant des technologies dans la cybersécurité automobile.

Un rapport de Start-up Nation Central (“a not-for-profit, completely neutral and non-conflicted organization that promotes Israeli innovation”) nous indique qu’il y avait en 2016 trois cent soixante-cinq entreprises actives dans le domaine de la cybersécurité dont 65 créées dans la même année, sachant qu’en 2012 on en recensait 182. Le chiffre a donc doublé en à peine quatre ans, preuve de l’accent mis sur ce secteur. De plus, pour situer cette importance et la position dominante dont dispose Israël en la matière malgré sa situation complexe, on peut également noter que le secteur de la cybersécurité en Israël a réussi à lever 581 millions de dollars (une augmentation de 9% par rapport à 2015) en investissement représentant 15% du capital mondial investit dans l’industrie de la cybersécurité, seuls les Etats-Unis possèdent un niveau d’investissement supérieur. La présence de multinationales dans ce secteur se fait également plus grande, en 2016 Volkswagen a entrepris une coopération avec Israël pour créer l’entreprise CYMOTIVE Technologies afin de se développer dans la cybersécurité des voitures connectées.

Si l’industrie de la cybersécurité occupe bien une place de premier choix en Israël, elle bénéficie également d’un fort rayonnement à l’international (en plus du fait d’être deuxième derrière les Etats-Unis en matière de levée de fonds). D’ailleurs l’entreprise Hydro-Quebec (entreprise énergétique canadienne) a cette année conclu un partenariat avec Israël dans le but de renforcer sa sécurité en matière de cyber-attaque.  Dans le dernier classement publié par Cybersecurity Ventures : le Cybersecurity 500, listant les 500 entreprises les plus dynamiques et innovantes dans l’industrie de la cybersécurité. Parmi ce classement, 36 entreprises sont israéliennes et trois de celles-ci font parties du top 50. En comparaison, la première entreprise française qui apparait est à la 105ème place. Ainsi, le dynamisme des entreprises de cybersécurité israéliennes a permis à son industrie d’exporter, selon le Israel Export Institute, pour un montant de 3,5 milliards de dollar en 2015, ce qui représentait environ 5% du marché mondial. Là encore seuls les Etats-Unis disposent d’une part de marché plus importante. On remarque alors bien que si l’industrie de la cybersécurité est bien dynamique sur le territoire israélien, elle dispose également à l’international d’une forte visibilité et d’un statut de qualité.

L’industrie de la cybersécurité israélienne apparait aujourd’hui comme étant performante et dynamique mais il a bien fallu l’organiser, la promouvoir et favoriser son développement. En cela l’Etat israélien a joué un rôle important. Ainsi, même si Israël s’est rapidement intéressé aux systèmes d’information et de défense du numérique (de fait Tsahal, l’armée de défense israélienne a très rapidement intégré les techniques de guerre de l’information) ce n’est qu’en 2011 qu’une institution centrale est créée (l’Israel National Cyber Bureau) suite à un échange entre le premier ministre B. Netanyahou et le professeur Ben-Israël pour faire face à la menace informatique, qui aura pour but de répondre aux différentes menaces lorsqu’elles apparaitront. Cette structure va permettre de relier tous les acteurs du domaine du « cyber », le gouvernement, les entreprises et aussi les universités. Ce bureau a pour objectif de dynamiser le secteur de la cybersécurité et plus largement du « cyberespace » et va donc également participer au financement de projets. Si cette institution relie bien agent public et privé dans la partie gouvernement il faut bien y inclure l’organe militaire. Ainsi l’Israel National Cyber Bureau (INCB) va coordonner un certain nombre de projets avec le ministère de la Défense qui depuis 2012 dispose également d’un pôle dédié au monde du cyber ayant un rôle coordinateur et de surveillance des différents partenariats entrepris entre les différents organes de la sphère public et les entreprises de cybersécurité. Toutefois les entreprises du secteur privé alors qu’elles agissent sur le plan mondial peuvent parfois être réticente à collaborer à la vue de tous avec leur gouvernement. C’est pourquoi en 2015 est établit l’Autorité Nationale de la cybersécurité ayant pour but de remplir l’objectif de coordination de la cybersécurité tout en retirant l’Etat des décisions des entreprises. Ainsi plusieurs programmes sont mis en place dans le but de développer les cyber-technologies aussi bien dans le monde civil que militaire qui vont principalement passer par des soutiens à la R&D. Ce point est particulièrement représenté par les deux programmes « Masad » et « Kidma », deux programmes soutenant la R&D le premier ayant pour but d’aider les entreprises israéliennes à développer des solutions technologiques pour répondre aux besoins de la cybersécurité (le programme a par ailleurs connu une bonne réussite c’est pourquoi en 2015 Israël a relancé une « version 2.0 » de ce programme). Le programme Masad effectué en coopération avec le ministère de la Défense avait pour but de développer les technologies de la cybersécurité pour le civil et pour la défense.

En plus de soutenir la R&D le gouvernement israélien va aussi établir une politique visant à attirer les investissements étrangers. Déjà à partir de 1991 le gouvernement d’Israël développe des incubateurs, placés sous responsabilité de l’OCS (Office the Chief Scientist connu désormais sous le nom d’Israel Innovation Authority), dans le but de répondre à la fois à l’arrivée des migrants venant d’ex-URSS en stimulant l’emploi dans les sciences et de développer l’innovation au sein du pays. Ces incubateurs vont alors permettre à chaque individu ayant une idée innovante de transformer cette idée (si le projet est retenu ; notons par ailleurs que le critère de la possibilité d’exportation du futur produit est important dans les choix de projet puisque le marché intérieur d’Israël étant très petit la majeure partie de son économie est basée sur l’exportation) en produit commercialisable. Les incubateurs sont des entreprises qui permettent à des entrepreneurs de développer une idée innovante qui en est à un stade préliminaire d’existence en fournissant une structure qui va leur prodiguer soutien financier, technique et managérial. Le but final est d’exporter des biens innovants produits sur le marché israélien toutefois de par le stade de ces idées le risque économique est élevé et peut donc rebuter les entrepreneurs à les développer.

L’Etat israélien se refuse à laisser passer de côté des idées pouvant être à la base de produits à succès, il assume donc ce premier risque en finançant le projet à ses débuts c’est-à-dire là où il y a le plus de risque. Le gouvernement s’implique beaucoup dans ces programmes puisqu’en plus de pouvoir dynamiser son économie, il acquiert lors de l’entrée dans l’incubateur des parts pour se rémunérer en cas de succès. La période d’incubation permet à l’entrepreneur d’attirer un investisseur qui va prendre le relais de l’Etat à la fin de la période d’incubation en matière de financement. L’Etat joue bien un rôle important pour attirer ici les potentiels investisseurs dans le sens où il va prendre en charge la période la plus risqué du projet. JVP Labs et Team 8 sont deux incubateurs particulièrement actifs dans le domaine de la cybersécurité. La création du CyberSpark fait également partie de cette politique mise en place dans le but d’attirer les investissements étrangers, il s’agit d’une joint-venture entre le INCB et les entreprises leaders de l’industrie de la cybersécurité ayant pour but d’offrir un cadre d’innovation, d’opportunité et de collaboration sans pareil. Le CyberSpark regroupe aussi bien des PME locales, que des grands groupes et des acteurs publics, il représente l’image et l’intérêt du cluster industriel.

Cette année le gouvernement israélien a même renforcé ses tentatives d’attraction des investissements étrangers en augmentant les incitations fiscales en faveur des centres de R&D. Les Multinationales bénéficient alors d’un taux d’imposition de 6% et de taxation des dividendes de 4% pours les investissements en R&D. Preuve de l’ampleur actuel des investissements étrangers pour la technologie israélienne est que l’on comptabilise plus de 300 centres de R&D de multinationales en Israël.

Toutefois créer un écosystème favorable au développement de l’industrie cybersécurité ce n’est pas uniquement favoriser les investissements en R&D, multiplier les programmes et coordonner les actions, il faut également une population qui soit à même d’innover dans ce domaine, le facteur humain a aussi une importance toute particulière. Cette importance se voit assez bien en Israël puisque la cybersécurité y est enseignée dès le collège, est une option au lycée et il existe une spécialisation en cybersécurité dans certaines universités. On notera par ailleurs qu’il existe uniquement en Israël un doctorat en cybersécurité. Il existe une telle spécialisation dans le monde de l’enseignement en Israël vis-à-vis de la cybersécurité car l’essor de son industrie est tel que le pays rencontre quelques difficultés en termes de ressources humaines.

Pour combler ce manque là aussi différents programme sont mis en place tel que le programme « Magshimim » (qui a été adopté comme programme national suite à au succès des deux années de test) qui vise à instruire une population jeune notamment en matière de programmation et de langage informatique. L’Etat affecte également des bourses d’études et de recherches en lien avec le domaine du cyber mais aussi bien à des étudiants en sciences dures qu’à d’autres en sciences humaines. Plus qu’être simplement performante l’industrie de la cybersécurité dynamise et mobilise une grande partie de la société israélienne. Ce secteur en plein essor contribue à faire de ce petit pays un poids lourd en matière de hautes technologies sur la scène internationale ainsi qu’une destination recherchée pour les investissements de R&D.

Par Léandre Meier, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Webographie

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http://fr.timesofisrael.com/victime-de-millions-de-cyber-attaques-israel-exporte-son-expertise-au-quebec/

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Introduction aux NBIC et à leurs évolutions https://master-iesc-angers.com/introduction-aux-nbic-et-a-leurs-evolutions/ Fri, 15 Dec 2017 10:16:26 +0000 http://master-iesc-angers.com/?p=2527 La date du 11 mai 1997 marque un tournant dans l’histoire de l’Intelligence Artificielle. Pour la première fois, dans un match qui oppose le champion du monde de jeu d’échecs Gary Kasparov au supercalculateur d’IBM Deeper Blue, la machine sort… Continuer la lecture

L’article Introduction aux NBIC et à leurs évolutions est apparu en premier sur Master Intelligence Economique et Stratégies Compétitives.

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La date du 11 mai 1997 marque un tournant dans l’histoire de l’Intelligence Artificielle. Pour la première fois, dans un match qui oppose le champion du monde de jeu d’échecs Gary Kasparov au supercalculateur d’IBM Deeper Blue, la machine sort victorieuse.

Il faudra attendre presque vingt ans pour qu’un exploit similaire se reproduise. Le 15 mars 2016, c’est Lee Sedol, champion du monde du jeu de go, qui s’incline face à AlphaGo, un algorithme développé par la société Deep Thought, elle-même propriété de Google.

Cette progression de l’Intelligence Artificielle (IA) a été largement commentée car la complexité du jeu de go est bien plus élevée que celle des échecs, tant au niveau des règles que du nombre de positions possibles, à tel point que les experts en IA aussi bien qu’en jeu de go ne pensaient pas qu’une machine serait capable de mettre en défaut l’Homme avant une dizaine d’années.

Mais c’est surtout la technologie sous-jacente à cette victoire qui est en rupture avec ce qu’on pouvait auparavant trouver dans le domaine de l’Intelligence Artificielle : AlphaGo est un algorithme reposant sur des réseaux de neurones artificiels permettant un apprentissage profond (ou « deep learning » en anglais). Cela veut concrètement dire que plutôt que de bénéficier d’une base de données fixe à laquelle l’algorithme aurait recourt pour calculer les probabilités des meilleurs coups possibles en fonction d’une situation donnée, l’algorithme s’améliore au fil des parties qu’il effectue pour intégrer les « bons coups » et apprendre de ses erreurs.

Ainsi, les concepteurs d’AlphaGo ne lui ont pas appris à jouer au jeu de go, ou de manière très rudimentaire ; c’est le jeu qui s’est appris lui-même à jouer au fur et à mesure des parties auxquelles il a été confronté, jusqu’à parvenir dépasser le meilleur joueur humain de go.

Pour certains observateurs, ces progrès de l’IA sont à replacer dans un contexte plus large, celui des NBIC (pour Nanotechnologies, Biotechnologies, technologies de l’Information et sciences Cognitives) et sont la preuve de l’existence d’une « convergence » de ces NBIC. Qu’est-ce que cela signifie ? c’est ce que cet article cherchera à expliciter avec, en première partie un détail sur ce que couvre le terme de « NBIC », avant de s’intéresser aux signes d’une convergence de ces technologies dans une seconde partie.

NBIC – Qu’est-ce que c’est ?

1. Les nanotechnologies.

Les nanotechnologies sont littéralement les « technologies du tout petit ». Elles tirent leur nom du nanomètre, l’unité de mesure de longueur qui représente un milliardième de mètre.

L’émergence des nanotechnologies fut possible grâce à l’invention en 1981 par des ingénieurs d’IBM du microscope à effet de tunnel, le premier microscope donnant accès au « nanomonde » et permettant d’observer différents matériaux à l’échelle nanométrique.

La recherche scientifique étant maintenant possible à l’échelle nanométrique, elle va alors se développer. Dans ce développement, elle va bénéficier d’un « coup de pouce » grâce à un étudiant du Massachusetts Institute of Technology, Eric Drexler, qui va mettre les nanotechnologies sur le devant de la scène.

En 1986 est publié Engines of Creation : The Coming Era of Nanotechnology, un ouvrage dans lequel Drexler imagine les transformations de nos sociétés grâce à l’avènement des nanotechnologies dans des domaines tels que la médecine, l’informatique ou la production de matériaux. Cet ouvrage, à mi-chemin entre la publication scientifique et le récit de science-fiction va participer auprès du grand public et des décideurs politiques à une prise de conscience autours des enjeux que représentent ces nanotechnologies et va nourrir les décisions d’investissements publics massifs en Europe, aux Etats-Unis et au Japon à la fin des années 1990 et au début des années 2000.

Aujourd’hui en 2017, les nanotechnologies sont une réalité, mais une réalité qui recouvre deux sens.

Le premier décrit le changement de propriétés que connaissent certains matériaux lorsqu’ils sont transposés à l’échelle nanométrique, qualifié d’effet quantique. Les nanoparticules d’or par exemple n’ont pas la même couleur, pas le même point de fusion ni la même conductivité que l’or tel que nous le connaissons. De la même manière, les nanoparticules d’argent possèdent des propriétés biocides qui n’existent pas à l’échelle micro ou macro, et qui sont aujourd’hui intégrées dans les textiles pour obtenir par exemple des sous-vêtements sans odeur.

Ces effets quantiques étant largement méconnus, une grande partie de la recherche aujourd’hui se concentre sur leur découverte, et sur la création de structures et d’architectures moléculaires permettant d’exploiter ces effets quantiques et de les intégrer à de nouveaux matériaux et nouveaux produits.

Le second s’attache au travail sur les matériaux à l’échelle nanométrique sans pour autant rechercher des effets quantiques. L’exemple le plus connu de ce type de nanotechnologie est le nanotube de carbone dont les propriétés physiques exceptionnelles permettent un grand nombre d’applications industrielles. Les nanotechnologies permettent alors un travail plus fin sur les matériaux afin d’en maximiser les propriétés initiales, comme c’est le cas en ce qui concerne la lithographie électronique, permettant une gravure plus fine des microprocesseurs et donc des performances en hausse chaque année.

2. Les biotechnologies.

Les biotechnologies sont, selon l’OCDE, « l’application à des organismes vivants des principes scientifiques et de l’ingénierie à la transformation de matériaux vivants ou non-vivants aux fins de la production de connaissances, de biens et de services. ».

A l’inverse des nanotechnologies, les biotechnologies sont loin d’être nouvelles : la fermentation alcoolique, de par l’utilisation de levures pour transformer le sucre en alcool, est une forme de biotechnologie très ancienne.

Aujourd’hui, les biotechnologies se divisent en cinq grands sous-domaines :

  • Les biotechnologies vertes : il s’agit des biotechnologies qui s’intéressent à l’agriculture, à l’élevage ou encore à l’agroalimentaire. Une des réalisations des biotechnologies vertes est la création des organismes génétiquement modifiés, les OGM.
  • Les biotechnologies bleues : il s’agit des biotechnologies explorant et exploitant les ressources marines en vue de concevoir de nouveaux produits.
  • Les biotechnologies rouges : elles concernent les domaines de la santé, du médicament et du diagnostic. Elles servent la création de nouveaux tissus ou l’élaboration de nouveaux procédés moléculaires ou génétiques à des fins thérapeutiques. Un exemple de biotechnologie rouge communément rencontrée est le vaccin.
  • Les biotechnologies jaunes : ce sont les biotechnologies à finalités environnementales, servant à résoudre des problèmes environnementaux tels que la pollution des sols ou des eaux.
  • Les biotechnologies blanches : il s’agit de l’utilisation industrielle des biotechnologies dans le but de créer de nouveaux procédés pour produire de la bioénergie ou de nouveau matériaux tels que des polymères biodégradables.

3. Les technologies de l’information.

Les technologies de l’information, plus communément appelées « informatique », sont maintenant un élément bien ancré dans nos vies, tant professionnelles que privées. L’usage des technologies de l’information est aujourd’hui omniprésent, que ce soit par l’utilisation d’ordinateurs personnels ou de smartphones, par la progression des supports numériques qui remplacent les supports physiques dans nombre de domaines tels que la musique ou le cinéma, mais aussi car nombre de biens physiques s’enrichissent de caractéristiques numériques en plus de leurs fonctions usuelles : ordinateurs de bords dans les véhicules, ou plus récemment, développement des objets connectées  et de « l’Internet des objets ».

Si vous lisez cet article, il est fort probable que vous soyez familier avec ce type de technologie. L’exergue sera alors plutôt placé sur deux éléments qui peuvent expliquer cette invasion progressive du numérique.

Le premier est l’existence de la loi de Moore : selon Gordon. E. Moore, tous les 18 à 24 mois, la puissance des microprocesseurs double. Cette loi s’est montrée stable dans le temps comme on peut l’observer ici (Source – sur les données d’Intel).

Cette hausse continue de la puissance des microprocesseurs implique qu’avec le temps, les champs d’applications des technologies de l’information s’étendent à de plus en plus de domaines.

Le second élément est la baisse continue du prix du transistors. En 1973 selon le Ministère de la recherche, un million de transistors valaient environ 76 000 euros. En 2005, le même nombre de transistors ne valait plus que 0,004 euros ; un prix inférieur à celui d’une feuille de papier !

Avec une puissance croissante pour toujours plus de nouvelles applications, et un prix en constante diminution, la démocratisation des technologies de l’information est un phénomène bien réel et aisément appréhendable.

4. Les sciences cognitives.

Les sciences cognitives sont les sciences qui s’intéressent à la cognition, elle-même définie par le dictionnaire Larousse comme étant la « faculté de connaitre », et de manière plus explicite « l’ensemble des structures et activités psychologiques dont la fonction est la connaissance, par opposition aux domaines de l’affectivité ».

Les sciences cognitives se trouvent au carrefour de plusieurs disciplines : la philosophie, la psychologie, la linguistique, les neurosciences, l’anthropologie et l’intelligence artificielle.

Du fait de cette transdisciplinarité des sciences cognitives, les questions abordées par ces sciences sont variées. Il peut s’agir d’interrogations sur la manière qu’à le cerveau de façonner le langage, et l’action qu’effectue en retour sur le cerveau le langage. Il peut s’agir d’une réflexion sur le rôle joué par les différentes aires du cerveau sur les capacités cognitives d’un individu. Il peut s’agir de questions autour de l’impact des neurotransmetteurs sur les comportements humains. Il peut s’agir de réflexions plus philosophiques sur la manière dont la conscience émerge des connexions neuronales, ou sur la réalité que nous semblons tous partager et qui est pourtant le fruit d’une interprétation individuelle des signaux qui sont transmis de nos organes sensoriels à nos cerveaux. Enfin, il s’agit aussi de replacer la pensée humaine en rapport avec la machine comme l’ont fait certains penseurs tels qu’Alan Turing, avec la machine de Turing ou encore le test de Turing.

Les sciences cognitives cherchent alors à décrypter, à comprendre les mécanismes sous-jacents aux fonctions intellectuelles des êtres humains.

La convergence des NBIC

Lorsqu’on parle des technologies NBIC, la « convergence » de ces technologies est un terme qui revient fréquemment. Il s’explique par le fait qu’il apparait qu’au fur et à mesure que ces technologies NBIC se développent, une analogie entre systèmes vivants et artificiels apparait. Cette analogie est possible grâce aux progrès des sciences cognitives, des biotechnologies et de l’informatique, mais aussi grâce à la concrétisation des nanotechnologies.

Mais comment cette convergence se manifeste-t-elle ?

Un premier exemple est l’utilisation de réseaux de neurones artificiels dont le fonctionnement est inspiré des réseaux de neurones biologiques. Le but de ces réseaux de neurones artificiels est de produire un système en plusieurs couches dont la finalité est la reconnaissance d’éléments donnés : lignes spécifiques d’une partie du visage, formes d’un panneau de signalisation, reconnaissance du son d’une voyelle ou d’une consonne prononcée …

Ces éléments reconnus par les réseaux de neurones artificiels vont ensuite être interprétés et combinés par des algorithmes qui vont chercher à donner un sens global et des éléments individuels : le principe de fonctionnement de ces algorithmes est directement tiré de l’enseignement des sciences cognitives sur le cerveau.

Comme indiqué en introduction, ces réseaux de neurones artificiels ont été utilisés par l’algorithme AlphaGo, mais ils ont aussi des applications beaucoup plus proches de nos vies quotidiennes. En septembre 2017, lors de la présentation des nouveaux iPhone 8 et X de la firme Apple, il a été annoncé que ces nouveaux téléphonse intégreraient un « réseau neuronal » afin de rendre l’IA embarquée de ces téléphones plus performante, mais aussi d’amorcer l’adaptation du hardware à cette convergence des NBIC.

Un autre domaine dans lequel les NBIC convergent est dans celui de la manipulation de l’ADN et de la génétique. Un brin d’ADN mesurant 3 à 4 nanomètres, les nanotechnologies rendent la manipulation des brins d’ADN désormais possible.

Ces manipulations passent par le biais de l’édition du code génétique contenu par les brins d’ADN de la même manière que l’on écrirait du code informatique pour créer un logiciel. C’est en partie ce qu’a pu réaliser Craig Venter en 2007 en remplaçant une partie de l’ADN d’une cellule par de l’ADN artificiel créé en laboratoire.

De par cette similarité entre code informatique et code génétique supporté par l’ADN, des recherches existent aujourd’hui pour utiliser l’ADN comme support de données numériques, des recherches auxquelles les GAFA s’intéressent car elles permettent un gain de place considérable et une stabilité dans le temps qui n’existe pas avec les moyens de stockages utilisés actuellement.

Mais là où la convergence des NBIC est peut-être la plus flagrante, c’est dans ce qu’elle permet et permettra dans le domaine de la médecine.

Grâce à l’édition de l’ADN et son intégration possible dans des cellules vivantes, certains imaginent déjà des traitements à base de cellules artificielles ayant pour but d’éradiquer les symptômes de certaines maladies, voir d’éradiquer la maladie elle-même.

Un pan de la recherche s’intéresse aussi aux nano médicaments, des médicaments qui iront agir de manière localisée directement à l’intérieur de cellules de certains organes plutôt que de se diffuser de manière indifférenciée dans l’ensemble de l’organisme. Certains de ces médicaments sont déjà une réalité comme dans le traitement du cancer, où des nanoparticules d’or sont injectées dans des cellules, permettant alors de détruire ces cellules par radiothérapie.

D’autres recherches encore s’intéressent à un interfaçage possible entre l’artificiel et le vivant : créer des ajouts artificiels à certains organes pour compenser une mal-fonction ou un défaut, par exemple, une rétine artificielle pour les malvoyants et aveugles conçue en nanomatériaux réactif à la lumière qui serait ensuite mise en connexion avec le nerf optique par le biais de la nanotechnologie. Si ces recherches visent à corriger un défaut existant, d’autres en viennent à fantasmer sur l’idée d’un être humain « augmenté » dans lequel il serait possible de remplacer certains organes ou certaines fonctions par des fonctions artificielles créées en laboratoire : greffe de processeurs et de neurones artificiels dans le cerveau, remplacement de certaines cellules par d’autres insensibles au vieillissement …

Conclusion :

Les NBIC sont un domaine en pleine expansion et porteuses de nombreux espoirs en termes de développements futurs. L’IA commence à être accessible au grand public et promet d’être un allié de taille pour la recherche scientifique en automatisant des étapes qui demandent actuellement aux chercheurs beaucoup de temps et d’énergie. Les nano médicaments portent en eux les espoirs d’une moins grande vulnérabilité aux maladies et d’un allongement de la durée de vie en bonne santé. Les nanotechnologies pourraient aider à résoudre certains problèmes environnementaux liés à la pollution des sols.

Mais chez les développeurs de ces NBIC, ces attentes semblent se rapprocher de la science-fiction avec de développement d’une pensée « transhumaniste » où grâce aux NBIC, l’être humain pourrait transcender sa propre existence. C’est un courant de pensée qui existe notamment chez les dirigeants de Google qui espèrent d’ici 2045 pouvoir « tuer la mort », mais qui est remis en question par nombre de chercheurs dans le domaine en étant qualifié « d’irréaliste » … du moins dans un futur proche.

Si les NBIC nourrissent autant de fantasmes, c’est finalement que malgré les progrès accomplis, elles ne sont pas encore assez matures et suffisamment explorées pour qu’on puisse réellement savoir où elles mènent. Le terme de « convergence » est alors assez révélateur car il semble pointer que ces technologies se rapprochent les unes des autres sans révéler la direction vers laquelle elles nous dirigent.

Reste qu’au-delà des attentes, il y a aussi des craintes : impact des nanomatériaux sur la santé et l’environnement, impact de l’intelligence artificielle sur le marché du travail dont l’équilibre est précaire dans de nombreux pays, question des inégalités d’accès aux traitements de pointe et donc coûteux ou encore questions éthiques autours de la modification génétique du vivant, ces NBIC sont aussi annonciatrices de changement radicaux dans un monde déjà bien incertain.

Par Benoit Fournier, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Bibliographie :

Auplat, Claire, et Aurélie Delemarle. « Mieux comprendre les nouvelles opportunités liées aux nanotechnologies », Entreprendre & Innover, vol. 16, no. 4, 2012, pp. 64-77.

Benoit-Browaeys, Dorothée. « Sciences : nanotechnologies et mégadéfis », Alternatives économiques, vol. 237, no. 6, 2005.

Cayla, David. Cours d’ « Economy of information and knowledge », 2016.

Editorial, « the future of nanotechnolgies », Technovation, vol. 32, 2012, pp. 157–160.

Jean-Marc Grognet. « Nanotechnologies : des sciences de l’information à la pharmacologie », Thérapie, vol. 63, no.1, 2007, pp. 1-9.  

Jean-Yves Bottero, Jean-Marc Grognet, Louis Laurent, « Nanotechnologies : promesses et débats », Innovation, Éco-conception et innovation responsable, 2010.

Le Gall, Philippe. Cours de « méthodologie de recherche », 2017.

Maldamé, Jean-Michel. « Faut-il avoir peur des sciences cognitives ? », Études, vol. tome 396, no. 1, 2002, pp. 51-62.

Webographie :

https://www.lebigdata.fr/adn-synthetique-lavenir-stockage-de-donnees

https://deepmind.com/research/alphago/

http://www.astrosurf.com/luxorion/loi-moore.htm

https://www.ted.com/talks/ray_kurzweil_get_ready_for_hybrid_thinking

http://www.cite-sciences.fr/fr/ressources/science-actualites/detail/news/biologie-et-craig-venter-crea-la-vie/?tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=News&tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&cHash=cf21b9fb49808a73065b7a549d37d1c6

https://www.youtube.com/watch?v=7LrE65tEFyk

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