Agents intelligents : « Privacy by Design »

Lorsque la traduction de l’intention passe de l’utilisateur à la machine : Quel impact des agents intelligents sur l’offre de produits et de services ? Quel impact en matière de privacy ?

Avec le développement d’internet et des nouvelles technologies, plusieurs applications logicielles présentes dans les ordinateurs et les réseaux se sont développées en matière d’assistance virtuelle. Et avec l’essor de l’intelligence artificielle, ces assistants ont la capacité de mener les tâches quotidiennes des utilisateurs, peuvent prendre des décisions, des initiatives et faire des suggestions basées sur les habitudes et préférences des utilisateurs. Dans ce cadre, leur présence sur Internet peut constituer un facteur moteur pour le e-commerce mais également une réelle atteinte à la vie privée et à la protection des données personnelles.

I. IA et agents intelligents

On peut dire que l’une des origines de l’intelligence artificielle est probablement dans l’expérience (Test de Turing) qu’a mené Alan Turing en 1950 dans une tentative de définition d’un standard permettant de qualifier une machine de « consciente ». Une autre origine probable est la publication de Warren Weaver en 1949 qui suggère qu’une machine puisse faire une tâche qui relève typiquement de l’intelligence humaine.

A partir des années 2000, un nouveau millénaire se lève sur l’intelligence Artificielle.  Aujourd’hui plusieurs progrès ont été réalisés en matière d’IA et de traitement Big data, de reconnaissance de la parole,  du langage naturelle, et de pilotage automatique… Chose qui a poussé plusieurs acteurs à innover dans plusieurs domaines afin de présenter de plus en plus de services et des agents de plus en plus performants.

II. Les assistants personnels au cœur de la bataille de l’Internet des objets

Vu la place croissante prise par les technologies de reconnaissance vocale et d’intelligence artificielle dans la high-tech, les géants de la technologie se sont lancés dans l’intelligence artificielle et la reconnaissance vocale. L’enjeu est de taille : devenir le système d’exploitation dominant dans les objets connectés.

Elles connaissent les horaires de réunions, de rendez-vous, les préférences, les habitudes et le mode de comportement de chacun. En utilisant toutes ces  données, elles sont en mesure d’apporter des suggestions qui sont en phase avec des besoins bien spécifiques, en fournissant une information qui arrive au moment opportun… il s’agit de technologies de push, plutôt que de pull ; des technologies prédictives plutôt que réactives.

La conversation s’installe avec de simples applications. Désormais il n’y a plus besoin de parcourir des pages et des pages de sites Web ou d’applications, on fait tout simplement appel à une application en tant que bot au sein d’un canevas conversationnel. Plus ils sont utilisés, plus ils apprennent, plus ils deviennent intelligents et performants. L’intelligence est infusée à travers toutes les interactions.

Entre Siri et l’ère moderne des assistants vocaux, les smartphones et l’interaction vocale sont entrés en collision. Siri a été le premier assistant vocal à atteindre un large public et d’autres, comme Google Assistant et Cortana de Microsoft ont suivi. Puis en 2014, Amazon a présenté l’assistant vocal Alexa et le haut-parleur intelligent Echo. Et le nombre d’innovations augmente considérablement après le lancement d’Alexa, inaugurant la révolution Smart Speaker et la naissance de Voicebot.ai.

En gros cinq grands acteurs se disputent l’attention : Amazon (Alexa), Apple (Siri), Google (Google Assistant) et Microsoft (Cortana). Et dernièrement avec l’avènement du Samsung S8, Samsung Bixby a vu le jour.

III. Quel impact en matière de Privacy ?

En plus du « privacy by default » qui oblige chaque personne physique ou morale qui traite des données privées à garantir par défaut le plus haut niveau de confidentialité, un nouveau type de privacy a vu le jour : le « privacy by design ».

Le « privacy by design » (PbD) a été élaborée par le Dr Ann Cavoukian, dans les années 90. Le concept fait avancer l’idée que l’avenir de la protection de la vie privée ne peut être assuré uniquement par la conformité aux lois et aux cadres réglementaires, mais doit plutôt devenir le mode de fonctionnement par défaut d’une organisation.

Les sept principes fondamentaux du « privacy by design »se sont avérés être une ressource précieuse pour les individus comme pour les organisations du monde entier. Depuis l’adoption de cette résolution internationale, l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies a adopté les 7 résolutions suivantes :

Avec ce concept, la startup Snips, spécialisée dans le Big Data et l’Intelligence Artificielle, s’attaque désormais au domaine des objets connectés. Avec son concept de « Privacy by Design », elle veut concurrencer les GAFA : En lançant une solution dédiée à la reconnaissance automatique de la parole, la compréhension du langage naturel et la gestion de dialogue et, prochainement, la synthèse de parole, elle s’est inspirée du concept « Privacy by design » afin de faire fonctionner un programme intelligent directement sur appareil sans qu’aucune donnée personnelle ne soit distribuée ou stockée sur un Cloud.

« Les gens nous ont faire croire pendant de nombreuses années que nous devions choisir entre l’IA et la protection des données, cela n’est en fait plus nécessaire »

Rand Hindi, CEO de Snips

IV. A quoi s’attendre ?

La révolution des enceintes intelligentes se déroulera sur plusieurs années, mais nous nous attendons à ce que cela se transforme en une révolution de la voix ambiante où les assistants vocaux ne sont pas limités par de petits appareils indépendants. Au lieu de cela, les assistants vocaux seront intégrés dans les environnements où nous habitons.

En matière de privacy l’enjeu est de taille : Parce que chaque information a un prix et peut toujours être utile. Au cours de la navigation, les assistants personnels enregistrent toute notre attitude et veillent à créer des profils utilisateurs et à remplir une base de données de nos informations explicitement fournies ou récupérées de façon implicite. Cette mine de data collectée va servir comme matière première pour des géants tels Google, Amazon, Apple ou Facebook afin de construire leur richesses et assurer leur positionnement de leader sur le marché. Tout est là pour aspirer notre vie privée et l’exploiter dans ses moindres détails. Bien que le risque de confier ses données personnelles n’est pas pour aujourd’hui mais pour le futur, personne ne sait comment le monde va évoluer. Une chose est sûre, nous sommes bien conscients du risque auquel on s’expose en acceptant de divulguer nos informations personnelles mais nous sommes tellement addicts aux nouvelles technologies que nous n’arrivons plus à nous en passer. En somme, sans le savoir, notre vie privée s’étale dans des dizaines de milliers données web, et s’entasse dans d’énormes data centers. Nous sommes en quelque sorte, les produits d’un énorme marché dont on ignore l’existence.

Par Ghita Tagnaouti et Jihad Benkaddour, promotion 2017-2018 du M2 IESCI

Sources

https://iab.org/wp-content/IAB-uploads/2011/03/fred_carter.pdf

http://www.ageris-consulting.com/wp-content/uploads/2016/04/Livre-Blanc-Privacy-By-Design.pdf

http://www.cil.cnrs.fr/CIL/spip.php?article2602

https://cnpd.public.lu/fr/dossiers-thematiques/nouvelles-tech-communication/privacy-by-design.html

http://www.infopresse.com/article/2018/2/9/le-sexisme-de-l-assistant-vocal

https://www.piloter.org/techno/gestion-de-la-connaissance/agent-intelligent.htm

Admin M2 IESC